tréteau [ treto ] n. m.
1 ♦ Support constitué d'une pièce de bois longue et étroite disposée horizontalement sur quatre pieds formant deux V renversés. ⇒ chevalet. « il y avait installé son établi, un large volet sur deux tréteaux » ( Zola).
2 ♦ Au plur. Ensemble formé par ce support et la surface qu'il supporte. Démonter les tréteaux après le marché. — Spécialt (à cause de l'aménagement sommaire de ces scènes ou estrades dressées en plein air) Vieilli Théâtre de foire, où l'on donne des pièces populaires, des farces; estrade de jongleurs, d'acrobates, de camelots. Monter sur les tréteaux. ⇒ scène, planches. « Quand on veut éviter d'être charlatan, il faut fuir les tréteaux » (Chamfort).
● tréteau nom masculin (latin transtellum, variante de transtillum, diminutif de transtrum, traverse) Dispositif formé d'un élément long et étroit porté à chaque extrémité par deux pieds obliques et servant (par paire ou davantage) à soutenir une table, un plancher, une estrade, etc.
tréteau
n. m. Pièce de bois ou de métal, longue et étroite, portée le plus souvent sur quatre pieds, employée en général par paire pour soutenir une table, une estrade, etc.
⇒TRÉTEAU, subst. masc.
A. — 1. Support mobile en bois ou en fer, constitué d'une traverse horizontale reposant sur quatre pieds réunis deux par deux en forme de V renversé. Planche reposant sur deux tréteaux. Depuis que la chaise de poste était partie pour la guerre, avec l'oncle Edme on ne montait plus en voiture, car l'essieu de la berline reposait, à gauche, sur un tréteau, une roue s'étant rompue (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 103). Enfin, après trois heures de postillonnades, la foule des petites gens est autorisée à s'aller rafraîchir de cidre bouché et restaurer de rillots [« rillons »], dans la cour, le long des planches posées sur tréteaux et recouvertes de vingt draps de toile de lin (H. BAZIN, Vipère, 1948, p. 238).
♦ En tréteau. En forme de V renversé. [Une femme] courte, grosse, rougeaude, asthmatique et qui semble porter péniblement un immense ventre sur des jambes écartées en tréteau, sans doute pour le mieux caler, m'aborde en souriant, d'un sourire épais, visqueux, sur des lèvres de vieille licheuse (MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 58).
2. Meuble à usage domestique. Autour des murs, il avait fallu ranger deux lits, une table, deux armoires, un buffet, le tréteau du fourneau à gaz (GUÉHENNO, Journal homme 40 ans, 1934, p. 62).
♦ Tréteau à linge. Tréteau à une ou plusieurs traverses servant à poser le linge mouillé au moment de la lessive (d'apr. Objets civils domestiques, Paris, Impr. nat., 1984, p. 872).
3. TEXT. Pièce de bois garnie de clous auxquels les nattiers attachent les cordons de paille à tresser. (Dict. XIXe et XXe s.).
4. Arg. Mauvais cheval. Synon. bourrin, canasson. Il en fait un chambard, c'tréteau, dans son écurie à roulettes [un wagon], constate Paradis (BARBUSSE, Feu, 1916, p. 109).
B. — 1. Au sing.
a) Plate-forme surélevée par rapport au niveau du sol, sur laquelle on exhibait un condamné. Synon. échafaud. Un galérien debout sur un tréteau dans le carrefour avec le collier de fer au cou est le despote de tous les regards qu'il contraint de se tourner vers lui. Dans cet échafaud il y a du piédestal (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 214).
b) Plate-forme mobile sur laquelle se produit un bonimenteur, un artiste ou une troupe donnant un spectacle populaire. Synon. estrade2. Certain jour, elle le mena voir l'escamoteur qui dressait son tréteau devant la grille, au milieu d'écoliers et de badauds narquois. Un jeune homme en longue redingote appelait dans un clairon. Une grosse femme battait le tambour énergiquement (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 108). La scène est une sorte de tréteau bas, en demi-cercle, qu'entourent des tables sous des berceaux de verdure (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p. 34).
— THÉÂTRE. [P. oppos. à scène] [Gavarni] revient, à propos de théâtre, sur ses idées contre l'illusion scénique, en faveur du tréteau visible (GONCOURT, Journal, 1856, p. 241). Pour mieux opposer les deux systèmes, nous dirons que la scène moderne telle que nous l'ont léguée les astucieux artisans de la Renaissance, encombrée et machinée, est un champ clos où la matière et l'esprit se livrent perpétuellement bataille; au lieu que sur le tréteau élizabéthain, avec son minimum de fardeau matériel, l'esprit se meut librement (Arts et litt., 1936, p. 64-4).
2. Au plur., gén. avec valeur péj. Scène rudimentaire sur laquelle se produisent des artistes de foire, des comédiens donnant des spectacles populaires. Comédien de tréteaux. En Autriche, le grotesque est un peu mêlé à tout. Les farces licencieuses des tréteaux d'Italie, les gras propos de Carnaval, les processions indécentes, les mystères ecclésiastiques avec des femmes toutes nues faisaient le bonheur des Viennois du temps de Marie-Thérèse (MICHELET, Journal, 1861, p. 576).
♦ Planter ses tréteaux. S'installer pour donner un spectacle. En tournée, les difficultés sont accrues. L'acoustique peut être nulle, comme à Marseille sur le Vieux-Port, où, en juillet 54, le TNP planta ses tréteaux, devant la façade de l'Hôtel de Ville (SERRIÈRE, T.N.P., 1959, p. 142).
