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estrade

1. estrade [ ɛstrad ] n. f.
• v. 1450; it. strada « route », du bas lat. (via) strata « (route) pavée »; de sternere « étendre »
Vieilli Loc. BATTRE L'ESTRADE : aller à la découverte, courir les chemins. « Un groupe de réguliers, de légionnaires et de partisans battit l'estrade pendant un mois » (Mac Orlan). estrade 2. estrade [ ɛstrad ] n. f.
• 1664; esp. estrado, du lat. stratum, de sternere « étendre »; cf. 1. estrade
Plancher élevé de quelques marches au-dessus du sol. L'estrade du professeur dans les anciennes salles de classe. Estrade réservée au jury. Estrade dressée pour un match de boxe ( ring) , pour une exécution capitale ( échafaud) . Haranguer la foule du haut de l'estrade. tribune. Monter sur l'estrade. podium. Accumulés « comme les prix sur l'estrade, dans une distribution de prix » (Baudelaire).

estrade nom féminin (espagnol estrado, du latin stratum, plate-forme) Plancher surélevé, destiné à recevoir des sièges, un meuble, une tribune, etc. ● estrade nom féminin (italien strada, route, du latin strata, voie pavée) Batteur d'estrade, autrefois éclaireur d'une troupe. Vieux. Battre l'estrade, courir la campagne, battre les routes pour connaître la position, les mouvements de l'ennemi. ● estrade (expressions) nom féminin (italien strada, route, du latin strata, voie pavée) Batteur d'estrade, autrefois éclaireur d'une troupe. Vieux. Battre l'estrade, courir la campagne, battre les routes pour connaître la position, les mouvements de l'ennemi.

estrade
n. f. Plancher légèrement surélevé par rapport au niveau du sol.

I.
⇒ESTRADE1, subst. fém.
[Généralement dans des expr. vieillies appartenant au lang. milit.]
A.— Battre l'estrade. Reconnaître une région, courir les chemins. Les coureurs de la colonne volante de trois cents chasseurs battant l'estrade entre Wavre et Plancenoit (HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 393).
B.— Batteur d'estrade. Éclaireur d'une troupe. On décida de l'amener [Jeanne] à Rouen par le Ponthieu (...) où l'on risquait le moins de rencontrer les batteurs d'estrade des divers partis (FRANCE, J. d'Arc, t. 2, 1908, p. 223).
P. ext. Coureur d'aventures. Il y a quelque vingt ans que je pratique le métier peu récompensé d'écrivain errant, de batteur d'estrade littéraire sans compagnon (BLOY, Journal, 1904, p. 213).
Rem. On rencontre ds la docum. un emploi arg. au sens de « boulevard ». Le filant sus l'estrade, D'esbrouf je l'estourbis (Chanson de Winter ds VIDOCQ, Mém., t. 3, 1828-29, p. 296).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. Ca 1450 aller à l'estrade « parcourir les chemins en éclaireurs » [en parlant de militaires] (MONSTRELET, Chron., II, p. 270 ds DG); 1573 « rue » (Testament et epitaphe de Maistre Levrault ds Anc. poésies fr., t. X, p. 133). Empr. à l'ital. strada « route, rue », attesté dep. 1317-21 (DANTE, Paradis ds TOMM.-BELL.), du b. lat. strata « id. » proprement part. passé fém. substantivé du lat. class. sternere « paver » (via strata « chemin pavé »). Estrade a remplacé l'a. m. fr. estree (dep. ca 1100, Roland, éd. J. Bédier, 3326). Bbg. HOPE 1971, pp. 38-39.
II.
⇒ESTRADE2, subst. fém.
A.— ARCHIT. INTÉRIEURE. Plancher surélevé dans une pièce. La chambre à coucher, où se dressait, sur une estrade couverte d'une peau de cygne, le grand lit à baldaquin (FLAUB., Éduc. sent., t. 1, 1869, p. 149).
P. anal. (Quasi-)synon. de terrasse. Oh! le charmant jardin avec ses estrades superposées (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, À vendre, 1885, p. 702).
B.— Plate-forme (généralement en menuiserie) élevée dans un édifice ou en plein air, sur laquelle prennent place des personnages importants ou sur laquelle se déroule un spectacle, une cérémonie, un acte solennel de la vie sociale. L'estrade officielle; dresser une estrade, monter sur l'estrade. Il y a presque toujours, dans les salles où les comités se rassemblent (...) une estrade d'où les orateurs s'adressent à l'assemblée (STAËL, Consid. Révol. fr., t. 2, 1817, p. 314). Les élèves (...) écoutaient le professeur, placé sur une petite estrade (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 2, 1834, p. 215). L'estrade de distribution des prix (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 233) :
Plusieurs hommes avaient des accordéons, ils se relayèrent. Une table fut transformée en estrade et les chanteurs s'y succédèrent.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 52.
[Avec valeur de symbole] Ce goût bourgeois de présidence (...) le goût de l'« estrade », très bien pour ceux qui de naissance en ont la vénération, mais chez ceux qui le blaguent!... (GONCOURT, Journal, 1892, p. 291). Un homme qui prétendait droit à la parole au nom d'une organisation syndicale parisienne s'obstinait à l'estrade où son débat avec M. Blondel augmentait le tumulte de la salle. Enfin l'usurpateur de l'attention perdue par le député se mit face à l'assemblée, refit le nœud de sa cravate flottante et claironna : — Citoyens! (HAMP, Champagne, 1909, p. 124).
Prononc. et Orth. Cf. estrade1. Étymol. et Hist. 1664 (doc. ds J.-J. GUIFFREY, Comptes des bâtiments du roi sous le règne de Louis XIV, t. 1, p. 14 ds IGLF : une estrade de bois [...] pour la chambre de la Royne mère). Empr. à l'esp. estrado, d'abord « salle de réception ou de réunion » (dep. 1280, General Estoria d'apr. COR.), puis « partie surélevée d'une salle, servant à recevoir des visites » (dep. 1er tiers XIVe s., J. Ruiz, ibid.), du lat. class. stratum « pavage, assise, couverture de lit; lit », part. passé neutre substantivé de sternere « étendre sur le sol (en partic. une étoffe) ».
STAT. — Estrade1 et 2. Fréq. abs. littér. :523. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 378, b) 1 127; XXe s. : a) 812, b) 808.
DÉR. Estradier, subst. masc. [Correspond à estrade2 B] Péj. Orateur de réunions politiques, volubile et sans scrupules. Déroulède était né estradier, comme disait mon père, agitateur et tribun (L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 245). Enragés de le voir [l'homme français] donner sa foi à de vulgaires estradiers, nous avons cru le séduire à notre tour par une familiarité qui l'a (...) déçu (BERNANOS, Gde peur, 1931, p. 148). Emploi adj. « M. l'abbé Gérès n'a sans doute pas le temps de lire, dit-il [Delcrous] de son ton estradier et autoritaire, il a trop de misères à visiter et à soulager » (A. DAUDET, Pte paroisse, 1895, p. 239). []. 1res attest. 1877 subst. (ID., Nabab, p. 175); 1895 adj. (ID., Pte paroisse, p. 239); de estrade2, suff. -ier.
BBG. — HERB. 1961, p. 109. — LEW. 1960, p. 22, 24.

