Akademik

geler

geler [ ʒ(ə)le ] v. <conjug. : 5>
XIIe; lat. gelare
I V. tr.
1Transformer en glace, solidifier par le froid. congeler, surgeler. Un temps « à geler le mercure » (Gautier). Par ext. Durcir par le froid. L'hiver sibérien gèle profondément le sol.
2Endommager, détruire par un froid excessif (des tissus organiques). Le vent glacial nous gelait le nez et les oreilles. Les nuits printanières trop froides gèlent les bourgeons. 1. griller.
3Faire souffrir du froid. Ce vent me gèle. Fam. Se les geler (les fesses) :avoir très froid. — Pronom. Ne restez pas dehors à vous geler.
4Fig. Arrêter, bloquer, suspendre. Geler une partie de la production. Geler les crédits. Geler les prix, les salaires, les fixer sans hausse possible. — P. p. adj. Capitaux gelés.
5Mettre mal à l'aise. glacer, paralyser, réfrigérer, refroidir (cf. Jeter un froid). Sa remarque a gelé l'assistance.
II V. intr.
1Se transformer en glace. se congeler, se figer, se prendre. La mer gèle rarement dans les fjords.
Par ext. Être endommagé, détruit par le froid. Plantes qui gèlent sur pied. Ses orteils ont gelé. Amputer un doigt gelé.
2Souffrir du froid. grelotter, transir; fam. cailler, peler. Fermez donc la fenêtre, on gèle ici ! « Vite, mon petit, je gèle. J'ai pris froid » (Colette).
3Dans les jeux de recherches, les devinettes, Être loin du but, de la solution. Je brûle ? — Non, tu gèles.
III(Sujet impers.) Il a gelé cette nuit. Il gèle à pierre fendre : il fait très froid (si froid que les pierres peuvent éclater par la congélation de leur eau d'imbibition). ⊗ CONTR. Dégeler, fondre, liquéfier, réchauffer. Brûler.

geler verbe transitif (latin gelare) Transformer en glace : Le froid a gelé l'étang. Durcir le sol par le froid. Détruire des végétaux par le froid : Le froid gèle les arbres fruitiers. Altérer, détériorer les tissus organiques : Alpiniste dont le froid a gelé les mains. Faire éprouver un grand froid : Tu nous gèles avec cette fenêtre ouverte. Paralyser, bloquer, arrêter une activité, une action : Geler les négociations. Interdire, bloquer la circulation, l'utilisation ou la vente de crédits, de capitaux, etc. Empêcher toute manifestation de cordialité, tout enthousiasme : Le discours a gelé l'assistance. Fixer un prix, un salaire sans qu'une hausse soit possible. ● geler (difficultés) verbe transitif (latin gelare) Conjugaison Attention à l'alternance e/è : geler ; je gèle, il gèle, mais nous gelons ; il gèlera ; qu'il gèle mais que nous gelions ; gelé. ● geler (synonymes) verbe transitif (latin gelare) Faire éprouver un grand froid
Synonymes :
- glacer
- transir
Paralyser, bloquer, arrêter une activité, une action
Synonymes :
- figer
- pétrifier
Interdire, bloquer la circulation, l'utilisation ou la vente de crédits...
Synonymes :
- bloquer
Empêcher toute manifestation de cordialité, tout enthousiasme
Synonymes :
- glacer
- paralyser
- réfrigérer
- refroidir
geler verbe impersonnel Il gèle, la température de l'atmosphère atteint 0 °C ou descend au-dessous. Geler blanc, faire froid au point de congeler la rosée. ● geler verbe intransitif se geler verbe pronominal être gelé verbe passif Avoir très froid, être transi par le froid ; grelotter. ● geler verbe intransitifêtre gelé verbe passif Durcir, en parlant d'un sol, se transformer en glace, en parlant d'un liquide, se figer, en parlant d'un corps gras, sous l'effet du froid : L'huile est gelée. Subir l'action destructrice du froid : Les pêchers ont gelé cette nuit. Être très froid : Tu as les mains gelées, mets des gants.geler (expressions) verbe impersonnel Il gèle, la température de l'atmosphère atteint 0 °C ou descend au-dessous. Geler blanc, faire froid au point de congeler la rosée. ● geler (expressions) verbe intransitifêtre gelé verbe passif Crédit gelé, crédit qui, à la suite d'un blocage légal ou de fait, ne peut être utilisé. ● geler (synonymes) verbe intransitifêtre gelé verbe passif Durcir, en parlant d'un sol, se transformer en glace, en...
