écrivain [ ekrivɛ̃ ] n. m.
• escrivein av. 1150; lat. pop. °scribanem, class. scribam, accus. de scriba → scribe
1 ♦ Vx Scribe, greffier.
♢ Mod. Écrivain public : personne qui rédige des lettres, des actes, pour ceux qui ne savent pas écrire ou qui maîtrisent mal l'écrit. — Écrivain apostolique : secrétaire à la Chancellerie du pape. Écrivain lithographe : dessinateur, graveur de caractères. Écrivain de navire : employé aux écritures sur un navire.
2 ♦ (v. 1275) Cour. Personne qui compose des ouvrages littéraires. ⇒ auteur, littérateur (cf. Homme de plume, homme de lettres). Il, elle est écrivain. L'œuvre d'un écrivain. Le style, le public, l'influence d'un écrivain. Écrivain prolixe. Mauvais écrivain. ⇒ écrivailleur, écrivaillon, écrivassier, plumitif. « les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens mais pour imposer la leur » (Claudel). « Un écrivain garde un espoir même s'il est méconnu » (Camus). « Un auteur, même du plus haut talent, connût-il le plus grand succès, n'est pas nécessairement un “écrivain” » (Valéry). Appos. Une femme écrivain. REM. La forme féminine une écrivaine est peu usuelle en français; elle est courante au Québec. « une chaîne invisible où se côtoient des artistes, des écrivaines, des héroïnes de roman » (A. Ernaux).
● écrivain nom masculin (latin populaire scribanem, du latin classique scriba, scribe) Personne qui compose des ouvrages littéraires. Autre nom de l'eumolpe. ● écrivain (citations) nom masculin (latin populaire scribanem, du latin classique scriba, scribe) Simone de Beauvoir Paris 1908-Paris 1986 L'écrivain original, tant qu'il n'est pas mort, est toujours scandaleux. Le Deuxième Sexe, tome II Gallimard Nicolas Boileau, dit Boileau-Despréaux Paris 1636-Paris 1711 Travaillez pour la gloire, et qu'un sordide gain Ne soit jamais l'objet d'un illustre écrivain. L'Art poétique François René, vicomte de Chateaubriand Saint-Malo 1768-Paris 1848 Je parle éternellement de moi. Itinéraire de Paris à Jérusalem Paul Claudel Villeneuve-sur-Fère, Aisne, 1868-Paris 1955 Les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens, mais pour imposer la leur et non pas seulement leur volonté, mais leur caprice. Positions et propositions Gallimard Georges Adrien, dit Georges Darien Paris 1862-Paris 1921 Les yeux d'un écrivain, pour être clairs, doivent être secs. In L'En-dehors Eugène Delacroix Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1798-Paris 1863 Le livre d'un grand homme est un compromis entre le lecteur et lui. Lettre à Balzac, 1832 Léon-Paul Fargue Paris 1876-Paris 1947 Le bon écrivain est celui qui enterre un mot chaque jour. Sous la lampe Gallimard Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 La première politesse de l'écrivain, n'est-ce point d'être bref ? La Vie littéraire Calmann-Lévy Anatole François Thibault, dit Anatole France Paris 1844-La Béchellerie, Saint-Cyr-sur-Loire, 1924 Académie française, 1896 La première politesse de l'écrivain, n'est-ce point d'être bref ? La Vie littéraire Calmann-Lévy Julien Green Paris 1900-Paris 1998 Académie française, 1971 La pensée vole et les mots vont à pied. Voilà tout le drame de l'écrivain. Journal Plon Jean Grenier Paris 1898-Dreux 1971 On n'écrit pas librement tant qu'on pense à ceux qui vous liront, on n'écrit pas bien tant qu'on ne pense pas à eux. Nouveau Lexique Gallimard Édouard Herriot Troyes 1872-Saint-Genis-Laval, Rhône, 1957 Académie française, 1946 Il y a, pour les écrivains français, une qualité plus belle que la couleur : la lumière. Créer Payot Victor Hugo Besançon 1802-Paris 1885 Les vrais grands écrivains sont ceux dont la pensée occupe tous les recoins de leur style. Tas de pierres Éditions Milieu du monde Max Jacob Quimper 1876-Drancy 1944 Pour se venger de l'écrivain qui leur a donné la vie, les héros qu'il a créés lui cachent son porte-plume. Le Cornet à dés Gallimard Valery Larbaud Vichy 1881-Vichy 1957 Faisons en sorte de n'offrir au public, sous le plus petit volume possible, que ce à quoi nous tenons le plus. Sous