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élancer

élancer [ elɑ̃se ] v. tr. <conjug. : 3>
XIIe, rare jusqu'au XVIe; de é- et lancer
1 V. pron. S'ÉLANCER : se lancer en avant impétueusement. ⇒ bondir, se précipiter, se ruer; fam. foncer. « Je n'eus que le temps de m'élancer et de la lui arracher des mains » (A. Daudet). Les passants s'élancèrent à sa poursuite. Par anal. vieilli ou littér. « La source s'élançait en bouillonnant » (Mérimée). jaillir, saillir.
Fig. Sa pensée « en aucune œuvre ne s'est élancée au delà du monde réel » (Balzac). s'envoler.
2(XVIe) Vx Lancer avec force.
Mod. Élever, dresser. « La salle élançait à des hauteurs de cathédrale les arceaux de sa voûte » (Huysmans).
3(XVIe ) Causer des élancements à (qqn). « Son abcès si douloureux qui l'élançait de plus en plus » (Céline).
⊗ CONTR. Reculer.

élancer verbe transitif Littéraire. Dresser vers le haut son sommet : Église qui élance son clocher vers le ciel.élancer verbe transitif ou verbe intransitif Être le siège ou la cause d'élancements, de douleurs aiguës ou sourdes : Son doigt l'élance ou lui élance encore.élancer (difficultés) verbe transitif ou verbe intransitif Conjugaison Le c devient ç devant o et a : je m'élance, nous nous élançons ; il s'élança. Construction et sens Causer des élancements douloureux ; être le siège d'élancements : la migraine lui élance ; il a un panaris qui lui élance ou qui l'élance. → lancement

élancer
v.
d1./d v. intr. Faire éprouver des élancements. Une blessure qui élance douloureusement. Syn. (Liban) briller.
d2./d v. Pron. Se porter en avant avec impétuosité. S'élancer à l'assaut.
Par anal. Le pin s'élance vers le ciel.
|| Fig. Son âme s'élançait vers Dieu.

