1. baiser [ beze ] v. tr. <conjug. : 1>
1 ♦ Appliquer, poser ses lèvres sur (une personne, une chose) par affection, respect. ⇒ embrasser. Baiser qqn au front. Baiser la main d'une dame. Baiser un crucifix.
2 ♦ (XVIe) Fam. Posséder (sexuellement). ⇒ enculer, enfiler, miser, niquer, tringler. « Les femmes, c'est juste bon à se faire baiser » (Beauvoir). Il a baisé sa secrétaire (cf. Il se l'est faite). « Bien baisée elle t'aime, elle file en douceur. Une sainte. Mal baisée ? une salope, une folle » (Y. Queffélec). P. p. subst. (v. 1970) Un mal-baisé, une mal-baisée :personne frustrée dans sa vie sexuelle. — Absolt Faire l'amour. Ils sont en train de baiser. Il, elle baise bien.
3 ♦ Fam. Posséder, tromper. « Il n'y a pas de pouvoir libéral : il n'y a qu'une façon plus habile de nous baiser » (B. Noël ). Il s'est fait baiser. ⇒ 1. avoir, berner, duper, rouler.
4 ♦ Fam. (arg. des écoles) Comprendre. On n'y baise rien.
baiser 2. baiser [ beze ] n. m.
♦ Action de poser ses lèvres (sur le visage, la main ou une autre partie du corps d'une personne). Résultat de cette action. Un doux baiser maternel sur le front. Un baiser sur la joue (⇒ 2. bise, bisou; région. baise, bec) , sur la bouche. ⇒ bécot. Petit, gros baiser. Chaste baiser. Baiser d'oiseau, très léger. Baiser brûlant, voluptueux. Baiser langue en bouche. ⇒fam. patin, pelle. Premier baiser. Baiser d'adieu. Donner, poser, planter un baiser (⇒ embrasser) . Déposer un baiser sur le front. Prendre, cueillir, dérober, ravir, voler un baiser. Recevoir, rendre un baiser. ⇒ se bécoter. Couvrir, manger, dévorer qqn de baisers. « Ah ! dans ces premiers temps où l'on aime, les baisers naissent si naturellement ! » (Proust).
♢ Loc. relig. Baiser de paix, de réconciliation; cérémonie qui a lieu pendant la messe. — Baiser de Judas, perfide.
● baiser verbe transitif (latin basiare) Poser ses lèvres sur quelqu'un, quelque chose, en signe d'affection, d'amour, de respect : Baiser la main. Populaire. Tromper, duper. Populaire. Avoir des relations sexuelles avec quelqu'un. ● baiser (expressions) verbe transitif (latin basiare) Populaire. Se faire baiser, se faire avoir, être trompé ; se faire prendre en faute, en infraction. ● baiser (synonymes) verbe transitif (latin basiare) Poser ses lèvres sur quelqu'un, quelque chose, en signe d'affection, d'amour...
Synonymes :
- baisoter (vieux)
- bécoter
Populaire. Tromper, duper.
Synonymes :
- avoir (familier)
- berner
- refaire (populaire)
- rouler (familier)
Populaire. Se faire baiser
Synonymes :
- couillonner (populaire)
● baiser
verbe intransitif
Populaire. Accomplir l'acte sexuel, faire l'amour.
● baiser
nom masculin
(de baiser)
Action de poser sa bouche sur le visage, le corps de quelqu'un, ou sur un objet quelconque : Donner un baiser.
Geste de la main portée aux lèvres et simulant un baiser : L'enfant envoyait des baisers aux passants.
● baiser (citations)
nom masculin
(de baiser)
Jacques Audiberti
Antibes 1899-Paris 1965
Un baiser apaise la faim, la soif. On y dort. On y habite. On y oublie.
La Poupée
Gallimard
Rémi Belleau
Nogent-le-Rotrou 1528-Paris 1577
Qui vous a pris baisers, s'il n'a pris davantage,
Était digne de perdre encor ce qu'il a pris.
La Seconde Journée de la Bergerie ; sur les baisers de R. Belleau
Louise Labé, surnommée la Belle Cordière
Lyon vers 1524-Parcieux-en-Dombes 1566
Baise m'encor, rebaise-moi et baise ;
Donne m'en un de tes plus savoureux ;
Donne m'en un de tes plus amoureux,
Je t'en rendrai quatre plus chauds que braise.
Sonnets, XVII
Pierre Louis, dit Pierre Louÿs
Gand 1870-Paris 1925
L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser.
Aphrodite
Fasquelle
Stéphane Mallarmé
Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898
Ô mort le seul baiser aux bouches taciturnes !
Poésies, le Guignon
Stéphane Mallarmé
Paris 1842-Valvins, Seine-et-Marne, 1898
C'était le jour béni de ton premier baiser.
Poésies, Apparition
Clément Marot
Cahors 1496-Turin 1544
Ha, bouche que tant je désire :
Dictes Nenny en me baisant.
Épigrammes
Guy de Maupassant
château de Miromesnil, Tourville-sur-Arques, 1850-Paris 1893
Un baiser légal ne vaut jamais un baiser volé.
Œuvres posthumes, Confession d'une femme
Paul Valéry
Sète 1871-Paris 1945
Baisers, baves d'amour, basses béatitudes,
Ô mouvements marins des amants confondus […].
Album de vers anciens, Air de Sémiramis
Gallimard
Paul Verlaine
Metz 1844-Paris 1896
Baiser ! rose trémière au jardin des caresses !
Poèmes saturniens, II bacio
Messein
Amado Nervo
Tepic 1870-Montevideo 1919
Les mondes surgirent à l'écho d'un baiser.
Los mundos brotaron al eco de un beso.
Lira heroica
● baiser (expressions)
nom masculin
(de baiser)
Baiser de Judas, démonstration hypocrite d'affection.
Baiser de paix, accolade donnée par l'officiant à ses ministres et étendue aux fidèles en signe de charité fraternelle avant la réception de l'eucharistie (communion).
● baiser (synonymes)
nom masculin
(de baiser)
Action de poser sa bouche sur le visage, le corps...
Synonymes :
- bécot (familier)
- bise (familier)
Baiser de paix
Synonymes :
baiser
n. m. Action de baiser (sens 1). Dérober un baiser.
— Baiser de paix, qui scelle une réconciliation.
— Baiser de Judas: baiser d'un traître.
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baiser
v. tr.
d1./d Poser les lèvres sur. Baiser le sol.
— Par ext. Poser les lèvres sur la joue, sur les lèvres de qqn. Syn. embrasser.
d2./d Vulg. Avoir des relations sexuelles (avec).
|| Fig., vulg. Baiser quelqu'un, le tromper. On les a tous baisés! Syn. posséder.
d3./d (Maurice) Fig., plaisant, Fam. Consommer qqch avec un plaisir particulier. Baiser un bon cari.
|| (Réunion) Péjor. Baiser le rhum, l'arack: boire du rhum, de l'arack avec excès.
I.
⇒BAISER1, verbe trans.
I.— Emploi trans.
