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poilu

1. poilu, ue [ pwaly ] adj.
• 1530; pelu XIIe; de poil
1Qui a des poils.
2Qui a des poils très apparents. hirsute, velu. Jambes, mains poilues; bras poilus. Un homme à torse poilu. Femme trop poilue. Poilu comme un singe.
⊗ CONTR. Glabre, 1. lisse. poilu 2. poilu [ pwaly ] n. m.
• v. 1915; « gars qui n'a pas froid aux yeux » milit. 1897; 1. poilu
Soldat combattant de la guerre de 1914-1918, dans le langage des civils. « On dirait bientôt : les soldats de 38 — comme on disait : les soldats de l'an II, les poilus de 14 » (Sartre).

poilu nom masculin Familier. Nom donné au soldat français de la Première Guerre mondiale. ● poilu, poilue adjectif Qui est couvert de poils ; velu : Main poilue. Se dit d'une étoffe dont le tissu présente de longs poils. ● poilu, poilue (synonymes) adjectif Qui est couvert de poils ; velu
Synonymes :
- duveteux
- peluché
- velouté
- velu
Contraires :
- glabre

poilu, ue
adj. Couvert de poils abondants. Syn. velu.

⇒POILU, -UE, adj. et subst. masc.
I.Adjectif
A. —Qui porte des poils.
♦[En parlant d'une pers., d'une partie du corps] Synon. velu; (partiel) pileux; anton. glabre. Ils sont grands (...) presque pas de poils sur le corps, donc nullement poilus comme le sont les nègres des forêts et les berbères (HADDON, Races hum., trad. par A. Van Gennep, 1930, p.88).
♦[En parlant d'un animal] Synon. velu (partiel), villeux. Il y avait quatre griffons, poilus comme des ours (FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p.60). V. acaride, acarien ex. 7.
P. anal.
♦[En parlant d'une plante] Synon. partiel villeux. Des lierres glissaient leurs griffes blanches et poilues dans tous les trous (BALZAC, Paysans, 1844, p.147). Quelques «plantes grasses» poilues et trapues comme des crabes (COLETTE, Sido, 1929, p.40).
♦[En parlant d'une étoffe, d'un objet] Des vendeurs d'eau, qui ont leur marchandise sur les reins dans une outre poilue (LOTI, Maroc, 1889, p.89). Polonaises à brandebourgs, chapeaux poilus (ADAM, Enf. Aust., 1902, p.526).
Empl. subst. masc. sing. à valeur de neutre. Synon. velouté. Le vert naissant des clématites du Japon se recouvre d'un poilu argenté (E. DE GONCOURT, Mais. artiste, t.2, 1881, p.376).
B.En partic. [En parlant d'une pers., d'une partie du corps] Qui porte des poils très apparents, un système pileux très développé. Synon. velu. Poilu comme un singe. M. Bosmans (...) avait pour épouse une maîtresse-femme, de haute taille, d'extrême embonpoint, un peu poilue au menton (REIDER, Mlle Vallantin, 1862, p.72). Le mari, un cordonnier socialiste, petit homme poilu jusqu'au nez, tout pareil à un singe (MAUPASS., Contes et nouv., t.1, En fam., 1881, p.361). V. exhibition ex. de Van der Meersch:
1. ... poilus du pubis aux sourcils et du rectum à la plante des pieds, en pyjamas, transparents au soleil (...) ils venaient roter là, mes ennemis.
CÉLINE, Voyage, 1932, p.144.
C.Au fig., vieilli. Qui est énergique, courageux. Bien, mon petit aiglon! Vous gouvernerez les hommes; vous êtes fort, carré, poilu; vous avez mon estime (BALZAC, Goriot, 1835, p.194). Léon Bloy (...) cherche quelqu'un d'assez poilu pour éditer une brochure de 150 à 200 pages intitulée:Je m'accuse... (BLOY, Journal, 1899, p.352).
II.Substantif
A.Pop., vieilli. Homme (énergique, courageux). Synon. brave, gars. Malheur aux riches! Heureux les poilus sans pognon (RICTUS, Soliloques, 1897, p.100).
B. —Soldat français combattant de la guerre 1914-1918 (dans le langage des civils). [La Démocratie] a créé, sous le nom de Poilu, un type de héros, on peut dire grotesque, sinon abject (BERNANOS, Gde peur, 1931, p.414). Je débitai des litanies et des rosaires à l'intention de nos chers poilus (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p.31):
2. Pourquoi diable, à l'intérieur, les appelle-t-on les poilus? Ici, le mot ne plaît à personne. On est poilu quand on ne peut pas être autrement, dans les mauvais jours, les jours cruels et tragiques, qui deviennent ensuite les grands jours. Mais, dès la relève, on ne demande qu'à reprendre sa bonne figure habituelle.
BORDEAUX, Fort de Vaux, 1916, p.92.
REM. 1. Pelu, -ue, adj., rare, synon. Quelque patte pelue de fantôme ou d'incube (GAUTIER, Fracasse, 1863, p.35). 2. Poileux, -euse, adj., rare, vieilli, synon. Les quilles poileuses (MUSETTE, Cagayous phil., 1906, p.197).
Prononc. et Orth.:[pwaly]. Ac. 1694-1762: pelu; 1798-1878: poilu, pelu; 1935: poilu. Étymol. et Hist. 1. Adj. a) 1155 pelu «couvert de poils» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 2724), forme encore att. ds Ac. 1762; b) début XVes. cuir poillut (Arch. Nord, B 146, 3e cahier, f° 3); c) 1630 chapeau pelu (D'AUBIGNÉ, Avantures du Baron de Foeneste, livre IV, éd. Réaume et Caussade, t.4, p.621); 2. subst. a) 1292 (Rôle de la Taille, éd. Géraud, p.65: Pierre, le pelu); b) 1897 poilu arg. milit. «homme (brave), gars qui n'a pas froid aux yeux» (RICTUS, loc. cit.); c) ca 1915 en partic. «combattant français de la première guerre mondiale» (ESN. Poilu, p.429: les Poilus et les Boches, Poilus et Tommies). Dér. de poil; suff. -u; au sens 2 b, cf. poilu «courageux» (1833, BALZAC, Méd. camp., p.88), v. aussi DAUZAT, Arg. guerre, p.47 à 52. Fréq. abs. littér.:287. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 49, b) 111; XXes.: a) 763, b) 659.

