trans- ♦ Préfixe, du lat. trans « par-delà », prép. et préverbe, qui a en fr. le sens de « au-delà de » (transalpin), « à travers » (transpercer), et qui marque le passage ou le changement (transition, transformation).⇒aussi travers, traverser, trépas, trépasser.
● trans- Préfixe, du latin trans, au-delà, exprimant l'idée de changement, de traversée.
trans-
Préfixe, du lat. trans, "à travers", exprimant l'idée de au-delà (ex. transocéanien), à travers (ex. transsibérien), ou indiquant un changement (ex. transformation).
⇒TRANS-, préf.
I. — [La base est un adj. de relation dér. d'un subst.; le dér. est un adj. signifiant « qui traverse l'espace ou la limite, qui est de l'autre côté de la limite que désigne le subst. de la base »; trans- a le rôle d'une prép.]
A. — [Le dér. signifie « qui traverse le lieu géogr. ou l'obstacle naturel que désigne le subst. de la base »; en empl. subst. masc., il désigne le moyen de commun. ou de liaison] V. transalpin, transatlantique, transcontinental, transocéanien/transocéanique, transsaharien, transsibérien et aussi:
transafricain, -aine. Un travail du même auteur [Bordier] (...) sur la voie transafricaine de Tunisie à Loango par le Tchad (B. de géogr. hist. descriptive, 1904, p. 414).
transandin, -ine. 1. Ch. de fer. Le chemin de fer transandin (...) doit user de la crémaillère (Géogr. gén., 1966, p. 1569 [Encyclop. de la Pléiade]). Empl. subst. masc. Le voyage dure moins de trois jours. Les profits économiques du Transandin ne sont pas encore très étendus (ALBITRECCIA, Gds moyens transp., 1931, p. 57). 2. Télégr. La ligne télégraphique transandine (LITTRÉ).
transasiatique. La construction du véritable chemin de fer transasiatique, celui du Baïkal à Kalgen, fut entreprise (A. ULAR, in R. blanche, 1er juill. 1901, n° 194, p. 358 ds QUEM. DDL t. 15).
transcaspien, -ienne. Le chemin de fer transsibérien et le chemin de fer transcaspien (L'Année sc. et industr., 1900, p. 440). Empl. subst. masc. Citons encore le général Annenkoff, le créateur des grandes artères ferrées de l'Asie Russe: le transcaspien et le transsibérien (L'Année sc. et industr., 1900, p. 359).
transhelvétique. Qui traverse la Suisse. Canal transhelvétique. V. rattachement A ex. de Nav. intér. Fr.
transmandchourien, -ienne. Empl. subst. masc. Il faut bien considérer [a dit M. Kerbedz] que ni le Transsibérien ni le Transmandchourien ne peuvent encore fonctionner d'une façon normale (Bull. technologique, mars 1903, n° 3, p. 56 ds QUEM. DDL t. 31).
transméditerranéen, -enne. La reconnaissance d'une voie de commerce transméditerranéenne jalonnée par ses épaves-amphores grecques des îles, augmentées d'amphores italiennes (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 268).
transpolaire. La navigation transpolaire dans les zones aurorales (DECAUX, Mesure temps, 1959, p. 46).
transpyrénéen, -enne. La vie moderne venait buter là, contre le formidable rempart des grands pics neigeux; et, seul, le chemin de fer transpyrénéen, si on l'avait construit, aurait pu établir une active circulation de la vie sociale, dans ce coin perdu, où elle stagnait comme une eau morte (ZOLA, Lourdes, 1894, p. 110).
transvosgien, -ienne. Un projet avancé, utilisant le tunnel de Sainte-Marie-aux-Mines, devrait, pour sa part, permettre une liaison transvosgienne commode entre la Moyenne Alsace et la région de Saint-Dié-Épinal (H. NONN, L'Alsace, 1973, p. 73 ds QUEM. DDL t. 24).
— [La base est un nom propre de lieu]:
transmanche, trans-Manche. À travers la Manche. C'étaient (...) des bâtiments de commerce, surtout des paquebots « trans-Manche » (LE MASSON, Mar., 1951, p. 53). Le trafic transmanche représente en tonnage 50 % de l'activité portuaire de Dieppe (Industr. et techn., oct. 1973, p. 11 ds Clé Mots).
transpacifique. À travers le Pacifique. Cela n'empêchera pas le Concorde d'effectuer allégrement des vols transatlantiques ou transpacifiques à cette vitesse (Le Nouvel Observateur, 29 mars 1971, p. 28, col. 4).
