envoler (s') [ ɑ̃vɔle ] v. pron. <conjug. : 1>
1 ♦ Prendre son vol, sa volée; partir en volant. Les oiseaux se sont envolés. S'envoler à tire-d'aile. — (Avec ellipse du pron. pers.) Le moindre bruit ferait envoler cet oiseau.
♢ Par anal. Avion qui s'envole. ⇒ décoller. — Par ext. Le ministre s'est envolé pour le Japon, est parti par avion.
2 ♦ Fig. et fam. Disparaître subitement. ⇒ disparaître, s'éclipser. Personne, ils se sont envolés (cf. fam. Jouer la fille de l'air). Je ne trouve pas ma montre, elle ne s'est pourtant pas envolée.
3 ♦ Être emporté par le vent, par un souffle. La fumée s'envole. ⇒ se dissiper. Tous ses papiers s'envolèrent. ⇒ se disperser, 1. voler.
♢ Littér. S'élever, monter (bruit, odeur). « Des cris variés s'envolent par les fenêtres » (Colette).
4 ♦ Passer rapidement, disparaître. ⇒ 1. aller (s'en aller), disparaître, s'écouler, s'effacer, s'enfuir, s'évanouir, 1. partir, passer. Le temps s'envole. « Depuis le Congrès de Paris, Napoléon III voyait s'envoler l'espoir de réviser les traités de 1815 » (Bainville). — PROV. Les paroles s'envolent, les écrits restent.
5 ♦ Fam. Augmenter très rapidement, de manière incontrôlée. À la Bourse, le cours de l'action s'envole.
⊗ CONTR. Poser (se). Atterrir. Demeurer, rester.
envoler (s')
v. Pron.
d1./d Quitter le sol en s'élevant dans les airs par le vol. L'oiseau, l'avion s'envolent.
d2./d Par ext. être soulevé par le vent. Les papiers s'envolent.
d3./d Fig., Fam. S'enfuir. Le prisonnier s'est envolé.
|| Disparaître. Son argent s'est envolé.
envoler (s') [ɑ̃vɔle] v. pron.
ÉTYM. V. 1260, « s'échapper » (en parlant d'étincelles); de en-, et voler.
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1 Prendre son vol, sa volée; partir en volant. || Les oiseaux se sont envolés. || S'envoler à tire-d'aile (→ Abandonner, cit. 7; bruit, cit. 13; corbeau, cit. 4; course, cit. 4). || S'envoler bruyamment. || La mouche s'est envolée. — ☑ Loc. fig. L'oiseau s'est envolé : la personne (recherchée) est partie, la chose a disparu.
♦ Danseuse légère, qui paraît prête à s'envoler (→ Danser, cit. 4).
♦ Par métaphore :
1 L'idée prête à s'envoler comme un moineau au bord d'un toit, et qu'on retient.
J. Renard, Journal, 25 févr. 1905.
♦ (Avec ellipse du pron. pers.). || Laisser envoler un oiseau. || Le moindre bruit fera envoler cet oiseau.
♦ (1912, in Petiot). Par anal. || L'avion s'envola, malgré le brouillard. ⇒ Décoller, partir. — Par ext. || Le ministre s'est envolé pour les États-Unis, est parti par avion.
♦ Par métaphore. || Les cloches s'envolent pour Rome le jeudi saint.
♦ Poét. et vx. || Son âme s'est envolée : il est mort (→ Âme, cit. 33).
1.1 Sa lumière s'éteint, et son âme s'envole (…)
Corneille, Rodogune, V, 4.
2 Sujet n. de personne ou de chose. Fig. Fam. Disparaître subitement. ⇒ Disparaître, éclipser (s'), enfuir (s'), partir. || Personne, ils se sont envolés. || Je ne trouve pas ma montre, elle ne s'est pourtant pas envolée.
3 (1553). Être emporté par le vent, par un souffle. || La poussière s'envolait de son outil (→ Aigrette, cit. 5). || La fumée s'envole (→ Cheminée, cit. 4). || Tous ses papiers s'envolèrent. ⇒ Disperser (se), voler. || Son chapeau s'est envolé quand il a ouvert la fenêtre.
2 (…) ce vieux renard brûle dans la cheminée, devant elle, un document compromettant qui ne doit pas laisser de trace, et pose pelle et pincette sur le papier flambant pour empêcher la cendre de s'en envoler (…)
Émile Henriot, Portraits de femmes, p. 218.
3 Des cris variés, agréables comme des chants, s'envolent par les fenêtres, tourbillonnent dans la spirale de l'escalier comme des fleurs éclatantes.
Colette, la Paix chez les bêtes, Poucette, p. 30.
♦ Voix, prière qui s'envole vers Dieu. ⇒ Élancer (s'), monter. Rare. || S'envoler à Dieu (→ cit. 5).
4 Dis-moi, ton cœur, parfois, s'envole-t-il, Agathe,
Loin du noir océan de l'immonde cité,
Vers un autre océan où la splendeur éclate,
Bleu, clair, profond, ainsi que la virginité ?
Dis-moi, ton cœur, parfois, s'envole-t-il, Agathe ?
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Mœsta et errabunda ».
5 Quand ma pensée à Dieu s'envole librement.
Marceline Desbordes-Valmore, Fragments, p. 247, in T. L. F.
b Fam. Augmenter rapidement et de manière incontrôlée. ⇒ Flamber. || Le cours du dollar s'envole. || À la Bourse, hier, les actions françaises se sont envolées.
5 (Temps, choses de nature psychologique…). Passer rapidement, disparaître. ⇒ Aller (s'en), écouler (s'), effacer (s'), enfuir (s'), évanouir (s'), partir. || Sa jeunesse s'est envolée (→ Adieu, cit. 13). || Les années envolées. || Le temps s'envole. || Il voit s'envoler tous ses espoirs, toutes ses illusions. ⇒ Anéantir (s'). || L'amour, les plaisirs se sont envolés.
6 Sur les ailes du Temps la tristesse s'envole (…)
La Fontaine, Fables, VI, 21.
7 Temps jaloux, se peut-il que ces moments d'ivresse,
Où l'amour à longs flots nous verse le bonheur,
S'envolent loin de nous de la même vitesse
Que les jours de malheur ?
Lamartine, Premières méditations, « Le lac ».
8 Toutes les querelles furent oubliées, tous les torts réciproques pardonnés (…) les rancunes s'envolèrent comme des fumées.
Baudelaire, le Spleen de Paris, « Déjà ! »
9 Passion folle
Et qui s'envole
Qui n'est qu'un désir (…)
Après le plaisir !
Nerval, Lyrisme et vers d'Opéra, « Chœur d'amour ».
10 Les pages qu'écrit le journaliste s'envolent; les paroles que distribue durant des années le professeur courent risque de se perdre.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 1er oct. 1849, t. I, p. 7.
11 Depuis le Congrès de Paris, Napoléon III voyait s'envoler l'espoir de réviser les traités de 1815.
J. Bainville, Hist. de France, XX, p. 495.
♦ ☑ Prov. Les paroles s'envolent, les écrits restent.
➪ tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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envolé, ée p. p. (voir à l'article) et adj.
♦ || Oiseau envolé. — Fig. Absent, disparu. — Cheveux envolés au vent, qui volent au vent.
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DÉR. Envol, envolée, envolement.
Encyclopédie Universelle. 2012.