emphatique [ ɑ̃fatik ] adj.
• 1579; gr. emphatikos
♦ Plein d'emphase. ⇒ ampoulé, déclamatoire, enflé, grandiloquent, hyperbolique, pompeux, sentencieux, théâtral. Un ton, un style emphatique. « La pièce est dans ce genre tendu et emphatique » (Sainte-Beuve). — Adv. EMPHATIQUEMENT .
♢ Gramm. Qui marque une certaine intensité ou énergie dans l'expression. Pluriel emphatique (ex. des éternités, les airs, etc.). Soulignage emphatique, dans l'écriture, mise en valeur typographique de mots dont on juge le contenu important.
⊗ CONTR. Simple, sobre.
● emphatique adjectif (grec emphatikos) Qui est empreint d'emphase, qui s'exprime avec emphase ; pompeux, ampoulé, grandiloquent : Un ton emphatique. Relatif à l'emphase, qui contient une emphase. (Le pronom nous est dit emphatique quand il est employé à la place de je ; de même l'emploi de certains pluriels à la place du singulier [les cieux, les blés, les airs] peut avoir une valeur emphatique.) ● emphatique (expressions) adjectif (grec emphatikos) Consonne emphatique ou emphatique (nom féminin), consonne dont la réalisation s'accompagne d'un rétrécissement de la cavité pharyngale. ● emphatique (synonymes) adjectif (grec emphatikos) Qui est empreint d' emphase , qui s'exprime avec emphase ;...
Synonymes :
- affecté
- ampoulé
- boursouflé
- déclamatoire
- pompeux
- prétentieux
- solennel
Contraires :
- franc
- naturel
- simple
- sobre
- spontané
Consonne emphatique ou emphatique (nom féminin)
Synonymes :
- pharyngalisée
emphatique
adj.
d1./d Qui s'exprime avec emphase. Orateur emphatique.
|| Boursouflé, guindé, ampoulé. Un discours emphatique.
d2./d LING Relatif à l'emphase, employé par emphase. Valeur emphatique.
⇒EMPHATIQUE, adj.
A.— RHÉT. Qui dépasse la pensée exprimée par l'exagération sémantique ou la mise en relief d'un mot ou d'un groupe de mots. Tour emphatique; pluriel emphatique (synon. pluriel poétique). L'année terrible [1870-1871] adjectif, qui nous paraît aujourd'hui bien emphatique (ARNOUX, Contacts all., 1950, p. 21).
— P. méton. Un geste emphatique, un vrai geste d'orateur (BILLY, Introïbo, 1939, p. 183) :
— P. ext., LING.
♦ GRAMM. TRANSFORMATIONNELLE Transformation emphatique. Synon. de transformation d'emphase. La transformation emphatique comporte deux opérations : Un déplacement de l'accent d'emphase (...) et une transformation de pronominalisation (Ling. 1972).
Rem. Ling. 1972 enregistre le verbe trans. emphatiser. ,,Emphatiser une phrase, c'est lui faire subir une transformation emphatique``. On rencontre ds la docum. un emploi adj. d'un verbe de même forme, mais de sens plus anc. Cette épithète [parfait] emphatisée ne s'applique pas sans doute à la démocratie (J. DE MAISTRE, Souveraineté, 1821, p. 520).
♦ PHONÉT. [Dans les lang. sémit.] Consonnes emphatiques. Mode d'articulation des consonnes caractérisé par un rétrécissement de l'ouverture des cordes vocales donnant au mot une sonorité particulière.
Rem. Attesté ds MAR. Lex. 1933, Ling. 1972, MOUNIN 1974 et ds la plupart des dict. gén. (Ac. excepté).
— P. anal., B.-A. (Archit., mus., peint.) Qui évoque l'emphase par la pompe, l'extravagance, l'outrance du style ou de l'exécution. Le tréteau qu'un orchestre emphatique secoue Grince sous les grands pieds du maigre baladin (VERLAINE, Œuvres compl., Jadis et Naguère, 1884, p. 207).
• 1. Par une porte ouverte dans un angle, on voit une chapelle garnie de porcelaine bleue et de bois doré et sculpté dans le goût emphatique et chargé de l'époque.
CLAUDEL, Le Soulier de satin, 1929, 2e part., 5, p. 1060.
B.— Courant. Qui est empreint d'emphase; qui s'exprime, parle ou écrit avec emphase.
1. [Appliqué à une pers. dans sa manière de s'exprimer] Discours, geste, style, ton emphatique. La science, dans les discours, devient tout de suite emphatique et boursoufflée (DUHAMEL, Maîtres, 1937, p. 227) :
• 2. Elle avait le défaut d'employer de ces immenses phrases bardées de mots emphatiques, si ingénieusement nommées des tartines dans l'argot du journalisme (...). Elle prodiguait démesurément des superlatifs qui chargeaient sa conversation où les moindres choses prenaient des proportions gigantesques.
