reculer [ r(ə)kyle ] v. <conjug. : 1> I ♦ V. intr.
1 ♦ Aller, faire mouvement en arrière. Reculer d'un pas. « ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d'horreur » (A. Daudet). Reculer devant l'ennemi. ⇒ décrocher, fuir, se replier (cf. Battre en retraite). « se faire tuer sur place plutôt que de reculer » (Joffre). — Cheval qui recule. Voiture qui recule pour se garer.
♢ Avoir du recul. Le canon, le fusil recule en tirant.
♢ Loc. Reculer pour mieux sauter : reculer pour prendre un plus grand élan; fig. n'éviter un inconvénient présent que pour tomber plus tard dans un inconvénient plus grave.
2 ♦ Par ext. La mer recule : la marée descend. ⇒ se retirer. La forêt recule, perd du terrain. Faire reculer le désert. — Fig. Diminuer, rétrograder. « Le vieil idiome [breton] recule peu à peu » (Michelet). L'épidémie a reculé. ⇒ régresser.
3 ♦ Renoncer, en présence d'une difficulté, à poursuivre une entreprise; revenir à une position moins exposée. ⇒ se dérober, renoncer; fam. 1. caner, se dégonfler, flancher (cf. Faire marche, machine arrière). « On s'était trop avancé pour reculer » (Michelet). Plus moyen de reculer ! (cf. Le vin est tiré, il faut le boire). — RECULER DEVANT (qqch.) :craindre, fuir (un danger, une difficulté). Il ne recule devant rien. — Hésiter à faire, à accomplir. « ne pas reculer devant les pires mensonges » (Proust). « qu'est donc une amitié qui recule devant la complicité ? » (Balzac).
II ♦ V. tr.
1 ♦ Faire aller, porter en arrière. Reculez un peu votre chaise. — Pronom. « elle se recula pour contempler son œuvre » (Maupassant).
♢ Par ext. Reporter plus loin. Reculer un mur, une cloison. Reculer les frontières d'un pays. ⇒ 1. repousser.
2 ♦ (fin XVe) Éloigner dans le temps, reporter à plus tard. ⇒ ajourner, 2. différer, retarder. « reculer l'heure des paroles décisives » (Bourget). Reculer une décision, une échéance. Reculer un rendez-vous. ⇒ remettre.
⊗ CONTR. Avancer, progresser; déterminer (se).
● reculer verbe intransitif (de cul) Aller, progresser en arrière ou en marche arrière : Sa voiture a heurté la mienne en reculant. Être porté vers l'arrière : Un canon recule au départ du coup. Se retirer en cédant à la force : Subir le choc de l'ennemi sans reculer. S'éloigner, être ou paraître reporté en deçà d'une certaine limite : Falaise dont le bord recule chaque année. Perdre du terrain par rapport à une position antérieure : Le dollar recule de quelques centimes. Renoncer à faire quelque chose devant une difficulté ; hésiter : Il n'est pas homme à reculer devant le danger. ● reculer (citations) verbe intransitif (de cul) Jean Bodel 1210 Tel cuyde avancer qui recule. La Vache au prêtre croit René Daumal Boulzicourt, Ardennes, 1908-Paris 1944 Ne cesse pas de reculer derrière toi-même. Le Contre-ciel Gallimard ● reculer (expressions) verbe intransitif (de cul) Reculer pour mieux sauter, retarder une décision désagréable, qu'il faudra prendre un jour ou l'autre. ● reculer (homonymes) verbe intransitif (de cul) reculé adjectif reculée nom féminin ● reculer (synonymes) verbe intransitif (de cul) Aller, progresser en arrière ou en marche arrière
Synonymes :
Contraires :
- avancer
Être porté vers l'arrière
Contraires :
- avancer
- gagner
Se retirer en cédant à la force
Synonymes :
- décrocher
- refluer
Contraires :
Perdre du terrain par rapport à une position antérieure
Synonymes :
- régresser
Renoncer à faire quelque chose devant une difficulté ; hésiter
Synonymes :
- lâcher pied
- se dérober
Contraires :
- braver
- résister
- se décider
- se défendre
- se déterminer
- tenir
● reculer
verbe transitif
Porter, ramener quelque chose en arrière : Reculer sa chaise et se lever.
