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habituer

habituer [ abitɥe ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1320; lat. médiév. habituare, de habitus « manière d'être »
HABITUER À.
1Rendre familier, par l'habitude. Habituer un enfant au froid, à la fatigue. accoutumer, endurcir; entraîner.
2Faire acquérir une façon d'agir, une aptitude à... apprendre, éduquer, façonner, former. Personne ne les a habitués à la politesse. Il faut l'habituer à prendre ses responsabilités. Habituer un animal à venir manger dans la main. dresser.
3 ♦ S'HABITUER À v. pron. Prendre l'habitude de. s'accoutumer. Les yeux s'habituent à l'obscurité. À la longue on s'habitue à cette température, à ce climat. s'acclimater, s'adapter, se faire; s'endurcir. S'habituer à l'idée de la mort. se familiariser.
Prendre l'habitude, la pratique de qqch. en s'y exerçant. S'habituer à parler, à improviser devant un auditoire. s'entraîner, s'exercer.
4(Pass.) ÊTRE HABITUÉ À : avoir l'habitude de. Ils sont habitués au bruit, à entendre du bruit. « Phèdre est habituée à ce qu'on ne lui résiste pas » (A. Gide).
⊗ CONTR. Désaccoutumer, déshabituer.

habituer verbe transitif (bas latin habituari, du latin classique habitus, manière d'être) Faire prendre à quelqu'un l'habitude d'accomplir telle ou telle action : Habituer les enfants à être responsables, à la tolérance.habituer (difficultés) verbe transitif (bas latin habituari, du latin classique habitus, manière d'être) Construction Habituer, être habitué à ce que (+ subjonctif) : il faudra que je m'habitue à ce que vous partiez plus tôt ; je suis habitué à ce qu'elle vienne le matin. ● habituer (synonymes) verbe transitif (bas latin habituari, du latin classique habitus, manière d'être) Faire prendre à quelqu'un l'habitude d'accomplir telle ou telle action
Synonymes :
- entraîner
- façonner
Contraires :
- désaccoutumer
- déshabituer

habituer
v. tr.
d1./d Entraîner, endurcir. Habituer le corps à la fatigue.
d2./d Accoutumer. Habituer un enfant à dire la vérité.
d3./d v. Pron. S'accoutumer. Il s'habitue à son nouvel emploi. S'habituer à travailler méthodiquement.

⇒HABITUER, verbe trans.
A. — Habituer (qqn ou qqc.) à. Faire prendre (à quelqu'un ou à quelque chose) l'habitude (v. ce mot II) de. Synon. accoutumer. Glaucon, qui lui disait [à Platon] que l'astronomie habituait notre esprit à regarder en haut et le tournait vers le ciel (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 870). L'air est indispensable aux plantes; il est bon de les habituer progressivement à l'air et à la lumière (GRESSENT, Potager mod., 1863, p. 727). L'histoire de la littérature nous a habitués à des recherches de ce genre (LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. ét. hist., 1898, p. 235). Nous les habituons [les patients] à réfléchir sans préjugés aux faits sexuels comme à tous les autres faits (FREUD, Introd. psychanal., 1959, p. 464) :
1. ... on a bien tort, dans certains milieux, de juger de haut les écrivains qui sont du monde. La fréquentation du monde habitue un monsieur célèbre à ne pas se faire précéder de son génie ainsi qu'une bannière.
MAURIAC, Journal 2, 1937, p. 183.
[Sans compl. dir.] On me dira que les mathématiques rendent particulièrement appliqué; mais elles n'habituent pas à rassembler, apprécier, concentrer (STAËL, Allemagne, t. 1, 1810, p. 254).
B. — Emploi pronom. S'habituer à
1. Prendre l'habitude (v. ce mot II) de. Il faut que nos amis s'habituent peu à peu à nous inviter comme un couple (GIRAUDOUX, Simon, 1926, p. 179) :
2. ... tout en riant, je sentais de grosses larmes couler sur mes joues. Je ne pouvais m'habituer à la voir irritée et malheureuse dans ces moments où j'allais lui porter tout mon cœur...
SAND, Hist. vie, t. 4, 1855, p. 412.
2. S'adapter par une pratique régulière, une expérience ou une présence fréquente à. S'habituer à tout Comment aimez-vous le Canada? — C'est un beau pays, neuf, vaste... Il y a bien des mouches en été et les hivers sont pénibles; mais je suppose que l'on s'y habitue à la longue (HÉMON, M. Chapdelaine, 1916, p. 164). J'appris que les sapins s'habituaient au soleil dans nos contrées (PESQUIDOUX, Livre raison, 1928, p. 28). Nous luttons mal contre le bruit des grandes villes (...). Nous ne nous habituons pas non plus au manque de sommeil (CARREL, L'Homme, 1935, p. 257) :
3. ... quand ensuite le feu se déclarait au milieu des gémissements et des pleurs, c'était un spectacle auquel je n'ai jamais pu m'habituer, quoiqu'on dise que l'habitude fait tout.
ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 2, 1870, p. 113.
Rem. La plupart des dict. gén., excepté Ac. 1835-1935, attestent comme vx un sens partic. de l'emploi pronom. « s'établir dans un lieu d'une manière durable ». Ceux qui allèrent s'habituer au Canada furent, en grande partie, des Normands (LITTRÉ).
Prononc. et Orth. : [abitpe], (il) habitue [abity]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1330 abituer « habiller » (H. Capet, 104 ds T.-L.); 2. 1370-72 part. passé adj. habitué « accoutumé » (ORESME, Ethiques, éd. A. D. Menut, livre III, chap. 20, note 5); 1549 (s')habituer (EST.); 1778 part. passé subst. « personne qui va habituellement dans un lieu » (Nouveau Spectateur, 1er janv. — n° XIX, p. 105 ds PROSCHWITZ Beaumarchais); 3. 1475 (soy) habituer « s'établir » (Ordonnance de Louis XI, t. 18, p. 124 et 125); spéc. 1477 part. passé subst. « ecclésiastique attaché au service d'une paroisse sans y avoir charge ou dignité » (ibid. p. 287). Empr. au b. lat. habituari « avoir telle manière d'être; être pourvu », lat. médiév. habituare « accoutumer » (ca 1290 ds LATHAM), dér. de habitus, v. habitus. Fréq. abs. littér. : 902. Fréq. rel. littér. : XIXe s. a) 931, b) 1 467; XXe s. : a) 1 392, b)1 416.

