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CINÉMA
CINÉMA

DÈS son apparition, à la fin du XIXe siècle, le cinéma se distingue de tous les médias qui l’ont précédé. Une technique (la caméra, la pellicule, le projecteur) va trouver en quelques années son contenu (la séance, avec un ou plusieurs films ne dépassant pas deux heures) et sa pratique (la salle obscure aux programmes périodiquement renouvelés).

«Cette invention sans avenir», de l’aveu même des frères Lumière, fait à Georges Méliès qui voulait en acquérir les brevets, aurait pu n’intéresser que les scientifiques. Tout au long du XIXe siècle, les physiologistes avaient cherché à analyser le mouvement, et l’on sait que leurs travaux (Marey, Muybridge) ont concouru à l’avènement du cinématographe. Logiquement, celui-ci aurait dû trouver sa place au laboratoire. Entre le microscope et le télescope, qui déplacent les limites de l’œil humain et permettent de voir le trop petit et le trop loin, le cinéma permet de voir ce qui va trop vite (l’oiseau, le projectile) ou trop lentement (la croissance d’une plante). Ces applications existent bel et bien. Personne cependant ne confond le cinéma scientifique et le cinéma.

Celui-ci aurait pu aussi bien se consacrer – comme la télévision désormais – à une multitude de contenus: informations, documents, variétés, reportages, etc. On est surpris de constater que le cinéma a exploré et exploité ces domaines, mais qu’il sont demeurés marginaux. Ils ont pu accompagner le «grand film», ils n’ont jamais constitué le contenu spécifique du cinéma. En revanche, ces programmes variés, de nature et de longueur très différentes, où le réel et l’imaginaire se côtoient, sont devenus le pain quotidien de la télévision. Dans cette diversité, elle a trouvé son identité.

Quand on survole la jeune histoire du cinéma, tout se passe à peu près comme si la découverte de l’imprimerie au XVe siècle s’était confondue avec la production de romans (de deux cents à quatre cents pages) qu’on irait lire, à heure fixe, dans les librairies. Ce que nous appelons «cinéma» est cette forme et cette pratique qui se sont imposées universellement à partir des années vingt, à savoir la projection dans une salle obscure d’un film de quatre-vingts à cent vingt minutes, qui raconte une histoire incarnée par des acteurs. Pour le commun des mortels, comme pour l’historien, le sociologue ou le théoricien, le cinéma se définit d’abord par cet usage, évident et familier.

Situer le cinéma entre l’imprimerie, d’une part, et la télévision, d’autre part – les deux médias qui l’ont précédé et suivi –, éclaire son destin paradoxal. Les frères Lumière, en nommant «cinématographe» leur appareil de prise de vues et de projection (là précisément résidait leur découverte), avaient bien compris qu’il s’agissait d’enregistrer et de reproduire, d’imprimer et de lire le mouvement. Incontestablement, le cinéma est proche de l’imprimerie, et le film est un dérivé du livre. Ces techniques permettent de conserver et de faire revivre des textes, des récits, des actions. Elles embaument et elles ressuscitent. La comparaison est encore plus frappante si l’on se souvient qu’aux débuts de l’imprimerie les livres étaient encore lus à haute voix. Lire, c’était ranimer, projeter la parole écrite, lui redonner un corps vocal. De ce point de vue, le cinéma nous apparaît donc aujourd’hui – avec le phonographe, inventé par Edison en même temps que le kinétoscope, précurseur du cinématographe – comme l’une des dernières découvertes de la «Galaxie Gutenberg».

D’une tout autre manière, le cinéma appartient encore à cette longue série d’inventions mécaniques, fondées sur la vitesse, qui ont modifié notre rapport au temps et à l’espace. Lorsque Truffaut compare les films à des trains qui foncent dans la nuit (La Nuit américaine ), il dévoile une vérité profonde. Comme le chemin de fer, l’automobile et l’avion, le cinéma réalise le rêve du voyage immobile. Dans une coquille close et confortable, chambre noire et matrice, le spectateur du cinéma rejoint l’automobiliste et le passager du train ou de l’avion. Le temps et l’espace changent de dimensions. De John Ford à Orson Welles et Wim Wenders, les grands cinéastes jouent avec ce pouvoir de condenser ou de déployer: un continent, une vie, une ville, la terre entière. Le cinéma est l’enfant d’«Alice au pays des merveilles».

