préserver [ prezɛrve ] v. tr. <conjug. : 1>
• fin XVe; « réserver » 1398; lat. præservare
1 ♦ Garantir, mettre à l'abri ou sauver (d'un danger, d'un mal). ⇒ protéger. Préserver qqn des dangers, des ennuis, du malheur, d'une maladie. ⇒ épargner (à). « Ce moyen ne réussit qu'à les préserver d'une chute de cheval » (Sand). « Une sorte de coupé garni d'un mantelet [...] préservant les voyageurs du vent et de la pluie » (Gautier). ⇒ abriter. — Dieu, le ciel me préserve, nous préserve de...; le ciel m'en préserve ! ⇒ garder . — Par ext. Préserver des livres de l'humidité.
2 ♦ Garantir de la destruction, de l'oubli. ⇒ conserver, garder. Préserver la nature, la forêt. Préserver un site. Produit qui préserve la couche d'ozone. Les moyens de préserver son patrimoine. Préserver les droits des minorités.
♢ V. pron. Se garder. « Quand on sait se préserver du poison mortel de l'ennui » (Voltaire).
⊗ CONTR. Contaminer, gâter.
● préserver verbe transitif (latin praeservare) Protéger quelqu'un, quelque chose, le mettre à l'abri d'un mal éventuel : Ce manteau vous préservera du froid. Empêcher l'altération, la perte de quelque chose : La loi préserve les intérêts des propriétaires. ● préserver (expressions) verbe transitif (latin praeservare) Dieu, le Ciel nous préserve de quelque chose, de, souhait de ne jamais être dans telle situation : Dieu nous préserve d'avoir une telle pensée. ● préserver (synonymes) verbe transitif (latin praeservare) Protéger quelqu'un, quelque chose, le mettre à l'abri d'un mal éventuel
Synonymes :
- prémunir
- protéger
Empêcher l'altération, la perte de quelque chose
Synonymes :
- défendre
- garantir
- garder
- sauver
préserver
v. tr. Garantir (de qqch de nuisible). Préserver une espèce animale de la disparition.
|| v. Pron. Se préserver du froid.
⇒PRÉSERVER, verbe trans.
Qqn/qqc. préserve qqn/qqc. (contre/de qqc.)
A. —Mettre une personne, p.anal. un animal, à l'abri d'un danger, d'un mal physique ou moral. Synon. protéger. La soeur aînée (...) sert, protège et préserve sa soeur (VIGNY, Journal poète, 1841, p.1160). On avait mis en tête [du cortège de mariage] un couple d'enfants tout petits, qui chassent le mauvais sort et préservent les époux (R. BAZIN, Blé, 1907, p.62). Trop de vices s'étaient insinués même parmi ces adolescents et adolescentes qu'il avait longtemps préservés (JAMMES, Robinsons, 1925, p.20).
— [Suivi d'un compl. introd. par contre ou de spécifiant la nature du danger, du mal] Synon. abriter, garantir, garder, protéger, sauver. Il m'a paru préservé de son propre malheur par l'excès d'insensibilité qu'il témoignait pour celui des autres (STAËL, Lettres L. de Narbonne, 1792, p.66). Ils s'écrasaient au pied de l'effigie, levaient vers elle leurs bâtons, la touchaient de loin, pour sanctifier le bois par contact et préserver leurs bêtes des épidémies (VAN DER MEERSCH, Empreinte Dieu, 1936, p.109). Aux termes du traité de 1881, la France est responsable en Tunisie du maintien de l'ordre public et elle est tenue de préserver la personne du bey contre toute menace (Le Figaro, 19-20 janv. 1952, p.1, col. 4). V. inoculer ex. 1.
Empl. pronom. Se préserver contre, de qqc. Se préserver d'une tentation, d'un péril (Ac. 1835-1935).
♦Vieilli. (Que) (le bon) Dieu (le ciel, le Seigneur...) me (te...) préserve de qqc./de faire qqc. Le ciel préserve toute femme d'entendre ce que j'ai entendu! (BALZAC, Goriot, 1835, p.257). Dieu te préserve d'en venir désirer cette mort que tu crains aujourd'hui (DUMAS père, Monte-Cristo, t.2, 1846, p.267). Que le bon Dieu et tous ses saints me préservent d'accuser le malheureux devant sa fille! (BLOY, Femme pauvre, 1897, p.26).
B. —Mettre quelque chose à l'abri d'une (cause d') altération; soustraire quelque chose à la destruction, à l'oubli. Synon. v. supra A. Pour préserver par avance cet amour qui n'existe pas encore, apprenez à vous méfier de ce monde-ci (BALZAC, Goriot, 1835, p.93). Il [Pasteur] a su préserver sa charité et sa science (BARRÈS, Cahiers, t.14, 1922, p.22). Renaud de Châtillon, qui avait tout à l'heure bravé l'autorité royale, implora, pour préserver son fief, le secours de Baudouin IV (GROUSSET, Croisades, 1939, p.224).