Synonymes :
- prendre (familier)
- se figer
Être très froid
Synonymes :
- glacé
- gourd
- transi
Contraires :
- bouillant
- brûlant
- chaud
- réchauffé

geler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Transformer en glace, faire passer à l'état solide par l'abaissement de la température. Le froid a gelé l'étang.
|| Durcir par le froid. L'hiver a gelé la terre.
d2./d Faire mourir ou nécroser par un froid excessif (un être vivant, un organe, un tissu). Un froid trop vif gèle les bourgeons. Geler les pieds, les mains.
d3./d Par ext. Causer une impression de froid à (qqn). Ce petit vent me gèle.
|| v. Pron. Je me suis gelé à l'attendre.
Se geler (les pieds, les mains, etc.): avoir très froid à.
d4./d (Québec) Insensibiliser (une partie du corps) par anesthésie locale. Se faire geler une dent chez le dentiste.
Pp. Avoir la joue gelée.
d5./d Fig. Bloquer. Geler les négociations, les prix, les salaires.
|| GEST Geler des capitaux, les engager dans des investissements qui les rendent indisponibles.
rII./r v. intr.
d1./d Se transformer en glace, devenir dur sous l'action du froid. Le mercure gèle à -39 °C.
d2./d être perturbé dans ses fonctions vitales, mourir, se nécroser sous l'action du froid. Les oliviers ont gelé.
|| Par ext. Avoir très froid. On gèle, ici!
rIII/r v. impers. Il gèle.
rIV./r v. Pron. (Québec) Fam. Se droguer.
Pp. Avoir l'air gelé.

⇒GELER, verbe
I. — Emploi trans.
A. — [Le suj. désigne un agent météor.]
1. Solidifier un liquide; le transformer en glace. Froid qui gèle un étang, une mare :
1. Trois mois s'écoulèrent ainsi, on était en décembre, des froids terribles gelaient l'eau de sa cruche, au pied de son lit; mais il ne se plaignait pas...
ZOLA, Terre, 1887, p. 304.
P. ext. Durcir une matière, une substance solide. Geler le sol, la terre, les pierres. Ah bien! ce qu'il fait froid, chez nous! dit Berthe en grelottant. Ça vous gèle les morceaux dans la bouche... Ici, au moins, il y a eu du feu, ce soir (ZOLA, Pot-Bouille, 1882, p. 32).
2. [En parlant de tissus vivants, animaux ou végétaux] Abîmer, endommager par le froid. Geler les arbres, les bourgeons :
2. Monsieur balbutia, ânonna : — C'est des églantiers... Tu sais bien, mignonne... Des églantiers... Le père Pantois m'apportait des églantiers... Tous les rosiers ont été gelés, cet hiver...
MIRBEAU, Journal femme ch., 1900, p. 81.
P. exagér. [Le compl. désigne une pers.] Faire souffrir cruellement du froid. Geler les doigts, les membres, les os; geler les oreilles. Vent très froid d'octobre qui gelait les dents (MICHELET, Journal, 1844, p. 580) :
3. Elle marchait penchée en avant, la tête baissée, comme une vieille; le poids du seau tendait et roidissait ses bras maigres; l'anse de fer achevait d'engourdir et de geler ses petites mains mouillées...
HUGO, Misér., t. 1, 1862, p. 470.
B. — Au fig. [Le suj. désigne un inanimé abstr.]
1. [Le compl. désigne une/des pers.] Mettre mal à l'aise. Geler l'auditoire. Ce qui suffoquait surtout Tartarin, ce qui le navrait, le gelait encore plus que la pluie froide (...) c'était de ne pouvoir parler (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 72). Le médecin-auxiliaire pérore, avec une assurance qui nous gèle (GENEVOIX, Boue, 1921, p. 223) :
4. ... il partit et s'en fut raconter, par tout le village, les excentricités de cette maison dont l'ameublement l'avait positivement frappé de stupeur et gelé sur place.
HUYSMANS, À rebours, 1884, p. 165.
