odeur [ ɔdɶr ] n. f.
• fin XIVe; odor XIIe; lat. odor
♦ Émanation volatile, caractéristique de certains corps et susceptible de provoquer chez l'homme ou chez un animal des sensations dues à l'excitation d'organes spécialisés. ⇒ effluve, émanation, exhalaison. Odeur agréable. ⇒ arôme, 1. bouquet, fragrance, fumet, parfum, senteur. Odeur désagréable. ⇒ empyreume, fétidité, puanteur, relent, remugle. « Une odeur fine et suave d'héliotrope s'exhalait d'un petit carré de fèves en fleurs » (Chateaubriand). Odeur sui generis. Odeur de brûlé, de moisi, de renfermé. Sensation des odeurs (⇒ nez, odorat, olfaction) . Humer, flairer une odeur. Avoir une odeur; dégager, exhaler, répandre une odeur. ⇒ sentir. Avoir une bonne odeur (⇒ 1. bon [sentir bon]; embaumer) , une mauvaise odeur (⇒ empester; mauvais [sentir mauvais]) . Qui dégage une bonne odeur (⇒ aromatique, odorant, odoriférant, parfumé) , une mauvaise odeur (⇒ malodorant, puant) . Enlever les mauvaises odeurs. ⇒ désodoriser. Une fleur sans odeur. ⇒ inodore. — L'argent n'a pas d'odeur.
♢ Loc. ODEUR DE SAINTETÉ : odeur suave qu'exhalerait le corps de certains saints après leur mort. Fig. État de perfection spirituelle. « Huit ou dix séminaristes vivaient en odeur de sainteté » (Stendhal). Mourir en odeur de sainteté. — Par ext. Fam. Ne pas être en odeur de sainteté (auprès de qqn),en être mal vu. « Les révolutionnaires n'étaient pas en odeur de sainteté dans la maison Eyssette » (A. Daudet).
● odeur nom féminin (latin odor) Émanation volatile qui se dégage de quelque chose et que l'on perçoit par l'odorat : Il y a ici une odeur de brûlé. ● odeur (citations) nom féminin (latin odor) Anne Thérèse de Marguenat de Courcelles, marquise de Lambert Paris 1647-Paris 1733 Nous vivons avec nos défauts comme avec les odeurs que nous portons : nous ne les sentons plus ; elles n'incommodent que les autres. Avis d'une mère à sa fille et à son fils Juvénal, en latin Decimus Junius Juvenalis Aquinum, Apulie, vers 60 après J.-C.-vers 130 L'argent a bonne odeur d'où qu'il vienne. … Lucri bonus est odor ex re Qualibet. Satires, XIV, 204 Suétone, en latin Caius Suetonius Tranquillus vers 69-vers 126 Comme son fils Titus lui reprochait d'avoir imposé l'urine, [Vespasien] lui mit sous le nez l'argent qu'avait rapporté l'impôt lors des premières rentrées et lui demanda s'il était incommodé par l'odeur. Reprehendenti filio Tito, quod etiam urinae vectigal commentus esset, pecuniam ex prima pensione admovit ad nares, scissitans num odore offenderetur. Vies des douze Césars, Vespasien, XXIII Commentaire L'imposition et la création même des urinoirs par Vespasien est une légende. L'urine était utilisée par les foulons. C'est cette anecdote qui a donné naissance au proverbe « l'argent n'a pas d'odeur ». Suétone, en latin Caius Suetonius Tranquillus vers 69-vers 126 [Vitellius] osa affirmer que l'odeur d'un ennemi tué est très agréable, surtout quand c'est un concitoyen. Confirmare ausus est optime olere occisum hostem, et melius civem. Vies des douze Césars, Vitellius, X Vespasien, en latin Titus Flavius Vespasianus, empereur romain près de Reate, aujourd'hui Rieti, 9 après J.-C.-Aquae Cutiliae, Sabine, 79 L'argent n'a pas d'odeur. William Shakespeare Stratford on Avon, Warwickshire, 1564-Stratford on Avon, Warwickshire, 1616 Reste toujours l'odeur de sang : tous les parfums de l'Arabie n'adouciraient pas cette petite main. Here's the smell of the blood still : all the perfumes of Arabia will not sweeten this little hand. Macbeth, V, 1, lady Macbeth ● odeur (expressions) nom féminin (latin odor) Odeur de sainteté, état de perfection chrétienne qui fait présumer que quelqu'un a été admis au rang des saints (surtout dans Mourir en odeur de sainteté). Familier. Ne pas être en odeur de sainteté (auprès de quelqu'un), n'être pas estimé, aimé de lui ; être mal vu. ● odeur (synonymes) nom féminin (latin odor) Émanation volatile qui se dégage de quelque chose et que l'on...
