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haleine

haleine [ alɛn ] n. f.
aleine 1080; a. fr. alener, lat. anhelare; h du lat. halare « souffler »
1Mélange gazeux qui sort des poumons pendant l'expiration et s'exhale par la bouche et le nez. Tiédeur de l'haleine. Haleine fraîche, parfumée. « Le parfum de ta douce haleine » (Hugo). Son haleine sent l'ail, le tabac, l'alcool. Haleine forte, fétide. Avoir bonne, mauvaise haleine (cf. pop. Refouler du goulot). Par ext. Littér. L'haleine glaciale de la crevasse. « L'haleine des abattoirs » (Duhamel). bouffée, effluve, émanation.
2L'expiration, et par ext. La respiration (inspiration et expiration). souffle. Respirer d'une haleine égale. « j'écoutais sans le vouloir, retenant mon haleine » (Duhamel).
Loc. Perdre haleine : ne plus pouvoir respirer à la suite d'un effort trop soutenu. ⇒ s'essouffler. « N'allons pas perdre haleine À tant courir » (Verlaine). Loc. adv. À PERDRE HALEINE : au point de ne plus pouvoir respirer; fig. sans s'arrêter. Courir à perdre haleine. Tenir des discours à perdre haleine, à perte d'haleine. longuement. Être hors d'haleine, à bout de souffle. ⇒ essoufflé, haletant. Reprendre haleine : s'arrêter, se reposer pour reprendre sa respiration, des forces après un effort. ⇒ respirer, souffler. Laissez-nous reprendre haleine.
3Temps pendant lequel on peut rester sans respirer, intervalle entre deux inspirations. « Haletant, palpitant, l'haleine courte » (Barbey). Fig. Travail de longue haleine, qui exige beaucoup de temps et d'efforts.
Littér. D'une (seule) haleine : sans s'arrêter pour respirer (cf. D'un trait, d'une traite). Dire une tirade d'une haleine. « Je filai d'une seule haleine jusqu'au boulevard » (Duhamel).
Cour. Tenir qqn en haleine, maintenir son attention en éveil; maintenir dans un état d'incertitude, d'attente ( 2. suspense) . « La curiosité me tenait en haleine » (Rousseau).
⊗ HOM. Alène, allène.

haleine nom féminin (ancien français alener, respirer, du latin populaire alenare, du latin classique anhelare, avec l'influence de halare, souffler) Air que renvoient les poumons pendant l'expiration et qui s'échappe par la bouche et le nez : Une haleine qui sent le tabac. Souffle, mouvement, rythme de la respiration : Haleine régulière d'un dormeur.haleine (expressions) nom féminin (ancien français alener, respirer, du latin populaire alenare, du latin classique anhelare, avec l'influence de halare, souffler) À perdre haleine, au point d'être essoufflé. Avoir mauvaise haleine, sentir mauvais de la bouche. De longue haleine, qui exige un effort prolongé et soutenu : Un programme de longue haleine. Vieux. D'une (seule) haleine, sans s'arrêter pour reprendre son souffle ou pour se reposer. (Être) hors d'haleine, être très essoufflé après un effort. Haleine courte, respiration rapide, fréquente, difficile. Reprendre haleine, interrompre un effort, un travail, une action, pour reprendre son souffle ou pour se reposer. Tenir en haleine, maintenir en éveil l'attention, la curiosité, l'inquiétude, etc. ● haleine (homonymes) nom féminin (ancien français alener, respirer, du latin populaire alenare, du latin classique anhelare, avec l'influence de halare, souffler) alêne nom féminin allène nom masculinhaleine (synonymes) nom féminin (ancien français alener, respirer, du latin populaire alenare, du latin classique anhelare, avec l'influence de halare, souffler) Souffle, mouvement, rythme de la respiration
Synonymes :
- respiration

haleine
n. f.
d1./d Air qui sort des poumons pendant l'expiration. Avoir l'haleine forte: avoir une haleine d'odeur désagréable.
|| Fig., poét. L'haleine des fleurs, du zéphir.
d2./d Faculté de respirer, souffle. être hors d'haleine, très essoufflé.
|| Loc. adv. à perdre haleine. Courir à perdre haleine. Discourir à perdre haleine.
d3./d Temps écoulé entre deux inspirations.
|| Fig. Ouvrage de longue haleine, qui demande beaucoup de temps et d'efforts.
|| Litt. D'une haleine, tout d'une haleine: sans interruption.
|| Cour., fig. Tenir qqn en haleine, le laisser dans un état d'incertitude mêlé d'espérance et de crainte; l'intéresser si bien qu'il ne relâche pas son attention.