A.— Effleurer, toucher de ses lèvres quelque partie d'une personne (surtout la main, la joue) ou quelque objet la symbolisant.
1. Domaine des rapports affectifs. [En signe d'affection, d'amitié, etc.] :
• 1. Enfin la tentation l'emporta, — la tentation de voir son fils heureux et de le voir heureux à cause d'elle. Elle accorda sa permission. Elle avait espéré un élan, qu'il l'embrasserait, qu'il aurait un mot du cœur. Mais il ne pouvait pas avoir d'élan pour quelqu'un qu'il ne désirait pas. C'était devenu pour Mme de Bricoule une véritable désespérance qu'il ne la baisât jamais spontanément, qu'elle non plus ne pût pas le baiser sans qu'il se crispât, ...
MONTHERLANT, Les Bestiaires, 1926, p. 391.
— P. ext. [L'obj. désigne un animal] ... flattant ses longues oreilles, la baisant sur le museau... (MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Mademoiselle Cocotte, 1883, p. 813).
2. Domaine des rapports soc.
a) [En signe de soumission, de réconciliation] Baiser humblement. Humilié aux genoux de l'impitoyable Achille, baisant les mains terribles... (CHATEAUBRIAND, Génie du Christianisme, t. 1, 1803, p. 326).
— Baiser la poussière des pieds (de qqn). César (...) de mes pieds baisant la poussière (QUINET, Napoléon, 1836, p. 239).
b) [En signe de respect, par règle d'étiquette] Baiser (avec respect, respectueusement) la main du roi :
• 2. On raconte qu'un jour Napoléon se promenait dans l'une des salles du palais des Tuileries, recevant divers grands personnages qui étaient admis à l'entrée et venaient lui baiser la main. Plusieurs membres de la famille impériale se trouvaient de ce nombre. Madame Bonaparte arriva lorsqu'il ne restait plus que quelques-uns de ces derniers. Lorsqu'elle s'approcha, l'Empereur, avec un gracieux sourire, lui présenta sa main à baiser, ainsi qu'il avait fait avec ses sœurs et ses frères. Mais elle, la repoussant doucement, et offrant au contraire la sienne aux lèvres de son fils, lui dit en italien : « Vous êtes l'empereur, le souverain de tous les autres, mais vous êtes mon fils! » et l'Empereur saisissant cette main qu'elle lui tendait, l'embrassa avec tendresse et respect, ...
MUSSET, Revue des Deux Mondes, 1833, p. 241.
c) [En signe de politesse, en hommage galant] :
• 3. Au moment du départ, Marat leur baisa la main, — parce que cela lui faisait plaisir de presser leur main contre ses lèvres et aussi de s'incliner devant elles; et ce fut certainement ainsi qu'elles l'entendirent.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 137.
— Baiser la (les) main(s), etc. Formule de politesse utilisée à la fin d'une lettre, d'une visite. ... vous baiser la main et (...) mettre mes hommages et mon admiration à vos pieds (HUGO, Correspondance, 1831, p. 487).
— P. iron., littér., vieilli. Je vous baise les mains. Se dit pour signifier un refus (cf. la plupart des dict. gén. du XIXe et du XXe s.).
3. Domaine des rapports spirituels. [En signe de déférence, de vénération] Baiser l'anneau (de l'Évêque), le crucifix, la mule (du pape) :
• 4. ... le Révérendissime lava les deux pieds du frère, les essuya, avec une serviette dont il se servit ensuite pour couvrir seulement les doigts, en laissant le reste des pieds à nu, puis il les baisa, et chacun vint à son tour s'agenouiller et les baiser. À la façon dont s'appliquait la bouche, l'on pouvait se rendre compte du plus ou du moins de ferveur et d'affection des pères et des frères; les uns appuyaient les lèvres, embrassaient réellement, voyant en ce nouveau venu, ainsi que dans tout hôte, l'image du Christ; les autres embrassaient aussi fortement, par affection fraternelle; d'autres, au contraire, frôlaient seulement, se bornaient à remplir un devoir, sans y attribuer plus d'importance. Durtal, lui, rêvait à cette coutume, issue des premiers âges, perpétuée par l'Église, à cette leçon d'humilité que saint Benoît infligeait à tous ses moines...
HUYSMANS, L'Oblat, t. 2, 1903, p. 218.
— P. ext. Baiser la terre, le sol. Se prosterner et appliquer ses lèvres sur le sol en signe d'humilité. ... punir de la manière la plus bête et la plus humiliante (...) faire (...) baiser la terre (G. SAND, Histoire de ma vie, t. 3, 1855, p. 92).
B.— Domaine des rapports amoureux.
1. Appliquer, presser ses lèvres sur quelque partie d'une personne (notamment la bouche, avec mouvement actif de caresse, succion, préhension, etc.) ou sur quelque objet la symbolisant, en signe d'amour. Baiser doucement, tendrement, avec transport :
• 5. ... se jetant sur le cadavre, elle l'enlaça à pleins bras, le baisant sur les yeux, sur la bouche, ouvrant de ses lèvres les lèvres mortes, y cherchant un souffle, et la profonde caresse des amants.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Confessions d'une femme, 1882, p. 803.
• 6. ... il s'agenouilla devant elle, lui prit les mains, les baisa et la regarda longtemps avec un émerveillement craintif et fier. Puis il posa, prosterné, ses lèvres sur le bout de la bottine. — Qu'est-ce que vous faites? — Je baise vos pieds qui sont venus. Il se releva, la tira doucement à lui, et, cherchant ses lèvres, il lui mit un long baiser sur la bouche. Elle restait inerte, la tête renversée, les yeux clos. Sa toque glissa, ses cheveux se répandirent. Elle se donna (...).
A. FRANCE, Le Lys rouge, 1894, p. 211.
• 7. L'obscur désir qui le gonflait éclata tout d'un coup. Il se jeta sur elle, par derrière, l'empoigna par la taille, lui renversa la tête en arrière, lui enfonça dans la bouche entr'ouverte sa bouche. Il baisa les lèvres sèches et gercées, il se heurta aux dents qui le mordirent de colère.
R. ROLLAND, Jean-Christophe, L'Adolescent, 1905, p. 268.
— Baiser les pas/la trace des pas (de qqn) :
• 8. ... la neige et les chemins des aigles
Conviennent, ô déesse, à ta virginité.
Car rien ne doit ternir ta pureté première
Et souiller par un long baiser matériel
Ta belle chair, pétrie avec de la lumière.
Ton véritable amant, chaste fille du ciel,
Est celui qui, malgré ta voix qui le rassure
Et ton regard penché sur lui, n'oserait pas
D'une lèvre timide effleurer ta chaussure
Et baiser seulement la trace de tes pas.
BANVILLE, Les Cariatides, 1842, p. 164.
SYNT. Baiser + subst. : baiser le bas (de la robe, etc.), la chevelure, les cheveux, les doigts, le front, les gants, les genoux, la joue, la nuque, la tempe.
Rem. Noter le mot composé baise(z)-moi-(ma)-mignonne, désignant sans doute une couleur. Rubans (...) couleur (...) « baise-moi-ma-mignonne » (E. ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1898, p. 27), une bouche rose à la baisez-moi-mignonne (H. BAZIN, Lève-toi et marche, 1952, p. 26).