B. — [Trans- exprime le franchissement d'une limite]
1. a) [Le dér. signifie « qui est de l'autre côté de la limite géogr. que désigne la base »; trans- a pour anton. cis-] V. transalpin et aussi:
transmarin, -ine. Qui est de l'autre côté de la mer; qui vient de l'autre côté de la mer. Synon. (d')outre-mer. C'est en Islande que la civilisation scandinave s'est le plus fortement développée. Parce que cette civilisation devait y répondre, d'abord, aux sollicitations d'une migration transmarine (L. FEBVRE, De Spengler à Toynbee, [1936] ds Combats, 1953, p. 131).
transméditerranéen, -enne. Qui est, qui vient de l'autre côté de la Méditerranée. La France transméditerranéenne: l'Algérie (LITTRÉ Suppl. Add. 1877). L'arabe avait peu déteint sur le français transméditerranéen. C'est au contraire l'espagnol qui a enrichi de nombreux termes le français d'Afrique du Nord (La Vie du Rail, 29 mars 1970 ds GILB. 1971).
transpyrénéen, trans-pyrénéen, -enne. De l'autre côté des Pyrénées. Un pâtre trans-pyrénéen, à la tête de ses troupeaux jouit de l'individualité la plus absolue (CHATEAUBR., Congrès Vérone, t. 1, 1838, p. 12). Empl. subst. Jamais aucun artiste n'avait mieux tricoté des poignets, ni ne s'était montré plus expéditif que le transpyrénéen (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 66).
transrhénan, -ane. De l'autre côté du Rhin. Ces nations transrhénanes, comme on les appelait alors, étaient entièrement païennes, ou, si les plus rapprochées de la frontière gauloise avaient reçu quelques semences de christianisme, elles y mêlaient, d'une manière bizarre, les pratiques de leur ancien culte (THIERRY, Récits mérov., t. 2, 1840, p. 25).
— [Le dér. est un empr. au lat.]:
transjuran, -ane. [Du point de vue fr.] De l'autre côté du Jura. On put dès lors le distinguer [le royaume de Bourgogne] en trois régions différentes, dont les limites ont varié souvent: le royaume de Provence, la Bourgogne transjurane, comprenant la Comté et le duché proprement dit, devenu par la suite province du royaume de France, sous le nom de Bourgogne (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 92).
transpadan, -ane, adj. et subst. De l'autre côté du Pô. a) [Du point de vue romain] [Les Cimbres] s'étant séparés des Teutons, avaient franchi les Alpes rhétiennes et envahi la Gaule transpadane (MÉRIMÉE, Essai guerre soc., 1841, p. 55). b) [Du point de vue fr.] Les transpadans, comme de raison, datent aujourd'hui de l'an premier de la République (...) la première année républicaine transpadane (Le Répertoire anecdotique, 1797, II, pp. 87-88 ds QUEM. DDL t. 30).
b) ASTRON. [En parlant d'une planète; le dér. signifie « qui est au delà de la planète que désigne la base »]:
transneptunien, -ienne. Qui est au delà de Neptune. À plus d'un milliard sept cent millions de lieues (distance à laquelle doit graviter une planète transneptunienne) (FLAMMARION, Astron. pop., 1880, p. 284).
c) PHYS. NUCL. [Dans la classification périodique des éléments; le dér. signifie « dont le nombre atomique est supérieur à celui de l'élément que désigne la base »]:
transfermien, -ienne. Dont le nombre atomique est supérieur à celui du fermium (100). On prévoit un développement des études physicochimiques d'éléments transfermiens à l'échelle des indicateurs, des recherches sur la synthèse de ces éléments et leurs propriétés chimiques fondamentales (Courrier du CNRS, n° 19, Suppl., Images de la chim., 1974, p. 55 ds Clé Mots).
transplutonien, -ienne. Dont le nombre atomique est supérieur à 94 et qui est situé au delà du plutonium (d'apr. Nucl. 1975).
