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monologue

monologue [ mɔnɔlɔg ] n. m.
• 1508; de mono- et -logue, d'apr. dialogue
1Dans une pièce de théâtre, Scène à un personnage qui parle seul. Monologue d'une tragédie classique.
Par ext. Scène fantaisiste dite par un seul personnage. Monologues en vers d'un chansonnier.
2Long discours d'une personne qui ne laisse pas parler ses interlocuteurs, ou à qui ses interlocuteurs ne donnent pas la repartie. « la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue » (Camus).
3(1834) Discours d'une personne seule qui parle, pense tout haut. soliloque. Monologue intérieur : longue suite de réflexions; en littérature, transcription à la première personne d'une suite d'états de conscience que le personnage est censé éprouver.
⊗ CONTR. Dialogue, entretien.

monologue nom masculin Dans une pièce de théâtre, discours qu'un personnage se tient à lui-même pour évoquer le passé, exprimer un sentiment, etc. (Détaché du dialogue, il devient parfois tirade.) Histoire, souvent humoristique, destinée à être interprétée par un seul acteur. Discours de quelqu'un qui se parle tout haut à lui-même ou qui parle seul longuement sans laisser la parole à ses interlocuteurs. ● monologue (expressions) nom masculin Monologue comique, pièce médiévale à un seul personnage, et qui fait la satire d'un type social ou psychologique. ● monologue (synonymes) nom masculin Dans une pièce de théâtre, discours qu'un personnage se tient...
Contraires :
- dialogue
Discours de quelqu'un qui se parle tout haut à lui-même...
Synonymes :
- soliloque
Contraires :
- causerie
- débat
- discussion
- entretien
- pourparlers

monologue
n. m.
d1./d Scène d'une pièce de théâtre où un personnage est seul et se parle à lui-même. Le monologue d'Hamlet.
Petite composition scénique récitée par une seule personne.
d2./d Discours d'une personne qui ne laisse pas parler les autres.
d3./d Monologue intérieur: discours qu'une personne se tient à elle-même.
|| LITTER Procédé consistant à reproduire à la première personne le mouvement de la pensée des personnages.