⇒HALEINE, subst. fém.
A. — 1. Air (souvent odorant) qui sort des poumons au moment de l'expiration. On les a vus tous deux qui revenaient du bois (...) L'un sur l'autre penchés et mêlant leurs haleines (A. FRANCE, Poésies, Idylles et lég., 1896, p. 102). Il sentit son haleine de pommes de terre frites (MONTHERL., Célibataires, 1934, p. 847) :
1. Des cerfs emplissaient un vallon (...) et tassés, les uns près des autres, ils se réchauffaient avec leurs haleines que l'on voyait fumer dans le brouillard.
FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p. 95.
SYNT. Avoir bonne, mauvaise haleine; avoir l'haleine âcre, chaude, douce, fétide, fraîche, forte, maladive, parfumée, pestilentielle; haleine qui sent l'ail, le tabac, le vin.
2. Littér., p. anal. Substance impalpable (air, fumée, vapeur) qui s'exhale comme un souffle. La moindre haleine de vent d'été balance tout ce rideau mobile [des arbres] et fait sortir (...) des volées d'oiseaux (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 395). Une bonne haleine chaude nous accueille en entrant dans la cuisine (DORGELÈS, Croix de bois, 1919, p. 117).
En partic. Odeur qui s'exhale (d'un corps). L'haleine de foin de la grange ouverte (RENARD, Journal, 1901, p. 682). Loin derrière cet arome fade, une haleine d'épices chassée par le vent du sud montait des régions basses au long du canal et arrivait par bouffées sucrées (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 347).
B. — 1. P. méton. L'expiration elle-même et p. ext. la respiration. Synon. souffle. Avoir l'haleine coupée. L'haleine haletante Du bœuf qui rentre le soir (HUGO, Chans. rues et bois, 1865, p. 82) :
2. J'entendis une de ses respirations plus forte et plus prolongée que les autres s'écouler lentement de ses lèvres, comme si sa poitrine oppressée par un poids invisible eût rendu dans une seule haleine toute l'aspiration d'une longue vie.
LAMART., Raphaël, 1849, p. 178.
a) Loc. adj.
Hors d'haleine. Qui a de la peine à reprendre son souffle. À l'instant même, tremblante, hors d'haleine, elle tombe à genoux (...) sans articuler un seul mot (GENLIS, Chev. cygne, t. 3, 1795, p. 41).
Sans haleine (vx). (Ds Ac. 1835, 1878 et LITTRÉ; cf. infra loc. verb.).
b) Loc. adv. À perte d'haleine (vieilli), à perdre haleine. Jusqu'à l'essoufflement. Nous avons politiqué à perte d'haleine (COURIER, Lettres Fr. et Ital., 1815, p. 871). Une de mes joies (...) était de m'esquiver vite après le déjeuner et de courir d'un trait, à perdre haleine, à travers le parc (LORRAIN, Sens. et souv., 1895, p. 13).
Faire des discours, tenir des discours à perte d'haleine. ,,Faire des discours vains et vagues, et d'une longueur importune`` (Ac. 1835-1932).
c) Loc. verb.
) [L'idée est celle de cesser de respirer]
Être sans haleine (vx). Être sans forces, sur le point de s'évanouir. (Ds Ac. 1835, 1878, ROB. 1970, Lar. Lang. fr.).
Perdre l'haleine et la vie (vx). Mourir (Ds Lar. Lang. fr.).
