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autrement

autrement [ otrəmɑ̃ ] adv.
altrement 1080; de autre
1D'une façon autre, d'une manière différente. différemment. Il faut procéder autrement, tout autrement. « Il ne peut en être autrement » (Valéry). Tu pourrais me parler autrement ! plus gentiment. Je n'ai pas pu faire autrement que d'y aller. « Il agit autrement qu'il parle ou qu'il ne parle » ( ACADÉMIE ). — AUTREMENT DIT, autrement appelé, autrement. 1. alias. « George Sand, autrement Madame Dudevant » (Chateaubriand). Par ext. (introduit une propos.) En d'autres termes. c'est-à-dire. Elle ne rentre pas dîner, autrement dit nous dînerons seuls.
2Dans un autre cas, dans le cas contraire. sinon (cf. Sans quoi). Faites attention, autrement vous aurez affaire à moi.
3 ♦ PAS AUTREMENT : pas beaucoup. ⇒ guère, peu. Cela n'est pas autrement utile. Je ne m'en étonne pas autrement.
4 ♦ AUTREMENT, compar. de supériorité portant sur un adj. ou un adv. Bien plus. ⇒ plus; beaucoup. Elle est autrement jolie. Celui-ci est autrement intéressant. Renforçant un compar. (emploi critiqué mais plus cour.) 1. bien. C'est autrement plus utile. Elle est autrement moins raisonnable que sa sœur.

autrement adverbe D'une autre façon : Il agit autrement qu'il ne parle. À un plus haut degré : La crise est autrement plus sérieuse qu'on ne l'avait prévu. Dans le cas contraire, sinon, sans quoi : Tout a dû bien se passer, autrement on nous aurait prévenus.autrement (difficultés) adverbe Construction 1. Autrement (+ adjectif) = bien plus. Il est autrement grand. Recommandation Ne pas employer autrement plus (= bien plus plus) qui constitue un pléonasme. 2. Autrement... que... ne... Le ne est facultatif si la première proposition est affirmative ou interrogative : cela s'est passé autrement que je le pensais ou que je ne le pensais ; faisons-nous autrement que nous avions promis ou que nous n'avions promis ? En revanche, jamais de ne si la première proposition est négative : il ne pense pas autrement que pensaient ses ancêtres. ● autrement (expressions) adverbe Autrement dit, pour user d'un autre terme ; en d'autres mots. Pas autrement, guère : Sa démission ne m'a pas autrement surpris.autrement (synonymes) adverbe D'une autre façon
Synonymes :
- différemment
Contraires :
- pareillement
- semblablement
À un plus haut degré
Synonymes :
- beaucoup plus
- bien plus
- infiniment plus
Dans le cas contraire, sinon, sans quoi
Synonymes :
- sans quoi
Pas autrement
Synonymes :
- particulièrement
- spécialement

autrement
adv.
d1./d D'une autre façon. Tiens-toi autrement!
|| Autrement dit: en d'autres termes.
d2./d Sans quoi, sinon. Reposez-vous, autrement vous serez malade.
d3./d à un plus haut degré. J'ai à traiter une affaire autrement importante.

⇒AUTREMENT, adv.
A.— D'une autre manière, d'une façon différente.
1. [Portant sur un verbe]
a) La comparaison est explicite :
1. Aujourd'hui, examen sur la littérature générale. J'interroge un de mes concurrents autrement que nous n'étions convenus dans le jardin; je l'embarrasse et lui réponds de manière à briller beaucoup.
MICHELET, Journal, 1821, p. 162.
b) La comparaison est implicite :
2. — « Venez chez moi, père. Elles y seront aussi, mais un peu autrement. Elles n'y venaient guère, seulement en passant, et pas les jours de fête... Père, si vous saviez comme je vous plains et je n'ose pas vous le dire... »
P. BOURGET, Nos actes nous suivent, 1926, p. 33.
3. Si j'étais calme, lucide, je te parlerais autrement, mieux...
R. MARTIN DU GARD, Un Taciturne, 1932, III, 8, p. 1338.
4. — Parce que les communistes que vous fréquentez sont pour la plupart des étudiants qui ont adhéré au parti par « opinion », par choix d'une doctrine entre plusieurs autres; leur démarche comporte évidemment quelque chose de gratuit; c'est pourquoi vous avez parfois l'impression d'un jeu. Je voulais vous montrer qu'il en est tout autrement pour les travailleurs.
