finir [ finir ] v. <conjug. : 2>
• fenir 1080; refait en finir, d'apr. fin; lat. finire « borner, finir »
I ♦ V. tr. (Personnes) Mener à sa fin (I).
1 ♦ Conduire (une occupation, un travail) à son terme en faisant ce qui reste à faire. ⇒ accomplir, achever, terminer. Finir un ouvrage. Finir une dissertation. ⇒ conclure. Il commence tout et ne finit rien. Absolt Il commence par où il devrait finir. Coureur qui finit en beauté (⇒ finish, finisseur) . Interrompre qqn sans le laisser finir. Il a presque fini. Je finirai demain. — FINIR DE(et l'inf.) Ils finissaient de dîner, quand je suis arrivé.
♢ Spécialt (surtout pass.) Conduire à son point de perfection. ⇒ finaliser, parachever, parfaire, polir; finition. S'appliquer à finir une pièce. ⇒ fignoler.
2 ♦ Mener (une période) à son terme, en passant le temps qui reste à passer. Finir sa vie dans la misère. Il a fini sa carrière comme chef de service. Finir ses jours à la campagne. Finir la journée chez un ami.
3 ♦ Mener (une quantité) à épuisement, en prenant ce qui reste à prendre. Finir son pain; son verre (⇒ vider) . Il finit tous les plats. — Fam. Utiliser jusqu'au bout. « les vêtements qu'on lui donnait à finir » (Green). ⇒ user.
4 ♦ Mener brusquement à son terme, mettre un terme à. ⇒ arrêter, cesser (cf. Mettre fin à). Finissez vos bavardages. FINIR DE(et l'inf.) Quand vous aurez fini de jouer. « Quand on mettra les cons sur orbite, t'as pas fini de tourner » (M. Audiard, « Le Pacha », film). Fam. Ça n'est pas un peu fini de chahuter ? Ellipt Fini de rire, passons aux choses sérieuses. Absolt Tu as fini, oui ?
5 ♦ Par ext. (choses) Être le dernier élément de. ⇒ clore, conclure, terminer. Mot qui finit une phrase.
II ♦ V. intr. (XIIIe) Arriver à sa fin.
1 ♦ Arriver à son terme dans le temps. ⇒ s'achever, se terminer. Le spectacle finira vers minuit. Bail qui finit au 1er avril, le 1er avril. ⇒ expirer. Il est temps que cela finisse ! ⇒ cesser. « Tout commence en ce monde, et tout finit ailleurs » (Hugo). — Loc. Pour finir : en manière de conclusion.
♢ Avoir telle ou telle issue, telle ou telle conclusion. Tout cela finira mal. Je me demande comment cela finira. « Les films qui “finissent bien” et qui chaque soir montrent aux foules éreintées la vie en rose » (Sartre). ⇒ happy end. — Loc. prov. Tout est bien qui finit bien : une fin heureuse vient corriger les péripéties désagréables. Tout finit par des chansons, derniers mots du « Mariage de Figaro ». — Loc. Finir en queue de poisson, en beauté. Par ext. (Personnes ) Ce garçon commence à mal tourner, je crois qu'il finira mal. — Spécialt Arriver au terme de sa vie. ⇒ mourir, périr. Finir dans un accident, à l'hôpital. Finir empoisonné.
♢ Finir avec qqn, terminer qqch. que l'on a entrepris avec lui. Je suis à vous dès que j'ai fini avec Monsieur.
2 ♦ Arriver à son terme dans l'espace. « Ils croyaient que le monde finissait où finissait leur île » (Bernardin de Saint-Pierre). ⇒ s'arrêter. Rue finissant en cul-de-sac. ⇒ se terminer. Mot qui finit en, par -ou.
3 ♦ FINIR PAR (et inf.) :arriver, après une série de faits, à tel ou tel résultat. Je finirai bien par trouver. Il a fini par comprendre, par accepter. Tout finit par s'arranger.
III ♦ EN FINIR.
1 ♦ Mettre fin à une chose longue, désagréable. Il faut en finir, en finir une fois pour toutes. Finissons-en vite. Que d'explications ! il n'en finit plus ! ⇒ tarir. — EN FINIR AVEC QQCH. : arriver à une solution. ⇒ régler, résoudre. On n'en finira jamais avec cette affaire, cette question. ⇒ épuiser. — EN FINIR AVEC QQN : se débarrasser de lui; rompre ses relations, ses activités avec lui. — Fam. EN FINIR DE (et inf.). On n'en finirait pas de raconter ses aventures. ⇒ s'arrêter.
2 ♦ (Toujours négatif) Qqch. qui n'en finit pas, plus, qui n'arrive pas à son terme, qui ne s'arrête pas. ⇒ interminable. Un discours qui n'en finit plus. Des applaudissements à n'en plus finir. — (Dans l'espace) Un cou, des bras qui n'en finissent pas, démesurément longs. — (Avec l'inf.) La pluie n'en finit pas de tomber. ⇒ discontinuer, s'interrompre.
⊗ CONTR. Commencer; ébaucher, engager, entamer. Débuter.
