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désoler

désoler [ dezɔle ] v. tr. <conjug. : 1>
• v. 1330; lat. desolare « laisser seul », d'où « ravager »
1Vx ou littér. Ruiner, transformer en solitude par des ravages. dévaster, ravager, ruiner. « Les notices sur les fléaux qui ont désolé l'humanité, sur les dates fatidiques, sur l'an mil, la peste, les Huns » (Giraudoux).
2Causer une affliction extrême à. affliger, attrister, consterner, navrer. Cet échec me désole. Pronom. (1692) Elle se désole de ne pouvoir vous aider.
3Par exagér. ( désolé, 3o )Contrarier. Ce contretemps, ce retard me désole. ennuyer.
⊗ CONTR. Réjouir, ravir.

désoler verbe transitif (latin desolare) Littéraire. Dévaster un lieu : Les pillards désolaient la campagne autour du château. Affliger quelqu'un, l'ennuyer profondément : Cela me désole de vous voir abandonner vos études. Contrarier quelqu'un plus ou moins vivement : Ce contretemps nous désole tous.désoler (synonymes) verbe transitif (latin desolare) Affliger quelqu'un, l'ennuyer profondément
Synonymes :
- abattre
- accabler
- affliger
- attrister
- chagriner
- peiner
- tourmenter
Contraires :
- contenter
- réjouir
- satisfaire
Contrarier quelqu'un plus ou moins vivement
Synonymes :
- chiffonner (familier)
- contrarier
- embêter (familier)
- ennuyer
- fâcher
- irriter
- mécontenter
- navrer

désoler
v.
rI./r v. tr.
d1./d Causer une grande affliction à (qqn). Votre conduite me désole.
d2./d Contrarier.
rII./r v. Pron. être très contrarié. Il se désole de ne pouvoir vous rendre ce service.

