1. flèche [ flɛʃ ] n. f.
• XIIe « tige (de la flèche [saiette, sagette]) »; frq. °fliugika « celle qui fuit »; cf. moy. néerl. vliecke
I ♦
1 ♦ Projectile de certaines armes de jet (arc, arbalète) consistant en une tige (de bois, de métal) munie d'une pointe à une extrémité et d'ailerons à l'autre. ⇒ carreau, fléchette, 1. trait. En forme de flèche. ⇒ sagittal, sagitté. Lancer une flèche avec un arc, une arbalète, une sarbacane. Étui à flèches. ⇒ carquois. Tirer, décocher une flèche. Flèche empoisonnée. Cribler de flèches. Une volée de flèches. Les flèches de l'Amour, de Cupidon, qui sont censées transpercer les cœurs et les rendre amoureux. — Par anal. Pistolet à flèches : jouet qui lance des tiges munies d'un bout de caoutchouc.
♢ Loc. Partir, filer comme une flèche, très vite. — MONTER EN FLÈCHE, en ligne droite, à la façon d'une flèche. Avion qui monte en flèche. Fig. Augmenter très rapidement. Prix qui montent en flèche (⇒ flamber; envolée) . — Faire flèche de tout bois : utiliser tous les moyens disponibles, même s'ils ne sont pas adaptés.
2 ♦ Fig. Trait d'esprit, attaque plus ou moins déguisée, raillerie, sarcasme. ⇒ épigramme. « Trépignements du public à chaque flèche anticléricale » (A. Gide).
♢ Littér. La flèche du Parthe : trait piquant que qqn lance à la fin d'une conversation (par allus. aux Parthes qui tiraient leurs flèches en fuyant).
3 ♦ Loc. Fam. Ça n'est pas une flèche ! ce n'est pas quelqu'un de très vif, de très intelligent.
4 ♦ Ski Slalom géant que le skieur doit parcourir en un temps donné; récompense attribuée pour cette épreuve. Flèche d'or.
II ♦ Par anal.
1 ♦ Ce qui est droit et pointu.
♢ (XVe) Agric., techn. Tige droite. — Piquet d'arpenteur.
♢ (1573) Mar. Partie effilée d'un bas mât. Mât, voile de flèche.
♢ (1690) Cour. Comble pyramidal ou conique d'un clocher, d'une tour. ⇒ aiguille. La flèche de la Sainte-Chapelle. « cette tour était la flèche la plus hardie, la plus ouvrée » (Hugo).
2 ♦ (1636) Ce qui avance en pointe, comme une flèche posée sur un arc. La flèche d'un char, d'une charrette : longue pièce de bois fixée à l'avant et destinée à l'attelage des bêtes de trait. ⇒ timon. — Artill. Partie de l'affût d'un canon qui sert à « asseoir » la pièce.
♢ EN FLÈCHE. Attelage en flèche, où les chevaux sont attelés l'un derrière l'autre. — Fig. Se trouver en flèche : être à l'avant-garde (d'un mouvement, d'un groupe) (cf. À la pointe).
♢ Techn. La flèche d'une grue : l'arbre qui porte la poulie. ⇒ volée.
3 ♦ (1690) Géom. Segment de droite qui joint le milieu de la corde à celui de l'arc qu'elle sous-tend. — Archit. Hauteur verticale de la clef de voûte au-dessus des naissances de cette voûte. — Balist. La plus grande hauteur de la trajectoire d'un projectile. — Techn. Amplitude de la déformation transversale d'une pièce sous l'action d'une charge.
4 ♦ (1835) Cour. Signe figurant une flèche et servant à indiquer un sens, ou à attirer l'attention sur un point. Flèches de signalisation. Flèches indiquant une direction à suivre, un sens obligatoire. Suivez les flèches ! — Anciennt Flèches de direction : signal de changement de direction (sur les automobiles), remplacé par les clignotants.
flèche 2. flèche [ flɛʃ ] n. f.
• 1549; a. fr. fliche 1195; néerl. vlecke; cf. a. scand. flikki, angl. flitch
♦ Pièce de lard sur le côté du porc, de l'épaule à la cuisse.
● flèche nom féminin (peut-être francique fliukka) Arme de jet formée d'une hampe de bois, armée d'une pointe à un bout, le plus souvent d'un empennage à l'autre, et qui se lance avec l'arc ou l'arbalète. Projectile muni d'un embout de caoutchouc destiné à le fixer sur une cible et utilisé comme jouet d'enfant. Objet qui a la forme droite et pointue d'une flèche. Représentation schématique d'une flèche servant à attirer l'attention, à indiquer une direction, à symboliser un vecteur, etc. Trait d'esprit qui critique de manière plus ou moins masquée ; attaque, raillerie : Lancer une flèche à quelqu'un. Aéronautique Inclinaison donnée au bord d'attaque d'une aile pour faciliter sa pénétration dans l'air. Agriculture Synonyme de age. Architecture Couverture pyramidale ou conique, développée en hauteur, qui couronne un clocher, la croisée d'un transept (architecture médiévale). Hauteur d'un arc. Armement Partie arrière de l'affût roulant d'un canon, qui supporte la bêche et réunit la pièce à son tracteur ou à son avant-train. (Il existe des affûts monoflèches, biflèches, triflèches.) Balistique Hauteur du point le plus élevé de la trajectoire d'un projectile, au-dessus du plan horizontal passant par l'origine du tir. Charronnerie Timon mobile adapté à la place des brancards pour atteler deux chevaux ou deux bêtes de trait côte à côte à un véhicule. Fortification Nom donné, avant 1914, à un petit ouvrage avancé, de forme triangulaire, et couvrant un saillant. Jeux Au jacquet, chacune des vingt-quatre languettes en pointe, alternativement blanches et noires. Manutention et stockage Partie de la charpente de la grue portant le point d'attache de la poulie qui sert à soulever les charges. Marine Partie supérieure effilée d'un mât composé ou d'un bas-mât au-dessus de son capelage. Matériaux Déplacement transversal d'un point de