échouer [ eʃwe ] v. <conjug. : 1>
• 1559; o. i., p.-ê. de échoir ou du norm. escover, de escoudre « secouer »
I ♦ V. intr.
1 ♦ Toucher le fond par accident et se trouver arrêté dans sa marche (d'un navire). ⇒ s'engraver, s'ensabler, s'envaser; échouement. Le navire a échoué sur la côte, contre un écueil (REM. Emploi moins cour. que le pronom.) .
♢ Par anal. Être poussé, jeté sur la côte. Des baleines avaient échoué sur la plage.
♢ Fig. S'arrêter (dans un lieu) par lassitude ou comme poussé par le hasard. « Le restaurant où ils avaient échoué » (Martin du Gard).
2 ♦ (XVIIe; d'ab. métaph., échouer sur un écueil; puis infl. probable de échec) (Personnes) Ne pas réussir (cf. Faire fiasco). « Voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue » (Flaubert). Échouer à un examen, ne pas y être reçu, être collé. ⇒fam. louper. — (Choses) Ne pas aboutir. ⇒ avorter , manquer, fam. merder; rater. « Toutes ses tentatives avaient échoué » (Balzac). Les attaques ennemies ont échoué devant notre résistance. ⇒ se briser. Faire échouer un plan. ⇒ contrecarrer, déjouer. Son projet a échoué. ⇒ 2. capoter.
II ♦ V. tr. Pousser (une embarcation) jusqu'au contact avec la côte (⇒ échouage). « J'échouais mon bateau au rivage » (Chateaubriand).
♢ Pronom. Cour. Être jeté à la côte (embarcation). Le pétrolier s'est échoué sur un écueil. — Par anal. Deux cachalots s'échouèrent sur la plage.
♢ P. p. adj. « De vieux chalands échoués dans la vase » (Fromentin).
⊗ CONTR. Renflouer. Réussir.
● échouer verbe intransitif s'échouer verbe pronominal être échoué verbe passif Toucher accidentellement le rivage ou le fond et s'y immobiliser (échouement) : Pétrolier qui est échoué sur les rochers. Se retrouver sur la côte ou la rive, poussé par le mouvement de l'eau : On retrouva les débris échoués sur la plage. Se retrouver finalement, et après un trajet ignoré, en un lieu quelconque : Lettre échouée là, sur le bureau, on ne sait comment. ● échouer (difficultés) verbe intransitif s'échouer verbe pronominal être échoué verbe passif Conjugaison Dans son emploi intransitif, au sens de « être immobilisé en touchant le fond, en parlant d'un bateau », le verbe se conjugue avec avoir pour marquer l'action ou avec être pour marquer l'état : le bateau a échoué sur un banc de sable ; avez-vous vu le bateau qui est échoué sur la plage ? Dans ce sens, on emploie plus couramment la forme pronominale : le bateau s'est échoué sur un banc de sable. Dans les autres emplois, échouer se conjugue toujours avec avoir : le skipper a échoué son bateau sur une vasière pour caréner ; tous les hôtels étaient complets, nous avons finalement échoué au camping municipal ; sa ruse a échoué. Ne pas confondre les conjugaisons des verbes échoir et échouer : son plan échoue mais c'est une grande chance qui lui échoit → échoir ● échouer verbe intransitif Se retrouver dans un lieu qu'on n'a pas choisi et par hasard : La nuit tombée, nous échouâmes dans une auberge. Ne pas mener à bien son projet, manquer son objectif, le résultat escompté, subir un échec : Échouer dans ses négociations. Ne pas aboutir ; rater : Entreprise qui échoue. ● échouer verbe transitif indirect Subir un échec dans son action : Candidat qui a échoué à l'examen. ● échouer verbe transitif Pousser volontairement un bateau à la côte ou sur un haut-fond (échouage). Amener un poisson au sec uniquement en le tirant au moyen de la ligne. ● échouer (difficultés) verbe intransitif Conjugaison Dans son emploi intransitif, au sens de « être immobilisé en touchant le fond, en parlant d'un bateau », le verbe se conjugue avec avoir pour marquer l'action ou avec être pour marquer l'état : le bateau a échoué sur un banc de sable ; avez-vous vu le bateau qui est échoué sur la plage ? Dans ce sens, on emploie plus couramment la forme pronominale : le bateau s'est échoué sur un banc de sable. Dans les autres emplois, échouer se conjugue toujours avec avoir : le skipper a échoué son bateau sur une vasière pour caréner ; tous les hôtels étaient complets, nous avons finalement échoué au camping municipal ; sa ruse a échoué. Ne pas confondre les conjugaisons des verbes échoir et échouer : son plan échoue mais c'est une grande chance qui lui échoit → échoir ● échouer (synonymes) verbe intransitif Se retrouver dans un lieu qu'on n'a pas choisi et...
