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attabler

attabler [ atable ] v. tr. <conjug. : 1>
• 1443; de 1. a- et table
1 V. tr. Vieilli Faire asseoir à table. Attablez les enfants ensemble.
2 V. pron. Mod. S'asseoir à table pour manger, boire ou jouer. « Ils redescendent s'attabler pour souper dans la salle d'entrée » (Loti). Ils étaient attablés autour d'une bonne bouteille. Par ext. S'attabler à son travail, s'y mettre.

attabler (s')
v. Pron. S'asseoir à table.

⇒ATTABLER, verbe trans.
I.— Emploi trans., vieilli. [Le compl. désigne une pers. ou un être personnifié] Attabler qqn. Installer à table, surtout pour boire, manger mais aussi pour jouer, travailler. Si vous ne pouvez accorder ces paysans, attablez-les, et vous les concilierez bientôt (Ac. 1798-1932) :
1. Comme revenant de Kroll, nous battions les rues avec lui, nous rencontrons deux femmes avec leurs chapeaux de paille bruns. Nous baragouinons. Elles rient. Et nous les attablons dans un jardin de café, leur laissant prendre ce qu'elles veulent. Elles demandent et on leur apporte trois verres de bière, puis deux côtelettes de veau.
E. et J. DE GONCOURT, Journal, 1860, p. 799.
II.— Emploi pronom. [Expr. de l'action subjective] S'attabler.
A.— [Le suj. est une pers., une collectivité et parfois un inanimé personnifié] S'installer à table pour un certain temps, surtout pour boire, manger, mais aussi pour jouer, écrire, lire, travailler, bavarder. S'attabler à, dans (un endroit), devant (une consommation, un plat) :
2. Chaque soir, mes hôtes (...) m'entraînaient dans un appartement (...) où les meubles garnis de devises m'invitant à m'asseoir, à m'attabler, à m'étendre, semblaient des meubles sourds et muets.
GIRAUDOUX, Simon le Pathétique, 1926, p. 43.
P. anal. [Le suj. est un animal] Manger :
3. Les rats d'argent s'attablaient à même la treille...
COLETTE, Mes apprentissages, 1936, p. 438.
P. ext. [Le suj. désigne une pers.] S'installer devant autre chose qu'une table :
4. Le parfum d'une femme ne donne-t-il pas l'envie de s'attabler à son corps?
J. RENARD, La Lanterne sourde, 1893, p. 23.
B.— Au fig.
1. [Le suj. est une pers.] S'installer tranquillement, dans une certaine attitude morale, souvent pour profiter :
5. Il [Charles] connaissait l'existence humaine tout du long, et il s'y attablait sur les deux coudes avec sérénité.
FLAUBERT, Madame Bovary, t. 1, 1857, p. 100.
2. [Le suj. désigne une pers.] Commencer à, se mettre à, s'attaquer à :
6. J'écoute les accents de ton piano, et je m'attable à la besogne avec une nouvelle ardeur!
BALZAC, Correspondance, 1832, p. 36.
Rem. 1. Sens mentionné sporadiquement. Lar. encyclop. le cite avec un ex. de Roger Martin du Gard. 2. Se mettre à table, s'attabler. ,,Se mettre à table exprime simplement l'action habituelle de prendre place pour manger; s'attabler éveille l'idée d'un acte qui sort des usages ordinaires d'une personne. On se met à table pour déjeuner, pour dîner; on s'attable entre amis ou même entre étrangers, dans une circonstance plus ou moins importante. De plus, on peut se mettre à table seul; on ne s'attable guère qu'en compagnie`` (Lar. 19e).
III.— [Expr. de l'état résultant de l'action subjective; le suj. désigne une pers.] Être attablé. Être installé à une table :
7. Comme tous les jours à cette heure-ci, il [Léon] est attablé dans son cabinet de travail, que Marthe nomme la « chambre des supplices ».
COLETTE, Claudine s'en va, 1903, pp. 56-57.
P. ext. Être installé à autre chose qu'à une table :
8. À l'époque dont nous parlons, on avait encore la fatale habitude de coucher en route, et il en était alors du sommeil comme aujourd'hui des repas. On était à peine attablé à son lit, qu'il fallait repartir.
SOULIÉ, Les Mémoires du diable, t. 2, 1837, p. 21.
Au fig. Être installé dans une certaine attitude morale, souvent par intérêt, pour obtenir quelque chose :
9. Dieu est attablé à ma souffrance comme à un festin et il en redemande sans cesse.
BLOY, Journal, 1904, p. 46.
PRONONC. : (s')attabler [atable], j(e m')attable [].
ÉTYMOL. ET HIST. — 1443 trans. « faire asseoir à table » (Ord., XIII, 380 ds GDF. Compl. : Et pour non estre atablé vespres sonnans, ne perdront point leurs journees), emploi rare, noté par Ac. de 1798 à 1932; av. 1695 pronom. « s'asseoir à table, être assis à table » (LA FONTAINE, éd. H. Régnier, t. 5, Contes, p. 85 : Quand le vin fut de retour, on conclut qu'il ne falloit s'attabler davantage); 1690 (FUR. : Attabler [...] Ils se sont attablés, trois à trois pour jouër), qualifié de ,,bas`` par Ac. 1694 et 1718, de ,,familier`` par Trév. 1771 et Ac. 1762 à 1932.
Dér. de table; préf. a-1; dés. -er.
STAT. — Fréq. abs. littér. :123.

