1. flétrir [ fletrir ] v. tr. <conjug. : 2>
1 ♦ Faire perdre sa forme naturelle, son port et ses couleurs à (une plante) en privant d'eau. ⇒ faner, sécher. Le vent, la chaleur, la sécheresse ont flétri ces fleurs. « les lilas, qu'une nuit flétrit, mais qui sentent si bon ! » (Flaubert). — SE FLÉTRIR v. pron. Se faner. Plante qui se flétrit par manque d'eau.
2 ♦ Littér. Dépouiller de son éclat, de sa fraîcheur. ⇒ altérer, décolorer, ternir. « Les chagrins avaient prématurément flétri le visage de la vieille dame » (Balzac). — Pronom. Beauté qui se flétrit.
3 ♦ (infl. de 2. flétrir) Fig. et littér. Faire perdre la pureté, l'innocence à. ⇒ avilir, enlaidir. « Cette vie-là m'ennuie, me pèse, me flétrit mon peu de poésie » (Sainte-Beuve). « Le désir fleurit, la possession flétrit toutes choses » (Proust).
flétrir 2. flétrir [ fletrir ] v. tr. <conjug. : 2>
• XVIe; altér., p.-ê. d'apr. 1. flétrir, de flatrir (XIIIe); fleutrir (1549), du frq. °flat « plat » → flatter
1 ♦ Anciennt Marquer (un criminel) d'un fer rouge (en forme de fleur de lys, puis de lettres). On flétrissait les criminels à l'épaule. — Par ext. Frapper d'une condamnation ignominieuse, infamante. « ce n'est pas le pouvoir qui flétrit, c'est le public » (Voltaire).
2 ♦ Vieilli Vouer à l'opprobre. ⇒ stigmatiser. Flétrir le nom, la mémoire, la réputation de qqn. — Déshonorer. « L'or aux mains flétrit plus que le fer sur l'épaule » (Hugo).
♢ Flétrir (qqn, qqch.) d'une épithète infamante.
⊗ CONTR. Exalter, honorer, réhabiliter.
● flétrir verbe transitif (ancien français flaistre, flasque, du latin flaccidus, flasque) Faire perdre la fraîcheur, l'éclat d'un végétal en le privant d'eau. Marquer le corps, le visage de quelqu'un d'un vieillissement ; le rider : L'âge a flétri son visage. Littéraire. Altérer, ternir, corrompre quelqu'un, son esprit, quelque chose : Il flétrit tout ce qu'il touche. ● flétrir (citations) verbe transitif (ancien français flaistre, flasque, du latin flaccidus, flasque) Pierre de Ronsard château de la Possonnière, Couture-sur-Loir, 1524-prieuré de Saint-Cosme-en-l'Isle, près de Tours, 1585 Tel fleurit aujourd'hui qui demain flétrira, Tel flétrit aujourd'hui qui demain fleurira. Le Second Livre des poèmes ● flétrir (synonymes) verbe transitif (ancien français flaistre, flasque, du latin flaccidus, flasque) Faire perdre la fraîcheur, l'éclat d'un végétal en le privant...
Synonymes :
- dessécher
- faner
- sécher
Marquer le corps, le visage de quelqu'un d'un vieillissement ; le...
Synonymes :
- défraîchir
- faner
- friper
- pâlir
- rider
- ternir
Littéraire. Altérer, ternir, corrompre quelqu'un, son esprit, quelque chose
Synonymes :
- altérer
- avilir
- dépraver
- gâter
- perdre
- pourrir
- salir
- souiller
● flétrir
verbe transitif
(ancien français flatir, jeter à terre, du francique flatjan)
Autrefois, marquer un condamné d'un fer rouge.
Littéraire. Dénoncer quelque chose, quelqu'un, son action avec indignation, le blâmer : Flétrir l'injustice.
● flétrir (synonymes)
verbe transitif
(ancien français flatir, jeter à terre, du francique flatjan)
Autrefois, marquer un condamné d'un fer rouge.
Synonymes :
Littéraire. Dénoncer quelque chose, quelqu'un, son action avec indignation, le blâmer
Synonymes :
- anathématiser
- blâmer
- maudire
- réprouver
- vitupérer (littéraire)
● littéraire, flétrir
verbe intransitif
se flétrir
verbe pronominal
être flétri
verbe passif
Se faner : Sa beauté flétrissait.