Synonymes :
- arôme
- bouquet
- effluves
- émanations
- exhalaisons
- fumet
- parfum
- relent
- senteur
odeur
n. f. émanation volatile produite par certains corps et perçue par l'organe de l'odorat. Bonne, mauvaise odeur. Une odeur de moisi.
|| Loc. fig. Mourir en odeur de sainteté: mourir saintement après une vie de piété.
— Par ext. N'être pas en odeur de sainteté auprès de qqn, ne pas jouir de son estime.
⇒ODEUR, subst. fém.
A. —Émanation propre à un corps pouvant être perçue par l'homme ou par un être animé grâce à des organes particuliers et avec des impressions diverses (agréable, désagréable, indifférente). L'odeur âcre de deux lampes se mêlait à l'arome du chocolat, qui emplissait des bols encombrant la table à jeu (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.203). Des pelouses, des bassins, s'élevait une senteur fraîche que traversait, par effluves, l'odeur des pétunias, des géraniums (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p.327). V. aussi baraquette1 ex. 2:
• 1. Seuls, la sensation, le souffle de l'eau salée demeuraient en moi. Je sentais l'odeur du varech, l'odeur de la vague, la rude et bonne odeur des côtes. Je marchais vite; je n'avais plus froid...
MAUPASS., Contes et nouv., t.1, Épave, 1886, p.720.
SYNT. Odeur délicieuse, divine, exquise, fine, suave; odeur écoeurante, fétide, infecte, nauséabonde; mauvaise odeur; odeur forte, puissante; douce, légère, vague odeur; odeur chaude, enivrante, fade, fraîche, pénétrante; odeur fauve; odeur de cuisine, de peinture, de pharmacie, de poussière, de soupe; odeur de moisi, de renfermé, de roussi; odeur de bouc, de cadavre, de pourriture; odeur de chair, de femme, de mâle; odeur d'herbe, de fruit, de jasmin, de violette; odeur de printemps; l'odeur du bois, du foin, du pain, de la terre; l'odeur des feuilles, des fleurs, des roses; sans odeur; avoir, dégager, répandre, garder une odeur; aspirer, renifler, respirer une odeur; une odeur monte, traîne.
♦Odeur sui generis.
— Vieilli, littér. Parfum. Il me faut (...) du savon, un miroir, des peignes, des odeurs (ABOUT, Roi mont., 1857, p.110). Flacon d'odeur en porcelaine de Saxe (LORRAIN, Contes chandelle, 1897, p.166).
— Région. (Canada). Savon d'odeur. Savon de toilette, savon parfumé. —T'es-tu lavée au savon d'odeur? (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p.56).
B. —Au fig.
1. Qualité propre à quelqu'un, à quelque chose, donnant une certaine impression à quelqu'un. Ce poète (...) me paraît, à l'odeur de ses poèmes, passer la moitié de sa vie dehors (FARGUE, Piéton Paris, 1939, p.74).
— [Qualifié par les adj. bon ou mauvais] Il se voit condamné à vivre dans une fétide atmosphère de dépression intellectuelle et d'immoralité, lui qui a senti la bonne odeur du monde civilisé (RENAN, Avenir sc., 1890, p.400). La honte et la mauvaise odeur de son âme le gênaient (JOUVE, Scène capit., 1935, p.33).
