PERSONNALITÉ
Le mot « personne » est devenu si abstrait que, vide de sens, il peut servir, tel l’Être des métaphysiciens, à sa propre contradiction, et Ulysse en usait déjà pour berner Polyphème. « Rarement mot fut plus fluctuant », écrivait en 1937 G. W. Allport dans un ouvrage classique; et, en ajoutant qu’il n’existait pas une seule définition exacte du mot « personnalité », il en dénombrait cinquante. Concept de la langue commune, de l’éthique, de la jurisprudence, de la théologie et de la métaphysique, le mot « personnalité » a longtemps gêné les psychologues. La relativité des concepts scientifiques montre qu’il est difficile de changer le contenant en même temps que le contenu. Mais, au sein même de la psychologie moderne, il serait difficile de trouver un concept plus solidaire des écoles et des attitudes des auteurs qui en font usage; encore faut-il estimer cette disparité à sa juste valeur. Pour rendre compte d’une certaine expérience, après avoir auparavant limité ses ambitions, son champ et ses méthodes, on forge une construction théorique qu’on présente souvent comme un « modèle » de la personnalité. Or, il ne s’agit pas de l’explicitation secondaire d’une métaphysique préalable et implicite. Ces différents modèles de personnalité contiennent l’ambiguïté que Pierre Duhem signalait dans La Théorie physique : ils sont constitués d’une « partie représentative » qui se contente d’ordonner l’observation et d’une « partie explicative qui se propose, au-dessous des phénomènes, de saisir la réalité ». C’est précisément cette partie explicative qui fait appel à des principes philosophiques sans base expérimentale et qui vont fâcheusement, par une réification des données objectives, constituer une ontologie où les résultats des différentes approches cesseront alors d’être complémentaires pour devenir contradictoires. Il suffirait, pour réduire considérablement ces oppositions, d’admettre que ces modèles, comme Freud le faisait pour le sien, sont de véritables fictions.
Structure de la personnalité
Les caractères essentiels
Il est possible de préciser le sens que le concept de personnalité a fini par acquérir dans le vocabulaire psychologique en examinant ses caractères les plus généraux et les plus permanents. La personnalité renvoie à quatre caractères: l’individualité, l’autonomie, la stabilité ou consistance, enfin, la spécificité des motivations.
L’individualité
En présence d’un milieu identique ou d’un stimulus commun, on obtient des réactions différentes de la part de sujets appartenant à la même espèce. Le concept psychologique d’individu renvoie à une telle constatation. Logiquement, il est postérieur à la notion biologique d’individu. L’individu vivant est tel parce qu’il est d’abord distinct. Les caractères qui rendent les individus vivants distincts les uns des autres sont d’ordre génotypique et d’ordre phénotypique, le second point de vue exprimant le premier dans ses caractères dominants et résultant de l’influence du milieu depuis l’existence du zygote. Mais l’individu vivant est également un: le diviser, c’est le détruire. Cette unité est d’ailleurs relative et n’appartient qu’aux vivants incapables de se reproduire à partir d’une fragmentation, c’est-à-dire les métazoaires supérieurs. Cette unité s’exprime dans l’organisation du vivant en système et dans la subordination des éléments au système nerveux.
La psychologie individualise le sujet par ses réponses. Une fois définis un certain nombre de comportements ou de traits et leur variation le long d’un continuum quantitatif, il est possible de faire apparaître les différences qui vont constituer l’individu. Tel est l’objet de la psychologie différentielle. Pratiquement, cela revient à utiliser une batterie de tests, ou un questionnaire à plusieurs traits, et à réduire le sujet à une série de notes, ce qui permet, les variations ayant le plus souvent une forme gaussienne, de le situer par rapport à la moyenne de sa population d’origine.
L’autonomie
Quand on parle d’autonomie, il ne peut s’agir que d’autonomie relative et non d’autonomie absolue à la manière de la monade de Leibniz, qui est soumise à son seul déterminisme interne. Il faut entendre que toute situation n’est déterminante que dans la mesure où elle est, au préalable, intégrée à la structure de la personnalité. Un événement n’est jamais contraignant par lui-même, car il n’existe que par la signification que lui donne le sujet qui le perçoit. C’est l’autonomie qui sert de référence quand on tente de comprendre une réaction à partir de processus endogènes ou exogènes. Quand la réponse paraît disproportionnée à l’événement externe (par exemple, un simple déménagement déclenchant une réaction dépressive), on fait appel à la personnalité du sujet dont la vulnérabilité particulière à ce type de situation justifie un tel effet. Freud a mis en évidence l’existence de défenses qui ont pour rôle de réduire, d’amortir les stimuli externes risquant de mettre en cause l’équilibre de la personnalité. De ce fait, certains modèles de personnalité confondent l’autonomie avec l’équilibre résultant d’un ajustement au double jeu des contraintes internes – les pulsions par exemple – et externes – comme les exigences sociales (R. S. Lazarus).
La consistance, ou stabilité
C’est peut-être sous la forme de la consistance, ou stabilité, que se manifesta, pour la première fois, la notion traduite aujourd’hui par le mot de « personnalité ». Persona désigne, en latin, le masque porté par les acteurs de théâtre, le prosôpon des Grecs. Les masques, en nombre limité – les spécialistes en dénombrent soixante-seize, dont vingt-huit pour la seule tragédie –, correspondaient à des caractères fixes à partir desquels les spectateurs pouvaient s’attendre à des comportements ou à des attitudes déterminés. Ce qu’on devait appeler le personnage apparaît comme une création littéraire, mais n’en demeure pas moins le témoin profond d’un besoin de prévisibilité du comportement d’autrui, d’une attente réciproque sans laquelle la vie sociale n’est pas possible. La psychosociologie, avec son concept de rôle permettant les « expectations réciproques », élève la fiction littéraire au rang de concept fondamental des sciences humaines.
La consistance a été mise en doute (Thorndike, 1903), et de nombreux travaux lui furent consacrés dans les années vingt et trente (l’un des plus connus, exécuté par Hartshorne et May, affirmait qu’un enfant peut être honnête et malhonnête selon les situations). Mischel (1968, 1969) prétendit que tous les résultats montrent que l’inconsistance est de règle et que les corrélations ne dépassent pas .30. En revanche, H. J. Eysenck (1970) [cf. M. W. et H. J. Eysenck, 1980, in Eysenck 1982], dans une revue critique, conclut, après d’autres (Allport, Epstein), à l’existence indéniable d’une consistance. La consistance apparaît comme le meilleur concept qui sépare les théories de la personnalité. Les modèles situationnels, où la situation domine les comportements (cf. certains behavioristes et psychosociologues), posent l’inconsistance, la spécificité de la situation s’imposant (McDougall parlait de « sarbondisme », c’est-à-dire d’un lien entre le stimulus et la réponse). Ici, la seule consistance réside dans la similitude des situations. Le modèle interactionnel, pour lequel il faut partir de l’interaction entre le milieu et le milieu, en tenant que l’analogie des situations implique le choix des sujets, présuppose une autre forme de consistance. En revanche, pour les théories qui affirment l’existence de traits ou d’une structure (psychanalyse), la stabilité de la personne est essentielle. Tout dépend du critère sur lequel porte la consistance: certainement pas sur les comportements eux-mêmes, mais sur des variables intermédiaires (traits ou structure): « Les conduites peuvent se modifier sous l’influence d’une transformation du milieu sans que l’on observe des modifications structurales de la personnalité. La structure reste la même à travers le changement » (D. Lagache). Il importe, de toute façon, de noter que la personne à elle seule ne permet pas une prévision exhaustive des comportements et qu’il faut tenir compte de la situation et de l’interaction de ceux-là avec celle-ci. Comme le dit Cattell, « la personnalité est ce qui permet de prédire ce que fera un individu dans une situation déterminée ». La difficulté apparaîtra, par contre, quand on affirme, comme certains (Magnusson et Endler, 1977), que « la personne et les situations constituent une structure inextricablement liée », car la personne devient une abstraction située en dehors de toute atteinte objective.
