ressaisir [ r(ə)sezir ] v. tr. <conjug. : 2> I ♦ V. tr.
1 ♦ Saisir de nouveau, saisir (ce qui a échappé). ⇒ raccrocher, rattraper, reprendre. Ressaisir un fuyard. « Bonaparte aurait voulu ressaisir à lui seul l'autorité » (Chateaubriand). Paroles qu'on voudrait ressaisir, sitôt après les avoir dites.
2 ♦ (Sujet chose) Saisir de nouveau (qqn). ⇒ reprendre. La peur le ressaisit. « Ressaisi par le rythme endiablé, il repart de plus belle » (Tharaud). « Quand l'envie de dormir me ressaisira, je dormirai » (Colette).
II ♦ V. pron.
1 ♦ Vx ou dr. SE RESSAISIR DE... : rentrer en possession de, reprendre possession de. Se ressaisir de ses biens.
2 ♦ Cour. SE RESSAISIR : rentrer en possession de son calme, de son sang-froid, redevenir maître de soi. ⇒ se maîtriser. Elle faillit éclater en sanglots, mais elle s'est ressaisie. Faire des efforts pour se ressaisir. Allons, ressaisissez-vous ! — Se rendre de nouveau maître de la situation par une attitude plus ferme (cf. Reprendre du poil de la bête). Il « se ressaisit, désormais se surveilla » (A. Hermant).
⊗ CONTR. Abandonner.
● ressaisir verbe transitif Saisir de nouveau quelqu'un, le reprendre : Le rire le ressaisit.
ressaisir
v.
d1./d v. tr. Saisir de nouveau, reprendre. La passion du jeu l'a ressaisi.
d2./d v. Pron. Reprendre possession de soi-même. L'émotion passée, il s'est ressaisi.
⇒RESSAISIR, verbe trans.
A. — Empl. trans.
1. Qqn ressaisit qqc./qqn
a) Saisir de nouveau ce qu'on avait lâché, ce qu'on avait laissé échapper. Synon. reprendre. Ressaisir sa canne, un fuyard, une proie. Il ressaisit la main de son fils (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 470). [Sa mère] avait ressaisi ses lunettes et son tricot (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 115).
b) Ramener sous son autorité. Ressaisir des provinces perdues. [Pierre IV] se tenait prêt à profiter des premiers succès de don Henri pour ressaisir les villes occupées par les Castillans dans le royaume de Valence (MÉRIMÉE, Don Pèdre 1er, 1848, p. 410).
c) Au fig.
— Reprendre, rentrer en possession de quelque chose. Ressaisir son courage, sa raison; ressaisir des détails, une impression, une sensation. [Les grandes guerres religieuses des protestants et des catholiques au XVIe s.] deviennent le moyen, l'occasion d'une nouvelle tentative des grands seigneurs pour ressaisir le pouvoir qui leur échappait et dominer la royauté (GUIZOT, Hist. civilis., leçon 12, 1828, p. 9). Le Dr Pasquier s'arrêta soudainement, baissa la voix, fit un sourire, ressaisit son sang-froid avec une merveilleuse aisance (DUHAMEL, Combat ombres, 1939, p. 44).
— Littér. Revenir à. Loin de moi des regrets trompeurs: si j'obtiens encore quelques larmes, si je me crois encore aimé c'est parce que je vais disparaître; mais si je ressaisissais la vie, elle retournerait bientôt contre moi tous ses poignards (STAËL, Corinne, t. 3, 1807, p. 432).
2. Qqc. ressaisit qqn. Saisir de nouveau quelqu'un. Passion, peur, sentiment qui ressaisit qqn. Tout ce passé me ressaisit avec une force extrême (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 17). Aujourd'hui, dès le lever me ressaisit l'angoisse, à contempler l'épais nuage qui s'étend affreusement sur l'Europe, sur l'univers entier (GIDE, Journal, 1938, p. 1325).