⇒ÉLANCER, verbe trans.
A.— Emploi trans.
1. a) Vx. Lancer au loin (une chose matérielle, une émanation, etc.). Le feuillage élance une odeur; élancer un parfum. Soudain du feu captif la puissance terrible De loin élancera des globes meurtriers (DELILLE, « Paradis perdu », 1804, p. 231). L'air était brûlant. Le banc de pierre semblait étinceler, et la prairie élançait vers le ciel ses lutines vapeurs (BALZAC, Adieu, 1830, p. 41). Un Écossais, au loin, chante en son campement. Il élance un chant vif de ses pipeaux d'ébène (NOAILLES, Forces étern., 1920, p. 20).
b) [Le suj. désigne un inanimé vertical; le compl. d'obj. désigne une partie du suj.] Dresser. Ici, devant un groupe de vieux chênes, un svelte peuplier élançait sa palme, toujours agitée (BALZAC, Enfant maudit, 1831-36, p. 407) :
1. Elle [Célie] s'arrêtait à chaque pas pour regarder les grandes plantes spontanées, les angéliques monumentales qui élançaient leurs ombelles dans les taillis...
SAND, Mademoiselle Merquem, 1868, p. 19.
2. [Le mouvement affecte une partie du corps; le compl. est un pron. pers. renvoyant à la pers. dont le corps est affecté] Causer des élancements (v. ce mot B) (à). Le doigt m'élance (Ac.). Son abcès si douloureux qui l'élançait de plus en plus (CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 370).
[Construit en régime indir.] La jambe droite lui élançait, des crampes lui serraient la jambe gauche (QUEFFÉLEC, Recteur, 1944, p. 133).
B.— Emploi pronom. réfl. subjectif.
1. Se lancer en avant. S'élancer dehors; l'oiseau s'élance de son nid. Un moment il [le feu] jaillit sur place, et puis poussé par le vent, il s'élança de partout devant lui (PESQUIDOUX, Livre raison, 1932, p. 34). C'était l'habituel spectacle (...) de baigneurs s'élançant dans la France des vagues (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p. 100) :
2. ... vingt chauves-souris sortirent des coins et s'élancèrent en allées et venues bruissantes comme autant de salves d'éventails...
CÉLINE, Voyage au bout de la nuit, 1932, p. 165.
Loc. S'élancer à la conquête, à l'assaut (de qqc.). Saladin, exploitant aussitôt sa victoire, s'élança à la conquête des principales places (GROUSSET, Croisades, 1939, p. 245).
[Sans compl.] Et les chiens comprenaient, s'élançaient, disparaissaient en quatre bonds (VAN DER MEERSCH, Empreinte dieu, 1936, p. 64). Ou bien une goutte tremblait, hésitait, puis s'élançait, d'un seul jet, comme une couleuvre d'eau (GUÈVREMONT, Survenant, 1945, p. 151).
Au fig., domaine abstr. Tout aussitôt sa prière [de madame Prune] éclate, s'élance, en fausset nasillard (LOTI, Mme Chrys., 1887, p. 250). Elle marque le point d'où les passions absurdes s'élancent, et où le raisonnement s'arrête (CAMUS, Sisyphe, 1942, p. 132). Il était le terrain d'entente, la base solide d'où ils pouvaient d'un commun effort s'élancer vers des recherches et des découvertes nouvelles (SARRAUTE, Ère soupçon, 1956, p. 59).
2. [Le suj. désigne un inanimé qui a une certaine hauteur] Se dresser; se montrer (d'une forme haute et mince). Immédiatement au-dessus, la muraille du Matterhorn s'élance d'un jet jusqu'au ciel (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p. 201). Au delà de ces murs (...) régnaient de vastes jardins (...) d'où s'élançaient de très hauts arbres (ROMAINS, Hommes bonne vol., 1939, p. 121). D'innombrables clochers s'élançaient vers le ciel (ROY, Bonheur occas., 1945, p. 265).
Prononc. et Orth. :[(s)], (je m')élance []. Enq. // (il s')élance. Ds Ac. 1694-1932. Conjug. Prend une cédille devant a et o : je m'élançai(s), nous nous élançons. Étymol. et Hist. 1. Début XIIIe s. [ms. S] soi eslancier (CHR. DE TROYES, Cligès, 4929 ds T.-L.); ca 1230 (Gaidon, 290 ds T.-L.); 2. fin XIIIe s. [ms.] « causer des élancements, palpiter » (Vie des Pères, B.N. 23111, f° 93c ds GDF. Compl. : Dont li cuers me point et eslance). Dér. de lancer; préf. é-. Fréq. abs. littér. : 2 783. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 5 516, b) 4 921; XXe s. : a) 3 801, b) 2 203.