Les motivations et leur spécificité
Les motivations sont des stimuli qui poussent à l’action et dont, le plus souvent, on observe les effets sans les saisir directement. On a cru, pendant longtemps, opposer les motivations animales, fondées sur l’homéostasie et tendant à rétablir l’équilibre antérieur dont elles exprimaient la rupture, aux motivations spécifiquement humaines visant à dépasser la simple conservation et définies par la mise en question permanente de l’équilibre présent au nom d’un équilibre supérieur futur. C’est sur de telles oppositions que sont fondées des conceptions comme celles de Carl Rogers ou d’Abraham H. Maslow, qui attribuent à l’homme une force de développement intrinsèque, une puissance d’auto-actualisation. Les béhavioristes avaient estimé que toutes les motivations humaines pouvaient se réduire à des motivations primaires, innées, et à des motivations secondaires, acquises par un jeu de conditionnements en partie sociaux (N. E. Miller et J. Dollard). Il semble, en effet, qu’une opposition nette entre les motivations animales et les motivations humaines ne soit possible que par un examen superficiel des faits. La simplicité du modèle homéostasique, auquel on veut ramener le comportement animal, est difficile à admettre non seulement parce qu’il existe des activités ayant une origine plus spécialement externe et sans rapport avec des déséquilibres internes (nonhomeostasic drives de S. P. Grossmann), mais aussi parce que les activités d’exploration ne sont explicables que par une recherche incessante de nouvelles stimulations, parce qu’elles sont donc de nature intrinsèque ou d’ordre autotélique. Grâce à la notion de sublimation d’une libido devenue « pulsion de vie » et à celle, introduite par H. Hartmann, de neutralisation de l’agressivité, qui devient « pulsion de mort », la psychanalyse, dans la ligne de son biologisme orthodoxe, pouvait rendre compte de l’ensemble des motivations humaines. Les tentatives hétérodoxes, celles, par exemple, d’un Fromm, qui fait de certaines motivations des « produits d’un processus social », ou bien d’un Rank, qui voit dans l’artiste créateur l’intégration de la volonté et de l’esprit, peuvent sembler aujourd’hui ne pas rendre justice à la souplesse des motivations primaires ni au déterminisme des influences culturelles susceptibles de moduler le jeu des pulsions et de favoriser autant le développement de l’homme moyen que celui de l’être exceptionnel. Il est bon de rappeler que Kurt Goldstein, en opposant les processus de « tendance à l’ordre, à la continuité, à l’assimilation, à la conservation » à ceux qui visent « la nouveauté, la conquête du monde, l’élargissement de l’horizon ou l’actualisation de l’être propre », ne prétendait pas systématiser deux types d’existence. Il précisait bien qu’il concevait « cet ébranlement comme appartenant à l’essence de l’homme et même à tout ce qui est organique » et « que toute vie doit se dérouler dans l’insécurité et l’ébranlement ». Il est superflu et vain d’hypostasier une réalité empirique en un « vouloir vivre » à la façon de Schopenhauer, en une « volonté de puissance » à la façon de Nietzsche ou d’Adler, comme de verser dans le dynamisme métaphysique à la manière de Rogers. Les comportements d’exploration, dont l’importance est fonction du degré d’évolution de l’espèce, les normes culturelles, qui sont hétérogènes aux phénomènes naturels et qui imposent aux individus des cadres précis pour leur valorisation narcissique et leur domination au sein de la société, la représentation, qui est spécifique à l’homme et lui permet d’ordonner ses conduites par rapport au futur, la texture souple des mécanismes de sublimation et de neutralisation suffisent à la compréhension des propriétés dynamiques de la personnalité. On peut alors admettre que les comportements humains sont d’une étonnante richesse tout en répondant à une gamme relativement pauvre de motivations dont l’association explique la surdétermination. Les différences entre les personnes tiennent non seulement aux possibilités héréditaires et au milieu d’une façon générale, mais également à la capacité de sublimation de chacun en rapport avec l’énergie libérée des conflits névrotiques et avec la tolérance à la frustration.
L’expérience du corps
Ainsi entendue, la personnalité n’est pas une substance – un en-soi – située au-delà des rapports établis avec le milieu; elle est essentiellement un système de relations: « La personnalité comme telle n’existe pas: ce qui existe ce sont les réseaux de relations » (Lagache). Les éléments entre lesquels s’organisent ces relations sont d’abord les comportements et les attitudes qui, par un jeu de corrélations, se traduisent par des types et des traits. On a longtemps exclu de ces éléments les rapports du sujet avec son corps. Le corps n’était intégré que par le biais d’un déterminisme biologique réduit aux biotypes. Pour W. H. Sheldon, par exemple, les trois morphotypes – viscéro-tonique, somato-tonique et cérébro-tonique – sont déterminés par les trois somatotypes correspondants. Cette forme de déterminisme a souvent été critiquée, et H. J. Eysenck a pu montrer que « les corrélations avec le type physique ne sont pas très élevées et se situent à proximité de .30 ». D’une tout autre importance sont les comportements qui renvoient à la perception de son propre corps par le sujet. On peut considérer que le corps participe aux comportements selon quatre modalités qu’il convient de différencier au sein du concept confus de « schéma corporel » ou d’« image du corps «: le schéma perceptivo-moteur, qui conditionne l’adaptation psycho-motrice; le corps perçu, dont les atteintes de l’hémisphère droit montrent la désorganisation; le corps conçu, intégré à l’hémisphère gauche; enfin le corps reconnu face à l’image spéculaire ou photographique. Les travaux de J. W. M. Witkin ont établi que les individus se différencient selon qu’ils perçoivent la position de leur corps dans l’espace à l’aide des seuls critères visuels (les dépendants du champ) ou, au contraire, au moyen des informations proprioceptives (les indépendants du champ). Witkin a réussi à mettre ces deux variables en rapport avec de nombreux facteurs: Q.I. de performance, dessin du bonhomme, seuil d’acuité tactile, etc. S. Fisher et S. E. Cleveland ont mis en évidence que la façon dont le sujet vit sa frontière corporelle, comme barrière ou comme espace pénétré, explique de nombreuses différences entre les individus.