la fibre moyenne d'une poutre droite sous l'action des charges qui la sollicitent. Mathématiques Pour un arc de courbe , segment ayant pour extrémités le milieu de la corde [AB] et le milieu de l'arc . Sports Récompense (bronze, argent, or) décernée à un skieur qui a effectué un slalom géant en un temps coté par rapport au temps de base d'un ouvreur qualifié. Sylviculture Sommet de l'axe principal de divers conifères. ● flèche (citations) nom féminin (peut-être francique fliukka) Georges Clemenceau Mouilleron-en-Pareds, Vendée, 1841-Paris 1929 La bonne flèche du bon arc voudra que l'archer vise haut. Démosthène Plon ● flèche (difficultés) nom féminin (peut-être francique fliukka) Orthographe Avec un accent grave. Mais les dérivés fléchette, flécher, fléché s'écrivent avec un accent aigu. ● flèche (expressions) nom féminin (peut-être francique fliukka) Être en flèche, à l'avant-garde. Littéraire. Les flèches de l'amour, l'amour, en tant que sentiment brusque et irrésistible. Monter en flèche, s'élever verticalement ; connaître une hausse soudaine et forte ; avoir une ascension rapide. Partir en flèche, comme une flèche, très rapidement. Flèche d'eau, nom usuel de la sagittaire. Chevaux attelés en flèche, chevaux attelés l'un devant l'autre. Temps de flèche, saut au cours duquel les deux jambes tendues exécutent alternativement un battement en avant. Flèche de pont, partie de la bascule d'un pont-levis à laquelle les chaînes sont attachées. Flèche abyssale, crête sédimentaire abyssale de grandes dimensions. Flèche littorale, cordon littoral libre, allongé parallèlement à la côte. ● flèche (homonymes) nom féminin (peut-être francique fliukka) flèche nom masculin flèche forme conjuguée du verbe flécher flèchent forme conjuguée du verbe flécher flèches forme conjuguée du verbe flécher ● flèche (synonymes) nom féminin (peut-être francique fliukka) Botanique. Flèche d'eau
Synonymes :
Chorégraphie. Temps de flèche
Synonymes :
Synonymes :
- Agriculture. age
● flèche
nom masculin
Voile établie au-dessus d'une grand-voile à corne.
● flèche (homonymes)
nom masculin
flèche
nom féminin
flèche
forme conjuguée du verbe flécher
flèchent
forme conjuguée du verbe flécher
flèches
forme conjuguée du verbe flécher
flèche
n. f.
rI./r
d1./d Trait qu'on lance avec un arc ou une arbalète et dont l'extrémité est ordinairement en forme de fer de lance. Tirer, décocher une flèche.
|| Loc. Partir comme une flèche, très rapidement.
— Monter en flèche, à toute vitesse et presque à la verticale. Fig. Les prix grimpent en flèche.
— Loc. fig. Faire flèche de tout bois: recourir à tous les moyens pour arriver à ses fins.
d2./d Fig. Trait piquant, ironique.
— Loc. Litt. La flèche du Parthe: trait d'esprit amer ou sarcastique qu'on lance à qqn en se retirant (comme les Parthes décochaient leurs flèches en fuyant).
d3./d Par anal. Signe en forme de flèche pour indiquer une direction. Suivez la flèche.
rII./r Par anal.
d1./d Partie de forme effilée, pyramidale ou conique, qui surmonte un clocher.
d2./d BOT Pousse terminale d'un arbre, spécial. d'un conifère.
d3./d Timon unique d'une voiture à chevaux.
|| ARTILL Partie arrière de l'affût d'un canon.
d4./d Flèche d'une grue: partie en porte à faux, mobile autour du mât et qui supporte les organes de levage.
d5./d GEOM Perpendiculaire abaissée du milieu d'un arc de cercle sur la corde qui sous-tend cet arc.
d6./d GEOMORPH Flèche littorale: cordon, libre au moins à une de ses extrémités, qui se développe parallèlement à la ligne du rivage.
I.
⇒FLÈCHE1, subst. fém.
I. A.— Arme de jet composée d'un fût (de bois) muni d'une pointe aiguë à une extrémité, d'un empennage à l'autre, et que l'on lance principalement à l'aide d'un arc ou d'une arbalète. Flèche acérée, empoisonnée, enflammée, meurtrière; pluie, nuée, salve de flèches, en pointe de flèche, en fer de flèche. Une longue flèche siffla, puis une autre; (...) mais les coups, mal dirigés (...) passaient au-dessus de sa tête (FLAUB., Salammbô, t. 1, 1863, p. 91). Sans parler des crocodiles, des tigres et des jaguars, il y avait eu les moustiques, la fièvre jaune, le vomito negro, les flèches au curare (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 190) :
• 1. Tell hésite encore long-temps dans une affreuse anxiété : tantôt il regarde Gessler, tantôt le ciel, puis tout à coup il tire de son carquois une seconde flèche et la met dans sa ceinture. Il se penche en avant comme s'il vouloit suivre le trait qu'il lance, la flèche part, le peuple s'écrie : — Vive l'enfant! Le fils s'élance dans les bras de son père, et lui dit : — Mon père, voici la pomme que ta flèche a percée, je savois bien que tu ne me blesserois pas.
STAËL, Allemagne, t. 3, 1810, p. 13.
— P. métaph. Au fond de notre cœur, tes yeux dépassent tous les ciels, leur cœur de nuit. Flèches de joie, ils tuent le temps, ils tuent l'espoir et le regret, ils tuent l'absence (ÉLUARD, Donner, 1939, p. 69). La pluie (...) oblique, par courtes flèches, (...) frappait les carreaux (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 151).
Rem. Flèche désigne aussi une petite tige de bois munie d'un embout en caoutchouc, tirée par les carabines ou pistolets à flèches pour enfants.