Synonymes :
- atterrir
Ne pas mener à bien son projet, manquer son objectif...
Synonymes :
- achopper
- manquer
Contraires :
- réussir
Ne pas aboutir ; rater
Synonymes :
- avorter
- rater (familier)
Contraires :
- marcher (familier)
- prospérer
● échouer (citations)
verbe transitif indirect
Albert Camus
Mondovi, aujourd'hui Deraan, Algérie, 1913-Villeblevin, Yonne, 1960
Si l'homme échoue à concilier la justice et la liberté, alors il échoue à tout.
Carnets
Gallimard
● échouer (difficultés)
verbe transitif indirect
Conjugaison
Dans son emploi intransitif, au sens de « être immobilisé en touchant le fond, en parlant d'un bateau », le verbe se conjugue avec avoir pour marquer l'action ou avec être pour marquer l'état : le bateau a échoué sur un banc de sable ; avez-vous vu le bateau qui est échoué sur la plage ? Dans ce sens, on emploie plus couramment la forme pronominale : le bateau s'est échoué sur un banc de sable.
Dans les autres emplois, échouer se conjugue toujours avec avoir : le skipper a échoué son bateau sur une vasière pour caréner ; tous les hôtels étaient complets, nous avons finalement échoué au camping municipal ; sa ruse a échoué.
Ne pas confondre les conjugaisons des verbes échoir et échouer : son plan échoue mais c'est une grande chance qui lui échoit → échoir
● échouer (difficultés)
verbe transitif
Conjugaison
Dans son emploi intransitif, au sens de « être immobilisé en touchant le fond, en parlant d'un bateau », le verbe se conjugue avec avoir pour marquer l'action ou avec être pour marquer l'état : le bateau a échoué sur un banc de sable ; avez-vous vu le bateau qui est échoué sur la plage ? Dans ce sens, on emploie plus couramment la forme pronominale : le bateau s'est échoué sur un banc de sable.
Dans les autres emplois, échouer se conjugue toujours avec avoir : le skipper a échoué son bateau sur une vasière pour caréner ; tous les hôtels étaient complets, nous avons finalement échoué au camping municipal ; sa ruse a échoué.
Ne pas confondre les conjugaisons des verbes échoir et échouer : son plan échoue mais c'est une grande chance qui lui échoit → échoir
échouer
v. intr.
rI./r
d1./d Toucher le fond, accidentellement ou non, et cesser de flotter (en parlant d'un navire). Le navire a échoué sur la plage.
— Par anal. Une baleine qui échoue.
|| v. tr. échouer un navire, le faire échouer volontairement. Ant. renflouer.
|| v. Pron. Se mettre au sec accidentellement. L'épave s'est échouée sur le sable.
d2./d Fig. Aboutir en un lieu sans l'avoir vraiment voulu. Renvoyé de partout, il échoua dans ce modeste emploi.
rII./r
d1./d (Personnes) Ne pas réussir. Il a échoué à ses examens.
d2./d (Choses) Ne pas aboutir. L'attaque échoua devant la résistance ennemie. Syn. manquer, avorter, rater.