La conscience de soi
La conscience est la capacité de situer l’ordre du possible par rapport au réel; elle se confond avec la représentation ou avec ce que R. Ruyer appelle la « distance psychique ». En conséquence, l’homme, lorsqu’il se trouve à un certain niveau de vigilance, se situe par rapport à lui-même et prend conscience de soi. En clinique, on porte un grand intérêt à ce que le sujet dit de lui-même et principalement à ce qu’il ressent. La vie affective du sujet est seule capable de livrer à l’examen psychiatrique le degré de souffrance morale de la personne. Mais la conscience que le sujet a de lui-même n’apporte qu’une information et non une connaissance qui aurait le caractère d’un absolu par contact immédiat avec une vérité intuitive, comme le voulait la « métaphysique » bergsonienne. Ce qui est objectif, ce n’est pas ce que le sujet pense de lui-même, mais l’interprétation qu’on pourra en faire par intégration au sein d’un système rendant compte de l’ensemble de l’expérience. À cet égard, il serait fallacieux de croire que le sentir a le privilège de donner accès à une donnée immédiate. Quand une femme dit, au cours d’une consultation psychiatrique, qu’elle est amoureuse, il est certain que cela correspond à un état affectif déterminé, mais selon qu’on la connaîtra comme hystérique ou comme dysthymique, le sens à donner à cet état de conscience sera fort différent. Les réponses qu’un sujet énonce sur lui-même, à l’occasion d’un test de questionnaire, n’ont de valeur que par rapport à la validation du test, donc à son degré d’objectivité. Freud, en élaborant sa théorie des trois instances, n’a pas renoué avec la psychologie du soi: il a innové, puisque c’est au seul niveau de l’inconscient qu’on doit situer son « modèle » de la personnalité. Cependant, certains font un tout autre usage du témoignage de la conscience. Un courant de pensée qui se dit phénoménologique ou existentiel, ou encore qui s’appuie sur une théorie du soi (self-theory ) fait du concept de la conscience de soi le centre de la personnalité. Quand Rogers, le représentant le plus connu en France de cette conception, affirme que le soi doit être limité « à des aspects de l’individu et à ces relations avec les autres et avec le monde qui sont disponibles à la conscience », il ne veut pas simplement faire du soi « la perception individuelle de soi-même comme nœud de relations », mais aussi en éliminer les aspects inconscients sous prétexte qu’il n’est pas possible de s’accorder sur leurs contenus. Cet optimisme, Rogers et, avec lui, beaucoup d’autres ne l’appuient pas sur le seul climat d’une relation psychothérapique, permettant au « client » de révéler son « champ intérieur de référence », mais aussi sur les résultats de tests susceptibles de dévoiler la conscience de soi. De nombreux travaux ont tenté d’explorer l’image de soi; en majorité, ils utilisent la technique du choix des questions mise au point par W. Stephenson (1953): « Q sort ». Les résultats permettent de distinguer deux images: celle du soi actuel, ce que le sujet estime être, et celle du soi idéal, ce que le sujet voudrait être. L’accord entre le soi actuel et le soi idéal définit l’estime de soi. Rogers affirme que la corrélation entre les deux mesures est d’autant plus grande que la personne est équilibrée. Mais il est difficile d’admettre que d’emblée la conscience de soi s’identifie à la réalité de la personne. Les auteurs américains ont appelé insight la relation entre l’image que le sujet se fait de lui-même et la réalité. Cette lucidité, ou cette « congruence », comme la nomme Rogers, est sans doute beaucoup plus complexe que ne l’estiment ses propres théoriciens. Elle n’apparaît pas simplement entre la conscience et la réalité, mais également entre ce que le sujet croit qu’il veut et ce qu’il veut réellement, entre l’idéal normatif qu’il fixe à la société et cet idéal lui-même. Souvent les auteurs ne différencient pas tous ces aspects, leur méthodologie manque de rigueur et l’on comprend les critiques profondes que R. C. Wylie a pu adresser à ce courant de pensée.
La conscience de soi n’est pas, en fait, une donnée naïve: elle s’acquiert par conditionnement et résulte d’influences culturelles. Si Karl Jaspers trouve dans la « conscience du moi » les quatre caractères qui ont été analysés plus haut (unité, opposition au monde extérieur, identité, activité), c’est que le milieu les y a déposés. Lorsque la maladie mentale perturbe cette image que le sujet a de lui-même et qu’une régression, quelquefois massive, se produit, la dépersonnalisation à laquelle on assiste alors présente d’étonnantes analogies avec la pensée primitive ou la pensée infantile.
Les théories de la personnalité
En dehors des modèles psychanalytiques, il existe un grand nombre de théories de la personnalité qui, dans certains cas, se différencient mal les unes des autres. Trop souvent elles donnent l’impression d’une construction artificielle plus soucieuse de sauver des impératifs théoriques que de rendre un compte rigoureux de l’expérience.
La théorie béhavioriste voit dans la personnalité une somme de comportements réductibles aux rapports entre stimuli et réponses; elle rejette toute idée de structure ou d’unité et, dans sa forme extrême, elle réduit l’individu à « des centaines d’habitudes indépendantes et spécifiques ». Le travail de Miller et Dollard est l’expression d’une telle attitude. Mais la place de plus en plus grande donnée aux facteurs héréditaires et aux méthodes statistiques a conduit à accuser l’importance des traits. La théorie des traits (Cattell, Eysenck) se veut encore résolument objective. À partir d’un matériel de base constitué par l’étude directe du comportement, par des questionnaires et des tests dits objectifs, Cattell dégage, par analyse des corrélations de type factoriel, des facteurs primaires ou traits d’origine (source traits ). Ces traits se différencient selon trois types: les aptitudes, ou traits cognitifs, qui expliquent « dans quelle mesure une personne fait bien ce qu’elle fait »; les traits dynamiques, qui font comprendre « pourquoi elle le fait »; et les traits de tempérament, qui renvoient au style, c’est-à-dire au tonus, à la vitesse, etc. Les traits dynamiques, ou ergs – pratiquement innés, la culture ne faisant que « déplacer » leur importance –, sont au nombre de neuf; ils représentent les motivations primaires (tendances sexuelles, parentales, grégaires...). Les méta-ergs, ou sentiments, sont le produit d’une influence sociale; si leur forme et leur origine sont dues aux facteurs culturels, ils empruntent leur énergie aux ergs. On a distingué des traits communs, susceptibles d’appartenir à tout le monde, et des traits uniques, qui, comme le voudrait Allport, seraient spécifiques à l’individu. Cette différence paraît inutile à Cattell, car « des qualités uniques de cette sorte peuvent toujours finalement être représentées par des combinaisons spéciales de traits communs ». Pour celui-ci, « par la nature même de l’analyse factorielle les traits d’origine reconstituent la totalité de l’individu ».