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p. 173.
2. Autrement dit ou vx, autrement reprend sous une nouvelle formulation quelque chose qui vient d'être dit :
5. — C'est des vers, clama-t-il, visiblement alarmé, autrement dit, celui qui te les envoie est un homme sans le sou. Un monsieur bien n'envoie pas de vers!
HUYSMANS, Marthe, 1876, p. 12.
Vx. [Autrement suivi d'un nom propre] Alias.
B.— Familier
1. [Portant sur un verbe négatif] Ne... pas autrement, sans (que)... autrement. Synon. ne... guère, fam. ne... pas plus que ça :
6. Mme Dandillot pensait bien que sa fille était la maîtresse de l'écrivain et ne s'en émouvait pas autrement, étant de son époque et de son pays, sans parler de sa condition.
MONTHERLANT, Le Démon du bien, 1937, p. 1247.
7. On m'apprendrait un soir que toutes les chambres du Palace viennent d'être retenues par un détachement de bibliophiles que je n'en serais pas autrement étonné.
FARGUE, Le Piéton de Paris, 1939, p. 241.
2. [Portant sur un adj. de sens positif ou considéré comme tel (et qqf., modifié par plus)] :
8. Ajoutez à cela qu'une constitution sage doit fixer des époques où le peuple nommera des représentans, revêtus du pouvoir constituant, pour l'examiner et la revoir, et qu'elle trouvera, dans cette convention extraordinaire, une sauve-garde bien autrement utile que la protection ministérielle.
ROBESPIERRE, Discours, Contre le Veto royal, t. 6, 1789, p. 94.
9. Je ne songeais même pas à tirer prestige de mon métier, car il est autrement audacieux de se hisser jusqu'aux dernières branches d'un platane et cela, simplement, pour contrôler si la nichée d'oiseaux prend bien ses plumes, pour dire bonjour aux amis.
SAINT-EXUPÉRY, Terre des hommes, 1939, p. 183.
10. L'oreille — et l'inspiration qu'elle conduit — est sensible à des combinaisons de chiffres, autrement plus complexes et plus « irrationnelles » que celles de ce petit graphique.
P. SCHAEFFER, À la recherche d'une mus. concr., 1952, p. 35.
Autrement de. Plus de :
11. Mais aussi il avait bien autrement de sérieux et de moralité comme artiste; ...
SAINTE-BEUVE, Pensées et maximes, 1869, p. 123.
Autrement plus. Critiqué par certains, se rencontre parfois pour marquer une supériorité plus accusée (cf. supra ex. 10) :
12. Par contre (oui, je sais bien que l'on dénonce également l'emploi abusif du « par contre »), je ne me souviens pas d'avoir jamais vu relever l'usage, qui tend à s'introduire, de « autrement », suivi de « plus », qui me paraît « autrement plus » déplorable.
GIDE, Journal, 1941, p. 79.
Rem. Entrant, de par sa signif., dans des compar., autrement a pu à l'occasion du discours prendre la valeur méliorative de « beaucoup », « bien plus », sans que le second terme de la compar. soit exprimé (l'ellipse est un caractère du lang. fam. qui comporte des réf. à la situation et peut donc ne pas exprimer tous les éléments de cette situation).
C.— [Portant sur la phrase] Dans le cas contraire. Synon. sinon :
13. ... et pour les combattre, il suffit d'exposer de plus en plus clairement les saines doctrines, et de s'en remettre au temps du soin de les répandre. On se jetterait autrement dans des controverses interminables qui n'apprendraient rien au public éclairé, ...
SAY, Traité d'écon. pol., 1832, p. 42.
14. Si je me trompe, comme je veux l'espérer, chassez aisément cette noire appréhension que vous porte ma lettre. Autrement, croyez que je sympathise avec tout chagrin qui peut vous atteindre.
MALLARMÉ, Correspondance, 1879, p. 190.