⇒DÉSOLER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. [Le suj. désigne des fléaux ou un groupe de pers. et leurs exactions; le compl. d'obj. un pays, un peuple, la terre et ses habitants ou un lieu quelconque] Rendre vide en ravageant, dévaster, porter la ruine et la destruction. Les François ont souvent ravagé l'Italie, et les Médicis, les Galigaï, les Buonaparte nous ont désolés (CHATEAUBR., Mél. pol., 1816-24, p. 53). Je sais que l'argent est cause de tous les maux qui désolent nos sociétés (FRANCE, Pt Pierre, 1918, p. 59) :
1. ... le pauvre vieux ménétrier de Nayrac apparut comme une bande de brigands affamés infestant le Midi et désolant le grand chemin par leurs meurtres, leurs incendies et déprédations.
VILLIERS DE L'ISLE-ADAM, Contes cruels, Les Brigands, 1883, p. 247.
P. ext. [Le compl. d'obj. désigne un domaine partic.] Ils [les Cosaques] menaient la vie des corsaires et désolaient le commerce de la mer Noire (MÉRIMÉE, Faux Démétrius, 1853, p. 73).
Au fig. L'ennui désole ma vie, Pulchérie, l'ennui me tue (SAND, Lélia, 1833, p. 204).
2. P. ext. [Avec affaiblissement de sens]
a) Faire du mal à, tourmenter; importuner, contrarier. Ce menu était fait exprès pour me désoler, et tous mes maux retombèrent sur moi (BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 376). Opiniâtre de politesse, (...) [il] désole et afflige les gens de ses envois et cadeaux à domicile (SAINTE-BEUVE, Caus. lundi, t. 14, 1851-62, p. 134) :
2. ... ces mouches féroces et sanguinaires (...) viennent effrayer, désoler, poursuivre nos bestiaux pendant les ardeurs de la canicule.
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 3, 1801, p. 315.
b) Affliger profondément. Ces larmes attendrissaient et désolaient mon cœur plus que n'eussent pu faire des reproches (GIDE, Si le grain, 1924, p. 569) :
3. Mon amie, ce qui me fait peine, ce qui me désole, ce qui me tourmente, ce qui me gâte ce plaisir de venir vous voir, c'est qu'il me paraît loin, bien loin pour moi qui voudrais que ce fût demain.
E. DE GUÉRIN, Lettres, 1838, p. 194.
Rem. Noter l'emploi suiv. où désoler a le sens de « donner un air de profonde tristesse (à un lieu) » (cf. désolé II A 2 et désolation A 2). La tristesse du repas mangé, des bouteilles bues, des croûtons naufragés sur les nappes vineuses, désolait la vaste pièce (ARNOUX, Chiffre, 1926, p. 138).
B.— Emploi pronom.
1. Se lamenter, se plaindre. Je me désole tous les matins et je m'enthousiasme tous les soirs. Puis je me console, et cela recommence (FLAUB., Corresp., 1860, p. 405) :
4. Il faut les entendre [les actrices] se désoler :
— « Ah! mon Dieu! je dois être à tel endroit à cinq heures, et à cinq heures et demie chez la masseuse (...) Ah! mon Dieu! je n'y arriverai jamais! ... »
COLETTE, L'Envers du music-hall, 1913, p. 152.
2. Éprouver un profond chagrin, se laisser aller à l'affliction. Ces deux petits enfants, ce pauvre veuf qui se désole, font pitié (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1833, p. 39) :
5. Oubliant en un instant tout ce que la providence venoit de faire pour eux, ils se désoloient, ils gémissoient...
CRÈVECŒUR, Voyage dans la Haute Pensylvanie, t. 3, 1801, p. 97.
Rem. On rencontre ds la docum. l'adv. désolablement. D'une manière qui peut désoler, affliger profondément; d'où profondément, extrêmement. Véritable lieu d'exil de toute part, et vallée de larmes. Ce qui serait désolablement triste, si le ciel ne couvrait la terre (E. DE GUÉRIN, Lettres, 1843, p. 457).
Prononc. et Orth. [], (je) désole []. Enq. : /dezol/ (il) désole. Ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. Fin XIIe s. li aluet desoleit des hommes [desolata ab hominibus praedia] « désertée » (Dialogue Grégoire, 187, 22 ds T.-L.); 1350 désolées [en parlant d'églises] « dépeuplées, ravagées » (GILLES LE MUISIT, I, 238, ibid.); 2. 1360-70 désolé adj. « plongé dans l'affliction » (BAUDOUIN DE SEBOURC, IV, 306, ibid.), avec affaiblissement de sens au XVIIe s. « contrarier, fatiguer », cf. 1672 (Mercure de France, t. I, p. 323 d'apr. F. Baldensperger ds R. Philol. fr. t. 17, p. 293); 1767 désolant « insupportable, décourageant » [d'une pers.] (J.-J. ROUSSEAU, Confessions, II ds LITTRÉ). Empr. au lat. class. desolare (desolus) « dépeupler, ravager » et au part. « déserté, abandonné, privé de », le mot ayant été en b. lat. opposé à consolare (desolare) [desolare : solacium auferre], v. ERN.-MEILLET. Fréq. abs. littér. :822. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 086, b) 1 500; XXe s. : a) 1 540, b) 838.

