irriter [ irite ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1355; lat. irritare
1 ♦ Mettre en colère. ⇒ agacer, aigrir, contrarier, courroucer, énerver, exaspérer, fâcher, horripiler, impatienter, indigner. « Cette femme l'irritait dans tout ce qu'elle faisait » (Green). Évitons de l'irriter. Ce genre de propos a le don de m'irriter. ⇒ hérisser.
♢ Pronom. S'IRRITER : se mettre en colère. ⇒ bouillir, se fâcher, se monter. S'irriter contre qqn. S'irriter de qqch., de voir qqch., s'irriter du fait que.
2 ♦ (1587) Vieilli ou littér. ⇒ aviver, exacerber. Irriter la passion, les désirs, la curiosité. ⇒ exciter.
3 ♦ Physiol. Rendre douloureux, sensible en déterminant une légère inflammation. ⇒ enflammer. Cette matière irrite la peau. ⇒ échauffer. La fumée irrite l'œil. ⇒ brûler. Pronom. « On s'irrite à tousser ou à se gratter » (Alain).
4 ♦ Sc. nat. Faire réagir sous l'effet d'une excitation.
⊗ CONTR. Apaiser, attendrir, calmer; adoucir, diminuer.
● irriter verbe transitif (latin irritare, exciter) Mettre quelqu'un en colère, l'énerver : Ces retards continuels l'irritent. Déterminer une légère inflammation de la peau, d'un organe en provoquant une douleur ou une réaction : La fumée irrite la gorge. ● irriter (synonymes) verbe transitif (latin irritare, exciter) Mettre quelqu'un en colère, l'énerver
Synonymes :
- agacer
- crisper
- énerver
- exaspérer
- excéder
- hérisser
- horripiler (familier)
irriter
v. tr.
d1./d Provoquer l'irritation, l'impatience de (qqn). Ta conduite m'irrite.
|| v. Pron. Il s'irrite facilement.Syn. (litt.) courroucer, fâcher.
d2./d Rendre légèrement enflammé. Ce produit irrite la peau.
d3./d PHYSIOL Stimuler, exciter.
⇒IRRITER, verbe trans.
A. — BIOL., PHYSIOL. Irriter qqc.
1. [Le compl. d'obj. désigne un tissu ou un organe vivant]
a) Provoquer une inflammation légère, accompagnée ou non d'une sensation douloureuse. La piqûre des orties irrite la peau. La fumée résineuse et refoulée brûlait ses yeux, irritait sa gorge déjà malade à cause du tabac (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p. 258). Ils avaient navigué en silence dans une sorte de nuit blanche, essuyant parfois leurs lèvres et leurs yeux irrités par le sable qui s'infiltrait dans la voiture (CAMUS, Exil et Royaume, 1957, p. 1558) :
• 1. Neuf ou dix heures par jour, elles besognent à coudre des sacs de toile rugueuse (...). Travail ingrat, qui leur ensanglante les doigts et leur irrite les bronches, pour un salaire de famine...
MARTIN DU G., Vieille Fr., 1933, p. 1077.
b) Exciter l'activité de. La glycérine irrite les nerfs et détermine des convulsions dans les muscles, mais elle n'irrite pas directement les muscles (Cl. BERNARD, Notes, 1860, p. 161). La tête se déplace si l'on irrite la muqueuse nasale ou si l'on tire un cil (J. ROSTAND, La Vie et ses probl., 1939, p. 62).
2. Au fig., littér.
a) Rendre plus vif, stimuler. Irriter le désir, la curiosité de qqn. Quand reviendrez-vous irriter avec l'exquise finesse de votre goût la verve de nos réunions? (M. DE GUÉRIN, Corresp., 1836, p. 252). Des thèses ou des théories, qui, sans doute, peuvent nous occuper encore, nous irriter un peu l'intellect (VALÉRY, Variété III, 1936, p. 41) :
• 2. Le collège. — Il donnait (...) sur une rue obscure, (...) le bout de cette rue était bruyant, il y avait des cabarets, « des bouchons » (...). Il sortait de ces bouchons un bruit de querelles, un goût de vin qui (...) m'irritait les sens et me faisait plus joyeux et plus fort.
VALLÈS, J. Vingtras, Enf., 1879, p. 27.
— [Le compl. d'obj. désigne une réaction d'ordre physiol.] Les sauces irritent l'appétit (Ac. 1798-1878). Il attendit avec impatience que le lambeau de jument donné à son soldat fût rôti. L'odeur de cette chair charbonnée irritait sa faim (BALZAC, Adieu, 1830, p. 26) :
• 3. ... les deux officiers trouvèrent leurs convives déjà réunis, buvant à petits coups de l'eau-de-vie de grains, et mangeant du caviar et du poisson sec, dans le but d'irriter leur appétit.
