murmure [ myrmyr ] n. m.
• XIIe; lat. murmur « grondement », onomat.; changt de sens en fr. à cause de la prononc. du u, d'ab. [ u ] , puis [ y ]
I ♦
1 ♦ Bruit sourd, léger et continu de voix humaines. ⇒ bourdonnement, chuchotement, susurrement. Rires et murmures d'élèves. Pas un murmure dans la salle. ⇒ marmonnement.
2 ♦ Commentaire fait à mi-voix par plusieurs personnes dans une circonstance particulière. Murmure d'approbation, de protestation. « Une valse dont les premières mesures furent accueillies par une espèce de murmure de gourmandise » (Green).
3 ♦ Absolt, Au plur. Plaintes sourdes ou commentaires désobligeants de plusieurs personnes. ⇒ grognement, plainte, protestation. Les murmures d'une foule indignée. « On est surpris des murmures qu'excita l'exécution de Montmorency » (Bainville). — (Au sing., en tournure négative) Accepter une chose sans murmure. ⇒ murmurer. Loc. Sans hésitation ni murmure : sans discussion.
II ♦ Bruit continu, léger, doux et harmonieux. Le murmure des eaux, d'une fontaine. « Un peuplier, dont les feuilles agitées rendaient un perpétuel murmure » (France). ⇒ bruissement.
♢ Méd. Murmure respiratoire (ou vésiculaire) :bruit léger qu'on doit entendre à l'auscultation lorsque les poumons ne présentent pas de lésions.
⊗ CONTR. Hurlement, vacarme.
● murmure nom masculin (de murmurer) Bruit de voix léger, sourd et prolongé : Le murmure exaspérant des spectateurs qui chuchotent. Expression indistincte faite à mi-voix par plusieurs personnes et manifestant un sentiment quelconque : Un murmure de protestation. Paroles, plaintes sourdes, marquant le mécontentement individuel ou collectif : Obéir sans murmure. Littéraire. Bruissement léger, prolongé : Le murmure d'un ruisseau. ● murmure (citations) nom masculin (de murmurer) Jean Cayrol Bordeaux 1911 Le tout est d'approfondir même un murmure. Je l'entends encore Le Seuil Anonyme Le mur murant Paris rend Paris murmurant. Commentaire Mot provoqué, en 1785, par la construction autour de Paris du mur dit « des fermiers généraux », destiné à assurer les recettes de l'octroi. ● murmure (expressions) nom masculin (de murmurer) Murmure respiratoire ou vésiculaire, son léger que l'on entend en auscultant le thorax d'un sujet sain. ● murmure (synonymes) nom masculin (de murmurer) Bruit de voix léger, sourd et prolongé
Synonymes :
Contraires :
- vacarme
Expression indistincte faite à mi-voix par plusieurs personnes et manifestant...
Synonymes :
- rumeur
Paroles, plaintes sourdes, marquant le mécontentement individuel ou collectif
Synonymes :
- gémissement
- jérémiade
- pleurnicherie (familier)
Littéraire. Bruissement léger, prolongé
Synonymes :
- babil
- friselis
murmure
n. m.
d1./d Bruit continu, sourd et confus, de voix humaines. Murmure d'approbation.
d2./d Par anal. Bruit léger et régulier produit par des eaux qui coulent, le vent dans les feuilles, etc. Le murmure du ruisseau.
d3./d (Souvent Plur.) Plaintes, commentaires plus ou moins malveillants exprimés à mi-voix. Provoquer des murmures de protestation.
⇒MURMURE, subst. masc.
A. — Bruit sourd, confus de voix humaines; bruit léger d'une personne s'exprimant à mi-voix ou à voix basse. Murmure de voix. Vous le savez bien, fit-il dans un murmure (GRACQ, Syrtes, 1951, p.258):
• 1. Cependant les voix qui étaient dans la maison prenaient une saillie de plus en plus nette (...). C'était autre chose qu'un murmure, plus qu'un chuchotement, moins qu'un brouhaha.
HUGO, Travaill. mer, 1866, p.158.
SYNT. Murmure croissant, discret; murmure des lèvres; murmure de conversation, de paroles, de prières.
