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outrer

outrer [ utre ] v. tr. <conjug. : 1>
XVe; « dépasser » 1155; de 2. outre
1Exagérer, pousser (l'expression) au-delà des limites raisonnables. Comédien qui outre son jeu. forcer. Outrer un effet. amplifier, charger, développer. « Le jeune chanteur, outrant un peu son accent qui faisait pouffer de rire les enfants » (Stendhal).
2Vx Pousser (qqn) à un excès dans l'ordre des sentiments, des émotions déplaisantes. « Ce manque de parole m'a outrée contre lui » (Mme de Sévigné). Mod. (aux temps comp. et sans compl.) Indigner, mettre hors de soi. Votre façon de parler de sa mort m'a outré. outré (3o).

outrer verbe transitif (de outre, préposition) Porter quelque chose au-delà des limites raisonnables ; forcer, exagérer : Outrer sa pensée. Irriter vivement quelqu'un, l'indigner, le mettre hors de soi : Ce manquement à sa parole m'a outré.outrer (synonymes) verbe transitif (de outre, préposition) Porter quelque chose au-delà des limites raisonnables ; forcer, exagérer
Synonymes :
- caricaturer
- charger
- dramatiser
- forcer
- grossir
- pousser
Irriter vivement quelqu'un, l'indigner, le mettre hors de soi
Synonymes :
- indigner
- offenser
- révolter
- scandaliser

outrer
v. tr.
d1./d Exagérer. Cet acteur outre ses effets.
d2./d (Aux temps composés.) Indigner, révolter. Sa conduite m'avait outré.

⇒OUTRER, verbe trans.
A. —Outrer qqc. Exagérer quelque chose, donner une importance exagérée. Synon. charger, forcer. Outrer un effet, une scène, un tableau. Il avait rendu compte des désastres de son armée, plutôt en les outrant qu'en les dissimulant. C'est un homme qui aime tellement à causer des émotions fortes, que, quand il ne peut pas cacher ses revers, il les exagère pour faire toujours plus qu'un autre (STAËL, Consid. Révol. fr., t.2, 1817, p.143). Le signor Zingarelli, continua le jeune chanteur, outrant un peu son accent qui faisait pouffer de rire les enfants, le signor Zingarelli était un maître excessivement sévère (STENDHAL, Rouge et Noir, 1830, p.152). À ceux qu'il a une fois distingués non seulement il dit la vérité, mais il la souligne, à mon sens il l'outre même —précisément parce qu'il a ses élus (DU BOS, Journal, 1924, p.22).
B. —Outrer qqn (ou parfois un animal)
1. Vx. Accabler, surcharger de travail. C'est outrer des ouvriers, que de les faire travailler sans relâche (Ac. 1798-1878).
P.anal. Outrer un cheval. Faire travailler un cheval jusqu'à épuisement (d'apr. CASS.-MOIR. 1979). Synon. surmener. Mener un cheval si loin au galop, c'est l'outrer (Ac.).
2. Indigner, provoquer une vive indignation, pousser à bout. Vous l'avez tellement outré qu'il ne vous le pardonnera jamais (Ac. 1935). Major général, qui ne perdra aucune occasion dès lors de rabaisser, de retarder, s'il était possible, et finalement de décourager, d'ulcérer et d'outrer, jusqu'à le jeter hors des gonds, un étranger de mérite (SAINTE-BEUVE, Nouv. lundis, t.13, 1869, p.75).
Au part. passé. Outré de + compl. Outré de dépit. La jeune femme, outrée de la liberté de langage qu'on se permettait devant elle (...) avait souffleté un des convives (FEUILLET, Paris., 1881, p.38). Le baron s'écria, outré de surprise et frémissant: «Oh! c'est trop fort, c'est trop fort!» (MAUPASS., Une Vie, 1883, p.140). Que dis-tu là, ma fille? demanda-t-elle impérieusement, de sa voix sèche, outrée de colère (ZOLA, Vérité, 1902, p.167).
Prononc. et Orth.:[], (il) outre []. Att. ds Ac. dep.1694. Étymol. et Hist. A. Verbe trans. 1. 1160-74 «dépasser (quelqu'un) en marchant» (WACE, Rou, éd. A. J. Holden, III, 15481 Ultre s'en quiderent passer E les altres conreiz ultrer Mais Normant a estal s'esturent); 2. av. 1616 «pousser (quelque chose) au delà des bornes» (A. D'AUBIGNÉ, Vie, XLVIII ds GDF. Compl.); 3. 1660 oultrer «offenser» (OUDIN Fr.-Esp.). B. Part. passé et adj. 1. 1re moitié du XIIIe s. «vaincu» (L'Estoire del Saint Graal ds The Vulgate Version of the Arthurian Romances, éd. O. Sommer, t.1, p.278: il ma hui conquis et outre en bataille cors a cors); 2. ca 1245 «excessif» (PHILIPPE MOUSKET, Chron., 4355 ds T.-L.); 3. 1542 outré de «pénétré de, rempli de» (AMADIS DE GAULE, Tiers Livre, 9 ds HUG.: En ceste pensée, oultrée de trop ardente amour, se trouva si lasse qu'elle s'endormit); 4. a) 1580 «indigné» (MONTAIGNE, Essais, I, 11, éd. P.Villey et V.-L. Saulnier, p.422: outré jusques au vif d'une offence); b) 1671 «qui passe les bornes dans sa conduite, ses sentiments (d'une personne)» (LA FONTAINE, Clymène, 189 ds OEuvres, éd. Ad. Régnier, t.7, p.156). Dér. de outre2; dés. -er. Fréq. abs. littér.:85.