Rem. 1. La phrase qui précède celle qui contient l'adv. « exprime une idée d'obligation, de contrainte sans var. possible; il y a donc ellipse, autrement présentant sous la forme négative et hypothétique l'idée contenue dans la première phrase. » « Il faut les enfermer, autrement ils se sauvent » = « Il faut les enfermer car si on ne les enferme pas, ils se sauvent » ou « car si l'on agit différemment, ils se sauvent ». 2. Autrement peut être modifié par tout (ex. 4), un peu (ex. 2), bien (ex. 8 et 11) hormis les cas où l'adv. est synon. de sinon. (cf. supra C) ou lorsqu'il est employé avec sans et ne... pas (cf. supra B 1).
PRONONC. ET ORTH. :[]. FÉR. Crit. t. 1 1787 écrit aûtrement pour marquer la durée de la 1re syllabe.
ÉTYMOL. ET HIST. — 1. Ca 1100 « sinon » (Roland, 494, éd. Bédier, p. 42 : Duc li envei mun uncle l'algalife; Altrement ne m'amerat il mie); 2. mil. XIIe s. « d'une autre manière » (WACE, Brut, 1244, éd. I. Arnold, I, p. 70 : Sunt les viles e les contrees Tutes or altrement nomees Que li anceisor nes nomerent Ki premierement les fonderent); 3. 1690 (ne pas) autrement « pas plus, guère » (FUR. : Jusqu'ici pour obtenir des Licences il ne falloit pas être autrement sçavant en droit).
Dér. de autre; suff. -ment2; le sens 3 est peut-être dû à l'attraction paronymique de outrément « exagérément, absolument » dér. de outrer (v. outré) attesté dep. le XIIe s. (CHR. DE TROYES, Erec et Enide, éd. W. Fœrster ds T.-L. : Erec respont : « Quant tu me prïes, outreemant vuel que tu dïes, Se tu es outrez et conquis »), est encore ds Ac. 1878 qui le qualifie de ,,peu usité``.
STAT. — Fréq. abs. littér. :5 188. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 6 911, b) 6 946; XXe s. : a) 6 679, b) 8 427.
BBG. — COHEN 1946, p. 56. — DARM. Vie 1932, p. 103. — MARSHALL (F. W.). Les Poésies de Blondel de Nesle. Une ét. du lex. d'après l'examen des mss, p. 37 (Thèse Univ. Paris, 1968). — PIERREH. 1926. — PIERREH. Suppl. 1926.

autrement [otʀəmɑ̃] adv.
ÉTYM. 1080, altrement, sens 2; mil. XIIe, sens 1; de autre.
1 D'une façon autre, d'une manière différente. Différemment. || Faisons autrement. || Il faut agir autrement, tout autrement. || Il n'a pas pu faire autrement. || Il ne peut en être autrement. || Il n'a pu faire autrement que d'y aller. || Il veut toujours faire autrement que les autres. || Il agit autrement qu'il parle ou qu'il ne parle (Académie). || Il n'agit pas autrement qu'il parle. || J'avais compris tout autrement.
1 Le maître de ces lieux en ordonne autrement (…)
La Fontaine, Fables, X, 7.
2 Puis-je autrement marcher que ne fait ma famille ?
Veut-on que j'aille droit quand on y va tortu ?
La Fontaine, Fables, XII, 10.
3 Il est incapable de s'imaginer que les grands (…) pensent autrement de sa personne qu'il fait lui-même (…)
La Bruyère, les Caractères, II, 14.
4 (…) une histoire qu'elle avait d'abord arrangée tout autrement dans son imagination.
Mérimée, Arsène Guillot, I.
5 Oui, l'on vit autrement, mais c'est ainsi qu'on aime !
A. de Musset, Poésies nouvelles, « Sonnet ».
6 (…) il envisagea cette mort tout autrement que d'habitude (…)
Martin du Gard, les Thibault, IV, 13.
Vx (suivi d'un nom propre). Qu'on appelle aussi. Alias. || Henri Beyle, autrement Stendhal.
7 George Sand, autrement Madame Dudevant, ayant parlé dans la Revue des Deux Mondes, je la remerciai (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, IV, 9.
(Suivi d'un nom commun). En d'autres termes (→ C'est-à-dire).
