asseoir [ aswar ] v. tr. <conjug. : 26> I ♦ V. tr.
1 ♦ Mettre (qqn) dans la posture d'appui sur le derrière (sur un siège, etc.). Asseoir un enfant sur une chaise. ⇒ installer. Asseoir un malade dans son lit. Je l'ai assis sur mes genoux. ⇒ prendre. Asseoir qqn sur le trône.
2 ♦ Littér. Poser sur sa base, établir solidement. Asseoir une maison sur le roc.
♢ (Abstrait) Fonder sur une base solide; rendre plus assuré, plus ferme, plus stable. ⇒ affermir. Asseoir le crédit public, son autorité, sa réputation. — Asseoir une théorie sur des faits. ⇒ appuyer, fonder.
3 ♦ (v. 1250) Définir, déterminer une base de calcul. Asseoir un impôt, un droit, une taxe, en établir l'assiette. « asseoir les taxes sur le superflu des richesses » (Rousseau).
II ♦ S'ASSEOIR v. pron. Prendre appui sur son derrière (sur un siège, etc.), le dos restant dans la position verticale (cf. Se mettre sur son séant). Il s'assoit, il s'assied. S'asseoir sur une chaise, dans un fauteuil, par terre, dans l'herbe, à une table. S'asseoir à sa place (au spectacle, dans le train, l'avion, etc.). Asseyez-vous (REM. Assoyez-vous est populaire) . S'asseoir à califourchon, sur ses talons. ⇒ s'accroupir. S'asseoir en tailleur. « Je viens seul m'asseoir sur cette pierre Où tu la vis s'asseoir » (Lamartine).
♢ Loc. fam. Je m'assois dessus : je n'en tiens aucun compte (cf. S'en foutre). Ses conseils, je m'assois dessus !
♢ FAIRE ASSEOIR, faire s'asseoir qqn, l'inviter à s'asseoir. Il la fit asseoir sur le canapé.
♢ ÊTRE ASSIS, dans la position assise. ⇒ assis.
● asseoir verbe transitif (latin populaire adsedere, du latin classique adsidere) Mettre quelqu'un sur son séant en le plaçant sur un siège ou sur une autre chose : Asseoir un jeune enfant sur sa chaise. Installer, établir quelque chose sur sa base et dans une position stable : Asseoir une statue sur son socle. Faire reposer, appuyer quelque chose sur un fondement solide, sûr ; le rendre plus ferme, le renforcer : Asseoir sa réputation sur la compétence. Familier. Frapper quelqu'un de surprise, le déconcerter, le stupéfier : Son toupet nous a assis. Droit Définir puis évaluer la matière imposable. ● asseoir (difficultés) verbe transitif (latin populaire adsedere, du latin classique adsidere) Orthographe Avec un e avant le o. Conjugaison Asseoir a la particularité de présenter deux formes de conjugaison Emploi Place assise. → place ● asseoir (expressions) verbe transitif (latin populaire adsedere, du latin classique adsidere) Asseoir une pièce, tirer un ou deux coups de canon pour que l'affût s'ancre dans le sol. Asseoir un cheval (sur ses hanches), combiner l'action des aides pour que le cheval s'équilibre sur l'arrière-main, les hanches plus basses que les épaules et les postérieurs engagés sous la masse. Asseoir une coupe, fixer son assiette sur le terrain. ● asseoir (homonymes) verbe transitif (latin populaire adsedere, du latin classique adsidere) ● asseoir (synonymes) verbe transitif (latin populaire adsedere, du latin classique adsidere) Mettre quelqu'un sur son séant en le plaçant sur un...
Contraires :
- lever
Faire reposer, appuyer quelque chose sur un fondement solide, sÛr ; le...
Synonymes :
- affermir
- appuyer
- assurer
- fonder
Contraires :
- ébranler
- ruiner
Familier. Frapper quelqu'un de surprise, le déconcerter, le stupéfier
Synonymes :
- ébahir
- épater (familier)
- stupéfier
● asseoir
verbe intransitif
Faire asseoir quelqu'un, l'inviter à prendre un siège : Faire asseoir un visiteur.
● asseoir (expressions)
verbe intransitif
Faire asseoir quelqu'un, l'inviter à prendre un siège : Faire asseoir un visiteur.
● asseoir (homonymes)
verbe intransitif
asseoir
v.
rI./r v. tr.
d1./d Mettre (qqn) en appui sur ses fesses. Asseoir un enfant sur ses genoux.
d2./d établir solidement. Asseoir une maison sur ses fondations.
|| Fig. Asseoir un raisonnement sur des bases solides.
rII./r v. Pron. S'asseoir par terre, à une table, sur une chaise, à califourchon.
⇒ASSEOIR, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Asseoir qqn.
1. [L'obj. désigne un enfant, un malade, etc.] Placer quelqu'un sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Asseoir qqn (un enfant, un malade) sur un siège, dans un fauteuil; asseoir (un enfant) sur ses genoux. Synon. mettre qqn sur son séant :
• 1. — Hein! Qu'a-t-il, le pauvre cher homme? ... Ah! Je vois, le sang lui a tourné dans le corps... Vite, asseyez-le sur une chaise. Mais la Frimat fut d'un avis contraire. Est-ce qu'on asseyait un homme qui ne pouvait se tenir? Le mieux était de l'allonger sur le lit d'une de ses filles.
ZOLA, La Terre, 1887, p. 109.
— Emploi factitif. [Le compl. désigne un invité ou un groupe d'invités] Asseoir son monde, ses hôtes, une dame, etc. Faire asseoir son monde, ses hôtes, etc. :
• 2. ... on assied les hôtes au chef de la table, avec le seigneur de l'hôtel, et ils ne s'assient point avant qu'ils aient lavé leurs mains. Après, on assied la dame et les filles, et la famille, chacun selon son état... etc.
FARAL, La Vie quotidienne au temps de st Louis, 1942, p. 164.
— Littéraire :
• 3. Chaque soir une table, aux suaves apprêts,
Assoira près de nous nos belles adorées;
...
CHÉNIER, Élégies, Amitiés, François de Pange, 1794, p. 140.
