impatience [ ɛ̃pasjɑ̃s ] n. f.
• impacience v. 1190; lat. impatientia
1 ♦ Manque de patience; incapacité habituelle de se contenir, de patienter. L'impatience de la jeunesse. ⇒ impétuosité.
2 ♦ Manque de patience pour supporter (⇒ agacement, énervement, exaspération), attendre qqch. ou qqn (⇒ fièvre, inquiétude). Mouvements d'impatience. Donner des signes d'impatience. Calmer l'impatience de qqn. Attendre avec impatience, avec une impatience fébrile, grandissante. Bouillir, brûler, griller d'impatience (cf. Être sur des charbons ardents). « Cet héritage autour duquel ils séchaient d'impatience » ( F. Mauriac). Je suis dans l'impatience de vous voir.
3 ♦ Au plur. Manifestation, mouvement d'impatience. Ses agacements, ses impatiences me fatiguent.
♢ Fam. et vieilli Sorte d'irritation nerveuse. Avoir des impatiences dans les jambes. ⇒ fourmi.
⊗ CONTR. 1. Calme, impassibilité, 1. patience.
⊗ HOM. Impatiens.
● impatience nom féminin (latin impatientia) Trait de caractère d'une personne qui ne peut s'empêcher d'agir : L'impatience de la jeunesse. État de quelqu'un qui supporte avec difficulté les choses ou les personnes importunes : Avoir un geste d'impatience. État de quelqu'un qui ne sait ou ne peut pas patienter, attendre avec calme : Il brûle d'impatience de revoir son vieil ami. ● impatience (citations) nom féminin (latin impatientia) Étienne Jodelle Paris 1532-Paris 1573 Qui bien aime, aime impatiemment. Didon se sacrifiant Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 […] La sainte impatience meurt aussi ! Charmes, le Cimetière marin Gallimard Paul Valéry Sète 1871-Paris 1945 Génie ! Ô longue impatience ! Charmes, Ébauche d'un serpent Gallimard ● impatience (homonymes) nom féminin (latin impatientia) impatiens nom féminin ● impatience (synonymes) nom féminin (latin impatientia) Trait de caractère d'une personne qui ne peut s'empêcher d'agir
Synonymes :
- fougue
- impétuosité
- pétulance
- vivacité
Contraires :
- mollesse
État de quelqu'un qui supporte avec difficulté les choses ou...
Synonymes :
- énervement
- exaspération
Contraires :
- résignation
État de quelqu'un qui ne sait ou ne peut pas...
Synonymes :
- désir
- fièvre
- hâte
Contraires :
- calme
- placidité
- sérénité
impatience
n. f.
d1./d Manque de patience; difficulté ou incapacité d'attendre, de patienter. L'impatience naturelle des enfants.
d2./d Incapacité de se contraindre à supporter qqn ou qqch ou à l'attendre. Avoir un geste d'impatience.
⇒IMPATIENCE, subst. fém.
A. — Manque de patience; incapacité de se contenir, considérée comme un trait de caractère. Synon. fougue, impétuosité, pétulance; anton. indolence, nonchalance. Chez les sujets fort sensibles, (...) une disposition singulière à l'impatience et à l'emportement (CABANIS, Rapp. phys. et mor., t. 2, 1808, p. 33). Le trait le plus saillant de son caractère était une impatience chronique, un mécontentement perpétuel qui devenait de la rage à la plus légère contradiction (BLOY, Femme pauvre, 1897, p. 201) :
• 1. Les deux principaux facteurs de l'impatience sont l'émotivité et la primarité. Les plus impatients des impatients sont donc les EP [émotifs primaires]. Les mêmes chez qui la liaison est immédiate et rapide de la pensée à l'acte ne savent pas attendre l'exécution des ordres qu'ils donnent. L'impatience se liquide par des manifestations émotives...
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 424.
B. — En partic.
1. Vieilli ou littér. Manque de résignation. Synon. révolte; anton. soumission. Fils obéissant de l'Église, je suis, néanmoins, en communion d'impatience avec tous les révoltés, tous les déçus (BLOY, Désesp., 1886, p. 150).
2. Manque de patience pour supporter quelqu'un ou quelque chose. Synon. agacement, colère, énervement, exaspération, irritation. Non monsieur... Vous vous êtes montré jusqu'à présent trop sensible, trop équitable pour vouloir commettre une injustice aussi révoltante... Ici le baron fait un mouvement d'impatience (GUILBERT DE PIXÉR., Victor, 1798, II, 7, p. 36). Le compagnon habituel de Cayrouse (...) manifestait très vite l'impatience que lui causait le bavardage d'André (MARTIN DU G., Devenir, 1909, p. 88) :
• 2. — C'est donc le président qui te déplaît, là-bas? Séverine, qui, jusque-là, répondait lentement, d'une voix égale, fut reprise d'impatience. — Lui, quelle idée! Et elle continua, en petites phrases nerveuses.
ZOLA, Bête hum., 1890, p. 14.