● littéraire, flétrir (synonymes)
verbe intransitif
se flétrir
verbe pronominal
être flétri
verbe passif
Se faner
Synonymes :
- avachi
- chiffonné
- décati
- défleuri
- défraîchi
- fané
- fripé
- parcheminé
- passé
- ratatiné
- ridé
Contraires :
- éclatant
- frais
- juvénile
- pur
flétrir
v. tr.
d1./d Faire perdre sa couleur, sa forme, sa fraîcheur à (une plante, une fleur). La sécheresse a flétri toutes les fleurs.
|| v. Pron. Plantes qui se flétrissent.
d2./d Par anal. Ternir, altérer. Le soleil a flétri les couleurs de cette étoffe.
|| Fig. Le temps a flétri son visage.
————————
flétrir
v. tr. Stigmatiser, vouer au déshonneur. Flétrir les traîtres. Flétrir la mémoire de qqn.
I.
⇒FLÉTRIR1, verbe trans.
A.— [Le compl. d'obj. dir. désigne un végétal] Faner entièrement. La chaleur, le vent flétrit les fleurs. Un miracle offrirait à nos bois quelque prodigieuse orchidée, mille mains aussitôt se tendraient pour l'arracher, la flétrir (GIDE, Journal, 1910, p. 302).
— Emploi pronom. à sens passif. Des fleurs achevaient de se flétrir dans une flûte de porcelaine (DUHAMEL, Suzanne, 1941, p 87).
B.— P. anal.
1. [Le compl. d'obj. dir. désigne certaines parties du corps hum.] Faire perdre vitalité, éclat. La souffrance, les chagrins flétrissent le visage. Les yeux (...) sont soulignés par les plis dont l'âge s'est plu à flétrir la paupière (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 153) :
• 1. Les vapeurs de ces marais ne tardèrent pas à flétrir ces traits, les plus beaux, dit-on, qui dans ce siècle eussent paru sur cette terre.
STENDHAL, Amour, 1822, p. 78.
— Emploi pronom. à sens passif. Je vis son teint pâlir, ses joues se creuser, ses appas se flétrir... Oh! comme la beauté est une chose fragile et fugitive! (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 235).
2. [Le compl. d'obj. dir. désigne une chose, spéc. une étoffe] Décolorer, ternir. Le grand air flétrit les couleurs (LITTRÉ).
C.— Au fig.
1. Dépouiller de sa fraîcheur. Flétrir l'âme, le cœur. Les chagrins ont flétri sa jeunesse (Ac. 1932). L'habitude (...), loin de flétrir l'imagination, lui rend, au contraire, plus chers les mêmes mobiles d'activité (MAINE DE BIRAN, Influence habit., 1803, p. 103) :
• 2. Tous ces hommes géométriques (...) croyaient avoir désséché pour toujours en nous ce qu'ils étaient parvenus en effet à flétrir et à tuer en eux, toute la partie morale, divine, mélodieuse, de la pensée humaine.
LAMART., Destinées poés., 1834, p. 378.
— Emploi pronom. à sens passif. Si ma mauvaise étoile, enfin, est la plus forte, Si je sens par degrés mon âme se flétrir Et se miner mon corps (BRIZEUX, Marie, 1840, p. 97).
2. Ôter l'innocence, la pureté; corrompre. En écoutant des moqueries sur ceux qui nous sont chers, on flétrit ce que l'affection a de pur et d'exalté (STAËL, Allemagne, t. 4, 1810, p. 397) :
• 3. L'amour qu'il avait eu pour Magdeleine était si pur et si céleste, qu'il eût cru le profaner et le flétrir par un désir...
KARR, Sous tilleuls, 1832, p. 95.
Rem. La docum. atteste l'emploi intrans. de flétrir (supra A). Se faner entièrement. Le blé qui ne pourrira pas, Qui ne flétrira point aux ardeurs de l'été (PÉGUY, Tapisserie N.-D., 1913, p. 678).
REM. Flétrissant, ante, part. prés. adj. Qui flétrit (supra A). P. métaph. Quand l'âge aura sur nous mis sa main flétrissante, Que pourra la beauté, quoique toute-puissante? (CHÉNIER, Élégies, 1794, p. 45).