Placer quelque chose plus loin en arrière, le reporter à une certaine distance : Reculer une clôture.
Reporter une action à un moment ultérieur : Reculer la date de son départ.
● reculer (homonymes)
verbe transitif
reculé
adjectif
reculée
nom féminin
● reculer (synonymes)
verbe transitif
Placer quelque chose plus loin en arrière, le reporter à une...
Synonymes :
- pousser
Reporter une action à un moment ultérieur
Synonymes :
- ajourner
- différer
- renvoyer
- surseoir à
reculer
v.
rI./r v. intr.
d1./d Aller en arrière. La police recule sous la poussée de la foule.
|| Fig. (Choses) Perdre en importance, régresser. Maladie, idée qui recule.
d2./d (Personnes) Hésiter ou renoncer à agir.
— Ne reculer devant rien: ne se laisser arrêter par aucune difficulté; n'avoir aucun scrupule.
|| Loc. prov. Reculer pour mieux sauter: remettre à plus tard une décision inévitable.
rII./r v. tr.
d1./d Tirer ou pousser en arrière. Reculer un peu sa chaise.
— (Québec) Reculer son auto, la déplacer en arrière, faire marche arrière.
|| v. Pron. Se déplacer en arrière. Reculez-vous un peu.
d2./d Repousser, déplacer en éloignant. Reculer les frontières d'un état.
d3./d Retarder, différer. On ne peut plus reculer la date du départ.
⇒RECULER, verbe
A. — Empl. intrans. Qqn, qqc. recule
1. [Indique un mouvement dans l'espace]
a) Aller en arrière. Anton. avancer. Se mettre à reculer. Les dents inférieures avancent et reculent alternativement sur celles de devant (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 35). Le train s'arrêta dans un grand bruit de freins. Puis, se mit à reculer (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p. 31):
• 1. Je recule donc (...), le dos tourné vers le but où je tendais, et plié en deux pour voir entre mes jambes les inégalités qu'il me fallait éviter. Je reculais, mais avec une lenteur et des efforts incroyables: c'est que les pieds que je traînais en sens contraire sur deux poutres scabreuses, avaient un mouvement convulsif...
DUSAULX, Voy. Barège, t. 1, 1796, p. 135.
— [Avec un compl. indiquant la distance, introd. par une prép.] Il recula d'un pas, tourna sur lui-même et s'enfuit (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p. 257). Vieilli. [Avec un compl. indiquant la distance, en constr. dir.] Agnès recule quelques pas, lui présente son glaive (COTTIN, Mathilde, t. 1, 1805, p. 281).
— Empl. pronom. réfl. Annette, effrayée, se recula de quelques pas (BALZAC, Annette, t. 2, 1824, p. 122). La fenêtre s'emplit soudain du son des musiques foraines, et l'on vit Lucie se reculer vivement et fermer la fenêtre (ABELLIO, Pacifiques, 1946, p. 421).
— Reculer pour mieux sauter. Aller en arrière afin de prendre de l'élan pour mieux sauter. Au fig. Éviter un inconvénient présent pour devoir y faire face plus tard, alors que la situation s'est aggravée; faire des concessions pour être en meilleure position à l'avenir. Le chancelier d'Ambray y conduisant son fils et sa bru, Louis XIII conseilla que le fils fît lit à part. Le but, c'est sans doute de reculer pour mieux sauter (MICHELET, Journal, 1860, p. 541).
b) En partic.