Retenir son haleine. S'arrêter de respirer (pour mieux écouter ou ne pas faire le moindre bruit). Était-ce un domestique? Était-ce Rocambole lui-même? (...) Venture n'en demeura pas moins immobile, retenant son haleine et serrant le manche de son poignard (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 5, 1859, p. 269).
) [L'idée est celle de reprendre sa respiration]
,,Donner l'haleine à son cheval`` (Ac. 1835-1932). ,,Le mener quelque temps au pas après l'avoir mené au galop`` (Ac. 1835-1932).
Prendre haleine (vieilli), reprendre haleine. Reprendre sa respiration après un effort. Il s'était recouché comme pour prendre haleine; je l'entendais respirer avec peine (KRÜDENER, Valérie, 1803, p. 242).
P. ext. Prendre un peu de répit, de repos. Le roi [Philippe IV, par Vélasquez], vêtu de brun, son fusil d'une main, son bonnet de l'autre (...) semble se reposer des fatigues de la chasse et reprendre haleine (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 113). Pour bien faire, il aurait fallu, le 18 juin, sans reprendre haleine, marcher sur Paris (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 451).
Au fig. Retrouver sa tranquillité. Messieurs [dit Madeleine à ses soupirants], (...) pour cause de désenchantement, je désire demeurer quelque temps libre de ma personne, afin de reprendre haleine (FEUILLET, Scènes et prov., 1851, p. 128).
2. Vieilli. Temps pendant lequel on peut rester sans respirer. Synon. souffle. Il faut qu'un plongeur, qu'un coureur ait beaucoup d'haleine (Ac. 1835-1932). Cet orateur, ce lecteur a beaucoup d'haleine (Ac. 1835-1932). Ce cheval a beaucoup d'haleine. Il n'a point d'haleine (Ac. 1835-1932).
a) Locutions
Loc. adv., littér. D'une haleine. Sans s'arrêter pour reprendre sa respiration. Bernard avait débité tout cela presque d'une haleine. Une flamme extraordinaire animait son discours et ses traits (GIDE, Faux-monn., 1925, p. 103).
Au fig. Sans interruption. Accomplir un travail d'une haleine. Se jetant à son bureau, il écrivit d'une haleine une cinquantaine de lignes (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 375).
Loc. verb. Être court d'haleine, avoir l'haleine courte. Respirer fréquemment et de manière saccadée. Alors, tout en haut, les jambes cassées, l'haleine courte, elle eut la curiosité de se pencher au-dessus de la rampe (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 423). On entendit souffler M. Pétrarque Lescaa, qui était court d'haleine (TOULET, J. fille verte, 1918, p. 291).
b) Au fig., littér. Capacité physique ou intellectuelle à soutenir un effort intense ou prolongé. Ne t'attaque jamais à une grosse affaire. Tu manques d'haleine (RENARD, Écorn., 1892, p. 170).
) Loc. adj.
[En parlant d'une pers.] À courte haleine, court d'haleine. Qui manque de génie et d'abondance. Le commun est le défaut des poëtes à courte vue et à courte haleine (HUGO, Cromw., 1827, p. 30).
P. méton. [En parlant d'une entreprise] De longue haleine. Qui demande de la persévérance dans le temps et l'effort. Anton. de courte haleine. Affaire de longue haleine. [Michel-Ange] a fait des pièces de courte haleine, comme il convient à un homme qui a autre chose à faire que de méditer longuement sur des rimes (DELACROIX, Journal, 1860, p. 253). Gilbert lui annonça qu'il allait entreprendre un travail de longue haleine. C'était une biographie de Robespierre, qu'un éditeur (...) lui avait demandée (ARLAND, Ordre, 1929, p. 330).
) Loc. verb.
Être en haleine (vieilli). Être en train de faire quelque chose. Il faut achever cette besogne tandis que les ouvriers sont encore en haleine (Ac. 1835-1932). Être en disposition de faire quelque chose. Je ne suis pas en haleine aujourd'hui; je ne me sens pas en haleine, il m'est impossible d'écrire une seule ligne, de faire un seul vers (Ac. 1835, 1878).