l'invocation de saint Jérôme Gallimard Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Un écrivain qui reçoit un prix littéraire est déshonoré. Entretiens avec Robert Mallet Gallimard Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Il vous vient quelquefois un dégoût d'écrire en songeant à la quantité d'ânes par lesquels on risque d'être lu. Passe-temps Mercure de France Paul Léautaud Paris 1872-Robinson 1956 Il semble, pour un écrivain, que chaque page qu'il écrit doive être pour lui une nouvelle leçon dans l'art d'écrire. Propos d'un jour Mercure de France Gérard Labrunie, dit Gérard de Nerval Paris 1808-Paris 1855 Il est dangereux de passer trop tôt pour un écrivain de bon sens : c'est le privilège des médiocrités mûres. La Bohème galante Antoine Rivaroli, dit le Comte de Rivarol Bagnols-sur-Cèze 1753-Berlin 1801 Les écrivains qui savent le plus de langues sont ceux qui commettent le plus d'impropriétés. Discours sur l'universalité de la langue française Henri, marquis de Rochefort-Luçay, dit Henri Rochefort Paris 1831-Aix-les-Bains 1913 En France tout écrivain est un accusé. La Lanterne 27 juin 1868 Jean Rostand Paris 1894-Ville-d'Avray 1977 Académie française, 1959 Il est des écrivains si suspects qu'ils arriveraient à nous faire prendre des lanternes pour des vessies. Pensées d'un biologiste Stock Henri Thomas Anglemont, Vosges, 1912-Paris 1993 Ce foyer d'impossibles, un écrivain. La Chasse aux trésors Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Classique est l'écrivain qui porte une critique de soi-même, et qui l'associe intimement à ses travaux. Variété, Situation de Baudelaire Gallimard ● écrivain (difficultés) nom masculin (latin populaire scribanem, du latin classique scriba, scribe) Genre Toujours masculin, même pour désigner une femme : Simone de Beauvoir a été l'un des écrivains féministes importants du XXe s. Recommandation Lorsqu'il est nécessaire de préciser que l'auteur appartient au sexe féminin, dire ou écrire femme écrivain (ou écrivain femme). Remarque La forme écrivaine, courante au Québec, demeure quasi inconnue en français de France. Elle a été utilisée par plaisanterie par quelques auteurs : « Vite, mes savates ! je sens le poème ! s'écriait une écrivaine, d'ailleurs charmante »(Colette). ● écrivain (expressions) nom masculin (latin populaire scribanem, du latin classique scriba, scribe) Écrivain juré, au Moyen Âge, membre de la corporation des copistes qui copiaient les manuscrits en les rehaussant parfois de lettres ornées et de miniatures. Écrivain public, personne qui fait profession d'écrire des lettres ou des pétitions pour le compte de ceux qui ne savent pas écrire. ● écrivain (synonymes) nom masculin (latin populaire scribanem, du latin classique scriba, scribe) Personne qui compose des ouvrages littéraires.
Synonymes :
- auteur
- homme de lettres
- littérateur
- poète
écrivain
n. m.
d1./d Personne dont la profession est d'écrire.
|| écrivain public, qui, moyennant rémunération, se charge d'écrire pour les illettrés.
d2./d Personne qui compose des ouvrages littéraires. Syn. auteur.
⇒ÉCRIVAIN, subst. masc.
A.— Celui, celle dont le métier est d'écrire pour autrui :
• 1. Il entra dans l'échoppe de l'écrivain du coin de la rue, il lui fit peur. Copiez, lui dit-il en lui donnant la lettre de Mlle de La Mole. Pendant que l'écrivain travaillait, il écrivit lui-même à Fouqué...
STENDHAL, Le Rouge et le Noir, 1830, p. 324.
♦ Écrivain public. Celui qui écrit des lettres, des pétitions, etc., pour le compte de ceux qui ne savent pas écrire :
• 2. Dans ces quartiers, où végètent l'indigence ignorante et la misère aux abois, florissent les derniers écrivains publics qui se voient dans Paris. Là où vous voyez écrits ces deux mots : écrivain public, en grosse coulée...
BALZAC, La Cousine Bette, 1846, p. 404.
— MAR. Agent employé pour tenir les écritures, à bord d'un navire de commerce. Et l'écrivain du bord de changer son sac d'épaule et de se dégourdir les mains (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 250).