— [Le suj. désigne une armée] Revenir sur ses pas, abandonner le terrain. Synon. battre en retraite, se replier. Nous avancions par colonnes à travers l'Alsace; les Autrichiens reculaient et prenaient position en avant de la Lauter (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 280):
• 2. ... on ne change pas sur place des vaincus en vainqueurs. Quand on parle d'une armée qui d'abord recule, puis résiste, il ne s'agit là que d'un raccourci de langage, car les troupes qui ont reculé, et celles qui maintenant engagent la bataille, ne sont pas les mêmes. L'armée qui reculait n'était plus une armée.
SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 330.
— [Le suj. désigne une arme à feu] Avoir du recul. Le canon recule en tirant (Ac.).
c) P. ext. S'éloigner, s'estomper. Nous frémissions aux coups de tonnerre, écoutant si l'orage avançait ou reculait (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 36). Avec la fin du jour recule le bruit et jusqu'au matin il n'y a plus rien à attendre de cette intimité terrible qui étreint la ville (MORAND, Chron. homme maigre, 1941, p. 172).
2. Au fig.
a) Renoncer à ses intentions, à ses ambitions; faire marche arrière. Synon céder, se dérober, flancher (fam.). Que de liens, mon ami, rompus en quelques heures! J'en étais effrayé (...); mais la nécessité me poussait en avant, et il n'y avait plus moyen de reculer (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 393). Pour lui, c'était un devoir de conscience. — Je me briserai les reins s'il le faut, me dit-il un jour. À mon âge, c'est terrible. Mais je ne reculerai pas. L'histoire dira qu'il n'a pas reculé (CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. V).
— Vieilli. Reculer à. Renoncer à, ne pas oser. J'entre chez Vaton, je recule à l'interroger. Il ne me dit rien (GONCOURT, Journal, 1877, p. 1177).
— Reculer devant. Ne pas vouloir faire face à; fuir, s'effacer devant. Ne reculer devant aucun danger, aucun sacrifice; reculer devant la défense. Marius avait beau reculer devant la réalité, refuser le fait, résister à l'évidence, il fallait s'y rendre (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 660). Beaucoup reculent devant les perspectives de l'égalité, hors desquelles il n'est pas d'humanité réelle (ALAIN, Propos, 1934, p. 1211).
— Ne reculer devant rien. Être prêt à tout, employer tous les moyens permettant de parvenir à ses fins. Une femme, quand sa curiosité impatiente est en éveil (...), aura toutes les audaces, ne reculera devant rien (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Avent. paris., 1881, p. 761). M. Rohner, qui ne recule devant rien, a fait d'étonnantes démarches pour que le président Fallières ne vienne pas à la Sorbonne (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 206).
b) Ne pas faire de progrès, être en régression. Synon. rétrograder. Épidémie qui recule; l'ignorance a reculé au XIXe s.; qui n'avance pas, recule; reculer de trois places dans un classement. Il faut avancer ou reculer, il faut abolir ou reconnaître et légaliser des privilèges iniques et insociaux (SIEYÈS, Tiers état, 1789, p. 78). Pas le moindre progrès!... Elle recule plutôt!... Elle ne peut même pas jouer une valse dans le mouvement (GYP, Souv. pte fille, 1927, p. 165).
B. — Empl. trans.
1. [Indique un mouvement dans l'espace] Qqn recule qqc.
a) Porter, faire aller en arrière. Celui-ci recula sa chaise au lieu de l'avancer, mit à terre son chapeau qu'il avait jusque-là tenu entre ses genoux (GOBINEAU, Pléiades, 1874, p. 198). Je regarde, et recule aussitôt la tête: une cinquième balle vient de frapper la portière (MALRAUX, Conquér., 1928, p. 140).
Rare. Qqc. recule qqc. Le vent apporte ou recule ces sons alpestres (SENANCOUR, Obermann, t. 1, 1840, p. 148).
b) P. ext. Mettre à une certaine distance, plus loin par rapport à une position initiale. Reculer une cloison, une clôture. Je reculerai la porte là. Ah! si vous saviez, c'était une masure, il y avait des brouettes dans le salon (GONCOURT, Journal, 1858, p. 508).