— Odeur de (+ subst. de caractérisation). Malgré sa politesse, et peut-être aussi à cause de sa politesse, ce monsieur avait une indéfinissable odeur de coquin (SAND, Lettres voy., 1834, p.26). Un papier timbré, en bonne et due forme et qui vous avait une odeur d'honnêteté indiscutable (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p.221):
• 2. De cette matinée passée à Amersfoort, de ces journées employées à Utrecht, j'ai emporté une sensation de sobre jouissance, toute une odeur de Port-Royal que je n'aurais jamais crue si vivante encore nulle part à cette date du siècle.
SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.5, 1859, p.153.
SYNT. Odeur de jeunesse, de mystère, de vertu; odeur de crime, de débauche, de mensonge, de misère, de mort, de sang, de trahison.
2. Expr. et loc.
a) Odeur de la poudre. Impression, atmosphère de guerre, de bataille. Bientôt ses lettres arrivèrent comme de glorieux bulletins, toutes respirant l'odeur de la poudre, toutes écrites le lendemain d'un jour de combat (SANDEAU, Mlle de La Seiglière, 1848, p.18).
b) Odeur de soufre. Odeur prêtée au diable, associée au mal. [Le Diable] a disparu sans autre trace de lui Qu'une odeur de soufre et qu'un aigre éclat de rire (VERLAINE, OEuvres compl., t.1, Jadis, 1884, p.401).
c) Odeur de fagot (fam.). Atmosphère d'hérésie. Nicolas Leroy, juriste, un peu luthérien. On sent souvent dans la fréquentation de Rabelais une odeur de fagot (A. FRANCE, Rabelais, 1909, p.102).
d) [Le suj. désigne une pers.] Être en bonne, en mauvaise odeur. Avoir bonne, mauvaise réputation; être bien, mal vu. Il put voir combien Jansénius y était en mauvaise odeur (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t.2, 1842, p.513). Nous ne sommes pas en bonne odeur chez notre hôtelier (MURGER, Scènes vie boh., 1851, p.290).
— [Avec des var.; le suj. désigne parfois une chose] Sa femme contribua beaucoup à le maintenir en bonne odeur au milieu de cette aristocratie (BALZAC, Contrat mariage, 1835, p.215). Les conversions qui sont le plus en agréable odeur à Rome (...) sont celles des schismatiques (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.1, 1861, p.228). Le père (...) n'était pas en parfaite odeur à Ambert (POURRAT, Gaspard, 1922, p.68).
e) [P. allus. à la phrase de Vespasien qui avait établi un impôt sur les urinoirs publics] L'argent n'a pas d'odeur. Tout argent est bon à prendre, d'où qu'il vienne, quelle que soit la façon dont il a été obtenu. Son marché noir lui rapporte gros et il en fait beaucoup profiter le maquis. L'argent n'a pas d'odeur (TRIOLET, Prem. accroc, 1945, p.344).
C. —RELIG. CHRÉT.
1. Odeur de sainteté
a) Odeur agréable exhalée par le corps de certains saints après leur mort:
• 3. Enfin, après la mort de la princesse, qui eut lieu en 1824, je crois, on reconnut que son cadavre exhalait l'odeur de sainteté et, bien qu'elle n'ait pas été canonisée, son intercession est invoquée par ses filles, dans certains cas.
HUYSMANS, En route, t.1, 1895, p.196.
b) Expr. fig.
— Vivre, mourir en odeur de sainteté. Vivre, mourir en étant considéré comme un saint. L'une des chapelles contient le tombeau du dernier archevêque, mort en 1826 en odeur de sainteté (MICHELET, Journal, 1835, p.183). Elle a vécu jusqu'à l'âge de quatre-vingt-dix-huit ans, je crois, en odeur de sainteté (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.311).
♦P. plaisant. Philippe mourra en odeur de travail (RENARD, Journal, 1901, p.674).