8 Le thermomètre (j'en ai fait les observations) descend en hiver jusqu'à quatre degrés, et dans la forte saison, touche vingt-cinq, trente centigrades tout au plus, ce qui nous donne vingt-quatre Réaumur au maximum, ou autrement cinquante-quatre Fahrenheit (mesure anglaise), pas davantage !
Flaubert, Mme Bovary, II, II.
Mod. Autrement dit. || Martin, autrement dit le boucher, doit passer tout à l'heure. || Joseph, autrement dit Jojo-la-bulle. Par ext. (introduit une proposition). || Elle a prévenu qu'elle ne dînait pas là ce soir, autrement dit elle ne rentrera pas avant deux ou trois heures du matin.
8.1 Vous connaissez l'Hôtel du Chien Jaune, au bout du quai ? Elle y a dîné et est ensuite restée assise dans un coin de la salle du café jusqu'à onze heures. Autrement dit, elle a repris le train de onze heures quarante.
G. Simenon, l'Amie de Mme Maigret, p. 55.
2 Dans un autre cas, dans le cas contraire. Sans (sans cela, sans quoi), sinon. || Faites attention, autrement vous aurez affaire à moi. || Partez tout de suite, autrement vous allez être en retard. || Si vous me le promettez, j'accepte, autrement je refuse. Faute (faute de cela, faute de quoi).
9 Il pria le cheval de l'aider quelque peu :
Autrement il mourrait (…)
La Fontaine, Fables, VI, 16.
10 Il faudrait autrement être fort indiscret.
Molière, l'Étourdi, IV, 5.
11 Il n'y a pas que ça dans la vie, autrement elle ne vaudrait pas la peine d'être vécue.
Maurice Donnay, la Patrie, II, 2.
Pop. || Autrement que ça.
11.1 Il aurait voulu pouvoir dire autour de lui : « J'ai mis un complet neuf parce que je vais voir des amis, autrement que ça, je travaille tous les jours ».
M. Aymé, Maison basse, p. 59.
3 Pas autrement : pas beaucoup. Guère, peu. || Cela n'est pas autrement utile. || Je ne m'en étonne pas autrement. || Sans autrement se plaindre.
12 (…) ce pouvoir (…) qui fait tant de bruit pour rien et sans savoir autrement ce qu'il demande.
Pascal, Rép. aux deux premières lettres à un provincial, in Littré.
13 Sans se contraindre autrement dans leurs passions (…)
Fléchier, Sermons, I, 19.
14 Notre fumeur ne fut pas autrement ému de cette apparition.
A. R. Lesage, le Diable boiteux, 7.
4 Comparatif de supériorité (portant sur un adjectif ou un adverbe). Plus; beaucoup. || Elle est autrement jolie, autrement mieux que sa sœur. || C'est un travail autrement bien fait. || Il y en a autrement plus que dans la première édition. || Bien autrement. || Tout autrement. || Ceci est tout autrement intéressant.Absolt. || Bien autrement, tout autrement : beaucoup plus, beaucoup mieux. || Quand c'est pour lui, il se débrouille tout autrement.
15 On ne peut nier que cette méthode-ci agrée tout autrement au monde que (…)
Pascal, les Provinciales, 9.
16 Les héros chez Quinault parlent bien autrement (…)
Boileau, Satires, III.
17 Notre maison, nos meubles, sont des compagnons autrement fidèles que nos habits.
Marcel Prévost, Lettres à Françoise mariée, p. 167.
(Renforçant un comparatif de supériorité ou d'infériorité). || C'est autrement moins réussi. || Autrement plus… (→ cit. 18). || Autrement plus grand. Beaucoup.
18 L'usage qui tend à s'introduire, de « autrement », suivi de « plus » (…) me paraît (…) déplorable. Je lis, par exemple (…) : « Il eût été, semble-t-il, autrement plus utile… ». « Autrement » suffisait; ou « bien plus utile ».
Gide, Journal, 14 juin 1941.
19 Un « merveilleux » autrement plus vaste (…)
Martin du Gard, les Thibault, VIII, p. 290 (cf. Grevisse, no 365).

Encyclopédie Universelle. 2012.