— En partic. Reculer les bornes, les frontières, les limites d'un État. ,,Les porter plus loin, accroître le territoire de cet État`` (Ac.). Par sa politique hardie et habile, par des conquêtes et des réunions, elle [Catherine II] recula de toutes parts ses frontières (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 2, 1862, p. 219).
♦ Au fig. Les hommes (...) s'efforcent, par leurs travaux, de reculer les limites des connoissances humaines (LAMARCK, Philos. zool., t. 2, 1809, p. 450). [Élisabeth] essayait de rendre la vie impossible par un excès de ridicule, de reculer les bornes du vivable (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 185).
2. [Indique un mouvement dans le temps] Qqn ou qqc. recule qqc.
a) Rendre plus lointain, éloigner dans le temps. Le savant conservateur de cette partie du Museum (...) m'a montré (...) le squelette d'un homme fossile dont l'âge reculerait singulièrement l'apparition du règne humain sur notre planète (MICHELET, Chemins Europe, 1874, p. 183). [La préhistoire] recule à l'infini la naissance du génie humain (T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1963, p. 308).
b) ) Remettre à plus tard, différer. Reculer une visite. Elle se flattait de reculer les aveux qu'il exigeait d'elle (STAËL, Corinne, t. 2, 1807, p. 169). Tous ces discours pour reculer l'échéance d'une petite réforme dangereuse et qu'on va escamoter, l'impôt sur le revenu (ALAIN-FOURNIER, Corresp. [avec Rivière], 1906, p. 144).
) Rare. Qqc. recule qqn. Éloigner (quelqu'un) du but qu'il se propose. Cet événement l'a fort reculé (Ac. 1935).
REM. Reculage, subst. masc., mines et carr. Action de transporter le produit abattu du point d'abattage au lieu où on l'évacue. (Dict. XXe s.).
Prononc. et Orth.:[], (il) recule [-kyl]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1135 « aller en arrière » (Couronnement Louis, éd. Y Lepage, AB, 2428); b) ca 1200 trans. « faire aller quelqu'un en arrière » (Aiol, 2567 ds T.-L.); 2. ca 1209 fig. « ne pas faire ce que l'on avait résolu » (GUIOT DE PROVINS, Bible, 1638, ibid.); 1559 reculer à (AMYOT, Cam., 52 ds LITTRÉ); 3. a) ca 1274 reculer por le plus loing saillir « temporiser pour mieux prendre ses avantages » (ADENET LE ROI, Berte as grans piés, éd. A. Henry, 369); 1611 reculer pour mieux saulter « id. » (COTGR.); b) 1869 id. « éviter un petit inconvénient pour tomber dans un plus grand » (LITTRÉ). Formé de l'élém. re-, de cul et de la dés. -er. Fréq. abs. littér.:3 873. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 4 006, b) 7 405; XXe s.: a) 6 163, b) 5 376.