C’est, au contraire, par un égal refus de réduire la personnalité à une association de traits, sans quelque forme d’intégration ou d’unité que ce soit, que se caractérise l’immense majorité des autres théories de la personnalité qu’on a proposé de qualifier d’holistiques et que Cattell considère comme singularisées par l’absence d’« expérience quantitative ». La gestalt est la première référence qui permette de comprendre le développement de ce vaste courant. Mais l’intuition primitive s’est diversifiée soit par des apports biologiques, comme chez Goldstein et Maslow, soit par des références sociales, comme chez K. Lewin et A. Angyal, soit par un certain éclectisme, comme chez G. Murphy, soit enfin par des présupposés philosophiques comme chez les phénoménologues; et si Rogers définit encore le concept de self comme une gestalt, il ne s’agit plus que d’une simple mention sans valeur opérationnelle. Goldstein, par sa critique de l’arc réflexe et par son analyse du comportement des blessés du cerveau, tente de montrer que toute activité fait appel à une organisation individuelle et qu’on ne saurait considérer l’organisme comme une sommation d’éléments indépendants. L’unité de la personne, ainsi fondée biologiquement, s’articule à une tendance, à l’actualisation qui est spécifique de la vie. En faisant de la conservation une tendance propre à la vie en déclin, Goldstein permet une hiérarchisation des besoins qui trouvera son expression rigide chez Maslow et dans laquelle la satisfaction d’un niveau permettra à l’activité supérieure de se déclencher jusqu’au stade ultime de l’auto-actualisation. Lewin a toujours tenté d’interpréter l’expérience à partir des idées théoriques de la gestalt, d’où son concept essentiel de champ de forces , dont les déterminants sont concrets et actuels. La personne (P) est définie à partir de ses relations avec le milieu (E), l’ensemble constituant l’espace vital. Le milieu contient des situations valorisées qui renvoient à des besoins et qui constituent des valences soit positives soit négatives. Les valences résultent de besoins ou de quasi-besoins; et, au-delà de la sphère biologique, la socialisation, en déterminant des objets souhaités et interdits, y ajoute ses propres conditionnements.
On peut se demander si l’absence d’une théorie systématique de la personnalité, souvent regrettée, n’est pas due à une impossibilité interne, l’expérience remettant en question une construction qui, par ailleurs, n’est pas toujours justifiée par la réalité. Le fait de concevoir la personne comme s’organisant en une région périphérique (perceptivomotrice), en contact direct avec le milieu, et en une région interne, d’où naissent les besoins, ainsi que le fait de souligner ses différences dynamiques, autant dans ses degrés (l’enfant est moins différencié que l’adulte) que dans son matériel (résistance plus ou moins grande de changement), ne dépassent pas le niveau du sens commun. Quant aux motivations que Lewin réduit à des états de tension, résultant d’un jeu de forces actuelles et poussant l’organisme à retrouver son équilibre selon le pur modèle gestaltiste et homéostasique, on voit mal comment elles pourraient rendre compte du « niveau d’aspiration », qui introduit un déséquilibre par ouverture sur le monde du possible.
Le développement de la personnalité
Les études analytiques
Les premiers travaux de psychologie consacrés à l’étude du développement de la personnalité procédaient par analyse structurale. On déterminait des stades centrés sur une attitude générale, tels le stade du personnalisme de Wallon et le stade anal de Freud, le passage d’un stade à l’autre se faisant par apparition de comportements originaux organisés selon une structure nouvelle. Actuellement, on procède de façon analytique. Il en résulte une série de travaux, dépourvus de présupposition théorique et fournissant des perspectives partielles d’un développement général. La méthode utilisée n’est plus clinique mais statistique, et, de ce fait, elle pose un problème méthodologique général. Il est, en effet, impossible d’utiliser les mêmes tests au cours de l’étude longitudinale: on se sert d’un test verbal à un certain âge, d’un test moteur ou de jeux à une phase plus précoce du développement. Ainsi la dimension évolutive globale d’une population est sujette à caution, mais la situation d’un individu par rapport à la moyenne générale reste un critère plus rigoureux. On étudie de cette façon soit un trait de personnalité, tels ceux que propose Cattell, soit une conduite plus générale comme la dépendance, le jugement moral (J. Piaget), l’agressivité, le rôle sexuel ou le comportement spéculaire. K. L. Kagan et H. A. Moss (1962) montrent que la dépendance présente une constante assez forte chez les filles au cours du développement et qu’elle est au contraire décroissante chez les garçons, alors que la situation est inversée pour l’agressivité. C’est surtout la forme de celle-ci qui se modifie avec l’âge, certaines expressions allant en diminuant alors que d’autres font leur apparition. La négligence de ce fait peut conduire à des conclusions contradictoires. S. A. Shentoub et A. Soulairac ont observé que l’agression sur le corps du sujet précède l’agression sur le milieu et que la première, maximale à douze mois, diminue quand la seconde augmente de fréquence. Vers trois ans, les sexes se différencient par leurs réactions agressives (R. R. Sears). Les garçons frappent, heurtent et détruisent les objets; les filles sont verbalement plus agressives mais, dans leurs jeux avec des poupées, elles miment les disciplines éducatives et font preuve, à cette occasion, d’agressions physiques telles que la fessée; il faudra attendre l’âge de cinq ans pour voir apparaître cette conduite chez les garçons. On peut considérer que les différences dans les modalités agressives témoignent de l’existence d’une psychologie différentielle des sexes. Grâce à des travaux portant sur les sujets intersexués, on a pu déterminer que c’est entre dix-huit mois et deux ans que le rôle sexuel s’établit; après cet âge, l’acte chirurgical qui ne respecterait pas cette acquisition conduirait à des troubles psychologiques graves (J. L. Hampson). L’identification de soi se fait dans le cadre de l’image spéculaire (miroir, ombre, photos, film de cinéma, T.V. en direct et en différé); dans cette mesure, on peut différencier les réflexions qui donnent des correspondances visuelles synchrones aux mouvements du corps (extrafeedbacks ) de celles qui en sont dépourvues (photos, films, image T.V. en différé). Les critères d’identification de soi varient aussi: réponses spécifiques à l’image (timidité, mimiques, minauderie, malaise); comportements dirigés vers son corps en correspondance avec le reflet (l’épreuve de la tache utilisée chez le chimpanzé par Gallup et chez l’enfant par Amsterdam puis Zazzo, où le sujet, marqué à son insu sur le front ou le nez, place ses doigts sur cette marque quand il l’aperçoit dans le miroir); réponses verbales (le sujet se désigne, il répond par son nom à la question « qui estce? », etc.). La réponse à la tache (réussie à douze-vingt mois chez l’enfant), entendue comme « reconnaissance de soi », prête à discussion; elle n’est, sans doute, que la mise en correspondance de deux points de l’espace par la médiation du mouvement (Epstein et coll., 1980, ont montré que le pigeon domestique réussit l’épreuve). La reconnaissance verbale qui s’étend sur la troisième année est plus tardive pour les images dépourvues de coordination perceptivo-motrice.
Fisher et Cleveland ont réussi à mettre en évidence des différences selon les sexes quant au développement du « corps perçu ». Entre cinq et sept ans, le score du corps perçu comme barrière est chez les garçons inférieur à ce qu’il est pour les filles, alors que le score « pénétration » est plus élevé; entre huit et dix ans, il n’y a pas de différence, alors qu’entre dix et treize ans les proportions trouvées entre cinq et sept ans s’inversent. Ces résultats concordent avec ceux de S. M. Friedman qui, utilisant le modèle psychanalytique, a pu établir qu’entre cinq et sept ans les garçons ont une angoisse plus grande que les filles à l’égard de leur corps, mais que le contraire se produit vers onze ou douze ans après une période d’équilibre intermédiaire.