— P. métaph., littér. :
• 4. Je ne sais par quelle suite d'aventures étranges elle était venue asseoir ses derniers beaux jours dans le banc des marguilliers de notre paroisse, où elle avait apporté beaucoup plus des manières du régiment que de celles du cloître.
G. SAND, Histoire de ma vie, t. 2, 1855, p. 351.
— ÉQUIT. Asseoir un cheval; asseoir un cheval sur ses hanches, sur ses jambes. Dresser un cheval à exécuter les airs de manège ou à galoper en s'équilibrant sur l'arrière-main, la croupe étant tenue plus basse que les épaules.
2. P. métaph. ou au fig.
a) Établir quelqu'un dans une dignité, dans une situation propre à lui faire honneur ou, plus rarement, à le mettre en désavantage. Asseoir qqn (au rang)... :
• 5. Tel peut être le sujet d'un poème immense qui achèverait l'œuvre du (sic) Dante et de Milton, continuée par Chateaubriand, c'est-à-dire la création des machines poétiques de l'ère chrétienne. Il y a là une belle place vacante pour asseoir un grand poète. Les gnomes, les sylphes, les fées, depuis l'homme jusqu'à l'ange, échelle d'êtres poétiques.
VIGNY, Le Journal d'un poète, 1823, p. 876.
♦ Asseoir qqn sur le trône. Lui donner la souveraineté, lui conférer l'autorité suprême. Synon. faire monter qqn sur le trône :
• 6. Si la fortune assied par hasard un prince remarquable sur le trône des sultans, il ne peut vivre assez longtemps pour changer les lois et les mœurs, en eût-il d'ailleurs le dessein.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 3, 1848, p. 463.
♦ Asseoir qqn sur la sellette. Le mettre en position d'accusé, examiner sa personnalité, sa conduite, etc. Synon. mettre, tenir qqn sur la sellette. P. ext. Asseoir qqc. sur la sellette. Considérer, étudier quelque chose avec attention :
• 7. C'est toujours une chose incertaine, incomplète,
Trouble, que nous faisons asseoir sur la sellette.
HUGO, La Pitié suprême, 1879, p. 137.
♦ Asseoir qqn sous la coupole de l'Institut. Faire entrer quelqu'un à l'Académie Française (par référence au siège et au fauteuil d'académicien) :
• 8. Mardi 21 mai. Renan entre à l'Académie, porté par le triomphe du parti démocratique. Taine s'y introduira peut-être par une espèce de revanche du parti conservateur. Il arrivera, alors, que le parti démocratique assoira sous la coupole de l'Institut l'homme au fond le plus rétrograde, le plus prêcheur du gouvernement des aristocraties, un homme dont le rêve est de faire de la savantocratie la théocratie d'autrefois, ...
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1878, p. 1237.
b) Occasionner chez quelqu'un un état émotionnel.
♦ Asseoir qqn ou qqc. dans + subst. abstr. Installer, plonger quelqu'un ou quelque chose dans... :
• 9. N'assois pas un misérable dans sa honte... Épargne celui qui a perdu sa force!
BERNANOS, Une Nuit, 1928, p. 34.
• 10. Tandis que l'hétéronomie de la peur et du plaisir jette le trouble et le changement dans l'âme, le courage asseoit celle-ci dans la tranquillité et l'ataraxie.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 228.
♦ [Le suj. est un subst. abstr.] Asseoir qqn. Abattre, accabler quelqu'un :
• 11. ... certaines natures, la contrariété les fait rebondir; d'autres elle les assied.
GIDE, Journal, 1916, p. 536.
Rem. Noter un emploi abs. où le verbe prend la signif. : apaiser, tant physiquement que moralement :
• 12. Les verrières et les chants meublent les cathédrales. Les verrières du transept et du chœur. Ici une harmonie jaune, là toute bleue, là violette et puis un plus sombre univers. En nous se fait l'unité. Cette splendeur diaprée enveloppe, pacifie l'animal, laisse l'âme émerger, devenir toute sensible. Une douce hébétude assied... Nous ne sommes plus que deux ailes.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 7, 1908, p. 102.
♦ Fam. (surtout au passif). Asseoir qqn. Déconcerter quelqu'un au point de le rendre momentanément incapable de répondre, de parler. L'émotion l'avait assise par terre (ZOLA, Nouv. contes à Ninon, 1874, p. 38). Réduire quelqu'un au silence (cf. clouer le bec à qqn, lui rabattre son caquet, lui river son clou) :
• 13. [Mme Franquetot à Michel.]
— ... Si ta Monique veut faire son déménagement, qu'elle vienne donc elle-même. Nous verrons à régler notre compte ensemble, et je te promets que je te l'assoierai, moi, ta voleuse...
P. BOURGET, Monique, 1902, p. 95.
B.— Asseoir qqc.
1. [Le compl. désigne une chose concr.]
a) Poser quelque chose d'aplomb et de manière durable sur une base solide. Asseoir un monument, des fondations (sur).
Rem. S'emploie de façon privilégiée dans le domaine de la constr. :
• 14. L'auteur de René excelle à poser la tristesse de son héros, comme les Grecs savaient asseoir leurs monuments et les mettre en harmonie avec la nature.
SAINTE-BEUVE, Chateaubriand et son groupe littér. sous l'Empire, t. 1, 1860, p. 367.
— P. ext. :
• 15. ... le paysage de Savoie me satisfait tout particulièrement parce que son vallonnement, son caractère boisé, ses cultures, tout ce qui fait son charme et sa valeur se détache sur un fond de montagnes qui tout ensemble l'assoit et le stylise. Ce qui, dans les environs de Paris, me déçoit si souvent (...), c'est l'absence d'un fond auquel il [le paysage] s'adosse; et nul fond ne m'agrée mieux que la haute montagne, (...), à la distance où elle rehausse sans accabler, où elle constitue ce rappel adressé à l'esprit que Ruskin m'a appris à priser si fort : le rappel à la stabilité.
DU BOS, Journal, 1926, p. 81.
b) Emplois spéc., AÉRON. Asseoir l'appareil. Le poser d'aplomb sur le terrain, à l'atterrissage. MILIT. Asseoir un camp. Installer un camp.