Prononc. et Orth. :[], (je) flétris []. Demi-longueur ds PASSY 1914 de la voyelle de 1re syll. Ds Ac. dep. 1694. Ac. 1694 et 1718 : flestrir. Étymol. et Hist. 1. a) intrans. 1re moitié du XIIe s. fleistrir « perdre sa forme naturelle, son port et ses couleurs (d'une plante) » (Psautier de Cambridge, 36, 2 ds T.-L.); b) trans. ca 1160 flestir (Enéas, éd. J. J. Salverda de Grave, 6194); 2. trans. ca 1160 flestir fig. « faire perdre son éclat, sa fraîcheur » (ibid. 6196). Dér. de l'a. adj. flaistre, flestre « flétri, flasque » (XIIe s. ds T.-L.); du lat. class. flaccidus « flasque, mou ».
DÉR. Flétrissement, subst. masc., littér. [En parlant d'une pers.] Action de se flétrir; résultat de cette action. Le blanchissement des cheveux, le flétrissement de la peau, etc... marquent les étapes de la durée (CARREL, L'Homme, 1935, p. 197). Un flétrissement, une sorte de décoloration générale faisait d'elle une précoce vieille fille (BILLY, Introïbo, 1939, p. 244). — []. — 1res attest. a) 1912 p. métaph. (FAURE, Hist. art, p. 342 : le lent flétrissement de la dernière fleur gothique eut un parfum pénétrant), b) 1935 « altération de la fraîcheur, de la beauté » (CARREL, loc. cit.); du rad. du part. prés. de flétrir1, suff. -(e)ment1. — Fréq. abs. littér. : 3.
BBG. — GOHIN 1903, p. 231 (s.v. flétrissant).
II.
⇒FLÉTRIR2, verbe trans.
A.— DR. ANC. Marquer d'un fer rouge en punition d'un crime. Il fut condamné à être flétri par la main du bourreau (Ac. 1835, 1878).
— P. ext. Frapper d'une condamnation infamante. Des procédés que la Cour de cassation vient de flétrir comme une violation de la loi (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899, p. 146) :
• 1. Dans une dispute sur le préjugé relatif aux peines infamantes qui flétrissent la famille du coupable, M. dit : « C'est bien assez de voir des honneurs et des récompenses où il n'y a pas de vertu, sans qu'il faille voir encore un châtiment où il n'y a pas de crime ».
CHAMFORT, Caract. et anecd., 1794, p. 171.
B.— Au fig. Condamner par des propos réprobateurs ou infamants. Flétrir le nom, la mémoire, la réputation de qqn. Des émigrés rentrés, des journalistes aux gages de l'étranger, flétrissaient audacieusement les meilleurs patriotes (LAS CASES, Mémor. Ste-Hélène, t. 1, 1823, p. 755) :
• 2. Tout mari est, à un moment déterminé, son propre arbitre (...). Il peut s'imposer le silence, et alors si quelqu'un laisse tomber un de ces propos qui flétrissent l'honneur d'une femme, sa main l'écrasera sur la bouche du diffamateur.
THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 56.
— Flétrir du nom de, sous le nom de. L'intérêt des capitaux, cet intérêt que toute l'antiquité s'est accordée à flétrir sous le nom d'usure, lorsqu'il sert à payer le prix de l'argent (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 274) :
• Si vous appelez vieilli tout ce qui est ancien; si vous flétrissez d'un nom qui porte avec lui une idée de décadence et un sentiment de dédain, tout ce qui a été consacré et rendu plus fort par le temps, vous le profanez et l'affaiblissez...
JOUBERT, Pensées, t. 1, 1824, p. 427.
REM. 1. Flétrissable, adj. Qui mérite d'être réprouvé. Il est vrai, ajoute cet homme flétrissable, il est vrai qu'une des horreurs de la guerre (...) c'est que les femmes y soient épargnées (MONTHERL., J. filles, 1936, p. 927). 2. Flétrisseur, subst. masc. Personne qui condamne par des propos réprobateurs ou infamants. Lebret, l'imbécile flétrisseur des « sans-patrie » dont le crime était de vouloir une patrie de justice (CLEMENCEAU, Vers réparation, 1899 p. 523). 3. Flétrissoir, subst. masc., au fig., p. plaisant. [P. allus. au fer utilisé pour marquer les criminels] Ses principes, qui le forcent à sortir (...) son « flétrissoir » et d'en marquer, à son grand regret, un homme qui lui est très sympathique (GONCOURT, Journal, 1885, p. 450).