— [Suivi d'un compl. déterminatif à valeur objective] L'impatience de ma situation me ressaisissait par fréquents et soudains assauts (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 94). Emportée par la violence de son caractère et par son impatience de toute contradiction (SUE, Myst. Paris, t. 5, 1843, p. 143).
3. Manque de patience pour attendre quelqu'un ou quelque chose. Synon. avidité, désir, empressement, fièvre; anton. calme, placidité, sérénité. Tu sais avec quelle impatience j'attends ton essai (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 274).
— L'impatience de + inf. L'impatience d'embrasser maman m'ôtait le sommeil. Près de deux mois passés sans la voir! (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 89).
C. — P. méton., au plur.
1. Vieilli. Manifestation de l'impatience, irritation nerveuse qu'elle produit. Avoir des impatiences. Quoi de plus odieux, par exemple, que ces inopportunes impatiences du peuple, ce défilé de pétitions impossibles dont ils viennent de m'accabler! Quelle avidité de jouir! Quelles prétentions subversives! (RENAN, Drames philos., Caliban, 1878, III, 3, p. 413). J'ai cru devoir la ménager moi-même et souffrir ses impatiences (A. FRANCE, Bonnard, 1881, p. 489) :
• 3. ... Jean-Michel était devenu légendaire (...) par ses accès de colère. (...) son sang l'emportait : il voyait rouge; et il était pris brusquement par des impatiences folles, non seulement aux répétitions de l'orchestre, mais en plein concert, où il lui était arrivé, devant le prince, de jeter son bâton avec rage et de trépigner comme un possédé, en apostrophant un de ses musiciens, d'une voix furieuse et bredouillante.
ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 28.
2. Irritation nerveuse (le plus souvent dans les jambes) se traduisant par une agitation motrice et des fourmillements. Ses doigts éprouvaient des impatiences qui lui devinrent bientôt très importunes (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 183) :
• 4. Ces conditions communes (...) tendent à ajouter au caractère de fond de chacun une résonance nerveuse qui porte sur l'ensemble du comportement ou sur quelque secteur de l'activité. Parfois elle ne s'exprime que dans des phénomènes marginaux; tics, impatiences fugitives, loquacité, acuité de sensation ou vivacité de jugement.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 86.
— Au fig., fam. Avoir des impatiences dans les jambes; des impatiences lui fourmillent dans les jambes. Éprouver le besoin de marcher, ne pouvoir rester en place. Synon. avoir des fourmis dans les jambes. Des impatiences nous fourmillaient dans les genoux (DORGELÈS, Croix bois, 1919, p. 67).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. Fin XIIe s. impacience (Sermons St Bernard, éd. W. Foerster, 116, 34); 1585 plur. « mouvements d'impatience » (N. DU FAIL, Contes d'Eutrapel, éd. J. Assézat, II, p. 212); 1764 « irritations nerveuses, surtout dans les muscles » (POINSINET, Soirée à la mode, sc. 8 ds BRUNOT t. 6, 2, p. 1110 : Des impatiences de fibres). Empr. au lat. impatientia « inaptitude à supporter quelque chose, manque de fermeté ». Fréq. abs. littér. : 2 745. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 996, b) 4 262; XXe s. : a) 3 463, b) 3 896.
impatience [ɛ̃pasjɑ̃s] n. f.
ÉTYM. V. 1190, impacience, dans un contexte social, « absence de résignation, disposition à la révolte »; la valeur psychologique se répand aux XVIe et XVIIe; lat. impatientia, de impatiens. → Impatient.
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1 Manque de patience; incapacité habituelle de se contenir, de patienter. || L'impatience, agitation qui gâte (cit. 19) tout. || L'impatience, trait de caractère qui se manifeste à la moindre contradiction (cit. 3). ⇒ Irascibilité, irritabilité. || Une impatience brouillonne. ⇒ Précipitation (→ Embroussailler, cit. 1). || Impatience ardente (cit. 24), nerveuse, passionnée.
1 Il faut être patient pour devenir maître de soi et des autres hommes; l'impatience, qui paraît une force et une vigueur de l'âme, n'est qu'une faiblesse et une impuissance de souffrir la peine. Celui qui ne sait pas attendre et souffrir est comme celui qui ne sait pas se taire sur un secret; l'un et l'autre manquent de fermeté pour se retenir (…)
Fénelon, Télémaque, XVIII (cf. Impatient, cit. 2).
2 (1580, Montaigne). Manque de patience (de la part de qqn) pour supporter qqch. ou qqn. ⇒ Agacement (cit. 3), colère, énervement, exaspération, irritation (→ Acculer, cit. 4). || L'impatience de qqn, son impatience. || Avoir, faire un mouvement d'impatience (→ Froisser, cit. 17). || Répondre avec impatience. ⇒ Impatiemment (→ État, cit. 85). || Donner des marques, des signes d'impatience. ☑ Être bouillant, bouillir d'impatience (→ Le sang bout; cela fait bouillir). || Être au comble de l'impatience. ⇒ Tenir (ne plus y). || Apaiser (cit. 1), calmer l'impatience de qqn. || Contenir, maîtriser, réprimer son impatience (→ Ronger son frein). — L'impatience (rare) de qqch.; (plus cour.) de faire qqch. — L'impatience de qqn quant à qqch. || « Son impatience de toute contradiction » (E. Sue, in T. L. F.).
