finance [ finɑ̃s ] n. f.
• 1283 « paiement, rançon », puis « argent »; du v. finer « payer », altér. de finir « mener à fin, venir à bout »
1 ♦ Vx Ressources pécuniaires. ⇒ argent, ressource. — Mod. Loc. MOYENNANT FINANCE : en échange d'argent. — Au plur., Fam. Ses finances vont mal. Cela dépendra de l'état de mes finances. « Les finances de Chateaubriand seraient un chapitre à écrire de son histoire » (Sainte-Beuve). Fam La pompe à finances (Jarry),la source des revenus.
2 ♦ (1314) Mod. LES FINANCES : ensemble des recettes et des dépenses de l'État et des collectivités publiques; gestion financière de l'État et des collectivités publiques. Finances publiques. ⇒ denier, fonds (public), recette; dépense. Organisation, gestion des Finances. Ministère de l'Économie et des Finances. Ministre des Finances (cf. fam. Grand argentier; chancelier de l'Échiquier). Inspecteur des finances. Surintendant des finances. Lois de finances : ensemble de lois dont la plus importante (loi de finances initiale) fixe le budget annuel de l'État et sa répartition fonctionnelle. — Faites-nous de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances, mot attribué au baron Louis (1755-1837), ministre des Finances sous la Restauration.
♢ Science ayant pour objet l'analyse des recettes et des dépenses publiques. Suivre un cours de finances à la faculté.
3 ♦ LA FINANCE : art, science traitant de la monnaie ou de l'argent; grandes affaires d'argent. ⇒ affaire; banque, 2. bourse, commerce; capitalisme. S'occuper de finance, être dans la finance. Termes de finance. — Par ext. Ensemble des personnes qui ont de grosses affaires d'argent. ⇒ financier. Un magnat de la finance. La haute finance internationale.
● finance nom féminin (ancien français finer, mener à fin) Ensemble des professions qui ont pour objet la monnaie, l'argent et ses moyens représentatifs, notamment les valeurs mobilières : Le monde de la finance. Science de la gestion des patrimoines individuels, des patrimoines d'entreprise et des deniers publics. Sous l'Ancien Régime, somme payée au roi pour acquérir un office ; ensemble des financiers. ● finance (difficultés) nom féminin (ancien français finer, mener à fin) Orthographe Au singulier dans : homme de finance, moyennant finance. Au pluriel dans loi de finances. Avec une majuscule dans ministère des Finances, ministre des Finances. ● finance (expressions) nom féminin (ancien français finer, mener à fin) Haute finance, ensemble de ceux qui ont de grosses affaires d'argent.
finance
n. f.
d1./d Loc. Moyennant finance: contre paiement d'une certaine somme d'argent.
d2./d (Plur.) Argent de l'état; ensemble des activités propres au mouvement de cet argent.
— Loi de finances: loi d'autorisation des dépenses et de recouvrement des recettes.
|| Par ext. Les Finances: l'administration des Finances.
d3./d (Plur.) Ressources pécuniaires d'une société, d'un groupe de sociétés ou, Fam., d'une personne.
d4./d Ensemble des grandes affaires d'argent; activité qui leur est liée. Un homme de finance.
|| Ensemble des financiers. La haute finance.
d5./d (Suisse) Cotisation financière. Finance d'entrée à un club sportif.
⇒FINANCE, subst. fém.
A.— Le plus souvent au sing., vx. Argent comptant. Chaque Maître un peu riche, promit sa finance en s'enrôlant sous la bannière du jeune Lamblerville (BALZAC, Œuvres div., t. 2, 1834, p. 667). Les finances commençaient à lui manquer (Ac. 1835, 1878) :
• 1. Le roi était fort prodigue et dépensier. Où son père eût donné cent écus, il en donnait mille. La finance ne servait en rien au bien de la chose publique, et s'en allait toute dans les bourses particulières.
BARANTE, Hist. ducs Bourg., t. 1, 1821-24, p. 401.
— Loc. Par finance (vx), moyennant finance(s) (mod.). En échange d'argent. Les gentilshommes, les robins, les commis des femmes et les gazetiers (...) pénétraient dans le théâtre, soit par faveur, soit par finance (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 101). Moyennant finances, on peut faire venir sa nourriture et sa boisson (...) du dehors (VERLAINE, Œuvres compl., t. 4, Mes prisons, 1893, p. 384) :
• 2. M. Grenouville a consenti à l'épouser, à la condition qu'elle renoncerait à nous, et nous avons consenti...