Prononc. et Orth. Cf. flétrir1. Étymol. et Hist. 1. Ca 1250 flastrir « marquer une personne d'un fer rouge en punition d'un crime » (Assises de Jérusalem, éd. A. Beugnot, t. 2, p. 223); mil. XVe s. flestrir (Mistére du Viel Testament, éd. J. de Rothschild, 48199); 2. 1611 « vouer à l'opprobre » (COTGR.). Altération, d'apr. flétrir1, de l'a. verbe flatir « (faire) tomber ou jeter par terre » (2e moitié du XIIe s. ds T.-L.) qui remonte prob. à l'a. b. frq. flatjan « passer le plat de la main », lui-même dér. de l'a. b. frq. flat « plat, uni »; cf. a. h. all. flaz de même sens (GRAFF t. 3, col. 777); aussi a. nord. flatr (DE VRIES) et angl. flat (NED).
STAT. — Flétrir1 et 2. Fréq. abs. littér. :622. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 689, b) 476; XXe s. : a) 713, b) 519.
BBG. — GOUGENHEIM (G.). Un fait d'attraction lex. : flétrir. Fr. mod. 1950, t. 18, p. 216.
1. flétrir [fletʀiʀ] v.
ÉTYM. XIIe, fleistrir; de l'anc. franç. flaistre, flestre « flasque », du lat. flaccidus « flasque », de flaccus.
❖
A V. tr.
1 Faire perdre sa forme naturelle, son port et ses couleurs à (une plante) en privant d'eau. ⇒ Faner, sécher. || Le vent, la chaleur, la sécheresse ont flétri ces fleurs (→ Botanique, cit. 3).
1 Il (le temps) flétrit les œillets, il efface les roses.
Rotrou, Hercule mourant, I, 3.
2 (…) les lilas, qu'une nuit flétrit, mais qui sentent si bon !
Flaubert, Correspondance, 393, 26-27 mai 1853.
♦ ☑ Loc. fig. (Vx). Flétrir les lauriers de quelqu'un, porter atteinte à sa gloire. ⇒ Entacher, ternir.
2 Littér. Dépouiller de son éclat, de sa fraîcheur (une partie du corps, le corps). ⇒ Altérer, décolorer, défraîchir, gâter, ternir. || L'âge, la souffrance a flétri son teint, son visage. ⇒ Rider.
3 Et mon front, dépouillé d'un si noble avantage,
Du temps, qui l'a flétri, laisse voir tout l'outrage.
Racine, Mithridate, III, 5.
4 Il n'était point flétri par les rides de l'âge.
M.-J. Chénier, Œdipe roi, III, 4.
5 Les chagrins avaient prématurément flétri le visage de la vieille dame, sans doute belle autrefois (…)
Balzac, la Bourse, Pl., t. I, p. 339.
5.1 La princesse dépassait la quarantaine. Elle avait des yeux vifs dans un visage de petite fille, que l'ennui flétrissait instantanément. Aussi le fuyait-elle et recherchait-elle le rire que les femmes évitent, parce qu'ils donnent des rides.
Cocteau, Thomas l'imposteur, éd. Folio, p. 12.
♦ Fig. et vx. Dépouiller de sa fraîcheur, de toute joie. || Flétrir le cœur, l'âme. ⇒ Désoler; défleurir, dessécher.
6 La douleur (…) avait flétri son cœur (…)
Fénelon, Télémaque, XVI.
7 (…) tant d'horreurs accumulées, et dont le souvenir ne pourrait qu'attrister et flétrir mon âme.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre CLXXIV.
8 Quand le chagrin, l'exil et les années
Auront flétri ce cœur désespéré (…)
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Rappelle-toi ».
9 Un flot de honteuse tristesse m'a flétri le cœur.
M. Barrès, Un jardin sur l'Oronte, p. 153.
10 (…) le désir fleurit, la possession flétrit toutes choses (…)
Proust, les Plaisirs et les Jours, Regrets, rêv. couleur du temps, VI.
3 Mod. et littér. (avec l'infl. de 2. flétrir). Faire perdre la pureté, l'innocence à (un sentiment, un affect, etc.). ⇒ Avilir, corrompre (cit. 16), enlaidir, profaner, salir, souiller. || Il essaie de flétrir tous les sentiments désintéressés.