1. En partic. Expression à mi-voix, à voix basse (de sentiments, d'opinions). Des cris de joie, des clameurs d'enthousiasme, de doux murmures d'espoir et de reconnaissance venaient se confondre dans la prière commune (NODIER, Trilby, 1822, p.140):
• 2. Les applaudissements lui causaient une espèce d'ivresse, inutile à son amour-propre, mais indispensable à son courage: un murmure de désapprobation ou le silence d'un public distrait lui ôtaient ses moyens...
BALZAC, Illus. perdues, 1839, p.507.
SYNT. Murmure désapprobateur, joyeux, plaintif; murmure d'admiration, d'approbation, d'étonnement, d'horreur, d'indignation, de joie, de protestation, de satisfaction.
♦Au plur. Murmures (dans une assemblée, un auditoire). Bruits de voix marquant la désapprobation:
• 3. ... mon plaidoyer tronqué, défiguré... le contraire de ce que j'ai dit; et dans les endroits qui ont produit le plus d'effet... ceux où ont éclaté des applaudissements... on a mis entre parenthèses... «Murmures dans l'auditoire.»
SCRIBE, Camaraderie, 1837, I, 4, p.247.
2. Au fig. Expression non formulée (de sentiments, d'affects). Murmure intérieur, secret; murmure de l'amour-propre, de la conscience; les murmures de la chair, du coeur. Ils parlent tout bas avec le dieu qui les habite, ils écoutent le murmure ineffable de leurs pensées (DU CAMP, Mém. suic., 1853, p.217). Ne plus (...) entendre que le murmure étouffé de mon être le plus profond (DU BOS, Journal, 1927, p.225).
3. En partic.
a) Propos, généralement malveillant, qui circule à mots couverts. Synon. rumeur. Un murmure court; prêter l'oreille à un murmure. À quelques mois de là, le bruit de l'affaire, le murmure public, la ruine de son étude désertée, forçaient Nachette à quitter le pays (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.10). Nous sommes retombés tout de suite dans les murmures et les commérages (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p.139):
• 4. Examinez de près l'origine de certaines actions, de certains cris héroïques qui s'enfantent on ne sait comment: vous les verrez sortir tout faits des on dit et des murmures de la foule...
VIGNY, Vérité art, 1829, p.IX.
b) Critique, plainte, protestation sourde. Violent murmure; étouffer, soulever, se permettre un murmure; un murmure s'élève. Le comte Douglas (...) fut créé duc de Touraine et lieutenant général de tout le royaume (...), au grand murmure des seigneurs de France (BARANTE, Hist. ducs Bourg., t.4, 1821-24, p.419). Sa confiance [de Moïse] avait fléchi devant les murmures de son peuple (THARAUD, An prochain, 1924, p.145).
♦Sans murmure. Sans se plaindre. Elle obéissait sans murmure à ses fantaisies les plus saugrenues (BALZAC, E. Grandet, 1834, p.31). Dieu était bien grand, bien bon; on devait sans murmure se soumettre à ses décrets, même le remercier (FLAUB., Mme Bovary, t.2, 1857, p.185).
B. — Bruit continu, léger ou assourdi, plus ou moins confus. Le bruit léger de sa robe et le murmure de sa plume courant sur le papier (A. FRANCE, Pt Pierre, 1918, p.231). À travers la pièce où s'éveillait peu à peu le murmure de la vie (BERNANOS, Imposture, 1927, p.522):
• 5. Lélia rêvait. Elle écoutait le murmure confus de la vallée, les cris des jeunes agneaux roux qui venaient s'agenouiller devant leurs mères brunes, le bruit de l'eau dont on commençait à ouvrir les écluses, la voix des grands pâtres bronzés...
SAND, Lélia, 1933, p.88.
SYNT. Murmure général, indistinct, lointain, monotone, mystérieux; long, profond, sourd, vague murmure; le murmure de la ville.
— [Dans un cont. métaph.]:
• 6. En Provence où tout est si doucement unifié, terre, murs et toitures, par la blondeur de la lumière, on voit tout à coup éclater sur le pignon d'un mas ou sur la tour d'un vieux moulin des lettres vermillon ou bleu de Prusse qui hurlent dans le murmure des couleurs.
T'SERSTEVENS, Itinér. esp., 1933, p.30.
1. [À propos d'un instrument destiné à produire des sons ou à propos des sons eux-mêmes] Un murmure de musique. Le serein murmure des harpes (JANKÉL., Je-ne-sais-quoi, 1957, p.88).