1. Expr., loc. et proverbes fig.
a) Loc. verb. fig. Faire flèche de tout bois (cf. bois C 4 a). Ne plus savoir de quel bois faire flèche. ,,Ne savoir plus à quel moyen recourir ou être dans une grande nécessité; ne savoir plus comment subsister`` (Ac.) :
• 2. ... si vous pouvez intercéder pour nous, joignez-vous à moi, fit-il en prenant un air piteux, pour obtenir de monseigneur le Grand-Maître une ordonnance de paiement des sommes qui sont dues à mon père, car il ne sait de quel bois faire flèche...
BALZAC, Martyr calv., 1841, p. 136.
— Proverbe vieilli. Tout bois n'est pas bon à faire flèche. ,,Il faut savoir distinguer et choisir les personnes et les moyens qu'on veut employer`` (Ac. 1835, 1878).
b) En flèche
— Loc. à valeur adj.
♦ Très rapide. L'évolution en flèche du Brésil et (...) la grande consommation du café dans le monde entier (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 345). Ce fut alors le départ en flèche de la course aux centrales nucléaires (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962, p. 108).
— Loc. à valeur adv. (avec un verbe de mouvement). Très rapidement. Cet avion monte en flèche. — Chopine! Té, Chopine! Il sut l'éveiller. Elle fila en flèche, sauta aux naseaux du cheval qui se cabra (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 225).
♦ Au fig. L'épidémie sembla reculer (...). Puis tout d'un coup, elle remonta en flèche (CAMUS, Peste, 1947, p. 1267). J'étais restée auprès de Maman dont la température montait en flèche (H. BAZIN, Aimer, 1956, p. 90). Les valeurs d'uranium montaient en flèche (GOLDSCHMIDT, Avent. atom., 1962 p. 109).
c) Loc. verb. Faire flèche. Atteindre son but, faire mouche. À travers cette confusion, pas un de mes mots ne porte, ne fait flèche (A. DAUDET, Contes lundi, 1873, p. 237). On ne parvient pas (...) à trouver phrase qui fasse flèche et se détache d'un confus magma (GIDE, Feuillets, 1937, p. 1289).
2. Emplois fig. (le plus souvent dans des syntagmes figés). Ce qui frappe d'une manière brutale. Synon. coup, blessure. [Le comte Octave :] — ... M'avez-vous surpris quand je bondis d'espérance, quand je me tords sous les mille flèches du désespoir (BALZAC, Honorine, 1843, p. 346). Si parfois je fais entendre encore les accords de ma lyre, ce sont les dernières harmonies du poète qui cherche à se guérir de la blessure des flèches du temps ou à se consoler de la servitude des années (CHATEAUBR., Mém., t. 2, 1848, p. 290). Chez ce dur jeune homme, dont la peau semblait tannée par les terribles misères où il a dû se plonger, la flèche d'or du succès est allée toucher le cœur (BARRÈS, Cahiers, t. 7, 1909, p. 251).
— En partic.
♦ [P. réf. à la mythol. gréco-romaine; la flèche comme symbole de la vengeance divine ou du caractère soudain de la passion amoureuse] De sorte que, percés des flèches d'Apollon, Tous ces monstres, partout, de la tête au talon, En souvenir du sombre et lumineux désastre, Ont maintenant la plaie incurable d'un astre (HUGO, Légende, t. 2, 1859, p. 585). Un Amour rieur, regardant et apprêtant sa flèche (ZOLA, Curée, 1872, p. 479). Pris dans l'âge incertain où l'être pourvu de l'attribut viril semble encore l'ignorer et hésiter entre un geste d'enfant et celui d'une femme, Cupidon décochait une flèche au hasard (BOYLESVE, Leçon d'amour, 1902, p. 14). Quelque hôte de passage avait dessiné un cœur percé d'une flèche, avec un nom : « Fanny... » (ARAGON, Beaux quart., 1936, p. 498).
♦ [P. réf. à l'hist. antique] La flèche du Parthe (p. allus. hist. aux guerriers parthes qui lançaient leurs flèches en s'enfuyant). Trait piquant, sarcasme, lancé à la fin d'une discussion, avant de se séparer :
• 3. Quant aux tissus, vous verrez sur place ce que vous pouvez en offrir. Enlèvement par vos soins, bien entendu. Il lâcha, toujours flegmatique, une flèche de Parthe, dont on ne sut si elle était voulue ou non :
— Je sais que vous avez pour cela des facilités spéciales... David ne releva pas.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 312.
♦ [P. réf. à la philos. gr.] LOG. Argument de la flèche. ,,L'un des arguments de Zénon d'Élée dits « contre le mouvement ». Il est ainsi rapporté par Aristote : Si tout ce qui occupe une étendue égale à la sienne est en repos, et si une flèche qui vole occupe toujours une étendue égale à la sienne, à chaque instant, une flèche qui vole est immobile`` (LAL. 1968; ds dict. XIXe et XXe s.) :
• 4. Zénon! Cruel Zénon! Zénon d'Élée!
M'as-tu percé de cette flèche ailée
Qui vibre, vole, et qui ne vole pas!
Le son m'enfante et la flèche me tue!
Ah! le soleil... Quelle ombre de tortue
Pour l'âme, Achille immobile à grands pas!
VALÉRY, Charmes, 1922, p. 151.
3. Au fig. Critique acerbe, raillerie mordante envoyée à l'adresse d'une personne en vue de la blesser :
• 5. J'ai vécu longtemps dans l'illusion d'un accord général, alors que, de toutes parts, les jugements, les flèches et les railleries fondaient sur moi, distrait et souriant. Du jour où je fus alerté, la lucidité me vint, je reçus toutes les blessures en même temps et je perdis mes forces d'un seul coup.
CAMUS, Chute, 1956, p. 1514.
B.— P. méton. ou p. ext.