Rem. Les dict. attestent en outre les sens hist. suiv. a) Écrivain apostolique. Secrétaire à la chancellerie du pape. b) Écrivain juré. Au Moy. Âge, copiste. c) Expert écrivain. Autrefois, maître d'écritures assermenté.
B.— Celui, celle qui compose des ouvrages littéraires. Bousquet-Deschamps est un jeune écrivain que la franchise de ses opinions politiques avait fait poursuivre par un ministère ennemi de toute liberté (LATOUCHE, L'HÉRITIER, Lettres amans, 1821, p. 144). Écrire, est pour l'écrivain une fonction saine et nécessaire dont l'accomplissement rend heureux, comme pour les hommes physiques l'exercice, la sueur, le bain (PROUST, Temps retr., 1922, p. 902).
— En partic. Personne habile dans l'art d'écrire :
• 3. La France est le [seul] pays où (...) le souci de la forme en soi ... ait dominé et persisté jusqu'à notre époque. Un « écrivain », en France, est autre chose qu'un homme qui écrit et publie. Un auteur, même du plus grand talent, connût-il le plus grand succès, n'est pas nécessairement un « écrivain ». Tout l'esprit, toute la culture possible, ne lui font pas un « style ».
VALÉRY, Regards sur le monde actuel, 1931, p. 186.
— P. métaph. Tous les êtres créés prouvent par leur syntaxe l'existence d'un suprême écrivain qui nous parle par ces signes (J. DE MAISTRE, Soirées St-Pétersb., t. 2, 1821, p. 129).
Rem. 1. En règle gén. il n'y a pas de fém. à écrivain. D'elle, de moi, qui donc est le meilleur écrivain? (COLETTE, Naiss. jour, 1928, p. 70). Néanmoins ds la docum., on rencontre deux emplois fém. différents. J'ai vu Mme J. Rioli une écrivain (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1896-98, p. 145). Péj. Les femmes cherchent un féminin à « auteur » : il y a « bas-bleu ». C'est joli, et ça dit tout. À moins qu'elles n'aiment mieux « plagiaire » ou « écrivaine » (RENARD, Journal, 1905, p. 959). 2. On rencontre ds la docum. des dér. rares. a) Écrivard, subst. masc. Celui qui aime écrire (des lettres en particulier). Enfin, surtout, réponds (...) de temps en temps à mes lettres qui ne demandent pas mieux que de se multiplier : écrivard, moi (VERLAINE, Corresp., t. 1, 1881, p. 265). b) Écriveron, subst. masc. Celui qui compose des ouvrages littéraires. C'est en écrivant qu'on devient écriveron (QUENEAU, Exerc. style, 1947, p. 94). c) Écriveur, euse, subst. et adj. (Celui, celle) qui aime écrire (des lettres en particulier). Je ne crois pas que M. M. Dumas et Hugo vous écrivent (...) Ils ne sont pas grands écriveurs de leur nature, et c'est ce qui fait qu'on attache plus de prix à une seule lettre qu'on possède d'eux (NERVAL, Corresp., 1830-55, p. 35). Je suis quelquefois sévère pour lui, pour son humeur écriveuse et batailleuse (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 3, 1848, p. 90). d) Écriveux, subst. masc. Synon. écrivard (supra rem. 2 a), écriveur (supra rem. 2 c). Il y avait deux partis en classe [au village de Ragotte] : les écriveux et ceux qui n'écrivaient pas (RENARD, Nos frères far., 1910, p. 3). e) Écrivinerie, subst. fém. Lieu où vit et écrit l'écrivain. C'est pourquoi l'écrivinerie de Florent Guillaume (...) fut vendue (...) Depuis lors, le pauvre écrivain n'avait plus de gîte (FRANCE, Contes Tournebroche, 1908, p. 30). 3. Écrivain peut désigner des animaux variés selon les régions (cf. FEW t. 11, p. 330b) comme dans cet ex. où il a le sens de « coléoptère parasite de la vigne » : Ce petit coléoptère [eumolpe de la vigne] connu des vignerons sous les noms de « diableau », de « gribouri », d'« écrivain », a les élytres d'un rouge-brun et le restant du corps noir (DU BREUIL, Cult. arbres, 1876, p. 557).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1re moitié XIIe s. escrivein « copiste, scribe [stilus scribae] » (Psautier Cambridge, 44, 1 ds T.-L.); av. 1255 « scribe de sa propre production » (RUTEBEUF, Œuvres, éd. E. Faral et J. Bastin, II, 97, p. 217); ca 1269-78 « celui qui compose des livres » (J. DE MEUN, Roman de la Rose, éd. F. Lecoy, 16143). D'un lat. pop. scribanem, acc. de scriba, « greffier, scribe » dont la déclinaison a été changée en scriba, -anis, sur le modèle des noms en o, -onis, v. VÄÄN. 2 § 239. Fréq. abs. littér. :5 154. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 7 220, b) 4 580; XXe s. : a) 7 690, b) 8 678. Bbg. BENVENISTE (E.). Mécanismes de transports. In :[Mél. Frei (H.)]. Cah. F. Sauss. 1969, n° 25, pp. 51-52.