⇒ÉCHOUER, verbe.
A.— Emploi trans., vieilli.
1. [L'obj. désigne une embarcation] Jeter un navire, une embarcation, sur le rivage, sur un haut-fond et l'y immobiliser. Le banc de galets où les pêcheurs échouaient leurs barques (ZOLA, Joie de vivre, 1884, p. 841) :
• 1. Je ne croyais pas être exposé au moindre danger, puisqu'en gagnant seulement vingt toises sur l'un ou l'autre bord, nous avions toujours la ressource d'échouer nos canots sur le rivage.
Voyage de La Pérouse, t. 2, 1797, p. 171.
2. P. anal.
a) [L'obj. désigne un animal marin] Ils échouent la baleine sur la place disposée en talus (Voyage de La Pérouse, t. 4, 1797, p. 78).
b) [L'obj. désigne une chose qui flotte sur l'eau] Le fleuve s'en empare (des arbres déracinés), les pousse au golfe mexicain, les échoue sur des bancs de sable (CHATEAUBR., Atala, 1803, p. 20).
B.— Emploi intrans., usuel
1. [Le suj. désigne un navire, une embarcation] Heurter, par accident ou volontairement, le rivage ou le fond marin et s'y immobiliser, ne plus pouvoir flotter. Synon. se briser, toucher le fond; anton. flotter, se renflouer, voguer :
• 2. Au-dessus, l'éclatante roue
Fait tourner les astres au ciel;
Et cependant le vent se joue,
Le flot grossit, la barque échoue;
Chaque astre revient éternel.
SAINTE-BEUVE, Poésies, 1829, p. 91.
— P. méton. [Les marins pour le navire] Nous échouâmes sur un banc de sable (Ac. 1835-1932). Mon espoir, vous le pensez bien, n'était point d'entrer l'« Orénoque » dans un port (...) je ne demandais qu'à échouer à la côte et à me sauver à la nage (MALOT, R. Kalbris, 1869, p. 232).
SYNT. a) Échouer + compl. circ. de lieu. Échouer au port, sur un banc, un écueil, des sables. b) Verbe + échouer. Aller, venir échouer.
2. P. anal.
a) [Le suj. désigne un animal marin] On trouva une baleine qui avait échoué à la côte, sur la côte (Ac. 1835-1932).
b) [Le suj. désigne une pers.] Un fidèle serviteur de la famille recueille les deux naufragés qui échouent avant que le ballon plane au-dessus de la mer (E. SCHNEIDER, Charbon, 1945, p. 230).
— P. ext., expr. fam. [À propos d'une pers.] Être amené dans un lieu, dans un état que l'on n'a pas choisi et s'y installer. Tu ne te moqueras pas de moi si je déchois, et si j'échoue dans la maladie, l'ivrognerie ou l'abrutissement (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 349).
— Péj. Ce bar, où Léontine échouait à présent toutes les nuits, avait pour habitués des débardeurs (...) et quelquefois de vieilles femmes sordides qui se régalaient de vin rouge (CARCO, Homme traqué, 1922, p. 153).
3. Au fig. [En parlant d'une pers. ou de ce qu'elle a entrepris ou produit] Se heurter à un obstacle social, moral ou intellectuel et ne pas réussir à le surmonter; subir un échec. N'entreprenez pas cette affaire, vous y échouerez (Ac. 1835-1932); échouer au baccalauréat. Les meilleures raisons ont échoué contre ses refus (LEMERCIER, Pinto, 1800, I, 2, p. 34). Telles femmes, pendant la terreur, avoient donné des preuves multipliées d'héroïsme, de qui la vertu est venue depuis échouer contre un bouquet de fleurs, une fête nouvelle (CHATEAUBR., Génie, t. 1, 1803, p. 286) :
• 3. Voilà comment il se fait qu'après tant de désillusions, l'appétit du bien, la soif d'une conscience de plus en plus étendue ne s'éteignent jamais dans l'humanité. Antistius renaîtra éternellement pour échouer éternellement, et, en définitive, il se trouvera que la totalité de ses échecs vaudra une victoire.