2. P. métaph. ou au fig. [Le compl. est un subst. abstr.] Asseoir qqc. (sur qqc.). Établir solidement quelque chose (sur quelque chose), donner un fondement sûr à quelque chose, rendre ferme et stable quelque chose :
• 16. On fait des tentatives de tout genre toutes échouent : on tente d'asseoir les gouvernemens, de fonder les libertés publiques; on tente même des réformes religieuses; rien ne se fait, rien n'aboutit. Si jamais le genre humain a paru voué à une destinée agitée et pourtant stationnaire, à un travail sans relâche et pourtant stérile, c'est du 13e au 15e siècle...
GUIZOT, Hist. gén. de la civilisation en Europe, 1828, p. 9.
• 17. Toutes les jouissances à quelques-uns, toutes les privations aux autres, c'est-à-dire au peuple; le privilège, l'exception, le monopole, la féodalité, naissent du travail même. Situation fausse et dangereuse qui assoit la puissance publique sur la misère privée, et qui enracine la grandeur de l'état dans les souffrances de l'individu.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 26.
• 18. La prophétie est à très long terme et a pour elle ce qui assoit la solidité des religions : l'impossibilité de faire la preuve.
CAMUS, L'Homme révolté, 1951, p. 234.
SYNT. Asseoir son jugement (SAINTE-BEUVE, Premiers lundis, t. 2, 1869, p. 298).
— P. anal., rare. Asseoir un homme. L'établir dans la stabilité et lui donner de l'importance, le poser :
• 19. — Non, non, répéta M. Kahn, jamais Rougon ne serait assez fou! ... Il la dit très intelligente, et il la nomme en riant « Mademoiselle Machiavel ». Elle l'amuse, voilà tout.
— N'importe, conclut M. Béjuin, Rougon a tort de ne pas se marier... Ça asseoit un homme.
ZOLA, Son Excellence E. Rougon, 1876, p. 22.
— Spéc., FIN. Asseoir l'impôt. Établir, déterminer, fixer la base de l'imposition, l'assiette de l'impôt.
II.— Emploi pronom.
A.— [Le suj. désigne une pers.] Se mettre sur un siège, ou sur quelque chose qui fait office de siège, dans la position d'appui sur le derrière. Synon. se mettre sur son séant :
• 20. ... tout à coup, je ressentis une émotion si terrible, que je dus m'asseoir, ou plutôt, que je tombai sur une chaise! Puis, je me redressai d'un saut pour regarder autour de moi! Puis je me rassis, éperdu d'étonnement et de peur, ...
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Le Horla, 1886, p. 1104.
• 21. Il demandait à l'un du feu, offrait à l'autre un cigare, puis au bout de quelques instants disait : « Mais, Argencourt, asseyez-vous donc, prenez une chaise, mon cher, etc. », ayant tenu à prolonger leur station debout, seulement pour leur montrer que c'était de lui que leur venait la permission de s'asseoir. « Mettez-vous dans le siège Louis XIV », me répondit-il d'un air impérieux et plutôt pour me forcer à m'éloigner de lui que pour m'inviter à m'asseoir. Je pris un fauteuil qui n'était pas loin.
PROUST, Le Côté de Guermantes 2, 1921, p. 554.
SYNT. S'asseoir sur une chaise, sur/dans un fauteuil, sur un banc, sur un lit, sur les genoux de qqn; s'asseoir près du feu, par terre, devant la fenêtre, auprès de qqn; s'asseoir dans un coin, dans l'herbe; s'asseoir à l'ombre, à son bureau, à l'écart, à côté de qqn, à la place de qqn, au volant; s'asseoir lourdement; inviter qqn à s'asseoir; engager qqn à prendre la peine de s'asseoir; s'asseoir en tailleur, en amazone, à la turque; s'asseoir à cheval, à califourchon sur une chaise.
Rem. Précédé du verbe faire avec valeur factitive, s'asseoir est gén. remplacé par la forme non pronom. :
• 22. Il passait parmi le vulgaire pour un exalté, pour un fou. Il accueillit le proscrit qui frappait à sa porte, il le fit asseoir à sa table, il l'écouta sous le manteau du foyer domestique, antique sanctuaire de la famille symbole de l'inviolable hospitalité.
G. SAND, Lélia, 1839, p. 421.
— S'asseoir aux pieds de qqn (en signe d'adoration, de contemplation ou de supplication) :
• 23. ... elle accourut, elle s'assit un instant par terre, à ses pieds, le suppliant : — Viens-donc voir les bêtes! ... Tu n'as pas encore vu les bêtes, dis! Si tu savais comme elles sont belles, maintenant!
ZOLA, La Faute de l'Abbé Mouret, 1875, p. 1262.
— S'asseoir à table. Synon. de s'attabler. S'asseoir à la table de qqn. S'y installer; y être invité, y être admis :
• 24. Tandis que mes frères, plongés dans les ténèbres de l'ignorance, gagnaient, à la sueur de leur front, le pain de chaque jour, nourrissaient leurs femmes, leurs enfants, et follement préoccupés de l'avenir qui n'appartient qu'à Dieu, se condamnaient à l'épargne, moi, je m'asseyais à leur table, et je payais largement mon écot en leur distribuant le pain de la vérité.
SANDEAU, Sacs et parchemins, 1851, p. 52.
♦ P. métaph. :
• 25. Laissez-moi quelquefois m'asseoir à la table des dieux et dire des systèmes « on sait ce qu'en vaut l'aune ». Dans le meilleur système il y a une part de charlatanisme, une part d'insincérité. Il y a des œillères.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 9, 1912, p. 297.
— S'asseoir à une réunion (festin, banquet, conseil, etc.). Y être invité, admis; y participer :
• 26. ... du temps que j'étais écolier, chaque année, le 28 janvier, jour de la Saint-Charlemagne, un banquet réunissait les élèves qui avaient obtenu la première place en quelque matière. Élève de troisième, j'avais peu d'espoir de m'asseoir jamais à ce banquet des princes. J'étais trop loin de tenir la tête de ma classe.
A. FRANCE, La Vie en fleur, 1922, p. 357.
♦ P. métaph. :
• 27. Tout serait un dans la nature; nous nous assiérions tous, êtres animés et inanimés, au même banquet de vie...