outrer [utʀe] v. tr.
ÉTYM. XVe; « dépasser », v. 1155, aussi « vaincre au combat », v. 1160 et « tuer », v. 1170; de 2. outre.
1 Exagérer, pousser (qqch.) au-delà des limites raisonnables ou habituelles. || Outrer une pensée, une attitude. || Ceux qui outrent la vertu (→ Bon, cit. 110).(Dans la description ou l'expression des sentiments, des qualités et défauts). || Un croquis doit passer la mesure (cit. 25), outrer la vérité. || Outrer un portrait, la description d'un ridicule. || Comédien qui outre un caractère, son jeu. Forcer. || Marquer la passion sans l'outrer (→ Exagérer, cit. 26). || Outrer un effet. Charger (cit. 17).Au p. p. || Laideurs grossies, outrées par l'humour (cit. 2) des caricaturistes. Amplifier, développer.
1 À force d'outrer tous les devoirs, le christianisme les rend impraticables et vains; à force d'interdire aux femmes le chant, la danse, et tous les amusements du monde, il les rend maussades, grondeuses, insupportables dans leurs maisons.
Rousseau, Émile, V.
2 Le signor Zingarelli, continua le jeune chanteur outrant un peu son accent qui faisait pouffer de rire les enfants (…)
Stendhal, le Rouge et le Noir, I, XXIII.
3 Il outre infiniment la louange à mon égard, c'est l'usage reçu quand on écrit à un auteur et cela ne compte pas (…)
Chateaubriand, Mémoires d'outre-tombe, t. III, p. 20.
2 Vx. Pousser (qqn) à un excès dans l'ordre des sentiments, des émotions déplaisantes. Indigner, irriter, révolter, scandaliser. || Il l'a outré de colère. || Outrer qqn de dépit.
4 Ce manque de parole m'a outrée contre lui.
Mme de Sévigné, 999, 20 juil. 1686.
Mod. (Aux temps comp. et sans compl.). Indigner, inspirer un sentiment de réprobation intense à (qqn). || Votre façon (cit. 23) de parler de sa mort m'a outré. || Cela m'a outré de voir… : j'ai été indigné en voyant…, j'ai été hors de moi. Outré (3.).
Pron. Vx. Se fatiguer à l'excès (→ Arrondir, cit. 3).
DÉR. Outrance, outré.

Encyclopédie Universelle. 2012.