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gourmander

gourmander [ gurmɑ̃de ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1372 « dévorer avidement »; « réprimander », sous l'infl. de gourmer ( gourmé); de gourmand
1Vx Manier durement (un cheval). Fig. Contenir, maîtriser.
2Reprendre (qqn) en lui adressant des critiques, des reproches sévères. gronder, morigéner, réprimander, tancer. « Elle le gourmandait sans cesse [...] , lui reprochait aigrement ses moindres actes » (Maupassant).

gourmander verbe transitif (de gourmand) Littéraire. Réprimander quelqu'un avec sévérité : Gourmander un élève coupable.gourmander (synonymes) verbe transitif (de gourmand) Littéraire. Réprimander quelqu'un avec sévérité
Synonymes :
- admonester
- attraper (familier)
- chapitrer
- corriger
- gronder
- houspiller
- morigéner
- secouer (familier)
- sermonner
- tancer

gourmander
v. tr. Litt. Réprimander sévèrement. Gourmander un enfant.

GOURMANDER, verbe trans.
A. — Vieilli, MANÈGE. Manier rudement de la main. Gourmander un cheval (Ac.).
B. — 1. Réprimander vivement en adressant des paroles sévères. Synon. gronder, sermonner, tancer, engueuler (pop.). Gourmander un enfant pour son bien, devant tout le monde. Au collège j'étais toujours puni, maltraité, gourmandé (FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 45) :
Il avait épousé (...) une jeune femme aimée tendrement qui le traitait à présent avec une rudesse et une autorité de despote tout-puissant. Elle le gourmandait sans cesse pour tout ce qu'il faisait et pour tout ce qu'il ne faisait pas, lui reprochait aigrement ses moindres actes, ses habitudes, ses simples plaisirs, ses goûts, ses allures...
MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, M. Parent, 1886, p. 587.
2. Blâmer avec vigueur. Gourmander l'égoïsme de qqn. Ces gens-là [les chambellans] (...) mettaient un frein à l'ardeur des uns (...), gourmandaient la paresse des autres (SAND, Lélia, 1833, p. 140). Dans ses lettres sur la question d'Orient, il gourmande, il presse le ministère libéral anglais (JAURÈS, Ét. soc., 1901, p. 37).
Gourmander qqn sur qqc. Il gourmande Alfred de Musset sur ses désespoirs égoïstes et pour s'être désintéressé de la chose publique (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 35).
Emploi pronom. réfl. L'écrivain de 1826 [Chateaubriand] se critique, se gourmande, se dément, se raille au passé sur tous les tons (SAINTE-BEUVE, Chateaubr., t. 1, 1860, p. 142).
REM. Gourmandeur, -euse, adj. Qui a l'habitude de gourmander, qui aime faire des réprimandes. Il était devenu sentencieux, grondeur, gourmandeur (DUHAMEL ds Lar. Lang. fr.).
Prononc. et Orth. : [], (il) gourmande []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1330 « manger goulûment » ici trans. (G. DE DIGULLEVILLE, Pèlerinage vie hum., 10454 ds T.-L.), ,,anc.`` ds DG; 2. a) 1378, 23 févr. trans. « tourmenter, tyranniser » (E. DESCHAMPS, Lettres ds Œuvres, éd. G. Raynaud, t. 8, p. 34 : pour mon corps nuire et gourmander); 1611 « traiter durement un cheval » (COTGR.); 1660 « dominer ses passions » (MOLIÈRE, Sganarelle ou le Cocu imaginaire, III, 11); b) 1630 [éd.] « réprimander avec dureté » (D'AUBIGNÉ, Les Avantures du Baron de Fæneste, éd. Réaume et de Caussade, IV, XVIII, p. 639). Dér. de gourmand; dés. -er; le sens 2 vient sans doute du sens 1, « dévorer avidement », malgré la chronol.; on pourrait évoquer déchirer avec infl. prob. de gourmer proche sémantiquement. Fréq. abs. littér. : 129.

gourmander [guʀmɑ̃de] v. intr. et tr.
ÉTYM. V. 1330, « dévorer »; « réprimander », 1372; de gourmand. → aussi Gourme, gourmer.
———
I V. intr. Vx. Dévorer avidement.REM. Ce sens aujourd'hui disparu était « encore usité dans la conversation » au XIXe s., selon Littré.
———
II V. tr.
1 (1611). Vx. Manier durement (un cheval). Gourmer. || Cavalier qui gourmande la bouche de son cheval (cit. 15, Fénelon).
Fig. Brider, contenir, dominer, maîtriser.
1 Je prétends gourmander mes propres sentiments (…)
Molière, Sganarelle, 18.
2 Mod. Littér. Reprendre (qqn) en lui adressant des critiques, des reproches sévères. Gronder, morigéner, réprimander, tancer; fam. Frotter les oreilles à (qqn). || Gourmander un élève. || Juvénal gourmandant le peuple latin (→ Fiel, cit. 1). || Gourmander qqn pour, sur, à propos de qqch., d'avoir fait qqch.
2 Il entend un enfant crier.
La mère aussitôt le gourmande,
Le menace (…)
La Fontaine, Fables, IV, 16.
3 Je voudrais surtout qu'on pût engager nos frères les journalistes à renoncer à ce ton pédagogue et magistral avec lequel ils gourmandent les fils d'Apollon, et font rire la sottise aux dépens de l'esprit.
Beaumarchais, le Barbier de Séville, Lettre… sur la critique…
4 Elle lui écrivait des lettres fort spirituelles, le gourmandait et lui donnait de très bons conseils (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 350.
5 (Fabrice) vit le plus gros de ces généraux qui parlait à son voisin, général aussi, d'un air d'autorité et presque de réprimande; il jurait. Fabrice ne put retenir sa curiosité (…) et dit à son voisin : — Quel est-il ce général qui gourmande son voisin ?
Stendhal, la Chartreuse de Parme, III.
6 Elle gourmandait mes lâchetés, s'indignait de mes défaillances et me reprochait les invectives dont je m'accablais à plaisir, parce qu'elle voyait, disait-elle, les inquiétudes d'un esprit mal équilibré (…)
E. Fromentin, Dominique, XIII.
7 Elle le gourmandait sans cesse pour tout ce qu'il faisait et pour tout ce qu'il ne faisait pas, lui reprochait aigrement ses moindres actes, ses habitudes (…)
Maupassant, M. Parent, I.
Pronominal :
8 Tout en parlant, Patrice Périot se jugeait et se gourmandait dans le secret de son esprit (…)
G. Duhamel, le Voyage de Patrice Périot, II.
DÉR. Gourmandeur.

Encyclopédie Universelle. 2012.