Facteurs héréditaires et facteurs culturels
Nié pour des raisons idéologiques, ou pour des carences méthodologiques (Newman et coll., 1937), le rôle des facteurs héréditaires dans les manifestations de la personnalité est aujourd’hui bien établi, du moins pour certains traits. Galton, en définissant la co-twin control method (1883), dota les recherches sur l’hérédité humaine d’un outil qui, manié avec discernement, demeure précieux. Les prédispositions héréditaires n’exercent leur déterminisme qu’en fonction du milieu pouvant favoriser leur développement ou l’entraver. Enfin, l’action du milieu dépend des prédispositions héréditaires, qui électivement favorisent certaines influences. De la sorte, l’hérédité des traits de personnalité a été souvent confirmée (cf. Vandenberg, 1967; Mittler, 1971). Les auteurs anglais ont sélectivement montré le poids de la bipolarité extraversion-introversion comme celui du névrosisme et du psychotisme. Shields (1962) constate que l’extraversion des jumeaux monozygotes élevés ensemble a une corrélation de .42, pour .61 chez les monozygotes élevés à part; chez les dizygotes élevés ensemble, on trouve 漣 .17 (cf. Jinks et Fueker, 1970; Shields, 1973; Eysenck, 1982). Souvent, certaines discordances sont explicables par les différentes méthodes utilisées pour relever les traits. Cattell observait que le pourcentage d’hérédité pour le névrosisme est de 30 ou 40, alors qu’il est de 80 pour le facteur H (cyclothymie-schizothymie). I. I. Gottesman (1963), pour les échelles du M.M.P.I. (Minnesota Multiphasic Personality Inventory), constate que l’hérédité compte pour les pourcentages suivants: D (dépression): 45; Pd (personnalité psychopathique): 50; Sc (schizophrénie): 42; Si (pauvreté des contacts sociaux): 71. Les premiers travaux de Cattell étaient fondés sur l’analyse de variance multiple et abstraite. Les publications ultérieures partent d’analyses statistiques encore plus élaborées (cf. Loehlin et Nichols, 1976; Evans et Eysenck, 1975, 1977) et aboutissent à des résultats analogues. Dans ces études, l’hérédité contribue aux deux tiers de la variance, mais, à l’inverse de ce qui se passe pour l’intelligence, la personnalité, d’une part, est insensible à la dominance et à l’homogamie positive et, d’autre part, n’est influencée que par les facteurs intra-familiaux (position dans la fratrie, âge des parents variant selon l’âge des enfants, etc.) et non par les facteurs inter-familiaux (différence d’attitudes des familles). Bref, des individus élevés ensemble manifestent des ressemblances pour les capacités verbales mais non pour les traits de leur personnalité. On est en droit de se demander alors si de telles conclusions ne réduisent pas considérablement l’intérêt et la portée des tentatives nombreuses visant à actualiser la mesure de l’influence du milieu social sur la personnalité. La grande majorité de ces publications s’est inspirée du modèle psychanalytique favorisant le rôle des influences précoces sur les structures futures (« l’enfant est le père de l’homme »). On a voulu ainsi mettre en corrélation les facteurs éducatifs (allaitement, sevrage, apprentissage de la propreté, autorité, frustration, etc.) avec des paramètres de la personnalité. De telles études ont été exécutées ou dans le cadre d’une même culture ou dans la comparaison de plusieurs (études culturelles croisées). Dans ce dernier cas, la variable indépendante peut être un comportement éducatif déterminé (un sevrage brutal, par exemple, donnera chez l’adulte une représentation de la maladie conforme à des fantasmes de menaces orales: Whiting et Child, 1953) ou encore l’ensemble de toutes les influences ayant un impact sur l’enfant (personnalité de base de Kardiner, 1945). À tous ces travaux (cf. Orlansky, 1949; Klein, 1972; Fisher et Greenberg, 1977), on peut reprocher une méthodologie insuffisante, leurs conclusions peu significatives, le défaut de ne pas tenir compte de la circularité des déterminismes (influence de l’enfant sur la famille) et celui de prendre pour un rapport causal ce qui n’est peut-être que deux expressions, à des moments différents, d’un même trait originel. Certes, il est hors de doute que le milieu culturel détermine, à divers degrés, nombre de comportements et d’attitudes, mais qu’en est-il de la personnalité elle-même?
Le rôle de l’identification
L’« enculturation » d’un individu se fait par des mécanismes de conditionnement habituels et par des processus d’imitation. L’imitation est une forme d’apprentissage qui consiste à se régler sur un modèle. Certains confondent imitation et identification, d’autres s’efforcent de les différencier. Cependant, on peut admettre que toute imitation n’est pas forcément une identification. On imite parce que le modèle fait un acte dont l’apprentissage est motivé par ailleurs, c’est-àdire qu’il donne lieu, par lui-même, à un renforcement. On s’identifie, lorsqu’on fait un acte, parce que le modèle le fait. Dans ce cas, c’est le fait d’agir comme le modèle qui est renforcé, ce qui implique que le choix du modèle ait précédé l’identification. Pour être complet, il faut ajouter que le modèle peut servir à réaliser le comportement opposé: c’est l’identification négative. De nombreuses théories ont été proposées pour tenter d’expliquer ce qui pouvait présider au choix du modèle; en effet, ce qu’il est détermine l’acte, et non ce qu’il fait. Freud a fait jouer à l’identification un rôle capital dans la constitution de la personnalité. L’identification suit un choix libidinal qui la fonde et la justifie: l’objet une fois abandonné se retrouve intériorisé et, grâce à cette identification, le sujet conserve la relation perdue. Ainsi la libido à l’égard de l’objet s’est transformée en libido narcissique: « Le caractère du moi, écrit Freud, résulterait de ces abandons successifs d’objets sexuels. » Mais cette relation affective positive n’est pas la seule à justifier l’identification car, lors de la liquidation du complexe d’Œdipe, le garçon doit s’identifier au père, qui est pourtant, à ce moment, objet de haine. Il faut donc admettre que l’identification porte sur une relation ambivalente, de type sado-masochiste, comme le montre d’ailleurs l’incorporation orale qui est son premier modèle. Anna Freud, en développant, sous le nom d’identification à l’agresseur, le mécanisme de défense à l’égard d’une autorité vécue comme dangereuse et redoutable, a mis en lumière l’importance d’une identification résultant, non d’une relation libidinale, mais d’une relation de dominant à dominé, telle qu’on la rencontre déjà chez les Simiens. Ce type d’identification pourrait correspondre à l’identification primaire et immédiate, dont Freud a parlé, et qui précéderait toute relation objectale. C’est dans ce sens que Lagache a utilisé l’identification à l’agresseur pour expliquer, à un stade pré-œdipien, la constitution du moi idéal. L’enfant vit l’autorité parentale comme omnipotente, et il s’en défend par une identification primaire soit à la mère elle-même, soit au père, personnages dotés de pouvoirs prestigieux. Chez l’adolescent, on retrouve parfaitement, à côté de l’identification à l’ami, résultat d’une transformation de la libido homosexuelle en libido narcissique, une identification à des modèles héroïques et invincibles qui alimente les fantasmes mégalomaniaques.
personnalité [ pɛrsɔnalite ] n. f.
• personalité 1495; lat. personalitas, de personalis « personnel »
I ♦ LA PERSONNALITÉ.