— P. anal. [Le suj. ou l'obj. désigne un élément naturel] Attoucher, comme en témoignage de tendresse :
• 9. — D'où que vienne le vent,
Il rapporte de ses voyages,
À travers l'infini des champs et des villages,
On ne sait quoi de sain, de clair et de fervent.
Avec ses lèvres d'or frôlant le sol des plaines,
Il a baisé la joie et la douleur humaines...
VERHAEREN, La Multiple splendeur, 1906, p. 82.
— P. métaph. [Le suj. ou l'obj. désigne une chose abstr.] Adhérer à, marquer de l'intérêt, de la passion pour... baiser les siècles ses aînés... (M. BLONDEL, L'Action, 1893, p. 5).
♦ Baiser la camarde. Mourir (cf. SUE, Mystères de Paris, 1842-43, p. 45).
2. P. euphém., pop. Baiser qqn. Posséder charnellement quelqu'un :
• 10. Je jouissais d'elle ici bien plus profondément que je ne fis jamais à Paris, et d'une manière à la fois plus voluptueuse et plus haute. En cette personne innocente, si intelligente (avec tant d'enfance), pure lumière et toujours vierge, j'aimais, admirais, possédais, tranchons le mot : je baisais la nature.
MICHELET, Journal, 1857, p. 344.
— Absol. Faire l'amour :
• 11. Elle pensa : parbleu! il y a six mois qu'il n'a pas eu de femme; il fait l'amour comme un soldat dans un bordel. Quelque chose remua en elle, un battement d'ailes; mais non : rien. (...); il avait pris un air dur et tendu, il baise comme on se saoule, sûrement qu'il veut oublier quelque chose. Il finit par se laisser tomber sur elle, à demi mort; elle lui caressa machinalement la nuque et les cheveux; elle était froide et tranquille mais elle sentait de grands coups de cloche qui lui remontaient à toute volée du ventre à la poitrine : c'était le cœur de Boris qui battait en elle.
SARTRE, La Mort dans l'âme, 1949, p. 175.
3. P. ext., arg. Se faire baiser ou baiser (qqn, qqc.).
— Prendre (qqn) sur le fait ou tromper, avoir (qqn, qqc.) :
• 12. Fièvre ou pas, je bourdonne toujours et tellement des deux oreilles que ça peut plus m'apprendre grand'chose. Depuis la guerre ça m'a sonné. Elle a couru derrière moi, la folie... tant et plus pendant vingt-deux ans. C'est coquet. Elle a essayé quinze cents bruits, un vacarme immense, mais j'ai déliré plus vite qu'elle, je l'ai baisée, je l'ai possédée au « finish ». Voilà! Je déconne, je la charme, je la force à m'oublier.
CÉLINE, Mort à crédit, 1936, p. 40.
— Attraper, voler (qqc.) :
• 13. [Le Marquis à Ducreux, charbonnier] — Tu m'as toujours dévalisé. Y a soixante-sept ans que tu m'as baisé mes billes d'agate, en trichant à la marelle, près de ma grille... J'oublie rien!
J. DE LA VARENDE, La Dernière fête, 1953, p. 30.
II.— Emploi pronom. (réciproque).
A.— Se donner mutuellement des marques d'amour par pression des lèvres :
• 14. Ils se baisèrent aux lèvres, sans bruit, entre leurs mains qui s'étaient jointes, paume à paume et les ongles hauts. — Chéri! — Chérie! Les mots ne furent pas, ou furent si peu! La confusion de deux souffles, rien de plus... Devant l'avidité gloutonne de la bouche qui pressait la sienne, Gabrielle, pourtant, (...) tâchait à se dérober, charmée et affreusement inquiète, sans force pour ravir ses dents au baiser de ce gentil garçon qu'elle sentait, si vivant contre elle, la respirer comme une fleur, ...
COURTELINE, Messieurs-les-Ronds-de-cuir, 1893, p. 145.
— P. ext. [Le suj. désigne des animaux] (Quasi-) synon. se becqueter :
• 15. Elles vont... Elles se promènent en roucoulant au bord de l'eau... Elles boivent, se baignent, mangent; puis sur un rameau leurs becs s'entrelacent, elles se polissent leur plumage l'une à l'autre... (...).
Que les deux beaux oiseaux, les colombes fidèles,
Se baisent. Pour s'aimer les dieux les firent belles.
CHÉNIER, Bucoliques, Les Colombes, 1794, p. 234.
— P. anal. [Le suj. désigne des éléments naturels] Entrer en contact avec, se joindre, se frôler :
• 16. ... Mais la vague endormie et le feuillage épais
Se touchaient sur la grève et se baisaient en paix.
L'arbre trempait ses pieds dans l'écume des plages;
Et les flots attiédis s'obscurcissaient d'ombrages.
Le couple voyageur savourait à la fois
Les doubles voluptés des ondes et des bois.
LAMARTINE, La Chute d'un ange, 1838, p. 915.
B.— P. euphém., pop. Se posséder charnellement :
• 17. Prédiction : ils se baiseront (...), elle te soutiendra encore qu'il n'y a rien et qu'elle aime seulement notre ami de cœur ou de tête. Ce brave organe génital est le fond des tendresses humaines; ce n'est pas la tendresse, mais c'en est le substratum comme diraient les philosophes.
FLAUBERT, Correspondance, 1852, p. 24.
PRONONC. :[] ou [beze], la 2e forme avec la mention ,,cour.`` chez WARN. 1968. GRAMMONT Prononc. 1958 fait intervenir le concept d'harm. vocalique en indiquant : ,,on dit bèz « baise », bèzõ « baisons », bézé « baiser »``.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. a) 950-1000 trans. « appliquer ses lèvres sur une partie d'un être ou d'une chose en signe d'affection ou de respect » (Passion de Clermont-Ferrand, 28 dans K. BARTSCH. Chrestomathie de l'a. fr., p. 7 : Judas li fel ensenna fei : ,,celui prendet cui baisarei``); b) 1578 baiser la (les) main(s) « prendre congé, remercier, ne pas prendre en considération » (H. ESTIENNE, Dial. du lang. franç. ital., II, 108-109 dans HUG.); 2. a) XIIe s. trans. dans les relations amoureuses (Mém. Ant. Normandie, 3e s. VII, 527 : Alques se torne à sa mesure O lie se coche, molt li plest Qu'il la conoisse et qu'il la best, Et si fait il, c'est veritez); b) 1461 intrans. (VILLON, Testament, 1478 : Sur mol duvet assis, un gras chanoine [...] A son costé gisant dame Sidoine [...] Boire ypocras, a jour et a nuytes, Rire, jouer, mignonner et baisier, Et nu a nu, pour mieulx des corps s'aisier, Les vy tous deux, par ung trou de mortaise); 3. ca 1500 « posséder, tromper, attraper » (Test. de Path., p. 187 dans MOISY : Je suis basi, se Dieu ne m'ayde), attest. isolée; 1881 « posséder, tromper, attraper » (L. RIGAUD, Dict. de l'arg. mod.; Baiser — Se faire —. Se laisser tromper grossièrement, se laisser voler. — Etre baisé, être trompé, avoir le dessous dans une affaire d'amour, dans une affaire quelconque, dans une partie de jeu [...] atout, ratatout, le poil de mes ... moustaches et je prends tout ... vous êtes baisée, ma petite mère).