● finir verbe transitif (latin finire, limiter) Travailler aux derniers détails de la fabrication d'un objet : Finir une robe. Mener un ouvrage, une action à leur fin, terminer la dernière phase d'une opération : Finir la vaisselle. Cesser, ne plus faire quelque chose : Tu as fini de plaisanter ? Placer tel élément, telle action comme dernière phase d'une opération, comme dernière opération d'une série : Je finirai par ces quelques mots. S'occuper en dernier lieu de quelqu'un, de quelque chose : Nous finirons par le plus facile. Être le terme de quelque chose : Le bouquet qui finit le feu d'artifice. Consommer quelque chose jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, utiliser quelque chose jusqu'à ce qu'il ne soit plus utilisable : Finis tes pâtes. Il finira les vêtements de son frère. Arriver au terme d'une période : J'ai fini mon mois de vacances. Passer la dernière partie d'une action, d'une période de telle ou telle manière : Finir la soirée chez des amis. Arriver au terme de sa vie, de sa carrière dans tel lieu ou dans tel état : Finir sa vie à la campagne. Familier. Cesser une action, un discours qui agacent, importunent : Tu as fini ? ● finir (homonymes) verbe transitif (latin finire, limiter) ● finir (synonymes) verbe transitif (latin finire, limiter) Travailler aux derniers détails de la fabrication d'un objet
Synonymes :
- terminer
Contraires :
- attaquer
- ébaucher
Mener un ouvrage, une action à leur fin, terminer la...
Synonymes :
- achever
Contraires :
- engager
Cesser, ne plus faire quelque chose
Synonymes :
- arrêter
Placer tel élément, telle action comme dernière phase d'une opération...
Synonymes :
- clore
- clôturer
- conclure
- fermer
Contraires :
- aborder
Être le terme de quelque chose
Synonymes :
Contraires :
- ouvrir
Consommer quelque chose jusqu'à ce qu'il n'y en ait plus, utiliser...
Contraires :
- entamer
- étrenner
● finir
verbe transitif indirect
Ne plus avoir à s'occuper de quelqu'un, de quelque chose, avoir terminé ce qu'on avait à faire : Tu finis avec la vaisselle et tu viens nous retrouver.
Parvenir à une solution : Je n'en finirai jamais avec cette histoire.
● finir
verbe intransitif
Cesser d'être dans un certain état, ne plus faire quelque chose : Cela a fini de me faire mal.
Avoir telle fin, se terminer de telle manière : L'histoire finit mal.
Terminer sa carrière, son existence dans tel lieu ou telle situation : Il a fini comme patron.
Mourir dans tel lieu, dans telles circonstances : Finir à l'hôpital.
Comporter tel élément à sa fin, comme terminaison, se terminer sous telle forme : Col qui finit en pointe.
Comporter quelque chose comme ultime étape : Bal qui finit sur une farandole.
Avoir tel lieu, telle date comme limite, se terminer à cet endroit-là, à ce moment-là : La route finit au pont.
Arriver à tel résultat, tel état, telle situation : Toutes ces réparations finissent par coûter cher.
● finir
verbe intransitifêtre fini
verbe passif
Se terminer, cesser, prendre fin ; avoir cessé d'exister : Mes ennuis sont finis.
● finir (expressions)
verbe transitif indirect
À n'en plus finir, se dit de quelque chose de très long, de très lent.
Finissons-en, se dit pour mettre un terme à une discussion en proposant un compromis, un accord, un résultat.
N'en pas finir (de), être très long ou très lent : Un discours qui n'en finit pas.
● finir (homonymes)
verbe transitif indirect
● finir (citations)
verbe intransitif
Jacques Bénigne Bossuet
Dijon 1627-Paris 1704
[…] Tout ce qui est né pour finir n'est pas tout à fait sorti du néant, où il est aussitôt replongé.
Oraison funèbre d'Henriette-Anne d'Angleterre, duchesse d'Orléans
Pierre Jean Jouve
Arras 1887-Paris 1976
Pas de plus ample chant que le chant qui finit. Pas de plus douce main que la main qui s'enfuit.
Diadème
Mercure de France
Alphonse de Prât de Lamartine
Mâcon 1790-Paris 1869
Il est… il serait tout s'il ne devait finir.
Harmonies poétiques et religieuses, Pourquoi mon âme…
l'amour
Pierre Joseph Proudhon
Besançon 1809-Paris 1865
Le peuple voudrait en finir ; or il n'y a pas de fin.
Correspondance, décembre 1851
● finir (expressions)
verbe intransitif
Finir bien, mal, avoir une fin, une issue heureuse ou, au contraire, malheureuse.
Finir en beauté, se terminer de manière brillante, réussie.
Finir mal, apporter des complications, aboutir à une situation fâcheuse ; en arriver à des actions répréhensibles.
● finir (homonymes)
verbe intransitif
● finir (homonymes)
verbe intransitifêtre fini
verbe passif
● finir (synonymes)
verbe intransitifêtre fini
verbe passif
Se terminer, cesser, prendre fin ; avoir cessé d'exister
Synonymes :
- aboutir
- cesser
- expirer
Contraires :
- débuter
- partir
- s'ouvrir
finir
v.
rI./r v. tr. (Personnes)
d1./d Mener à son terme. Finir un ouvrage, ses études.
— Finir de (+ inf.) Ils ont fini de déjeuner.
d2./d Mener à épuisement (une quantité). Finir son pain. Finir une bouteille.
d3./d Mettre un terme à (qqch). Finissez vos querelles.
rII./r v. intr.
d1./d Arriver à son terme dans le temps ou dans l'espace. Le spectacle finit tard. Cette rue finit à une place.
d2./d Avoir telle issue, telle fin. Un film qui finit bien.
|| (Personnes) Je crois qu'il finira mal.
d3./d Mourir. Finir dans la misère.
d4./d Finir par (+ inf.) (Marquant le terme, le résultat.) Tout finit par s'arranger.
d5./d En finir: mettre un terme à ce qui a trop duré, arriver à une solution. Il faut en finir.
⇒FINIR, verbe.
I.— Emploi trans.
A.— Trans. dir.