Mettre, tenir qqn en haleine (vieilli). Mettre, tenir quelqu'un en bonne forme, pour fournir un effort prolongé, stimuler quelqu'un. Tenir les soldats en haleine (Ac. 1835-1932). Ce qui mettrait un autre hors de combat ne fait que le mettre, lui [J. Janin], plus en train et en haleine (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 5, 1851, p. 23).
Tenir (qqn) en haleine. Tenir l'attention de quelqu'un en éveil, tout en le maintenant dans un état d'incertitude et d'attente sur la suite des événements. Avec cette idylle bourgeoise, les auteurs vous tiennent en haleine pendant plus de trois cents pages (A. DAUDET, Crit. dram., 1897, p. 77).
Se sentir d'haleine à. Se sentir en bonne condition physique ou intellectuelle pour (accomplir un effort prolongé). Justement, ce soir-là d'Argenton est bien en veine; il se sent d'haleine à dicter toute la nuit (A. DAUDET, Jack, t. 2, 1876, p. 127).
Prononc. et Orth. : []. Att. ds Ac. dep. 1694. Homon. alène. Étymol. et Hist. Ca 1100 lunge aleine « souffle »; (ici, en parlant du cor du Roland) (Roland, éd. J. Bédier, 1789); début XIIIe s. « souffle du vent » (GUIOT DE DIJON, Chansons, éd. E. Nissen, I, 39); 1556 haleine (R. BELLEAU, Odes d'Anacreon, (I, 20) ds HUG.); 1595 « capacité de soutenir un effort intellectuel ou créateur » (MONTAIGNE, Essais, éd. A. Thibaudet, I, XXI, p. 134). Déverbal de l'a. fr. alener, halener; cf. le lat. médiév. anela (anhela, ca 640, La vie de St Colomban par JONAS ds Mon. Germ. hist., Script. rer. merov., IV, 120, L. 13 ds THOMAS Essais, p. 365), alena (aliena, Xe s. ds CGL t. 3, p. 597, 38). Fréq. abs. littér. : 2 389. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 3 209, b) 5 017; XXe s. : a) 3 958, b) 2 352. Bbg. THOMAS (A.) Nouv. Essais 1904, p. 276, 365.

haleine [alɛn] n. f.
ÉTYM. V. 1360; aleine, 1080; déverbal de l'anc. franç. alener, lat. anhelare par métathèse de n et l, écrit avec un h initial par réfection du lat. halare « souffler ».
———
I
1 (1080). Mélange gazeux qui sort des poumons pendant l'expiration. || L'haleine d'une personne, d'une bête (→ Fouir, cit. 3). || Tiédeur de l'haleine. || Des haleines qui font de la buée par temps froid (→ Amortir, cit. 11). || Miroir qui se trouble sous une haleine (→ Candide, cit. 4). || Odeur de l'haleine. || Haleine inodore, fraîche, parfumée, embaumée (→ Fleur, cit. 19; fleurant, cit.). || La douceur de son haleine (→ Fraîcheur, cit. 11). || Haleine qui garde l'odeur d'un aliment (→ Foule, cit. 7), qui sent l'ail, le tabac, l'alcool. || Haleine vineuse (→ Chancelant, cit. 1). || Sentir l'haleine de qqn. || Il a fumé et bu, je l'ai senti à son haleine. || Haleine forte, fétide, causée par le mauvais fonctionnement des organes en communication avec la bouche.Avoir mauvaise haleine : sentir mauvais de la bouche. || Le diabète, la fièvre typhoïde… communiquent à l'haleine une odeur spéciale parfois révélatrice.
1 D'abord avec son haleine
Il se réchauffe les doigts (…)
La Fontaine, Fables, V, 7.
2 Il a tant bu, que je ne pense pas qu'on puisse durer contre lui, et l'odeur du vin qu'il souffle est montée jusqu'à nous. — Monsieur mon beau-père, je vous conjure… — Retirez-vous : vous puez le vin à pleine bouche. — Madame, je vous prie… — Fi ! ne m'approchez pas : votre haleine est empestée.