11 Le sentiment de répulsion que vous avez éprouvé à la lecture des premières pages (…) est trop honorable pour vous et trop délicat pour qu'un esprit, fût-ce celui de l'auteur, pût s'en offenser. Il prouve que vous n'appartenez pas à un monde de fausseté et de perfidie, que vous ne connaissez pas une société qui flétrit tout (…)
Balzac, Lettre à Mme Carraud (à propos de la Physiologie du mariage; cité par Henriot, Portraits de femmes, p. 337).
12 (…) l'impression qui résulte de ces peintures de voluptés n'est point agréable; il (saint Augustin) les flétrit, il les enlaidit et les salit le plus qu'il peut en son style bizarre (…)
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 14.
13 Cette vie-là m'ennuie, me pèse, me flétrit mon peu de poésie; au moment de m'y enfoncer, je recule et je voudrais m'y soustraire. C'est pour cela que je m'adresse à vous.
Sainte-Beuve, Correspondance, t. I, p. 174.
——————
se flétrir v. pron.
♦ Se faner. || Fleur, salade qui se flétrit. — Bot. || Organe qui se flétrit, peut se flétrir. ⇒ Marcescent, marcescible. — Fig. || Sa beauté commence à se flétrir.
14 (…) son teint se flétrit comme une fleur que la main d'une nymphe a cueillie (…)
Fénelon, Télémaque, XV.
15 (Rousseau) gardant jusqu'au bout la sensibilité délicate et profonde, l'humanité, l'attendrissement, le don des larmes, la faculté d'aimer, la passion (…) comme autant de racines vivaces où fermente toujours la sève généreuse pendant que la tige et les rameaux avortent, se déforment ou se flétrissent sous l'inclémence de l'air.
Taine, les Origines de la France contemporaine, t. II, II, p. 30.
B V. intr. Vieux ou littéraire :
16 Fille, viens la Rose cueillir,
Tandis que sa fleur est nouvelle :
Souviens-toi qu'il te faut vieillir
Et que tu flétriras comme elle.
Baïf, le Livre des Poèmes.
16.1 Aux structures croulantes répondent des ébauches de structures neuves, comme à l'époque où la gens romaine flétrissait, on voyait pointer les premiers couvents.
Emmanuel Berl, le Virage, p. 137.
——————
flétrissant, ante p. prés. et adj.
ÉTYM. (1541).
♦ Qui flétrit, fane. — Figuré :
17 Quand l'âge aura sur nous mis sa main flétrissante,
Que pourra la beauté, quoique toute-puissante ?
André Chénier, Élégies, 22.
——————
flétri, ie p. p. adj.
1 Qui a perdu sa sève, sa forme, sa couleur. || Fleur flétrie. ⇒ Fané. || Herbe flétrie. || Fruit flétri. — Par anal. || Couleurs flétries. ⇒ Défraîchi, passé. — Par métaphore. → ci-dessous, cit. 21.
♦ Par ext. (en parlant d'une partie du corps). Qui est flasque, ridé. || Peau flétrie. || Visage flétri. ⇒ Ratatiné.
2 Littér. Qui a perdu sa beauté. || Les charmes flétris d'une antique beauté. — Fig. et littér. Désespéré, désolé, desséché.
18 (…) vos beautés, bien qu'elles soient fleuries,
En peu de temps seront toutes flétries,
Et, comme fleurs, périront tout soudain.
Ronsard, Pièces retranchées, Continuation des amours (1555), Sonnets.
19 (…) mon cœur est flétri, mon esprit lassé, ma tête épuisée.
Voltaire, Lettre à d'Argental, 29 août 1755.
20 (…) je croyais mon cœur flétri; et ne me trouvant plus que des sens, je me plaignais d'une vieillesse prématurée.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre VI.
21 Ninon, Ninon, que fais-tu de la vie ?
L'heure s'enfuit, le jour succède au jour.
Rose ce soir, demain flétrie,
Comment vis-tu, toi qui n'as pas d'amour ?
A. de Musset, Premières Poésies, « À quoi rêvent les jeunes filles », I, I.
22 Il était jeune encore, mais avec ce je ne sais quoi de flétri et d'amer que l'on remarque chez ceux dont les soucis ont dévoré les premières années de la vie.