élancer [elɑ̃se] v. [CONJUG. lancer. → Placer.]
ÉTYM. XIIe; rare jusqu'au XVIe; de é-, et lancer.
1 V. tr. (XVIe). Vx. Lancer avec force. || Le bouquet élance une forte odeur.Vx et fig. Pousser avec force (des cris, des regards).
1 Et les yeux vers le ciel de fureur élancés (…)
Boileau, Satires, IV, 1.
2 Thésée est arrivé, Thésée est en ces lieux.
Le peuple, pour le voir, court et se précipite.
Je sortais par votre ordre, et cherchais Hippolyte;
Lorsque jusques au ciel mille cris élancés (…)
Racine, Phèdre, III, 3.
Mod. Dresser, élever. || La salle élançait à des hauteurs de cathédrale les arceaux de sa voûte (Huysmans, → Côte, cit. 6; crypte, cit. 1).
2 V. intr. (XVIe; fin XIIIe, « palpiter »). Causer des élancements (4.). || La blessure est refermée, mais le doigt lui élance encore.
2.1 Son abcès si douloureux qui l'élançait de plus en plus.
Céline, Mort à crédit, éd. Denoël et Steel, p. 370 (1936).
tableau Verbes exprimant une idée de mouvement.
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s'élancer v. pron.
1 (XIIe). Se lancer en avant impétueusement. Bondir, jeter (se), porter (se), précipiter (se), ruer (se), voler (vers). || Je n'eus que le temps de m'élancer (→ Arracher, cit. 27). || S'élancer le sabre à la main (→ Abordage, cit. 1). || S'élancer d'un seul bond hors de sa chambre. || S'élancer à travers les flammes. || S'élancer vers quelqu'un, à sa poursuite, derrière lui. || Le chien s'élança sur lui. Foncer (fam.). || S'élancer dans l'abîme ( Piquer, fam.; sauter).
3 Vendôme, que soutient l'orgueil de sa naissance,
Au même instant dans l'onde impatient s'élance (…)
Boileau, Épîtres, IV.
4 Entrer, voler vers nous, s'élancer sur Gusman,
L'attaquer, le frapper, n'est pour lui qu'un moment.
Voltaire, Alzire, V, 2.
5 Nous nous attendions tous les deux, très naturellement, à voir le docteur s'élancer hors de sa chambre; car généralement, s'il entendait remuer une souris, il bondissait comme un mâtin hors de sa niche.
Baudelaire, les Paradis artificiels, « Mangeur d'opium », II.
6 Fi du chien bellâtre (…) si enchanté de lui-même qu'il s'élance indiscrètement dans les jambes ou sur les genoux du visiteur (…)
Baudelaire, le Spleen de Paris, L.
7 On dirait (ce combat) un ballet guerrier, une figure de carrousel. Les deux partis sont face à face. L'un deux s'élance ventre à terre, derrière ses porte-étendards, décharge ses fusils, tourne bride, et toujours à fond de train s'enfuit, ses drapeaux déployés.
Jérôme et Jean Tharaud, Marrakech, XVI, p. 258.
Par métaphore : || « La calomnie (…) s'élance, étend son vol ». → Calomnie, cit. 5, Beaumarchais.
2 (XVIIIe). Sujet n. de chose. Vieilli ou littér. Surgir, jaillir. || L'eau s'élance du rocher (→ Bouillonner, cit. 1). Échapper (s'). || Les vagues s'élancent contre le navire. || Le bateau s'élance dans la nuit.
3 Par métaphore ou fig. Littér. Se lancer dans une entreprise hasardeuse. || S'élancer à la conquête de la gloire. Lancer (se), marcher, partir.En s'élançant trop haut, on risque la chute (cit. 13).
Se tourner (vers un but élevé). || Son âme s'élance vers Dieu, vers l'avenir (→ Contemplation, cit. 2; chercher, cit. 24). || Pensée qui s'élance. Envoler (s'), voler.
8 Dans ce voyage de Vevay, je me livrais, en suivant ce beau rivage, à la plus douce mélancolie. Mon cœur s'élançait avec ardeur à mille félicités innocentes : je m'attendrissais, je soupirais, et pleurais comme un enfant.
Rousseau, les Confessions, IV.
9 Derrière les ennuis et les vastes chagrins
Qui chargent de leur poids l'existence brumeuse,
Heureux celui qui peut d'une aile vigoureuse
S'élancer vers les champs lumineux et sereins (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, Spleen et idéal, « Élévation ».
4 Littér. Avoir une forme, une silhouette élancée ( Élancé). || Ce clocher s'élance vers le ciel. Dresser (se).
10 Elle n'était pas grande, mais elle le semblait, tant sa fine taille s'élançait hardiment.
Hugo, Notre-Dame de Paris, II, III.
Devenir élancé. || Sa taille s'élance, gagne en hauteur sans épaissir.
CONTR. Cabrer (se), reculer. — Épaissir, ramasser (se).
DÉR. Élan, élancé, élancement.

Encyclopédie Universelle. 2012.