1. Mener à terme (un travail), (en) conduire l'objet à son achèvement. Il parla de travaux à finir (ZOLA, Curée, 1872, p. 386). J'ai presque fini Prétextes [de Gide] (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1907, p. 194). Il fera semblant de finir un calcul (COCTEAU, Par. terr., 1938, I, 4, p. 204).
SYNT. Finir une addition, un arrangement, une besogne, un chapitre, une conversation, la correction de qqc., de la couture, ses études, une guerre, une introduction, une lecture, une lettre, un livre, son ouvrage, un poème, un repas, une tâche, sa toilette, un travail, un volume.
♦ Donner, apporter une conclusion à quelque chose.
[Le suj. désigne une pers.] Peu à peu les deux femmes trouvèrent plus d'aisance et finirent les phrases commencées (DRIEU LA ROCH., Rêv. bourg., 1939, p. 175).
[Le suj. désigne une chose] Constituer la conclusion de quelque chose. La phrase qui finissait l'andante (PROUST, Prisonn., 1922, p. 259).
— En partic. B.-A. Mettre la dernière main à l'objet d'un travail artistique ou artisanal, parfaire. (Quasi-) synon. fignoler. Elle [la tête de la Vierge assise de Vinci] est peinte, comme le reste du tableau, avec un flou, une morbidezza que l'artiste lui eût peut-être enlevés en la finissant davantage (GAUTIER, Guide Louvre, 1872, p. 215). Hardy et lady Grove m'engageaient à « finir » mon ébauche du premier jour (BLANCHE, Modèles, 1928, p. 87).
Emploi pronom. à valeur passive. Il [Charlet] concevait et exécutait en même temps. Il faisait rarement un croquis à part avant de commencer sur sa pierre et chaque détail se finissait à mesure que sa pierre se couvrait (DELACROIX, Journal, 1857, p. 135).
2. Atteindre le terme d'un laps de temps donné, achever ce qui en constitue le contenu. Finir ses jours, son temps, sa vie; finir sa carrière, son service militaire. Romagné demanda la permission de finir sa journée (ABOUT, Nez notaire, 1862, p. 115). Comme moi, tu dois finir ici ta misérable destinée (MAUROIS, Ariel, 1923, p. 270).
3. Achever de consommer quelque chose. Finir sa compote, son lait, son omelette, sa soupe. Non, laissez donc, je veux finir mon cigare (ZOLA, E. Rougon, 1876, p. 353). Jacques avait fini son café au lait (MIOMANDRE, Écrit sur eau, 1908, p. 98). Il finit son verre, donna au visiteur le temps de finir le sien (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 57).
4. Utiliser jusqu'au bout. Finir des chaussures. L'apprentie finissait les fers sur ses torchons et sur ses bas, quand ils n'étaient plus assez chauds pour les pièces amidonnées (ZOLA, Assommoir, 1877, p. 512) :
• 1. Se croyait-elle vraiment si jolie cette pauvre Mlle Hedwige, pour tenir à des bêtises de ce genre [une jaquette couverte de soutaches]? C'était Madame, il est vrai, qui la fagotait ainsi. Tout le monde savait, à l'office, que la jeune fille acceptait sans murmures les vêtements qu'on lui donnait « à finir ».
GREEN, Malfaiteur, 1955, p. 97.
5. Vx. Faire cesser. Pour apaiser les dieux et pour finir mes maux, D'un vin mûri deux ans versez vos coupes pleines (LECONTE DE LISLE, Poèmes ant., 1852, p. 158).
6. Pop. [Le compl. désigne une pers.] Achever, tuer. Je me demandais s'il allait pas la tuer?... la finir sur place? (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 216).
B.— Trans. indir.
1. Finir de + inf. Terminer une action entreprise, la conduire à sa fin. Je dois finir de creuser cette fosse (LAUTRÉAM., Chants Maldoror, 1869, p. 151). Il finit posément de balayer, avant d'aller décrocher le récepteur (SARTRE, Nausée, 1938, p. 97) :
• 2. Gaspard achevait de vider ses cuves. Il descendait dans la cave, montait du charbon, se donnait du mal. Annie finissait de rincer et de tordre.
VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 213.
2. En finir de + inf.
a) [À la forme positive, au passé] Il en avait fini de raconter sa jeunesse, le temps du bonheur (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 236).
b) [À la forme négative] Usuel. Je n'en finirais pas de le louer (GIDE, Ainsi soit-il, 1951, p. 1225) :
• 3. ... c'était le même silence et ils me regardaient, le temps passait, ils n'en finissaient plus de me regarder, et, moi, je ne pouvais soutenir leurs regards, je haletais de plus en plus fort...
CAMUS, Exil et Roy., 1957, p. 1582.
3. En finir avec
a) [Le compl. désigne une chose] Mettre définitivement fin à quelque chose. Je n'en finirais pas avec l'histoire des oiseaux que j'ai eus pour amis et pour compagnons (SAND, Hist. vie, t. 1, 1855, p. 21). La musique en avait fini avec les hymnes nationaux (GIRAUDOUX, Suzanne, 1921, p. 200).
— En finir avec la vie ou, par brachylogie, en finir. Mettre fin à ses jours. Élisabeth a-t-elle pris la trop forte dose de laudanum pour dormir ou pour en finir? (DU BOS, Journal, 1926, p. 41).
b) [Le compl. désigne une pers.]
— Conclure une affaire ou un litige qui vous met en rapport avec quelqu'un. Attends que j'en aie fini avec Madame ma moitié! (JARRY, Ubu, 1895, V, 2, p. 88). Je suppose qu'elle s'occupe d'en finir avec cette femme (CAMUS, Chev. Olmedo, 1957, 1re journée, 6, p. 732).