J. Green, Léviathan, I, I.
❖
CONTR. Éclore, épanouir (s'), fleurir. — (Du p. p.) Éclatant, 1. frais, pur, vivace.
DÉR. Flétrissement, 1. flétrissure.
HOM. 2. Flétrir.
————————
2. flétrir [fletʀiʀ] v. tr.
ÉTYM. XVIe; altér. (p.-ê. d'après 1. flétrir) de flatir, XIIIe, fleutrir, 1549; du francique flat « plat » (→ Flatter); le mot, au moins dans ses emplois figurés, est rattaché à 1. flétrir par les valeurs péjoratives.
❖
1 Anciennt. Marquer (un criminel) d'un fer rouge. || En France on flétrissait les criminels sur l'épaule, avec un fer en forme de fleur de lys, puis de lettres : V (voleur); G. A. L. (galères).
♦ Par analogie :
0.1 (…) punissons-la mille fois davantage que si nous prenions sa vie, marquons-la, flétrissons-la : cet avilissement joint à toutes les mauvaises affaires qu'elle a sur le corps, la fera pendre ou mourir de faim (…)
Sade, Justine…, Presses du livre français, p. 132.
♦ Par ext. Frapper d'une condamnation ignominieuse, infamante. ⇒ Condamner, punir. || Crime que la loi flétrit.
1 Aussi Rome a-t-elle flétri par décret exprès cet écrit du père Falconi.
Bossuet, États d'oraison, I, 19.
2 Il serait contre la raison que la loi flétrît dans les enfants ce qu'elle a approuvé dans le père.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XXIII, V.
3 (…) il n'y aurait de flétri que le juge qui l'a condamnée (la famille Sirven); car ce n'est pas le pouvoir qui flétrit, c'est le public.
Voltaire, Politique et Législation, Lettre de l'auteur à M. Élie de Beaumont.
2 Mod. Vouer à l'opprobre. ⇒ Blâmer, condamner, stigmatiser, vitupérer. || Flétrir injustement. ⇒ Diffamer. || Flétrir le nom, la mémoire, la réputation de quelqu'un. || Flétrir l'injustice, la tyrannie, les abus.
4 Que son nom soit taché, sa mémoire flétrie.
Corneille, le Cid, IV, 5.
5 (…) les critiques malins qui ont tâché de flétrir la plus pure vertu (…)
Fénelon, Télémaque, XIV.
6 Monseigneur, vous lisez bien légèrement, vous citez bien négligemment les écrits que vous flétrissez si durement; je trouve qu'un homme en place qui censure, devrait mettre un peu plus d'examen dans ses jugements.
Rousseau, Lettre à Mgr de Beaumont.
7 L'or aux mains flétrit plus que le fer sur l'épaule.
Hugo, les Années funestes, XXXIV.
8 Tel homme, à quel crime effroyable rêvant,
Et qu'on flétrira mort, vous l'adorez vivant (…)
Hugo, la Légende des siècles, XLIX, « Colère du bronze ».
♦ Flétrir (qqn, qqch.) d'une épithète infamante. || Flétrir (qqch.) sous le nom de…, du nom de… (→ Ajournement, cit.). || Sa conduite le flétrit aux yeux de tous; il s'est flétri par sa conduite. ⇒ Déshonorer (se).
9 (…) ce que les familles et la masse bourgeoise flétrissent généralement de l'épithète d'original.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Poème du hachisch », IV.
10 Il me maudit de belle sorte
Et pour flétrir d'un blâme insigne
Mes livres et leur plan indigne,
Non, il n'y va pas de main morte.
Verlaine, Parallèlement, « Invectives », XXII.
——————
flétri, ie p. p. adj.
1 Anciennt. Marqué au fer rouge, en parlant d'un criminel.
11 (…) j'ameute la cour contre vous, je vous dénonce comme flétrie, je vous fais mettre en jugement, et si l'on vous absout, eh bien ! je vous tue, foi de gentilhomme !
A. Dumas, les Trois Mousquetaires, t. II, p. 495.
2 Frappé d'une condamnation infamante. || Mémoire, réputation flétrie.
❖
CONTR. Apologie (faire l'), exalter, féliciter, honorer, réhabiliter.
DÉR. 2. Flétrissant, 2. flétrissure.
HOM. 1. Flétrir.
Encyclopédie Universelle. 2012.