BALZAC, Les Illusions perdues, 1843, p. 45.
— Emploi subst.
a) Personne qui parle ou écrit avec emphase. Combien en 1850 ne paraîtra-t-il pas supérieur à la plupart des emphatiques actuels (STENDHAL, Mém. touriste, t. 1, 1838, p. 112).
Rem. On rencontre ds la docum. la var. emphatiste, subst. masc. Éternel emphatiste, Ses vers [de Virgile] sont d'un rhéteur bien plus que d'un artiste (POMMIER, Crâneries, 1842, p. 62). Attesté en outre ds Ac. compl. 1842, BESCH. 1845, Lar. 19e Suppl., Nouv. Lar. ill., Lar. 20e, QUILLET 1965 (souvent suivi des mentions peu usité, inus., rare).
b) Emploi au sing. avec valeur de neutre. Caractère de ce qui est exprimé avec exagération dans les mots, le style, le ton. N'ayant encore rien observé, il aimait le grand et l'emphatique (RENARD, Journal, 1890, p. 59).
2. Domaine psychol. Qui se manifeste d'une manière excessive. Il ne se réfugie plus dans la rêverie ou dans quelque amour emphatique, mais dans les raffinements littéraires (LEMAITRE, Contemp., 1885, p. 325).
Prononc. et Orth. :[]. [a] ant. puisque la syll. n'est plus sous l'accent (cf. emphase). Cette prononc. est donnée ds la majorité des dict. (cf. déjà FÉR. 1768). Seul WARN. 1968 transcrit [] post. Le mot est admis ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1579 rhét. « expressif » (H. ESTIENNE, Precellence, p. 137 ds HUG.); 2. av. 1747 « qui prend une expression affectée » (VAUVENARGUES, Nouv. max., 17 ds LITTRÉ). Empr. au gr. , var. de « expressif ». Fréq. abs. littér. : 202. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 299, b) 238; XXe s. : a) 353, b) 263. Bbg. SLACK (A.). Le Coin du pédagogue. Fr. R. 1973, t. 46, p. 984.
emphatique [ɑ̃fatik] adj.
ÉTYM. 1579; grec emphatikos, de emphasis. → Emphase.
❖
1 Rhét. Qui donne de la force par exagération. || Tour emphatique. || Sens emphatique d'un terme. || Forme emphatique du pronom personnel (moi, toi…). || Pluriel emphatique.
2 (En parlant du discours, du ton, de la voix…). Qui est empreint d'emphase, qui s'exprime avec emphase. ⇒ Académique, affecté, apprêté, boursouflé, déclamatoire, guindé, pédantesque, pompeux, prétentieux, sentencieux, solennel. || Discours, voix, paroles emphatiques. || Prendre un ton emphatique. → Employer de grands mots, faire des phrases, emboucher la trompette. || Prononciation emphatique. || Style emphatique. ⇒ Ampoulé (cit. 2). || Geste, mouvement emphatique. || Qualification emphatique (→ Cacao, cit. 1).
1 — Monsieur, moi j'ai lu Swedenborg en entier, reprit monsieur Becker en laissant échapper un geste emphatique.
Balzac, Séraphîta, Pl., t. X, p. 503.
2 (…) la pièce est dans ce genre roide, rude, tendu et emphatique, qui rappelle parfois le ton et le tic, mais non le génie de Corneille.
Sainte-Beuve, Causeries du lundi, 6 oct. 1851, t. V, p. 5.
3 Salut aux gens de bien ! reprit enfin le fou dont on devinait le large mouvement emphatique, distributeur de justes palmes.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, 3e tableau, II.
3.1 Sur un dernier vers emphatique, dont chaque syllabe fut hurlée isolément d'une voix enrouée par l'effort, la géniale tragédienne s'en alla d'un pas lent, tenant sa tête à deux mains, non sans répandre jusqu'à la fin ses pleurs limpides et abondants.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 104.
♦ Personnes. || Personnage emphatique, qui adopte un ton, des gestes emphatiques. || Un orateur emphatique.
4 N'est-ce pas, madame, que voici un madrigal vraiment méritoire, et aussi emphatique que vous-même ? En vérité, j'ai eu tant de plaisir à broder cette prétentieuse galanterie, que je ne vous demanderai rien en échange.
Baudelaire, le Spleen de Paris, XVI.
♦ N. m. (au sing.). Caractère de ce qui est exprimé avec emphase. || Détester l'emphatique.
3 Ling. Relatif au procédé d'emphase. || Transformation emphatique.
4 Phonét. || Consonne emphatique, articulée avec une pharyngalisation. || Le t emphatique de l'arabe. — N. f. (Une, des emphatiques). Consonne(s) emphatique(s).
❖
CONTR. Naturel, simple, sobre.
DÉR. Emphatiquement. — V. Emphatiser.
Encyclopédie Universelle. 2012.