Du lat. basiare « donner un baiser » attesté aussi bien pour désigner un baiser entre amants (CATULLE, 8, 18, dans TLL s.v., 1773, 46) qu'un baiser de politesse ou de respect (MARTIAL, 10, 72, 7 dans TLL s.v., 1773, 57).
STAT. — Fréq. abs. littér. :3 183.
BBG. — DUCH. 1967, § 61, 74. — GALL. 1955, p. 97, 381, 525. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — ORR (J.). Le Rôle destructeur de l'euphémie. In : O. (J.). Essais d'étymol. et de philol. fr. Paris, 1963, pp. 29-30.
II.
⇒BAISER2, subst. masc.
Action de baiser, résultat de cette action.
A.— Effleurement, attouchement par les lèvres de quelque partie d'une personne ou de quelque objet la symbolisant.
1. Domaine des rapports affectifs. [En signe d'affection, d'amitié, etc.] Baiser du père, baiser maternel, paternel :
• 1. Il ne me rendra jamais mon baiser. Il lui faudrait une grosse émotion, que je ne prévois pas. Quand c'est l'heure de nous quitter, il y a déjà longtemps qu'il se tait, et que je ne dis rien. Tout à coup : « Allons! » dit-il. Et il me tend la main. Je m'approche de lui. Il a toujours un léger mouvement de recul; vite, il comprend : « Eh! oui, se dit-il sans doute, il veut m'embrasser. » Et, comme je l'attire à moi, il ne résiste pas. Quel singulier baiser, appuyé et pourtant froid, inutile et nécessaire! Baiser de lèvres absentes sur une joue qui n'a aucune saveur, ni celle de la chair, ni celle du bois. Il ne sent rien à sa joue, moi, rien à mes lèvres. Le frisson reste au cœur. Nos pères ne se jettent pas à notre cou. Ils ne nous étouffent pas dans leurs bras. Ils tiennent à nous par d'invisibles attaches, par de souterraines racines.
RENARD, Journal, 1896, p. 365.
— Dernier baiser. Baiser les mains et la figure (...), dernière marque d'affection que reçoivent les morts (...), donner un dernier baiser... (ABOUT, La Grèce contemporaine, 1854, p. 290).
2. Domaine des rapports soc.
a) [En signe de soumission, de réconciliation] :
• 2. LA VICE-REINE. (...). Que rien n'altère plus l'union dont je veux resserrer les nœuds entre nous; ne nous quittons pas un moment; qu'à la campagne et à la ville on nous voie désormais ensemble. Pardonnez-moi un refroidissement dont m'a punie votre absence; qu'un baiser achève notre réconciliation sincère : embrassez-moi, Madame.
LA DUCHESSE. — Vous me comblez, Madame.
LEMERCIER, Pinto, 1800, II, 8, p. 62.
— P. ext.
♦ Baiser féodal. [P. allus. au baiser qu'en signe d'engagement réciproque le seigneur donnait à son vassal lorsqu'il lui prêtait foi] Témoignage de fidélité :
• 3. ... le drap mortuaire qui servait à l'enterrement d'un monarque très chrétien, était envoyé au tombeau de Charlemagne, comme un drapeau-lige au fief dominant. Nos rois prêtaient ainsi foi et hommage, en prenant possession de l'héritage de l'éternité; ils juraient, entre les genoux de la mort, leur dame, qu'ils lui seraient fidèles, après lui avoir donné le baiser féodal sur la bouche. Du reste, c'était la seule suzeraineté dont la France se reconnût vassale.
CHATEAUBRIAND, Mémoires d'Outre-Tombe, t. 1, 1848, p. 393.
♦ Baiser Lamourette. [P. allus. à la réconciliation éphémère entre les partis opposés de l'Assemblée législative, provoquée par un appel à l'entente de l'abbé Lamourette en 1792] Accord précaire :
• 4. ... ils espéraient de lui un peu plus, l'offre d'un concours dans la détresse qu'il dépeignait, la réconciliation momentanée qui permettrait à tous les républicains de franchir ensemble le mauvais pas. C'était une de ces heures où les assemblées sont prêtes pour les baisers Lamourette.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 368.
b) [En signe de politesse, en hommage galant] :
• 5. Je voulus l'embrasser pour lui fermer la bouche; mais elle me boudait encore, et il fallut que son frère intervînt pour qu'elle m'offrît sa joue d'un air indifférent. Je n'eus aucune joie de ce baiser dont bien d'autres obtenaient la faveur, car dans ce pays patriarcal où l'on salue tout homme qui passe, un baiser n'est autre chose qu'une politesse entre bonnes gens.
NERVAL, Les Filles du feu, Sylvie, 1854, p. 601.
— Spéc. Formule utilisée à la fin d'une lettre. Mille baisers, envoyer des baisers. Mes hommages respectueux à (...), mille baisers à (...), mille amitiés à (...) (M. DE GUÉRIN, Correspondance, 1834, p. 185).
3. Domaine des rapports spirituels. [En signe de déférence, de vénération, etc.] Baiser de l'anneau, de l'autel :
• 6. Le prêtre se releva pour prendre le crucifix; alors elle allongea le cou comme quelqu'un qui a soif, et, collant ses lèvres sur le corps de l'Homme-Dieu, elle y déposa de toute sa force expirante le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 2, 1857, p. 180.
— Baiser au lépreux. Baiser donné à un lépreux, à un malade quelconque, par charité chrétienne (cf. G. DUHAMEL, Chronique des Pasquier, Les Maîtres, 1937, p. 173); p. ext., témoignage de bonté donné à un déshérité (Le Baiser au lépreux, roman de Mauriac, 1922).
— Baiser de Judas. Baiser donné par Judas à Jésus-Christ, en signe de délation (cf. E. DE GUÉRIN, Lettres, 1840, p. 365); p. ext., baiser de traître :
• 7. Alors elle [la Critique] s'approcha de moi, me serra dans ses deux bras longs et secs comme les bras des fantômes de Louis Boulanger; puis elle me donna le baiser de paix, en appliquant sur mon visage un visage d'un âge, d'un embonpoint et d'une fraîcheur très-équivoques. Cependant je la remerciais de ses caresses, quand, portant la main à ma joue, je trouvai que ma joue était sanglante : la déesse m'avait donné le baiser de Judas. Et je m'en consolai en songeant que, dans ma manière d'être isolé et d'écrire au hasard, et peut-être aussi avec les haines politiques dont on commence déjà à m'honorer, la critique ne pouvait m'embrasser autrement.
JANIN, L'Âne mort et la femme guillotinée, 1829, p. 19.