1. estrade [ɛstʀad] n. f.
ÉTYM. V. 1450; ital. strada « route », du bas lat. (via) strata « route pavée », de sternere « étendre ».
Vx. Chemin, route. — ☑ Loc. Littér. Battre l'estrade : aller à la découverte, courir les chemins.Batteur d'estrade : éclaireur, coureur de grands chemins. Aventurier.
1 Israël envoya des batteurs d'estrade pour considérer le pays de Jazer (…)
Voltaire, Philosophie, IV, 185.
2 Un groupe de réguliers, de légionnaires et de partisans battit l'estrade pendant un mois.
P. Mac Orlan, la Bandera, XVIII, p. 218.
HOM. 2. Estrade.
————————
2. estrade [ɛstʀad] n. f.
ÉTYM. 1664; esp. estrado, du lat. stratum, de sternere « étendre ». → 1. Estrade.
Plancher élevé de quelques marches au-dessus du sol ou du parquet. || Chaire, lit d'apparat, trône, sièges placés sur une estrade. || Estrade à deux ou trois marches (→ Baldaquin, cit. 1). || Le catafalque était exposé sur l'estrade. || Estrade réservée aux autorités, au jury, à l'orchestre ( Podium). || Estrade pavoisée, tendue de draperies, couverte d'un velum, dressée en plein air, dans une salle, pour jouer la comédie, pour un match de boxe ( Ring), pour une exécution capitale ( Échafaud). || Haranguer la foule du haut de l'estrade. Tribune. || Estrade surélevée. || Monter sur l'estrade. || Gravir les degrés, le marchepied de l'estrade. || Prendre place sur l'estrade (→ Commissaire-priseur, cit. 3), sur le devant, sur le bord, tout en haut (→ Bloquer, cit. 3) de l'estrade. || Une assistance nombreuse se pressait autour de l'estrade, au pied de l'estrade. || Les gardes se tenaient de chaque côté de l'estrade.
1 Alors on vit s'avancer sur l'estrade une petite vieille femme de maintien craintif, et qui paraissait se ratatiner dans ses pauvres vêtements.
Flaubert, Mme Bovary, II, VIII, p. 98.
2 (…) accumulés (…) comme les prix sur l'estrade, dans une distribution de prix.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XX.
2.1 Le lendemain, Séil-kor et Nina se rendirent sur la place du village pour assister à la représentation promise. Une large estrade s'élevait en plein vent, et les deux enfants se divertirent fort à la vue des jongleurs, clowns, faiseurs de tours et animaux savants, qui pendant deux heures défilèrent devant leurs yeux.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 228.
3 (…) un théâtre avec des glaces et des femmes pailletées qu'on apercevait quand le rideau de velours grenat, sur le fond de l'estrade, s'entrebâillait.
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 161.
4 Les musiciens montèrent languissamment sur l'estrade, s'assirent dans un grand bruit de chaises et se mirent à chuchoter entre eux, en accordant leurs instruments (…)
Sartre, le Sursis, p. 210.
DÉR. Estradier.
HOM. 1. Estrade.

Encyclopédie Universelle. 2012.