transuranien, -ienne. Dont le nombre atomique est supérieur à celui de l'uranium (92). On possède maintenant la liste des 92 premiers éléments chimiques dont le nombre atomique va de 1 pour l'Hydrogène à 92 pour l'Uranium. La liste s'arrête à 92, mais il existe pourtant des éléments transuraniens, inconnus dans la Nature, mais qui ont été produits artificiellement, allant de 93 à 98: Neptunium, Plutonium, Americium, Curium, Berkelium, Californium (FURON ds R. gén. sc., t. 63, 1956, p. 35). Empl. subst. masc. Les « transuraniens » étaient pour la plupart des produits de fission (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 350).
2. a) [Le dér. signifie « qui franchit la limite que désigne ou qu'implique la base »]:
transatmosphérique , aéron. Qui se produit en sortant de l'atmosphère. Los Angeles-Tokyo en deux heures, c'est pour bientôt à bord de l'« Orient Express ». Un nom bien nostalgique pour baptiser le premier vol « transatmosphérique » programmé par le ministère américain des Sciences et Techniques (Télérama, 17 juin 1987, p. 56, col. 1).
transfrontalier, -ière. Qui se produit au travers de la frontière. La coopération transfrontalière est aujourd'hui une telle évidence et une telle nécessité qu'elle est devenue un élément clef de la politique du conseil régional [en Alsace] (Le Monde, 6-7 oct. 1991, p. 11, col. 2).
transnational, -ale, -aux. 1. Écon. [En parlant d'un organe, d'une entreprise] ,,Dont la composition, les attributions et la zone d'action ne sont pas bornées aux frontières d'un seul État`` (GIRAUD- PAMART Nouv. 1974). Les intégrations pluri-nationales par les pôles de croissance (régions transnationales) (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 240). 2. Qui appartient à un cadre plus large que la nation. Empl. subst. Transitant d'une terre à l'autre, d'une culture à l'autre, d'une époque à l'autre, ces immigrés de la deuxième génération sont des transnationaux (Le Monde, 19-20 juin 1983, p. 16, col. 4).
transsonique , aéron. Qui dépasse la vitesse du son. Des avions de chasse sans queue qui sont poussés aux vitesses transsoniques par des moteurs à réaction (A. LABARTHE, La Vie commence demain, 1947, p. 36 ds QUEM. DDL t. 30).
— [La base est un subst.]:
transfrontières. La Convention sur la pollution transfrontières (Le Monde, 12 oct. 1983, p. 16, col. 6).
transhorizon , radioélectr. Se dit de liaisons radioélectriques qui peuvent s'effectuer au delà de l'horizon. La portée de ces liaisons entre stations-relais successives, initialement faible, s'est étendue jusqu'à des distances record de plus de 500 km avec les faisceaux hertziens transhorizons (Admin. P. et T., 1964, p. 42).
b) MÉD. [Le dér. signifie « qui traverse la paroi que désigne ou qu'implique la base »]:
transcutané, -ée. Qui se produit, qui agit en traversant la peau. Infection transcutanée. Une intervention mineure dite de biopsie, voire par ponction transcutanée de certains organes comme le foie, les ganglions lymphatiques, les reins, la thyroïde ou les testicules (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 634).
transdermique. Qui agit en traversant le derme. Un médicament commercialisé sous [la] forme transdermique (Le Monde, 12 févr. 1986, p. 14).
transmembranaire, trans-membranaire. Qui se produit à travers une membrane. Le Professeur J. Duclaux, membre de l'Institut, a consacré une partie de ses travaux aux phénomènes de transfert trans-membranaires (La Rech., janv. 1974, p. 43 ds Clé Mots).
transplacentaire. Qui se produit en pénétrant le placenta. Infection transplacentaire (CALMETTE, Infection bacill. et tubercul., 1920, p. 229).
transvésical, -ale, -aux. Qui se fait à travers la vessie. Ponction transvésicale (Le Monde, 16 nov. 1983, p. 14, col. 4).