Avec la télévision, la radio et l’ensemble des télécommunications commence l’ère du «direct»: l’électronique abolit les notions de vitesse, de temps, d’espace au profit de la simultanéité. Ce qui sépare le cinéma de la télévision, c’est moins la taille de l’image que son rapport à l’événement: présence ou re-présentation. Ce qui les réunit, c’est la vidéo (cassette ou vidéodisque). Avec ces techniques, le film trouve son support le plus accessible et bientôt le plus fiable. Ce que nous avons cru être le déclin du cinéma, sa crise et sa mort, révélerait plutôt sa métamorphose, son accomplissement: le passage de technologies mécaniques lourdes et coûteuses à l’électronique, légère et commode. En définitive, c’est seulement la pratique du cinéma (la fréquentation des salles, l’économie fragile de la production et de la diffusion) qui change de manière surprenante. Mais il semble bien que son contenu – le long métrage de fiction – s’enrichira de nouveaux usages. La vidéothèque rapproche encore, évidemment, le livre et le film. La haute définition abolit la différence entre l’image électronique et le ruban perforé, photochimique.

Désormais, c’est sans doute entre l’œuvre de fiction (le film) et les autres domaines de l’audiovisuel qu’un écart irréductible va se creuser. Quant au cinéma, il demeurera un art tant que les hommes cultiveront le besoin de raconter, de vivre et de faire partager leurs rêves.

cinéma [ sinema ] n. m.
• 1893; abrév. de cinématographe
1Procédé permettant d'enregistrer photographiquement et de projeter des vues animées. Prises de vue de cinéma ( caméra) . Film de cinéma. 1. bande, film, pellicule. Projection, écran de cinéma. Ancêtres du cinéma : chronophotographie, kinétoscope, lanterne magique, phénakistiscope, praxinoscope. — Cinéma muet, parlant. Cinéma en couleurs, en relief.
2Art de composer et de réaliser des films (cf. Le septième art). Faire du cinéma. filmer, tourner; réalisation . Adaptation d'un roman pour le cinéma. « La peau humaine des choses, le derme de la réalité, voilà avec quoi le cinéma joue d'abord » (Artaud). « Le cinéma substitue à notre regard un monde qui s'accorde à nos désirs » (A. Bazin). Plateau, studio de cinéma. Décors, trucages de cinéma. Acteur, vedette; réalisateur (metteur en scène), techniciens de cinéma (caméraman, perchiste, décorateur, maquilleur, électricien, ingénieur du son, monteur, scripte, etc.). Amateur de cinéma. cinéphage, cinéphile; ciné-club, cinémathèque, ciné-shop. Cinéma professionnel, d'amateur. Cinéma d'auteur. Cinéma français, italien, etc.,ensemble des œuvres produites par cet art en France, en Italie, etc. Cinéma scientifique. Cinéma porno. Cinéma d'animation. Critique, revue de cinéma.
Industrie du spectacle cinématographique ( distribution, production). Être dans le cinéma.
3Projection cinématographique. Salle de cinéma. Cinéma de plein air. ciné-parc, drive-in. Séance de cinéma. Loc. Tu as vu ça au cinéma ! tu racontes des choses invraisemblables.
4Loc. fam. Faire du cinéma, tout un cinéma, des démonstrations affectées, pour obtenir par exemple la satisfaction d'un caprice. Arrête ton cinéma ! « c'est du cinéma, rien n'a l'air vrai » (Sartre). bluff. Quel cinéma ! cirque, comédie. Se faire du cinéma, tout un cinéma : s'imaginer les choses comme on souhaiterait qu'elles soient. ⇒ fantasmer. « Tout en parlant, je me fais mon cinéma intérieur. J'aurais aimé voir grandir une fille comme cette jeune demoiselle » (J.-P. Amette).
5Salle de spectacle où l'on projette des films cinématographiques. fam. ciné, cinoche (cf. aussi Les salles obscures). Aller au cinéma (cf. fam. Se faire une toile). Cinéma à salles multiples. Un cinéma de quartier. Cinéma d'art et d'essai. Cinéma permanent. Ouvreuse de cinéma.

