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avaler

avaler [ avale ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1080 « descendre rapidement » ( avalé); de 1. aval
1Faire descendre par le gosier. absorber, 1. boire, ingérer, ingurgiter, 1. manger. Avaler une gorgée d'eau. Avaler d'un trait, d'un seul coup. Je n'ai plus faim, je ne peux plus rien avaler. 1. manger. Avaler les morceaux avidement, sans mâcher. engloutir. Avaler tout rond. Avaler un œuf cru. gober. « Il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée » (Flaubert). « Les bouches s'ouvraient, se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement » (Maupassant). (1856) Avaler de travers, l'épiglotte ayant laissé passer des particules alimentaires dans la trachée. — Par ext. Avaler ses mots en parlant : ne pas prononcer toutes les syllabes.
Loc. fig. Il avalerait la mer et les poissons : il est affamé, assoiffé, insatiable. — Fam. Avoir avalé sa langue : rester obstinément silencieux. — Avaler sa salive. Il a l'air d'avoir avalé sa canne, son parapluie : il est très guindé. — Avaler la pilule : supporter sans protester une chose désagréable. — Avaler des couleuvres. On dirait qu'il va l'avaler, l'avaler tout cru : il le (la) regarde avec un air furieux. — Fam. Avaler son acte (son bulletin) de naissance, avaler sa chique : mourir. — Fig. Le distributeur a avalé ma carte de crédit.
2Fig. et vieilli ravaler , rentrer. « Elle s'était tue, avalant sa rage dans un stoïcisme muet » (Flaubert).
3Fig. Absorber, s'approprier. dévorer. Il veut tout avaler, se dit d'un homme avide, arriviste, présomptueux. ⇒fam. bouffer (cf. Avoir les dents longues, en vouloir). Avaler un livre, un roman, le lire avec avidité. « Pour digérer le savoir il faut l'avoir avalé avec appétit » (France). Sport Avaler l'obstacle, le franchir sans peine, à vive allure. Voiture qui avale la route, les kilomètres, qui roule très vite.
4Fig. Accepter sans critique. croire; fam. gober. « C'est à vous de l'y résoudre et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez » (Molière). « Ça n'est pas un bobard ? On peut vous faire avaler n'importe quoi » (Sartre). — ⇒ 1. supporter. C'est un peu dur à avaler (cf. ci-dessus Avaler la pilule).

avaler verbe transitif (de aval 1) Faire descendre quelque chose par le gosier en déglutissant : Avaler un cachet. Absorber un aliment, le manger : Je n'ai rien avalé depuis deux jours.avaler (expressions) verbe transitif (de aval 1) Populaire. Avaler son bulletin de naissance, mourir. Familier. Avaler une histoire, un récit, etc., les croire sans le moindre esprit critique. Familier. Avaler des kilomètres, les parcourir rapidement. Avaler un livre, le lire avec avidité et rapidement. Familier. Avaler le morceau, la pilule, subir un affront sans réagir. Avaler un mot, un son, ne pas les prononcer clairement. Familier. Avoir avalé son parapluie, sa canne, être guindé. Familier. Dur à avaler, se dit de ce qu'il est difficile de croire ou d'accepter, de supporter. Familier. (Vouloir) avaler quelqu'un, le regarder avec des yeux furieux. Familier. Vouloir tout avaler, être plein de fougue, croire qu'aucun obstacle ne vous résistera. Fraisage en avalant, opération de fraisage où la composante de l'effort de coupe suivant l'axe du mouvement d'avance de la pièce est orientée dans le sens de ce mouvement. Usiner en avalant, travailler à la machine avec un outil rotatif attaquant dans le sens d'avance du bois. ● avaler (homonymes) verbe transitif (de aval 1)avaler (synonymes) verbe transitif (de aval 1) Faire descendre quelque chose par le gosier en déglutissant
Synonymes :
- absorber
- boire
- ingérer
- ingurgiter
- prendre
Contraires :
- cracher
- recracher
- rejeter
- rendre
- vomir
Absorber un aliment, le manger
Synonymes :
- ingurgiter
- prendre
Avaler un livre
Synonymes :
- dévorer
- engloutir
Familier. Dur à avaler
Synonymes :
- encaisser (populaire)
- gober (familier)

avaler
v. tr.
d1./d Faire descendre par le gosier dans le tube digestif. Avaler un bouillon, un oeuf.
|| Loc. fig. Avaler des couleuvres.
d2./d Fig. Lire avidement. Avaler un roman.
d3./d Fig. Croire naïvement. Tu avales ces sornettes?