3. a) [Le dér. signifie « qui sort du cadre, des limites de la notion que désigne la base »] V. transsexuel et aussi:
transcapitaliste. Lénine est hostile à toute forme d'utopie. Le peu de projection imaginaire qu'il se permette offre un paysage transcapitaliste avec beaucoup de grosses machines, d'électricité, d'organisation industrielle, à laquelle concourent unanimement les masses et le Parti (A. BESANÇON, Les Origines intellectuelles du léninisme, 1977, p. 288 ds QUEM. DDL t. 26).
transculturel, -elle. Devenus adultes, hommes de double culture, ils posséderont peut-être les clés d'un dialogue fructueux entre les communautés d'une société multi-ethnique et transculturelle (Le Monde dimanche, 24 janv. 1982, p. VI).
transdisciplinaire. Cette réalisation [le cœur artificiel] (...) fait appel à des compétences fort éloignées les unes des autres: il s'agit d'un développement transdisciplinaire, dans lequel chaque spécialiste doit prendre en compte les contraintes des autres (Le Monde, 12 oct. 1988, p. 21, col. 6).
transhistorique. Le présent ne peut être véritablement repensé comme présent que par un acte transhistorique (G. MARCEL, Journal, 1914, p. 82).
transhumain, -aine. Le Bach de l'orgue est tout majesté, et majesté transhumaine (DU BOS, Journal, 1928, p. 45).
transhumanitaire. [La multiplication des machines] nous mènerait vite à un état où l'homme ne saurait plus que faire de son activité (...); ce qui supposerait une fin imminente pour l'espèce et son passage à des destinées transhumanitaires (C. PECQUEUR, Améliorations matérielles, Paris, Ch. Gosselin, 1843, p. 129).
translinguistique. Le deuxième moment de l'étude du cinéma (...) est proprement sémiologique, translinguistique; il peut moins se permettre de s'appuyer sur du déjà-fait (C. METZ, in Communications, 1964, n° 4, p. 73 ds QUEM. DDL t. 30).
transmondain, -aine. Dans le retour de l'évanouissement à la vie, il y a deux degrés: le premier, c'est le sentiment de l'existence morale (...); le second, le sentiment de l'existence physique. Il semble probable que, si, en arrivant au second degré, nous pouvions évoquer les impressions du premier, nous y retrouverions tous les éloquents souvenirs du gouffre transmondain (BAUDEL., Nouv. Hist. extr., 1857, p. 163).
transmoral, -ale, -aux. Peut-être faudrait-il introduire le mot de transmoral ou de surmoral — dans un sens absolument opposé à la terminologie nietzschéenne. Car il s'agirait ici d'un par-delà qui inclut, d'un plus, contenant un moins, et non pas du tout d'un par-delà qui s'oppose ou se dresse (DU BOS, Journal, 1923, p. 394).
transnaturel, -elle. Qu'il ne s'agisse pas ici de positions théologiques liées à certains dogmes, mais d'aspects essentiels à la vie de l'âme en quête d'union à Dieu, c'est ce que vérifie la constance de cet amour transnaturel à des époques et dans des traditions tout à fait différentes (Philos., Relig., 1957, p. 36-13).
transphrastique. Un énoncé est dit transphrastique quand il dépasse les limites d'une phrase (GREIMAS-COURTÉS 1979).
transrationnel, -elle. Il est des croyances raisonnables que l'on peut qualifier de rationnelles en ce qu'elles emportent l'accord de la raison. Il vaudrait mieux pour ces croyances et les sentiments qui y correspondent garder le terme de transrationnel qui dépasse la raison sans s'y opposer (P. CHAUCHARD, Hypnose et suggestion, Paris, P.U.F., 1970, p. 107).
transspatial, -ale, -aux. La conscience implique une sorte de feed back axiologique, irreprésentable en sa totalité dans le mode spatio-temporel, par lequel des sens et des valeurs transspatiales informent, par récurrence, la partie spatiale des circuits nerveux (RUYER, Cybern., 1954, p. 83).
transsubjectif, -ive. C'est la loi de l'existence; elle est transsubjective comme toute loi, mais sa validité et son universalité sont à l'origine de la douleur immense, cosmique, dont est affectée l'existence (M. ÉLIADE, Techniques du yoga, 1948, pp. 43-44 ds QUEM. DDL t. 22).