— Fam. [Le suj. désigne une pers., parfois une chose] N'être pas en odeur de sainteté (auprès de qqn, dans un lieu, une collectivité). Être mal vu, ne pas être apprécié. Angélique n'était pas en odeur de sainteté dans sa famille (NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p.561). —Paraît que rue de Grenelle, la brandade n'est pas en odeur de sainteté, remarqua l'un (A. DAUDET, N. Roumestan, 1881, p.283).
♦[À la forme affirmative] Rare:
• 4. Un dimanche, Mme de Condamin (...) s'était entretenue avec lui pendant une bonne demi-heure. —Eh bien! monsieur l'abbé, lui disait Mouret en riant, vous voilà en odeur de sainteté, maintenant...
ZOLA, Conquête Plassans, 1874, p.987.
♦[Autre var.] Je ne vous ai pas en particulière odeur de sainteté (AYMÉ, Tête autres, 1952, p.43).
2. [P. allus. à des textes bibliques]
a) [Gen. VIII, 21; Exode XXIX, 18, 25, etc.; l'expr. odeur de suavité indiquant que les sacrifices offerts à Dieu lui sont agréables] Qu'elles [les deux Espèces] montent devant Votre trône en odeur de suavité! (CLAUDEL, Corona Benignitatis, 1915, p.392).
b) [II Cor. II, 15; le suj. désigne une pers.] Être la bonne odeur du Christ. Avoir un comportement qui rappelle celui du Christ. Auprès des uns et des autres, je m'efforçais d'être la bonne odeur du Christ (BILLY, Introïbo, 1939, p.196).
REM. 1. Odorisant, subst. masc. Produit que l'on ajoute à un gaz pour lui donner une odeur caractéristique permettant de détecter des fuites éventuelles. La présence de cet odorisant dans le gaz naturel doit provoquer chez l'usager un réflexe de défense devant le danger (SNPA, Tour Aquitaine (public. pour l'«Alerton 88», Paris)). 2. Odorisation, subst. fém. Opération consistant à ajouter un odorisant à un gaz; résultat de cette opération. L'odorisation se fait maintenant avec le même produit dans toute la France pour uniformiser le type d'odeur (...). Il assure une odorisation tenace et constante à toutes pressions (Manuel pour le transp. et la distribution du gaz, Paris, 1968, p.883). 3. Odoriser, verbe trans. [Le compl. désigne un gaz] Ajouter un odorisant à un gaz. Le cahier des charges français pour les concessions de transport de gaz ne fait d'ailleurs aucune obligation d'odoriser le gaz transporté (SNPA, loc. cit.).4.Odoriseur, subst. masc. Appareil permettant l'odorisation d'un gaz. L'odoriseur «OPIP» comporte essentiellement: (...) un générateur d'impulsions (Herfilco (public.), Levallois).
Prononc. et Orth.: [], [-]. FÉR. 1768, Pt ROB., WARN. 1968, Lar. Lang. fr.: [-], WARN. avec une var. [o-]; LITTRÉ, PASSY 1914, BARBEAU-RODHE 1930: [o-], PASSY avec une var. [-]. MARTINET-WALTER 1973 [o-], [-] (13/5). Att. ds Ac. dep. 1694 Étymol. et Hist. 1. Début XIIe s. «parfum» udur (Voyage de Saint-Brendan, 95 ds T.-L.); 2. 1121-35 «sensation que produisent sur l'odorat les émanations du corps» odur (PHILIPPE DE THAON, Bestiaire, 1946, ibid.); 3. a) fin XIIe s. «impression qu'une personne fait sur l'âme d'autres personnes» odour de (Sermons St Bernart, éd. W. Foerster, p.167, 3); b) 1585, 10 juin «réputation» en mauvaise odeur (Lett. miss. de Henri IV, t.II, p.71 ds GDF. Compl.); 1611 en bonne odeur (COTGR.); 2e moitié XVIIe s. en odeur de sainteté (PELLISSON, Lettres historiques, t.1, p.131 ds LITTRÉ); 1672 mourir en odeur de sainteté (GODEAU ds RICH. t.2, 1688); 1835 n'être pas en odeur de sainteté auprès de quelqu'un (Ac.). Empr. du lat. odor «senteur, exhalaison (bonne ou mauvaise)». Fréq. abs. littér.: 6242. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 3279, b) 8327; XXe s.: a) 11761, b) 12214. Bbg. DUCHACEK (O.). Déficiences du lex. Ét. rom. Brno. 1974, n° 7, p.10. —QUEM. DDL t.17.
odeur [ɔdœʀ] n. f.