PESQUIDOUX, Le Livre de raison, 1928, p. 28.
— S'asseoir au milieu (d'un groupe de pers.), s'asseoir parmi (des pers.). Prendre place parmi, être admis dans :
• 28. ... c'est avec son corps, tout comme ses sœurs du lupanar et du trottoir, que cette créature gracieuse, et qui coupe avec un mignon couteau d'or les feuillets du livre à la mode, a gagné le droit de s'asseoir légalement dans ce milieu de luxe et de décence.
P. BOURGET, Nouv. Essais de psychol. contemp., 1885, p. 33.
— P. anal.
♦ [Le suj. est un oiseau] Se percher, se poser sur :
• 29. Les harpies vinrent s'asseoir dans les branches; ...
A. FRANCE, L'Île des pingouins, 1908, p. 53.
♦ [Le suj. est une chose concr.] Reposer sur :
• 30. Là, parmi les argiles ferrugineuses, les sables striés de cailloux, les pierres sur lesquelles s'assied la couche arable, ils [les vieux ceps] absorbent âprement une sève puissante.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 59.
• 31. ... il faut que (...) le fond de la bouteille soit bien régulier de façon à ce que celle-ci puisse s'asseoir correctement sur la table.
R. BRUNET, Le Matériel vinicole, 1925, p. 464.
B.— Emplois métaph. ou fig.
1. [Dans des loc. où le siège (banc, fauteuil, trône, etc.) est le symbole d'une dignité, d'une fonction, d'une charge, d'une situation, etc.] S'asseoir sur le trône. Devenir roi (reine). S'asseoir sur les bancs de la pairie. Devenir pair. S'asseoir sur les bancs de la cour d'assises, s'asseoir au banc des témoins. Comparaître au banc des accusés, être accusé; comparaître au banc des témoins, témoigner :
• 32. Juge ou non, dans ce monde difficile, il faut juger avant de savoir tout. La science, si fière de savoir attendre, ne serait qu'un immense déni de justice. Mais heureusement il s'est trouvé quelquefois un physicien qui s'est dit : « À quoi bon toute cette préparation et toute cette patience si je ne m'assois pas enfin au siège de l'arbitre? L'esprit serait donc une si belle épée qu'on n'ose jamais s'en servir? »
ALAIN, Propos, 1932, p. 1064.
— JUST. [Le suj. désigne un magistrat] Quitter le parquet, appelé magistrature debout, pour entrer comme juge ou conseiller nommé, place inamovible, dans la magistrature assise (cf. assise) :
• 33. Quand un magistrat [du parquet] a eu la précaution de s'asseoir, pour employer une expression familière et technique, alors il est définitivement acquis à la magistrature.
J. O., 12 mai 1872, p. 3169, 3e col. (LITTRÉ).
2. P. ext.
a) [L'accent est mis sur la stabilité]
• 34. Austère, scrupuleux en morale (...) désireux avant tout de s'asseoir dans une existence indépendante et rurale, M. de Sénancour se laissa dire, et se crut délicatement engagé...
SAINTE-BEUVE, Portraits contemp., t. 1, 1846-69, p. 155.
• 35. Pour s'asseoir solidement dans le pays, le nouveau royaume devait en effet se fonder sur une étroite association franco-syriaque. Ce fut le mérite de Baudouin Ier de l'avoir compris...
GROUSSET, L'Épopée des croisades, 1939, p. 100.
— S'asseoir sur. S'appuyer sur :
• 36. ... la vérité, c'est qu'il y a une science vitale, qui est le tout de l'homme, et que cette science a besoin de s'asseoir sur toutes les sciences particulières, qui sont belles en elles-mêmes, mais belles surtout dans leur ensemble.
RENAN, L'Avenir de la sc., 1890, p. 229.
b) [L'accent est mis sur l'arrêt d'un mouvement]
— Prendre du repos, souffler :
• 37. On a voulu, à tort, faire de la bourgeoisie une classe. La bourgeoisie est tout simplement la portion contentée du peuple. Le bourgeois, c'est l'homme qui a maintenant le temps de s'asseoir. Une chaise n'est pas une caste. Mais, pour vouloir s'asseoir trop tôt, on peut arrêter la marche même du genre humain. Cela a été souvent la faute de la bourgeoisie.
HUGO, Les Misérables, t. 2, 1862, p. 12.
— S'arrêter, se fixer :
• 38. ... il faut choisir, et la première condition du goût, après avoir tout compris, est de ne pas voyager sans cesse, mais de s'asseoir une fois et de se fixer. Rien ne blase et n'éteint plus le goût que les voyages sans fin...
SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 3, 1851-62, p. 53.
— Dépréc. Ne plus rien faire, cesser d'être agissant :
• 39. En somme je ne fais pas d'autres postulats généraux que ceux des mathématiques, et il faut bien en passer par là, ou s'asseoir. Je me permets, alors, des constructions comme on dit en géométrie. Au fond tout mon truc est là. Je crois énormément à la richesse de ce procédé qui passe par l'arbitraire et arrive à la démonstration.
VALÉRY, Correspondance [avec G. Fourment], 1897, p. 142.
• 40. Le Christ appelle justement les pharisiens « sépulcres blanchis », parce que la vertu qui ne se dépasse pas, s'assoit et se complait en sa liberté, n'est autre chose qu'une mascarade de la mort.
J. VUILLEMIN, Essai sur la signif. de la mort, 1949, p. 245.
3. Arg. ou pop. Allez-vous asseoir. Allez-vous-en; taisez-vous. S'asseoir sur qqn, sur qqc.; s'asseoir dessus. Ne faire aucun cas de quelqu'un ou quelque chose, le mépriser.
— Proverbe. S'asseoir entre deux chaises (le cul par terre). Entre deux partis possibles, choisir finalement un moyen terme généralement malheureux et voué à l'échec :
• 41. Retiens bien ça, Robert : Il n'y a pas de régime intermédiaire possible. Il a voulu s'asseoir entre deux chaises, il est foutu. Tous ceux qui voudront lutter sur les deux fronts sont foutus d'avance, comme lui. On est capitaliste ou communiste, pas de milieu...
ABELLIO, Heureux les pacifiques, 1946, p. 239.