1 ♦ Ce qui fait l'individualité d'une personne morale. ⇒ 2. être, moi. — Psychol. Fonction par laquelle un individu conscient se saisit comme un moi, comme un sujet unique et permanent. « notre mémoire, en retenant le fil de notre personnalité identique » (Proust). Maladies, troubles de la personnalité. Dédoublement de la personnalité. Tests de personnalité.
♢ Sociol. Personnalité de base : configuration psychologique propre aux membres d'une société donnée et qui se manifeste par un certain style de vie.
2 ♦ Apparence d'une personne (⇒ personnage) ; aspect sous lequel une personne se considère. « notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres » (Proust). — Ce qui différencie une personne de toutes les autres. Affirmer, développer sa personnalité. Avoir une forte, une puissante personnalité (cf. ci-dessous, II, 2o). Être une personnalité. Absolt ⇒ caractère, originalité. Avoir de la personnalité. Perdre sa personnalité. ⇒ se dépersonnaliser. Un être banal, sans personnalité. — Par ext. « le peuple arabe a gardé sa personnalité qui n'est pas réductible à la nôtre » (Camus). Personnalité ethnique.
3 ♦ Dr. Personnalité juridique : aptitude à être sujet de droit. ⇒ 1. personne. Personnalité civile, morale, juridique d'un groupement, d'un établissement, d'une association (qui constitue une personne morale).
4 ♦ (1697) Vieilli, Au plur. Désignation de la personne visée par une allusion blessante, une critique, un blâme, présenté sous une forme générale. Je ne veux pas faire de personnalités (cf. Je ne veux nommer personne). « ma franchise n'est point satirique; toutes personnalités odieuses sont bannies de ma bouche et de mes écrits » (Rousseau).
5 ♦ Caractère de ce qui s'applique aux personnes, de ce qui est personnel. Personnalité de l'impôt. Personnalité des peines en droit français.
II ♦ (1867) UNE, DES PERSONNALITÉS.
1 ♦ Rare Personne morale considérée comme réalisant plus ou moins les qualités supérieures par lesquelles la personne se distingue du simple individu biologique. Une remarquable personnalité. ⇒ caractère, individualité, nature.
2 ♦ (1867) Cour. Personne en vue, remarquable par sa situation sociale, son activité. ⇒ notabilité, personnage, V. I. P. La foule se presse sur le passage des personnalités. « Joseph parle comme les journaux. Il appelle les personnes des personnalités » (Duhamel). Une personnalité politique. ⇒ cacique, hiérarque.
3 ♦ (adapt. du russe) Culte de la personnalité : attitude politique privilégiant l'image du chef.
⊗ CONTR. Impersonnalité.
● personnalité nom féminin (bas latin personalitas, de personalis, personnel) Individualité psychologique de la personne telle qu'elle se manifeste dans ses comportements : Troubles de la personnalité. Ensemble des traits physiques et moraux par lesquels une personne est différente des autres ; aspect par lequel quelqu'un affirme une originalité plus ou moins accusée : La forte personnalité d'un ministre. Personne d'une certaine importance sociale : C'est une personnalité du monde de la finance. Aptitude à être sujet de droit. ● personnalité (expressions) nom féminin (bas latin personalitas, de personalis, personnel) Droits de la personnalité, ensemble des droits qui visent à assurer la protection physique et morale de la personne (droit à l'honneur, droit au nom, etc.). Personnalité de base, selon Ralph Linton et Abram Kardiner, ensemble de comportements et de croyances d'une personne, façonnés par des institutions « primaires » (règles de l'éducation des enfants, organisation de la famille, etc.) et qui s'expriment dans des institutions « secondaires » (le folklore et la mythologie). Personnalité des lois, théorie selon laquelle on applique à un individu sa loi nationale. Personnalité morale ou civile, aptitude reconnue à un groupement d'avoir une existence juridique propre et d'être sujet de droit. Test de personnalité, synonyme de test projectif. ● personnalité (synonymes) nom féminin (bas latin personalitas, de personalis, personnel) Individualité psychologique de la personne telle qu'elle se manifeste dans...
Synonymes :
- être
- moi
- soi
Ensemble des traits physiques et moraux par lesquels une personne...
Synonymes :
- caractère
- individualité
- nature
- originalité
Personne d'une certaine importance sociale
Synonymes :
Test de personnalité
Synonymes :
- test projectif
personnalité
n. f.
d1./d PSYCHO et cour. Ce qui caractérise une personne, dans son unité, sa singularité et sa permanence.
— Troubles de la personnalité: effets psychiques ou troubles du comportement dus à la dégradation de l'unité du moi.
— Test de personnalité: test projectif.
d2./d Singularité naturelle ou acquise; originalité de caractère, de comportement. Avoir une forte personnalité.
d3./d Personnage important (par sa fonction, sa position sociale, etc.). Une personnalité politique.
d4./d Caractère de ce qui est personnel ou personnalisé. Personnalité de l'impôt.
d5./d DR Personnalité juridique: capacité d'être titulaire de droits et soumis à des obligations.
— Droits de la personnalité, inhérents à la personne humaine.
⇒PERSONNALITÉ, subst. fém.
I. —[Corresp. à personne1]
A. —Ce qui constitue la personne, qui la rend psychiquement, intellectuellement et moralement distincte de toutes les autres. Le goût de l'indépendance individuelle est un sentiment noble, moral, qui tire sa puissance de la nature morale de l'homme; c'est le plaisir de se sentir homme, le sentiment de la personnalité, de la spontanéité humaine dans son libre développement (GUIZOT, Hist. civilis., leçon 2, 1828, p.35). Il faut rendre à l'être humain, standardisé par la vie moderne, sa personnalité. Les sexes doivent de nouveau être nettement définis. Il importe que chaque individu soit, sans équivoque, mâle ou femelle (CARREL, L'Homme, 1935, p.384):
• 1. ... la communauté de biens, le droit au travail, l'égalité absolue, l'uniformité en toutes choses, la régularité mécanique dans tous les mouvements des individus, la tyrannie réglementaire et l'absorption complète de la personnalité des citoyens dans le corps social.
TOCQUEVILLE, Anc. Rég. et Révol., 1856, p.262.
1. Spécialement
a) PSYCHOL. Fonction par laquelle un individu a conscience de son moi, perçoit l'unité de sa vie psychique et son identité dans le temps. Une personnalité douteuse, un premier détraquement nerveux, tels sont les deux faits auxquels vient s'adjoindre la diminution des certitudes religieuses et philosophiques (BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p.175). La personnalité naissante est encore envoûtée par le milieu, elle ne réalise avec lui qu'une adaptation partielle, gauche et visqueuse. Elle reçoit le monde extérieur sur deux registres, le mouvement vécu et le mouvement vu: leur accord reste longtemps incertain (MOUNIER, Traité caract., 1946, p.338).
b) PSYCHIATRIE, PATHOL.
♦Dédoublement de la personnalité.
♦Personnalités alternantes. V. alternant.
♦Personnalité hystérique. ,,Trouble de la personnalité caractérisé par une affectivité superficielle et labile, la dépendance, le besoin de se faire valoir et d'attirer l'attention, la suggestibilité et les attitudes théâtrales`` (Méd. Biol. Suppl. 1982). V. aussi hystérie, hystérique.