I.
⇒AVALER1, verbe trans.
A.— Vx et techn.
1. Descendre, abaisser. Avaler une pièce de vin dans une cave (cf. avalé II A).
MODES. Avaler la ficelle. ,,Chez les chapeliers, avaler la ficelle, la faire descendre du haut de la forme jusqu'en bas`` (Nouv. Lar. ill.).
Emploi pronom. :
1. Louis tire à la fois avec les deux pistolets. Les deux coups ratent. Turelure reste un moment immobile et les yeux révulsés. Puis la mâchoire s'avale et il s'affaisse sur un bras du fauteuil.
CLAUDEL, Le Pain dur, 1918, II, 3, p. 455.
Emploi intrans., absol. Suivre le courant de la rivière. Le bateau avale, ce bateau va en avalant (Ac. 1932) :
2. Comme le poisson dans l'eau vive qui avale et remonte à contre-courant,
Celui qui est attaché à Vous remonte au rebours du temps.
CLAUDEL, La Messe là-bas, 1919, p. 487.
2. Divers domaines techn. Enlever en faisant tomber, ôter. HORTIC. Avaler une branche. La faire tomber en la coupant près du tronc. SP. (alpinisme). Avaler la corde. L'enlever, ,,la tirer à soi pour ne pas la laisser traîner`` (GAUTRAT 1970). VÉN. Avaler la botte au limier. Lui enlever son collier pour qu'il chasse en liberté.
B.— Usuel. Faire descendre par le gosier :
3. On disait à Louis XV qu'un de ses gardes, qu'on lui nommait, allait mourir sur-le-champ, pour avoir fait la mauvaise plaisanterie d'avaler un écu de six livres.
CHAMFORT, Caractères et anecdotes, 1794, p. 132.
4. À peine avait-il commencé à faire le mouvement de tête et d'épaules de quelqu'un qui s'esclaffe qu'aussitôt il se mettait à tousser comme si, en riant trop fort, il avait avalé la fumée de sa pipe.
PROUST, Du côté de chez Swann, 1913, p. 262.
5. D'un mouvement d'épaules, Pierre-Côme Provençal ramassa son corps énorme comme pour mieux se retirer en soi. Mortellement offensé, d'une puissante déglutition il avala sa salive, refoulant en même temps les paroles irrévocables, capables de tuer leur amitié ancienne et aussi de ruiner sa carrière de maire.
G. GUÈVREMONT, Le Survenant, 1945, p. 272.
SYNT. Avaler d'un trait, de travers; avaler une bouchée, une gorgée, une lampée; avaler à la hâte, à contre-cœur; avaler avec application, avidité, difficulté.
Absolument :
6. Les bouches s'ouvraient et se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement.
MAUPASSANT, Contes et nouvelles, t. 2, Boule de suif, 1880, p. 126.
Fam. Ne faire que tordre et avaler. Manger très vite, à la hâte.
P. métaph. :
7. La cathédrale avalait toujours, la nef s'emplissait lentement...
ZOLA, Le Rêve, 1888, p. 124.
Emploi pronom. (passif) :
8. Ils [les canetons] mangent des herbes mélangées de farine, puis des grains; cela dans leur jeune âge. Grands, ils dévorent tout ce qui peut s'avaler. Les loches d'eau sont leur régal.
PESQUIDOUX, Chez nous, 1921, p. 252.
C.— P. métaph. ou au fig., gén. fam.