1. Objet, figure, représentant de manière stylisée une flèche. Grille à flèches, flèche du drapeau. [Les] hautes grilles seigneuriales d'acier bleu, à flèches et buissons dorés (NODIER, Trésor Fèves, 1833, p. 53). Vos cheveux, noués au-dessus de la nuque et traversés d'une flèche de diamant, se tordaient avec une violence adorable (FRANCE, Lys rouge, 1894, p. 295). Mairie, les 19 et 20 novembre. Le mariage. Le drapeau sans flèche. La mariée, je l'appelle presque « Madame » pour la prier de s'asseoir (RENARD, Journal, 1904, p. 934).
♦ Flèche d'une balance. Longue aiguille (en forme de flèche) fixée au milieu du fléau et qui oscille devant un arc gradué afin d'indiquer le poids des marchandises. (Ds DG, ROB., Lar. Lang. fr.)
— Spéc., HÉRALD. ,,Meuble de l'écu qui représente une verge de bois, armée d'un fer pointu en dard, avec deux ailerons ou rangs de plumes, un de chaque côté, au bout opposé au fer`` (GRANDM. 1852; attesté également ds DG, Lar. Lang. fr.).
2. Signe (figurant une flèche) et servant à attirer l'attention ou à indiquer une direction (le nord, un cours d'eau, une route, etc.) soit sur une carte géographique, un plan, soit sur la voie publique, dans un édifice, etc. Les lignes de force sont indiquées par des flèches sur les principales figures (Arts et litt., 1935, p. 2809). Un anarchiste (...) avait tracé une grande flèche, en direction du crucifix laissé intact, et écrit :« Cervantès, il t'a sové » (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 847). En entraînant l'observateur dans le sens de la flèche (DANJON, Cosmogr., 1948, p. 26).
— P. métaph. Chez Céline avec le Voyage au bout de la nuit, dont le succès fut étonnant en 1933, et qui donne par son titre, ses excès, son absolu, la flèche indicatrice de ce mouvement. (Arts et litt., 1936, p. 3811).
— En partic.
♦ AUTOM. Petit signal mobile de forme allongée placé de chaque côté d'une voiture automobile et servant à indiquer ses changements de direction. Il est distrait au volant de son auto et laisse souvent ses flèches de direction levées, même après qu'il ait effectué son tournant (CAMUS, Peste, 1947, p. 1238).
Rem. Les clignoteurs ou clignotants sont maintenant beaucoup plus utilisés.
♦ LING. ,,Dans le système de notation de la grammaire générative, la flèche donne l'instruction de réécrire l'élément à gauche de la flèche par l'élément (ou la suite d'éléments) écrits à droite de la flèche. Si la règle de réécriture est de la forme SN → D + N, la flèche indique que le syntagme nominal (SN) doit être converti dans la suite d'éléments : D (déterminant) suivi de N (nom)`` (Ling. 1972; attesté également ds Lar. encyclop. Suppl. 1975).
II.— P. anal.
A.— [P. anal. de forme]
1. Objet terminé en pointe et dressé verticalement. Le pal (...) est un instrument aigu placé sur le haut de nos monuments, et qui ne ressemble pas trop mal à ces flèches de paratonnerre que vous avez inventées, vous autres Européens, comme pour défier le destin à chaque instant (JANIN, Âne mort, 1829, p. 117).
♦ Lit à flèche. Le lit à colonnes chastement drapé de vieille perse à ramage était remplacé par une couchette de noyer garnie du rideau à flèche (NERVAL, Filles feu, Sylvie, 1854, p. 615).
— Spécialement
a) ARBOR. Partie principale et verticale de certains arbres ou plantes, et qui en constitue la tête. La flèche d'un peuplier, d'un cyprès, de la canne à sucre. Favoriser le développement de la flèche, et par conséquent la formation d'une bonne tête (GRESSENT, Créat. parcs et jardins, 1891, p. 551). L'axe vertical qui constitue la flèche de l'arbre (PLANTEFOL, Bot. et biol. végét., t. 1, 1931, p. 441).
b) BOT. Flèche d'eau. Nom vulgaire donné à la sagittaire à cause de ses feuilles (en forme de flèche) dressées au-dessus de l'eau. La rivière déborde en bas, (...) les flèches d'eau et les autres herbes tranchantes y viennent à foison (ERCKM.-CHATR., Hist. paysan, t. 1, 1870, p. 381).
c) ARCHIT. Partie pointue et ouvragée, de forme le plus souvent octogonale, pyramidale ou conique, qui surmonte un clocher, une tour. La flèche de Notre-Dame de Paris, de la cathédrale de Rouen, de la cathédrale de Strasbourg. La vieille tour, construite entre le chœur et la grande nef, élevait juste au-dessus sa flèche en charpente et son pesant beffroi (BERNANOS, Soleil Satan, 1926, p. 233) :
• 6. ... une chose magnifique vous apparaît tout à coup. C'est l'abbaye de Notre-Dame de l'Épine. Il y a là une vraie flèche du quinzième siècle, ouvrée comme une dentelle et admirable...
HUGO, Rhin, 1842, p. 28.
d) MAR. ,,Partie effilée d'un bas mât au-dessus de son capelage`` (GRUSS 1952). ,,Voile hissée le long des mâts de flèche`` (GRUSS 1952). Pencroff avait gréé sa voile de flèche, et (...) il marchait suivant une direction rectiligne, relevée à la boussole (VERNE, Île myst., 1874, p. 338).
Rem. On rencontre ds la docum. flèche, subst. masc. ,,Voile qui s'établit au-dessus de la brigantine dans l'espace compris entre la corne et la partie haute du mât`` (SOE-DUP. 1906). À huit heures la brise fraîchissant, j'ai fait amener le flèche, ne gardant que la misaine et le foc (MAUPASS., L'Inutile beauté, Livre de bord, Paris, Libr. de France, 1935 [1890], p. 29).
