corriger [ kɔriʒe ] v. tr. <conjug. : 3>
• 1268; lat. corrigere « redresser », de regere → régir
1 ♦ Ramener à la règle (ce qui s'en écarte). ⇒ amender, redresser , réformer, relever, reprendre. Corriger les défauts, les vices de qqn. Corriger son mauvais caractère. « Nous essayons de nous faire honneur des défauts que nous ne voulons pas corriger » (La Rochefoucauld). « tous les crimes et [...] tous les vices que l'état social corrige ou dissimule » (France).
2 ♦ Supprimer (les fautes, les erreurs); rendre meilleur (un texte, un discours) en supprimant les fautes. Corriger un manuscrit. Corriger complètement un livre. ⇒ refondre, remanier, reprendre, réviser, revoir. Corriger un texte en biffant, en modifiant. « Corrige les mots bêtes, les redites, les fautes de français » (Sand). — P. p. adj. Édition revue et corrigée.
♢ Typogr. Corriger des épreuves d'imprimerie. ⇒ correction (I, 2o); correcteur.
♢ Relever les fautes de (qqch.) en vue de donner une appréciation, une note. Corriger des copies, une dictée.
3 ♦ Rendre exact ou plus exact. ⇒ rectifier. Corriger une observation, une hypothèse. Corriger le tir. — P. p. adj. Données statistiques corrigées des variations saisonnières. — Mar. Corriger la route d'un bâtiment : rectifier les erreurs provenant de la dérive.
4 ♦ Rendre normal ce qui ne l'est pas. Corriger la vue de qqn par des verres de contact. Corriger un défaut physique par la chirurgie esthétique. Corriger une mauvaise posture, une vilaine démarche. ⇒ améliorer, rectifier, remédier (à). Pour corriger les imperfections du teint. ⇒ supprimer.
5 ♦ Ramener à la mesure (qqch. d'excessif) par une action contraire. ⇒ adoucir, atténuer, compenser, équilibrer, neutraliser, pallier, réparer, tempérer. Corriger l'injustice du sort. Corriger l'effet d'une parole trop dure (⇒ correctif) . « La beauté de son regard corrigeait cet excès de grâce » (Hugo).
6 ♦ Vieilli Ramener (qqn) à la règle; traiter avec sévérité pour supprimer les défauts (⇒ punir, réprimander). « Il n'appartient qu'à elle [la religion] et d'instruire et de corriger les hommes » (Pascal). — Mod. Corriger qqn d'un défaut. On n'a pu l'en corriger. ⇒ incorrigible. Pronom. Il s'est corrigé de sa paresse. ⇒ se défaire, se guérir.
♢ Infliger un châtiment corporel, donner des coups. ⇒ battre; correction.
⊗ CONTR. Altérer, corrompre, gâter, pervertir. Aggraver, envenimer, exciter. Épargner, récompenser.
● corriger verbe transitif (latin corrigere, redresser) Faire disparaître une erreur, un défaut, en rétablissant ce qui est exact, bon, correct : Corriger une faute d'orthographe. Essayer de corriger une mauvaise habitude. Ramener à la règle ou à l'exactitude ce qui s'en écarte, rectifier ce qui est déficient : Corriger un tir. Corriger des épreuves d'imprimerie. Atténuer, réparer quelque chose, le ramener à la mesure, à l'équilibre par un effet contraire : Corriger la sévérité de ses propos par une conclusion optimiste. Lire attentivement un devoir, une épreuve d'examen pour les juger et les noter en fonction des erreurs relevées. Débarrasser quelqu'un d'un défaut : Corriger quelqu'un de son habitude de fumer. Punir quelqu'un, un enfant d'une faute en lui infligeant un châtiment, le plus souvent corporel. Frapper quelqu'un, lui donner des coups : Se faire corriger par des voyous. ● corriger (citations) verbe transitif (latin corrigere, redresser) Eugène Delacroix Saint-Maurice, Val-de-Marne, 1798-Paris 1863 Il y a deux choses que l'expérience doit apprendre : la première, c'est qu'il faut beaucoup corriger ; la seconde, c'est qu'il ne faut pas trop corriger. Journal, 8 mars 1860 Henri Michaux Namur 1899-Paris 1984 Avec tes défauts, pas de hâte. Ne va pas à la légère les corriger. Qu'irais-tu mettre à la place ? Poteaux d'angle L'Herne Jean-Baptiste Santeul Paris 1630-Dijon 1697 [La comédie] corrige les mœurs en riant. Castigat ridendo mores. Commentaire Devise de la comédie imaginée par le poète Santeul, et donnée à l'arlequin Dominique pour qu'il la mît sur la toile de son théâtre. Ménandre Athènes vers 342 avant J.-C.-Athènes vers 292 Il est malaisé de corriger en un jour une folie qui date de loin. Le Carthaginois, fg. 262 (traduction G. Guizot) Bible Corrige-nous, Yahvé, mais dans une juste mesure, sans t'irriter, pour ne pas trop nous réduire. Ancien Testament, Jérémie X, 24 Commentaire Citation empruntée à la « Bible de Jérusalem ». ● corriger (difficultés) verbe transitif (latin corrigere, redresser) Conjugaison Le g devient -ge- devant a et o : je corrige, nous corrigeons ; il corrigea. ● corriger (synonymes) verbe transitif (latin corrigere, redresser) Faire disparaître une erreur, un défaut, en rétablissant ce qui...