ÉTYM. V. 1380; odor, v. 1130; udur, v. 1112; lat. odor.
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1 Émanation volatile, caractéristique de certains corps et susceptible de provoquer chez l'homme et chez certains animaux des sensations dues à l'excitation d'organes spécialisés. ⇒ Arôme, bouquet, effluve, émanation, empyreume, exhalaison, fragrance, fumet, goût, parfum, puanteur, relent, remugle, senteur. || Science des odeurs. ⇒ Osmologie. || Sensation des odeurs. ⇒ Nez, odorat, olfactif, olfaction; 1. osm-. || Odeur associée à un goût. ⇒ Flaveur. || Odeur caractéristique de certaines plantes, de certaines substances (par ex. : ail, ambre, anis, basilic, baume, caramel, encens [cit. 4], eucalyptus [cit. 2], musc, thym, vanille…). ☑ Odeur sui generis. || Odeur de brûlé, d'échauffé, d'enfermé, d'évent, de moisi (cit. 6), de pourri, de renfermé, de roussi. || Odeur de graillon, de vétusté. || Odeur de terre, de vin. ⇒ Terreux, vineux. || L'odeur de la poudre. || Odeur de mangeaille (→ Affronter, cit. 4), de fumée et de suif (→ Brasiller, cit. 1), de cuisine (→ Escalier, cit. 6), des foins (1. Foin, cit. 2) coupés, du thé (→ Léger, cit. 12). || Odeur corporelle. → Sentir le gousset (vx). || Odeur de l'haleine. || Dont le nez a mauvaise odeur. ⇒ Punais (vx); ozène. || Importance des odeurs en médecine (odeur d'acétone dans le cas du diabète, etc.). || Odeur forte du blaireau. || Odeur de sauvagine. || Les odeurs en vénerie. ⇒ Fumée(s), haléner, vent. || Bonne odeur, odeur agréable, capiteuse, douce, suave. || Odeur mielleuse, musquée. || « Maître Renard par l'odeur alléché » (cit. 1, La Fontaine). || Qui a une mauvaise odeur. ⇒ Malodorant, puant. || Odeur âcre, écœurante, fétide, forte, méphitique, nauséabonde, nauséeuse, repoussante. || Odeur excrémentielle, nidoreuse, pisseuse, vireuse. || Odeur subtile (→ Exhalaison, cit. 4), forte, pénétrante (→ Exhaler, cit. 4; herbe, cit. 15), fade (cit. 4), fine (cit. 11). || Une odeur si forte et si mauvaise (→ Mouffette, cit.). || Avoir une odeur; dégager, exhaler, rendre, répandre une odeur. ⇒ Sentir. || Avoir une bonne (⇒ Bon [sentir bon], embaumer, fleurer), une mauvaise odeur. ⇒ Empester, empoisonner, empuantir, infecter, mauvais (sentir mauvais), puer. || Qui dégage une bonne odeur. ⇒ Aromatique, bénéolent (littér.), odorant, parfumé. || Corps sans odeur. ⇒ Inodore. || Odeur qui chatouille l'odorat, entête, prend à la gorge, monte à la tête. || Chasser une mauvaise odeur en aérant, en désodorisant (⇒ Assainisseur; désodorisant). || Respirer une odeur (⇒ Flairer, humer, renifler, sentir, subodorer). || Respirer une mauvaise odeur (→ fam. Prendre une prise). — Manger son pain à l'odeur du rôti, du rôt. ⇒ Fumée (supra cit. 9). ☑ Loc. fig. L'argent (infra cit. 54) n'a pas d'odeur.