2. Objet de forme allongée et qui avance en pointe.
a) Spécialement
— AGRIC. Aiguille d'un char, d'une charrue. Cf. age, haie :
• 7. ... dans (...) la charrue berbère (...) le soc et le coutre de fer s'adaptent à la flèche et à un double emmanchement, dont l'un sert à l'homme pour diriger l'instrument et l'autre sert de timon pour l'attelage.
VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 286.
— ARTILL. Flèche d'un affût de canon. Pièce allongée qui prolonge vers l'arrière l'affût et dont l'extrémité porte la bêche, qui s'enfonce dans le sol pour limiter le recul (d'apr. Logos) :
• 8. ... les deux servants de la bouche (...) glissèrent (...) l'obus, dont les ailettes grinçaient le long des rainures. (...) Honoré voulut pointer lui-même ce premier coup, à demi couché sur la flèche, manœuvrant la vis de réglage pour trouver la portée...
ZOLA, Débâcle, 1892, p. 310.
— GÉOGR. Flèche littorale. ,,Accumulation littorale en cordon libre, de forme allongée, disposée plus ou moins parallèlement à la ligne générale du rivage`` (GEORGE 1970). Des flèches de sable gris où des langues d'écume se glissaient vaguement sous la brume (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 20).
— FORTIF., vx. ,,Petit ouvrage composé de deux côtés, qu'on élève vis-à-vis des angles saillants ou rentrants du chemin couvert, à l'extrémité de son glacis`` (Ac.). Synon. bonnette2.
— MOYENS DE TRANSP. Timon que l'on adapte à la place des brancards pour atteler deux chevaux. À Épernay, au relais, le cheval se met à chevaucher la flèche de la voiture, non sans péril pour nous (MICHELET, Journal, 1842, p. 413). Mais au bout de ces trois ou quatre pas, le cheval [de gauche] enchaîné s'abat, tombe sur la flèche, qu'il brise (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 696).
— TECHNOL. Flèche de grue. ,,Partie de la charpente d'une grue supportant le point d'attache de la partie qui sert à soulever les charges`` (NOËL 1968).
b) En flèche
— [En parlant d'un cheval] :
♦ (Chevaux placés) les uns derrière les autres et non de front :
• 9. ... le banquier, allongeant un fouet immense, lançait les deux chevaux, attelés en flèche, le premier un petit alezan doré, au trot de souris, le second un grand bai brun, un stepper, qui trottait les jambes hautes.
ZOLA, Nana, 1880, p. 1382.
♦ Cheval attelé en flèche. Cheval attelé seul, devant des chevaux attelés de front qu'il renforce.
— Domaine milit. En avant :
• 10. Cette action ennemie était, du reste, tellement prévue que la 6. Armée, très en flèche de ce côté, n'avait maintenu que de faibles avant-postes au nord du canal de l'Ailette.
FOCH, Mém., t. 2, 1929, p. 37.
♦ Au fig. À l'avant-garde. Une personnalité très connue pour son anticonformisme et ses prises de position en flèche (C. 25.2.64 ds GILB. 1971). À la mode. Dans certaines stations (de sports d'hiver) en flèche, le prix des terrains peut centupler en dix ans (M. 24.12.65, ds GILB. 1971).
B.— [P. réf. à la flèche tendue sur un arc] Distance verticale entre deux points.
1. GÉOM. Perpendiculaire abaissée du milieu d'un arc sur la corde qui le sous-tend. (Ds DG, Ac.).
— P. ext.
a) ARCHIT. ,,Hauteur, distance verticale de la clef d'une voûte au-dessus de ses naissances. On dit aussi montée`` (NOËL 1967).
b) BALIST. Flèche d'une trajectoire. ,,Hauteur qui sépare le point le plus haut de la trajectoire d'un projectile du plan horizontal dans lequel est contenu le point d'origine du tir`` (Logos).
2. MÉCAN. Flèche d'un ressort. ,,Distance séparant le centre d'un ressort fléchi du point où ce centre se trouvait quand le ressort était au repos`` (Logos).
Prononc. et Orth. :[]. Enq. //. Ds Ac. dep. 1694. Accent grave pour la 1re fois ds Ac. 1740. Étymol. et Hist. 1. a) [Fin XIe s. fleche « trait qu'on lance avec un arc ou une arbalète » (RASCHI Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, n° 488 : fleches « tiges de flèches »)]; ca 1160 (Enéas, 1478 ds T.-L.); b) ca 1300 faire fleche du meillor fust « mettre tout en œuvre pour réussir dans une entreprise » (GUILLAUME DE LA VILLENEUVE, Les Crieries de Paris ds Fabliaux, éd. Barbazan et Méon, t. 2, p. 286, 194); c) 1835 « signe figurant une flèche et servant à indiquer un sens » (Ac.); 2. a) 1380 flesche « ce qui avance en pointe comme une flèche posée sur un arc » (Comptes Hotel Roi Fr., p. 84 ds IGLF : brancart garni de flesches, de roues et de limons); de nouv. 1573 fleche de navire « poulaine » (DUPUYS); b) géom. 1553 flèche (ALBERTI, De Re aedificatoria, mis en français par Jehan Martin, p. 12 ds IGLF); attest. isolée, de nouv. 1690 (FUR.); 3. 1690 « comble pyramidal ou conique d'un clocher, d'une tour » (ibid.). Prob. du frq. fliukka « flèche, trait », forme restituée d'apr. le m. néerl. vlieke « penne, rémige; arme de trait » (VERDAM) et de l'a. b. all. fliuca « arme de trait » (cf. GALÉE, Vorstudien zu einem altniederdeutschen Wörterbuche, p. 77). D'apr. FALK-TORP (s.v. flitsbue) le subst. fliukka lui-même dér. d'un anc. verbe germ. fleukkon, de fleugnôn « voler », serait apparenté à l'a. h. all. flucki « arme de trait » Le mot flèche, désignant d'abord la tige de la flèche puis, par synecdoque, l'arme elle-même, a évincé son ancien concurrent saiete, saete « flèche » d'usage cour. en a. fr. (mil. XIIe s. ds T.-L.) mais dont nous n'avons plus trace que dans les mots savants sagette, sagittaire, sagittal et sagitté, empr. au lat. Fréq. abs. littér. :1 617. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 775, b) 2 937; XXe s. : a) 1 901, b) 1 791. Bbg. Archit. 1972, p. 112. — GEORGE (K.E.M.). Notes lexicol. et étymol. Fr. mod. 1968, t. 36, pp. 64-66. — GOUGENHEIM (G.). Flèche et saiete. Fr. mod. 1948, t. 16, p. 210. — LEBEL (P.). Flèche. Fr. mod. 1947, t. 15, pp. 292-294.