— [La base est un subst.]:
transcatégorie. Qui dépasse le cadre d'une catégorie. Les préfixés dont la base est un substantif et qui ont un statut d'adjectif, comme antibrouillard (phares -) (...): ce sont les dérivés de ce type que nous appelons des préfixés transcatégorie (M. VOIR ds Cah. Lexicol. 1982, n° 41, p. 32).
b) [Le mot est un subst. dér. d'un adj. en trans-]:
transdisciplinarité, subst. fém. Démarche scientifique qui dépasse les frontières d'une discipline. En ce qui concerne la transdisciplinarité, il s'agit souvent de schèmes cognitifs qui peuvent traverser les disciplines, parfois avec une virulence telle qu'elle les met en transes (E. MORIN, De l'interdisciplinarité ds Carrefour des sciences, Actes du colloque, Paris, CNRS, 1990, p. 29).
transindividualité, subst. fém. Caractère transindividuel de quelque chose. Le concept n'est pas une représentation singulière, mais convient également à plusieurs objets: cette propriété, qu'on appellera « transindividualité » est celle à laquelle Bergson se réfère quand il reproche au concept d'être impersonnel, brutal, banal et quand il accuse d'écraser et de masquer la sensation qu'il désigne (J.-C. PARIENTE, Le Lang. et l'individuel, 1975, p. 12 ds Clé Mots).
transrationalisme, subst. masc. Disposition qu'a l'homme ,,à croire à des puissances surnaturelles, à un monde mystérieux et invisible sur lequel la science et la raison n'ont pas plus de prise que les sens`` (COURNOT, Matérialisme, vitalisme, rationalisme, 1875, 4e section, p. 385 ds LAL. 1968).
transsubjectivité, subst. fém. Caractère transsubjectif de quelque chose. Il nous est apparu (...) que cette transsubjectivité de l'image ne pouvait pas être comprise, en son essence, par les seules habitudes des références objectives (BACHELARD, Poét. espace, 1957, p. 3).
II. — [Trans- a une fonction circ.]
A. — [Trans- signifie que le procès s'accomplit en traversant une paroi, une limite]
1. [Le dér. est un verbe]
a) [La base est un verbe] V. transparaître, transpercer et aussi:
transapparaître, verbe intrans. Synon. de apparaître. Je soutiendrai qu'il faut ceci, pour un artiste: un monde spécial, dont il ait seul la clef. (...) [il faut] que toutes choses en lui soient ou semblent nouvelles, transapparues derrière une idiosyncrasie puissamment coloratrice (GIDE, Litt. et mor., 1897, p. 425).
transpénétrer, verbe trans., au fig. Pénétrer de part en part. Le christianisme doit informer ou plutôt transpénétrer le monde (MARITAIN, Human. intégr., 1936, p. 123).
b) [La base est un morph. non autonome] V. transsuder.
2. [Le dér. est un subst. désignant un procès, gén. lié à un verbe en trans-] V. transpercement (rem. 2 s.v. transpercer), transsudation (dér. s.v. transsuder) et aussi:
transillumination, subst. fém., méd. ,,Envoi d'un faisceau de lumière à travers certains tissus ou parties du corps, afin de les examiner par transparence`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Rendre la matière humaine transparente et (...) voir au travers. Aucune imagination parmi les plus fécondes n'avait d'ailleurs entrevu cette possibilité (...). Cette transillumination, au sens propre et figuré, a eu lieu pour la première fois par une nuit de novembre 1895, dans un modeste laboratoire physique [celui de Röntgen] (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 643).
transmodulation, subst. fém., radio. ,,Interférence entre une onde sur laquelle est réglé un récepteur, et l'extrémité de la bande de modulation d'une onde voisine`` (Électron. 1960). Un pré-sélecteur (...) empêche la transmodulation des émissions indésirables (Publicité de la radio Sonora, in Vu, 4 avr. 1934, n° 316, p. 448 ds QUEM. DDL t. 30).
transsonnance, subst. fém., méd. ,,Transmission du son survenant ou provoqué dans un organe à travers un autre organe`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
B. — [Trans- exprime l'idée de déplacement, de transport]
1. [Le dér. est un verbe]
a) [La base est un verbe] V. transbahuter, transplanter, transporter et aussi:
transverser, verbe trans. Transvaser. Souvent il y passait seul de longues heures à étiqueter, à transverser, à reficeler (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, 1857, p. 93).
b) [La base est un morph. non autonome] V. transférer, transfuser, transmigrer.
c) [Le dér. est une formation parasynthétique] V. transborder, transvaser.