— Moyennant finance? ... dit la perspicace Josépha.
— Oui, madame, dix mille francs, et une rente à mon père, qui ne peut plus travailler...
BALZAC, Cous. Bette, 1846, p. 347.
— En partic. Somme à payer.
♦ [Sous l'Ancien Régime] Somme à payer au roi pour acquérir une charge, un titre de noblesse. Les créations d'offices où le titulaire est obligé de fournir une finance, ou un cautionnement (...) sont des espèces d'emprunts perpétuels (SAY, Écon. pol., 1832, p. 542) :
• 3. ... Louis XIV annula tous les titres de noblesse acquis depuis quatre-vingt-douze ans (...); on ne pouvait les conserver qu'en fournissant une nouvelle finance...
TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p. 183.
♦ Région. (Suisse romande). Somme à payer pour obtenir un service, pour adhérer à un groupe de personnes. Finance d'inscription à des cours. Loyer mensuel fr. 500. — plus finance chauffage et eau chaude fr. 35. — (24 Heures [Lausanne], 31 mai 1976). Rappelons que la finance d'entrée est fonction du nombre de personnes occupées dans l'entreprise (Ordre professionnel [organe de patronat], 11 nov. 1976).
B.— Au plur. Sommes d'argent.
1. Sommes inscrites au budget d'un organisme public, en particulier de l'État (v. aide ex. 15). Finances communales, locales, publiques; administration, commission, ministre des finances; loi de finances. Faites-moi de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances, disait le baron Louis (PROUST, Temps retr., 1922, p. 782). Le budget dressé par le gouvernement pour l'année 1945 porte une lumière cruelle sur nos finances, telles qu'elles sont après plus de cinq ans de guerre (DE GAULLE, Mém. guerre, 1959, p. 117) :
• 4. ... [sous Henri IV] les finances ne permettaient plus de récompenser des sonnets, comme sous Henri III, par dix mille écus de rente...
SAINTE-BEUVE, Tabl. poés. fr., 1828, p. 150.
— P. méton.
♦ Vx, parfois au sing. ,,L'art d'asseoir, de régir et de percevoir les impositions. Il sait bien les finances. Il n'entend rien aux finances`` (Ac. 1835, 1878). La science économique n'existait pas encore (...); la finance n'était que l'art de piller les peuples sans les pousser à la révolte (CONDORCET, Esq. tabl. hist., 1794, p. 132).
♦ Administration, ministère qui gère les sommes inscrites au budget de l'État. Contrôleur, inspecteur des finances. Les Affaires étrangères sont en délicatesse avec l'Intérieur (...); les Travaux publics se plaignent de la lésinerie des Finances (REYBAUD, J. Paturot, 1842, p. 124). Président du Conseil, Clemenceau. Briand à la Justice. Caillaux aux Finances (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1932, p. 158) :
• 5. ... cela [des cigares de contrebande] ne regarde point l'intérieur, cela regarde les finances : adressez-vous à M. Humann, section des contributions indirectes, corridor A, n° 26.
DUMAS père, Comte Monte-Cristo, t. 1, 1846, p. 569.
2. Fam. Sommes d'argent dont dispose un particulier. Embarras de finances. Ma mère s'étonnait du désordre de mes finances et de l'importance de mes demandes de crédits (FRANCE, Vie fleur, 1922, p. 402). Mes parents aux prospères finances accumulaient des bons de Panama (QUENEAU, Si tu t'imagines, 1952, p. 13) :
• 6. ... Ah vous voulez épouser ma sœur, me dit-il, je le conçois! Elle est extrêmement riche et vous avez à peu près dissipé toute votre fortune... La dot de Valentine rétablirait vos finances!...
KOCK, Ficheclaque, 1867, p. 122.
Rem. On rencontre ds la docum. qq. emplois au sing. L'envie de voir Venise et ma quarantaine (...) m'ont bien fait regretter de ne pas avoir été chez vous. Mais la saison ne le permettait pas, ni la finance (BALZAC, Lettres Étr., t. 1, 1850, p. 383). Le charitable est le seul bon boursier, Le seul qui sache un peu gouverner sa finance (PÉGUY, Ève, 1913, p. 764).
C.— P. méton.