— Rompre définitivement les relations qu'on entretenait avec quelqu'un. Je me suis alors promis (...) d'acquérir une certitude, et d'en finir alors avec Gaston, ou de consentir à mon malheur (BALZAC, Mém. jeunes mar., 1842, p. 374).
C.— Emploi abs.
1. Finir. Mener à terme. Mais il est impossible que j'aie fini avant deux ans au plus tôt (FLAUB., Corresp., 1858, p. 275). Mettre un terme à quelque chose. On n'aurait pas fini s'il fallait les ramasser tous (THARAUD, Dingley, 1906, p. 96). « Finissez ou je sonne », s'écria Albertine voyant que je me jetais sur elle pour l'embrasser (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 933).
— Pour finir. En manière de conclusion. Pour finir, on apporte un cabaret avec du vin de Malaga, de Xérès et de l'eau-de-vie (GAUTIER, Tra los montes, 1843, p. 24). Pour finir, il se redressait encore à demi et, pendant un court moment, regardait devant lui (CAMUS, Peste, 1947, p. 1406).
2. En finir. Mettre définitivement fin à une chose, à une situation qui menace de s'éterniser. Il y a dans les disputes un moment où il faut en finir (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 4, 1859, p. 70). Il fallait d'ailleurs se décider et en finir d'une manière ou d'une autre (HUYSMANS, Sœurs Vatard, 1879, p. 114). Il s'agit de répondre vite et correctement à leurs questions, pour en finir une bonne fois (CAMUS, Peste, 1947, p. 1242).
II.— Emploi intrans.
A.— [Le suj. désigne une action, un état, une chose]
1. Cesser, se terminer.
a) [Dans le temps] Le fleuve est pareil à ma peine Il s'écoule et ne tarit pas Quand donc finira la semaine (APOLL., Alcools, 1913, p. 81). La guerre finira bien un jour (MONTHERL., Fils personne, 1943, IV, 1, p. 336) :
• 4. Plus tard! Plus tard! Et d'abord il fallait que cette nuit cessât, supposé qu'elle dût jamais finir.
BERNANOS, Mauv. rêve, 1948, p. 977.
♦ Emploi pronom. à valeur passive. L'amour ne peut être fini, s'il se réduit à se finir aussi fréquemment qu'il se puisse (VALÉRY, Variété I, 1924, p. 79).
— [Avec compl. explicitant ce qui met un terme à l'action ou ce sur quoi elle s'achève] L'année finit aujourd'hui sur une grande épreuve pour nous tous (HUGO, Corresp., 1851, p. 38). Toute prière à un dieu, quel qu'il fût, devait commencer et finir par une prière au foyer (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 27). Et cela finit par un mariage? (FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 134).
♦ Emploi pronom. à valeur passive. Il ne lui restait ensuite qu'un immense étonnement qui se finissait en tristesse (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 123).
b) [Dans l'espace] Au point où finissait la terre et où l'eau commençait (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 541). Ces bois, ces prés finissent à 2200 ou 2300 mètres. Ils s'arrêtent au ras des neiges (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 178). La promenade finissait au café (DABIT, Hôtel Nord, 1929, p. 186).
— [Avec compl. explicitant la forme sous laquelle s'achève qqc.] Le tunnel finissait en intérieur d'entonnoir (HUGO, Misér., t. 2, 1862, p. 554). Un ridicule chapeau d'étoffe sombre qui, traversant le diadème, finissait en très haute pointe inclinée comme une corne en avant du front (GIDE, Thésée, 1946, p. 1422).
c) [Dans l'abstrait] Leur « culture » commence et finit au marxisme (GIDE, Feuillets, 1937, p. 1293). La décision de demander à l'expérience elle-même son propre sens, en un mot la phénoménologie, ne finit-elle pas par la négation de l'être et la négation du sens? (MERLEAU-PONTY, Phénoménol. perception, 1945, p. 338).
2. Avoir une issue (bonne ou mauvaise). Finir heureusement, tragiquement. Pour le chrétien, en effet, l'existence est une histoire qui peut finir bien ou mal (MASSIS, Jugements, 1923, p. 272). Ça finit toujours vinaigre... Un jour ou l'aut', on s' fait mett' la main au collet (MARTIN DU G., Gonfle, 1928, III, 1, p. 1221). Ce jeu a fini très mal une fois, et finira de même mille fois et plus (ALAIN, Propos, 1929, p. 839).
3. N'en pas (plus) finir. N'avoir pas de fin, s'éterniser. C'était une longue lettre qui n'en finissait pas (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1950, p. 173). V. assoiffer ex. 1.
♦ À n'en plus finir. Elle l'avait accueilli avec des remerciements à n'en plus finir (POURRAT, Gaspard, 1931, p. 136). Pour avoir ensuite des emmerdements à n'en plus finir (QUENEAU, Loin Rueil, 1944, p. 124).
B.— [Le suj. désigne une pers.]
1. Parvenir à un rang, un état. Vous commencez mieux que ne finissent d'autres éditeurs (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 107).
— [Avec attribut ou compl.] La fille a fini madame Pelletan, baronne de Clin-Clin (BARRÈS, Cahiers, t. 6, 1907-08, p. 94). J'étais fait pour devenir explorateur. Je finirai dans la peau d'un explorateur (DUHAMEL, Terre promise, 1934, p. 175). Tout révolutionnaire finit en oppresseur ou en hérétique (CAMUS, Homme rév., 1951, p. 306).
2. Achever sa vie de telle ou telle façon (d'une façon gén. mauvaise). Finir sur la paille, en prison. Cet homme-là n'a pas de cœur!... Il finira mal! (ERCKM.-CHATR., Conscrit 1813, 1864, p. 41). Quelqu'un lui a dit quand il était petit « Tu finiras sur l'échafaud » (PRÉVERT, Paroles, 1946, p. 80).