1. [Le suj. désigne une pers.; effets de sens variés suiv. le sens de l'obj.] Prendre ou faire quelque chose avec une avidité excessive. Avaler la mer et ses poissons. Être assoiffé. Avaler un livre. Le lire très vite. Avaler ses mots. Mal prononcer. Avaler des yeux. Regarder intensément. Avaler le monde. Vouloir tout connaître. Avaler son parapluie. Être guindé. Avaler sa langue. Se taire. Avaler sa colère, ses réflexions. Les garder pour soi.
2. [Le suj. désigne une chose] Faire disparaître comme en engloutissant :
9. Mais vous excuserez de pauvres vignerons qui n'ont jamais le sou. Les impôts nous avalent tout.
BALZAC, Eugénie Grandet, 1834, p. 67.
Avaler la route. Rouler à vive allure, très vite :
10. Il n'y a pas plus de sécurité dans ces entreprises que dans une auto qui avale la route.
ALAIN, Propos, 1931, p. 1034.
Emploi pronom., fam. [Le suj. désigne une pers.] S'avaler le nez (l'un à l'autre). Se menacer, se disputer.
3. Accepter, endurer avec résignation :
11. Avalant les affronts, gobant les camouflets et collectionnant les avanies, il [Meyer] se venge comme il peut...
L. DAUDET, Salons et journaux, 1917, p. 149.
12. C'était un peu dur à avaler, n'est-ce pas, pour un homme de gauche, toute cette politique militaire de Poincaré...
ARAGON, Les Beaux quartiers, 1936, p. 199.
Loc. usuelles. Avaler des couleuvres ou un crapaud. Subir un mauvais sort sans se plaindre. Avaler le calice, le morceau, la pilule. Se soumettre à une épreuve désagréable. Avaler un bouillon. Subir un échec.
Emploi factitif. [Avec un obj. second, désignant une pers.] Faire avaler qqc. à qqn. Le lui faire croire.
4. Arg. Avaler le disque, le luron ou le sapeur. Communier. Avaler son poussin. Être renvoyé, congédié. Avaler son absinthe. Endurer une épreuve très désagréable. Avaler son extrait, son bulletin ou son acte de naissance, avaler sa fourchette ou sa cuillère, avaler sa langue, sa chique, sa gaffe, le goujon. Mourir. [En parlant d'une femme] Avaler le pépin. Être enceinte.
PRONONC. — 1. Forme phon. :[avale], j'avale []. 2. Homon. : aval2 et avale (j', il), avales (tu), avalent (ils). Enq. :/aval/ (il) avale.
ÉTYMOL. ET HIST.
A.— 1. Ca 1100 « descendre » (Roland, 1037, Müller ds GDF. : Cum il ainz pout del pui est avalez) — XVIe s. ds HUG.; spéc. navigation fluviale 1172-75 pronom. « descendre selon le cours de l'eau » (CHR. DE TROYES, Chevalier Charrette, éd. W. Fœrster, 848 ds T.-L.), ,,vieilli`` ds Ac. 1835; 1415 adj. avalens « qui descend la rivière » (Ordonn. de Charles VI, art. 550-5 ds JAL1); 1672 subst. masc. avalant « qui suit le cours de l'eau » (Savary des Bruslons d'apr. FEW s.v. vallis); av. 1701 subst. masc. avalant « bateau qui suit le cours de l'eau » (FUR.); 2. a) 1172-75 trans. « faire descendre, abaisser » (CHR. DE TROYES, Chevalier Lion, éd. W. Fœrster, 3787 ds T.-L. : Et vaslet saillent jusqu'a set Qui li ont le pont avalé), qualifié de ,,bas et pop.`` dep. 1694, Ac., ,,vieilli`` ds Lar. 19e; b) spéc. 1723 technol. (chapellerie) avaler la ficelle (SAVARY DES BRUSLONS, Dict. universel de commerce); 1778 vén. avaler la botte au limier « la lui enlever pour le laisser chasser librement » (LE VERRIER DE LA CONTERIE, Vénerie normande d'apr. FEW s.v. vallis); 1838 (Ac. Compl. 1842); d'où 3. a) XIIe s. « abattre, faire tomber par un coup » (Moniage Guillaume, éd. W. Cloetta, S.A.T., Paris, 1906, d'apr. FEW s.v. vallis); av. 1520 (SEYSSEL, trad. d'APPIEN, Guerres civiles, II, 9 ds HUG. : Lors vindrent à luy deux des ennemys... desquelz il en tua un, et à l'autre avala une espaule); qualifié de ,,bas`` 1718, Ac., ,,ancien`` 1845, BESCH.; b) 1690 spéc. hortic. (FUR.); 4. XIVe s. part. passé adjectivé « tombant, pendant » (Modus, f° XIV, r° ds LITTRÉ : Le cerf doit avoir le ventre bien avalé); 1680 pronom. (RICH.); 5. 1783 trans. spéc. mines « creuser » (J. BLAVIER, Mém. s. l'admin. des mines d'Anzin ds QUEM. : Jamais on n'avale de fosse sans consulter auparavant en quel endroit elle pourra mieux produire ce double effet [d'extraction et d'aérage]).