1. poilu, ue [pwaly] adj.
ÉTYM. 1530; pelu, v. 1155; de poil.
1 Qui a des poils (1. et 2.). || Le corps humain est poilu sauf à la paume des mains et à la plante des pieds. || L'homme est plus poilu que le chimpanzé (→ Pileux, cit.). || Menton poilu des hommes ( Barbe, barbu). || Des griffons poilus comme des ours (→ Meute, cit. 2). aussi Villeux.
2 Plus cour. Qui a des poils très apparents, en parlant des parties du corps où ils sont d'ordinaire peu visibles. Velu. || Jambes, mains poilues; bras poilus. || Un homme à torse poilu. || Lèvre (cit. 2) grisonnante et poilue.Par ext. (Personnes). Qui a des poils apparents sur presque tout le corps. || Les hommes poilus ont une réputation de virilité, de courage. || Femme trop poilue. || Poilu comme un singe.
(1833, Balzac). Fig. Vx. Hardi, courageux. 2. Poilu.
0 Le général Éblé, sous les ordres duquel étaient les pontonniers, n'en a pu trouver que quarante-deux assez poilus, comme dit Gondrin, pour entreprendre cet ouvrage.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 387.
3 (1845). Rare. (Végétaux). Qui présente des poils (5.).
4 (1842; pelu, fin XVIe). Qui présente de longs poils (6.), en parlant d'un vêtement, d'une étoffe. || Un bonnet poilu.
CONTR. Glabre, lisse.
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2. poilu [pwaly] n. m.
ÉTYM. 1899; « gars », 1897; de poil. → 1. Poilu, 2.
1 Pop., vx. Homme brave (les poils étant le signe de la virilité).
2 (1910). Vx. Soldat.Spécialt. Soldat combattant (de la guerre de 1914-1918) dans le langage des civils. || Les poilus de la Grande Guerre. || Marraine (cit. 3) d'un poilu. || G. Esnault a étudié l'argot des poilus.
1 Il se peut qu'une circonstance exceptionnelle rende du relief à une image usée. Tel est le cas de poilu, ancien mot de grognard cité par Balzac, et qui désignait, d'après un symbole de virilité, le gaillard, l'homme d'attaque. L'expression s'était rapidement affaiblie en langage de caserne, au point que « poilu », à la veille de la guerre, y signifiait simplement homme, spécialement soldat (…) En 1914, ce terme militaire a reflué dans le langage des civils, qui lui ont donné un lustre nouveau en l'employant au sens de soldat combattant (…)
A. Dauzat, les Argots, p. 155.
2 L'épopée est tellement belle que tu trouverais comme moi que les mots ne font plus rien. Rodin ou Maillol pourraient faire un chef-d'œuvre avec une matière affreuse qu'on ne reconnaîtrait pas. Au contact d'une telle grandeur, « poilu » est devenu pour moi quelque chose dont je ne sens même pas plus s'il a pu contenir d'abord une allusion ou une plaisanterie que quand nous lisons « chouans » par exemple. Mais je sens « poilu » déjà prêt pour de grands poètes, comme les mots déluge, ou Christ, ou Barbares qui étaient déjà pétris de grandeur avant que s'en fussent servis Hugo, Vigny ou les autres.
Proust, le Temps retrouvé, Pl., t. III, p. 753.
3 J'avais, dès l'automne, laissé repousser ma barbe, non certes pour rivaliser avec ceux qu'on appelait dans les journaux, « les poilus » (…) mais dans le dessein ingénu de me protéger du froid, de prendre une tenue d'hiver.
G. Duhamel, la Pesée des âmes, VI.
4 On dirait bientôt : les soldats de 38 — comme on disait : les soldats de l'an II, les poilus de 14. Ils creuseraient leurs trous comme les autres, ni mieux ni plus mal, et puis ils se coucheraient dedans, parce que c'était leur lot.
Sartre, le Sursis, p. 327.

Encyclopédie Universelle. 2012.