⇒MONOLOGUE, subst. masc.
A.THÉÂTRE
1. Discours qu'un personnage seul en scène se tient à lui-même. Hamlet arrive seul au troisième acte sur la scène, et (...) dit en beaux vers français le fameux monologue to be or not to be (STAËL, Allemagne, t.3, 1810, p.236). Jadis, en France, nous traitions les problèmes de l'homme sous forme de «lamento» au clair de lune, de monologues historiques devant des tombeaux, non moins historiques (VILAR, Tradition théâtr., 1963, p.98):
1. Bien absurde (...) le monologue de Camille de l'acte IV où se préparent et chauffent les prochaines imprécations. Ce résumé de la situation, cette récapitulation des revirements et des travers, quelle actrice pourrait jouer cela, sauver cela?
GIDE, Retour Tchad, 1928, p.983.
SYNT. Monologue dramatique; monologue admirable, célèbre; monologue de l'Avare, d'Hernani, de Macbeth, de Polyeucte; monologues de Racine; écrire, déclamer, débiter, dire, réciter un monologue; savoir un monologue par coeur.
P. anal. Monologue musical. De toutes les combinaisons analysées ci-après, la plus simple (...) consiste à faire chanter la mélodie à un seul instrument à vent, ce qui donne au drame symphonique ses monologues (GEVAERT, Orchestr., 1885, p.109):
2. Dès que (...) [la] tonalité est établie, le thème principal apparaît comme au début, sans accompagnement, monologue de 1er violon, plus long de deux mesures que dans la première partie.
MARLIAVE, Quat. Beethoven, 1925, p.134.
2. P. méton. Pièce à un personnage, généralement fantaisiste ou comique. Jouer un monologue; monologue comique. Le mariage n'est pas un monologue: c'est une pièce à deux personnages (FEUILLET, Mar. monde, 1875, p.267). Coquelin cadet chez Scholl: «J'ai fait un monologue. C'est extraordinaire, ils rient tant qu'ils en p... par terre» (BARRÈS, Cahiers, t.4, 1905, p.66):
3. Je soussigné reconnais céder en toute propriété à Madame Tresse un monologue de ma composition intitulé Le Secret de l'ancienne musique, ainsi que le droit de l'imprimer, réimprimer et vendre en tel format et à autant d'exemplaires qu'elle le voudra.
VILLIERS DE L'I.-A., Corresp., 1878, p.240.
En partic.:
4. [Le] dernier effort [de Beethoven] d'annexer le parler dramatique au Lied est de 1813, avec sa deuxième version de An die Hoffnung, op. 94 (...). Ce grand monologue récitatif (...) est sa suprême tentative pour objectiver sa pensée, en la mettant en scène, comme il avait fait dans les grands airs de Léonore.
ROLLAND, Beethoven, t.1, 1937, p.165.
B.P. anal.
1. Discours qu'une personne seule se tient à elle-même. Synon. soliloque. J'ai bien peur de ne savoir plus trouver les paroles qui conviendraient à un nombreux auditoire et de transporter à cette chaire les monologues d'un solitaire (COUSIN, Hist. philos. mod., t.1, 1847, p.2):
5. ... dans l'inertie absolue où elle vivait, elle prêtait à ses moindres sensations une importance extraordinaire; (...) et à défaut de confident à qui les communiquer, elle se les annonçait à elle-même, en un perpétuel monologue qui était sa seule forme d'activité.
PROUST, Swann, 1913, p.50.
En partic. Monologue intérieur. Suite de pensées plus ou moins formulées, rêverie, entretien muet d'une personne avec elle-même. Charles avait beau se remuer, aller et venir, il était poursuivi par un monologue intérieur, dont quelques phrases montaient de temps à autre jusqu'à ses lèvres et faisaient retourner les passants (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p.208). C'est très gentil, me disais-je en continuant mon monologue intérieur (LÉAUTAUD, Pt ami, 1903, p.144):
6. Avec plus de chance, plus de vertu, plus de talent, plus de cohésion et plus d'entraînement, nous [les écrivains clandestins de la Résistance] eussions pu écrire le monologue intérieur de la France occupée.
SARTRE, Sit. II, 1948, p.258.
P. méton., littér. Transcription à la première personne des états d'âme d'un personnage de roman. Faulkner adopte les procédés mis à la mode par James Joyce et son école — le déchiffrement de la subconscience et le monologue intérieur (Arts et litt., 1936, p.42-07). Aucune traduction, bien entendu, ne saurait rendre le caractère si original de ces quelques pages de monologue intérieur, où la matière sonore de la langue règne en souveraine et où la prose est toute mêlée de vers (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p.251):
7. ... ce chapitre des Souvenirs [de Drumont] (...) est sans doute l'un des plus extraordinaires de ces monologues intérieurs, demi-parlés, demi-rêvés, avec leurs silences soudains, de brusques reprises, et parfois comme suspendu dans le vide, entre l'avenir et le passé, une date, un nom...
BERNANOS, Gde peur, 1931, p.36.
2. Discours d'une personne qui parle sans attendre de réponse ou sans laisser répondre ses interlocuteurs; dialogue, conversation où seul l'un des interlocuteurs est actif. Christel transforme facilement la conversation en monologue. J'admire l'aisance avec laquelle elle s'empare des dés. Elle est de cette race qu'on ne saurait interrompre (GRACQ, Beau tén., 1945, p.19). Ils marchaient lentement, traînant le pas. Marat parlait à mi-voix, sans attendre ni solliciter de réponses d'Annie, une sorte de monologue chuchoté, comme une messe basse (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.233):
8. ... il me décrit les difficultés du travail, l'écart désespérant entre ce qu'«on» voudrait faire, et ce qu'«on» parvient, avec tant de peine, à réaliser... Un long monologue à mi-voix, sur un ton de confidence — mais de confidence à soi-même; un monologue hésitant, coupé de fréquentes pauses.
MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p.LXVII.
SYNT. Monologue exalté, humoristique, ininterrompu, interminable, lyrique, passionné, pathétique, spirituel; monologue amoureux, raisonneur; monologue à haute voix, à voix basse; monologue de tragédien, de vieille fille; écouter, interrompre, poursuivre, tenir un monologue; se livrer à, se lancer dans un monologue; mettre fin à un monologue.
P. métaph. La bourrasque (...) se mit à rugir en basse continue (...) Rien d'inquiétant comme ce monologue de la tempête. Ce récitatif morne ressemble à un temps d'arrêt que prendraient les mystérieuses forces combattantes, et indique une sorte de guet dans l'inconnu (HUGO, Homme qui rit, t.1, 1869, p.100). Je sais (...) que nous sommes une nation de dialogue inapte à tomber dans le monologue du dirigisme (COCTEAU, Poés. crit. II, 1960, p.235).
PSYCHOL. Monologue collectif. Pseudo-conversation tenue par des enfants dont chacun s'adresse apparemment aux autres mais sans intention réelle de se faire écouter ou comprendre (d'apr. PIÉRON 1973). On a dit de la conversation de l'enfant qu'elle est un «monologue collectif», ou si l'on veut un monologue en présence d'autrui (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.618). Monologue égocentrique de l'enfant. V. langage égocentrique, s.v. égocentrique ex. de Traité sociol. et égocentrisme ex. 2. En URSS, Vigotsky et Luria ont vu dans le monologue égocentrique de l'enfant le point de départ du langage intérieur de l'adulte (Traité sociol., 1968, p.246).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. a) 1500-03 menologue «discours que, dans une pièce de théâtre, un acteur prononce seul» (Thérence en français, éd. A. Vérard, f° a 3 r°); 1508 monologue «id.» (ELOY D'AMERVAL, Le livre de la Deablerie, p.224b); b) 1884 «scène fantaisiste dite par un seul personnage» (B.-C. et E. COQUELIN, L'art de dire le monologue, p.4); 2. 1811 «long discours d'une personne qui oublie ou néglige la présence de ses interlocuteurs» (JOUY, Hermite, t.1, p.137); 3. a) 1826 «discours d'une personne seule qui parle tout haut» (BALZAC, Physiol. mar., p.156); b) 1834 «longue suite de pensées, rêverie d'une personne» (ID., La femme de trente ans ds La Comédie Humaine, éd. P.-G. Castex, t.2, 1976, p.1123); 4. 1925 litt. monologue intérieur (LARBAUD in E. DUJARDIN, Les Lauriers sont coupés, préf. ds ROB.). Comp. de mono- et de -logue, d'apr. dialogue. Comme terme littér. on trouve l'équivalent en russe chez Tchernychevski en 1856 et en all. chez Schnitzler en 1901 (cf. Publications of the Modern Language association of America, t.69, 2e part., 1954, p.1102 et 1111). Fréq. abs. littér.:435. Fréq. rel. littér.: XIXe s.: a) 393, b) 730; XXe s.: a) 424, b) 867. Bbg. MACK. t.2 1939, p.134. — SCHWARTZ (W. L.). «Monologue intérieur» in 1845. Mod. Language Notes 1948, t.63, pp.409-410. — STRUVE (G.). Monologue intérieur:the origins of the formula. P.M.L.A. 1954, t.69, pp.1101-1111.