cinéma nom masculin (abréviation de cinématographe) Art de composer et de réaliser des films cinématographiques. Procédé permettant de procurer l'illusion du mouvement par la projection, à cadence suffisamment élevée, de vues fixes enregistrées en continuité sur un film. Salle de spectacle où l'on assiste à des projections cinématographiques. Branche de l'industrie relative à la fabrication et à la diffusion des films. Familier. Simulation, bluff ou manières affectées : Tout ça c'est du cinéma, ne le crois pas.cinéma (expressions) nom masculin (abréviation de cinématographe) Cinéma direct, école de films documentaires privilégiant l'évocation de personnes réelles dans des situations vécues ou racontées par elles. Familier. Faire tout un cinéma, faire beaucoup de manières, de complications ; donner une importance excessive à quelque chose. Familier. Se faire du cinéma, se bercer d'illusions. ● cinéma (synonymes) nom masculin (abréviation de cinématographe) Salle de spectacle où l'on assiste à des projections cinématographiques.
Synonymes :
- salle obscure
Familier. Simulation, bluff ou manières affectées
Synonymes :
- chiqué (familier)
Familier. Faire tout un cinéma
Synonymes :
- cirque (populaire)
- numéro
Cinéma direct
Synonymes :
- cinéma-vérité

cinéma
n. m.
d1./d Procédé d'enregistrement et de projection de vues photographiques animées. L'âge d'or du cinéma muet (1918-1930). Naissance du cinéma parlant en 1929.
d2./d Art de réaliser des films; le spectacle que constitue la projection d'un film. Une actrice de cinéma. Cinéma d'art et d'essai. Critique de cinéma.
|| Ensemble des films (d'une nation, d'une époque). Le cinéma français, québécois, africain. Le cinéma des années 1930.
|| Le cinéma: l'ensemble des professionnels du cinéma; l'industrie du spectacle cinématographique.
d3./d Salle de spectacle où l'on projette des films. Aller au cinéma. (Abrév. Fam.: ciné).
d4./d Fig., Fam. Façon d'agir pleine d'affectation, comédie. Faire du cinéma. Arrête ton cinéma!