2. [À propos d'animés] Le murmure des abeilles. On n'entend ni le bruit de ses pas, ni le murmure de son haleine (CHATEAUBR., Natchez, 1826, p.298). L'écureuil, son murmure à bouche fermée (RENARD, Journal, 1895, p.285).
♦MÉD. Murmure respiratoire ou vésiculaire. Bruit pulmonaire doux, normal, perceptible à l'auscultation et dû à la vibration des alvéoles pulmonaires lors du passage de l'air. L'état général s'améliore (...) tandis que reparaissent successivement le râle crépitant et le murmure respiratoire (NOCARD, LECLAINCHE, Mal. microb. animaux, 1896, p.440). L'examen du poumon dénote (...) une diminution du murmure vésiculaire (TEISSIER ds Nouv. Traité Méd. fasc. 2 1928, p.170).
3. [À propos de la nature] Le murmure de l'eau, du vent. Le jet d'eau fait toujours son murmure argentin (VERLAINE, Poèmes saturn., 1866, p.62):
• 7. ... la rivière, presque sans courant dans cet endroit, se déroule comme un large ruban blanc moiré, entre la plaine des Gabillons et l'île de Croissy, éternellement bercée par le frémissement de ses hauts peupliers et le murmure de ses saules.
DUMAS fils, Dame Cam., 1848, p.177.
SYNT. Murmure charmant; faible, frais, léger, petit murmure; le murmure de la forêt, des arbres, des bois, des feuilles; le murmure d'une fontaine, de la mer, d'un ruisseau, d'une source, des flots, des torrents, des vagues; le murmure de la brise, de la pluie.
4. Vieilli, littér. Bruit d'une certaine intensité, grondement. Mes yeux saignent. J'entends un immense murmure Pareil aux hurlements de la mer ou des loups (LECONTE DE LISLE, Poèmes barb., 1878, p.78).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. 1. Ca 1170 «expression indistincte par plusieurs personnes, de sentiments particuliers» (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec, éd. M. Roques, 291, 6416); 2. ca 1200 «plainte sourde, récrimination» (Job, 343, 20 ds T.-L.); 3. a) ca 1230 «bruit sourd et confus (ici, d'une troupe qui attaque)» (Gaidon, 8005, p.241 ds T.-L.); b) 1555 en parlant du vent léger (RONSARD, Continuation des Amours, XXVII, éd. P. Laumonier, t.7, p.144). Déverbal de murmurer. Fréq. abs. littér.:2161. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3533, b) 3707; XXe s.: a) 2876, b) 2454. Bbg. ANDRÉ (J.). De lat. murmur à fr. murmure. Romania. 1975, t.96, pp.265-268. — MORIN (Y. Ch.). The Phonology of echo-words in French. Language. Baltimore. 1972, t.48, p.106. — QUEM. DDL t.8. — SÖLL (L.). Murmurare in der Romania: Bedeutungswandel durch Lautwandel? In: [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t.2, p.290; pp.298-299.
murmure [myʀmyʀ] n. m.
ÉTYM. V. 1175; lat. murmur « grondement », onomat.; changement de sens en franç. probablt à cause de la prononc. du u : d'abord [u], puis [y].
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1 Bruit sourd, léger et continu de voix humaines. ⇒ Bourdonnement, chuchotement, susurrement. || Murmure de voix (→ Filtrer, cit. 12). || Murmure étouffé de personnes qui parlent bas (cit. 83). || Rires et murmures d'élèves. || La conversation se prolongea en un murmure confus (→ Enfler, cit. 21). || Murmure vague et monotone (→ Litanie, cit. 1). — (En parlant d'une seule voix). || Aveu qui s'achève en un murmure. || Pas un murmure dans la salle. ⇒ Marmonnement, marmottement.
1 Le brouhaha des voix et le bruit de la promenade formait (sic) un murmure qui s'entendait dès le milieu du jardin, comme une basse continue brodée des éclats de rire des filles ou des cris de quelque rare dispute.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 695.
2 Ce fut un chant presque indistinct, une sorte de mélopée qui commençait et s'achevait en murmure.
Claude Farrère, la Bataille, XVI.