3. Être sur sa fin, mourir. Il n'est pas donné à tout le monde de finir tragiquement (GRACQ, Syrtes, 1951, p. 258) :
• 5. J'attendais toujours à t'écrire, mon brave Ernest, pour te donner des nouvelles définitives de ce pauvre Alfred. Tout est fini maintenant! Il est mort il y a aujourd'hui 8 jours, à cette heure-ci (minuit). Je l'ai enterré jeudi dernier. Il a horriblement souffert et s'est vu finir.
FLAUB., Corresp., 1848, p. 84.
C.— Finir par + inf. En arriver à, en venir à.
1. [Le suj. désigne une pers.] Alors la haine monta lentement en eux, ils finirent par se jeter des regards de colère, pleins de menaces sourdes (ZOLA, T. Raquin, 1867, p. 188). L'homme qui cède aux tentations de l'innommable finit par ne plus vouloir Dieu (GREEN, Journal, 1950, p. 352).
2. [Le suj. désigne une chose] Les villages deviennent plus rares; ils finissent par se disséminer en petits hameaux détachés (LAMART., Tailleur pierre, 1851, p. 388). Le terme « prolétaire » finit par devenir synonyme d'opprimé (SOREL, Réflex. violence, 1908, p. 75).
3. [En constr. impers.] Il finira bien par se passer quelque chose (VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 166).
REM. Finissement, subst. masc., rare. Fin, achèvement. Dans les conditions d'hygiène physique et morale de nos grandes villes, neuf fois sur dix l'homme moyen est un finissement (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 224).
Prononc. et Orth. :[], (il) finit [fini]. Ds Ac. dep. 1718. Étymol. et Hist. 1. Ca 1100 trans. fenir « mener à bonne fin, achever » (Roland, éd. J. Bédier, 169); spéc. av. 1660 finir « mener quelque chose à son point de perfection » (Scar. ds RICH. 1680); 1688 part. passé adj. « achevé dans son genre » (Miege d'apr. FEW t. 3, p. 557a); 2. 1130-40 intrans. fenir « prendre fin, arriver à son terme dans le temps (ou l'espace) » (WACE, Conception ND, éd. W. R. Ashford, 1265); spéc. 1669 « avoir une certaine issue » (RACINE, Britannicus, éd. P. Mesnard, I, 1); [XVIIIe s. d'apr. FEW t. 3, p. 556b] 1805 finir par + inf. « arriver à faire quelque chose, réussir » (BUFF., Suppl. à l'Hist. nat., Œuvr., t. XI, p. 131 ds LITTRÉ); 1671 finir en « se terminer en prenant une certaine forme » (POMEY) 3. fin XIIIe s. fenir « mettre fin à, faire cesser quelque chose » (AUDEFROI LE BASTARD, Chanson, XIII, var. ms. B.N. 12615, f° 57 v°, éd. A. Cullmann, p. 102); 1573 finir de + inf. « cesser de » (DUPUYS); spéc. av. 1696 finir « cesser de dire (ou faire) » (SÉV., 486 ds LITTRÉ); 1798 en finir « mettre fin à quelque chose de fâcheux » (Ac.); 4. 1370-82 part. passé adj. fini « limité » (ORESME, Livre du Ciel et du Monde, éd. A. D. Menut, 17c, p. 98), ne subsiste que dans des emplois partic., notamment en philos., 1647 adj. (DESC., IIIe Médit. ds ROB.); av. 1662 subst. (PASCAL, Pensées, section III, éd. L. Brunschvicg, p. 144). Finir attesté dès le XIIIe s. [date du ms.] (Vie de St Giles, éd. G. Paris et A. Bos, 3781) au sens de « terminer », est une réfection d'apr. fin1, de la forme dissimilée fenir (moins usuelle que finer, v. finance), du lat. finire « limiter », « achever, mettre fin » [d'où finiri « mettre un terme à la parole »,] passif « se terminer; mourir » et intrans. « prendre fin, mourir », b. lat. « avoir un terme ». Fréq. abs. littér. :13 295. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 15 617, b) 22 402; XXe s. : a) 23 995, b) 19 459. Bbg. DUB. Dér. 1962, p. 35. — DUCH. Beauté 1960, p. 139. — QUEM. DDL t. 4. — RITTER (E.). Les Quatre dict. fr. B. de l'Inst. nat. genevois. 1905, t. 36, pp. 423-424.
finir [finiʀ] v.
ÉTYM. V. 1080, fenir, refait en finir, d'après fin; du lat. finire « borner, finir », de finis « fin ».
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1 Conduire à son terme en faisant ce qui reste à faire pour que l'objet soit complet. ⇒ Achever, accomplir, terminer. || Finir un ouvrage, une tâche. || Finir un discours, un récit (→ Abréger, cit. 1), une œuvre littéraire (→ Assiduité, cit. 3), un devoir, un exercice, une affaire. || Abandonner une tâche sans l'avoir finie.
1 J'ai fini mon Histoire de la Révolution en 53 (…) Je ne finis Louis XVI qu'à la fin de 1867. C'est en achevant ce volume que je revins à ma Révolution (…)
Michelet, Hist. de la Révolution franç., Préface de 1868.
♦ Spécialt. Conduire à son point de perfection. ⇒ Parachever, parfaire, polir; main (mettre la dernière main à…); → Finissage, finition. || Ouvrier qui s'applique à finir une pièce. ⇒ Fignoler. — REM. S'emploie en ce sens surtout au passif. || Votre sonnet a encore besoin d'être fini. || Cette partie du tableau n'est pas vraiment finie, est mal finie. — Péj. || Amateur qui ne prise que les tableaux bien finis, léchés.