— Au passif. Être ressaisi par l'amour, par la joie. Une pensée incessante le torturait, la crainte d'être ressaisi par les douleurs avant l'ouverture (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, 1882, Rouille, p. 792).
B. — Empl. pronom.
1. Vx ou DR. Qqn se ressaisit de qqc./qqn
a) Se saisir de nouveau, s'emparer de nouveau de quelque chose. Se ressaisir d'un document, d'un prisonnier évadé. Gérard B. a eu le plus grand mal à forcer le cordon d'agents allemands et à se ressaisir des manuscrits (GIDE, Journal, 1943, p. 161).
b) Reprendre, rentrer en possession de quelque chose. Se ressaisir du pouvoir. [La religion] l'a encouragé [l'homme] dans ses écarts, en lui laissant l'espoir (...) de se ressaisir des flatteuses espérances qu'elle donne, pourvu qu'il remplisse certaines formalités religieuses (DUPUIS, Orig. cultes, 1796, p. 558).
2. Empl. pronom. réfl.
a) Redevenir maître de soi. Le frère croyait apercevoir, sous ce qu'elle laissait paraître, un sourd travail pour se ressaisir, un pénible et continuel effort à se soulever d'une sorte de stupeur, d'un sommeil de fatigue, d'un accablement mortel (GONCOURT, Mme Gervaisais, 1869, p. 301). V. hoqueter ex. de Martin du Gard.
b) P. ext. Opérer un redressement de soi-même par un effort de volonté, une attitude plus ferme. À chacun il peut arriver de se tromper; vous vous êtes immédiatement ressaisi (BARRÈS, Déracinés, 1897, p. 403). Ne vas-tu pas te ressaisir, essayer à la dernière heure de sauver ton âme? (SALACROU, Terre ronde, 1938, III, 1, p. 226).
— Rare. Qqc. se ressaisit. Se redresser, retrouver une nouvelle force. Notre art vivace, envahi par l'italianisme (...), sut pourtant se ressaisir (MAUCLAIR, De Watteau à Whistler, 1905, p. 31).
Prononc. et Orth.:[], [--], (il) ressaisit [], [--]. MARTINET-WALTER 1973: (il faut) vous ressaisir [], [-se-], [-] (10, 6, 1). Att. ds Ac. dep. 1798. Étymol. et Hist. 1. a) Fin XIIe s. resaisir qqc. « être de nouveau en possession de (d'un bien) » (Brut de Munich, 3507 ds T.-L.); b) ca 1245 « prendre de nouveau » (Ph. MOUSKET, Chron., 27791, ibid.); c) 1643 fig. (CORNEILLE, Polyeucte, 883: La crainte de mourir et le desir de vivre Ressaisissent une âme avec tant de pouvoir); 2. a) 1644 pronom. se ressaisir de « prendre de nouveau » (ID., Pompée, 1492); b) 1813 se ressaisir de soi-même (CONSTANT, Journaux, p. 382); c) 1857 se ressaisir (FLAUB., Mme Bovary, t. 2, p. 168). Dér. de saisir; préf. re-. Fréq. abs. littér.: 910. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 755, b) 967; XXe s.: a) 1 256, b) 1 946.
DÉR. Ressaisissement, subst. masc., littér. Action de ressaisir ou de se ressaisir; résultat de cette action. Jamais il n'avait rencontré ainsi chez une femme à la fois cette faculté de défaillir, de tomber dans la volupté comme une pierre dans un puits, tout droit, et en même temps ce ressaisissement immédiat de soi-même, cette légèreté, ce retour à comme si de rien n'était (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 379). Très rares sont encore ceux d'aujourd'hui qui reconnaissent dans ce ressaisissement prétendu et pseudo-redressement de la France, dans ce retour au passé, dans ce « repliement sur ses minima » comme disait Barrès, l'effet le plus tragique de notre défaite, le vrai désastre (GIDE, Journal, 1942, p. 126). — [], [-se-]. — 1res attest. a) 1510 dr. « action de retenir par voie de saisie » (Rec. gén. des anc. lois fr., t. 11, p. 597), attest. isolée, b) 1910 (PÉGUY, V.-M., comte Hugo, p. 750: une œuvre de ressaisissement du génie sur le talent); de ressaisir, suff. -ment1. — Fréq. abs. littér.: 11.
ressaisir [ʀ(ə)seziʀ; ʀ(ə)sɛziʀ] v.