Molière, George Dandin, III, 7.
3 Qu'il m'est doux près de toi d'errer libre d'ennuis,
Quand tu mêles, pensive, à la brise des nuits
Le parfum de ta douce haleine !
Hugo, Odes et Ballades, V, XX.
4 (…) comme au temps froid
La tiède haleine d'une bouche,
La respiration se voit (…)
Th. Gautier, Émaux et Camées, « Fumée ».
5 Édouard fit connaissance avec une haleine agréable qui sentait le gingembre et la bergamote. Il hésita un tiers de seconde entre ces deux parfums et, son odorat de chimiste ne souffrant pas le doute, il prit un second baiser pour éclaircir son jugement. — C'est de la bergamote, murmura-t-il.
G. Duhamel, Salavin, III, I.
2 (1080). L'expiration, et, par ext., la respiration (inspiration et expiration). Respiration, souffle. || Le rythme de l'haleine (→ Étable, cit. 3). || Respirer d'une haleine égale (→ Enfoncer, cit. 33). || Haleine coupée (→ Flageller, cit. 1).
5.1 J'm'en vas continuer la lecture d'hier, comme ayant l'haleine la plus forte.
H. Monnier, Scènes populaires, le Romain chez la portière, t. I, p. 27.
6 Vous, qui me regardez, éloignez-vous de moi, car mon haleine exhale un souffle empoisonné.
Lautréamont, les Chants de Maldoror, I.
7 La couverture avait glissé et elle respirait si doucement que son haleine ne soulevait même pas sa gorge déjà lourde.
Zola, Germinal, I, p. 82.
(Av. 1834). Loc. Retenir son haleine : s'arrêter volontairement de respirer. || Retenir son haleine pour mieux écouter (cit. 11), pour passer inaperçu.
8 Toutes les bouches retenaient leur haleine, comme si elles eussent craint d'ajouter le moindre souffle au vent qui secouait les deux misérables.
Hugo, les Misérables, II, II, III.
9 De ma chambre, j'écoutais sans le vouloir, retenant mon haleine (…)
G. Duhamel, le Temps de la recherche, VII.
(1678). || Perdre l'haleine et la vie. Vx. → Crever (cit. 18). || Être sans haleine (vx), sans force, sur le point de s'évanouir (→ Frisson, cit. 15).Par ext. || Perdre haleine : ne plus pouvoir respirer à la suite d'un effort trop soutenu.
10 Mangeons comme de droit, buvons comme permis,
Mais, sacrebleu ! surtout, n'allons pas perdre haleine
À tant courir (…)
Verlaine, Élégies, VIII.
(Av. 1634). Mod. À perdre haleine; et (vx; 1673) à perte d'haleine, loc. adv. || Courir à perdre haleine. || Rire, chanter à perdre haleine. || Parler, tenir des discours à perdre haleine. Longuement (→ Decrescendo, cit.).
11 Sois gai pour tromper l'ennemi
Et chante à perdre haleine.
Béranger, Faridondaine, in Littré.
(V. 1460). Hors d'haleine. || Être hors d'haleine. Essoufflé, haletant; anhélant (littér.); → À bout de souffle. || Il arriva tout en eau et hors d'haleine. || Cette poursuite l'a mise hors d'haleine.
12 Je me suis, à courir, presque mis hors d'haleine.
Molière, les Fâcheux, II, 3.
13 Quand il fut au haut de l'escalier, il s'arrêta, tant il se sentait hors d'haleine.
Flaubert, Mme Bovary, II, VI.
(XIIIe). Reprendre haleine : reprendre sa respiration après une interruption, respirer à l'aise après un effort. Respirer, souffler (→ Abasourdir, cit. 1; abattre, cit. 19; chœur, cit. 10; demander, cit. 30). || Personne essoufflée (cit. 2) qui reprend haleine après une montée pénible. || Interrompre un discours pour reprendre haleine.Fig. S'arrêter, se reposer pour reprendre des forces. || Travailleur qui reprend haleine (→ Courber, cit. 30). || Combattant qui lutte sans reprendre haleine (→ Débander, cit. 1; forcené, cit. 8). || Laissez-nous reprendre haleine ! || Reprendre haleine avant de fournir (cit. 18) à d'autres projets.