2 Tous les demi-savants (…) trouvent que cela pèche par l'exécution (…) que définitivement M. Corot ne sait pas peindre. — Braves gens ! qui ignorent d'abord qu'une œuvre de génie (…) est toujours très bien exécutée, quand elle l'est suffisamment. — Ensuite — qu'il y a une grande différence entre un morceau fait et un morceau fini — qu'en général ce qui est fait n'est pas fini, et qu'une chose très finie peut n'être pas faite du tout (…)
Baudelaire, Curiosités esthétiques, Salon de 1845, V.
2.1 (…) car finir, pour ces peintres qui finissent chaque détail en le posant sur la toile, c'est avoir couvert cette toile.
E. Delacroix, Journal, 23 avr. 1854.
2 Mener (une période) à son terme, en passant le temps qui reste à passer. || Finir sa vie dans la misère. || Finir ses jours à la campagne. || J'ai fini la journée chez un ami. || Il a fini son temps de service à Paris. || Finir sa carrière (cit. 23), ses études (cit. 21), sa dernière année de Droit. || Finir sa vie par un exploit. ⇒ Couronner. — Poét. || Finir ses jours, sa journée… ⇒ Mourir.
3 Je meurs. Avant le soir j'ai fini ma journée.
André Chénier, Élégies, VII.
4 Dès que j'aurai ma retraite, je viendrai finir mes jours parmi vous.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 535.
♦ Poét. || Finir son cours, sa carrière, son temps. || Année qui finit sa carrière (cit. 25).
5 Je sentis que ma haine allait finir son cours (…)
Racine, Andromaque, I, 1.
3 Mener (une quantité) à épuisement, en prenant ce qui reste à prendre. || Finir son assiette, son verre. ⇒ Vider (→ Boire, cit. 4). || Finir son verre d'un trait. ⇒ Entonner, lamper (fam.); → Faire cul-sec. || Il finit tous les plats. || Finir un paquet de cigarettes, un cahier de copies. || Finis ton pain, gourmand !
6 À minuit, elle s'acharnait sur les petits fours, avec le désespoir muet de ne pouvoir les finir. On avait torché les jattes des crèmes, balayé les miettes du gâteau monté.
Zola, la Terre, II, VII.
♦ Spécialt. Fam. Utiliser jusqu'au bout. || On ne lui achètera pas de souliers, il finira ceux de son frère. ⇒ User.
4 Mener brusquement à son terme, mettre un terme à (une action en cours du sujet). ⇒ Arrêter, cesser, couper (couper court à); fin (mettre fin à). || Finissez ces bavardages ! || Il est temps de finir nos querelles. — Vx. (L'objet désigne une action ou un processus extérieur au sujet). Mettre fin à…
7 Il faut finir des Juifs le honteux esclavage (…)
Racine, Athalie, IV, 3.
♦ Par ext. Être au terme de; constituer le dernier élément de… || Le mot qui finit la phrase. ⇒ Clore, terminer.
5 Finir de (suivi de l'inf.) : cesser de…; achever l'acte, l'action de… || Finissez de vous plaindre ! || Il ne finit pas de bavarder. || La pluie ne finit pas de tomber. ⇒ Discontinuer, interrompre (s'). || Vous n'avez pas fini de vous disputer ? || Quand il eut fini de se préparer (→ Appareillage, cit. 1). || Il n'avait pas fini de parler qu'il reçut le coup. — Ellipt. ☑ Fini de rire ! : il n'est plus temps de rire, soyons sérieux. — REM. La tournure passive le linge est fini de repasser se rencontre mais n'est pas à recommander.
8 Trésor des Fèves n'avait pas fini de parler, qu'il vit sourdre du sable un superbe pavillon.
Charles Nodier, Trésor des Fèves…, p. 458.
9 Quand vous aurez fini de faire du paradoxe, le tribunal passera à l'examen de la cause.
Courteline, l'Article 330.
10 Vaugelas a condamné une façon de parler qui est encore en usage, où une périphrase formée des verbes finir, achever, signifie l'accomplissement : ma lessive est achevée de laver, mon blé est fini de battre. On insiste là sur l'idée d'accomplissement qu'exprime déjà le simple passif : mon blé est battu.
F. Brunot, la Pensée et la Langue, p. 460.
6 (Sans compl. direct). || Il commence par où il devrait finir (→ Mettre la charrue avant les bœufs). || Coureur qui finit en beauté. ⇒ Finish, finisseur. || Finissez donc, vous me faites mal. || Vous n'avez pas bientôt fini, sales gosses ! || Faites-le finir, il me fatigue. || As-tu fini ? || Quand vous aurez fini, vous me le direz ! || Il ne sait pas finir. || Attendez ! je n'ai pas fini. || L'orateur a fini par, sur un appel à l'union. ⇒ Conclure. || Finissez, on s'ennuie ! (→ Abrégé, cit. 2). || À peine avais-je fini… (→ Évocation, cit. 3).
11 (…) c'est assez pour aujourd'hui, nous finirons une autre fois.
Molière, le Sicilien, 12.
12 Il lui chatouilla le cou et elle rit. — Maurice, dit-elle, finis.
Sartre, le Sursis, p. 14.
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II V. intr. (Surtout sujet n. de chose). Arriver à sa fin (I.).
1 Arriver à son terme dans le temps. ⇒ Achever (s'), terminer (se). || Les vacances vont bientôt finir. || Le spectacle finira vers minuit. || Mon séjour a fini trop tôt. || Bail qui finit au 1er avril. ⇒ Expirer. || Tout finit en ce monde, tout a une fin. ⇒ Passer. || Mon amitié ne finira qu'avec la vie. ⇒ Périr (→ Étonnant, cit. 8). || Ère, monde qui finit (→ Européen, cit. 3). || Un grand destin (cit. 18) finit. ⇒ Disparaître, évanouir (s'). || Il est temps que cela finisse ! ⇒ Cesser. || Vie qui finit par l'ambition (cit. 6).