B.— 1. Fin XIIe s. « faire descendre par le gosier » (RENAUT DE MONTAUBAN, éd. H. Michelant, 378, 16 ds T.-L. : Soupes fist de noir pain que a dolor avale); 2. XVe s. « accepter, supporter, se soumettre à » (Les erreurs du jugement, 760, éd. A. Piaget, La belle dame sans mercy et ses imitations, ds Romania, t. 33, p. 195 : Helas! l'en eust bien tost deffait L'ouvraige que dame Nature Avoit en celle la parfait ... Et tout pour ung meschant ordure Qui ne valloit pas le parler, Dont par ce moien la blessure Estoit plus dure a avaller), d'où de nombreuses expr. souvent familières; 1835 fam. « faire croire » (Ac.); v. aussi BESCH. 1845, Lar. 19e.
Dér. de aval1, dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :1 307. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 1 156, b) 2 183; XXe s. : a) 2 565, b) 1 859.
BBG. — Ac. Gastr. 1962. — BAUDR. Chasses 1834. — BRUANT 1901. — Canada 1930. — DARM. Vie 1932, p. 132, 158. — DUCH. 1967, § 45, 50. — DUPIN-LAB. 1846. — ÉD. 1967. — ESNAULT (G.). Avaler sa gaffe. Vie Lang. 1955, pp. 307-310. — FOULET (L.). Avaler et descendre. In : [Mél. Ford (J.D.M.)] Cambridge (Mass.), 1948, pp. 25-52. — FRANCE 1907. — FRANCE Suppl. 1907. — GAUTRAT 1970. — GOTTSCH. Redens. 1930, passim. — GOUG. Mots t. 1 1962, p. 59. — JAL 1848. — LARCH. 1880. — LARCH. Suppl. 1880. — Lar. méd. 1970. — LA RUE 1954. — LE BRETON 1960. — LE ROUX 1752. — LITTRÉ-ROBIN 1865. — MACR. 1883. — MARCEL 1938. — MICHEL 1856. — MARSHALL (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 38 (Thèse Univ. Paris, 1958.). — PLAIS.-CAILL. 1958. — SANDRY-CARR. 1963.
II.
⇒AVALER2, verbe trans.
DR. COMM., vx, inus. Donner un aval de garantie (cf. aval2). Avaler un billet à ordre, une lettre de change. Synon. cour. avaliser.
PRONONC. ET ORTH. — Cf. avaliser.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1690 fin. (FUR. : Avaler [...] c'est Répondre d'un billet, ou d'une lettre de change, qu'on negotie, et qu'on certifie bon et exigible), rare; qualifié de ,,vieilli`` par DG; v. aussi avaliser.
Dér. de aval2 : dés. -er.

avaler [avale] v.
ÉTYM. 1080; de 1. aval.
———
I Vx ou techn.
1 V. tr. Vx. Faire descendre. || Avaler une pièce de vin dans la cave. Avalage, avalement (vx).
Mod. Techn. (alpinisme). Faire descendre (qqch.) à soi. || Avaler une corde détendue.