GOBINEAU, Nouv. asiat., 1876, p. 14.
b) Aggraver, exacerber, exaspérer. Mon caractère impétueux me faisait prendre parti pour l'un et pour l'autre et j'irritais encore la dispute (MICHELET, Mémor., 1822, p. 184). Il se retira, afin d'irriter mieux l'impatience du peuple (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 119).
B. — Cour. Irriter qqn
1. Mettre dans un état d'énervement pouvant aller jusqu'à la colère. Synon. agacer, énerver, fâcher. Cette insulte irrita le Chouan au point de le faire pâlir, et un sourd grognement sortit de sa poitrine (BALZAC, Chouans, 1829, p. 49). Je savais que mon silence l'irritait mais elle m'agace quand elle repousse d'un ton coupant les explications qu'elle souhaite (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 60) :
• 4. ... un grand jeune homme aux cheveux noirs, longs et plaqués en mèches derrière les oreilles, un peu myope, un peu bizarre, silencieux et on ne peut plus intimidant. Ma mère l'irritait beaucoup par les constants efforts qu'elle faisait pour le dégeler...
GIDE, Si le grain, 1924, p. 372.
♦ Absol. La tristesse n'est pas l'amertume; celle-là vient de Dieu et celle-ci de l'homme. L'une resserre, irrite et crispe; l'autre dilate à sa manière, et calme et apaise (LAMENNAIS, Lettres Cottu, 1835, p. 279).
— Emploi pronom. Une sorte de grognement apprit au public que « la bête », agacée, commençait à s'irriter un brin (CLADEL, Ompdrailles, 1879, p. 13). La mère ne pouvait comprendre ces vacarmes subits, bouleversée de voir le père s'irriter à son chevalet, se fâchant elle-même, courant vite rasseoir le petit dans son coin (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 229).
♦ S'irriter contre qqn ou qqc. Elle s'irritait (...) contre la discipline, qui était quelque chose d'antipathique à sa constitution (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 44) :
• 5. ... la plus redoutable colère vient de l'impatience de ne pouvoir maîtriser la colère. Un homme qui s'irrite contre la serrure, ne pensez pas qu'il s'irrite contre la serrure; mais pensez qu'il s'irrite contre lui-même irrité.
ALAIN, Propos, 1924, p. 586.
♦ S'irriter de qqc. Je m'irrite de tout et je suis en colère contre le genre humain (STENDHAL, Lamiel, 1842, p. 133). Oui, nous nous irritons de beaucoup de médiocrités, d'insuffisances, d'absurdités, qui compliquent notre tâche à tous (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 596).
2. P. ext. Irriter contre. Exciter contre. Dans l'intention de dégoûter les Français, l'Anglais n'a cessé d'irriter contre nous ces peuples barbares (BAUDRY DES LOZ., Voy. Louisiane, 1802, p. 9). Ce ferment qui n'était destiné qu'à irriter le Français contre l'Allemand pourrait bien irriter des Français contre des Français (BARRÈS, Cahiers, t. 1, 1898, p. 255).
Prononc. et Orth. : [], (il) irrite []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1352-56 trans. « mettre en colère » (BERSUIRE, Tit. Liv., BN 20312 ter, fol. 11 v° ds GDF. Compl. : Si furent irritez); 1640 pronom. (CORNEILLE, Horace, III, I); 2. a) début XVIe s. irriter a « exciter, pousser (quelqu'un) à » (FOSSETIER, Cron. Marg., ms. Bruxelles 10512, VIII, IV, 9 ds GDF. Compl.); 1580 « rendre plus vif (un sentiment) » ici, pronom. (MONTAIGNE, Essais, II, XV, éd. A. Thibaudet et M. Rat, p. 596 : la volupté... cerche à s'irriter par la douleur); b) 1559 « donner plus de force à, déchaîner un élément (feu, mer) » (AMYOT, Hommes illustres, Marcus Brutus XXXIX éd. G. Walter, t. 2, p. 1074); 1686 flots irrités ici, empl. par image (BOSSUET, Oraison funèbre de M. Le Tellier, éd. B. Velat et Y. Champailler, p. 174); 3. a) 1536 « produire une légère inflammation (dans un organe) » (G. CHRESTIAN, Philalethes sur les erreurs anat., fol. 2 r° d'apr. FEW t. 4, p. 816b); 1595 (MONTAIGNE, Essais, I, XXI, éd. citée, p. 95); b) 1755 nerfs irrités avec le scalpel (TISSOT [trad. de A. DE HALLER, Diss. sur les parties sensibles et irritables des animaux] ds Trév. 1771). Empr. au lat. irritare « exciter, stimuler, provoquer », terme gén. et d'emploi physiol. (Celse). Fréq. abs. littér. : 3 352. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 4 399, b) 5 715; XXe s. : a) 4 968, b) 4 449. Bbg. GIR. t. 2 Nouv. Rem. 1834, pp. 57-58.
irriter [iʀite] v. tr.