13 Que le jour recommence, et que le jour finisse,
Sans que jamais Titus puisse voir Bérénice (…)
Racine, Bérénice, IV, 5.
14 (…) les privilèges finiront, mais le peuple est éternel.
15 Tout commence en ce monde, et tout finit ailleurs.
Hugo, les Rayons et les Ombres, XXXIV (→ Achever, cit. 11).
16 (…) toutes ces choses arrivent à nous donner des illusions de stabilité, de durée presque sans commencement et ne devant pas finir (…)
Loti, l'Inde (sans les Anglais), I.
♦ Avoir telle issue, telle conclusion. || Tout cela finira mal. || Je me demande comment cela finira. || Cela devait finir comme ça. ☑ Prov. Tout est bien qui finit bien. || Sa vie a fini tristement. || Tragédie qui finit bien. ⇒ Tragi-comique. || Elle aime les films qui finissent bien. ⇒ Happy end. || Roman qui finit en queue de poisson (cit. 14, 15). ☑ « Tout finit par des chansons », derniers mots du Mariage de Figaro. ⇒ Chanson (supra cit. 9). || Comédie qui finit par un ballet. — Par ext. (Personnes). || Ce garçon commence à mal tourner, je crois qu'il finira mal.
17 Enfin, dit-il à haute voix, ils furent considérés dans tout le pays, vécurent heureux, et eurent beaucoup d'enfants. Voilà comme finissent tous les romans d'amour.
Balzac, le Père Goriot, Pl., t. II, p. 999.
18 Tout commence par la mystique, par une mystique, par sa (propre) mystique, et tout finit par de la politique.
Ch. Péguy, Notre jeunesse, p. 27.
19 (…) les films qui « finissent bien » et qui chaque soir montrent aux foules éreintées la vie en rose (…)
Sartre, Situations III, p. 127.
♦ Sujet n. de personne. Arriver au terme de sa vie. ⇒ Mourir, périr (→ Cruellement, cit. 1). || Finir dans un accident. || Britannicus finit empoisonné. || Il finira sur l'échafaud ! || Ainsi finit Socrate. || « Mourir n'est pas finir… » (→ 1. Mourir, cit. 16)
20 Il s'était dit souvent qu'il finirait tuberculeux ou assassiné par Lola. Mais, au fond de lui-même il n'avait jamais douté qu'il ne dût périr à la guerre.
Sartre, le Sursis, p. 216.
2 Arriver à son terme dans l'espace. || Son champ finit à cette ligne de peupliers. || Le sentier finissait là. ⇒ Aboutir, arrêter (s'). || C'est un mot qui finit en u. || Bâton qui finit en pointe, ligne qui finit en zigzag, rue finissant en cul-de-sac. ⇒ Terminer (se).
21 Ils croyaient que le monde finissait où finissait leur île; et ils n'imaginaient rien d'aimable où ils n'étaient pas.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 27.
22 (…) la berge, de plus en plus rétrécie, finissait en langue mince et se perdait sous l'eau (…)
Hugo, les Misérables, V, III, III.
♦ Fig. || Où finit la liberté ? Où commence la licence ?
3 Finir par (et inf.) : arriver, après une série de faits, à tel ou tel résultat (→ Abreuver, cit. 8; administrer, cit. 2; ampoule, cit. 2; assurance, cit. 9). || Je finirai bien par trouver. || Il a fini par comprendre, par accepter. || Le noyé finit par être ramené à la vie. || L'obstination finit par triompher de tout (→ Accomplir, cit. 18). || Tout finit par s'arranger. || Vous finissez par m'énerver !
23 On commence par être dupe,
On finit par être fripon.
Mme Deshoulières, Sur le jeu.
24 Après avoir tenté d'empoisonner son curé dans le vin du Sacrifice, et avoir épuisé tous les autres crimes (…) il a fini par s'approprier le tronc des âmes du Purgatoire et il a mis au clou (…) tous les instruments du culte !
Huysmans, Là-bas, p. 194.
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III En finir.
1 (Sujet n. de personne). Mettre fin à une chose longue, désagréable. || Il faut en finir. || Décidons-nous, dépêchons-nous, il est temps d'en finir. || La discussion n'a que trop duré, finissons-en une fois pour toutes ! || Que d'explications ! il n'en finit plus ! ⇒ Tarir. — ☑ En finir avec…, apporter une solution, arriver à une solution. ⇒ Régler, résoudre. || Je me demande quand j'en aurai fini avec tous ces ennuis. || On n'en finira jamais avec cette affaire, cette question. ⇒ Épuiser. — ☑ En finir avec qqn, se débarrasser de lui. || Quand j'en aurai fini avec toi, je m'attaquerai à lui ! || Il veut en finir avec elle. ⇒ Rompre. || Quelques isolés résistaient encore, il fallait en finir avec eux.
25 Si Napoléon en avait fini avec les rois, il n'en avait pas fini avec moi. Mon article, tombant au milieu de ses prospérités et de ses merveilles, remua la France.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 2.
26 On n'en finirait plus avec Stendhal. Je ne vois pas de plus grande louange.
Valéry, Variété II, p. 139.
2 (Toujours négatif). Sujet n. de chose. Arriver à son terme. || Un discours qui n'en finit plus. ⇒ Durer; interminable. || Ces voyages en omnibus, ça n'en finit pas ! ☑ Loc. À n'en plus finir : interminable, interminablement. || Des applaudissements à n'en plus finir (→ Éclater, cit. 12). — ☑ Fam. Un arbre (cit. 33) qui n'en finit pas de mourir.