II.
⇒FLÈCHE2, subst. fém.
Pièce de lard levée sur le côté du porc, de l'épaule jusqu'à la cuisse. Du plafond tombait sinistrement au bout d'un croc de fer une longue flèche de lard (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 59).
Prononc. :[]. Étymol. et Hist. 2e moitié du XIVe s. fleche de lart « pièce de lard sur le côté du porc, de l'épaule à la cuisse » (Arch. Nord, B 3328, fol. 17 ds IGLF). Croisement de l'a. pic. flec « pièce de lard » (ca 1250, Doon de Mayence, éd. A. Pey, 10595), empr. au m. néerl. vlecke de même sens (VERDAM), et de l'a. fr. fliche « id. » (1174-77, Renart, éd. M. Roques, 4079) refait sur le norm. flique (encore attesté de nos jours; cf. FEW t. 15, 2, p. 144a), lui-même directement issu de l'a. nord. flikki « pièce de lard sur le côté du porc » (DE VRIES). La forme -che au lieu de -que est à rattacher au passage du norm. -que au fr. -che.
1. flèche [flɛʃ] n. f.
ÉTYM. Fin XIe, fleche « tige de la flèche »; francique fliukka « celle qui fuit »; restitué d'après le moy. néerl. Vliecke « penne, rémige », et l'anc. bas all. fliuca « arme de trait », de fleukkon, de fleugaôn « voler »; P. Guiraud préfère y voir un dér. de fléchir, d'un mot roman (flecticare ?) dér. du lat. flectere « plier » (→ Flexible) et aussi « donner une direction ».
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1 Arme de jet consistant en une tige de bois munie d'un fer aigu à une extrémité et d'ailerons à l'autre. ⇒ Carreau, dard (cit. 2), fléchette, matras, trait. || Lancer, tirer une flèche avec un arc, une arbalète, une sarbacane. ⇒ Décocher (cit. 2). || La flèche de l'archer. || Pointe d'une flèche. || Flèche aiguë (cit. 1; → aussi Égide, cit. 2), acérée, empoisonnée, trempée dans l'antiarine, le curare, le tanghin, l'upas… || Flèche ardente, incendiaire. || Étui à flèches. ⇒ Carquois (cit. 1). || Empenner (cit. 1) une flèche. ⇒ Empennage, empenne. || Entailler le talon d'une flèche. || Appliquer la flèche sur la corde de l'arc. ⇒ Encocher. || Le bruit (cit. 15), le sifflement de la flèche. || Atteindre (cit. 1), percer, transpercer d'une flèche (→ Atteinte, cit. 8). || Clouer avec une flèche. || Cribler de flèches. || Une grêle, une pluie, un vol de flèches. || À coups de flèches.
1 (…) une biche qu'un chasseur a blessée; elle court au travers des vastes forêts pour soulager sa douleur; mais la flèche qui l'a percée dans le flanc la suit partout (…)
Fénelon, Télémaque, IV.
2 (…) une troupe d'archers adroits perce de flèches innombrables les soldats de Phalante (…)
Fénelon, Télémaque, XIII.
2.1 Maintes fois l'image technologique de la flèche vient relayer le symbole naturel de l'aile. Car la hauteur suscite plus qu'une ascension, mais un élan, et il semble que de l'échelle à la flèche, en passant par l'aile, il y ait une amplification de l'élancement. Mais cet élan est réversible, et à la flèche répond le rayon, le rayon est flèche inversée puisque dans la descente il sait garder « vitesse et droiture » (…)
Gilbert Durand, les Structures anthropologiques de l'imaginaire, p. 148.
♦ Par anal. || Pistolet à flèches : jouet qui lance des tiges munies d'un embout de caoutchouc (dites flèches en caoutchouc).
♦ Par comparaison ou métaphore :
3 (…) elle fixait sur Charles la pointe ardente de ses prunelles comme deux flèches prêtes à partir.
Flaubert, Mme Bovary, II, XI.
4 Sur quoi, le joueur de flûte lui décocha un petit regard bleu-clair empoisonné comme une flèche caraïbe; mais l'autre ne sourcilla pas et continua à crier (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, VI.
5 C'est une véritable guerre civile qui commence en Irlande (…) L'Angleterre est paralysée par cette flèche qui lui est plantée dans le dos !
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 194.
♦ ☑ Partir, filer (cit. 25) comme une flèche, très rapidement. ⇒ Vite (→ Comme un éclair; éperonner, cit. 5).
6 Miraut sans doute, l'avait perdu de vue, et il fila comme une flèche droit devant lui.
L. Pergaud, De Goupil à Margot, p. 37.
7 Il entra d'un saut dans la maison, et passa comme une flèche devant la loge, de peur de se heurter à une consigne donnée par Jenny.
Martin du Gard, les Thibault, t. VI, p. 85.
♦ Douleur qui transperce comme une flèche.
♦ ☑ Loc. Faire flèche : atteindre son but (→ Faire mouche).
