houspiller [ 'uspije ] v. tr. <conjug. : 1>
2 ♦ Cour. Attaquer, maltraiter (qqn) en paroles; harceler de reproches, de critiques. ⇒ critiquer, gronder; fam. attraper. Il s'est fait houspiller durement. ⇒ réprimander.
houspiller
v. tr. Réprimander, harceler de reproches.
⇒HOUSPILLER, verbe trans.
A. — Traiter d'une manière brutale (un être humain, un animal) en le secouant, en le tiraillant, en lui donnant des coups. Synon. malmener, rudoyer. Il y aura des coups à donner, des villages à brûler, et des huguenots à houspiller (MÉRIMÉE, Chron. règne Charles IX, 1829, p. 178). Les douze hommes du peloton, tous à la fois se précipitèrent sur lui, en criant : « Vos papiers! » Ils le houspillaient, l'accablaient d'injures (FLAUB., Bouvard, t. 2, 1880, p. 35) :
• 1. Cela donne lieu à de grandes altercations entre ces oiseaux querelleurs; celui qui a saisi la proie saute sur le cochon pour la dévorer à son aise, les autres l'y suivent pour le houspiller, et le dos ou la tête du quadrupède indifférent et impassible devient le théâtre de luttes acharnées.
SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 22.
♦ Rare. [Le compl. d'obj. désigne une partie du corps, un vêtement] Il remettait un peu d'ordre dans son costume fortement houspillé par ces énergumènes (HALÉVY, Mar. am., 1881, p. 113).
♦ Emploi pronom. réciproque. Ils [des singes] s'agitent en gestes discordants, criaillent et jurent, se houspillent pour une pomme ou pour un biscuit (TAINE, Notes Paris, 1867, p. 318). Elles recommencent leur conversation, flanquées de leurs gamins qui se houspillent (FRAPIÉ, Maternelle, 1904, p. 47).
— P. ext., vieilli. Importuner. Ce régiment de houlans ne se contentait pas de houspiller les belles dames, il tourmentait et pillait un peu trop, dit-on, tous les villages aux environs de Chambord (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 11, 1867, p. 111).
B. — Au fig. Accabler (quelqu'un) de reproches, de critiques, d'invectives. Synon. engueuler (vulg.), quereller, réprimander, tancer (littér.). Les Jésuites (...) ont houspillé Boileau à la fin de sa vie, et (...) ont fait saigner à coups d'épingle le vieux lion désarmé (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 331) :
• 2. Avec quel entrain j'aurais joué le rôle de Zola : houspillé à la sortie du tribunal, je me retourne sur le marchepied de ma calèche, je casse les reins des plus excités — non, non, je trouve un mot terrible qui les fait reculer.
SARTRE, Mots, 1964, p. 146.
— Emploi pronom. réfl. Synon. s'engueuler (vulg.), se quereller. Renouant avec nos traditions, nous échangeâmes des injures bruyantes et nous nous houspillâmes un peu (BEAUVOIR, Mém. j. fille, 1958, p. 291).
Prononc. et Orth. : [uspije] init. asp., (il) houspille [uspij]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1454 houssepillier « maltraiter en secouant ou en grondant » (doc. ds DU CANGE, s.v. housia). Altération, soit par interférence avec le verbe piller, soit sous l'infl. des verbes péj. en -iller, de l'a. fr. houcepingnier « maltraiter en secouant ou en grondant » (ca 1179, Renart, éd. M. Roques, 1936), lequel est issu d'un croisement de houcer (v. housser 1) et de pingnier (v. peigner), verbes synon. (cf. tournevirer, de même formation), souvent associés pour renforcer une expr., cf. le passage : « As denz le pigne et house et hape » tiré du Roman de Renart (éd. E. Martin, branche XI, 1311); cf. FEW t. 16, p. 263b et BL.-W.5. Fréq. abs. littér. : 34. Bbg. LEW. 1968, p. 160. - ORR (J.). Qq. mises au point étymol. Mél. Dauzat (A.) 1951, p. 247.
houspiller ['uspije] v. tr.
ÉTYM. V. 1450; houssepignier, XIIIe; de housser, de housse « manteau », et pigner, peigner, au fig. « battre ».
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1 Vieilli. Brutaliser (qqn) en le secouant, en le tiraillant. ⇒ Battre, maltraiter, sabouler, tourmenter.
1 On ne pouvait entrer aux spectacles sans être bourré par ses soldats (du roi de Prusse)… Demandez à Darget comme il fut un jour repoussé et houspillé : il avait beau crier, je suis secrétaire; on le bourrait toujours.
Voltaire, Lettre à d'Argental, 1512, 3 déc. 1757.
2 Tout à l'heure Bill White (le boxeur) semblait un taureau maladroit qu'on houspille; maintenant il ne ressemblait plus qu'à une bête d'abattoir, en partie estropiée, qui attend le dernier coup.
Louis Hémon, Battling Malone, II, p. 27.
2.1 Une autre fois, par une nuit obscure, la patrouille faisant halte sous la hêtrée entendit quelqu'un devant elle.
— Qui vive ?
Pas de réponse !
On laissa l'individu continuer sa route, en le suivant à distance, car il pouvait avoir un pistolet ou un casse-tête — mais quand on fut dans le village, à portée des secours, les douze hommes du peloton, tous à la fois se précipitèrent sur lui, en criant : « Vos papiers ! » Ils le houspillaient, l'accablaient d'injures. Ceux du corps de garde étaient sortis. On l'y traîna; — et à la lueur de la chandelle brûlant sur le poêle, on reconnut enfin Gorgu.
Flaubert, Bouvard et Pécuchet, éd. Folio, p. 239-240.
♦ Fig. et vieilli. ⇒ Malmener, tourmenter.
3 Un malheur continuel (au jeu) pique et offense; on est honteux d'être houspillé par la fortune (…)
Mme de Sévigné, Lettres, 255, 9 mars 1672.
4 Il ne faut pas s'étonner, monsieur, qu'un pauvre homme houspillé par quatre-vingt-deux ans, par quatre-vingt-deux maladies, et par autant d'affaires désagréables, ait tant tardé à lui répondre.
Voltaire, Lettre à Villevieille, 4369, 10 nov. 1776.
2 (XVe). Mod. et littér. Attaquer, maltraiter (qqn) en paroles; harceler de reproches, de critiques. ⇒ Critiquer, quereller. || Il s'est fait houspiller durement. ⇒ Réprimander. — Pron. || « Ils sont continuellement à se houspiller dans leurs écrits » (Académie).
5 (…) je n'avais fait cette pièce que pour mon petit théâtre et pour mes chers Genevois, qui y sont un peu houspillés.
Voltaire, Lettre à Florian, 3062, 4 mars 1767.
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DÉR. Houspilleur.
Encyclopédie Universelle. 2012.