2. [Le compl. désigne une chose] Contracter, priver d'expression, de vie, de cordialité. Toutes les trois minutes, on croirait à un de ces silences qui gêlent les contenances (PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 101). La stupeur gèle les visages, les mains tombent au bout des bras (DRUON, Louve Fr., 1959, p. 951) :
5. ... il n'est pas de poésie plus plastique que celle de Maurras, non de cette plasticité du faux marbre, qui gèle l'œuvre de Leconte de Lisle... mais de cette plasticité que les Gallo-romains avaient héritée des Grecs...
L. DAUDET, Maurras, 1928, p. 31.
3. Dans les domaines de l'administration, de l'économie, des finances. Interdire momentanément une activité, la circulation ou l'emploi de capitaux. Geler les crédits, les postes, les transactions :
6. ... la décision du président Carter de « geler » [it. ds le texte] les avoirs publics iraniens aux États-Unis a obtenu le soutien de l'opinion publique américaine qui souhaiterait même voir les mesures de rétorsion américaines s'étendre au « gel » des avoirs privés...
Figaro, 16 nov. 1979, p. 3.
II. — Emploi intrans.
A. — 1. [En parlant de liquides] (Se) prendre, se solidifier sous l'action du froid. J'étanchai sur son front le sang qui s'y gelait (LAMART., Jocelyn, 1836, p. 656). Cette nuit-là l'eau gela dans les citernes de Phalsbourg et le vin dans les caves (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 24) :
7. À partir de février, le froid devint terrible (...). Et les rues, d'abord inondées, s'étaient transformées en banquises. Des gamins patinaient sur le pavé, descendaient en traîneaux les pentes de l'Alouette et du boulevard Montesquieu. L'encre, le vin, la bière gelaient. Les seuils des maisons éclataient. Bientôt les arbres se fendirent et craquèrent et l'on trouva des gens morts dans leur lit.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 333.
Rem. Dans le même sens, l'emploi de la forme pronom. est fréq. L'eau du canal se gerce et se gèle (RODENBACH, Règne silence, 1891, p. 81). L'eau douce avait, en se gelant, fait éclater le baril qui la contenait (A. FRANCE, Île ping., 1908, p. 35).
2. [En parlant de substances solides]
a) Durcir. Je vous dis que l'année sera pauvre, fit un vieux, la terre avait gelé avant les dernières neiges (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 8).
b) Se bloquer. Aujourd'hui encore les commandes gèlent; le volant est dur; quant au palonnier, il est entièrement coincé! (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 283).
3. P. exagér. [En parlant de pers.] Souffrir du froid; être transi de froid. Tu gèleras dans la diligence de Paris à Marseille, c'est certain. Munis-toi bien de vêtements chauds, manchon, manteau, etc. (FLAUB., Corresp., 1851, p. 288). Mme Swann trouvait qu'on gelait chez elle (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 634).
Rem. Emploi plus fam. et très usuel à la forme pronom. Je te l'ai dit, tu te gèles là sur le palier (GIONO, Gd troupeau, 1931, p. 58).
B. — Au fig.
1. Se contracter, ne pas réussir à s'exprimer. La parole gèle au fond du gosier (GRACQ, Beau tén., 1945, p. 121). Le visage de mon père et celui de ma mère gelèrent en une seconde (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 270) :
8. J'aurais voulu lui dire [à Paule] quelque chose d'affectueux (...) mais les mots gelaient sur mes lèvres.
BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 495.
2. Emploi pronom. [En parlant d'un mouvement] S'immobiliser. Un calendrier de l'an défunt dont l'éphéméride demeurait fixée au 12 décembre, comme si la course des jours se fût gelée ce matin-là (ARNOUX, Gentilsh. ceinture, 1928, p. 57).
III. — Emploi impers. Il gèle. Il faisait assez froid, mais il ne gelait pas, c'était simplement un temps humide et éventé (NIZAN, Conspir., 1938, p. 207) :
9. L'eau d'un baquet était prise, il gelait dans l'atelier aussi fort que dehors; car, depuis huit jours, sans un sou, il économisait un petit reste de charbon, en n'allumant le poêle qu'une heure ou deux le matin.
ZOLA, Œuvre, 1886, p. 241.
Loc. Geler dru, fort.
Geler à glace. Un hiver où il gèle à glace est mémorable, et la neige fait événement (HUGO, Travaill. mer, 1866, p. 55).