Synonymes :
- réviser
- revoir
Ramener à la règle ou à l'exactitude ce qui s'en...
Synonymes :
- amender
Atténuer, réparer quelque chose, le ramener à la mesure, à l'équilibre...
Synonymes :
- adoucir
- atténuer
- balancer
- équilibrer
- pallier
- racheter
- reconsidérer
- réparer
- tempérer
Contraires :
Débarrasser quelqu'un d'un défaut
Synonymes :
- défaire
- guérir
Punir quelqu'un, un enfant d'une faute en lui infligeant un...
Synonymes :
- battre
- châtier
- frapper
- fustiger
- réprimander
- rosser (familier)
- semoncer
corriger
v. tr.
d1./d Rectifier les erreurs, les défauts (de qqch). Corriger un texte, une épreuve d'imprimerie.
|| Corriger un devoir, en relever les fautes et le noter.
d2./d Corriger les défauts de qqn.
|| v. Pron. S'efforcer de rectifier son attitude, de supprimer ses défauts.
d3./d Tempérer, adoucir. Corriger l'acidité du citron avec du sucre.
d4./d Punir, châtier, en infligeant une peine corporelle. Corriger un enfant qui a désobéi.
— Donner des coups à (qqn), battre.
⇒CORRIGER, verbe trans.
A.— [Le compl. désigne une chose] Faire disparaître ou relever un écart par rapport à une norme en vue de la rétablir ou de la faire respecter.
1. [Le compl. désigne la matière, le domaine dont les imperfections sont sujettes à être rectifiées] Amender, améliorer. Corriger un travail; corriger l'audition, la vue; corriger l'attitude, les manières, la tenue (de qqn).
a) Domaine de l'acoustique. Les tuyaux du second rang [flûte de Pan] (...) doivent sonner à l'octave supérieure (...) et d'autant plus qu'on les corrige visiblement à cet effet (SCHAEFFNER, Orig. instruments mus., 1936, p. 286).
b) Domaine de la vie intellectuelle, de la création littéraire ou artistique. Vous voyez en quoi nous venons de corriger la première définition que nous avions trouvée; nous ne l'avons point détruite, mais épurée (TAINE, Philos. art, t. 1, 1865, p. 29).
— En partic., B.-A., PEINT. Corriger la nature. ,,Modifier subjectivement la représentation d'un personnage ou d'un objet`` (HUGUES, Expr. atelier, s.d.).
— Emploi abs. :
• 1. Ne crois-tu pas que nous devrions maintenant employer cet immense loisir que la mort nous abandonne, à nous juger nous-mêmes, et à nous rejuger infatigablement, reprenant, corrigeant, essayant d'autres réponses aux événements qui sont arrivés; et cherchant, en somme, à nous défendre de l'inexistence par des illusions, comme font les vivants de leur existence?
VALÉRY, Eupalinos, 1923, p. 132.
— Emploi réfl. à sens passif réciproque [Les sujets désignent des inanimés] S'apporter mutuellement une correction, s'améliorer mutuellement. Drame, aventures, agitations, tous les mots de cette espèce peuvent s'employer, pourvu qu'ils soient plusieurs et se corrigent l'un par l'autre (VALÉRY, Variété I, 1924, p. 229).
c) Domaine de la vie morale et religieuse. J'ai prié, j'ai corrigé ma chair, j'ai dormi sous votre garde [la garde de la Vierge], j'ai vécu chaste (ZOLA, Faute abbé Mouret, 1875, p. 1313).
d) En partic., dans le domaine de l'enseignement. Relever les écarts en vue de noter et faire respecter la norme. Corriger des devoirs :
• 2. Les examinateurs qui corrigent les compositions des candidats au baccalauréat ont quelquefois à s'apercevoir que les « copies » de deux candidats (placés l'un à côté de l'autre) ont un air de famille.