ÉTYM. 1355, au passif; lat. irritare « exciter; provoquer ».
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1 (1611; au p. p., 1355). Compl. n. de personne. Mettre (qqn) dans un état de colère latent ou contenu, de nervosité hostile. — (Sujet n. de personne). ⇒ Agacer, aigrir, blesser, contrarier, courroucer, crisper, donner (sur les nerfs), énerver, exaspérer, excéder, fâcher, hérisser, horripiler, impatienter, indigner, piquer. || Comprenez donc que vous l'irritez par vos propos, votre attitude… (→ Aller, cit. 37; battement, cit. 7; boiteux, cit. 7; conversion, cit. 1; critère, cit. 4; entendre, cit. 55; faible, cit. 33; hormis, cit. 6). || Irriter qqn contre qqn, contre qqch. || On vous a irrité contre moi. || Vous commencez à m'irriter (→ Échauffer les oreilles à…). — Irriter un animal (→ Grondement, cit. 1).
1 Il (Moïse) déclare qu'enfin Dieu, s'irritant contre eux, les dispersera parmi tous les peuples de la terre; que, comme ils l'ont irrité en adorant les dieux qui n'étaient point leur Dieu, de même il les provoquera en appelant un peuple qui n'est point son peuple (…)
Pascal, Pensées, IX, 631.
2 Je lis Carlyle, qui m'irrite et me passionne à la fois.
Gide, Journal, 10 juin 1891.
3 Cette femme l'irritait dans tout ce qu'elle faisait et ses moindres gestes lui paraissaient déplaisants.
J. Green, Adrienne Mesurat, I, V.
♦ (Sujet n. de chose). → Apitoiement, cit. 1; contenance, cit. 4; exister, cit. 7; faux-fuyant, cit. 2; fournir, cit. 5; infortune, cit. 2. || Un rien, la moindre chose suffit pour l'irriter (→ Aliéner, cit. 6; conduite, cit. 21). || Cette affaire l'a irrité contre son associé. || Ça m'irrite un peu.
4 Mais quel sujet si grand contre lui vous irrite (…) ?
Molière, le Misanthrope, V, 2.
5 Ici tous les objets vous blessent, vous irritent.
Racine, Athalie, II, 3.
6 (…) je me fâche parfois contre la mort; elle est égalitaire à un degré qui m'irrite; c'est une démocrate qui nous traite à coups de dynamite.
Renan, Souvenirs d'enfance…, VI, V.
7 (Ces choses) avaient le don d'irriter au plus haut degré Marchenoir.
Léon Bloy, le Désespéré, p. 200.
8 Le mensonge, qui est au fond de la nature humaine, l'irrite jusqu'à la rage.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V.
9 Manuel Roy lissait d'un doigt agacé sa moustache. Rien ne l'irritait plus que les palinodies désuètes du vieux maître.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 200.
♦ Absolt. || L'illogisme (cit. 2) irrite.
♦ (1640, Corneille). Pron. || S'irriter : se mettre en colère. ⇒ Bouillir, cabrer (se), émouvoir (s', vx), fâcher (se); monter (se). || C'est un homme qui s'irrite facilement. || Vous auriez tort de vous irriter. || S'irriter contre qqn, contre qqch. ⇒ Humeur (avoir, prendre de l'humeur); → Admettre, cit. 14. || S'irriter de qqch. (→ 2. Critique, cit. 5; froissement, cit. 10), d'être, de voir… (→ Bouder, cit. 2; contrefait, cit. 1).
10 Mais contre eux toutefois votre âme à tort s'irrite.
Molière, Amphitryon, Prologue.
11 (…) il s'irrite des fautes de ceux-ci (de ses propres enfants) et ne dit jamais rien aux autres.
Rousseau, Lettre à d'Alembert.
12 (…) si des âmes pures (…) s'irritent contre ma pièce et la déchirent sans relâche (…)
Beaumarchais, le Mariage de Figaro, Préface.