monologue [mɔnɔlɔg] n. m.
ÉTYM. 1508; menologue, fin XVe; de mono-, et -logue, d'après dialogue.
1 Dans une pièce de théâtre, Scène à un personnage qui parle seul. || Le monologue de Petit Jean dans les Plaideurs de Racine (scène I). || Un long monologue. || Monologue sous forme de stances.
1 Quand il fallait, chez les anciens, apprendre aux spectateurs quelque événement, un acteur venait, sans façon, le conter dans un monologue (…)
Voltaire, Mélanges littéraires, Vie de Molière, Amphitr.
(1884). Par ext. « Scène fantaisiste dite par un seul personnage » (Académie). || Monologue comique à dire en société. || Monologues en vers d'un chansonnier.
2 Long discours d'une personne qui ne laisse pas parler ses interlocuteurs, ou à qui ses interlocuteurs ne donnent pas la repartie. || Sa conversation est un monologue. || Elle s'entretenait avec lui dans des monologues sans fin (→ Chatterie, cit. 1). || Le débat risquait de devenir un monologue faute de contradiction.
2 Là, comme dans les rares maisons de Paris où l'on a conservé les grandes traditions de la causerie, on ne carre guère de phrases, et le monologue est à peu près inconnu.
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « Dessous de cartes… », p. 204.
3 Le dialogue, relation des personnes, a été remplacé par la propagande ou la polémique, qui sont deux sortes de monologue.
Camus, l'Homme révolté, p. 295.
3.1 Le monologue est de la sorte repoussé aux limites mêmes de l'humanité : dans la tragédie archaïque, dans certaines formes de schizophrénie, dans le soliloque amoureux (aussi longtemps du moins que je « tiens » mon délire et ne cède pas à l'envie d'attirer l'autre dans une contestation réglée de langage). C'est comme si le proto-acteur, le fou et l'amoureux refusaient de se poser en héros de la parole, et de s'asservir à la langue adulte, à la langue sociale soufflée par la mauvaise Eris : celle de l'universelle névrose.
R. Barthes, Fragments d'un discours amoureux, p. 244.
3 (1826). Discours d'une personne seule qui parle, qui pense tout haut. Soliloque (→ Bouvier, cit. 2).
4 D'une complexion farouche et bavarde, ayant le désir de ne voir personne et le besoin de parler à quelqu'un, il se tirait d'affaire en se parlant à lui-même. Quiconque a vécu solitaire sait à quel point le monologue est dans la nature. La parole intérieure démange. Haranguer l'espace est un exutoire. Parler tout haut et tout seul, cela fait l'effet d'un dialogue avec le dieu qu'on a en soi. C'était, on ne l'ignore point, l'habitude de Socrate (…) Ursus (…) avait cette faculté hermaphrodite d'être son propre auditoire.
Hugo, l'Homme qui rit, I, I, I.
4 (1834). || Monologue, ou monologue intérieur : longue suite de pensées, rêverie d'une personne.
5 Madame Firmiani vint interrompre ce monologue dont les mille pensées contradictoires, inachevées, confuses, sont intraduisibles. Le mérite d'une rêverie est tout entier dans son vague (…)
Balzac, la Femme de trente ans, Pl., t. II, p. 756.
Spécialt. Littér. (Dans un roman). || Monologue intérieur : transcription à la première personne d'une suite d'états de conscience que le personnage est censé éprouver.
6 Un pas au-delà du « Journal intime », et le « monologue intérieur » apparaissait. Mais pour franchir ce pas, il fallait beaucoup d'audace, une grande capacité d'invention et une rare maîtrise (…) Aussi faut-il voir dans Les lauriers sont coupés tout le contraire d'une curiosité de l'histoire littéraire, d'une anticipation fortuite de la forme consacrée et répandue trente ans plus tard par James Joyce.
Valery Larbaud, in É. Dujardin, Les lauriers sont coupés, Préface.
CONTR. Dialogue, entretien.
DÉR. Monologique, monologuer.

Encyclopédie Universelle. 2012.