LANGLOIS, SEIGNOBOS, Introd. aux ét. hist., 1898, p. 74.
e) Loc. Corriger son plaidoyer. ,,Changer de langage, parler avec plus de circonspection, plus sagement, rétracter ou expliquer ce qu'on a dit témérairement ou faussement`` (J.-F. ROLLAND, Dict. mauv. lang., 1813, p. 43). Corriger la chance. Tricher. Il est remarquable (...) qu'on blâme au jeu de cartes (...) une pratique recommandée dans les arts de la guerre (...) où l'on s'honore de corriger les injures de la fortune (A. FRANCE, Rôtisserie, 1893, p. 205).
2. [Le compl. désigne le défaut, l'erreur qui compromettent la perfection de quelqu'un, le bon ordre ou le bon fonctionnement de quelque chose] Corriger des abus.
a) Rectifier ce qui est fautif, inexact, déficient. Corriger la myopie; corriger une avance, un retard (horlog.). Le réaliste obstiné corrigera donc dans un tableau cette inflexible perspective qui fausse la vue des objets à force de justesse (DELACROIX, Journal, 1859, p. 232).
— En partic., TYPOGR. ,,Marquer les fautes à la marge d'une épreuve`` (CHESN. 1857). Corriger sur le plomb. ,,Remplacer par les caractères nécessaires ceux qui avaient été mis par erreur du compositeur`` (CHESN. 1857).
— MAR. Corriger le point d'un navire. Corriger la route qu'il a faite d'un midi à l'autre en rectifiant les erreurs dues à la dérive (d'apr. BONN.-PARIS 1971).
b) Tempérer (une imperfection, un défaut), (la/le) compenser au moyen de quelque chose qui (l') atténue ou qui (la/le) fasse disparaître. Ce n'est pas de leur faute, ni à Florent, ni à elle [Lydia], s'il y a un peu de sang noir dans leurs veines, d'autant plus qu'il est corrigé par du sang de héros (BOURGET, Cosmopolis, 1893, p. 435).
— Spéc., PHARM., ALIM. Adoucir l'amertume, tempérer le mauvais goût d'un médicament en y ajoutant une substance édulcorante. Corriger la crudité de l'eau avec un peu de vin (Ac. 1835-1932).
♦ ART CULIN. Ajouter un produit à un plat, à une sauce pour en modifier la saveur prédominante (d'apr. LASNET 1970).
B.— [Le compl. désigne une pers. ou un animal]
1. [La correction n'implique pas un châtiment, une punition; elle opère chez la personne qui en est l'objet une amélioration, voire une guérison] Reprendre, rectifier les imperfections, les défauts. Isabelle répéta le propos à sa fille pour l'effrayer et la corriger (A. FRANCE, J. d'Arc, t. 1, 1908, p. 79).
— En partic. Corriger les maîtres. Apporter un correctif, une amélioration aux modèles, aux leçons données par un maître. Il est dangereux de vouloir corriger constamment un génie comme Beethoven (MATHIS-LUSSY, Rythme music., 1911, p. 25).
— Emploi réfl. S'infliger à soi-même une correction, se débarrasser d'un défaut.
♦ [Avec compl. introduit par de] Ma pauvre tante, elle devrait bien se corriger de ses frayeurs (DUMAS père, Angèle, 1834, X, p. 119).
♦ [Sans compl.] Le Dieu selon la Bible se complète, se corrige, s'attendrit [par Jésus-Christ], s'abaisse, s'humanise, se civilise, si j'ose dire (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t. 9, 1863-69, p. 94) :
• 3. D'année en année, de mois en mois parfois, la Pravda se corrige elle-même, les éditions retouchées de l'histoire officielle se succèdent, Lénine est censuré, Marx n'est pas édité.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 291.