désoler [dezɔle] v. tr.
ÉTYM. Fin XIIe; lat. desolare, proprt « laisser seul », d'où « ravager »; de de-, et solare « dépeupler », de solus « seul ».
1 Vx ou littér., le p. p. (→ ci-dessous) étant plus cour. Ruiner (un pays), transformer en solitude par des ravages. Détruire, dévaster, ravager, ruiner, saccager. || Pillards qui désolent la campagne. || Une épidémie a désolé la ville, l'armée (→ Combattre, cit. 16). || Les maux qui désolent la société (→ Argent, cit. 47).
1 Le Jourdain ne voit plus l'Arabe vagabond,
Ni l'altier Philistin, par d'éternels ravages,
Comme au temps de vos rois, désoler ses rivages (…)
Racine, Athalie, II, 5.
2 Après l'enchaînement de tant de calamités, après que les éléments et les fureurs des hommes ont ainsi conspiré pour désoler la terre, on s'étonne que l'Europe soit aujourd'hui si florissante.
Voltaire, Essai sur les mœurs, LXXV.
3 Mon père avait vu venir la guerre sans illusion. C'est à lui également que l'on doit, dans la Grande Encyclopédie, les notices sur les fléaux qui ont désolé l'humanité et sur les dates fatidiques, sur l'an mil, la peste, les Huns.
Giraudoux, Bella, I, p. 9.
2 Causer une affliction extrême à (qqn). Affliger, attrister, chagriner, consterner, navrer. || La mort de cet ami le désole. || Cet échec me désole.
4 (…) si elle s'en va en se déchirant le cœur, c'est par l'espérance qu'elle a de revenir digne de lui dans l'esprit de tout le monde, et de pouvoir être sa femme, sans désoler et sans humilier sa famille.
G. Sand, la Petite Fadette, XXIX, p. 199.
5 Il (l'oncle) était horloger, et m'envisageait comme devant être le continuateur de son état. Mes succès le désolaient; car il sentait bien que tout ce latin contreminait sourdement ses projets (…)
Renan, Souvenirs d'enfance…, III, I, p. 122.
6 (…) deux traits particuliers du caractère d'Albertine qui me revenaient maintenant à l'esprit, l'un pour me consoler, l'autre pour me désoler (…)
Proust, À la recherche du temps perdu, t. XII, p. 235.
3 (Le sujet désigne une contrariété, un désagrément). Contrarier. Ennuyer, fâcher, importuner. || Ce contretemps, ce retard me désole. || Vos reproches me désolent (→ Attention, cit. 8). Navrer; chiffonner (fam.).
——————
se désoler v. pron.
ÉTYM. (1692).
Se lamenter. Plaindre (se). || Il se désole nuit et jour. || Ne vous désolez pas comme cela.
7 (…) tandis qu'une épouse à leurs yeux se désole (…)
Boileau, Satires, X.
Être fortement contrarié. || Elle se désole de ne pouvoir vous aider.
——————
désolé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (V. 1355).
1 Qui est vide, désert. || Ville désolée par la peste. || Pays désolé. Désert (cit. 5).Par ext. Morne, triste.
8 Mon palais près (auprès)du vôtre est un lieu désolé.
Corneille, Agésilas, III, 1.
9 Il fallait du temps pour fermer les plaies de la Livonie, pays abondant, mais désolé par quinze ans de guerre, par le fer, par le feu, et par la contagion (…)
Voltaire, Hist. de Charles XII, VIII.
10 (…) un endroit désolé, consumé de soleil, calciné même en plein hiver (…)
E. Fromentin, Une année dans le Sahel, p. 37 (→ Calciner, cit. 3).
2 Littér. Qui éprouve une grande douleur. Affligé, éploré. || Une mère désolée. || Avoir l'air désolé.
10.1 Le désolé Bedreddin ne cessa de se lamenter
A. Galland, les Mille et une Nuits, t. I, p. 337.
Par ext. Qui exprime une grande tristesse. || Une chanson désolée.
3 Par exagér. Cour. || Être désolé : regretter. || Je vous assure que je suis désolé. || Je suis désolé de vous avoir fait attendre. || Je suis désolé que vous n'ayiez pu assister au spectacle. Contrarié; embêté (fam.).Ellipt. || Désolé ! || Navré, désolé, mais vous vous trompez !
11 Désolé, messieurs. Que de regrets !
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, Ve tableau, III, p. 201.
4 N. Littér. Personne qui éprouve une grande affliction.
12 Quand la belle désolée fut au lit, je me mis à la consoler de bonne foi. Je la rassurai d'abord sur la crainte du couvent.
Choderlos de Laclos, les Liaisons dangereuses, lettre LXIII.
13 Nous ne refusons pas de vous suivre, mais nous sommes des désolés, des centaines de millions de désolés dans les ténèbres.
Léon Bloy, in Choix de textes, p. 119.
CONTR. Épargner. — Consoler; réjouir. — (Du p. p.) Aise (être bien), gai, joyeux, satisfait.
DÉR. Désolant.

Encyclopédie Universelle. 2012.