1. Le plus souvent au sing. (Grandes) affaires d'argent (v. argentier ex. 5). Le monde de la finance. Le peuple, métamorphosé en collecteur et en banquier, s'était refugié dans la finance, et gouvernait la société par l'argent (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 255). Ces hommes inquiets, à l'esprit subtil, également doués pour les finances et la philosophie (BARRÈS, Gréco, 1911, p. 95) :
• 7. On contait que l'Américain avait amassé des mille et des mille, non seulement par son négoce, mais par la finance. Qu'il était en secret bailleur de fonds d'un particulier du Velay qui faisait la banque à Saint-Domingue.
POURRAT, Gaspard, 1922, p. 16.
— [Sans l'art., en fonction de déterminant] Style de finance, terme de finance (Ac.). Il est plus difficile de transformer un homme de finances en baron, que de faire d'un gentilhomme un grand d'Espagne (DUMAS, père, Demoiselles de St-Cyr, 1843, III, 4, p. 147). Les spéculateurs, les aventuriers de finance (JAURÈS, Guêpier marocain, 1914, p. 60).
♦ Spéc., vx. ,,Écriture de finance, écriture en lettres rondes. Chiffre de finance, le chiffre romain`` (Ac. 1835, 1878).
2. Au sing. L'ensemble des personnes qui font de grandes affaires d'argent. La haute finance, entrer dans la finance. Ces trois classes principales de la société dans la capitale, la noblesse, la finance et la petite bourgeoisie (MUSSET ds Le Temps, 1831, p. 124) :
• 8. Tous les gouvernements d'Europe (...) sont les instruments de la finance internationale... et, si (...) l'Europe a évité la guerre générale, c'est simplement parce que les financiers préfèrent prolonger cette paix armée, dans laquelles les États s'endettent toujours davantage... mais le jour où la haute banque aura intérêt à ce que la guerre éclate!...
MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 250.
REM. Phynance, subst. fém., var. plaisante. De tous côtés on ne voit que des maisons brûlées et des gens pliant sous le poids de nos phynances (JARRY, Ubu Roi, 1895, III, 7, p. 64). Saint Antoine et tous les saints, protégez-moi, je vous donnerai de la phynance et je brûlerai des cierges pour vous (JARRY, Ubu Roi, 1895 III, 7, p. 65). Le Conseil vote, sans renvoi à la Commission des Phynances, un crédit de deux cents francs (VALÉRY, Corresp. [avec Gide], 1918, p. 472).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. Ca 1280 « versement » (ADENET LE ROI, Cléomades, éd. A. Henry, 18620); 1377 « argent » (Gace de la Buigne, 3166 ds T.-L.); 1400-17 « ressources dont dispose quelqu'un » (N. DE BAYE, Journal, éd. Tuetey, 1, 33); 2. 1314 plur. fineances « revenus de l'État » (Lett. de L. le Hut., A.N. JJ, f° 41 r° ds GDF. Compl.); 1460-83 tresorier des finances (J. DE ROYE, Chron. scandaleuse, éd. B. Mondrot, I, 18); 3. XVe s. « maniement des revenus de l'État, des affaires d'argent » (H. BAUDE, Vers, éd. J. Quicherat, 32). Dér. à l'aide du suff. -ance de l'a. fr. finer « payer » (1238 Lett. de Thomas et de Jeanne de Flandre, Reiffenberg, Mon. du Hain., I, 341 ds GDF.) lat. médiév. finare « exiger de l'argent » 1212 et « donner de l'argent » 1234 ds DU CANGE, s.v. p. 502a et 501c; v. aussi NIERM.; déjà attesté au sens de « mener à bout » (ca 1100 Roland, éd. J. Bédier, 705—1613 VOULTIER, Grand dict. françois, latin et grec d'apr. FEW t. 3, p. 558a), forme altérée de finir « amener à fin » d'où spéc. « payer » sous l'infl. de l'a. fr. fin « argent » (fin XIIe s. Partenopeus de Blois, éd. J. Gildea, Appendix I, 1581, ms A — 1360-70 Baudouin de Sebourc, XII, 102 ds T.-L.) cf. FEW t. 3, pp. 559-560. Noter le lat. médiév. financia « redevance » (XIVe s. ds NIERM. et DU CANGE, s.v. p. 501b). Fréq. abs. littér. : 1 102. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 671, b) 936; XXe s. : a) 1 293, b) 1 127. Bbg. CHAUTARD (É.). La Vie étrange de l'arg. Paris, 1931, p. 417. — LEW. 1960, pp. 67-68.
finance [finɑ̃s] n. f.