PRONONC. ET ORTH. — 1. Conjug. — a) Formes à double rad. — (Je m')assieds, assois; (tu t')assieds, assois; (il s')assied, assoit; (nous nous) asseyons, assoyons; (vous vous) asseyez, assoyez; (ils s')asseyent, assoient. (Je m')asseyais, assoyais, etc. Que (je m')asseye, assoie; (il s')asseye, assoie; (nous nous) asseyions, assoyions; (ils s')asseyent, assoient. Asseyant, assoyant. b) Formes triples. — (Je m')assiérai, asseyerai, assoirai, etc.; (je m')assiérais, asseyerais, assoirais, etc. c) Formes uniques. — (Je m')assis, etc.; assis, assise. d) À l'impér. l'usage tend à consacrer assieds-toi, asseyons-nous, asseyez-vous, plutôt que assois-toi, assoyons-nous, assoyez-vous. 2. Forme phon. (s')asseoir [] (je m')assieds [asje] ou (je m')assois [aswa]. GRAMMONT Prononc. 1958 précise pour l'inf. asseoir qu'un ,,e devant une autre voyelle ne se prononce pas``. En ce qui concerne la forme conjuguée assied(s), BUBEN, 1935, pp. 23-24 signale que ,,Malgré une consonne finale muette (...) on prononce dans la langue correcte un e fermé dans les cas suivants : pied, sied, assied (...); l'action assimilatrice de l'i précédent est plus forte que l'influence de l'écriture et maintient l'e fermé malgré la consonne étymologique finale qui d'ailleurs n'a jamais été prononcée`` (cf. aussi MART. Comment prononce 1913, p. 228). À comparer avec ID., ibid., p. 53 qui écrit : ,,la prononciation d'assied (...) paraît flotter entre l'e fermé de pied et l'e ouvert des mots en -et``. Il ajoute ,,Peut-être est-ce l's d'assieds qui est en cause; en tout cas l'e d'assieds-toi est plutôt moyen``. BUBEN 1935, p. 51 note enfin : ,,La graphie ey et l'analogie des formes fortes expliquent l'è ouvert protonique dans (...) asseyons, asseyez``. Dito pour (ils) asseyent. Enq. :/aswa/ (il s')assoit. 3. Forme graph. — a) e étymologique de asseoir : BESCH. Conjug. 1961, p. 67 note que l'inf. asseoir s'orthographie avec un e étymologique, à la différence de l'ind. prés. (j'assois) et fut. (j'assoirai) qui s'écrivent normalement sans e (cf. aussi CLÉDAT 1930, pp. 55-56). GREV. 1964, § 679 signale à ce sujet : ,,On constate une forte tendance à uniformiser la graphie des formes avec -oi- et à les écrire par -eoi- comme on fait à l'infinitif : On s'asseoit par terre ``(FLAUB., Corr., t. I, p. 280)``, cf. aussi ROB. : ,,De bons auteurs écrivent -eoi- comme on fait à l'infinitif``. À noter que Gramm. Ac. 1932 écrit asseoir ou assoir. b) Le d étymologique de assied(s) : CLÉDAT 1930, p. 64 souligne : ,,on fait reparaître une lettre latine qui n'existe nulle part ailleurs dans le verbe français, [que] s'il s'agissait d'éviter une graphie équivoque, il était bien simple d'écrire : tu t'assiés``. Cf. aussi GREV. 1964, § 679 qui rappelle également : ,,Le présent de l'indicatif j'assieds s'explique par les formes anciennes (la flexion de seoir était : sie, siez, siet, seons, seez, sieent); le futur j'assiérai est fait sur il assied``. À ce sujet, cf. BESCH. Conjug. 1961, p. 67 : ,,Les formes j'asseyerai, tu asseyeras, etc., j'asseyerais, tu asseyerais, etc. sont actuellement sorties de l'usage.`` Néanmoins, ROB. admet encore au fut. : ,,j'assiérai ou j'asseyerai (vieilli)``. En ce qui concerne la conjug. j'assieds, GREV. 1964, § 679 précise : ,,aux deux premières personnes du pluriel, l'insertion d'un y a supprimé l'hiatus : de là, asseyons, asseyez``. Il note en ce qui concerne la conjug. j'assois : ,,le présent j'assois, etc., a été fait par analogie avec l'infinitif``. Il signale également que la conjug. assois, etc., est moins cour. et plutôt vulgaire (cf. ROB. : ,,Les formes en -oi, admises par l'Acad. cf. infra, sont jugées familières et même vulgaires par quelques grammairiens``). Pour Ortho-vert 1966, p. 95, cette conjug. s'emploie surtout au fig. : il assoit sa situation. 4. Hist. — Ac. 1798 ne donne que la 1re conjug. : j'assieds, etc. À partir de l'éd. de 1835, Ac. écrit : ,,on conjugue aussi quelquefois [...] j'assois, etc.`` Pour Lar. 19e, la 2e manière de conjuguer est surtout usitée dans le style noble. Pour LITTRÉ, elle est plus rare. BESCH. 1845 suggère pour la 2e conjug. : ,,Il nous semble qu'il serait plus convenable d'écrire j'asseois, j'asseoirai, etc.`` cf. aussi LITTRÉ : ,,L'Académie écrit j'assoirai sans e, mais je surseoirai avec un e. Il faudrait remettre la concordance entre ces deux verbes que rien ne doit séparer, afin de diminuer des exceptions qui compliquent inutilement l'orthographe``.
ÉTYMOL. ET HIST.
I — Trans. 1. 950-1000 « placer solidement qqc. » (Passion, éd. Arco Silvio Avalle, 247-8 : corona prendent de las espines Et en son cab fellun l'asisdrent); 1119 « établir, fixer » (PH. DE THAON, Comput, éd. Mall, 3305 ds T.-L. : En pentecuste asistrent La secunde [jeiunaisun]); ca 1165 en partic. « fixer une rente » (CHR. DE TROYES, G. d'Angleterre, éd. W. Foerster, 3360-61 : Et as deux marcheanz assist Mil mars de rante a estrelins); 1405-49 asseoir a « soumettre à (un impôt) » (Journ. d'un bourg. de Paris, 1440, Michaud ds GDF. : Apres celluy prest furent assis a tres grosses tailles, et cuidoit le peuple que on ne leur demandast rien, mais apres on commença la grant douleur au peuple d'icelle taille, car nuls ne nulle n'en eschappa, et tres grevement furent assis); 2. 1541 « fonder sur une base solide une opinion, un jugement » (CALVIN, Inst., 501 ds LITTRÉ : Ils alleguent qu'on ne peut assoir un jugement, sinon que la cause soit cognue); 3. XIIIe s. « mettre sur un siège » (Rom. und Pastour., éd. Bartsch, II, 6, 37-38 : Entre mes biaus bras la pris, sor la fresche herbe l'assis).