♦Personnalité paranoïaque. ,,Personnalité caractérisée par un sentiment de supériorité et d'orgueil démesuré avec dédain d'autrui, une psychorigidité et une fausseté de jugement menant à un comportement agressif non sociable`` (Méd. Biol. t.3 1972).
♦Personnalité obsessionnelle. ,,Trouble de la personnalité caractérisé par des sentiments de doute et d'incomplétude entraînant des scrupules, des vérifications, une obstination et une prudence excessive`` (Méd. Biol. Suppl. 1982).
c) PSYCHOSOCIOL. Personnalité de base. ,,Configuration psychologique particulière propre à tous les membres d'une société et qui se manifeste par un ensemble de comportements communs sur lesquels les individus brodent leurs variations singulières`` (LAPLANTINE 1974).
2. P. méton. Caractère original qui différencie une personne des autres; aspect sous lequel on la considère. Affirmer sa personnalité; avoir une forte personnalité; manquer de personnalité. Je manque de vie les trois quarts du temps et j'ai à peine assez de personnalité pour me rendre compte de ma nullité (MAINE DE BIRAN, Journal, 1818, p.105). Pour quiconque avait une fois travaillé dans son service, cet homme d'une si forte personnalité restait à jamais «le patron», celui dont on ne discute pas les ordres (BOURGET, Sens mort, 1915, p.12):
• 2. ... la pensée de Valéry (...) ne se soucie ni de la conformité de ses idées avec le monde extérieur ni de leur cohérence entre elles. Elle entend ne connaître que les exigences de la création artistique, et encore dans ce que celle-ci a de plus changeant selon le moment et de plus particulier à la personnalité de son auteur...
BENDA, Fr. byz., 1945, p.286.
— P. ext. Personnalité sociale. Sa personnalité sociale, si incertaine, me devint claire aussitôt quand je sus son nom, comme quand, après avoir peiné sur une devinette, on apprend enfin le mot qui rend clair tout ce qui était resté obscur (PROUST, Sodome, 1922, p.892).
— P. anal [À propos d'un peuple, d'une nation] Cette fusion intime des races constitue l'identité de notre nation, sa personnalité (MICHELET, Introd. Hist. univ., 1831, p.448). La France, parmi toutes les nations pourvues depuis très longtemps d'une personnalité sociale, est celle qui est le plus largement ouverte à l'immigration étrangère (GAULTIER, Bovarysme, 1902, p.132).
— Au fig. Personnalité du style. [Des statuaires] vont voir leurs confrères; généralement ils s'abstiennent de ces visites, afin de ne point subir une influence qui pourrait ôter quelque chose à la personnalité de leur oeuvre (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p.225).
B. —DR., SOCIOL. Aptitude à jouir des droits attachés à la personne et définis par la loi.
♦Personnalité juridique. Qualité d'une personne physique ou morale à qui sont reconnus tous les droits civils (d'apr. BARR. 1974). Elle se disait sans doute que les curés n'ayant plus de personnalité juridique, elle n'avait plus à les connaître (BARRÈS, Cahiers, t.6, 1908, p.108). La personnalité juridique n'est reconnue aux sociétés commerciales que par leur inscription au registre de commerce (BARR. 1974).
♦Personnalité morale. ,,Aptitude reconnue à un groupement ou à un établissement institué par l'État ou un particulier d'avoir en cette qualité une existence juridique propre et d'être sujet de droit`` (CAP. 1936). Car la seule personnalité morale qui soit au-dessus des personnalités particulières est celle que forme la collectivité (DURKHEIM, Divis. trav., 1893, p.V).
C. —Personne qui s'impose par son influence ou qui fait autorité dans un domaine précis. Personnalités éminentes, marquantes, notoires, représentatives; les principales personnalités locales; personnalités de premier plan; les principales personnalités militaires, du Gouvernement, du Parlement, de la presse, du cinéma, du monde des Lettres. Cette même personnalité diplomatique m'avait dit, d'un air motivé et sérieux, que la princesse de Guermantes lui était franchement antipathique (PROUST, Sodome, 1922, p.660). Un jeune chef [Saladin] dont toute l'histoire ultérieure allait révéler le génie, homme de guerre et homme d'État de premier ordre, la plus forte personnalité qu'ait produite la société musulmane (GROUSSET, Croisades, 1939, p.203):
• 3. ... en fouillant mes souvenirs, je ne trouve chez moi, pendant toute ma jeunesse, aucun désir de devenir une personnalité de premier plan. Je n'avais que l'ambition d'une vie indépendante, où je m'occuperais paresseusement d'art et de littérature, mais en amateur et non, ainsi que cela a été, en forçat de la gloire.
GONCOURT, Journal, 1895, p.873.
♦Culte de la personnalité.
II. —[Corresp. à personnel ou à personnaliser]
A. —Caractère ou comportement de celui qui est trop personnel, qui ramène tout à sa personne. Une telle absence de personnalité ne s'était peut-être jamais rencontrée; sa journée se passait sans qu'il en prît aucun moment pour lui-même: il l'abandonnait aux autres par mélancolie et par bienveillance (STAËL, Corinne, t.1, 1807, p.9).
B. —DR. [En parlant de choses] Caractère de ce qui est personnel.
1. FISC. Personnalité de l'impôt. Caractère de l'impôt qui tient compte de la situation particulière du contribuable quant à sa situation familiale ou à certaines de ses charges. La personnalité de l'impôt apparaît par exemple dans l'application de l'abattement à la base, dans la prise en considération de la famille du contribuable, dans l'application de la réduction et de la déduction (ROMEUF t.2 1958).
2. DR. PRIVÉ. Personnalité des lois. ,,Système juridique selon lequel plusieurs lois sont susceptibles d'être appliquées sur un même territoire, en raison de la coexistence de groupes ethniques différents`` (Jur. 1981).
C. —Vieilli, rare. Attaque personnelle, trait injurieux à l'adresse de quelqu'un. Ils ne voient dans ma brochure qu'une personnalité contre Soult (CONSTANT, Journaux, 1815, p.431). Mais Poisson s'était levé. Il s'avança et mit la main sur son coeur, en disant: —Vous me blessez, Auguste. Discutez sans faire de personnalités (ZOLA, Assommoir, 1877, p.735).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. I. 1. 1481 personaltie «caractère personnel d'une action judiciaire» (LITTLETON, Instit., 315 ds GDF.); 2. a) 1495 «personne, une des trois formes de Dieu» (J. DE VIGNAY, Miroir historial, I, 3, f° 13 r°); b) 1495 «ce qui constitue la personne en général, la possession de soi-même» (ID., op. cit., II, 33, f° 25 r°); 1749 (CONDILLAC, Traité des systèmes, chap.8, p.179); 3. 1697 personnalités plur. «détails personnels» (BAYLE, Lettre à Le Duchat, 5 janv. ds LITTRÉ); ca 1720 «trait piquant, injurieux et personnel lancé contre quelqu'un» (LA CHAPELLE ds Trév. 1752); 4. 1762 «caractère propre à une personne en particulier» (Ac.); 1935 avoir de la personnalité (Ac.); 5. 1767 «attachement à sa propre personne» (MARMONTEL, Bélisaire, VII ds LITTRÉ); 6. 1867 «personne en vue, remarquable par sa situation sociale, son activité» (Moniteur universel, 13 juin, p.734, 2e col., ibid.); 7. dr. 1872 «qualité de personne légale» (Journ. officiel, 12 mai, p.3172, 2e col., ibid.), 1872 personnalité civile (ibid., 15 mai, p.3254, 3e col., ibid.); 8. 1958 personnalité de l'impôt (ROMEUF). Empr. au lat. personalitas, dér. de personalis (personnel). Fréq. abs. littér.:2085. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1116, b) 2183; XXes.: a) 3364, b) 4722. Bbg. GOHIN 1903, p.298. — QUEM. DDL t.8.
personnalité [pɛʀsɔnalite] n. f.