13 (…) au lieu de prendre un parapluie, je m'irritais follement contre l'état du ciel (…)
Stendhal, Armance, X.
14 Le peuple s'irritait jusqu'à élever contre la garde nationale la plus étrange accusation, celle de favoriser la cour, d'être du complot de Versailles.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., II, VII.
15 (…) il s'irritait de toute opposition systématique, acrimonieuse et obstinée.
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, Le Consulat, IX.
♦ Récipr. || Ils s'irritaient l'un l'autre.
2 (1587; inriter, déb. XVIe). Vx ou littér. (Compl. n. de chose : sentiments, etc.). Rendre plus vif, plus fort. ⇒ Animer, armer (fig. et littér.), attiser, augmenter, aviver (cit. 9), déchaîner, exacerber, exalter, exciter, fouetter, surexciter. || « Vous irritez sa colère, au lieu de chercher à l'apaiser » (Académie). || Irriter la passion, les désirs (→ Agacer, cit. 6). || Irriter la curiosité, l'impatience de qqn. || Irriter la douleur de qqn en croyant le consoler. ⇒ Aggraver.
16 Enfin épargnez-moi ces tristes entretiens,
Qui ne font qu'irriter vos tourments et les miens.
Corneille, Polyeucte, II, 2.
17 Leur haine ne fera qu'irriter sa tendresse.
Racine, Andromaque, I, 1.
18 Me voir rappeler incessamment tant de doux souvenirs, c'était irriter le sentiment de mes pertes.
Rousseau, les Confessions, VI.
19 Il (Chateaubriand) en conclut qu'avec cette indépendance d'esprit il lui est impossible de toucher aux ouvrages de Chénier sans irriter les passions (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 85.
20 La haine dans mon cœur bout et s'irrite et monte
Et me prend à la gorge et me force à crier (…)
J. M. de Heredia, les Trophées, Romancero, « Triomphe du Cid ».
3 (1536). Rendre douloureux, sensible en déterminant une légère inflammation. ⇒ Brûler (cit. 25), enflammer. || Piqûre, liquide qui irrite la peau. || La fumée irrite l'œil. || Ce que nos humeurs lavent ou irritent (→ Charrier, cit. 4).
21 La vue des angoisses d'autrui m'angoisse (…) Un tousseur continuel irrite mon poumon et mon gosier.
Montaigne, Essais, I, XXI.
♦ Pron. || Il a dû forcer sa voix, sa gorge s'est irritée. — (Sujet n. de personne). || « On s'irrite à tousser ou à se gratter » (→ Irritation, cit. 3).
4 (1755, au p. p.). Sc. nat. Faire réagir sous l'effet d'une excitation (3.), d'un stimulus (→ par métaphore Irritation, cit. 3.1). || Irriter une fibre musculaire, nerveuse. — Cour. || Musique qui irrite les nerfs, qui agace, énerve. ⇒ Taper (sur les nerfs).
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irrité, ée p. p. adj.
1 (1356). Personnes. Qui est en colère. ⇒ Cran (à), énervé, enragé, exaspéré, hors (de soi), impatient, nerveux. || Être vivement irrité. || Quand on est irrité, on ne sait plus ce qu'on dit. || Moins inquiet qu'irrité (→ 2. Froid, cit. 20). || Être irrité contre qqn. ⇒ Avoir (en avoir après), vouloir (en vouloir à). || Un amant irrité (→ Aigrir, cit. 8). — Poét. || Mer irritée. ⇒ Agité (→ Élever, cit. 7). — Qui marque de la colère. || Un air irrité (→ 1. Baiser, cit. 6). || Regards, yeux irrités (→ Apercevoir, cit. 3; foudroyer, cit. 15).
22 Jugez combien ce front irrité contre moi (…)
Racine, Esther, II, 7.
23 La justice, jetant des rayons irrités (…)
Hugo, l'Année terrible, mai 1871, III.
24 Je suis fort irrité contre tous ! Ce peuple criard m'importune.
Gide, Saül, II, 4.
25 Les yeux qui, sous les paupières à demi baissées, semblaient impatients et irrités (…)
A. Maurois, la Vie de Byron, II, XVI.
26 Allez-vous vous taire ? gronda la jeune femme d'une voix irritée.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, III.
2 (1867). Parties du corps. Qui est enflammé. || Gorge irritée. || Muqueuses, gencives irritées.
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DÉR. 1. Irritant. — Cf. Irritable, irritation.
Encyclopédie Universelle. 2012.