— Baiser de paix. Baiser que se donnaient les premiers chrétiens ou que se donnent (notamment pendant la messe) l'officiant et ses ministres, les fidèles, etc., en signe d'union fraternelle :
• 8. ... c'était enfin, à « L'Agnus Dei » l'Abbé donnant à l'autel le baiser de paix au diacre qui descendait les marches et l'imposait à son tour au sous-diacre, lequel, conduit par un cérémoniaire, dans les stalles des moines, embrassait le plus élevé en grade et celui-ci transmettait le baiser aux autres qui s'accolaient et se saluaient ensuite, en joignant les mains. Ici, Durtal ne regarda plus rien; le moment de la communion était proche; ...
HUYSMANS, L'Oblat, t. 1, 1903, p. 262.
♦ P. méton. Objet du culte (en forme de petite plaque, portant une croix) que baisent les fidèles avant la communion. ... les calices, les patènes, les baisers de paix (A. FRANCE, Le Miracle du Grand Saint Nicolas, 1909, p. 106).
B.— Domaine des rapports amoureux. Appui, pression des lèvres sur quelque partie d'une personne (notamment la bouche, avec mouvement actif de caresse, succion, préhension, etc.) ou sur quelque objet la symbolisant, en signe d'amour. Une pluie de baisers :
• 9. Marius sentit un démon amoureux qui le poussait; sans parler, il prit les deux mains de Georgette, qui souriait, et appliqua un baiser droit sur ses lèvres épanouies. Elle en fut tout étourdie d'abord; soit éblouissement, soit terreur, soit peut-être aussi parce qu'elle trouvait à ce baiser impertinent je ne sais quelle douceur non encore goûtée, elle ne fit pas un mouvement, et Marius, — les poëtes sont pleins de fatuité, — crut sentir que les lèvres de Georgette ne fuyaient pas trop les siennes. (...). Elle éprouvait intérieurement une sensation étrange, inquiétante, faite de terreur et de plaisir, d'angoisse et de langueur. Quand les lèvres de Marius avaient touché les siennes, il lui avait semblé qu'il lui passait alternativement de la neige et du feu dans les veines, son cœur s'était serré délicieusement, et, — il fallait bien se l'avouer, quoiqu'elle en rougît, — elle avait eu le désir que ce baiser se prolongeât pendant des heures. Maintenant encore elle croyait sentir l'impression de ces lèvres audacieuses sur les siennes, quelque chose comme un fruit savoureux et brûlant écrasé sur la bouche...
THEURIET, Le Mariage de Gérard, 1875, pp. 196-197.
• 10. Sais-tu d'où vient notre vraie puissance? Du baiser, du seul baiser! Quand nous savons tendre et abandonner nos lèvres, nous pouvons devenir des reines. Le baiser n'est qu'une préface, pourtant. Mais une préface charmante, plus délicieuse que l'œuvre elle-même, une préface qu'on relit sans cesse, tandis qu'on ne peut pas toujours... relire le livre. Oui, la rencontre des bouches est la plus parfaite, la plus divine sensation qui soit donnée aux humains, la dernière, la suprême limite du bonheur. C'est dans le baiser, dans le seul baiser qu'on croit parfois sentir cette impossible union des âmes que nous poursuivons, cette confusion des cœurs défaillants. (...). Une seule caresse donne cette sensation profonde, immatérielle des deux êtres ne faisant plus qu'un, c'est le baiser. Tout le délire violent de la complète possession ne vaut cette frémissante approche des bouches, ce premier contact humide et frais, puis cette attache immobile, éperdue et longue, si longue! de l'un à l'autre.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 1, Le Baiser, 1882, p. 607.
• 11. On ne regarde rien d'aussi près que le visage de la femme aimée. Vus dans le rapprochement excessif du baiser, les yeux de Chrysis semblent énormes. (...). Ce baiser ne finira plus. Il semble qu'il y ait sous la langue de Chrysis, non pas du miel et du lait comme il est dit dans l'Écriture, mais une eau vivante, mobile, enchantée. Et cette langue elle-même, multiforme, qui se creuse et qui s'enroule, qui se retire et qui s'étire, plus caressante que la main, plus expressive que les yeux, fleur qui s'arrondit en pistil ou s'amincit en pétale, chair qui se raidit pour frémir ou s'amollit pour lécher, Chrysis l'anime de toute sa tendresse et de sa fantaisie passionnée...
, Aphrodite, 1896, p. 182.
• 12. Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce?
Un serment fait d'un peu plus près, une promesse
Plus précise, un aveu qui veut se confirmer,
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer;
C'est un secret qui prend la bouche pour oreille,
Un instant d'infini qui fait un bruit d'abeille,
Une communion ayant un goût de fleur,
Une façon d'un peu se respirer le cœur,
Et d'un peu se goûter, au bord des lèvres, l'âme!
E. ROSTAND, Cyrano de Bergerac, 1898, III, 9, p. 135.
• 13. ... il porta à ses lèvres la main qu'on venait de mettre dans la sienne, il y déposa un long baiser. Il n'ajouta rien. C'était assez : le premier baiser de l'amant, au lieu de l'étreinte accoutumée du bon camarade. Marie le reconnut, ce premier baiser qu'elle n'avait jamais reçu; elle entendit son langage, que nul ne lui avait jamais appris. Ces lèvres chaudes lui disaient, au plus profond des veines, qu'un homme l'appelait à connaître le trouble attendu des félicités ignorées, tout le mystère de la vie, reçue, rendue, perpétuée. Elles lui disaient que cet homme donnait une part de soi-même, ce qu'ils en peuvent donner, et qu'il demandait en retour toute la femme, qu'il la prenait avidement, comme ils la prennent, pour la meurtrir peut-être, pour en faire sa chose heureuse ou souffrante.
DE VOGÜÉ, Les Morts qui parlent, 1899, p. 276.
• 14. Et, presque aussitôt, les deux bras de cette femme sans délai se nouèrent autour de son cou, pendant qu'un baiser de vie ou de mort lui mangeait l'âme. Ah! le vorace et fauve baiser que c'était là! Le jeune homme avait tout prévu, excepté ce baiser fougueux, inapaisable, éternel; ce baiser odorant et capiteux où passaient les parfums féroces des Fleurs du Mal, les volatils détraquants de la Venaison et les exécrables poivres du Désir; ce baiser qui avait des griffes comme un aigle et qui allait à la chasse comme un lion, qui entrait en lui de même façon qu'une épée de feu; qui lui mettait dans les oreilles toutes les sonnailles des béliers ou des capricornes des montagnes; cet épouvantable baiser d'opium, de folie furieuse, d'abrutissement et d'extase!
BLOY, Histoires désobligeantes, G. Crès, Paris, 1914, p. 100.
SYNT. a) Baiser + adj. : baiser ardent, brûlant, enflammé, muet; adj. + baiser : bon, chaste, doux, furtif, gros, tendre baiser. b) Baiser + d' + subst. : baiser d'adieu, d'amant(e); baiser + sur + subst. : baiser sur la bouche, le cou, le front, la joue. c) Verbe + un/des baiser(s) : échanger, mettre, poser, prendre, rendre un/ des baiser(s); verbe + de baisers : couvrir, dévorer de baisers.