RENAN, Drames philos., Prêtre Nemi, 1885, p. 529.
— Emploi factitif. Faire échouer un plan. La débâcle russe qui commença au mois de mai fit échouer le plan d'action du grand-duc Nicolas (JOFFRE, Mém., t. 2, 1931, p. 98).
SYNT. a) Échouer + adv. Échouer complètement, misérablement, souvent, totalement. b) Échouer + subst. compl. d'obj. Faire échouer une attaque, une entreprise, un projet, une tentative; échouer à un examen, dans la/une tentative. c) Verbe semi-auxil. ou subst. abstr. + échouer. Laisser, voir échouer; (la) crainte d'échouer. PARAD. a) (Quasi-)synon. [Le compl. d'obj. désigne une chose]. Avorter, manquer, rater, tomber. [Le suj. désigne une pers.]. Essuyer un échec. b) (Quasi-)anton. gagner, réussir, riompher.
C.— Emploi pronom. à sens passif ou subjectif
1. [Le suj. désigne une embarcation] Se jeter sur le sable du rivage, sur un haut-fond. Haler le navire par l'arrière au cas où son avant viendrait à s'échouer (CRONEAU, Constr. nav. guerre, t. 2, 1892, p. 200). Le navire qui suivait la côte de très près à demi-vitesse s'échoua brutalement (CHARCOT, Mer Groënland, 1929, p. 50).
— P. métaph. Ces jardins sous l'air bleuissant où la barque du vent s'échoue au cœur des massifs gémissants et où gloussent d'extase perpétuelle les eaux glissantes et retombantes (LARBAUD, Barnabooth, 1913, p. 267).
2. P. anal. [Le suj. désigne une pers. ou une chose] Le vaurien jugea raisonnable de se reposer. — Échouons-nous, se dit-il en gagnant la berge opposée à la route de Bougival à Port-Marly. (...) Une fois déshabillé, Rocambole se roula dans le sable et s'y enterra à moitié (PONSON DU TERR., Rocambole, t. 1, 1859, p. 620). Deux barils (...) solidement attachés à une large caisse qui, soutenue par eux, avait ainsi flotté jusqu'au moment où elle était venue s'échouer sur le rivage (VERNE, Île myst., 1874, p. 221).
3. P. ext. [Le suj. désigne des pers.] Arriver dans un lieu inattendu et s'y installer. D'un pas de flânerie, ils descendirent, hésitèrent, s'échouèrent enfin dans un petit café (ZOLA, Œuvre, 1886, p. 145).
— P. anal. [En parlant d'animés non humains] ,,Auxiliaire : Le navire a échoué ou est échoué sur un banc de sable en vue des côtes. Avoir marque l'action; être, l'état qui résulte de l'action accomplie. On peut dire aussi s'échouer : Le navire s'est échoué. Au sens figuré, on ne dit pas d'une personne ou d'une entreprise qu'elle est échouée. On dit toujours : a`` (HANSE 1949).
Prononc. et Orth. :[], (j')échoue []. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1559 Galeres ... eschouees (AMYOT, Lucull., 23 ds DG); 1573 « toucher le fond et ne plus naviguer » (J. DUPUYS, Dict. fr.-lat.); 2. 1596 « mener un bateau à l'échouage » (HULSIUS); 3. 1660 « ne pas réussir une action entreprise » (DE RETZ, éd. A. Régnier, t. 10, lexique). Orig. inc. (FEW t. 23, fasc. 127, p. 109). Un étymon cautes « rocher, écueil » (DIEZ, 566) est peu probable étant donnée la date tardive d'apparition du mot. Un changement de échoir, d'apr. l'ancienne prononciation , en échouer (REW3, n° 2963) suppose une nouvelle conjugaison avec une répartition immédiate et systématique des formes et des sens difficile à admettre. Une altération des formes norm. escouer, écouer correspondant à l'a. fr. escoudre, escourre « secouer » (Gamillscheg ds Z. rom. Philol., t. 41, pp. 510-511 et EWFS2) suppose une reconstitution littér. de escouer en échouer difficile à admettre pour un tel mot. Un étymon exaquare « enlever l'eau, mettre à sec » (COR., s.v. Enjuagar) supposerait aussi un traitement phonétique propre à une région qui ne fournit pas d'ordinaire de terme de marine. Fréq. abs. littér. :857. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 1 070, b) 1 039; XXe s. : a) 1 293, b) 1 394. Bbg. GOTTSCH. Redens. 1930, p. 264. — LA LANDELLE (G. de). Le lang. des marins. Paris, 1859, p. 323. — ROG. 1965, p. 99. — SAIN. Sources t. 2 1972 [1925], p. 269; t. 3 1972 [1930], p. 217.