II.— Pronom. mil. XIe s. « se placer sur un siège » (Alexis, XIe s., st. 30° ds GDF. Compl. : Del duel s'asist la medre jusque a terre).
Du lat. vulg. adsedere, réfection du lat. class. d'apr. ; sedere « être assis » dep. PLAUTE (Capt. prol., 2 ds FORC.); « être arrêté, demeurer fixé » d'où (d'une chose) « être décrétée, établie » (cf. le sens I) (PLINE, Hist. nat., II, 7, 5 [24], ibid.); lat. adsidere au sens de « être assis auprès de » (PLAUTE, Stich., 153 ds TLL s.v., 877, 37); au sens pronom. le lat. emploie également adsidere (ID., Bacch., 432, ibid., 879, 36).
STAT. — Fréq. abs. littér. :9 566. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 10 066, b) 14 741; XXe s. : a) 16 164, b) 14 473.
BBG. — BARBER 1969. — BÉL. 1957. — Bible 1912. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — CHESN. 1857. — DEM. 1802. — DUL. 1968. — DUPIN-LAB. 1846. — ÉD. 1967. — ESN. 1966. — ESN. Poilu 1919. — FRANCE 1907. — GRIMAUD (F.). Petit glossaire du jeu de boules. Vie Lang. 1968, p. 110. — JAL 1848. — JOSSIER 1881. — LAL. 1968. — LARCH. 1880. — LARCH. Suppl. 1880. — MARCEL 1938. — MARSHALL (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 33 (Thèse Univ. Paris, 1968). — NOTER-LÉC. 1912. — PIERREH. Suppl. 1926. — PLAIS. 1969. — POPE 1961 [1952], p. 171. — REMIG. 1963. — SANDRY-CARR. 1963. — SPR. 1967.
asseoir [aswaʀ] v. tr.
CONJUG. j'assois, tu assois, il assoit (ou, littér., j'assieds, tu assieds, il assied), nous asseyons, vous asseyez (ou, pop., nous assoyons, vous assoyez), ils assoient (ou, rare, ils asseyent); j'asseyais (ou, pop., j'assoyais); j'assis; j'assiérai (ou j'assoirai); assieds, asseyons, asseyez (ou, pop., assois, assoyons, assoyez); que j'asseye (ou que j'assoie); que j'assisse (rare); asseyant (ou assoyant); assis.
ÉTYM. Fin XIe; lat. pop. assedere, lat. class. assidere. → Seoir.
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1 Mettre (qqn) sur un siège ou sur qqch. qui en tient lieu, dans la posture d'appui sur le postérieur (⇒ Séant). || Asseoir un enfant, un malade, sur une chaise, dans un fauteuil, sur le bord de son lit, contre un arbre, par terre, au soleil. ⇒ Installer, mettre, placer, poser. || Je l'ai assis sur mes genoux. — Elle asseyait sa poupée sur la table.
1 On m'assit au soleil, le dos appuyé contre un mur, la tête tournée vers la pleine mer.
2 Il l'asseoit (sic) contre le talus.
Bernanos, Monsieur Ouine, p. 130.
♦ Asseoir ses invités, faire asseoir (→ ci-dessous cit. 3), inviter à s'asseoir. — Par ext., littér. ⇒ Réunir.
3 Chaque soir, une table aux suaves apprêts,
Assoira près de nous nos belles adorées.
♦ Équit. || Asseoir un cheval, asseoir un cheval sur ses hanches, le dresser à exécuter des airs de manège, la croupe étant plus basse que les épaules.
♦ Fig. Établir une personne dans une situation honorifique, une dignité. || Asseoir un prince sur le trône, lui donner la couronne, la puissance souveraine.
4 Mais tu venais asseoir sur leur trône abattu (celui des faux dieux)
Le Dieu de vérité, de grâce et de vertu (…)
Lamartine, Harmonies, III, 5.
♦ Vieilli. || Asseoir qqn sur la sellette, le mettre sur la sellette.
♦ Vx. || Asseoir dans : installer dans. || Asseoir qqn dans la misère, dans la honte.
♦ Spécialt. Fam. Déconcerter. || Cette réplique l'a assis (plus cour. au passif et au p. p. → ci-dessous assis). → Clouer le bec, river son clou à qqn.
2 Poser (une chose) sur sa base, établir solidement. ⇒ Établir, poser. || Asseoir des fondations. || Asseoir une maison sur le roc. || Asseoir une statue sur son piédestal.
5 Tous ceux qui bâtissent voudraient asseoir eux-mêmes chaque pierre qui entre dans leur bâtiment,
5.1 (…) forteresse plutôt que maison, aux contreforts inclinés comme pour asseoir une défense, percé d'ouvertures aux avarices de meurtrières (…)
François Nourissier, le Maître de maison, p. 41.
♦ Aéron. || Asseoir l'appareil : redresser l'appareil au moment de prendre contact avec le sol.
♦ Milit. || Asseoir un camp. ⇒ Installer.
6 Le galant donc près de la forteresse,
Assied son camp, vous investit Lucrèce.
La Fontaine, Contes, III, 2.
3 Abstrait. Établir solidement, fonder sur une base solide; rendre plus assuré, plus ferme, plus stable. ⇒ Affermir. || Asseoir un gouvernement, le crédit public, l'autorité, la paix, sa renommée, sa réputation. — Asseoir son opinion sur des preuves, une théorie, sur des faits. ⇒ Appuyer, fonder, motiver. — Sans compl. second. || Asseoir son jugement, l'arrêter définitivement.
