rider [ ride ] v. tr. <conjug. : 1> I ♦
1 ♦ Marquer, sillonner de rides. La vieillesse « viendra rider ton visage » (Fénelon). ⇒ 1. flétrir. — Pronom. Visage, peau qui se ride.
2 ♦ Faire des rides (2o) à. « Le beau lac de Némi, qu'aucun souffle ne ride » (Lamartine). « Le soleil ride et confit la grappe tôt mûrie » (Colette). — Pronom. Fruit qui se dessèche et se ride.
II ♦ (1573 « tordre ») Mar. Rider (une manœuvre dormante), la raidir fortement à l'aide de ridoirs.
● rider verbe transitif (ancien haut allemand ridan, tordre) Marquer de rides la peau d'une partie du corps : Les soucis ont ridé son front. Littéraire. Marquer une surface d'ondulations : Le vent ride l'eau du lac. Tendre un cordage à l'aide de ridoirs. ● rider (homonymes) verbe transitif (ancien haut allemand ridan, tordre) ridé adjectif ridée nom féminin
rider
v. tr.
d1./d Faire, causer des rides à. L'âge a ridé ses joues.
|| v. Pron. Devenir ridé. Son visage s'est ridé.
d2./d Creuser de rides (sens 2), dessiner des ondulations sur. Le vent ride la surface de l'eau.
⇒RIDER, verbe trans.
A. — Sillonner, marquer de rides. La colère ridait son sinistre visage (BAOUR-LORMIAN, Ossian, 1827, p. 38). Cette pâte et cette eau possèdent d'étonnantes propriétés pour agir sur la peau, sans la rider prématurément (BALZAC, C. Birotteau, 1837, p. 47). Empl. pronom. Son front, pareil au front de la mer soucieuse, Se ridait à longs plis (GAUTIER, Comédie mort, 1838, p. 34). Elle avait ressenti âprement la faim et claquait des dents. Ses oreilles se ridèrent en s'exhaussant (JAMMES, Rom. du lièvre, 1903, p. 30).
B. — 1. [Le compl. d'obj. désigne une surface liquide] Produire une légère ondulation. Un vent tiède et léger rida imperceptiblement l'eau de la mare, un oiseau siffla (PERGAUD, De Goupil, 1910, p. 157). Empl. pronom. Ce n'est plus la surface plane et opaque des canaux tranquilles qui ne se rident le plus souvent que sous la rame légère du gondolier (NODIER, J. Sbogar, 1818, p. 157). Le café au lait pouvait se rider dans les tasses (COCTEAU, Enfants, 1929, p. 91). Avec ell. du pron. après le verbe faire. Un vent frais fait rider la surface des eaux, Et courbe, en se jouant, la tête des roseaux (MICHAUD, Printemps proscrit, 1803, p. 101).
2. [À propos d'une surface quelconque] Marquer de plis ou de sillons. Le reflux avait laissé le dessin de ses arceaux concentriques sur la grève; le sable guirlandé de fucus était ridé par chaque flot comme un front sur lequel le temps a passé (CHATEAUBR., Litt. angl., t. 2, 1836, p. 316). Empl. pronom. Quelle cause, en effet, aurait pu faire perdre à l'écorce terrestre la faculté de se rider sous l'influence des actions souterraines? (A. DE HUMBOLDT, Cosmos, trad. par Faye, 1848, p. 354). Pauline voulait grimper à l'arbre pour les merises noires qui brillaient comme du jais dans la feuille (...). Elle ramassait les fruits tombés qui se ridaient sur la friche jaunie (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 155).
C. — MAR. Tendre une manœuvre dormante à l'aide de ridoirs ou de caps-de-mouton (d'apr. GRUSS 1952).
Prononc. et Orth.:[], (il) ride []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Trans. 1. 1165-70 part. passé « plissé, froncé (en parlant d'une chemise) » (CHRÉTIEN DE TROYES, Erec et Enide, éd. M. Roques, 404); 2. a) ) 1269-78 vielle ridée (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 12824); ) 1611 pronom. « froncer, plisser » (COTGR.); b) ) 1553 « former de petites rides (de la surface de l'eau) » (DU BELLAY, Chants de l'amour, XVIII, 140 ds Divers jeux rustiques, éd. V.-L. Saulnier, p. 43); ) pronom., avec ell. du pron. pers. 1575 « se froncer » (PARÉ, Œuvres, XII, 2, éd. J.-Fr. Malgaigne, t. 2, p. 280a); 1690 se rider « id. » (FUR.). B. 1572 mar. (THIERRY). Prob. de l'a. h. all. rîdan, anciennement wrîdan « tourner, tordre », v. FEW t. 16, pp. 704b-706a. H. MEIER (ds Mél. Lommatzsch, pp. 303-310) qui considère que cette étymol. est invraisemblable tant du point de vue sém. que géogr., propose les étymons (de ruga « ride »), pour rider « plisser » et rigidare (de rigidus « rigide »), pour rider « tendre une voile », mais les difficultés phonét. sont très sérieuses (v. Z. rom. Philol. t. 92, 1976, p. 615). Fréq. abs. littér.:98.