⇒CINÉMA, CINÉMATOGRAPHE, subst. masc.
A.— Vx. Appareil permettant l'enregistrement ou la projection d'une suite de vues donnant l'impression de mouvement. Bande, film de cinématographe. Gourmont nous emmène ensuite dans un petit café, rue de la République, où il y a un cinématographe (LÉAUTAUD, Journal littér., 2, 1907-09, p. 277). Nous (...) apprêtons le cinéma. La lumière hélas! n'est pas bonne (GIDE, Le Retour du Tchad, 1928, p. 904) :
1. Le cinématographe actuel n'est pas autre chose que le perfectionnement de la chambre noire, ..., et de la lanterne magique.
H. DE GRAFFIGNY, Cours de cinématographie, 1923, p. 5.
Rem. Cinématographe est employé au début du s. L'emploi de cinéma au sens d'appareil semble moins courant, les termes de cinématographe et cinéma ayant été très vite supplantés par ceux de caméra (pour les appareils de prise de vues) et de appareil de projection, projecteur.
B.— P. méton.
1. Procédé permettant l'enregistrement et la projection animée de vues, accompagnée ou non de son :
2. Malgré tant de succès obtenus et contre toutes les forces d'opposition au nouvel art, et d'abord celles qui voulaient en vivre au lieu de le faire vivre, la découverte du cinématographe commence à peine.
Arts et litt. dans la société contemp., t. 2, 1936, p. 3402.
3. Je n'ai jamais cru que le cinéma puisse tuer le théâtre (ce serait plutôt l'imitation du théâtre qui risquerait de tuer le cinéma...).
MAURIAC, Journal, 2, 1940, p. 258.
4. Une dernière révolution va se produire, celle que le sociologue Edgar Morin, (...) a décrite comme le passage du cinématographe au cinéma. Une invention technique va devenir un art. Et quel art! Le plus puissant, le plus fascinant, le plus absorbant, l'art même de la société du XXe siècle.
J. CASSOU, Panorama des arts plastiques contemp., 1960, p. 390.
SYNT. a) Cinéma muet, parlant, en couleur, en technicolor, de long, de court métrage, de professionnel, d'amateur; cinéma-vérité. b) Metteur en scène, réalisateur, producteur, opérateur, photographe, musicien de cinéma; acteur, figurant, vedette, star (de cinéma). c) Studio, projecteur, écran de cinéma.
Faire du cinéma. Participer à la réalisation de films; en partic. être acteur de cinéma.
2. Ensemble des activités liées à la réalisation des films et à leur commercialisation. Industrie, commerce du cinéma; le monde du cinéma :
5. ... un ami de Madame Morsom qui se trouvait être quelque chose dans le cinéma lui offrit de faire de la figuration dans un grand film qui se préparait il accepta.
QUENEAU, Loin de Rueil, 1944, p. 155.
3. Ensemble d'œuvres produites par cet art. Le cinéma américain, français; le cinéma éducatif, documentaire, scientifique.
4. Représentation de film. Séance, salle de cinéma; festival de cinéma. Nous flânâmes quelque temps sur les boulevards... Puis il me paya une tournée de cinématographe (MIRBEAU, Le Journal d'une femme de chambre, 1900, p. 153) :
6. ... Paradis s'était contenté de se verser une coupe de mousseux qu'il avait avalée d'un trait, comme il l'avait vu faire au cinéma par les acteurs lorsqu'il leur faut accomplir des gestes de désespoir.
QUENEAU, Pierrot mon ami, 1942, p. 129.
5. Salle où l'on projette des films. J'aperçus les lumières et les affiches d'un cinéma (G. DUHAMEL, Journal de Salavin, 1927, p. 138) :
7. Boulevard Bonne-Nouvelle, un petit cinéma annonçait un film russe, avec acteurs russes. Mais c'était un cinéma miteux, à trois francs.
MONTHERLANT, Les Lépreuses, 1939, p. 1402.
SYNT. Affiche, programme, billet, place, ouvreuse de cinéma; cinéma de quartier; cinéma d'exclusivité, d'actualités, d'art et d'essai; cinéma permanent; aller au cinéma.
Rem. 1. Cinématographe et cinéma ont été pendant un certain temps employés parallèlement dans la lang. parlée. Cinématographe subsiste surtout dans les ouvrages techn. (cf. C. DUVAL, Le Verre, 1966, p. 116 : les films de cinématographe) mais devient de plus en plus rare. 2. Ciné qui est fam. et cinoche pop. sont employés essentiellement pour désigner le spectacle ou la salle de cinéma.
C.— Au fig., fam. [P. réf. au spectacle cinématographique]
1. [Qui présente des événements fictifs]
C'est du cinéma. C'est invraisemblable :
8. ... c'est du cinéma, rien n'a l'air vrai, ces balles qui sifflent ne peuvent pas tuer, le canon tire à blanc, un Français fait la révérence et tombe, ...
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 199.
Tu as vu ça au cinéma. Réplique signifiant qu'on ne croit pas à un récit :
9. — C'est au cinéma que t'as vu jouer tout ça?
— On te la fera fermer ta grande gueule, bourreur! Avec tes histoires à la noix.
DORGELÈS, Les Croix de bois, 1919, p. 305.
Se faire du cinéma. Se raconter des histoires :
10. ... le bout des choses, qu'est jamais beau, qu'est jamais gai, dès qu'on consent à être un peu clair-voyant, à pas se faire de cinéma.
A. SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 113.
2. [Dans lequel les acteurs ont des attitudes peu naturelles]
Faire du cinéma. Se faire remarquer par des manières affectées.
3. [Dans lequel les événements s'enchevêtrent de manière confuse] Cette figure que j'ai rencontrée je ne sais ni quand, ni où, dans ce sacré cinéma de la guerre (ARNOUX, Cabaret, 107 ds ESN. Poilu 1919) :
11. [Liebert]
... une bonne heure de silence... ça va me donner la possibilité de mettre un peu d'ordre dans tout ce cinéma... entre Dupont et moi... ça n'a pas été tout rose, il y a eu pas mal d'épines et même des fers de lances.
P. VIALAR, Le Bon Dieu sans confession, 1953, p. 99.
Rem. Ciné, cinoche s'emploient également dans ces loc. fam. mais pas cinématographe.
Prononc. et Orth. :[sinema], []. Ds Ac. 1932 s.v. cinématographe avec la rem. : ,,on dit par abréviation cinéma``. Étymol. et Hist. 1899 cinéma « appareil cinématographique » (TRUTAT, La photogr. animée, p. 97, fig. 82 ds GIRAUD). Abrév. de cinématographe (1893, Texte d'enregistrement du brevet ds GIRAUD), composé de l'élément préf. cinéma- et de l'élément suff. -graphe.
STAT. — Cinéma. Fréq. abs. littér. :673. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) néant, b) néant; XXe s. : a) 63, b) 2 824. Cinématographe. Fréq. abs. littér. :41.
BBG. — GALL. 1955, p. 230, 316. — GIRAUD (J.). L'Hist. du cin. Vie Lang. 1963, p. 37. — GIRAUD (J.), PAMART (P.), RIVERAIN (J.). Mots ds le vent. Vie Lang. 1970, p. 631, 651. — UREN (O.). Le Vocab. du cin. fr. Fr. mod. 1952, t. 20, p. 205.