14 La période est longue, il faut reprendre haleine.
La Fontaine, Fables, II, 1.
15 (…) je repris haleine une minute dans l'escalier, juste le temps d'inventer une histoire pour expliquer mon retard.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, III.
Vx. || Prendre haleine (même sens). → Eau, cit. 17; étourdir, cit. 18; fatigue, cit. 12.
3 (1690, Furetière). Temps pendant lequel on peut rester sans respirer, intervalle entre deux inspirations. || Longue haleine; courte haleine. Anhélation, essoufflement. || Cheval court d'haleine, cheval qui a du fond (cit. 60) et de l'haleine. Vx. || Avoir beaucoup d'haleine, de l'haleine. || Manquer d'haleine. || « Il faut qu'un plongeur, qu'un coureur ait beaucoup d'haleine » (Académie). Souffle.
16 J'ai une assez bonne carrure, la poitrine large, mes poumons doivent y jouer à l'aise; cependant j'avais la courte haleine, je me sentais oppressé, je soupirais involontairement, j'avais des palpitations, je crachais du sang (…)
Rousseau, les Confessions, V.
17 Il fallait le voir haletant, palpitant, l'haleine courte (…)
Barbey d'Aurevilly, les Diaboliques, « À un dîner d'athées ».
Littér. Souffle (fig.).Auteur qui a l'haleine courte, qui manque d'haleine, qui n'a ni abondance, ni facilité (→ Conter, cit. 1; efflanquer, cit. 3; essouffler, cit. 6). || Acquéreur qui manque d'haleine dans une vente aux enchères (cit. 3), qui, ne pouvant persévérer, abandonne.
4 Locutions.De longue haleine. a Vx. || Récit de longue haleine, qui dure longtemps (→ Assembler, cit. 17).
b Mod. || Travail de longue haleine, qui exige beaucoup de temps et d'efforts (→ Bâtir, cit. 43; préparation, cit. 1). || C'est œuvre de longue haleine (→ Réorganiser, cit.). || Un dictionnaire est un ouvrage de longue haleine.
18 Une ode, une chanson se peut faire sans peine;
Mais une Franciade, œuvre de longue haleine,
Ne s'accomplit ainsi (…)
Ronsard, Pièces retranchées, Sec. liv. des hymnes.
19 (…) il (Mérimée) l'engageait (Tourguéniev) à tenter d'écrire un grand livre, au lieu de se cantonner dans des nouvelles de courte haleine, et le conseil est remar
quable de la part du conteur ramassé qu'était Mérimée, dont le chef-d'œuvre, la Vénus d'Ille, n'a que trente pages (…)
Émile Henriot, les Romantiques, p. 381.
(V. 1460). D'une haleine (littér.) : sans s'arrêter pour respirer. Trait (d'un). || Boire un bol de café d'une haleine, d'une seule haleine. || Débiter (cit. 16) une phrase d'une haleine.(1677). Fig. Sans pause, sans interruption. || Parcours fourni d'une seule haleine, sans étape (cit. 6). || Livre écrit d'une haleine. Jet (d'un seul jet). → Distance, cit. 7. — Vieilli. || Tout d'une haleine : sans respirer.
20 (…) je n'écris point mes lettres tout d'une haleine (…)
Mme de Sévigné, 617, 23 juin 1677.
21 (…) ils (…) boivent tout d'une haleine une grande tasse de vin pur (…)
La Bruyère, les Caractères de Théophraste, De la rusticité.
22 Quatre à quatre, il dégringole l'escalier séculaire de l'Académie et s'en va d'une haleine retenir sa place pour Sarlande.
Alphonse Daudet, le Petit Chose, I, IV.
Littér. || D'une seule haleine (même sens).
23 Puis je sortis sans bruit, et filai d'une seule haleine jusqu'au boulevard de l'Hôpital.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, III, V.