— P. ext. [En parlant d'un animal] :
• 15. Puis, c'est l'amour. L'amour unique. Rien ne sépare un couple d'isards, sinon la mort. Ils se choisissent, s'aiment, s'accouplent. Le moment du désir coincïde avec celui des nourritures exquises. Ils sentent bon toutes les herbes aromatiques broutées, ils sont vêtus d'un poil brillant, lavé d'air chaud. Ils ont des frémissements qui sont des émois, des chevrotements qui sont des aveux, et des frôlements de lèvres, des baisers.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 35.
— P. anal. [En parlant d'un élément naturel] Rapprochement, frôlement semblable à un témoignage de tendresse. Baiser de l'air, de l'onde, du soleil :
• 16. Sous leurs robes d'azur aux lignes ondoyantes,
Le ciel et l'horizon dans un baiser charmant
Fondaient avec amour leurs lèvres souriantes.
T. GAUTIER, Poésies, Pétrarque, 1872, p. 205.
♦ [Avec une valeur allégorique] Baiser de la nature :
• 17. Son amour de l'Océan fut la seconde épopée de ses sub-existences. Agenouillé dans le sable brûlant, il caressait la croupe des flots, dansait nu devant l'Eau amère, s'élançait en elle voluptueux sous la profonde et multiple caresse de bras infinis, dans l'évanouissement d'un baiser universel : la bouche et les mains de l'Eau sont partout en elle et ne peuvent être comptées.
JOUHANDEAU, M. Godeau intime, 1926, p. 233.
— P. métaph.
♦ [En parlant d'une chose concr.] Arg., pop., p. réf. à l'expr. vieillie baiser la tasse, une outre. Une outre à laquelle on donna de longs baisers (DU CAMP, Mémoires d'un suicidé, 1853, p. 4); il vidait un litre d'un trait, en lui fichant un tel baiser à la régalade (ZOLA, L'Assommoir, 1877, p. 707). GASTRON. Petites meringues accolées par de la crème, etc. (cf. Ac. Gastr. 1962, MONT. 1967, LASNET 1970).
♦ [En parlant d'une chose abstr.] Approche, atteinte, adhésion. Baiser de la mort :
• 18. Heures divines du couchant où parfois la dure vie qui tout le jour nous gênait semble crever dans notre cœur. C'est un délire de poésie. En nous tout est sensible, vivant, s'épanouit. Voici donc qu'enfin nous souffrons! Comme la solitude, à nouveau, se fait belle et parleuse! Minutes étincelantes, baisers du désespoir et de la beauté, effusion de l'heure où les fleurs exagèrent leur coloration tandis que les bêtes inquiètes se lamentent.
BARRÈS, Mes cahiers, t. 3, 1904, p. 221.
Rem. À noter dans la lang. pop. arg. la forme abr. baise, subst. masc. (cf. G. DELESALLE, Dict. arg.-fr. et fr.-arg., 1896, pp. 320-352, A. BRUANT, Dict. fr.-arg., 1901, p. 43 et GIONO, Manosque des plateaux, 1930, p. 102 : ,,les deux joues lessivées d'un « baise » à la gloutonne...``; cf. aussi bise2).
PRONONC. :[] ou [beze].
ÉTYMOL. ET HIST. — 950-1000 « action d'appliquer ses lèvres sur une partie d'un être ou d'une chose en signe d'affection ou de respect » (Passion de Clermont-Ferrand, 32 dans K. BARTSCH, Chrestomathie de l'a. fr., p. 7 : Jhesus li bons nol refuded, al tradetur baisair doned).
Substantivation du verbe baiser1.
STAT. — Fréq. abs. littér. :4 606.
BBG. — GOOSSE (A.). Géogr. du baiser. In : [Mél. Legros (É.)]. Liège, 1973, pp. 205-210. — GOTTSCH. Redens. 1930, p. 358. — MARSHALL (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss. 1958, p. 43.
1. baiser [beze] v. tr.
ÉTYM. Xe, « en signe d'affection ou de respect »; XIIe, trans. dans les relations amoureuses; du lat. basiare.
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1 Appliquer, poser sa bouche sur le visage, la main ou sur une partie du corps de (qqn) par affection, amour, respect… ⇒ Baiser (n. m.); embrasser; fam. baisoter, bécoter, biser, bisouter. || Baiser qqn à la bouche, à la joue, au front, sur la bouche, sur les deux joues… — Baiser la main d'une dame. || Baiser le front, la joue de…
1 Viens baiser cette joue, et reconnais la place
Où fut jadis l'affront que ton courage efface (…)
Corneille, le Cid, III, 6.
2 Et baiser une main qui nous perce le cœur (…)
Corneille, Horace, IV, 4.
3 Sans cesse, nuit et jour, je te caresserai,
Je te bouchonnerai, baiserai, mangerai (…)
Molière, l'École des femmes, V, 4.
4 L'empereur devait baiser les pieds du pape, lui tenir l'étrier (…)
Voltaire, Essai sur les mœurs, 48.
5 Chacun baise en tremblant la main qui nous enchaîne.
Voltaire, Mort de César, II, 2 (Brutus).
6 Ma bouche, au lieu de trouver des paroles, s'avisa de se coller sur sa main, qu'elle retira doucement après qu'elle fut baisée, en me regardant d'un air qui n'était point irrité.
Rousseau, les Confessions, IV.
6.1 (…) il vient à moi, me considère dans cette humiliation, puis m'ordonne de me relever, et de le baiser sur la bouche; il savoure ce baiser plusieurs minutes et lui donne toute l'expression… toute l'étendue qu'il est possible d'y concevoir.
Sade, Justine…, t. I, p. 179.
7 Car j'eusse avec ferveur baisé ton noble corps,
Et depuis tes pieds frais jusqu'à tes noires tresses
Déroulé le trésor des profondes caresses.
Baudelaire, les Fleurs du mal, XXXII.
7.1 Françoise repoussait vivement Jean, mais il avait oublié d'embrasser son cou, il le voyait là tout près de lui, il ne pouvait exactement s'en rappeler l'odeur, et courait encore une fois à elle, la baisait vite au cou et, allant se placer loin d'elle, comme la porte allait s'ouvrir, avait soin de lui dire, pour qu'elle ne lui comptât pas cette faveur : « C'était trop vite, je n'ai pas eu le temps de sentir. »
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 764.
7.2 Ah que je suis malheureux je n'ai qu'une bouche ne peux en baiser qu'une à la fois.
REM. Par suite de son évolution (→ ci-dessous, II.), baiser est généralement remplacé par embrasser. Baiser qqn, et, absolt, baiser ne sont plus d'usage décent, comme ils l'étaient à l'époque classique (où ils pouvaient d'ailleurs être l'occasion de sous-entendus).
8 — (Argan). Allons, saluez Monsieur.
— (Thomas Diafoirus). Baiserai-je ?
Molière, le Malade imaginaire, II, 5.
♦ (Le compl. désigne un objet symbolique). Appliquer la bouche sur… || Baiser des reliques avec effusion, avec ferveur. || Baiser l'anneau de l'évêque, la mule du pape. || Baiser un crucifix, une image sainte. ⇒ Baisement, baise-pied.