cinéma [sinema] n. m.
ÉTYM. 1899; abrév. de cinématographe.
1 Procédé permettant d'enregistrer photographiquement et de projeter des vues animées. Photographie. || Prises de vues de cinéma. Caméra (différentes parties : boîtes-magasins; couloir; fenêtre; griffe, came, croix de Malte d'entraînement; objectifs, tourelle, plate-forme, trépied).Film de cinéma. Bande (et bande son), film, pellicule, piste; celluloïd, émulsion; image, photogramme, vue.Projection de cinéma. Projecteur; écran.Invention du cinéma par les frères Lumière. Cinématographe. || Ancêtres du cinéma. Chronophotographe, kinétoscope, lanterne (magique), ombre (ombres chinoises), phénakistiscope, phonoscope, praxinoscope, stroboscope, zootrope.
Cinéma sonore, parlant. || Prise de son de cinéma. Enregistrement, sonorisation; doublage, post-synchronisation. || Reproduction du son d'une bande sonore de cinéma (par galvanomètre, oscillographe ou cellule photo-électrique; amplificateur; microphone). || Cinéma en noir et blanc; cinéma en couleurs. Trichromie; tétrachromie; technicolor. || Cinéma en format réduit, en huit millimètres. aussi Super-huit. || Cinéma en format professionnel. || Cinéma en polyvision, en grand format. Cinémascope, cinérama.Cinéma en relief. Anaglyphe; stéréoscope.
2 Art de composer et de réaliser des films cinématographiques (le seul adj. correspondant est cinématographique). || Le cinéma est appelé septième art. || Cinéma d'animation (3.). || Réaliser un film de cinéma. Filmer, réaliser, tourner; mise (en scène); cadrage, champ, contrechamp, off, panoramique, plongée (et contre-plongée), travelling; plan (plan général, moyen, américain, premier plan, gros plan); détail, intérieur(s), extérieur(s); ouverture (et fermeture); fondu (et fondu enchaîné); zoom; claquette, grue, panoramique. || Plateau, studio de cinéma. Plateau, studio; rampe, réflecteur, spot, sunlight (fam. casserole); perche (à son); girafe. || Scénario d'un film de cinéma. Scénario; découpage, dialogue, synopsis. || Effet comique de cinéma. Gag. || Le montage donne au cinéma son rythme. Montage, monter, monteur (monteuse); collure, moviola, mixer, rush; flash-back. || Trucage de cinéma. Accéléré, ralenti, surimpression, transparence, truc. || Personnel du cinéma. Cinéaste; cameraman, opérateur; metteur (en scène), réalisateur; scénariste; acteur, comédien, star, vedette; documentariste; scripte, script-girl; décorateur, maquilleur, électricien, ingénieur (du son), perchman, régisseur; monteur. || Faire du cinéma : jouer dans un film; ou encore, mettre en scène un film; exercer un des métiers du cinéma.Aimer le cinéma (→ Acétocellulose, cit. 2). || Amateur de cinéma. Cinéphile; ciné-club, cinémathèque. || Critique de cinéma. || Histoire du cinéma; théorie du cinéma. || Revues de cinéma.
1 Les événements extérieurs, les accidents, les traumatismes, appartiennent au cinéma; il sied que le roman les lui laisse.
Gide, les Faux-monnayeurs, 1re part., VIII, p. 97.
2 Il est certain que les ressources du cinéma, arrivé à l'âge adulte, sont venues répondre (…) au besoin qu'éprouve l'esprit moderne d'exprimer le dynamisme et le foisonnement du monde où il plonge.
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. I, Le 6 octobre, Préface, p. XV.
3 C'est (…) parce que le cinéma est encore dans l'enfance qu'il importe de l'éclairer, de le guider, de discuter sur sa nature, ses moyens et ses tendances (…) Je sais que de jeunes hommes font un effort admirable pour arracher le septième art (…) à la routine, à la calembredaine, à la série industrielle.
G. Duhamel, Manuel du protestataire, V, p. 142-143.