(1456). Fig. Loc. adv. En haleine : en exercice, en train (proprement : dans un état tel qu'on ne soit pas obligé de s'arrêter pour reprendre haleine). Forme (en), train (en).Vieilli. || Sportif qui se met en haleine par un entraînement quotidien. || Travail qui met en train et en haleine (→ Élément, cit. 18). || Reprendre les échecs pour se remettre en haleine (→ Cran, cit. 2). || « Il fait quelques vers par-ci par-là, pour se tenir en haleine » (Académie).
24 Depuis plus d'une semaine,
Je n'ai trouvé personne à qui rompre les os;
La vertu de mon bras se perd dans le repos,
Et je cherche quelque dos,
Pour me remettre en haleine.
Molière, Amphitryon, I, 2.
25 (…) il s'amuse évidemment de ce qu'il écrit : c'est le moyen le plus sûr de réussir, de rester toujours en veine et en haleine.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 13 mai 1850, t. II, p. 104.
(1580, Montaigne). Mod., cour. Tenir qqn en haleine, maintenir son attention en éveil, empêcher qu'elle ne se relâche, et, plus spécialt, maintenir dans un état d'incertitude, d'attente. || L'espérance (cit. 19) tient les hommes en haleine. || Il ne lui fit pas de promesse formelle pour mieux la tenir en haleine.
26 Plus je parcourais cet agréable asile, plus je sentais augmenter la sensation délicieuse que j'avais éprouvée en y entrant : cependant la curiosité me tenait en haleine.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, IV, Lettre XI.
27 Il n'y avait aucune punition dans la maison; la lecture des notes et les réflexions du supérieur étaient l'unique sanction qui tenaient tout en haleine et en éveil.
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, III.
28 (…) de menus événements qui pouvaient sembler fortuits mais qui, tous, tinrent Patrice Périot en haleine et aggravèrent son inquiétude.
G. Duhamel, le Voyage de P. Périot, VIII.
———
II (Fin XIIIe).
1 Souffle (du vent). Souffle. || L'haleine de la bise (cit. 7), du vent (→ Foc, cit. 1). || Un calme (cit. 1) sans haleine. || Les premières haleines du printemps. Brise.
29 (…) on n'entendait plus que le gazouillement des oiseaux, ou la douce haleine des zéphyrs qui se jouaient dans les rameaux des arbres (…)
Fénelon, Télémaque, II.
30 (…) ces grandes haleines du large qu'on respire sur les côtes de la mer.
Maupassant, Bel-Ami, I, VI.
31 À mesure que montait le soleil, dans l'air limpide, une brise soufflait par grandes haleines régulières, creusant les champs d'une houle, qui partait de l'horizon, se prolongeait, allait mourir à l'autre bout.
Zola, la Terre, III, I.
2 Fumée qui s'échappe. || L'haleine d'une machine à vapeur (→ Fumée, cit. 8).
32 (La locomotive) perdait sa vapeur, par les robinets arrachés, les tuyaux crevés, en des souffles qui grondaient, pareils à des râles furieux de géante. Une haleine blanche en sortait, inépuisable, roulant d'épais tourbillons au ras du sol (…)
Zola, la Bête humaine, X, p. 329.
33 La fumée, c'est l'haleine bleue de la maison.
J. Renard, Journal, 20 août 1902.
3 (1690, Furetière). Odeur qui se dégage. Effluve, émanation, odeur, parfum. || L'haleine des jardins (→ Bouffée, cit. 3).
34 La misère des villes a partout la même haleine de fricot et de latrines.
F. Mauriac, la Pharisienne, XI.
35 La soupe aux choux du concierge, l'haleine des lieux d'aisances (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. II, XI, p. 108.
36 L'haleine des abattoirs reflue vers le cœur de la ville et, mêlée obstinément à l'air, aux êtres, aux pensées semble l'odeur naturelle et secrète du luxe américain.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, VIII.
DÉR. Halenée.
HOM. Alêne, allène.

Encyclopédie Universelle. 2012.