7 Avant que d'asseoir son jugement (…)
8 Ses camarades eussent été fort embarrassés d'asseoir un jugement vrai sur lui.
Balzac, les Marana, Pl., t. IX, p. 795.
♦ Par anal., rare. || Asseoir (qqn), l'établir dans la stabilité.
8.1 — N'importe, conclut M. Bejuin, Rougon a tort de ne pas se marier… Ça asseoit un homme.
Zola, Son Excellence Eugène Rougon, t. I, p. 13.
4 Fin. || Asseoir un impôt : établir la base de l'imposition, en déterminer l'assiette.
9 Supposons que l'esprit du gouvernement soit d'asseoir les taxes sur le superflu des richesses.
Rousseau, Disc. sur l'économie politique, 3.
5 Par ellipse du pron. réfl. Faire asseoir (qqn). || Faire asseoir les élèves sur des bancs. || Quand les visiteurs seront arrivés, vous les ferez asseoir dans mon bureau. || Faire asseoir qqn au bout de la table. ⇒ Mettre, placer.
10 Un dauphin le prit pour un homme
Et sur son dos le fit asseoir.
La Fontaine, Fables, IV, 7.
11 Disant ces mots, il fait connaissance avec elle,
Auprès de lui la fait asseoir,
Prend une main, un bras, lève un coin du mouchoir.
La Fontaine, Fables, IV, 4.
♦ Faire asseoir qqn à sa table. ⇒ Accueillir (cit. 2), admettre, inviter.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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s'asseoir v. pron.
1 Se mettre sur son séant, sur un siège ou sur qqch. qui en tient lieu. || S'asseoir sur une chaise, un fauteuil, un coussin. || S'asseoir à califourchon; en amazone (cit. 5). || S'asseoir sur les talons, sur la croupe. ⇒ Accroupir (s'). || S'asseoir par terre. || S'asseoir à une table, s'y mettre, s'y placer, s'y installer. ⇒ Attabler (s'). || S'asseoir en cercle autour de la table. ⇒ Disposer (se), installer (s'). || Aller (cit. 40) s'asseoir. || Assieds-toi et reste tranquille. || Asseyez-vous. → Assister, HOM.
12 Assoyez-vous là, répondirent-ils.
Rabelais, le Cinquième Livre, 11.
13 Assy-toi sur mes genoux.
14 Chacun prendra place et parlera assis, hors les marquis, qui tantôt se lèveront et tantôt s'assoiront (…)
Molière, l'Impromptu de Versailles, 3.
15 (La mouche) S'assied sur le timon, sur le nez du cocher.
La Fontaine, Fables, VII, 9.
16 Je hante les palais, je m'assieds à la table.
La Fontaine, Fables, IV, 9.
17 S'il s'assied, vous le voyez s'enfoncer dans un fauteuil, croiser les jambes l'une sur l'autre (…)
La Bruyère, les Caractères, VI, 83.
18 Monsieur, lui répondis-je (…) assoyez-vous.
Marivaux, les Caprices de Marianne, 9.
19 Le canard s'assied sur son derrière et remue doucement la queue.
Chateaubriand, Voyage en Amérique…, XVIII.
20 On s'arrête, on s'assied (…)
Lamartine (→ Arrêter, cit. 56).
21 (…) et ils s'assirent, étant fort las et recrus de fatigue.
Flaubert, Trois contes, La légende de saint Julien l'Hospitalier, II.
21.1 Fort myope, il semblait, malgré son pince-nez, ne jamais voir personne, et quand il s'asseyait on eût dit que toute l'ossature de son corps se courbait suivant la forme du fauteuil.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 66.
22 Là, ils s'arrêtèrent et s'assirent sur l'herbe, dans l'ombre mince des buissons tout chargés de sansonnets (…)
M. Barrès, la Colline inspirée, p. 182.
23 Elle s'est assise, sur la descente de lit, entre les jambes de Vincent, pelotonnée comme une stèle égyptienne, le menton sur les genoux.
Gide, les Faux-monnayeurs, I, 7.
23.1 S'il s'est assis aux tables les moins chères, c'est pour ne pas trop s'écarter de la rue, c'est pour demeurer dans une certaine banalité au milieu de laquelle il va comme s'il était contenu dans une bulle transparente (…)
A. Pieyre de Mandiargues, la Marge, p. 89.
REM. Faire s'asseoir est souvent remplacé par faire asseoir (→ ci-dessus 5.).
♦ Par métaphore. || S'asseoir à une réunion, à un banquet, y participer. — S'asseoir dans un groupe, s'asseoir parmi, être admis dans ce groupe.
♦ Par anal. || L'oiseau s'assoit sur la branche.
♦ Par ext. Sports (escr., athlétisme). Fléchir sur les jarrets, les genoux.
2 Fig. et littér. || S'asseoir sur le trône : devenir roi, régner. || S'asseoir sur le trône de la gloire. ⇒ Régner.
24 Toutes les fois qu'il veut s'asseoir sur le trône de ses pères.
Guez de Balzac, le Prince, VI.
25 Lorsque le Fils de l'homme viendra dans sa gloire, avec tous les anges, il s'assiéra sur le trône de sa gloire. Toutes les nations seront assemblées devant lui (…)
Bible (Sacy), Évangile selon saint Matthieu, XXV, 31 (→ Brebis).
3 Venir s'asseoir. || Il est venu s'asseoir avec nous. || Venez vous asseoir près de moi.
26 Regarde ! Je viens seul m'asseoir sur cette pierre
Où tu la vis s'asseoir.
Lamartine, le Lac.
27 Devant ma table vint s'asseoir
Un pauvre enfant vêtu de noir
Qui me ressemblait comme un frère.
A. de Musset, la Nuit de Décembre.
28 Les idées noires viennent s'asseoir en cercle autour de moi.
France, le Lys rouge, 27, p. 203.
4 ☑ Fam. Votre autorité, je m'assois dessus, je la tiens pour nulle, je la méprise. || La consigne, on s'assoit dessus. → On n'en a rien à foutre, on s'en fout.
28.1 Le règlement est formel, et pourtant, le règlement je m'assois dessus, vous voyez.
San-Antonio, Passez-moi la Joconde, in Œ. compl., I, p. 482.