Geler à pierre fendre; geler à fendre les pierres. Nous sortîmes de chez nous à trois heures du matin, quoiqu'il gelât à pierre fendre (RESTIF DE LA BRET., M. Nicolas, 1796, p. 107). Je me rappelle cela comme d'hier. Il gelait à fendre les pierres (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Folle, 1882, p. 173).
JEUX. Être éloigné du but, s'en écarter. Je brûle? Madeleine. — Tu gèles (COCTEAU, Par. terr., 1938, II, 1, p. 232).
REM. 1. Gelant, -ante, part. prés. et adj. Qui saisit d'un froid vif et excessif. Un temps gelant. Un salon si froid, si gelant (GONCOURT, Journal, 1880, p. 58). 2. Gélation, subst. fém. Processus de transformation d'un sol en gel (Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. : [()le], (il) gèle []. [] instable noté ds Pt ROB., WARN. 1968 et Lar. Lang. fr. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Conjug. : change [] du rad. en [] en syll. finale. Étymol. et Hist. 1. a) Ca 1140 impers. « descendre à une température qui provoque le gel » (G. GAIMAR, Hist. des Anglais, éd. A. Bell, 1957 : E si gelot e feseit freit); ca 1174-80 trans. « transformer en glace; recouvrir de glace » praerie ... gelee et annegie (CHR. DE TROYES, Perceval, éd. F. Lecoy, 4150); b) ca 1393 intrans. « être endommagé par l'effet de la gelée » ici en parlant de semences (Ménagier, II, 43 ds T.-L.); c) 1567 id. « éprouver une très grande sensation de froid » (AMYOT, Arat., 53 ds LITTRÉ); d'où 2. a) 1552 « repousser par un accueil glacial » (EST.); b) 1805, 17 déc. trans. « paralyser, rendre insensible » ici en parlant des facultés intellectuelles (STENDHAL, Corresp., t. 1, p. 219); c) 1953 écon. pol. (P. REBOUD, H. GUITTON, Pr. écon. polit., t. II, p. 712 ds ROB.). Du lat. gelare « geler, congeler » au sens propre et fig.; pour le sens 2 c, cf. l'angl. credits ... frozen, Ann. Reg., 1921, II, 71 ds NED Suppl. Fréq. abs. littér. : 350. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 343, b) 516; XXe s. : a) 918, b) 365.

geler [ʒ(ə)le] v.
CONJUG. è devant e muet : Je gèle, nous gelons; je gèlerai.
ÉTYM. V. 1140, v. impers. (→ ci-dessous, III.); du lat. gelare.
———
I V. tr.
1 (V. 1175). Transformer en glace, solidifier par le froid. Congeler, glacer. || Le froid a gelé la mare.Un froid à geler le mercure : un froid très intense (le point de congélation du mercure étant de −39 °C).
(XIIIe). Pron. || La buée se gèle sur les vitres ( Givre).
1 (…) sous une atmosphère noircie de vapeurs, on voit les brouillards, qui se gèlent quelquefois jusqu'au verglas, former sur la mer comme un tissu glacé de toile d'araignées (…)
Buffon, Additions aux preuves sur la théorie de la Terre, Mers et lacs, III.
2 (…) la pelisse est une arme contre le froid, qu'ils (les Russes) savent si bien manier qu'avec elle ils se rient de temps à geler le mercure.
Th. Gautier, Voyage en Russie, p. 98.
Par anal. Coaguler (se), figer. Par exagér. || Froid (2. Froid, cit. 4) qui gèle le sang.
3 (…) au bruit que la toile fit à mon oreille en se levant, mon sang se gela dans mes veines. On eut beau me faire respirer des liqueurs, je ne revenais point.
Marmontel, Mémoires, III.
(Mil. XVIIIe, Buffon). Par ext. Durcir par le froid; atteindre (le sol) par le gel. || L'hiver sibérien gèle profondément le sol.Le froid gèle les draps mouillés.(1600). Pron. :
4 Leurs habits mouillés se gèlent sur eux.
Ph. P. Ségur, Hist. de Napoléon, IX, II, in Littré.
2 (1578, Ronsard). Désorganiser par un froid excessif (des tissus vivants animaux ou végétaux). || Le froid gèle surtout les extrémités du corps. || Geler le nez et les oreilles (→ Enrager, cit. 14). || Les nuits printanières trop froides gèlent les bourgeons. Griller.