ÉTYM. V. 1283, « paiement, rançon », puis « argent »; de l'anc. franç. finer « payer », altér. de finir « mener à fin, venir à bout, d'où payer ».
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♦ ☑ Loc. mod. Moyennant finance : moyennant de l'argent comptant. || Il l'a eu moyennant finance.
♦ Fam. et mod. || La finance : l'argent, les moyens de paiement.
♦ Au plur. (fam.). || Ses finances vont mal. || L'état de nos finances.
1 Les finances de Chateaubriand seraient un chapitre à écrire de son histoire.
Sainte-Beuve, Chateaubriand, t. II, p. 329.
REM. L'orthographe plaisante phynance(s) employée par A. Jarry (Ubu roi, Ubu enchaîné) est parfois réutilisée de nos jours.
2 (1314). Mod. Au plur. Ensemble des recettes et des dépenses de l'État; activité de l'État dans le domaine de l'argent; science régissant cette activité. || Finances publiques. ⇒ Denier, fonds (publics), recette; contribution, fisc, impôt, taxe; emprunt (cit. 6 et 7); émission, inflation, monnaie; et aussi amortissement; conversion; dépense (cit. 8 et supra); dette. || Relatif aux finances publiques ⇒ Caméral. || Organisation, gestion des Finances. ⇒ Budget, comptabilité (publique), crédit, recette, trésor, trésorerie. || Administration des Finances. || Ministère des Finances, composé de la direction du budget et du contrôle financier; direction de la comptabilité publique; direction du mouvement général des fonds; direction du contrôle des dépenses engagées. || Inspection générale des Finances. || Ministre des Finances. ⇒ (fam.) Argentier (grand argentier); échiquier (chancelier de l'Échiquier). || Surintendant des Finances, sous l'Ancien Régime. || Commission des Finances. || Loi de finances : ensemble de lois dont la plus importante (loi de finances annuelle) concerne l'établissement et l'exercice du budget.
2 Il n'est point, dans la bataille politique, de personnage plus puissant et plus isolé que le ministre des Finances. Chef d'une administration qui domine toutes les autres, responsable de la préparation et de l'exécution du budget, maître des pouvoirs extraordinaires que confère le contrôle du crédit, des investissements et des changes, il doit sans nulle relâche faire face aux sollicitations et aux offensives dont son pouvoir unique est l'objet.
Donnedieu de Vabres, l'État, p. 58.
3 Dans la notion classique, la définition complète des Finances publiques est (…) la suivante : science des moyens par lesquels l'État se procure et utilise les ressources nécessaires à la couverture des dépenses publiques, par la répartition entre les individus des charges qui en résultent (…) La première transformation de la notion classique de Finances publiques a consisté à dissocier les moyens des buts (…) on s'est aperçu (…) que les techniques financières constituaient pour l'État des procédés très efficaces d'intervention, dans le domaine économique et social notamment, en dehors de toute idée de couverture des dépenses publiques.
Maurice Duverger, les Finances publiques, p. 6-8.
♦ Allus. hist. || Faites-nous de bonne politique et je vous ferai de bonnes finances, mot attribué au baron Louis (1755-1837), ministre des Finances sous la Restauration.
♦ Finances départementales, locales. || Finances internationales.
♦ Par ext. Administration des Finances. || Être employé aux Finances.
♦ (1549). Au sing. (Vx). || La finance : sous l'Ancien Régime, la ferme ou la régie des droits du roi, et, par ext., ceux qui avaient cette ferme. ⇒ Fermier, financier.
3 (1678). Au sing. Grandes affaires d'argent; activité bancaire, boursière. ⇒ Affaire; banque, bourse, commerce, crédit; capital, capitalisme. || S'occuper de finance, être dans la finance. || Termes de finance, vocabulaire de la finance. — (1770). Par métonymie. Ensemble de ceux qui ont de grosses affaires d'argent. ⇒ Banquier, capitaliste, financier (→ Encourager, cit. 12). || La haute finance internationale.
4 Son voisin au contraire, étant tout cousu d'or,
Chantait peu, dormait moins encor.
C'était un homme de finance.
La Fontaine, Fables, VIII, 2.
4 Régional (Suisse). Droit de participation (à une société, une manifestation). || Finance d'entrée, finance d'inscription.
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DÉR. Financer, financier.
Encyclopédie Universelle. 2012.