échouer [eʃwe] v.
ÉTYM. 1559; orig. incert., p.-ê. de échoir ou du normand escover, de escoudre, escourre « secouer ». P. Guiraud rapproche le mot de l'anc. wallon chouer « essuyer », var. de choyer, du lat. exsucare.
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I V. intr.
1 (1573). En parlant d'un navire, d'une embarcation. Toucher le fond par accident et se trouver arrêté dans sa marche. ⇒ Aggraver (s'), enfoncer (s'), engraver (s'), ensabler (s'), envaser (s'). || Le fait d'échouer. ⇒ Échouage, échouement, naufrage. || Le navire a échoué sur un banc de sable, contre un écueil, un brisant. ⇒ Donner (contre, sur un écueil). — REM. Sans être archaïque, cet emploi semble moins courant de nos jours que le pron. s'échouer.
1 Dans cette position où le vent et la mer le jetaient à terre, il lui était également impossible (au vaisseau) […] d'échouer sur le rivage, dont il était séparé par des hauts-fonds semés de récifs.
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Virginie, p. 123.
♦ Par anal. Être poussé, jeté sur la côte. || Une baleine a échoué sur la côte, à la côte. || Des débris ont échoué sur le sable. || Épave qui échoue à la côte (⇒ 2. Atterrer, vx).
♦ (Navires, embarcations). Se placer de manière que la quille soit à sec, ou plus ou moins engagée sur le fond de la mer, sur le sable… || Les caboteurs échouent dans les havres à marée basse. || Le navire échoue au bassin (⇒ Échouage).
♦ Par métonymie. (En parlant des passagers d'un navire). || Nous avons échoué sur un écueil près du rivage.
♦ Par métaphore :
2 Et pourtant, à la fleur de l'âge,
Sur quels écueils, sur quel rivage
Déjà n'ai-je pas échoué ?
Lamartine, Premières méditations, « Adieu ».
2 (Personnes). Par métaphore du sens 1 (→ ci-dessous, cit. 4) ou fig. S'arrêter par lassitude en un lieu dont on se contente faute de mieux, ou par le hasard. || Ils ont fini par échouer au cinéma.
3 Le restaurant où ils avaient échoué, immense hall plein de monde, de lumières et de bruit, était à la fois une taverne, un dancing, une académie de billard (…)
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 97.
4 Tu étais venu échouer là, sur la place de la Paix, comme un pauvre rouget poussé par une lame.
P. Mac Orlan, la Bandera, V, p. 58.
3 (1660; d'abord métaphore : échouer sur un écueil, près du port; avec infl. probable de échec). Par ext. (Sujet n. de personnes). Ne pas réussir, éprouver un échec, un insuccès. || Échouer devant l'obstacle. → fam. Se casser le nez; ramasser une pelle, une tape, une veste. || Cette entreprise est trop difficile, vous y échouerez. || Échouer simultanément dans deux entreprises. → Demeurer le cul entre deux selles. || Échouer plusieurs fois de suite. ⇒ Jouer (de malheur). || Personne qui échoue souvent. ⇒ Perdant, raté; loser (anglic.); → aussi Conduite d'échec. || Échouer près du but. || Échouer à un examen, ne pas y être reçu. ⇒ Coller, rater, sécher.