DÉR. 1 Ridage, subst. masc. a) Mar. Action de rider, de tendre un cordage. Ce sont [les caps de moutons] des sortes de palans servant au ridage des haubans (GALOPIN, Lang. mar., 1925, p. 49). b) Défaut dû à un séchage trop rapide et non uniforme d'une peau, d'une toile (en peinture). Les défauts inhérents aux peaux séchées sont d'une autre nature: une sèche trop vive provoque un ridage et un racornissement qui disparaissent ensuite très difficilement (BÉRARD, GOBILLIARD, Cuirs et peaux, 1947, p. 24). — []. — 1res attest. a) 1831 mar. (WILL.), b) 1947 « défaut dû à un séchage trop rapide et non uniforme d'une peau, d'une toile (en peinture) » (BÉRARD, GOBILLIARD, loc. cit.); de rider, suff. -age. 2. Ridement, subst. masc. Action de rider ou de se rider; résultat de cette action. Ces phénomènes de ridement sous-marin paraissent avoir joué un grand rôle (...). Ils ont changé les conditions bathymétriques de tout ou partie des bassins qu'ils ont affectés; ils ont entraîné, par voie de conséquence, des modifications dans la nature des sédiments, et ils ont facilité l'action érosive des courants (CAYEUX, Causes anc. et act. géol., 1941, p. 66). — []. — 1re attest. 1520 les ridemens du corps (GUI DE CHAULIAC, Le Guidon en françois, f ° 105 ds SIGURS, p. 292); de rider A, suff. -(e)ment1. 3. Ridoir, subst. masc., mar. ,,Tout appareil à poulie, crémaillère ou vis permettant de tendre un cordage ou une chaîne`` (GRUSS 1952). [Les] balancines sont établies à poste fixe sur le tangon et sur la muraille [du navire]; mais sur chacune d'elles est un ridoir servant à lui donner la tension voulue (LEDIEU, CADIAT, Nouv. matér. nav., 1899, p. 30). — []. — 1re attest. 1859 (BONN.-PARIS); de rider, suff. -oir.
BBG. — BONN. 1920, p. 120, 184. — BRÜCH (J.). Der Einfluss der germanischen Sprachen auf das Vulgärlatein. Heidelberg, 1913, p. 39. — QUEM. DDL t. 21.
rider [ʀide] v. tr.
ÉTYM. V. 1265; « plisser, froncer », XIIe, selon Wartburg; de l'anc. haut all. ridan « tordre »; selon Guiraud, d'un dér. gallo-roman rigitare, de riga « ligne », par le sens de « tirer, tendre » conservé en marine (→ ci-dessous, II.).
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1 Marquer, sillonner de rides. ⇒ Ride (I., 1.). || La vieillesse viendra rider ton visage (→ Affaiblir, cit. 1). || Contracter en ridant. ⇒ Crisper. — Pron. || Visage, peau qui se ride (→ Phalange, cit. 6). || Front soucieux qui se ride. ⇒ Froncer, plisser.
♦ Par métaphore. || « Cette flétrissure (1. Flétrissure, cit. 1) qui ride les plus grandes vies » (Péguy).
2 (1690). Faire des rides (2.) à. || « Le beau lac de Némi, qu'aucun souffle ne ride » (→ Candide, cit. 3, Lamartine; et aussi huile, cit. 24; lame, cit. 8). ⇒ Convulser, crisper. — Pron. || Se rider, et, ellipt., rider. || Fruit qui se dessèche et se ride. || « Le moindre vent qui d'aventure (cit. 32) fait rider la face de l'eau… » (La Fontaine).
1 (…) Une petite mare est là, ridant sa face,
Prenant des airs de flot pour la fourmi qui passe (…)
Hugo, les Contemplations, V, XXIII.
♦ « Le soleil ride et confit (cit. 2) la grappe ». — Pron. || La crème (cit. 1) se boursoufle et se ride.
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II (1572; soit parce qu'on tordait le cordage pour le raidir — dans l'hypothèse classique —, soit témoin du sens initial du mot — dans l'hypothèse de Guiraud). Mar. || Rider (une manœuvre dormante), « la raidir fortement à l'aide de ridoirs ou de caps de mouton » (Gruss). ⇒ Navigation.
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se rider v. pron.
ÉTYM. (1747).
♦ Voir à l'article (sens I.).
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ridé, ée p. p. adj.
♦ (V. 1265). Personnes. Dont le visage porte de nombreuses rides. || Un vieillard ridé. || Une petite vieille ridée comme une pomme. || Un invalide (cit. 5) tout ridé.
♦ Front, visage ridé (→ Éteindre, cit. 52; friper, cit. 3; inconvénient, cit. 11; parchemin, cit. 2). ⇒ Ravagé, raviné (cit. 2). || Peau ridée (→ Fourbu, cit. 4). || Mains (cit. 3 et 26) ridées.
2 Je serai un vieux rabougri, ma peau sera ridée, ma peau sera une écorce (…)
Ch. Péguy, la République…, p. 267.
♦ Par métaphore. || « Des heures flétries et ridées » (→ Heure, cit. 62, Chateaubriand).
♦ (1538, au sens 2.). || Pommes ridées. ⇒ Ratatiné. || « Les saules tout ridés » (→ Orme, cit. 1, Hugo).
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CONTR. Dérider. — (Du p. p.) Lisse.
DÉR. Ridage, ridain, ride, rideau, ridée, ridement, ridoir.
COMP. Dérider.
HOM. Ridée.
Encyclopédie Universelle. 2012.