2. [La correction implique la punition d'une faute, soit verbalement soit au moyen d'un châtiment corporel]
a) Tancer, donner une leçon à quelqu'un en vue de l'instruire, de l'améliorer. Synon. réprimander. Le public est un enfant mal élevé qu'il s'agit de corriger (VERLAINE, Œuvres posth., t. 2, Baudel., 1896, p. 8).
b) Châtier corporellement. Corriger d'importance. Une sale bonne à coiffe bretonne corrige tous les matins un pauvre toutou qui sans doute se conduit malproprement (COLETTE, Cl. Paris, 1901, p. 20).
Prononc. et Orth. :[], (je) corrige []. Pour FÉR. Crit. t. 1 1787 et GATTEL 1841 on prononce r forte. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Le compl. désigne un inanimé. 1. 1268-71 « modifier un énoncé, améliorer la teneur d'un texte » articles corrigés (E. BOILEAU, Métiers, 363 ds T.-L.); 1680 (RICH. : Aux secondes Editions d'un Livre, on met, Revu, Corrigé, & augmenté); en partic. a) 1680 corriger un thème [d'écolier] (ibid.) d'où 1834 part. passé subst. le corrigé d'un thème (LAND.); b) 1694 impr. corriger les épreuves (Ac.); 2. 1283 « (d'une instance juridique) punir un délit » (PH. DE BEAUMANOIR, Coutumes Beauvaisis, éd. A. Salmon, § 338); 1316 corriger les vices (JEHAN MAILLARD, Le Roman du Comte d'Anjou, éd. M. Roques, 7876 ds IGLF); 3. 1575 « ramener à la mesure quelque chose d'excessif par une action contraire » (PARÉ, Œuvres, éd. J.-F. Malgaigne, t. 3, p. 173); 4. 1797 « rendre plus exact, plus précis, un calcul » (Voy. La Pérouse, t. 2, p. 141 : M. Dagelet a eu soin de vérifier et de corriger les relèvemens faits au compas); 1797 le Sud-Est corrigé (ibid., t. 1, p. 93). B. Le compl. désigne une pers. Av. 1285 « ramener quelqu'un dans le droit chemin en infligeant une punition » (RUTEBEUF, éd. E. Farral et J. Bastin, LV, 140); 1654-55 pronom. (ABL[ANCOURT], Luc, I ds RICH. 1680 : Se corriger de quelque vice). Empr. au lat. class. corrigere « redresser », fig. « redresser, réformer, améliorer (un défaut, une erreur, un écrit...) ». Fréq. abs. littér. :1 454. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 196, b) 2 103; XXe s. : a) 1 836, b) 2 075.
DÉR. 1. Corrigeable, adj., méd. Qui peut être corrigé. Tous ces troubles sont corrigeables si l'on injecte à l'animal des extraits hypophysaires totaux (QUILLET Méd. 1965, p. 488). Absent des dict. gén. du XIXe et du XXe s. — []. — 1res attest. av. 1378 corrigable « qui peut être corrigé » ([J. D'ARKEL], Li Ars d'Amour, éd. J. Petit, II, 39 ds GDF.); fin XVIe s. corrigeable (BAÏF, Les Mimes, L. I V, 25 ds HUG.), à nouv. en 1936 « qui peut être corrigé » (WICART, Puissances voc. Orateur, t. 1, p. 31); du rad. de corriger, suff. -able; doublet de corrigible. 2. Corrigeur, euse, subst. impr. Ouvrier, ouvrière chargé(e) d'exécuter les corrections indiquées sur épreuve par le correcteur. Pour ne pas se donner la peine de desserrer, des corrigeurs peu scrupuleux enfoncent entre les lignes qui chevauchent de petits morceaux de papier mouillé (E. LECLERC, Nouv. Manuel typogr., 1932, p. 108) — [], fém. [-ø:z]. — 1re attest. 1311 (Arch. JJ 48, f° 2 r° ds GDF.); en partic. 1863 impr. (LITTRÉ); du rad. de corriger, suff. -eur2.
corriger [kɔʀiʒe] v. tr. [CONJUG. bouger.]
ÉTYM. V. 1270; lat. corrigere « redresser », fig. « redresser, améliorer (une erreur, un défaut) », de con- (cum) « tout à fait » et regere « diriger en droite ligne ».
❖
1 Ramener à une norme morale ou sociale (ce qui s'en écarte) soit en supprimant (le compl. désignant un élément jugé négatif : faute, défaut) soit en modifiant par amélioration (ce qui comporte un tel élément). ⇒ Améliorer, amender, perfectionner, redresser, relever, reprendre. || Corriger les défauts, les vices de quelqu'un. || On ne corrigera jamais sa vanité, sa prétention. || Vouloir corriger les abus. || Corriger son mauvais caractère, son égoïsme. || Corriger les mœurs. ⇒ Civiliser, moraliser, policer, réformer, régénérer; changer.