5 (…) Fédéric échoua
Près de ce roc (ce cœur insensible), et le nez s'y cassa (…)
La Fontaine, Contes et nouvelles, III, « Le Faucon ».
6 Rien n'est humiliant comme de voir les sots réussir dans les entreprises où l'on échoue.
Flaubert, l'Éducation sentimentale, I, V, p. 93.
♦ (Sujet n. de choses). ⇒ Avorter, claquer, craquer, crever, crouler, manquer, merder (fam.), merdoyer (fam.), péter (fam.), rater, tomber, tourner (mal tourner), vasouiller (fam.); → S'en aller en eau de boudin, faire long feu, faire naufrage. || Toutes ses tentatives, tous ses efforts ont échoué. || Entreprise mort-née qui échoue dès son début. || Les attaques ennemies ont échoué devant notre résistance. ⇒ Briser (se). || Faire échouer un plan. ⇒ Couler, torpiller.
7 (…) ces rêves qui échouent dans la médiocrité.
A. Thibaudet, Gustave Flaubert, p. 31.
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II V. tr. (1559). Mar. Faire échouer (un navire, une embarcation). Pousser (une embarcation) jusqu'au contact de la côte. || Échouer une barque, pour en nettoyer la carène. || « J'échouais mon bateau au rivage » (Chateaubriand). || Échouer un bateau sur ses béquilles (⇒ Béquiller). — Jeter à la côte. || Le capitaine échoua son navire pour le soustraire à la prise de l'ennemi.
——————
s'échouer v. pron.
1 (En parlant d'un navire, d'une embarcation). Se jeter à la côte. (Syn. plus cour. de échouer, I., 1.). || Le navire s'est échoué sur les écueils. || Le corsaire aima mieux s'échouer que de se laisser prendre.
8 Malheureusement on ne trouve que quatre ou cinq brasses d'eau, et on est réduit à s'échouer (…)
G. T. Raynal, Hist. philosophique…, VIII, 10.
♦ (Objets, personnes à bord d'un navire). || Des caisses qui s'échouent sur une plage. — Les marins survivants s'étaient échoués sur une île.
♦ Par métaphore. || Après maintes entreprises malheureuses, il s'est échoué dans ce poste subalterne (Académie).
9 Pauvre petite plante saine et fraîche, née dans les bois de Toulven, comment était-il venu s'échouer dans cette misère de la ville ?
Loti, Mon frère Yves, LI, p. 132.
2 Fig. (Sens I, 2 de échouer). Rare. || « (Ils) s'échouèrent enfin dans un petit café » (Zola, in T. L. F.).
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échoué, ée p. p. adj.
♦ (1559). Mar. et cour. (En parlant d'une embarcation). Qui, touchant le fond, ne peut plus flotter. || Trace d'un navire échoué dans la vase. ⇒ Souille. || Barques de pêche échouées sur la plage (→ Aborder, cit. 2). || Mettre à flot, afflouer, renflouer un bateau échoué.
10 Au bord et parmi des joncs pliés en deux par le cours de l'eau, il y avait des bateaux amarrés chargés de planches et de vieux chalands échoués dans la vase, comme s'ils n'eussent jamais flotté.
E. Fromentin, Dominique, IV, p. 61.
11 (…) si le navire échoué peut être relevé, réparé, et mis en état de continuer sa route pour le lieu de sa destination.
Code de commerce, art. 389.
♦ Par ext. || Caisses, débris échoués.
♦ Par anal. Qui a été poussé, jeté sur la côte. || Ils ramassaient les débris échoués sur le sable.
12 Les enfants s'approchaient sans peur comme d'une immense baleine échouée, sans défense, et qu'on allait dépecer.
Proust, Du côté de chez Swann, p. 398, in T. L. F.
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DÉR. Échouage, échouement.
Encyclopédie Universelle. 2012.