DÉR. Reculement, subst. masc. a) Vieilli ou littér. ) Action de reculer, mouvement en arrière. Synon. usuel recul (v. ce mot A 1). Le reculement d'une charrette (Ac.). La sorte de reculement lointain de la vision en ses immenses yeux bleus (GONCOURT, Journal, 1889, p. 1014). ) Au fig. Régression. Synon. usuel recul (v. ce mot A 2). Et vous serez de notre avis, qu'une révolution serait un reculement (POULOT, Sublime, 1870, p. 233). b) Vieilli ou littér. Endroit ou temps reculé, éloigné. Sans qu'on puisse savoir seulement ni pourquoi ni par qui ces pierres ont été ainsi élevées en gradins les unes sur les autres, ni dans quel reculement infini du temps (LAMART., Tailleur pierres, 1851, p. 472). Il la voyait dans un reculement de brume avec un seul détail de sa figure (A. DAUDET, Sapho, 1884, p. 298). c) Spéc. ) Dr. admin. Mur en reculement. ,,Mur construit en arrière de l'alignement lorsqu'une voie publique doit être élargie`` (BARR. 1974). Servitude de reculement. ,,Servitude créée à la charge des terrains bâtis ou clos du fait de l'alignement, lorsque celui-ci se traduit par un élargissement de la voie publique, servitude qui interdit de procéder sur ces immeubles à des travaux pouvant en prolonger la durée`` (Jur. 1981). ) Sellerie. Courroie du harnais d'un cheval qui lui permet d'entraîner l'attelage lorsqu'il recule ou de le retenir dans une descente. Comme on allait arriver au village, un des reculements de la première voiture (...) cassa; les chevaux faillirent s'emballer (RAMUZ, A. Pache, 1911, p. 149). — []. Att. ds Ac. dep. 1718. — 1res attest. a) 1re moit. XIVe s. « action de reculer, mouvement en arrière » (PHILIPPE DE VITRI, Chapel des fleurs de lis, 705 ds Romania t. 27, p. 84), b) ca 1393 « action de retarder quelque chose, retard » (Ménagier de Paris, éd. G.-E. Brereton et J.-M. Ferrier, I, VI, p. 79), c) fin XVe s. « renfoncement » (Chron. et hist. saintes et prof., Ars. 5079, f ° 133b ds GDF. Compl.), d) 1680 « pièce du harnais sur lequel le cheval pèse quand il recule » (RICH.); de reculer, suff. -ment1.
1. reculer [ʀ(ə)kyle] v.
ÉTYM. XIIe; de re-, et cul.
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———
I V. intr.
1 Aller, faire mouvement en arrière. ⇒ Rétrograder. — (Personnes). || Reculer d'un pas (→ Arrêter, cit. 2; dossier, cit. 1), d'une semelle (→ Plomb, cit. 3), jusqu'au mur (→ Dodeliner, cit. 3; fasciner, cit. 3). || Reculer en chancelant (→ Pouls, cit. 5). || Il ne pouvait plus reculer (→ Enfoncer, cit. 18). || Armée, soldats qui reculent. ⇒ Décrocher, fléchir, fuir, replier (se), retraite (battre en). || Se faire tuer sur place plutôt que de reculer (→ Conquérir, cit. 10). || Reculer de dix kilomètres (→ Faire, cit. 156). || Sans reculer. ⇒ Ferme (de pied). || Reculer devant l'ennemi, devant l'envahisseur (→ Hardi, cit. 4; peupler, cit. 7). || Faire reculer, forcer à reculer. ⇒ Refouler, repousser (→ Inébranlable, cit. 1). || La foule recula. ⇒ Refluer. — (Animaux). || Cheval qui recule (→ Broncher, cit. 2; mâcher, cit. 11). || « Le troupeau monstrueux (cit. 1) en renâclant recule » (Heredia). || Les postillons poussent les chevaux pour les faire reculer (→ Atteler, cit. 2). — (Véhicules). || Voiture qui recule pour mieux manœuvrer. || Navire qui recule. ⇒ Culer (mar.). — Avoir du recul. || Le canon, le fusil recule en tirant. — La caronade mal amarrée (cit. 3) avait reculé. — (Choses animées d'un mouvement dont le principe est extérieur à elles). || « Le flot qui l'apporta recule épouvanté » (cit. 11). || La falaise (cit. 2) recule sous l'action de l'érosion des vagues. — Par ext. || L'horizon recule, par un jeu (cit. 16) de l'optique.
1 Oui, c'est ainsi qu'elles s'y prennent toutes (les femmes) : elles feignent de reculer afin de se voir poursuivre.
A. de Musset, la Confession d'un enfant du siècle, IV, II.
2 Ils allaient, l'arme au bras, front haut, graves, stoïques.
Pas un ne recula. Dormez, morts héroïques !