écrivain [ekʀivɛ̃] n. m.
ÉTYM. Av. 1150, escrivein, au sens 1; du lat. pop. scribane(m), accusatif de scriba « greffier », de scribere « écrire ».
❖
———
1 Vx. Personne qui, par profession, écrit pour autrui. ⇒ Scribe, greffier.
♦ Mod. || Écrivain public : personne qui écrit des lettres, des actes… pour ceux qui ne savent pas écrire. Littér. || L'Écrivain public, recueil d'essais de Lacretelle.
1 Il y avait deux hommes dans Patru, celui des jours solennels, des plaidoyers et des harangues, à qui l'on s'adressait quand on avait besoin d'une belle épître dédicatoire, d'une belle préface, d'une belle inscription laudative, d'un placet à la reine; on allait alors à Patru comme on irait à un écrivain public, à un calligraphe qui a une belle main : il avait une belle langue.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 5 janv. 1852, t. V, p. 283.
♦ Spécialt. || Écrivain apostolique : secrétaire à la chancellerie du pape. || Écrivain qui copiait les bulles. ⇒ Bullaire.
♦ Écrivain lithographe : dessinateur, graveur de caractères.
♦ Mar. || Écrivain de navire : agent du service général, chargé des écritures à bord d'un navire (manifestes, soldes…).
2 (V. 1275). Cour. Personne qui compose des ouvrages littéraires. ⇒ Auteur (cit. 23). || Il, elle est écrivain. || Colette est un grand écrivain. || Les débuts, le premier livre d'un écrivain. || Métier d'écrivain. || Cet écrivain n'est qu'un amateur, qu'un dilettante (cit. 2). || Le rôle social de l'écrivain. || Le public, l'influence de l'écrivain. || Écrivain traduit en plusieurs langues. || L'œuvre, le bagage d'un écrivain. — Écrivain médiocre, surfait; mauvais écrivain. ⇒ Cacographe, écrivailleur, écrivassier; fam. barbouilleur. || Bon, éminent, brillant écrivain. || Écrivain célèbre; grand écrivain. || Écrivain méconnu. || Écrivain classique, romantique, naturaliste, symboliste. || Genre d'un écrivain. || Cet écrivain a des dons de descripteur, d'ironiste. || Cet écrivain n'est qu'un amuseur. || Écrivain intimiste. || C'est un bon écrivain mais il manque de force, de vigueur, de souffle. || Le style; la griffe, la touche d'un écrivain.
2 Mais il devrait y avoir quelque coërc(i)tion des lois contre les écrivains ineptes et inutiles, comme il y a contre les vagabonds et fainéants. On bannirait des mains de notre peuple et moi et cent autres.
Montaigne, Essais, III, IX.
3 Qui dit froid écrivain dit détestable auteur.
Boileau, l'Art poétique, IV (→ aussi Auteur, cit. 34).
4 Le grand art des bons écrivains français est précisément celui des femmes de cette nation, qui se mettent mieux que les autres femmes de l'Europe, et qui sans être plus belles le paraissent par l'art de leur parure, par les agréments nobles et simples qu'elles se donnent si naturellement (…) Les bons écrivains sont attentifs à combattre les expressions vicieuses que l'ignorance du peuple met d'abord en vogue, et qui, adoptées par les mauvais auteurs, passent ensuite dans les gazettes et dans les écrits publics.
Voltaire, Dict. philosophique, Langues.
5 Dans tout grand écrivain il doit y avoir un grand grammairien (…) Pascal contient Vaugelas (…)
Hugo, Littérature et philosophie mêlées, But de cette publication.
6 Il fallait, pour les écrivains, se soumettre à cette convention (la monarchie absolue), ou s'en aller écrire hors de France. — Les écrivains ont fini par rester; et les rois absolus sont partis.