5 Faunes qui habitez ma terre paternelle (…)
Favorisez la plante et lui donnez secours,
Que l'été ne la brûle, et l'hiver ne la gelle (gèle).
Ronsard, Sonnets à Hélène, II, VIII.
3 (1694; compl. n. de personne). Faire souffrir du froid. || Il passe sous cette porte un courant d'air qui me gèle.(V. 1660). Pron. || Ne restez pas dehors à vous geler.
4 Abstrait. Compl. n. de personne. Fig. Mettre (qqn) mal à l'aise. Gêner, glacer, paralyser, réfrigérer, refroidir (→ Jeter du froid; donner, faire froid). || Son abord hautain me gèle.Empêcher l'enthousiasme de. || Ce ton sinistre gela l'auditoire.
6 Sonnez pour qu'on mette une bûche au feu; votre idée me gèle.
A. de Musset, Il faut qu'une porte soit ouverte ou fermée.
5 (V. 1930). Abstrait. (Compl. n. de chose). || Geler la production pour ne pas vendre à la baisse. Arrêter, bloquer, suspendre. || Geler un poste, un emploi, le garder vacant, n'y nommer personne. || Geler les crédits. || « Le Conseil national du crédit (…) augmente le taux des réserves qu'ils (les banquiers) doivent “geler” sans intérêts à la Banque de France » (le Point, 16 oct. 1972, p. 74). → ci-dessous Gelé, 5.
Par ext. Interrompre (une activité), immobiliser (qqch.), maintenir le statu quo. || « Geler, pendant une période de cinq ans (…) le nombre de missiles balistiques intercontinentaux et de fusées sous-marines » (l'Express, 14 mai 1973, p. 193).
———
II V. intr.
1 (1690, Furetière). Se transformer en glace. Congeler (se), figer (se), prendre (se). || L'alcool gèle à −130 °C. || La mer gèle rarement dans les fjords (cit. 1). || Brouillard qui gèle en tombant. Frimas.
7 (…) les huiles ne gèlent pas parfaitement, et (…) au lieu d'augmenter de volume à la gelée, comme l'eau, elles en diminuent lorsqu'elles se figent.
Buffon, Expériences sur les végétaux, 4e mémoire.
8 (…) la mer de Norvège se prit entièrement dans les Fiords, où la violence du ressac l'empêche ordinairement de geler.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 462.
(XXe). Être figé par le gel de l'eau qui imprègne. || Le linge étendu a gelé sur la corde. || Le sol, la terre a gelé, vient de geler.
(1398; le sujet désigne un tissu vivant, une partie d'un organisme). Être endommagé par le froid. || Son nez, ses doigts ont gelé. || Plantes qui gèlent sur pied, sur tige. || Pailler des fraisiers pour les empêcher de geler.
9 Quand les vignes gèlent en mon village, mon prêtre en augmente l'ire de Dieu sur la race humaine (…)
Montaigne, Essais, I, 26.
2 (1572; sujet n. de personne). Souffrir du froid (2. Froid, cit. 10). Grelotter, transir; (fam.) cailler. || Fermez donc la fenêtre, on gèle ici !
10 Il (y) fait presque aussi froid que dans ma chambre, où, près d'un grand feu, je gèle en me rôtissant.
Rousseau, Lettre à M. Lalliaud, in Littré.
11 Vite, mon petit, je gèle. J'ai pris froid dans ce bazar de Neuilly (…)
Colette, Chéri, p. 77.
———
III (V. 1140; avec un sujet impersonnel). || Il a gelé cette nuit. || Il va geler fort. || Il gèle à glace, assez pour que se produise une congélation au moins superficielle des eaux dormantes. — ☑ Loc. (1690, Furetière). Il gèle à pierre(s) fendre (→ 1. De, cit. 84), si fort que les pierres peuvent éclater par la congélation de leur eau d'imbibition.
12 Il fait un froid extrême; notre thermomètre est au dernier degré, notre rivière est prise; il neige, et gèle et regèle en même temps.
Mme de Sévigné, Lettres, 1123, 14 janv. 1689.
Rare. || Geler blanc : faire de la gelée blanche.
13 Depuis quelques jours la température s'était sensiblement refroidie; toutes les nuits il gelait blanc (…)
Th. Gautier, Voyage en Russie, p. 90.
——————
se geler v. pron.
Voir à l'article ci-dessus, sens I.
——————
gelé, ée p. p. adj.