ÉTYM. 1495; lat. personalitas, de personalis « personnel ».
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1 Caractère de l'être qui est une personne (1. Personne, 3.) morale, ce qui fait son individualité. ⇒ Être, moi, nature, soi. — Liberté et personnalité. || L'idée d'âme (cit. 42) et l'idée de personnalité. || Opposer la personnalité et la fonction sociale (⇒ Personnage), et l'individualité…
♦ Fonction par laquelle un individu conscient se saisit comme un moi, comme un sujet unique et permanent (→ Flux, cit. 4; individu, cit. 17). ⇒ aussi Caractère, constitution, moi, tempérament. || « Notre mémoire, en retenant le fil de notre personnalité identique » (cit. 5, Proust). || Tests de personnalité, analytiques et projectifs (ou synthétiques). || Maladies, troubles (→ Encéphalite, cit.), altérations, détériorations de la personnalité (troubles de l'identité, de l'unité, de la continuité, de la perception). ⇒ Dédoublement (→ Dépersonnalisation, cit. 3), délire (de négation, de transformation), dépersonnalisation, désagrégation, dissociation, dissolution, névrose. || Distorsion (→ Épilepsie, cit. 2) de la personnalité.
1 En tant qu'individualité psychologique, la notion de personnalité n'est pas prise ici comme signifiant l'influence exercée par un individu sur un autre (« il a une personnalité marquante »)… Elle ne signifie pas non plus l'apparence qu'on se donne (« prendre » une personnalité)… Elle ne désigne pas davantage l'idéal que peut se faire l'individu de lui-même (« chercher à cultiver sa personnalité »)… Enfin, il ne s'agit pas ici de l'essence métaphysique et hypothétique de l'être humain (« la personnalité de chacun est inviolable… ») le psychologue laisse au moraliste la notion de personne (…) la personnalité est la configuration unique que prend au cours de l'histoire d'un individu l'ensemble des systèmes responsables de sa conduite.
J.-C. Filloux, la Personnalité, p. 10.
2 Le concept de personnalité recouvre ainsi deux idées différentes : celle d'intégration plus ou moins parfaite : elle est l'ensemble ou le système de tout ce qu'il y a en moi — et celle d'individualité : la forme que prennent en moi les éléments qui y figurent m'appartient en propre et me distingue des autres. Parler de la personnalité humaine, c'est dire, en somme, que chaque homme est un et qu'il est unique.
Gaston Berger, Caractère et Personnalité, p. 2.
♦ Sociol. || Personnalité de base : « configuration psychologique propre aux membres d'une société donnée et qui se manifeste par un certain style de vie » (M. Dufrenne).
2 Cour. (→ ci-dessus, cit. 1). Apparence d'une personne (⇒ Personnage); aspect sous lequel une personne se considère. || Les personnalités successives de qqn (→ Discontinuité, cit.).
3 (…) notre personnalité sociale est une création de la pensée des autres.
Proust, À la recherche du temps perdu, t. I, p. 31.
♦ Caractère original; ce qui différencie une personne de toutes les autres; ce qui constitue l'idéal, le projet d'un individu (quant à lui-même). || Affirmer (cit. 9 et 11), développer sa personnalité. || Avoir une forte, une puissante personnalité. Absolt. ⇒ Originalité (→ Falloir, cit. 31). || Un être banal, sans personnalité. || « Des personnes sans personnalité, des êtres sans originalité, nés pour la fonction » (→ Estimable, cit. 3, Baudelaire). — Style sans personnalité. ⇒ Caractère.
♦ Par ext. || Personnalité d'un peuple (→ Malaxer, cit. 3), d'une nation (cit. 4), de la patrie (→ Fixité, cit. 5). || Notre personnalité française (→ Étranger, cit. 47).
4 La personnalité française est la plus vive, la plus individuelle de l'Europe (…) la plus multiple, la plus difficile à connaître.
Michelet, la Femme, II, II.
5 (…) le peuple arabe a gardé sa personnalité qui n'est pas réductible à la nôtre. Ces deux personnalités, liées l'une à l'autre par la force des choses, peuvent choisir de s'associer, ou de se détruire.
Camus, Actuelles III, p. 145.
3 Dr. || Personnalité juridique : aptitude à être sujet de droit. ⇒ Personne (1. Personne, 4.). || Droits de la personnalité. || Personnalité civile, morale, juridique d'un groupement, d'un établissement (qui constitue une personne morale), d'une association. — Personnalité comptable (→ Exercice, cit. 22). || Doctrines sur la personnalité de l'État.
4 Vx, péj. « Attachement à sa propre personne » (Littré); égoïsme empreint d'orgueil (⇒ Moi). Cf. Mme du Deffand, Marmontel, Mme de Staël, in Littré; → aussi Exaltation, cit. 6. || « Auguste Comte oppose souvent, en ce sens, personnalité et socialibilité ou sympathie » (Lalande).
5 (1697). Vieilli (au plur.). Désignation de la personne visée par telle allusion blessante, telle critique, tel blâme présenté sous une forme générale. ⇒ Personnaliser (II.). || Je ne veux pas faire de personnalités.
6 (…) ma franchise n'est point satirique : toutes personnalités odieuses sont bannies de ma bouche et de mes écrits (…)
Rousseau, Lettre à Mme la marquise de Créqui, 8 sept. 1755.
6 Caractère de ce qui s'applique aux personnes, de ce qui est personnel. || Personnalité de l'impôt. || Personnalité des peines en droit français.
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II (1867).
1 Rare. Personne morale considérée comme réalisant plus ou moins « les qualités supérieures par lesquelles la personne se distingue du simple individu biologique » (Lalande). || Une puissante, une remarquable personnalité. ⇒ Caractère, individualité, nature. || Personnalité éminente. ⇒ Sommité; figure.
2 Personne en vue, remarquable par sa situation sociale, son activité. ⇒ Notabilité, personnage. || « Il y avait sur l'estrade un grand nombre de personnalités » (Académie).
7 (…) Joseph parle comme les journaux. Il appelle les personnes des personnalités. Il trouve que ça fait mieux, que c'est plus fort.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, X, VI.
3 ☑ Culte de la personnalité (adaptation du russe) : attitude politique qui consiste à donner plus d'importance à l'image du chef qu'aux intérêts de la collectivité (explication rationalisée du régime dictatorial).
7.1 Le culte de la personnalité, en voilà un crime ! Ce n'est pas le vôtre, camarades staliniens.
F. Mauriac, Bloc-notes 1952-1957, p. 253.
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CONTR. Impersonnalité.
Encyclopédie Universelle. 2012.