Hugo, les Châtiments, V, XIII, II.
3 Lorsque, au bout d'une heure, les gens de la sous-préfecture, inquiets de leur maître, sont entrés dans le petit bois, ils ont vu un spectacle qui les a fait reculer d'horreur (…)
Daudet, Lettres de mon moulin, « Ballades en prose », II.
4 Entre les labours et les prairies artificielles, le sentier s'en allait à plat, sans un buisson, aboutissant à la ferme, qu'on aurait cru pouvoir toucher de la main, et qui reculait, sous le ciel de cendre.
Zola, la Terre, I, I.
♦ Par métaphore :
5 Hélas, dans ce pugilat à outrance entre notre égoïsme et notre devoir, quand nous reculons ainsi pas à pas devant notre idéal incommutable, égarés, acharnés, exaspérés de céder, disputant le terrain, espérant une fuite possible, cherchant une issue, quelle brusque et sinistre résistance derrière nous que le pied du mur !
Hugo, les Misérables, IV, VI, IV.
♦ ☑ Loc. prov. (1611). Reculer pour mieux sauter : proprt, reculer pour prendre son élan afin de mieux sauter. (1869). Fig. N'éviter un inconvénient présent que pour tomber plus tard dans un inconvénient plus grave (→ Idée, cit. 29); abandonner un avantage, faire des concessions afin de se trouver en meilleure position à l'avenir.
2 (1656). Fig. Renoncer, en présence d'une difficulté, à poursuivre une entreprise; revenir à une position moins exposée, moins avancée. ⇒ Abandonner, arrière (faire machine, marche), céder, dérober (se), retraite (battre en), et les fam. caler, caner, flancher, foirer. || Le fait de reculer. ⇒ Reculade. || On s'était trop avancé (cit. 48) pour reculer (cf. Brûler ses vaisseaux). || Plus moyen de reculer ! (→ Entrave, cit. 4). ⇒ Boire (supra cit. 43 : le vin est tiré…). — Reculer devant (qqch.) : craindre, fuir (un danger, une difficulté). || Ne pas reculer devant le danger (cit. 8). || Rembrandt n'a reculé devant aucune des laideurs physiques (→ Difformité, cit. 2). || L'auteur a reculé devant la crainte du scandale (→ Malaisément, cit.). || Un vrai révolutionnaire ne reculant devant rien (→ Maçonnerie, cit. 2).
6 Reculer devant les dangers, c'était bien plus qu'un danger; c'était la ruine, c'était la chute certaine, c'était s'asseoir dans l'abîme.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., VIII, VII.
♦ Hésiter ou temporiser, quand on est soumis à une pression, à une exigence. || Aller au fait (cit. 38) sans reculer. ⇒ Fermeté. || C'est de quoi faire reculer les plus intrépides (→ 2. Exemplaire, cit. 4). || Reculer devant… : hésiter à faire, à employer… || Il ne recule point devant une faute (→ Gascon, cit. 2). || Hugo ne recule devant aucun moyen d'expression (→ 1. Argot, cit. 2). || Ne pas reculer devant les pires mensonges (→ Fomentation, cit. 2).
7 (…) qu'est donc une amitié qui recule devant la complicité ?
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 664.
8 C'est le soir, quand j'ai repris le journal, que l'idée a surgi. Je vous répète que j'ai failli venir vous trouver séance tenante. J'ai reculé, un peu par répugnance pour ce genre de démarches (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XIII, p. 133.
♦ (1559). Vx. || Reculer à qqch., à faire qqch. (encore chez A. Hermant).
3 (1690). Fig. (Choses). Revenir à un degré moins avancé de développement, de progrès. ⇒ Rétrograder. || Le vieil idiome (cit. 7) breton recule peu à peu. || L'épidémie (cit. 4), le mal recule (→ Ligne, cit. 40).