♦ ☑ Loc. prov. (1611). Faire flèche de tout bois : utiliser tous les moyens pour réussir. — ☑ (1534, Rabelais). Ne plus savoir de quel bois faire flèche. ⇒ Bois (cit. 27, et supra). — Fig. || Faire flèche de…
7.1 J'avais tout bêtement du chagrin et mon orgueil s'en emparait, puisque l'orgueil s'empare chez moi de la moindre contrariété pour en faire flèche.
Hervé Bazin, la Mort du petit cheval, p. 187.
♦ ☑ Loc. En flèche. (À valeur adv.). || Monter (remonter) en flèche, en ligne droite, à la façon d'une flèche. || Avion de chasse qui monte en flèche. — Fig. Augmenter très vite. || La température d'un malade, les valeurs de Bourse, de prix… montent en flèche. || L'épidémie (cit. 4) remontait en flèche. || Évolution, montée en flèche, très rapide. — (Avec la valeur d'un adj.). Qui est à l'avant-garde (→ À la pointe de). || Personnalité, prise de position en flèche. || Pays en flèche dans un domaine, sur le plan technologique… → ci-dessous, au sens concret, II., 3.
2 (1690). Fig. et littér. (vieilli). || Les flèches de l'Amour (cit. 43), de Cupidon, qui sont censées transpercer les cœurs et les rendre amoureux. || Les flèches du désir.
8 (…) les flèches de l'amour, comme la lance d'Achille, portent avec elles le remède aux blessures qu'elles font.
Laclos, les Liaisons dangereuses, Lettre XCIX.
9 (…) je l'aimais d'un double amour qui décochait tour à tour les mille flèches du désir, et les perdait au ciel où elles se mouraient dans un éther infranchissable.
Balzac, le Lys dans la vallée, Pl., t. VIII, p. 850.
10 Et le cœur transpercé, que la douleur allèche,
Expire chaque jour en bénissant sa flèche.
Baudelaire, Premiers poèmes, XXIX.
3 (1701). Trait d'esprit, attaque « aiguisée », raillerie, sarcasme. || Décocher une flèche acérée, envenimée, empoisonnée. || Cribler qqn (cit. 6) de flèches (→ Batterie, cit. 4; cible, cit. 3). || Les épigrammes (cit. 6), petites flèches déliées. || Les flèches d'une polémique.
11 Il (Chamfort) a laissé un nom et bien des mots qu'on répète. Quelques-uns de ces mots sont comme de la monnaie bien frappée qui garde sa valeur, mais la plupart ressemblent plutôt à des flèches acérées qui arrivent brusquement et sifflent encore. Il a eu de ces mots terribles de misanthropie. Aussi l'idée qu'il a imprimée de lui est celle de la causticité même, d'une sorte de méchanceté envieuse.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, Chamfort, t. IV, p. 539.
12 Les insultes devraient glisser sur ma peau comme une cuirasse. Mais non, je suis toujours vulnérable. Il y a toujours des flèches qui me blessent et qui m'empoisonnent.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, X.
13 Trépignements du public à chaque flèche anticléricale. C'était à donner envie de se plonger dans de l'eau bénite.
Gide, Nouveaux prétextes, p. 144.
4 ☑ Loc. (XIXe). La flèche du Parthe : trait piquant que quelqu'un lance à la fin d'une conversation (par allus. aux Parthes qui tiraient leurs flèches en fuyant).
14 (…) les terribles Parthes (…) ceux-là même dont la flèche tirée en retraite par-dessus l'épaule est restée proverbiale (…)
Daniel-Rops, le Peuple de la Bible, p. 324.
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II Par anal.
1 Objet représentant de manière stylisée une flèche. || La flèche lumineuse de l'éclair (cit. 3). || Grille à flèches dorées. || Flèche fixée au milieu d'un fléau de balance. ⇒ Aiguille. || Flèche soutenant les rideaux d'un lit (→ Calicot, cit. 1). || Lit à flèche. || Flèche de diamant servant de broche. — Minér. || Flèche de pierre : coquille fossile, bélemnite. || Flèche d'amour : variété de quartz mêlé de rutile, appelée aussi cheveux de Vénus. — Astron. Petite constellation de l'hémisphère boréal.
♦ (1835). Cour. Signe figurant une flèche stylisée et servant à indiquer une direction ou à attirer l'attention. || Aller dans, suivre le sens de la flèche. || Suivez les flèches ! || Flèche peinte sur un arbre, tracée sur le sol, dans un jeu de piste. — Flèche lumineuse.
14.1 (…) un des éléments (de la réclame) était une flèche bleue courant le long de la façade d'un immeuble (qu'un autre immeuble, faisant le coin de la rue, cachait en partie, de sorte qu'il ne pouvait pas voir où finissait le trajet, ni ce que la flèche invitait à regarder), la flèche en réalité ne se déplaçant pas mais l'illusion du mouvement étant créée par le fait que plusieurs flèches en néon disposées sur une ligne, l'une touchant l'autre, s'allumaient et s'éteignaient successivement, si bien que l'œil, la conscience abusée, attirée, captivée par la lumière croyait suivre la course de quelque chose qui ne bougeait jamais.
Claude Simon, le Palace, éd. 10/18, p. 43.
♦ Spécialt. || Flèche d'une girouette. || Flèche d'orientation d'une carte, d'un plan. || Direction d'un cours d'eau marquée sur la carte par une flèche. || Flèche de signalisation routière marquant la route à suivre, un sens obligatoire.
15 Un écriteau à l'intersection de deux rues recommandait un hôtel en même temps qu'une flèche blanche indiquait le chemin à suivre pour y arriver : il n'y avait qu'à aller tout droit.
J. Green, Adrienne Mesurat, p. 175.
♦ Autom. || Flèche de direction : signal qui indique la direction que va prendre le véhicule, sur les anciennes automobiles (→ Clignotant, n. m.). || Sortir, rentrer sa flèche.
16 Il est distrait au volant de son auto et laisse souvent ses flèches de direction levées, même après qu'il ait effectué son tournant.