habituer [abitɥe] v. tr.
ÉTYM. 1549, trans. et pron.; au p. p., 1361; abituer « habiller », v. 1320; bas lat. habituari, du lat. class. habitus « manière d'être ». → Habitus; habitude.
1 Habituer qqn à (qqch.) : rendre familier, par l'habitude. Accoutumer. || Habituer un enfant, une recrue au froid, à la fatigue. Endurcir; entraîner. || Les gens de ce pays sont habitués à l'altitude.
2 Habituer qqn à (qqch., faire qqch.) : faire acquérir une façon d'agir, une aptitude à… Dresser, éduquer, façonner, former. || Ils sont mal élevés, personne ne les a habitués à la politesse. Initier. || Il faut l'habituer à prendre ses responsabilités. || On l'avait habitué à considérer cela comme une faute (→ Assonance, cit. 2). || Cette lutte constante l'a habitué à l'énergie (→ Carcasse, cit. 6). || Habituer un animal à venir manger dans la main.
1 C'était en vain que Mme Londe faisait mettre à la petite fille des effets des plus seyants, lui peignait les cheveux (…), l'habituait à sourire gentiment (…)
J. Green, Léviathan, II, IV, p. 173.
2 Les mois qui venaient de passer (…) les avaient habitués à compter de moins en moins sur une fin prochaine de l'épidémie.
Camus, la Peste, p. 289.
3 Vx. || Habituer qqn de… (A. Chénier, in Littré).
——————
s'habituer (à) v. pron.
1 (1475). Vx. S'établir, s'installer en un lieu. || « Ceux qui allèrent s'habituer au Canada furent, en grande partie, des Normands » (Littré).
3 (…) je me suis habitué ici, où, sous le nom d'Anselme, j'ai voulu m'éloigner les chagrins de cet autre nom qui m'a causé tant de traverses.
Molière, l'Avare, V, 5.
2 (1549). Prendre l'habitude (1., 3.) de; s'accoutumer (cit. 17) à, se familiariser avec. || Les yeux s'habituent à l'obscurité (→ Étoile, cit. 9), à voir de nouvelles formes architecturales (→ Gable, cit.). || L'oreille s'habitue au bruit (→ Canon, cit. 5). || À la longue on s'habitue à cette température, à ce climat. Acclimater (s'), accommoder (s'… de), adapter (s'), faire (se faire). || Je ne pouvais m'habituer au ciel de Paris (→ Brûler, cit. 40). || S'habituer à l'effort physique, au travail, au manque de sommeil (→ Excitant, cit. 9). || S'habituer à la discipline. Plier (se). || S'habituer à l'idée de la mort. Familiariser (se). || Je ne peux pas m'habituer à ce voisinage, à cette nouvelle vie.
4 Quand on s'est habitué à une vie de distractions, on éprouve toujours une sensation mélancolique en rentrant en soi-même, dût-on s'y trouver bien.
Mme de Staël, Corinne, XV, 3.
5 On finit par s'habituer
A la trahison de la femme (…)
Verlaine, Épigrammes, XII, I.
6 Les yeux s'étaient habitués à la nuit, on y voyait comme on voit en rêve, et on distinguait parfois, sortant des fourrés pour aussitôt s'évanouir, d'imprécises bêtes rôdeuses au pas de velours.
Loti, l'Inde (sans les Anglais), p. 17.
7 Il s'habitue, et quand on s'habitue à une chose elle finit par n'être plus drôle du tout.
J. Renard, Poil de Carotte, p. 27.
8 Quel dommage (disait-il), qu'il faille renoncer à la vie. Depuis le temps, je commençais à m'y habituer.
Ch. Péguy, Note conjointe…, p. 115.
9 Les premières douleurs sont les pires. Peut-être parce qu'on ne s'est pas encore habitué à l'injustice de la vie. Elles détruisent en nous cette jeune idole que chacun de nos proches s'était complu à créer.
Edmond Jaloux, le Dernier jour de la création, III, p. 37.