(Hortic.). || Avaler une branche.
2 V. intr. Mod. Techn. Descendre une rivière. || Les anguilles avalent. || Une péniche avale. Avalant.
3 V. pron. || S'avaler : pendre, descendre trop bas. || Le ventre de cette jument s'avale. || Des bajoues qui s'avalent.
———
II Cour. V. tr.
1 Faire descendre par le gosier. Absorber, boire, ingérer, ingurgiter, manger. || Avaler une gorgée d'eau. || Avaler d'un trait, d'un seul coup, cul sec, un grand verre de vin. || Avaler une bouchée de pain. || Avaler une pastille (cit. 2). || Je n'ai plus faim, je ne peux plus rien avaler. Manger. || Avaler les morceaux avidement, gloutonnement, goulûment, sans mâcher. Engloutir, friper (vx). || Avaler de l'air en mangeant. || Avaler sa salive (cit.). || Avaler un œuf cru. Gober.Le poisson a avalé l'hameçon. || Le chien a avalé une boulette empoisonnée.Absolt. (→ cit. 5).
1 (…) je l'allai décoiffer (la bouteille) en mon étude, où j'avalai de bonnes gorgées.
Charles Sorel, Francion, IV, p. 150.
2 (…) il ne peut avaler une bouchée.
G. Sand, François le Champi, IX.
3 (…) enfin, se sentant aussi agité que s'il eût avalé de la poudre à canon, il s'appuya contre l'arbre qui abritait les deux enfants et les regarda dormir.
G. Sand, la Mare au Diable, X, p. 86.
4 (…) il faisait, en avalant sa soupe, un gloussement à chaque gorgée.
Flaubert, Mme Bovary, I, 9.
5 Les bouches s'ouvraient, se fermaient sans cesse, avalaient, mastiquaient, engloutissaient férocement.
Maupassant, Boule de suif, I, p. 25.
6 Le député reprit salive, comme un malade avale une pilule (…)
M. Barrès, Leurs figures, p. 328.
7 C'était une perche hérissée, épineuse, qui, goulue comme toutes ses pareilles, avait avalé l'hameçon jusqu'au ventre.
J. Renard, Histoires naturelles, p. 88.
7.1 La femme de journée devrait être là d'un moment à l'autre et, d'après ce qu'elle m'a dit hier soir, Maman ne tardera pas non plus. Tâche d'avaler quelque chose, quand même.
Hervé Bazin, Cri de la chouette, p. 276.
(1856). Avaler (qqch.) de travers, l'épiglotte ayant laissé passer des particules alimentaires dans la trachée. Par métaphore (et absolument) :
8 Quand ma supériorité dînait à trente sous au pays latin, elle avalait de travers, gênée par les regards dont elle se croyait l'objet.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 179.
Loc. fig. Fam. Avoir soif à avaler sa langue, à avaler la mer et les poissons : avoir très soif. — ☑ Il avalerait la mer et les poissons : il est cupide, insatiable.
S'ennuyer à avaler sa langue. || Avaler sa langue d'ennui. Pron. :
8.1 Deux créatures qui ne se conviennent pas pourraient aller chacune de son côté : eh bien ! (…) il faut qu'elles restent là en face l'une de l'autre à se bouder, à se maugréer, à s'aigrir d'humeur, à s'avaler la langue d'ennui, à se manger l'âme et le blanc des yeux (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 1.
Loc. fig. Fam. Avoir avalé sa langue : garder le silence; refuser de parler. || Tu ne dis plus rien; tu as avalé ta langue ? — ☑ Avaler sa salive : taire ce qu'on est tenté de dire. — ☑ Avoir l'air d'avoir avalé une canne, son parapluie : être guindé. — ☑ Il a avalé un chat par la queue : il est enroué. — ☑ On dirait qu'il va l'avaler, l'avaler tout cru : il le regarde avec des yeux furieux. — ☑ Avaler son bulletin de naissance, son extrait de naissance : mourir.
8.2 Le défunt Riton, il venait de payer cher ses conneries, d'accord ! n'empêche qu'il passait la main quand même à mézigue, pour la suite … J'avale mon extrait de naissance, arrange-toi, mon pote … Bonne pince !