2. [Le dér. est un subst. désignant un procès, gén. lié à un verbe en trans-] V. transbordement (dér. s.v. transborder), transfert, transfusion, transmigration, transmission, transplantation, transport et aussi:
transvidage, subst. masc., manutention. Opération consistant à vider un conteneur dans la caisse d'un véhicule collecteur. Le camion destiné à la collecte et au compactage des ordures ménagères ou des déchets industriels, assure le transvidage automatique de containers [conteneurs] à poste fixe (Nuisances et environnement, juin 1974, p. 77 ds Clé Mots).
— [La base est un morph. non autonome]:
transfluence, subst. fém. 1. Géogr. Débordement d'un glacier qui passe d'une vallée dans une autre. (Dict. XXe s.). 2. Hydrographie. Type de changement de cours lorsque le cours d'eau ou un bras va rejoindre une autre rivière (d'apr. Lexis 1975).
translocation, subst. fém., géol. ,,Entraînement par l'eau de pluie, dans les crevasses d'un profil, de constituants tels que sable, limon, débris végétaux, et même petits agrégats`` (Dict. d'agric., 1977 ds Clé Mots).
3. [Le dér. est un subst. lié à un verbe en trans-, désignant un appareil, un engin] V. transbordeur, transmetteur.
C. — [Trans- exprime l'idée de transformation]
1. [Le dér. est un verbe]
a) [La base est un verbe] V. transcoder, transfigurer, transformer, transmuer, transposer.
b) [La base est un morph. non autonome] V. transcrire, translit(t)érer (rem. s.v. translit(t)ération).
2. [Le dér. est un subst. désignant un procès]
a) [Le dér. est lié à un verbe en trans-] V. transcription, transfiguration, transformation, translit(t)ération, transposition et aussi:
transcatégorisation, subst. fém., ling. Modification de la catégorie syntaxique d'un mot. Nous utilisons le terme « conversion » (...) pour désigner le procédé par lequel on crée un nouveau mot transposant un mot déjà existant dans une nouvelle catégorie grammaticale sans l'addition d'un affixe. C'est le procédé que d'autres linguistes ont appelé la « dérivation impropre », la « transposition » ou « translation » (...), la « transcatégorisation » (C. BOSWELL ds Cah. Lexicol. 1982, n° 41, p. 199).
b) [Le dér. est formé sur un morph. non autonome ou est une formation parasynthétique] V. transduction et aussi:
transamination, subst. fém., biochim. ,,Réaction chimique réversible par laquelle le radical amine de quelques acides aminés peut être transféré à une autre substance`` (GARNIER-DEL. 1958). L'étude des réactions de transamination débuta dans les années 1930, lorsqu'on eut observé qu'un échange entre les groupes amino et les groupes céto se réalisait aisément sous l'influence des transaminases (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 2, 1964, p. 446).
transculturation, subst. fém., anthropol., ethnol. ,,Modification des caractéristiques d'une ethnie au contact d'un autre type de civilisation`` (PIÉRON 1973). Naturellement le terme [de acculturation] était loin de satisfaire tout le monde, de sorte que, dans le but de préciser sa pensée et de cerner le fait plus étroitement, chacun voulut le modifier: enculturation, transculturation et quelques autres firent leur apparition (Hist. sc., 1957, p. 1535).
transvaluation, subst. fém., philos. Révision radicale des valeurs. On doit procéder à ce qu'il [Nietzsche] appelle la « transvaluation » de toutes les valeurs (H. LICHTENBERGER, Philosophie de Nietzsche, 1898, p. 99 ds QUEM. DDL t. 22).