♦ Dans l'espace. || Un cou, des bras qui n'en finissent pas, démesurément longs. || Enfilade de salons qui n'en finissaient pas.
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fini, ie p. p. adj.
1 (1688). Qui a été mené à son terme. || Mon travail est fini. || Ses études sont finies. — Par ext. || Produits finis, semi-finis (industrie).
27 Un peintre apprenti demandait à son maître : « Quand dois-je considérer que mon tableau est fini ? » Et le maître répondit : « Quand tu pourras le regarder avec surprise, en te disant : c'est moi qui ai fait ça ! »
Sartre, Situations II, p. 90.
♦ Spécialt. Mené à son point d'achèvement, de perfection. || Un outil, un meuble particulièrement finis. || Tout ce qu'il fait est merveilleusement fini. ⇒ Léché, limé, poli (→ Composer, cit. 28). — Dont la finition est bonne. || Vêtement, meuble bien fini. → aussi ci-dessus cit 2 et supra.
♦ N. m. (1771). || Le fini : la qualité de ce qui est soigné dans les détails. ⇒ Perfection. || Le fini d'un dessin, d'une robe (→ Classer, cit. 2), d'un pas de danse. || Art en conflit avec le fini (→ Esquisse, cit. 2).
28 Le parfait, dit M. l'Abbé Girard, regarde proprement la beauté qui naît du dessein et de la construction de l'ouvrage, et le fini, celle qui vient du travail et de la main de l'ouvrier (…)
Dict. de Trévoux, art. Fini.
29 Cette grâce de tout son être, ce fini inexprimable dans le mouvement, dans la voix (…)
É. de Senancour, Obermann, t. II, p. 250.
30 L'art égyptien de l'Ancien Empire, l'art assyrien, comme l'art roman, se refusaient au fini autant que Corot, mais (…) ce refus ne pouvait s'expliquer ni par la maladresse ni par l'inachèvement.
Malraux, les Voix du silence, p. 106.
♦ Techn. || Le fini d'une surface, d'un coloris, son aspect, après différentes opérations, lorsque la surface est présentable au consommateur.
♦ (Av. 1850). Achevé, parfait en son genre. || C'est un coquin, un voyou fini. || Un menteur fini. ⇒ Fieffé.
2 Qui est arrivé à son terme. || Les beaux jours sont finis. || La saison est finie. || Une époque, un monde finis. ⇒ Disparu, évanoui, révolu. || Tout est fini. ⇒ Perdu (→ Alors, cit. 3). || C'est fini, bien fini. ⇒ Fait (c'en est fait); et aussi → Assiette, cit. 21; amarre, cit. 4; balayer, cit. 13. || C'est fini, on ne m'y reprendra plus. || C'est fini, définitivement ! ☑ Loc. fam. (1799). N, i, ni, c'est fini !
31 Je tressaillais d'espérance. C'est étrange à dire, puisqu'il s'agissait de sentiments révolus, finis. L'espoir d'avoir été aimé, quarante années plus tôt, à mon insu (…)
F. Mauriac, le Nœud de vipères, XIII.
♦ (1835). Personnes. || C'est un homme fini, diminué, usé au point d'avoir perdu toute force, toute possibilité d'agir et de réussir. || Il est tout à fait discrédité, démonétisé, fini. || Cet athlète a brillé deux ans, mais le voilà fini. ⇒ Has been (anglic.). || Il n'est pas encore fini, le gaillard !
32 Je me sentais fini, ruiné, décomposé.
Gide, Et nunc manet in te, p. 87.
3 (1580). Philos. Qui a des bornes. ⇒ Limité. || Univers, corps, êtres finis. || Notre intelligence est finie. N. m. || Le fini, par oppos. à l'infini (→ Appliquer, cit. 19).
33 (…) il est de la nature de l'infini, que moi qui suis fini et borné, ne le puisse comprendre (…)
Descartes, IIIe méditation.
♦ (1872). Math. || Nombre entier fini, qui s'obtient « par l'addition de l'unité à elle-même, soit unique, soit répétée, un nombre de fois tel que l'une de ces répétitions soit la dernière » (Lalande). || Nombre réel fini, inférieur à quelque nombre entier fini. || Grandeur finie, qui peut être mesurée, par rapport à une grandeur de même espèce, par un nombre réel fini. — Ensemble fini, dont le nombre d'éléments est limité.
——————
finissant, ante adj.
ÉTYM. (XIXe).
♦ En train de finir. || Dans la lumière de l'automne finissant. || Jour finissant. ⇒ Agoniser, décliner, diminuer. || L'âme (cit. 76) finissante de cette race. || Le siècle finissant, la société finissante semblait céder à un vertige.
34 L'inspecteur Colombin, en habit, avec le plastron qui bâillait sur son poil roux, se versait du champagne derrière un souper finissant (…)
Aragon, les Beaux Quartiers, p. 440.
35 Puissent la foi ne pas s'obscurcir dans mon cœur et la charité se faire une place plus grande dans ma vie finissante (…)
J. Green, Ce qui reste de jour, 28 nov. 1968.
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CONTR. Commencer. — Aborder, engager, entamer. — Bâcler, ébaucher. — Étrenner. — Abandonner, interrompre. — Continuer, éclore, ouvrir (s'). — Débuter. — Naître. — Inachevé. — Ébauché, imparfait, incomplet, rude. — Infini. — Commençant.
DÉR. et COMP. Finissage, finisseur. Finitisme. Demi-fini, semi-fini. V. Finition.
Encyclopédie Universelle. 2012.