9 Combien de fois pria-t-il le Sauveur des âmes, en baisant la croix, que son sang répandu pour lui ne le fût inutilement.
Bossuet, Oraison funèbre de Louis de Bourbon.
10 Paul s'en saisit aussitôt, la baisa avec transport (la lettre de Virginie).
Bernardin de Saint-Pierre, Paul et Viginie.
11 O lignes que sa main, que son cœur a tracées !
O nom baisé cent fois ! craintes bientôt chassées !
André Chénier, Élégies, III.
11.1 Mais l'autre ne faisait que pleurer et gémir et demander pardon ! et il voulait embrasser les pieds de Nicole et il baisait le bas de sa jupe et il la suppliait de lui dire si elle l'aimait toujours !
G. Leroux, Rouletabille chez Krupp, p. 138.
♦ ☑ Loc., vx. Baiser les mains à qqn, lui faire ses compliments, dans le style épistolaire.
12 Sur cela je vous baise très humblement les mains.
Mme de Sévigné, Lettres, 10.
♦ ☑ Fig. Baiser les pas, la trace des pas de qqn, lui témoigner un grand respect, une grande reconnaissance.
13 Vous êtes trop heureux de voir et d'entendre tous les jours M. de Turenne, vous n'avez que lui de parent et de père; baisez les pas par où il passe.
Mme de Sévigné, Lettres, 204.
♦ ☑ Fig. Baiser les pieds de qqn, à qqn : s'humilier devant lui en signe de soumission ou de réconciliation.
2 Poét. (Le sujet désigne un élément naturel). Toucher légèrement. ⇒ Caresser, effleurer.
14 L'onde qui baise ce rivage,
De quoi se plaint-elle à ses bords ?
Lamartine, Méditations…, II, 15.
15 De grosses vagues venaient baiser les plaies béantes de la corvette, baisers redoutables.
Hugo, Quatre-vingt-treize, I, II, 6.
♦ Se baiser, v. pron. (V. supra cit. 8 la remarque qui s'applique également au verbe réciproque).
16 Et le cristal poli, reflétant leurs images, les montrait debout et se baisant les lèvres avant de se séparer.
Maupassant, les Sœurs Rondoli, « Rencontre », p. 240.
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II (Attesté XVIe). Fam.
1 Posséder sexuellement (une femme).
17 Si l'on ne baise aux Enfers
N'espérez plus d'être baisée.
18 Quand tu iras à Paris va chez ce brave Pradier. Passe aussi rue de la Paix, no 2. Tu donneras de mes nouvelles et tu baiseras la dame du logis. Ça te fera plaisir et à moi aussi.
Flaubert, Lettre à L. Bouilhet, 2 juin 1850, Correspondance, Pl., t. I, p. 632.
19 Avec d'autres gens tu discutes, dit Nadine, dont la voix brusquement s'aigrit, avec moi tu ne veux jamais; je suppose que c'est parce que je suis une femme; les femmes, c'est juste bon à se faire baiser.
S. de Beauvoir, les Mandarins, p. 155 (1954).
20 D'ailleurs, dans leur Mouvement de Libération de la Fesse, c'est tout un tas de vieilles gouinasses qui la ramènent, des mal-baisées ! des qu'ont jamais joui correctement !
Alphonse Boudard, Manouche se met à table, p. 121.
♦ Absolt. Faire l'amour (homme ou femme). || Il, elle baise bien.
21 Elle ne se préoccupe pas le moins du monde d'avec qui je baise, mais prétend me dicter pour qui je vote !
Aragon, Blanche…, II, I, p. 180.
22 — Alors, Lamélie, dit Cidrolin, en attendant de te marier, veux-tu te distraire ou t'instruire ?
— Non, papa, ce que je veux, c'est baiser.
R. Queneau, les Fleurs bleues, p. 62 (1965).
REM. L'emploi du verbe avec un sujet désignant une femme est récent.
2 Fam. Posséder, tromper. || Il s'est fait baiser. ⇒ Avoir, berner, rouler.
23 Il (…) s'esclaffait de la sottise des flics qu'il avait, selon ses propres termes, « baisés du commencement à la fin ».
J. Dutourd, Au bon beurre, p. 225.
♦ Prendre sur le fait, surprendre en tort. || Se faire baiser par le contrôleur.
24 (…) ils sont déterminés, sûrs que vous préparez un coup fumant, une coopérative de vente rassemblant contre eux tous les armements artisanaux, pour briser leur monopole et les baiser.
Pierre Accoce, le Polonais, p. 24.
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DÉR. et COMP. (Du sens I) Baise, 2., baisemain, baisement, baise-pied, 2. baiser, n., baiseur, I., baisoter, 1. et v. pron., baisure. — (Du sens II) Baisable, baisant, baise, 1., baise-en-ville, baiseur, II., baisodrome, baisoter, 2.
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2. baiser [beze] n. m.
ÉTYM. XIe; infinitif subst. du v. baiser.
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1 Action de poser ses lèvres sur le visage, la main ou une autre partie du corps d'une personne. Résultat de cette action. || Un baiser sur la joue, sur la bouche. ⇒ 1. Baiser (I.); fam. bécot, bise, bisou, poutou. || Baiser d'affection. || Baiser d'amour. || Baiser affectueux, chaste, innocent. || Doux, tendres baisers. || Petit baiser. || Gros baiser. || Baiser sonore. || Baiser amoureux, ardent, avide, brûlant, caressant, enivrant, langoureux, languissant, voluptueux. || Premier baiser. || Dernier baiser. || Baiser d'adieu. || La tendresse, l'ardeur, la chaleur d'un baiser. || Donner, appliquer (cit. 33), déposer, poser, planter un baiser. || Prendre, cueillir, dérober, ravir, voler un baiser à qqn. || Recevoir, rendre un baiser. || Demander, refuser un baiser. || Couvrir, manger, dévorer quelqu'un de baisers. ⇒ Caresse. — (Baiser intra-buccal). || Baiser profond, prolongé. || Baiser langue en bouche. ⇒ fam. Galoche, patin, pelle; → Langue fourrée.
1 Et cependant viens recevoir
le baiser d'amour fraternelle.
La Fontaine, Fables, II, 15.
2 (…) ce baiser dont la chaleur lui faisait connaître que c'était un véritable baiser d'amour, et non un baiser de simple galanterie (…)
La Fontaine, les Amours de Psyché, II.
3 En cet endroit, mille baisers de flamme
Furent donnés, et mille autres rendus.
La Fontaine, Contes, « La fiancée du roi de Garbe. »
4 (…) de prendre un baiser il forma le dessein (…)
La Fontaine, Contes, « La fiancée du roi de Garbe. »
5 Donnez-moi donc un petit baiser pour gage de votre parole.
Molière, Dom Juan, II, 11.
6 L'Amour refuse les baisers qu'il veut qu'on lui ravisse.
Helvétius, Notes et maximes, p. 272.
7 (…) On ne prend guère de baisers coupables sur la même bouche où l'on en prit d'innocents.