— Empl. pronom. L'amitié des choses est l'amitié en général, l'amitié avec tous, qui suppose, quand elle doit se préserver, la dénonciation de chacun (CAMUS, Homme rév., 1951, p.294).
— [Suivi d'un compl. introd. par contre ou de spécifiant la nature de l'atteinte destructive] Synon. v. supra A. Si on frotte d'huile une plante vivante, on la fait mourir presque subitement, tandis que par une semblable opération on préserve un morceau de fer de la rouille qui le détruit (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p.144). Pour préserver la boîte de l'humidité, il l'avait placée dans un coffret en chêne plein de copeaux de châtaignier (HUGO, Misér., t.2, 1862, p.610). La nécessité de préserver les oeuvres d'art contre tous les risques de destruction qui les menacent (RÉAU, Archives, bibl., musées, 1909, p.2).
Prononc. et Orth.:[], (il) préserve [-]. Ac. 1694, 1718: pre-; dep. 1740: pré-. Étymol. et Hist.1. Ca 1390 «garantir quelqu'un d'un mal» (EUSTACHE DESCHAMPS, Miroir de Mariage, 5031 ds OEuvres compl., éd. G. Raynaud, t.9, p.165: un pappe sera, Que Dieux a preservé); ca 1485 dans une formule de souhait (Mistere du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 31960: le preserve); 2. ca 1485 en parlant de quelque chose (ibid., 620); ca 1590 pronom. (MONTAIGNE, Essais, I, 25, éd. Villey-Saulnier, p.141). Empr. au b. lat. praeservare «observer auparavant», praeservatus «préservé», comp. de prae- (pré-) et servare «observer; garder, conserver; sauver, préserver». Fréq. abs. littér.:1401. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 2839, b) 1593; XXes.: a) 1193, b) 1960. Bbg. SIGURS 1963/64, p.365, 540.
préserver [pʀezɛʀve] v. tr.
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1 Garantir, mettre à l'abri ou sauver (d'une chose néfaste, d'un danger ou d'un mal). ⇒ Assurer, garantir (cit. 13), garer, prémunir, protéger, sauver, soustraire. || Préserver qqn, qqch. des dangers (cit. 5), des ennuis, du malheur, d'une maladie (→ Jade, cit. 1). ⇒ Épargner, exempter; éviter. || Préserver une région d'une attaque. ⇒ Défendre. || Un mantelet (cit. 2) préservait les voyageurs du vent et de la pluie. ⇒ Abriter. — (Sujet n. de chose) || Leur morgue (cit. 3) les préservait de toute sympathie…
1 (…) la nature a voulu vous préserver de la science, comme une mère arrache une arme dangereuse des mains de son enfant (…)
Rousseau, Disc. sur les sciences et les arts, I.
2 Seigneur ! préservez-moi, préservez ceux que j'aime (…)
De jamais voir, Seigneur, l'été sans fleurs vermeilles,
La cage sans oiseaux, la ruche sans abeilles,
La maison sans enfants !
Hugo, les Feuilles d'automne, XIX.
3 (…) elle avait songé à faire comme font beaucoup d'ouvrières, mais la peur de mal tourner et de tomber dans une effroyable misère l'avait préservée du vice.
Balzac, les Employés, Pl., t. VI, p. 942.
4 Ce moyen ne réussit qu'à les préserver d'une chute de cheval, car le brouillard rampait et semblait se coller à la terre humide.
G. Sand, la Mare au diable, VII.
♦ ☑ (XVIIe) Loc. Dieu, le ciel me préserve, nous préserve de…; le ciel m'en préserve ! ⇒ Garder (→ Ladrerie, cit. 2; moralisme, cit. 2; nuit, cit. 34).
♦ (Concret). || Préserver des livres de l'humidité (→ Tenir au sec), des chaînes de la rouille (→ Négrier, cit. 2).
2 (1559). Garantir de la destruction, de l'oubli. ⇒ Conserver, garder (→ Grammaire, cit. 6).
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se préserver v. pron.
♦ Se garder. || Se préserver d'une maladie par l'hygiène, la prophylaxie… ⇒ Protéger (se). || Se préserver de l'ennui (→ Château, cit. 3), de la guigne (2. Guigne, cit. 1), des haines (cit. 26)… || Un précipice dont il doit se préserver (→ Inexcusable, cit. 2). ⇒ Garder, 2. parer (II.).
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CONTR. Contaminer, gâter.
DÉR. Préservateur, préservatif, préservation.
Encyclopédie Universelle. 2012.