2 (1690). Commentaire fait à mi-voix par plusieurs personnes dans une circonstance particulière. || Murmure d'approbation, d'admiration… (→ Fade, cit. 13). || Un murmure de désapprobation, d'indignation, de protestation, de mécontentement. || On entendit des murmures hostiles dans la salle. || Murmures et mouvements divers.
3 Chacune des affirmations de ces trois hommes, évidemment sincères et de bonne foi, avait soulevé dans l'auditoire un murmure de fâcheux augure pour l'accusé, murmure qui croissait et se prolongeait plus longtemps chaque fois qu'une déclaration nouvelle venait s'ajouter à la précédente.
Hugo, les Misérables, I, VII, X.
4 (Le morceau) fut suivi presque aussitôt d'une valse dont les premières mesures furent accueillies par une espèce de murmure de gourmandise. L'air en était, en effet, très connu.
J. Green, Adrienne Mesurat, III, IX.
♦ (V. 1206). Absolt. (Au plur.). Plaintes sourdes ou commentaires désobligeants de plusieurs personnes. ⇒ Cri, grognement, grognerie, plainte, protestation. || Les murmures d'une foule indignée. || Murmures qui redoublent (→ Indignation, cit. 4). || Exciter (cit. 18) ou apaiser les murmures. || Les murmures qu'excitaient (cit. 11) sa conduite et ses dettes.
5 Mais si la prise de La Rochelle fut populaire, on est surpris des murmures qu'excita l'exécution de Montmorency, comme plus tard celle de Cinq-Mars et de son complice de Thou.
J. Bainville, Hist. de France, XI, p. 201.
♦ (Au sing.). Vx (sauf dans les tournures négatives). || Accepter une chose sans murmure. ⇒ Murmurer. || « La discipline (cit. 11) faisant la force principale des armées, il importe… que les ordres soient exécutés littéralement, sans hésitation ni murmure ». ☑ Loc. Sans hésitation ni murmure : sans discussion.
6 (…) de Britannicus la disgrâce future
Des amis de son père excita le murmure.
Racine, Britannicus, IV, 2.
7 (…) ce n'était pas l'amour de la vie qui lui manquait, mais le don d'accepter sans murmure une vie qui différait de toutes les vies humaines et qui était la sienne.
J. Green, Léviathan, II, II.
♦ Fig. et vieilli. || Les murmures de l'amour-propre (→ Indigner, cit. 3). || « Malgré les murmures de mon cœur, il fallut m'abaisser… » (→ Fléchir, cit. 21, Rousseau).
———
II
1 (XVIe). Bruit continu, léger, doux et harmonieux. ⇒ Chanson. || Le murmure des eaux (→ Assoupir, cit. 11; béatitude, cit. 6), des vagues (→ Exhaler, cit. 22), d'un ruisseau (→ Auprès, cit. 28), d'une fontaine. || Murmure du vent, de la brise (cit. 6). || Murmure des feuilles, des cimes dans le vent. ⇒ Bruissement (→ Bruire, cit. 4). || Murmure d'un essaim (cit. 2). || Murmure d'oiseaux. ⇒ Babil, gazouillement (→ Bruit, cit. 8).
8 Et des vents printaniers le gracieux murmure (…)
Ronsard, Pièces retranchées, « Continuation des amours ».
9 Le murmure du vent, de son bruit monotone,
Dans mon cerveau lassé berçait mon noir souci.
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Nuit d'octobre ».
10 (…) un peuplier, dont les feuilles agitées rendaient un perpétuel murmure (…)
France, Les dieux ont soif, XIII.
♦ (1833). Méd. || Murmure respiratoire, ou vésiculaire : bruit léger qu'on doit entendre à l'auscultation lorsque les poumons ne présentent pas de lésion.
2 Littér. (Au sens du latin). Bruit fort et sourd. ⇒ Grondement, tumulte.
11 Mes yeux saignent. J'entends un immense murmure
Pareil aux hurlements de la mer ou des loups.
Leconte de Lisle, Poèmes barbares, « Le cœur de Hialmar ».
♦ Zool. Bruit sourd que font entendre certains animaux. || Le murmure de l'ours (→ Grondement, cit. 1), de l'écureuil (→ Mécontentement, cit. 2).
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CONTR. Brouhaha, éclat, hurlement, vacarme. — Acclamation.
Encyclopédie Universelle. 2012.