— P. anal. Lieu où l'on s'exhibe, où l'on se comporte comme un bateleur. Il y a des hommes qui ont besoin de primer, de s'élever au-dessus des autres, à quelque prix que ce puisse être. Tout leur est égal, pourvu qu'ils soient en évidence sur des tréteaux de charlatan; sur un théâtre, un trône, un échafaud, ils seront toujours bien, s'ils attirent les yeux (CHAMFORT, Max. et pens., 1794, p. 23). D'autres (...) veulent enseigner la morale au peuple: ils (...) vendent sur des tréteaux une vertu que ne soutiennent point les œuvres et les mœurs (CHATEAUBR., Martyrs, t. 1, 1810, p. 228).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694-1762: tre-; dep. 1798: tré-. Étymol. et Hist. 1. Av. 1150 [ms. XIIIe-XIVe s.] plur. « récipient, coupe (sur pied) » (ADAM DU PETIT-PONT, De Utensilibus, éd. A. Scheler ds Jahrbuch rom. engl. Lit. t. 8 1867, p. 87: poculorum genera : phialas [gl.:] trestels); 2. ca 1200 trestel sing. « pièce de bois formée d'une traverse et de pieds, servant de support » (Mort Garin le Lorrain, 82 ds T.-L.); ca 1200 plur. traitiaus (JEAN RENART, Escoufle, éd. F. Sweetser, 6045: Caudieres, pot, traitiaus et tables); fin XIIIe s. id. tresteauz (Lettre du prêtre Jean, version agn., éd. M. Gasman, 771); 1394 sing. un treteaul (doc. Arch. Nevers ds GDF. Compl.); XVe s. [mss] id. tretiau (Livres Roi Modus, éd. G. Tilander, 115, 72, var. mss BE); 3. 1611 treteau « instrument de torture » (COTGR.); 4. 1674 plur. « théâtre de saltimbanques » (BOILEAU, Art poétique, III ds Œuvres, éd. F. Escal, Paris, 1966, p. 179: Qu'il s'en aille, s'il veut, sur deux tréteaux monté, Amusant le Pont-Neuf de ses sornettes fades); 5. 1893 arg. cavalerie « mauvais cheval » (d'apr. ESN.). Du b. lat. « petite poutre, petite traverse », devenu dans la lang. vulg. p. assim. aux nombreux suffixés en - (cf. paisseau, sceau). Le type a. fr. trestel (au lieu d'un rég. trastel) serait prob. dû à l'infl. du fréq. préf. a. fr. tres-, forme pop. issue du préf. lat. trans- « au delà, par delà ». Transtellum est le dimin. de transtrum « poutre transversale, traverse » (de là, l'a. fr. trastre ca 1180 « tréteau » Fierabras, 184 ds T.-L.; ca 1200 « poutre » Job, 365, 40, ibid.; tretre « traiteau » id. JEAN RENART, op. cit., 4434). Fréq. abs. littér.:221. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 264, b) 468; XXe s.: a) 395, b) 225. Bbg. LIVINGSTON (Ch. H.). French « tréteau »... Mod. Philol. 1945, t. 43, pp. 89-93. — THOMAS (A.). Étymol. fr. Romania. 1900, t. 29, pp. 203-204.
tréteau [tʀeto] n. m.
ÉTYM. XIIIe, tresteau; trestel, fin XIIe; du lat. transtillum, de transtum « traverse ».
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1 Support formé d'une barre horizontale et de quatre pieds en forme de V. || Tréteaux supportant une table, une estrade, un échafaud (cit. 7), un étalage (→ Écorcer, cit. 1; étaler, cit. 2; planche, cit. 4). ⇒ Chevalet. || Chanlatte et tréteau d'un métier à broder (→ Brodeur, cit. 1; coulisse, cit. 1).
1 Comme le toit était presque plat, il y avait installé son établi, un large volet sur deux tréteaux.
Zola, l'Assommoir, IV, t. I, p. 141.
2 Après-midi, chacun avait un livre entre les mains ou bien Mme Tite-le-Long lavait son linge dans un baquet de bois qu'elle juchait sur deux tréteaux, pour qu'elle pût laver assise.
M. Jouhandeau, Tite-le-Long, XI.
2 Au plur. Ensemble formé par ces supports et la surface qu'ils supportent. || Dresser des tréteaux. — Spécialt (à cause de l'aménagement sommaire de ces scènes ou estrades dressées en plein air). Au plur., vieilli. Théâtre de foire, où l'on donne des pièces populaires, des farces; estrade de jongleurs, d'acrobates, de camelots… || Tréteaux de saltimbanque, de bateleur (cit. 2), de charlatan (→ 1. Primer, cit. 2). — Péj. || Monter sur les tréteaux, sur la scène. — Par ext. Se faire comédien, faire du théâtre. ⇒ Planche. || « Nous avons eu des tréteaux et une parade » (→ 1. Sacre, cit. 1).
3 Quand on veut éviter d'être charlatan, il faut fuir les tréteaux; car, si l'on y monte, on est bien forcé d'être charlatan (…)
Chamfort, Maximes, Philosophie et morale, XIV.
♦ Au sing. collectif (→ 2. Surgir, cit. 3) :
4 Son éloquence (d'O'Connell), faite pour la foule et pour l'Irlande, avait peu d'action sur les Communes d'Angleterre. Cependant, il eut dans sa vie deux ou trois grands succès au parlement. Mais le tréteau lui allait mieux que la tribune.
Hugo, Choses vues, I, 1847, 6 janv.
4 (1893). Argot du turf. Mauvais cheval.
Encyclopédie Universelle. 2012.