attabler [atable] v. tr.
ÉTYM. 1443, atablé; de à, table, et -er.
Fam. Vieilli. Faire asseoir (qqn) à table (pour boire, manger, jouer). || « Si vous ne pouvez accorder ces paysans, attablez-les, et vous les concilierez bientôt » (Académie). || Attabler les enfants ensemble. || Attabler des amis autour d'un bon repas. Réunir (à table).
——————
s'attabler v. pron.
ÉTYM. (Av. 1695).
S'asseoir à table pour manger, boire. Table (se mettre à, prendre place à). || S'attabler devant une bonne bouteille. || S'attabler dans la salle à manger.
1 S'attabler, c'est s'installer commodément autour d'une table et se disposer à y passer un temps assez long pour boire, manger, jouer ou causer : ce verbe a volontiers un sens dépréciatif.
René Bailly, Dict. des synonymes, Se mettre à table, éd. Larousse, p. 571.
2 Ils redescendent s'attabler pour souper dans la salle d'entrée (…)
Loti, Ramuntcho, I, 15.
3 Nous sommes entrés chez un petit traiteur et nous nous sommes attablés dans l'arrière-boutique, déserte à ce moment-là.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VI, 13.
Rare. S'asseoir devant une table (pour une autre activité que la nourriture).Fig. || « Je m'attable à la besogne… » (Flaubert).
Par métaphore. S'installer comme devant une table, afin de manger, de consommer.
——————
attablé, ée p. p. adj. et n.
1 Adj. Installé à table. || Des convives attablés pour de joyeuses agapes. || Bridgeurs attablés. || Ils restèrent attablés toute la soirée autour du tapis vert.
4 Courtisans ! attablés dans la splendide orgie,
La bouche par le rire et la soif élargie,
Vous célébrez César (…)
Hugo, les Châtiments, I, 10.
5 Quand Boubouroche et le monsieur furent attablés, au fond d'une brasserie où l'on buvait de la bière suisse, devant deux bocks qui ruisselaient de fraîcheur (…)
Courteline, Boubouroche, II, p. 37.
Par métaphore. Installé pour manger. || « Les gaillards, attablés jusqu'au menton, bouffaient la boutique » (Zola, in T. L. F.).
2 N. Rare. || Un attablé, une attablée, personne qui est installée à une table pour manger ou boire.
REM. Le T. L. F. signale un emploi extensif pour le pron. et le p. p. : « se mettre, s'asseoir devant un meuble autre qu'une table »; ce sens ne paraît vivant que pour des meubles assimilables à une table et l'exemple du Journal de Delacroix, « attablée au piano », paraît anormal, si le piano en question n'est pas utilisé comme un support, comme une table.
DÉR. Attablement.

Encyclopédie Universelle. 2012.