———
II V. tr.
1 (XIIe). Faire aller, porter, ramener en arrière. ⇒ Décaler, déplacer. || Reculez un peu votre chaise. || Reculer le buste. ⇒ Rejeter (→ Hancher, cit. 3).
♦ (1690). Par ext. Reporter plus loin. || Reculer un mur, une cloison (→ par métaphore Place, cit. 21). || Reculer les bornes (cit. 1), les limites (→ Inconnaissable, cit. 2). || Reculer les frontières d'un pays. ⇒ Accroître, agrandir, étendre.
9 Notre siècle, par des prodiges d'induction scientifique, a réussi à reculer de beaucoup les bornes de l'histoire.
Renan, Dialogues et fragments philosophiques, Œ. compl., t. I, p. 635.
♦ Faire paraître plus lointain (→ Apprécier, cit. 5). — Éloigner :
10 Les faux René et les faux Werther ne doivent pas faire condamner les Werther et les René sincères. Combien d'âmes timides et pudiques la crainte de leur ressembler a reculées du beau !
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., XX, t. III, p. 1080.
10.1 Le viaduc franchi je me demandai même si tout ce que je viens de dire ne s'était pas ainsi accompli. Le train continua sur la voie ferrée. Le paysage de France reculait derrière moi la Belgique.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 271.
2 (Fin XIVe). Fig. Éloigner dans le temps, reporter à plus tard. ⇒ Ajourner, différer, retarder. || Reculer l'heure des paroles décisives (→ Fiançailles, cit. 3), le temps où… (→ 1. Parler, cit. 44). || Reculer un choix (→ Presser, cit. 8), une décision, une échéance. ⇒ Délai.
11 Monsieur, un homme est là qui voudrait vous parler,
Pour affaire, dit-il, qu'on ne peut reculer.
Molière, le Misanthrope, II, 5.
3 (Mil. XVIIe). Vx (langue class.). Repousser (qqn), empêcher de réussir. || Reculer ou congédier qqn.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
——————
se reculer v. pron.
1 (V. 1265). || Elle se recula pour mieux voir (→ Ordre, cit. 8; et aussi happer, cit. 2; polir, cit. 1).
——————
reculé, ée p. p. adj.
1 (1549). Difficile d'accès. ⇒ Écarté, éloigné, isolé, lointain. || Montagnes, vallées reculées. || Dans les coins les plus reculés (→ Guetteur, cit. 1). || Partie reculée d'un édifice. ⇒ Recoin, renfoncement.
12 (…) dans les petites villes reculées comme Lorges, la nuit ne subit pas cette espèce de profanation que lui infligent les capitales en l'éblouissant de leurs lumières (…)
J. Green, Léviathan, I, IV.
2 (1549). Éloigné dans le temps. ⇒ Ancien. || Les siècles, les temps les plus reculés (→ Antiquité, cit. 4; bénédictin, cit. 1). || Antiquité (cit. 7) reculée. ⇒ Haut (→ Anciennement, cit. 2). || Époque prodigieusement reculée (→ Archéologie, cit. 2). ⇒ Nuit (des temps).
13 Ils ne s'inquiétaient pas de ce qui s'était passé dans des temps reculés et loin d'eux : leur curiosité ne s'étendait pas au-delà de cette montagne.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 24.
❖
CONTR. Avancer, approcher, gagner (du terrain), progresser; déterminer (se), engager (s'), résister, tenir.
DÉR. Recul, reculade, reculage, reculée, reculement, reculons (à).
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2. reculer [ʀ(ə)kyle] n. m.
ÉTYM. 1869; subst. verb. de reculer.
❖
♦ Équit. Recul du cheval (mouvement de dressage constituant un assouplissement de l'arrière-main). || Faire travailler le reculer à un poulain.
Encyclopédie Universelle. 2012.