2 Ce qui nous fait souffrir avec tant d'impatience la douleur (…)
Montaigne, Essais, I, XIV.
3 Comme un taureau (…) supporte avec impatience la piqûre du taon, sous les ardeurs du midi (…)
Chateaubriand, les Martyrs, t. I, p. 239.
4 Il lui demanda pardon de sa mauvaise humeur, la supplia d'oublier cette scène fâcheuse, et s'accusa d'un de ces accès d'impatience dont il est impossible de dire la raison.
A. de Musset, Nouvelles, « Les deux maîtresses », IX.
5 Jenny n'aimait pas que l'on s'imposât; elle eut un sentiment d'impatience à ne pouvoir se défaire de son compagnon au moment qu'elle le souhaitait.
Martin du Gard, les Thibault, t. II, p. 214.
♦ Relig. Manque de résignation.
♦ (Déb. XVIIe, Malherbe). Manque de patience pour attendre (qqch. ou qqn). ⇒ Avidité, désir, fièvre, inquiétude (→ Fondre, cit. 15). || L'impatience de qqch., de (et inf.; → ci-dessous, cit. 8). — Attendre (cit. 1 et 39) avec impatience (⇒ Impatiemment; → Hérisser, cit. 8), avec une grande, une vive impatience (→ Empressement, cit. 4), avec une impatience fébrile, grandissante (cit. 1). || L'impatience dans l'attente (cit. 20). || Cœur qui bat (cit. 64) d'impatience. || Tremblement d'impatience. || Être dévoré (cit. 35), haletant, pris d'impatience (→ Bivouac, cit. 2). || L'impatience le ronge (→ Il se ronge les sangs). || Piétiner, piaffer, trépigner d'impatience (→ Ne pas tenir en place). || Griller d'impatience (→ Être sur de la braise, sur des charbons ardents, sur des épines). || Mortelle impatience. || Vous me faites mourir d'impatience. ⇒ Supplice, torture (mettre au, à la). || Il languit, il sèche d'impatience. ⇒ Ennui (→ Le temps lui dure; il compte les heures, les jours). || J'éprouve une profonde impatience de vous voir. ⇒ Tarder (il me tarde de…). ⇒ Empressement, hâte. ☑ Brûler d'impatience de faire qqch. (→ Essayer, cit. 15). || L'impatience d'habiter une nouvelle maison, de terminer une lecture (→ Ermitage, cit. 2; halte, cit. 9). — Être dans l'impatience, dans l'impatience de (qqch.). || Être dans l'impatience de (et inf.). || Être dans l'impatience de partir, de s'en aller (→ ci-dessous, cit. 7).
6 Mais, quand on attend quelqu'un avec impatience, les plus sages sont assez sots pour regarder souvent du côté qu'il doit venir (…)
Scarron, le Roman comique, II, VI.
7 (…) dans l'impatience de me voir à son aise, elle tira sa montre à plusieurs reprises, et dit l'heure qu'il était, pour conseiller honnêtement la retraite à nos convives.
Marivaux, le Paysan parvenu, IV, p. 211.
8 (…) si j'avais eu autant d'impatience qu'ils (mes amis) en avaient eux-mêmes de me voir à l'académie, j'aurais été bien malheureux.
Marmontel, Mémoires, VII.
9 Mon impatience se changea tout à coup en timidité; je m'habillai lentement; je ne me sentais plus pressé d'arriver (…)
B. Constant, Adolphe, p. 21.
10 Il fallait encore attendre deux jours. Jamais jours ne me semblèrent plus longs, et je relus plus de dix fois, pour tromper mon impatience, l'affiche apposée au coin des principales rues (…)
Th. Gautier, Voyage en Espagne, p. 49.
11 (…) une telle envie de s'approcher d'elle et de lui parler, que, jusqu'à la fin de la messe, le cœur lui en sauta d'impatience.
G. Sand, la Petite Fadette, XXII.
12 (…) cet héritage autour duquel ils séchaient d'impatience, suaient d'angoisse.
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XII.
3 (Fin XVIe, Palissy). || Une, des impatiences (le plus souvent au plur.), manifestation, mouvement d'impatience (→ Attendre, cit. 114). || Des impatiences folles.
13 Je ne dirai pas que des impatiences de finir ne me prissent en certains moments de lassitude physique ou mentale.
Littré, Comment j'ai fait mon dictionnaire, p. 28.
♦ (1764, in Brunot). Fam. et vieilli. Irritation nerveuse (dans un membre, un muscle, au niveau de la peau). || Avoir des impatiences dans les jambes. ⇒ Fourmi(s).
14 Des impatiences nous fourmillaient dans les genoux.
R. Dorgelès, les Croix de bois, p. 67.
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CONTR. Calme, endurance, impassibilité, patience.
HOM. Impatiens.
Encyclopédie Universelle. 2012.