1 La faiblesse est le seul défaut que l'on ne saurait corriger.
La Rochefoucauld, Maximes, 130.
2 Nous essayons de nous faire honneur des défauts que nous ne voulons pas corriger.
La Rochefoucauld, Maximes, 442.
3 Sachez que le secret des arts
Est de corriger la nature.
Voltaire, Épître, CV.
4 Vous avez corrompu mes mœurs en voulant les corriger (…)
A. R. Lesage, Gil Blas, II, VII, p. 115.
5 La nature nous enseigne à nous entre-dévorer et elle nous donne l'exemple de tous les crimes et de tous les vices que l'état social corrige ou dissimule.
France, Les dieux ont soif, p. 65.
6 (…) ce prédicateur doit se frapper, lui-même, pour corriger ses propres vices, avant que de reprocher leurs péchés aux autres.
Huysmans, Là-bas, IX, p. 131.
2 (V. 1270). Supprimer, enlever (les fautes, les erreurs); rendre meilleur (un texte, un discours, une forme) en supprimant les fautes. ⇒ Correction. || Corriger les fautes de style, les erreurs contenues dans un ouvrage. ⇒ Rectifier. — Corriger un manuscrit. ⇒ Biffer, raturer. || Corriger un livre, un poème, un roman que l'on vient d'écrire, l'améliorer en corrigeant les fautes, les défauts qu'il peut contenir. ⇒ Modifier, rectifier, refondre, remanier, reprendre, retoucher, réviser, revoir; → Faire la toilette d'un texte. || Corriger sans cesse son style. ⇒ Polir, raboter, remettre (sur le métier). || Corriger un texte, une œuvre, un travail en biffant, en raturant, en modifiant. || Corriger et mettre au net un rapport (→ Mettre la dernière main à…). || Corriger un texte de droit. ⇒ Émender. || Corriger en expurgeant.
7 Quand dans un discours se trouvent des mots répétés, et qu'essayant de les corriger, on les trouve si propres qu'on gâterait le discours, il les faut laisser (…) cette répétition n'est pas faute en cet endroit; car il n'y a point de règle générale.
Pascal, Pensées, I, 48.
8 Haverkamp, dont pas un regard ne restait inutile, ne cessait de formuler mentalement ses conclusions et de les corriger au fur et à mesure de la visite.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. V, IX, p. 75.
♦ (Abstrait). || Corriger les excès, les erreurs, les incertitudes d'une opinion, d'un raisonnement. — Corriger une hypothèse, une théorie, en fonction d'expériences nouvelles. || Corriger une idée préconçue. ⇒ Revenir (de).
♦ (1694). Lire et relire minutieusement afin d'éliminer les erreurs typographiques. || Corriger des épreuves d'imprimerie. || Corriger une mise en page. || Corriger une morasse, une forme. ⇒ Correction (I., A., 2., b); correcteur (I., 3.).
9 Je lui ai envoyé la fin d'André, aie la bonté d'en corriger les épreuves (…) Enfin, corrige les mots bêtes, les redites, les fautes de français.
G. Sand, Lettre à Musset.
♦ (1680). Relever les fautes de (qqch.) en vue de donner une appréciation, une note. || Corriger des devoirs d'écoliers. || Corriger un thème, une composition française. || Corriger des copies d'examen, de concours.
10 (…) et si par miracle tout se passe bien, des leçons à préparer et des copies à corriger pendant quarante ans (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IV, XV, p. 147.
3 (1797). Rendre exact ou plus exact. ⇒ Rectifier. || Corriger une erreur de calcul. || Corriger une observation. || Corriger le tir. ⇒ Tir. — Mar. || Corriger la route d'un bâtiment : rectifier les erreurs provenant de la dérive. || Corriger les compas.
4 Améliorer quant au fonctionnement. || Corriger la carburation défectueuse d'un moteur. — Corriger la vue de qqn par des verres correcteurs.
5 (1575). Ramener à la mesure (quelque chose d'excessif) par une action contraire. ⇒ Adoucir, atténuer, balancer, compenser, dulcifier, équilibrer, neutraliser, pallier, racheter, réparer, tempérer. || Corriger le sort, l'injustice du sort. || Corriger l'effet d'une parole trop dure (⇒ Réparer; correctif, correction, I., A., 4.).