Albert Simonin, Touchez pas au grisbi, p. 178.
Avaler la tasse. Boire (la tasse).
Fig. (Concret). Faire rentrer dans la bouche.REM. Senti comme un figuré du sens II, ce sens procède probablement aussi du sens I, 3.
9 Le père Soupe était un petit vieux à lunettes, de qui l'édentement peu à peu avait avalé les minces lèvres.
Courteline, Messieurs les ronds-de-cuir, II, 1.
2 Fig. Dissimuler. || Avaler sa rage, ne pas l'extérioriser; dissimuler l'indignation, la colère que l'on éprouve.
10 Mais, elle s'était tue, avalant sa rage dans un stoïcisme muet, qu'elle garda jusqu'à sa mort.
Flaubert, Mme Bovary, I, 1.
Avaler ses mots en parlant : prononcer indistinctement.
(Sujet n. de chose). Littér. Absorber, faire disparaître.
10.1 La nuit nous avala.
Jacques Laurent, les Bêtises, p. 152.
3 Par métaphore (de 1.), fig. Fam. || Il veut tout avaler, se dit d'un homme avide, arriviste, présomptueux (fam. un avale-tout, un avale tout-cru) qui prétend tout conquérir. Bouffer; → Avoir les dents longues.
Avaler un livre, un roman, le lire avec avidité. Dévorer.
11 Pour Pauline, cette dévoreuse de livres, j'aime mieux qu'elle en avale de mauvais que de ne point aimer à lire.
Mme de Sévigné, 1255, 15 janv. 1690.
12 Ceux qui ont beaucoup de temps à eux et beaucoup de livres, en avalent tant qu'ils peuvent et se mettent tant de sortes de choses dans la tête que le Bon Dieu n'y connaît plus goutte.
G. Sand, François le Champi, VI.
Par métaphore explicite du sens II, 1 :
13 Pour digérer le savoir il faut l'avoir avalé avec appétit.
France, le Crime de S. Bonnard, p. 430.
(1891, in Petiot). Sports. || Avaler l'obstacle, le franchir sans peine, à vive allure.
Auto qui avale la route, les kilomètres, qui roule très vite.
Loc. Avaler (qqch., qqn) des yeux, le contempler avec avidité.
14 Ils l'avalent des yeux (l'huître), du doigt ils se la montrent (…)
La Fontaine, Fables, IX, 9.
4 a Fig. Accepter sans critique; croire. || Il avale tout ce qu'on lui raconte. || Faire avaler quelque chose à quelqu'un.C'est une histoire difficile à avaler, c'est un peu dur à avaler. — ☑ Loc. Vx. Avaler qqch. doux comme lait, comme des confitures.
15 Elle avalait cela plus doux que les confitures (…)
Antoine Hamilton, Mémoires du comte de Gramont, 9.
16 On juge au hasard, on n'examine rien, on avale la calomnie comme du vin de Champagne (…)
Voltaire, Lettre à Damilaville, 15 oct. 1762.
16.2 Prêts à tout avaler sans examen, non par esprit de foi, mais par indifférence et manque de culture.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 74.
Accepter sans réagir. Supporter. || Une injure difficile à avaler. REM. La langue classique connaît un emploi de valeur analogue, mais où la métaphore du sens concret reste toujours sensible :
17 La bise de Grignan qui vous fait avaler tous les bâtiments de vos prélats me fait mal à votre poitrine (…)
Mme de Sévigné, 1113, 29 déc. 1688.
18 J'avale ce voyage comme une médecine (…)
Mme de Sévigné, 1154, 23 mars 1689.
19 Monsieur le Prince fut contraint aussi d'avaler des louanges (…)
Mme de Sévigné, 799, 12 avr. 1680.
b Loc. métaph. ou fig. (où avaler a le sens II, 1). Avaler la pilule, le morceau : supporter sans protester une chose désagréable.
20 Ma sœur, tout doucement avalez la pilule (…)
J.-F. Regnard, le Joueur, II, 9.