4 La description (…) de cette technique (du cinéma) nous fait espérer que, par elle, le public se rendra compte des qualités spéciales du cinéma; nous ne parlerons plus d'esthétique, mais ce sera la technique même qui prouvera (…) que le cinéma n'est ni théâtre, ni peinture, ni roman, ni abstraction. L'outillage du cinéma montrera la gamme infinie ouverte à l'esprit inventif du spectacle; la réalisation, par des exemples de scénarios et par le rôle du metteur en scène, de l'acteur, de la musique, etc., montrera ce qui est cinéma et ce qui n'est qu'enregistrement cinématographique. La diffusion montrera comment on atteint le public, de la réclame à la critique, en passant par les salles de projection.
Lo Duca, Technique du cinéma (P. U. F.), Introd., p. 5.
5 Un art est né sous nos yeux (…) il s'est assimilé rapidement des éléments pris à tout le savoir humain. Ce qui fait la grandeur du cinéma, c'est qu'il est une somme, une synthèse aussi de beaucoup d'autres arts. Le cinéma est encore une industrie (…) Avant de montrer une bobine d'un grand film moderne, il faut au préalable dépenser plusieurs millions (…)
G. Sadoul, Hist. d'un art, Le cinéma, Préf., p. 5-6.
Cinéma professionnel, cinéma d'amateur.Applications du cinéma : cinéma scientifique. Microcinéma.Le cinéma documentaire (→ Audiovisuel, cit. 2).Le cinéma d'aventures, le cinéma politique, comique. || Les classiques du cinéma. Film. || Cinéma pour enfants.Le cinéma français, italien, américain…, ensemble des œuvres produites par cet art en France, en Italie, etc.(Styles). || Cinéma expressionniste, réaliste, vériste… || Le cinéma hollywoodien.Cinéma-vérité : conception dérivée du ciné-œil de Dziga Vertov, selon laquelle on peut atteindre plus de réalisme en modifiant les procédés du film de fiction commercial au profit d'une plus grande spontanéité. || Cinéma d'auteur. aussi Caméra (stylo).
L'industrie du cinéma; l'économie du cinéma. Producteur, distributeur, exploitant; et aussi circuit (de salles, de programmation). || Être dans le cinéma. aussi Coproduction, festival, festivalier, série, star-system. || Hautes récompenses du cinéma. César, oscar.
Cinéma en coproduction internationale. || Les grandes firmes américaines de cinéma. || Cinéma parallèle : production à budget limité, indépendante, conçue comme solution de rechange au cinéma commercial traditionnel.
3 Projection cinématographique (dans séance de cinéma).
4 (Un, des cinémas). Salle de spectacle où l'on projette des films cinématographiques. || Un grand cinéma. || Programmation d'un cinéma. || Cinéma d'art, d'essai, d'exclusivité. || Cinéma de quartier. || Cinéma permanent. || Cinéma à plusieurs salles. Complexe (cinématographique). || Ouvreuses de cinéma. || Des cinémas. || Aller au cinéma. fam. Ciné, cinoche.
6 Dans le centre de cette ville (…) les cinémas sont nombreux (…) Ils donnent le spectacle « permanent » (…)
G. Duhamel, Manuel du protestataire, V, p. 139.
5 Fig. et fam. (Péj.). C'est du cinéma : c'est invraisemblable. || Toute cette histoire, c'est du cinéma !, du bluff, du roman (fig.). — ☑ Tu as vu ça au cinéma, réplique pour signifier qu'on ne croit pas à une histoire. — ☑ Il nous a fait tout un cinéma, une démonstration affectée, toute une mise en scène (fig.). → Faire son cirque. Cabotiner. || Les gestes, les effets, rien n'y manquait, quel cinéma : quelle comédie. Chiqué. — ☑ Loc. fam. Se faire (un) du cinéma : se monter la tête, s'imaginer les choses comme on souhaiterait qu'elles soient. || Il se fait son cinéma personnel, son petit cinéma intérieur.
7 (…) le bout des choses, qu'est jamais beau, qu'est jamais gai, dès qu'on consent à être un peu plus clairvoyant, à pas se faire de cinéma.
A. Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 114.
8 Il a le chic pour convaincre les gens que leurs tuyaux et leurs intestins vont être bientôt tapissés de tartre et de calcaire, empierrés comme des routes ! Quel cinéma il peut leur faire, oui oui pardon, je m'égare.
F. Nourissier, le Maître de maison, p. 58.
DÉR. Ciné, cinoche.
COMP. Cinémascope. Microcinéma, télécinéma.

Encyclopédie Universelle. 2012.