——————
être assis v. passif; assis, assise p. p. adj.
1 Être dans une position d'appui sur le séant. || Être assis sur sa chaise, dans une voiture. || Assis à croupetons, à la turque, sur ses talons. || Assis par terre. || Rester assis, travailler assis. || Posture d'un homme assis. ⇒ Séant. || Les longues stations assises du sédentaire. || Être bien, mal assis sur une selle. || Tomber assis le derrière entre deux selles (⇒ Cul). || Restez assis, ne vous dérangez pas !
29 L'adroit, le vigilant et le fort sont assis
À la première table (…)
La Fontaine, Fables, X, 6.
30 Tandis que ce nigaud, comme un évêque assis,
Fait le veau sur son âne et pense être bien sage.
La Fontaine, Fables, III, 1.
31 Sous un ombrage épais, assis près d'un ruisseau.
La Fontaine, Fables, VIII, 26.
32 Dieux ! Que ne suis-je assise à l'ombre des forêts ?
Racine, Phèdre, I, 3.
33 Moi-même, sur son trône, à ses côtés assise,
Je suis à cette loi comme une autre soumise.
Racine, Esther, I, 3.
34 Debout ou assis (au parterre comme aux meilleures places), on peut donner un mauvais jugement.
Molière, Critique de l'École des femmes, 5.
35 À table, au plus haut bout il veut qu'il soit assis.
Molière, Tartuffe, I, 2.
36 Le roi et la reine mangent tristement, Mme de Richelieu est assise, et puis les dames, selon leurs dignités, les unes assises, les autres debout.
Mme de Sévigné, Lettres, 22 janv. 1674.
37 Vous qu'on ne voit assis dans le sanctuaire du Dieu vivant que pour avoir longtemps été debout dans les antichambres des grands (…)
Massillon, Villeroy.
38 Celui qui reste assis dix heures par jour obtient précisément la moitié plus de considération qu'un autre qui n'en reste que cinq.
Montesquieu, Lettres persanes, 78.
39 (…) le domestique, assis à la turque (…)
Loti, les Désenchantées, V, 38.
40 Nous passâmes cette première soirée chez nous, assis au coin du feu, comme en hiver (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, p. 364.
41 Il était assis ou plutôt affalé dans un fauteuil, les bras pendants, les jambes mortes.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, 15.
42 (…) la position assise est pour les fonctionnaires.
Martin du Gard, les Thibault, VII, 14.
♦ Fig. et fam. || Être, rester assis, décontenancé, déconcerté. || Il en est resté assis.
2 Place assise, où l'on peut s'asseoir. || Il y a vingt-cinq places assises dans cet autobus.
3 Magistrature assise (ou du siège), par oppos. à magistrature debout (ou du parquet) : corps des magistrats qui rendent la justice assis sur leur siège, les autres parlant debout. || Les magistrats assis des cours et tribunaux civils sont inamovibles (Capitant).
42.1 Charles-Augustin, à ce point, interrompt sa femme pour lui demander comment elle explique qu'un simple membre de la magistrature assise soit si bien en fonds.
M. Yourcenar, Archives du Nord, p. 161.
4 Par anal., vx. Établi, placé, posé.
43 Les pléiades se touchent presque (…) une étoile paraît assise sur l'une de celles qui forment la queue de la Grande Ourse (…)
La Bruyère, les Caractères, XVI, 43.
44 La ville aux dômes d'or, la blanche Navarin,
Sur la colline assise entre les térébinthes (…)
Hugo, les Orientales, V.
5 Abstrait. ⇒ Affermi, assuré, équilibré, ferme, stable. || Vie régulière et assise. || Les conventions, les vérités assises. || Une institution, une coutume bien assise.
45 (…) il y a toujours cent contre un à parier, en France, qu'une chose quelconque ne durera pas; c'est à l'instant que le gouvernement paraît le mieux assis qu'il s'écroule.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 5.
46 (…) elle lui en voulait de ce calme si bien assis, de cette pesanteur sereine, du bonheur même qu'elle lui donnait.
Flaubert, Mme Bovary, I, 7.
47 Les résultats acquis et les conquêtes faites (…) tous ne souhaitent plus que de les voir consacrés, assis, à jamais par un gouvernement fort (…)
Louis Madelin, Hist. du Consulat et de l'Empire, t. III, 4.
48 (…) les caractères les mieux assis.
G. Duhamel (→ Accession, cit. 1).
6 Gens assis : personnes qui sont établies dans une situation (avec une connotation de conformisme et de passivité).
49 Un jour elle me dit, sur le ton de l'aveu, qu'elle était une grande bourgeoise parisienne un peu trop assise et que cette sauvagerie, qu'elle devinait en moi, l'effrayait.
Maurice Clavel, le Tiers des étoiles, p. 41.
♦ N. || Un assis, une assise : une personne assise.
50 Péremptoire, dans sa chaire, un vertical parle à des assis sur leurs chaises (…) Les assis l'écoutent avec une patience d'ange mais, sur les dalles, des grincements de pieds de chaise témoignent qu'ils font preuve en même temps d'une impatience du diable.
J. Prévert, Choses et autres, p. 142.
♦ N. m. || Voter par assis et levés, les uns restant assis tandis que les autres se lèvent. ⇒ Vote.
♦ Fig. Péj. Personne passive, installée dans le confort. (Cf. le poème de Rimbaud, les Assis, auquel la citation suivante fait allusion.)
51 J'aime les êtres qui sont en désarroi, disait Bergère; et je trouve que vous avez une chance extraordinaire. Car enfin cela vous a été donné. Vous voyez tous ces porcs ? Ce sont des assis. Il faudrait les donner aux fourmis rouges pour les asticoter un peu.
Sartre, le Mur, p. 170.
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CONTR. Lever, mettre (qqn) debout; coucher (V. aussi Position). — Détrôner. — Démolir, enlever, renverser, ruiner. — Renvoyer, rejeter. — Lever (se). — Debout, couché (V. aussi Position).
DÉR. Assise, asseoiement. — V. Assidu, assiette.
COMP. Rasseoir, rassis. Chien-assis.
Encyclopédie Universelle. 2012.