1 (XIIIe). Dont l'eau a gelé. || Rivière gelée. || La Seine est gelée (→ Embâcle, cit.). || Fontaine à demi gelée (→ Barbu, cit. 2).
(Av. 1788). Durci par le froid. || Croûte de neige gelée. || Terre gelée et durcie (→ Espalier, cit. 1).Allus. littér. || L'épisode des « paroles gelées », dans le Quart Livre de Rabelais.
14 Le piétinement des durs sabots résonnait sur la terre gelée (…)
M. Genevoix, la Dernière Harde, I, II.
15 Les bêtes s'arrêtaient en plein soleil avec leurs poils tout salés de neige gelée, dure comme une poussière de granit (…)
J. Giono, le Chant du monde, II, I.
2 (1690, Furetière; en parlant des tissus vivants animaux ou végétaux). Désorganisé par le froid. || Soldats russes à demi gelés (→ Environnant, cit. 1). || Vipères si engourdies de froid qu'elles semblent gelées (→ Amortir, cit. 1). || Des blés gelés.
16 (…) un serpent sur la neige étendu,
Transi, gelé, perclus (…)
La Fontaine, Fables, VI, 13.
17 Or ces pensées mortes depuis des millénaires
Avaient le fade goût des grands mammouths gelés (…)
Apollinaire, Alcools, « Palais ».
3 (V. 1560, Paré; personnes, parties du corps). Très froid.Être gelé (jusqu'aux moelles, jusqu'aux os) : avoir très froid. Transi (→ Embrumer, cit. 6). || Avoir les mains gelées, les pieds gelés. Glacé, gourd.
18 Vos petites cheminées de Paris, où l'on se rôtit les jambes pour avoir le dos gelé, ne valent pas nos poêles.
Voltaire, Correspondance, 1051, 18 janv. 1752.
19 — Voulez-vous boire un verre ? demanda Kraus en souriant. — Oui, un grog bien chaud. J'ai les pieds gelés.
P. Mac Orlan, Quai des brumes, V.
20 (…) deux petites pièces de grenier, dites inhabitables, gelées l'hiver, cuisantes l'été (…)
Henri Mondor, Pasteur, IV.
Figuré :
21 La pauvre belle Madelonne est si pénétrée de ce grand froid, qu'elle m'a priée de vous faire ses excuses (…) Sa poitrine, son encre, sa plume, ses pensées, tout est gelé; elle vous assure que son cœur ne l'est pas (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 709, 18 déc. 1678.
22 (…) mais les sentiments sont comme les graines, ils peuvent être gelés très longtemps et renaître (…)
A. Maurois, À la recherche de Marcel Proust, V, III.
4 (1678, Mme de Sévigné). Fig. || Un accueil gelé. Froid, glacé, glacial. || Un auditoire gelé. — ☑ Loc. (1611). Fam. et vx. Avoir le bec gelé : se taire. || N'avoir pas le bec gelé : être très bavard. || Avoir l'esprit gelé. Engourdi.
5 (V. 1930 [→ ci-dessus I., 5.]; de l'angl.). Écon. || Crédits gelés, immobilisés dans des investissements, donc indisponibles (cf. l'angl. frozen credits, expression qui fut d'abord appliquée après la guerre de 1914-1918 aux crédits consentis aux Allemands par les banques anglaises et américaines).
23 L'Allemagne et les États-Unis de l'Europe centrale manquaient de capitaux; mais dans le premier de ces pays, des milliards de marks empruntés à court terme étaient restés immobilisés, gelés dans des investissements de longue durée; la situation des banques anglaises et américaines qui s'en trouvaient privées en fut affaiblie et le crédit se déroba.
Reboud et Guitton, Précis d'économie politique, t. II, p. 712.
24 Il y avait une grande différence entre les cours des « marks gelés » alloués aux touristes et celui des marks ordinaires, dont l'exportation était interdite.
S. de Beauvoir, la Force de l'âge, p. 189.
CONTR. Bouillir, dégeler, fondre, liquéfier, réchauffer. — (Du p. p.) Brûlant, chaud. — (Du p. p., 4.) Ardent, chaleureux, vif.
DÉR. Gelant, gélation, geleur, gélif, gelure.
COMP. Congeler, dégeler, engelure, regeler, surgeler.
HOM. V. Gelée.

Encyclopédie Universelle. 2012.