— GÉNÉT., GÉNIE GÉNÉT.:
transfection, subst. fém. Introduction de matériel génétique viral dans une cellule. [En 1971, Hill et Hillova] réussissaient à transférer le virus et son pouvoir cancérigène par l'ADN extrait des cellules transformées par le virus. Cette expérience de transfection, courante à l'heure actuelle, constituait à l'époque un tour de force (Encyclop. univ. t. 16 1989, p. 868, col. 3, s.v. oncogenèse).
transgénèse, subst. fém. Synon. de transgénose (infra). Cette « transgénèse », qui consiste en général à injecter des gènes isolés dans le noyau des embryons précoces, reste cependant délicate et son rendement très variable selon les espèces (Le Monde, 26 juin 1991, p. 13, col. 2).
transgénose, subst. fém. Opération consistant à transférer un gène dans une cellule végétale en régénération ou dans un ovule animal préalablement fécondé. Même dans ce dernier cas [des transgénoses incontrôlées] le danger ne serait pas bien grand, car la sélection naturelle persisterait et les gènes introduits par transgénose n'auraient pas plus d'effet que les mutations naturelles que nos populations subissent chaque jour sans en être génétiquement altérées pour autant (A. LANGANEY ds J. BERNARD, De la biol. à l'éthique, Paris, Buchet-Chastel, 1990, p. 133).
translocation, subst. fém. ,,Aberration chromosomique consistant en la cassure d'un segment de chromosome qui se fixe sur un chromosome non homologue`` (Arrêté du 2 janv. 1975 ds Néol. off. 1989, p. 142).
transversion, subst. fém. ,,Mutation ponctuelle correspondant (...) à un changement d'une paire de nucléotides dans lequel une purine prend la place d'une pyrimidine ou vice versa`` (L'HÉR. Génét. 1978).
3. [Le dér. est un subst. gén. lié à un verbe en trans-, désignant un dispositif ou un agent permettant la réalisation d'un procès] V. transducteur.
— En partic. [Avec le suff. -ase (formateur des termes désignant les diastases)]:
transaminase, subst. fém., biochim. Enzyme sous l'action duquel s'effectue la transamination. Les enzymes de transfert enfin, dont le type est représenté par les transaminases libérées par certaines destructions tissulaires (BARIÉTY, COURY, Hist. méd., 1963, p. 683).Morphologie
A. — Trans- au contact d'une base à init. vocalique.
1. La prononc. [] est la prononc. traditionnellement donnée par les dict. pour les préfixés ant. au XXe s.: v. les rubriques phonét. de transalpin et transatlantique, transocéanien/transocéanique et aussi: transandin (LITTRÉ, Lar.19e, Lar. 20e), transanimation (Lar. 19e), transélémentation (LITTRÉ, Lar. 19e), transéquatorial (Lar. 19e, Lar. 20e), transuranien (LITTRÉ, Lar. Lang. fr., ROB. 1985). C'est aussi la prononc. indiquée pour des préfixés apparus au XXe s.: transeuropéen (ROB. 1985), transindochinois (Lar. 20e), transhistorique (ibid.).
2. La prononc. [] tend à s'imposer. Cette prononc. est substituée à la précédente pour transandin par Lar. Lang. fr. et ROB. 1985; c'est la prononc. indiquée pour les créations récentes: transamazonien (ROB. 1985), transamination (Lexis 1975), transanal (Lar. Lang. fr.), transhorizon (ibid.).
B. — Trans- au contact d'une base à init. consonantique. La prononc. [] est de règle. On notera cependant une hésitation devant les cons. voisées. V. les rubriques phonét. de transbahuter, transborder, transgresser, transvaser.
C. — Trans- au contact d'une base à init. s s du préf. est assimilé, on notera que le s ne se sonorise pas: transept [[s]i-51666-4.jpg" />], Transylvanie [].
Prononc. et Orth.:[-], [-] devant un segment voisé, avec des restrictions. Transept, transir, transatlantique p. ex. ont parfois [-s-] où l'appartenance de transept et transir au domaine d'un formant trans- est, il est vrai, sujette à discussion. Hésitation devant un segment consonantique voisé, transvaser. Devant les segments consonantiques non voisés, y compris les sonantes: [-s-], ex. transférer, transmettre. Att. ds Ac. dep. 1762.
Étymol. et Hist.
A. — Étymol. Le préf. a pour orig. le préf. lat. trans-, présent dans de très nombreux empr. appartenant à des catégories synt. variées (v. les rubriques étymol. des mots figurant à la nomencl.).
