contraint, ainte [ kɔ̃trɛ̃, ɛ̃t ] adj.
1 ♦ Qui est gêné, mal à l'aise; n'est pas naturel. Air contraint, mine contrainte. ⇒ embarrassé, emprunté, forcé, gauche, gêné. Sourire contraint. « Ses regards étaient lents, ses gestes contraints, son attitude morne » (France).
2 ♦ Loc. CONTRAINT ET FORCÉ : sous la contrainte. Nous n'avons accepté que contraints et forcés [ kɔ̃trɛ̃efɔrse ].
⊗ CONTR. Détendu, naturel, spontané.
contraint, ainte
adj.
d1./d Gêné, qui manque de naturel, d'aisance. Il a l'air contraint. Un style contraint.
d2./d Soumis à une contrainte puissante. Je ne ferai cela que contraint et forcé.
⇒CONTRAINT, AINTE, part. passé et adj.
I.— Part. passé de contraindre.
II.— Adjectif
A.— [En parlant de pers. ou de choses] Vx. Serré, mis à l'étroit. Contraint dans son habit; contraint dans ses bottes. Il se dit aussi des choses inanimées dans un sens analogue. La mer est contrainte dans ce détroit, entre ces îles (Ac. 1835, 1878).
— Au fig. [En parlant des productions de l'esprit ou de l'art] Style contraint; versification contrainte. La manière de ce peintre, de ce sculpteur a quelque chose de contraint (Ac. 1835, 1878). Il y avait, d'ailleurs, [dans l'Éloge de Colbert de Necker] quelques belles pensées, mais rendues dans une langue gênée et contrainte (SAINTE-BEUVE, Causeries du lundi, t. 7, 1851-62, p. 338).
— Spéc., MUS. Basse contrainte.
B.— [En parlant de pers.]
1. Qui est forcé d'admettre quelque chose, que l'on a obligé à agir d'une certaine manière. Ces derniers [les vaincus] n'accepteront jamais leur défaite que contraints (DURKHEIM, De la Division du travail soc., 1893, p. 371) :
• 1. Je n'ai pas le regret facile et sais me persuader aisément que ce que je suis amené à faire, libre ou contraint, est ce qu'il y avait lieu de préférer.
GIDE, Journal, 1940, p. 18.
— Loc. pléonastique. Être contraint et forcé. Les peuples antagonistes, (...) n'ont pas voulu la guerre, (...) ils ne la feront jamais que contraints et forcés (ALAIN, Propos, 1921, p. 251).
Rem. On rencontre dans la docum. l'ex. suivant. Si donc il l'acceptait pour gendre, c'était contraint et lié (POURRAT, Gaspard des Montagnes, Le Pavillon des amourettes, 1930, p. 188).
2. Qui est gêné, mal à l'aise, qui ne peut manifester ses sentiments. Cela me donne envie de rire. Je me tais, je souris d'un air contraint (SARTRE, La Nausée, 1938, p. 156) :
• 2. Dieu! qu'il était changé! gêné, contraint, je tâchai pourtant de ne pas répondre avec trop de froideur à la joie qu'il montrait de me revoir...
GIDE, L'Immoraliste, 1902, p. 443.
— P. ext. Qui manque de naturel :
• 3. Elle avait, en mangeant, toutes sortes de petites précautions qui répondaient à son désir de ne pas paraître une fille mal élevée. Mais cela ne devenait pas maniéré ni contraint.
ROMAINS, Les Hommes de bonne volonté, La Douceur de la vie, 1939, p. 135.
Prononc. et Orth. :[], fém. [-]. Ds Ac. 1694-1932. Fréq. abs. littér. :1 367. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 2 192, b) 1 286; XXe s. : a) 1 639, b) 2 267.
contraint, ainte [kɔ̃tʀɛ̃, ɛ̃t] adj.
ÉTYM. XVIe; constrainct, XIVe; costreinz, XIIe; p. p. de contraindre.
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1 Qui est gêné, mal à l'aise; n'est pas naturel. || Air contraint, mine contrainte. ⇒ Embarrassé, emprunté, forcé, gauche, gêné. || Un air prétentieux et contraint. ⇒ Affecté, artificiel, étudié. || Sourire contraint. || Posture, démarche, manière contrainte.
1 (…) ce masque de gaieté contrainte, qu'on se colle au visage pour rassurer les moribonds, ne put pas tenir sur mes joues (…)
Alphonse Daudet, le Petit Chose, II, XV, p. 373.
2 Ses regards étaient lents, ses gestes contraints, son attitude morne.
France, le Crime de S. Bonnard, Œ., t. II, p. 478.
3 Chacun d'eux se dépitait à ne sortir de soi rien que de sec, de contraint (…)
Gide, les Faux-monnayeurs, I, IX, p. 103.
♦ Par anal. || Style contraint.
4 (…) tout ce que la seule logique construit reste artificiel et contraint.
Gide, Journal, 12 mai 1927.
2 ☑ Loc. Contraint et forcé [kɔ̃tʀɛ̃efɔʀse] : sous la contrainte. || Nous n'avons accepté que contraints et forcés.
3 Mus. || Basse contrainte.
4 Ling. Entièrement déterminé par des règles, qui n'est pas laissé au choix de l'encodeur. || « “J'avais faim, froid, et envie de fumer”, avec ses trois substantifs sans déterminants, est “contraint” : nous ne pouvons dire ni écrire autrement » (J. Cellard, in le Monde, 17 mars 1974).
Encyclopédie Universelle. 2012.