10 Cette fois je vous demande de me répondre, afin que je puisse donner libre cours à ma tendresse et si votre cœur répond au mien m'habituer à mon bonheur.
Montherlant, les Jeunes Filles, p. 11.
3 (1549). Prendre l'habitude (4.), la pratique de quelque chose en s'y exerçant, en s'y appliquant. || Il s'habitue à travailler régulièrement, à penser clairement. || L'esprit s'habitue à trouver la rime (→ Évertuer, cit. 1).S'habituer à partager, à tout mettre en commun (→ Équipe, cit. 5). || S'habituer à parler, à improviser devant un auditoire.
11 Mais, en attendant, elle fera bien d'apprendre un état et de s'habituer à servir les autres.
G. Sand, la Mare au diable, V, p. 44.
(Passif). || Être habitué à : avoir l'habitude (3.) de. || Nous sommes habitués au bruit, nous y sommes habitués. || Les enfants ne sont pas habitués à rester seuls.
——————
habitué, ée p. p. adj.
1 (1361). Qui a acquis l'habitude de. || Habitué au travail, à l'obéissance. || Homme habitué aux manœuvres louches (→ Coup, cit. 48). || Esprit (cit. 113) habitué à la confusion. || Habitué à certains visages, à certains spectacles (→ Accidenté, cit. 1; glissant, cit. 10). || Yeux habitués à un faible (cit. 26) éclairage.Habitué à porter des habits convenables (→ Endimanchement, cit. 1), à marcher en file (cit. 10). || Les politiciens, habitués qu'ils sont à frapper l'esprit du public (→ Bout, cit. 39). || Habitué à travailler seul (→ Gêner, cit. 19). || Habitué à remuer ses souvenirs (→ Fébrile, cit. 1).Habitué à ce que… (→ Grandiloquence, cit. 1).
2 Vx ou hist. || Prêtre habitué et, n. m. (1477), un habitué : ecclésiastique qui, tout en n'ayant ni charge ni dignité dans une église, est associé aux fonctions du prêtre en titre.
12 Le Parlement eut alors liberté tout entière d'instrumenter cntre les habitués, vicaires, curés, porte-Dieu, qui refusaient d'administrer les mourants.
Voltaire, Hist. du Parlement de Paris, LXVI.
3 (1778, in D. D. L.). N. || Un habitué, une habituée. Mod. Personne qui fréquente de façon régulière un lieu. Assidu (de qqch.). || Les habitués des courses (→ Endosser, cit. 4; gagner, cit. 61). || Les habitués du café, du restaurant. Client. || Un habitué de la maison. Familier. || Une clientèle d'habitués. || Un petit restaurant d'habitués.
13 Il y avait encore sur la place du Palais-Royal cinq ou six fiacres stationnant pour les habitués des cercles et des maisons de jeu.
Nerval, les Filles du feu, III, p. 268.
14 Les habitués de la maison et les camarades de l'Opéra firent des présents en bijoux, en vaisselle, en sorte que le ménage Colleville fut beaucoup plus riche en superfluités qu'en capitaux.
Balzac, les Petits Bourgeois, Pl., t. VII, p. 87.
15 (…) j'avais retraversé ce qui avait été autrefois pour moi le mystère d'un hôtel inconnu, où quand on arrive, touriste sans protection et sans prestige, chaque habitué qui rentre dans sa chambre, chaque jeune fille qui descend dîner, (…) jettent sur vous un regard où l'on ne lit rien de ce qu'on aurait voulu.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. IX, p. 210.
16 Les clients de ce café, ce sont des habitués que j'ai vus depuis des années revenir aux mêmes places (…)
Aragon, le Paysan de Paris, p. 32.
CONTR. Déclimater, désaccoutumer, dépayser, déshabituer, rouiller.
DÉR. Habituation.

Encyclopédie Universelle. 2012.