B. — Histoire
1. Transparaître et transpercer sont les vestiges d'un type de formation encore très productif au XVIe s.; v. p. ex. à la nomencl. de HUG.: transcouler, transcourir, transfendre, transficher/transfiger, transforer, transfreter, transfuir, transgloutir, transluire, transmarcher, transnager, transnouer, transvoler.
2. Le préf. a été partic. productif dans les domaines philos., sc. et techn. Sont sortis de l'usage:
transanimation, subst. fém. Métempsychose. La Metempsychose et transanimation, qui estoit l'un des principaux poincts de la doctrine de Pythagore (G. NAUDÉ, Apologie des grands hommes accusez de magie..., Paris, Fr. Eschart, 1669, p. 160).
transcréation, subst. fém. Création par passage à la sphère du divin. Soit qu'il y ait un moyen naturel d'élever une âme sensitive au degré d'âme raisonnable (ce que j'ai de la peine à concevoir), soit que Dieu ait donné la raison à cette âme par une opération particulière, ou, si vous voulez, par une espèce de transcréation (G. LEIBNITZ, Essais de Théodicée, Paris, Aubier, 1961 [1710], p. 161).
transelementation, subst. fém. Synon. de transsubstantiation. Nos transsubstantiations, transelementations, concomitances (Ph. DE MARNIX DE SAINTE-ALDEGONDE, Tableau des differens de la religion, Bruxelles, t. 2, 1857 [1605], I, 3 ds HUG.).
BBG. — BRUNET (É). Le Vocab. fr. de 1789 à nos jours d'après les données du TLF. Genève-Paris, 1981, p. 640, 684. — DARM. 1877, p. 229. — QUEM. DDL t. 40 (s.v. transasiatique et translinguistique). — THIELE (J.). La Formation des mots en fr. mod. Trad.: A. Clas. Montréal, 1987, 180 p. — VOIR (M.). Les Préfixés transcatégorie. Cah. Lexicol. 1982, n° 41, pp. 31-46.
trans-
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♦ Préfixe emprunté au lat. trans (« par delà »), prépos. et préverbe qui a en français le sens de « au-delà de » (transalpin), « à travers » (transpercer), et qui marque le passage ou le changement (ex. : transition, transformation). ⇒ aussi Travers, traverser; et (forme tres-), trépas, trépasser.
1 trans : préverbe et préposition « par delà, au delà de ». Comme préposition (…) s'emploie avec des verbes marquant le mouvement comme le repos. En composition, à côté du sens de « au delà », a aussi le sens « de part en part » (…) marque le changement total dans transformo, transfiguro (…) Trans est conservé dans les langues romanes.
Ernout et Meillet, Dict. étymologique de la langue latine, p. 1236.
♦ Outre les comp. traités ci-dessous on peut signaler : transmembranaire, adj. (1974, in la Clé des mots) : « qui passe à travers une membrane »; et les emplois rares ou occasionnels, du type des suivants :
2 L'objet technique pris selon son essence, c'est-à-dire l'objet technique en tant qu'il a été inventé, pensé et voulu, assumé par un sujet humain, devient le support et le symbole de cette relation que nous voudrions nommer transindividuelle.
Gilbert Simondon, Du mode d'existence des objets techniques, p. 247.
3 (…) son domaine est celui du discours concret en tant que champ de la réalité transindividuelle du sujet (…)
J. Lacan, Écrits, p. 257.
4 De cette analyse (sociologique) le linguiste dira peut-être qu'elle est « translinguistique ». Ce qui veut vite dire « transcientifique ».
Henri Lefebvre, la Vie quotidienne dans le monde moderne, p. 241.
5 (la) reconnaissance d'une valeur liée à la personne (et non plus seulement aux fonctions ou aux services transpersonnels comme sur le terrain juridique).
J. Piaget, Épistémologie des sciences de l'homme, p. 302.
♦ Parmi les comp. en trans-, nombreux sont ceux (adjectifs) qui sont formés sur un adj. dérivé d'un nom géographique. → ci-dessous, et cf. par ex., transasiatique (1901, in D. D. L.), transdanubien (1775), transjuran (1752, in D. D. L.), transméditerranéen.
REM. Dans certains cas, on trouve comme second élément un nom géographique, sans suffixe adjectival (ex. : « le pipe-line trans-Alaska », Science et Vie, no 106, p. 5).
Encyclopédie Universelle. 2012.