ÉTYM. 1207; de re-, et saisir.
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1 V. tr. (1642, fig.). Saisir de nouveau, saisir (ce qui a échappé). || Ressaisir un fuyard (→ Atteindre, cit. 34). ⇒ Raccrocher, rattraper, reprendre. || Ressaisir le fil (cit. 38) de son sommeil. || Ressaisir le passé (→ Reconnaissance, cit. 1). || Ressaisir les détails d'un souvenir (→ Imperceptible, cit. 12). || Des paroles qui m'échappent et que je voudrais ressaisir aussitôt (→ Désavouer, cit. 2).
1 Bonaparte aurait voulu ressaisir à lui seul l'autorité, mais cela ne lui était pas possible (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. IV, p. 3.
2 (…) en cette saison de la vie où l'on aime à regarder en arrière et à ressaisir ce qu'il y a de meilleur dans le passé.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. II, éd. Calmann-Lévy, p. 338.
3 Il y a certaine façon de portraiturer les grands hommes, par quoi le peintre semble soucieux de ressaisir quelque avantage sur son modèle.
Gide, Si le grain ne meurt, II, II, p. 335.
2 (Sujet n. de chose). Saisir de nouveau (qqn). Reprendre. || La peur le ressaisit. — Au p. p. || Ressaisi par le rythme endiablé, il repart de plus belle (→ Frénésie, cit. 5).
4 J'ai besoin de peu de sommeil; la sieste (…) me suffit. Quand l'envie de dormir me ressaisira, je dormirai d'une manière véhémente et saoulée (…)
Colette, Naissance du jour, p. 243.
5 Ce sentiment de victoire menacée, de joie nuageuse, il devait vingt fois m'abandonner et me ressaisir pendant les orages de juin.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, II, XII.
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se ressaisir v. pron.
1 (1642). Vx ou dr. || Se ressaisir de… : rentrer en possession de, reprendre possession de… || Se ressaisir de ses biens.
2 (Av. 1893). Cour. || Se ressaisir : rentrer en possession de son calme, de son sang-froid, redevenir maître de soi. ⇒ Maîtriser (se). || Il faillit éclater en sanglots mais se ressaisit (→ Hoqueter, cit. 2). || Comme s'il se ressaisissait (→ Décider, cit. 33). || Faire de vains efforts pour se ressaisir (→ Imposer, cit. 25). || Ressaisissez-vous ! — Se rendre de nouveau maître de la situation par une attitude plus ferme. || Il se laissait aller après ces épreuves, mais il s'est bien ressaisi (→ Reprendre du poil de la bête). || Nous nous sommes ressaisis au bord du gouffre (cit. 18).
6 (…) Philippe s'avisa des complaisances qu'il avait lui-même pour Lembach, se ressaisit, désormais se surveilla, et répondit aux grâces de l'Allemand par quelques dures rebuffades.
A. Hermant, l'Aube ardente, XI.
7 Peu à peu, elle s'était déprise de tout (…) Mais parfois quelque chose d'indéfinissable se produisait en elle, une sorte de halte dans le cours du temps, comme si on eût voulu lui donner une occasion de se ressaisir, de se voir telle qu'elle était, de voir sa vie.
J. Green, Léviathan, II, II.
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CONTR. Abandonner.
DÉR. Ressaisissement.
Encyclopédie Universelle. 2012.