Nerval, Faux saulniers, IV.
7 Le plus beau triomphe de l'écrivain est de faire penser ceux qui peuvent penser (…)
E. Delacroix, Écrits, p. 98.
8 Le jour où le jeune écrivain corrige sa première épreuve, il est fier comme un écolier qui vient de gagner sa première vérole.
Baudelaire, Journaux intimes, Mon cœur mis à nu, XLIX.
9 Je me figure par un indéracinable sans doute préjugé d'écrivain, que rien ne demeurera sans être proféré (…)
Mallarmé, Variations sur un sujet, Crise du vers.
10 (…) les grands écrivains n'ont jamais été faits pour subir la loi des grammairiens mais pour imposer la leur.
Claudel, Positions et propositions, p. 84.
11 Dépouillons l'écrivain du lustre que lui conserve encore la tradition et regardons-le dans la réalité de sa vie d'artisan d'idées et de praticien du langage écrit.
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 210.
12 — Somme toute, un bon prote est tenu, selon vous, de savoir le français mieux que l'écrivain lui-même.
— Son métier de correcteur l'y oblige.
— Pourtant vous considérez Proust comme un grand écrivain.
— Très grand et des plus importants.
— Ce qui implique, selon vous, que l'on peut être un grand écrivain sans être un écrivain correct.
— De fait, l'un ne va pas nécessairement avec l'autre.
Gide, Attendu que…, p. 51.
13 La seconde partie de mon ouvrage est consacrée à la déontologie ou science des devoirs. Qu'on n'y cherche pas un traité, mais des réflexions jaillissantes sur la vie des écrivains, sur les rapports de l'écrivain avec son œuvre et son métier.
G. Duhamel, la Défense des lettres, Préface, p. 13.
14 (…) je suis auteur d'abord par mon libre projet d'écrire. Mais tout aussitôt vient ceci : c'est que je deviens un homme que les autres hommes considèrent comme écrivain, c'est-à-dire qui doit répondre à une certaine demande et que l'on pourvoit (…) d'une certaine fonction sociale (…) Aussi le public intervient (…) il cerne l'écrivain, il l'investit et ses exigences (…) ses refus, ses fuites sont les données à partir de quoi l'on peut construire une œuvre.
Sartre, Situations II, p. 125.
15 Un écrivain garde un espoir même s'il est méconnu. Il suppose que ses œuvres témoigneront de ce qu'il fut.
Camus, le Mythe de Sisyphe, p. 108.
15.1 Jules Verne, dernier écrivain voyant. Ce qu'il imaginait est devenu réalité (…)
E. Ionesco, Journal en miettes, p. 27.
♦ Absolt. || Un écrivain : une personne qui écrit bien, qui est douée pour le métier d'écrivain, qui a le don du style. || C'est un excellent orateur mais ce n'est pas un écrivain : son dernier livre le prouve. || Il, elle a un tempérament d'écrivain.
16 Un « écrivain », en France, est autre chose qu'un homme qui écrit et publie. Un auteur, même du plus grand talent, connût-il le plus grand succès, n'est pas nécessairement un « écrivain ». Tout l'esprit, toute la culture possible, ne lui font pas un « style ».
Valéry, Regards sur le monde actuel, p. 186.
♦ Par appos. (pour suppléer l'absence de forme féminine). || Une femme écrivain.
REM. Au féminin, on dit écrivain (George Sand, Emily Brontë sont de grands écrivains), mais le féminin écrivaine (1885, in D. D. L.) est revendiqué par certaines (Colette, ironiquement, Benoîte Groult).
17 Vite mes savates ! je sens le poème ! s'écriait une écrivaine.
♦ On trouve aussi, mais rarement : une écrivain (Barrès, in T. L. F.).
➪ tableau Noms de métiers.
———
II (1863). Fig. Entomol. Parasite de la vigne qui ronge les feuilles en formant des découpures comparables à des caractères écrits. ⇒ Eumolpe, gribouri.
18 Cet insecte est celui que l'on désigne en Bourgogne sous le nom d'Écrivain, parce qu'il laisse sur les feuilles et les tiges de la vigne, des traces qui forment des lignes assez régulières, offrant un peu l'aspect d'une sorte d'écriture.
L. Figuier, l'Année scientifique et industrielle 1864, p. 458 (1863).
❖
DÉR. Écrivailler, écrivasser.
Encyclopédie Universelle. 2012.