11 J'ai su de mon destin corriger l'injustice.
Racine, Esther, II, 1.
12 La beauté de son regard corrigeait cet excès de grâce.
Hugo, les Travailleurs de la mer, VII, III.
13 Or, la profondeur du sentiment corrige seule la subtilité qu'elle implique; seule, la profondeur de l'analyse suppose l'extrême complexité et la justifie.
André Suarès, Trois hommes, « Dostoïevski », V, p. 258.
♦ Littér. (Sujet n. de chose). Compenser, atténuer.
♦ ☑ Loc. fam. (Vx). Corriger la fortune : tricher au jeu.
14 La fortune est devenue mauvaise, il la faut corriger.
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 3.
♦ Spécialt. Vieilli. || Corriger l'amertume, l'acidité d'une substance. ⇒ Correctif.
15 Corriger la crudité de l'eau avec un peu de vin.
Dictionnaire de l'Académie, éd. 1936.
♦ Cuis. || Corriger une sauce, y ajouter une substance pour en modifier le goût.
6 (1285). Vieilli. Ramener (qqn) à la règle; traiter avec sévérité pour supprimer les défauts (réprimander ou punir). ⇒ Morigéner, reprendre, réprimander; châtier, fustiger, punir. → Apprendre à vivre (fam.), ramener dans le droit chemin.
16 (…) étant seule exempte (la religion chrétienne) d'erreur et de vice, il n'appartient qu'à elle et d'instruire et de corriger les hommes.
Pascal, Pensées, VII, 435.
17 Et c'est une folie à nulle autre seconde
De vouloir se mêler de corriger le monde.
Molière, le Misanthrope, I, 1.
♦ Corriger (qqn) d'un défaut. ⇒ Défaire, guérir. || Parents qui s'efforcent de corriger leurs enfants. || Corriger modérément, sévèrement, sans faiblesse. — Mod. Infliger une punition corporelle à (qqn), afin de le corriger. ⇒ Châtier, punir; battre.
17.1 Celui qui ménage sa verge hait son fils, mais celui qui l'aime le corrige de bonne heure.
Bible (Crampon), Proverbes, XIII, 24.
17.2 Mais tiens… suis-moi, me dit Rosalie, c'est précisément aujourd'hui Vendredi, un des trois jours de la semaine où il corrige ceux qui ont fait des fautes; c'est dans ce genre de correction que mon père trouve ses plaisirs.
Sade, Justine (…), t. I, p. 106.
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se corriger v. pron.
♦ Se corriger soi-même. || Se corriger de ses défauts. ⇒ Défaire (se), guérir (se), reprendre (se); convertir (se).
18 Il coûte moins à certains hommes de s'enrichir de mille vertus que de se corriger d'un seul défaut.
La Bruyère, les Caractères, IX, 98.
19 (…) ne pouvant se corriger de sa folie, il tentait de lui donner l'apparence de la raison.
A. de Musset, Confession d'un enfant du siècle, p. 377.
20 Si, depuis un an, je me suis corrigée de mes défauts, ce n'est pas assez de temps pour qu'il y prenne confiance (…)
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX, p. 193.
21 (…) Cette crainte maudite
M'empêche de dormir, sinon les yeux ouverts.
— Corrigez-vous, dira quelque sage cervelle.
— Eh ! la peur se corrige-t-elle ?
La Fontaine, Fables, II, 14.
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corrigé, ée p. p. adj. et n. m.
♦ Défauts corrigés, mal corrigés. || Erreur corrigée. ⇒ Correction. — (1478, in D. D. L.). || Texte corrigé. || Édition revue et corrigée. || Épreuves corrigées avec soin.
♦ Spécialt. || Devoir corrigé, et, n. m., un corrigé : composition donnée en exemple par le professeur, par un manuel, sur un devoir. ⇒ Modèle, plan (de devoirs). || Dicter le corrigé d'un devoir, d'une version. || Recueil de corrigés. || Le livre du maître contient les corrigés. || Se servir du corrigé pour faire un devoir. || Cahier de corrigés.
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CONTR. Altérer, corrompre, dégrader, détériorer, gâter, pervertir. Aggraver, compliquer, envenimer, exaspérer, exciter. Épargner, féliciter, louer, récompenser.
DÉR. Corrigeable, corrigeur, corrigible.
Encyclopédie Universelle. 2012.