Rousseau, Julie ou la Nouvelle Héloïse, VI, 2.
8 Mes baisers, à l'entendre, étaient froids, insensibles.
André Chénier, Élégies, XIX.
8.1 Et, comme en disant cela, l'interprète des Dieux lui avait passé la main sous le menton, en lui donnant un baiser beaucoup trop mondain pour un homme d'Église, Justine qui ne l'avait que trop compris, le repoussa en lui disant : « Monsieur, je ne vous demande ni l'aumône ni une place de servante (…) »
Sade, Justine…, t. I, p. 11-12.
9 Son âme avait passé dans ce dernier baiser.
Lamartine, Jocelyn, IX, 324.
10 (…) Tu pleurais; sur ta bouche adorée
Tu laissas tristement mes lèvres se poser
Et ce fut ta douleur qui reçut mon baiser.
A. de Musset, Lucie.
11 Les lèvres qu'un baiser vient d'unir devant Dieu.
A. de Musset, Lettre à Lamartine.
12 Poète, prends ton luth, et me donne un baiser (…)
A. de Musset, Nuit de Mai.
13 Ô baiser ! mystérieux breuvage que les lèvres se versent comme des coupes altérées !
A. de Musset, Confession d'un enfant du siècle, III, 11.
14 — Oh ! que n'ai-je aussi, moi, des baisers qui dévorent (…)
Des caresses qui font mourir !
Hugo, Odes, XV, IV, 15.
15 Qu'est-ce que ton baiser ? — Un lèchement de flamme.
Hugo, la Légende des siècles, « Épopée du ver », XIII.
16 Trop de paradis, l'amour en arrive à ne pas vouloir cela. Il lui faut la peau fiévreuse, la vie émue, le baiser électrique et irréparable, les cheveux dénoués, l'étreinte ayant un but.
Hugo, L'Homme qui rit, p. 143.
17 Ils s'étreignirent, et toute leur rancune se fondit comme une neige sous la chaleur de ce baiser.
Flaubert, Mme Bovary, II, 11.
18 (…) le plus grand baiser d'amour qu'elle eût jamais donné.
Flaubert, Mme Bovary, III, 8 (→ Crucifix).
19 De ces baisers puissants comme un dictame (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Le portrait ».
20 Mère des jeux latins et des voluptés grecques,
Lesbos, où les baisers languissants ou joyeux,
Chauds comme les soleils, frais comme les pastèques (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Lesbos ».
21 (…) on a sur les lèvres le goût de ses baisers (…)
Maupassant, les Sœurs Rondoli, III.
21.1 Se penchant un peu plus, elle affleura son front, puis ses yeux, puis ses joues de baisers lents, légers, délicats comme des soins. Elle le touchait à peine du bout des lèvres, avec ce petit bruit de souffle que font les enfants qui embrassent. Et cela dura longtemps, très longtemps. Il laissait tomber sur lui cette pluie de douces et menues caresses qui semblait l'apaiser, la rafraîchir, car son visage contracté tressaillait moins qu'auparavant.
Puis il dit :
— Any ?
Elle cessa de le baiser pour entendre.
Maupassant, Fort comme la mort, éd. 1889, p. 344.
22 Et je sens des baisers qui me viennent aux lèvres.
Rimbaud, Poésies, « À la musique ».
23 Longs baisers plus clairs que des chants,
Tout petits baisers astringents
Qu'on dirait qui vous sucent l'âme,
Bons gros baisers d'enfants, légers
Baisers danseurs, telle une flamme.
Baisers mangeurs, baisers mangés,
Baisers buveurs, bus, enragés,
Baisers languides et farouches,
Ce que t'aimes bien, c'est surtout,
N'est-ce pas ? les belles boubouches.
Verlaine, Parallèlement, « L'impénitent ».
23.1 Quel singulier baiser, appuyé et pourtant froid, inutile et nécessaire ! Baiser de lèvres absentes sur une joue qui n'a aucune saveur, ni celle de la chair, ni celle du bois. Il ne sent rien à sa joue, moi, rien à mes lèvres. Le frisson reste au cœur.
J. Renard, Journal, 13 déc. 1896.
24 (…) Un baiser, mais à tout prendre, qu'est-ce ? (…)
Un point rose qu'on met sur l'i du verbe aimer (…)
Edmond Rostand, Cyrano de Bergerac, III, 9.
25 L'amour humain ne se distingue du rut stupide des animaux que par deux fonctions divines : la caresse et le baiser.
Pierre Louÿs, Aphrodite, II, 5.
25.1 Et son divin baiser, frémissant et farouche,
Était comme une fleur qu'on cueille avec la bouche.
Charles van Lerberghe, Entrevisions, « Elle défit le nœud de sa ceinture », 1898.
26 (…) L'homme (…) n'en possède aucun (d'organe) qui serve au baiser.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. VII, p. 232.
27 Chaque baiser appelle un autre baiser. Ah ! dans ces premiers temps où l'on aime, les baisers naissent si naturellement ! Ils foisonnent si pressés les uns contre les autres; et l'on aurait autant de peine à compter les baisers qu'on s'est donnés pendant une heure que les fleurs d'un champ au mois de mai.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. II, p. 33.
28 Mais s'aimaient-ils vraiment ? Peut-être qu'au fond ils n'aimaient que les baisers qu'ils se donnaient ?
Valery Larbaud, Amants, heureux amants…, p. 28.
29 Elle se pencha, vite, très vite, et mit sur la tempe du jeune homme un baiser d'oiseau, une caresse imperceptible, mais si tiède et si tendre qu'elle acheva de le bouleverser.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VIII, 12.
29.1 Séil-kor, pris de vertige, entoura son amie de ses bras et déposa sur ses joues fraîches deux chastes baisers qui le laissèrent ivre et chancelant.
Raymond Roussel, Impressions d'Afrique, p. 226.
♦ ☑ Loc. Relig. Baiser de paix, qui se donne en signe de réconciliation. Cérémonie qui a lieu pendant la grand-messe.
30 Il n'a donné à J.-C. le baiser de paix que pour le trahir (…)
♦ ☑ Baiser de Judas : baiser perfide, par allusion au baiser donné par Judas à Jésus, pour le désigner aux soldats romains. ⇒ Traître (baiser de traître). → 1. Porter, cit. 5.
31 Celui à qui je donnerai un baiser (dit Judas) c'est lui : arrêtez-le.
Bible (Crampon), Évangile selon saint Matthieu, XXVI, 48.
♦ ☑ Baiser Lamourette : réconciliation éphémère, par allusion au rapprochement ébauché par Lamourette à l'Assemblée législative (1792) où des adversaires s'embrassèrent.
♦ Baisers (mille, tendres, gros, etc.) : formule finale affectueuse dans une lettre.
2 Fig., poét. (Le sujet désigne un élément naturel). Ce qui effleure doucement. ⇒ Caresse, contact. || Les baisers de l'onde, du soleil.
32 (Elle) se livre sans voile aux baisers du zéphyr.
Delille, Trois règnes, VI.
Encyclopédie Universelle. 2012.