1 J'ai ouï-dire que les sauvages avaient l'odorat tout autrement affecté que le nôtre, et jugeaient tout différemment des bonnes et des mauvaises odeurs.
Rousseau, Émile, II.
2 C'étaient de ces chambres de province qui (…) nous enchantent de mille odeurs qu'y dégagent les vertus, la sagesse, les habitudes, toute une vie secrète, invisible, surabondante et morale que l'atmosphère y tient en suspens; odeurs naturelles encore, certes, et couleur du temps comme celles de la campagne voisine, mais déjà casanières, humaines et renfermées, gelée exquise, industrieuse et limpide de tous les fruits de l'année qui ont quitté le verger pour l'armoire (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 73.
3 Le long de la tranchée dont je suis le bord croulant, l'odeur est si forte qu'elle est comme explosive. Cela sent l'huile, l'ail, la graisse, la crasse, l'opium, l'urine, l'excrément et la tripaille.
Claudel, Connaissance de l'Est, « Jardins ».
3.1 La maison ne sentait ni plus ni moins mauvais que toutes les autres du Barrio Chino, mais de celle-ci l'odeur épouvantable demeure à jamais pour moi celle même non seulement de l'amour mais de la tendresse et de la confiance. L'odeur de Stilitano, l'odeur de ses aisselles, l'odeur de sa bouche, quand mon odorat s'en souvient, s'il les retrouve tout à coup avec une vérité inquiétante, je les crois capables de me donner les plus folles audaces.
Jean Genet, Journal du voleur, p. 44.
3.2 (…) aient à la longue fini par l'imprégner de la fétide odeur des réfectoires, transportant chez les milliardaires les nauséeuses odeurs de poireaux, de choux-fleurs, de melons et d'huile rance stagnant, tièdes et intestines (…)
Claude Simon, le Palace, p. 11.
3.3 Certains milieux soustraits au spatio-temporel banal sont liés à une ambiance olfactive qui les isole du normalement vécu. Telles sont les odeurs d'encens des sanctuaires, la « fumée des holocaustes », l'odeur de la poudre, enivrement du héros, dont le rôle n'est pas celui d'un simple condiment. En effet, les odeurs, par les déclenchements profonds qu'elles provoquent, sont, dans de tels cas, l'élément déterminant de la mise en situation. Il suffit d'imaginer un sanctuaire où flotterait une odeur insinuante de cuisine ou un champ de bataille traversé brusquement par des effluves printaniers pour percevoir les ruptures de conditionnement qui en résulteraient.
A. Leroi-Gourhan, le Geste et la Parole, t. II, p. 117.
2 (V. 1112). Au plur. ⇒ Parfum (→ Cosmétique, cit. 1). || Un flacon d'odeurs. || « Et des esclaves nus tout imprégnés (cit. 4) d'odeurs » (Baudelaire).
3 (XIIe). Impression qui se dégage (de qqch.). || Une odeur de dévotion (→ Exhaler, cit. 6). || Je trouvais à cette histoire une odeur répugnante (→ Irréprochable, cit. 5).
4 ☑ (V. 1650). Loc. Odeur de sainteté : odeur suave qu'exhalerait le corps de certains saints après leur mort. — Fig. État de perfection spirituelle qui fait présumer qu'une personne est digne d'être admise au rang des saints. || Mourir en odeur de sainteté. — Par ext. (1835). Cour. || N'être pas en odeur de sainteté auprès de quelqu'un (→ Croire, cit. 37) : n'avoir pas bonne réputation, être mal vu.
4 Huit ou dix séminaristes vivaient en odeur de sainteté et avaient des visions comme sainte Thérèse et saint François, lorsqu'il reçut les stigmates sur le mont Verna dans l'Apennin.
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXVI.
5 Pour la première fois, des parfums, violents à la fois et fades, et tels qu'en doit exhaler le corps des chrétiens morts en odeur de sainteté, mais qui annonçaient ici un sursaut de la vie.
Giraudoux, Siegfried et le Limousin, p. 241.
Encyclopédie Universelle. 2012.