Camus, la Peste, p. 41.
♦ Ski. Épreuve de compétition, slalom géant que le skieur doit parcourir en un temps donné. ⇒ Fléchette (3.). — Prix attribué aux skieurs ayant fait les meilleurs temps.
16.1 La flèche qui peut être également or, argent ou bronze est attribuée également après une épreuve de slalom géant.
Jean Franco, le Ski, p. 53.
2 Ce qui se dresse en pointe. — (1690). Archit. et cour. Comble pyramidal ou conique d'un clocher, d'une tour. ⇒ Aiguille (cit. 17). || Flèche de charpente. || Flèche de pierre. || La flèche de la Sainte-Chapelle (→ 1. Clocher, cit. 1). || Les flèches d'une cathédrale. || La flèche de Strasbourg. || Sublime élancement (cit. 3) d'une flèche.
17 (…) cette tour était la flèche la plus hardie, la plus ouvrée, la plus menuisée, la plus déchiquetée qui ait jamais laissé voir le ciel à travers son cône de dentelle.
Hugo, Notre-Dame de Paris, I, III, II.
♦ (1573). Mar. Partie effilée d'un bas mât au-dessus de son capelage. || Mât de flèche. — Voile de flèche ou flèche : voile légère établie sur une flèche. — REM. Dans cette acception technique, on trouve parfois flèche au masculin.
17.1 — Que Votre Honneur s'en rapporte à moi, répondit John Bunsby. En fait de voiles, nous portons tout ce que le vent permet de porter. Nos flèches n'y ajouteraient rien, et ne serviraient qu'à assommer l'embarcation en nuisant à sa marche.
J. Verne, le Tour du monde en 80 jours, p. 172.
17.2 Pencroff, par prudence, amena la voile de flèche, ne voulant point s'exposer à être surpris par quelque excès de brise avec de la toile en tête de mât. C'était peut-être trop de précaution pour une nuit si calme, mais Pencroff était un marin prudent, et on n'aurait pu le blâmer.
J. Verne, l'Île mystérieuse, p. 488.
♦ Techn. || Flèche de grue : l'arbre de la grue qui porte la poulie.
♦ Agric. Tige droite et ferme de certaines plantes. || Les flèches de canne à sucre. Branche d'arbre verticale qui doit être considérée comme la tête de l'arbre. || La flèche d'un peuplier. — Bot. || Flèche d'eau. ⇒ Sagittaire.
♦ Techn. Piquet que l'arpenteur fiche en terre chaque fois qu'il déplace sa chaîne.
3 (1380). Techn. Ce qui avance en pointe (comme une flèche posée sur un arc). || La flèche d'un char, d'une charrette : longue pièce de bois fixée à l'avant et destinée à l'attelage des bêtes de trait. ⇒ Timon. — Longue pièce de bois cambrée pour relier les deux trains d'une voiture.
18 La flèche de l'omnibus était dressée droite et maintenue avec des cordes, et un drapeau rouge, fixé à cette flèche, flottait sur la barricade.
Hugo, les Misérables, IV, XII, V.
♦ Flèche d'une charrue. ⇒ Age, haie. — Artill. Partie de l'affût d'un canon qui sert à « asseoir » la pièce quand elle est en position de tir, et à la tracter quand elle est en position de route. || Canon à deux flèches (⇒ Biflèche), à flèche ouvrante.
♦ Aviat. Inclination du bord antérieur d'une aile d'avion, qui facilite sa pénétration dans l'air. || Avion à flèche variable.
♦ Géogr. Bande de sable, de galets en bordure d'une côte (rive) dont au moins une extrémité est libre.
♦ En flèche. || Attelage en flèche, se dit de chevaux attelés l'un derrière l'autre. || Cheval attelé en flèche, en avant d'un attelage normal qu'il renforce (→ Cabriolet, cit. 1). — ☑ Fig. Se trouver en flèche, par rapport aux autres membres d'un groupe, d'un parti. — Mar. || Remorquer en flèche : remorquer (un navire) derrière soi (opposé à remorquer à couple). — Alpin. || Être encordé en flèche, se dit d'une cordée de plus de deux personnes où ceux qui suivent le premier sont encordés à lui en parallèle.
4 (1690; une première fois en 1553; métaphore de la flèche et de l'arc, la corde étant horizontale). Didact. (géom.). Perpendiculaire abaissée du milieu d'un arc de cercle sur la corde qui sous-tend cet arc. — Archit. Hauteur verticale de la clef d'une voûte au-dessus des naissances de cette voûte.
♦ Balist. La plus grande hauteur de la trajectoire d'un projectile.
♦ Mécan. Archit. Déviation d'une pièce soumise à un effort transversal. || La flèche d'une poutre.
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DÉR. Flécher, fléchette.
COMP. Enfléchure. Triflèche.
HOM. 2. Flèche, 3. flèche; formes du v. flécher.
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2. flèche [flɛʃ] n. f.
ÉTYM. 1549; de l'anc. franç. fliche, v. 1175, et anc. picard flec, v. 1250, néerl. vlecke; cf. anc. scandinave flikki, angl. flitch.
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♦ Techn. Pièce de lard levée sur le côté du porc, de l'épaule à la cuisse.
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HOM. 1. Flèche, 3. flèche; formes du v. flécher.
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3. flèche [flɛʃ] n. m.
ÉTYM. 1872; selon Esnault, verlan (fla-etch), de l'angl. half, dans half-penny, l'une des plus petites pièces de monnaie anglaise.
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♦ (Avant 1940). Argot anc. Sou. || « Vous les lav'rez (les harnais) pour quelques flèches… » (É. Chautard, in Rey-Cellard). — ☑ Loc. mod. Pas (plus) un flèche : pas (plus) un sou.
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HOM. 1. Flèche, 2. flèche; formes du v. flécher.
Encyclopédie Universelle. 2012.