21 C'est ainsi que son Excellence me dora la pilule, que j'avalai tout doucement, non sans en sentir l'amertume.
A. R. Lesage, Gil Blas, XII, 3.
22 (…) j'avalais à longs traits la coupe empoisonnée (…)
Rousseau, les Confessions, IX.
22.1 Je souhaiterais que les colons qui m'ont écrit ces ignobles lettres avalent enfin et digèrent la suprême pilule que me sert l'ingénieur des Mines (…)
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 21.
Avaler des couleuvres (cit. 4, 5) : subir des affronts sans protester.
23 Il faut savoir regarder d'un œil sec tout événement, avaler des couleuvres comme de la malvoisie.
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. V, XIII.
24 (…) tout occupés qu'ils sont d'avaler l'amère couleuvre.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IX, p. 161.
c Par métaphore ou figuré. Faire avaler (qqch. à qqn) : amener à accepter, supporter. || Ça, tu ne me le feras pas avaler !Par métaphore. || Faire avaler le morceau à qqn (même sens). || Faire avaler des avanies à qqn. || Faire avaler la pilule (→ cit. 31), même sens que ci-dessus : avaler la pilule.
25 C'est à vous de l'y résoudre et de lui faire avaler la chose du mieux que vous pourrez (…)
Molière, le Médecin malgré lui, III, 6.
26 De ces femmes aux beaux et louables talents
Qui savent accabler leurs maris de tendresse,
Pour leur faire avaler l'usage des galants (…)
Molière, Amphitryon, I, 4.
27 Il n'y a rien de si impertinent et de si ridicule qu'on ne fasse avaler lorsqu'on l'assaisonne en louange.
Molière, l'Avare, I, 1.
28 Des poires d'angoisse que vos cruautés me font avaler tous les jours (…)
Molière, la Comtesse d'Escarbagnas, IV, Billet de M. Tibaudier.
29 Il faut songer à ceux qui sont plus malheureux que nous, pour nous faire avaler nos tristes destinées.
Mme de Sévigné, 793, 26 mars 1680.
30 Après il faut l'histoire; si on a besoin de lui pincer le nez pour lui faire avaler, je la plains (…)
Mme de Sévigné, 1255, 15 janv. 1690.
31 (…) je comptais bien de lui parler avec adresse, et de lui faire avaler la pilule tout doucement.
A. R. Lesage, Gil Blas, VII, 4.
32 Un fâcheux morceau qu'il (le roi) voulait faire avaler.
Saint-Simon, Mémoires, VIII, 13.
33 On luy a doré la pilule pour la luy faire avaler.
Furetière, Dict.
REM. Alors que le sens dominant dans la langue classique est « faire supporter », les emplois modernes de faire avaler correspondent surtout à « faire croire » : tu ne me feras jamais avaler ça !
——————
avalé, ée p. p. adj.
ÉTYM. (1339, « déprécié »).
1 Vx (sens I du verbe). Qui tombe. Pendant, tombant. || Avoir les joues avalées, les épaules avalées (Académie). || Un chien à oreilles avalées.
34 Taille courte, cuisses longues, figure avalée, moustache triste (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. II, p. 72.
35 Le verrat doit avoir la tête grosse, le groin court et camus, le cou grand et épais, le ventre avalé (…)
Buffon, Hist. nat. des animaux, Le cochon.
36 Ils avaient tout à fait bonne mine, de grands yeux bleus, les épaules bien avalées, le corps droit et bien planté, plus de taille et de hardiesse que tous ceux de leur âge (…)
G. Sand, la Petite Fadette, II.
Loc. À bride avalée. Bride (à bride abattue).
2 (Sens II, plus ou moins croisé avec le sens I). || Lèvres avalées, pincées (→ ci-dessus, cit. 9).
DÉR. (De I.) Avalage, avalaison, avalant, avalement, avaloir (I.), avaloire, avalure. — (De II.) Avalable, avaleur, avaloir (II.).
COMP. (De II.) Avale-tout.

Encyclopédie Universelle. 2012.