dédoublement [ dedubləmɑ̃ ] n. m.
• déb. XVIIIe; de dédoubler
1 ♦ Action de dédoubler; son résultat. Le dédoublement d'une classe pléthorique, d'un train.
2 ♦ Psychol. Dédoublement de la personnalité : trouble qui se manifeste par la présence, chez le même sujet, de deux types de comportement, l'un normal et adapté, l'autre pathologique, présentant un caractère d'automatisme. Le dédoublement du Dr Jekyll. — Cour. Le fait d'avoir deux comportements différents, deux ensembles de traits de caractères. Chaque homme « qui s'efforce vers un idéal nous offre un exemple de ce dédoublement » (A. Gide).
● dédoublement nom masculin Action de dédoubler, de se dédoubler, de partager ou d'être partagé en deux ; résultat de ce partage : Le dédoublement d'une classe. ● dédoublement (expressions) nom masculin Dédoublement de la personnalité, trouble de l'unité de la conscience de soi, caractérisé par l'apparition en alternance d'une personnalité première et d'une ou de plusieurs personnalités secondaires chez un même sujet. Dédoublement d'un train (pour doublement d'un train), mise en marche d'un train supplémentaire.
dédoublement
n. m.
d1./d Action de dédoubler (sens I, 2); son résultat.
d2./d PSYCHIAT Dédoublement de la personnalité: absence du sentiment de l'unité et de l'identité de la personnalité, observée chez certains psychopathes, deux personnalités différentes et autonomes coexistant chez le même individu.
⇒DÉDOUBLEMENT, subst. masc.
[Souvent avec un compl. prép. de ou un adj. dém. etc. précisant ce qui est dédoublé] Fait de (se) dédoubler (cf. dédoubler3); résultat de ce fait.
A.— Fait de se diviser en deux, fait d'être divisé en deux.
1. [Concerne une ou plusieurs choses concr. se développant spontanément] Fait de se partager ou d'être partagé en deux. Une petite fosse ptérygoïde (...) qui semble produite par un « dédoublement » de la lame osseuse antérieure des narines (CUVIER, Anat. comp., t. 3, 1805, p. 55).
— Spécialement
a) CHIM. ,,Décomposition d'une substance en deux autres avec ou sans l'intervention d'un réactif`` (DUVAL 1959). On donne le nom de fermentation alcoolique au dédoublement du sucre en alcool et en acide carbonique sous l'influence de certains microbes appelés « ferments alcooliques » (BOULLANGER, Malt., brass., 1934, p. 373). Expériences sur le dédoublement des tartrates (Hist. gén. sc., t. 3, vol. 1, 1961, p. 354).
b) BIOLOGIE :
• 1. Ces dernières [les opérations de division du cytoplasme de la cellule] commencent par le dédoublement du centrosome, petit corps sphérique situé à côté du noyau. Les deux centrosomes ainsi obtenus s'éloignent l'un de l'autre, attirent à eux les tronçons coupés et aussi dédoublés du filament qui composait essentiellement le noyau primitif, et aboutissent à former deux nouveaux noyaux autour desquels se constituent les deux nouvelles cellules qui succéderont à la première.
BERGSON, L'Évolution créatrice, 1907, p. 33.
2. [Concerne des entités soumises à une analyse intellectuelle] Fait de distinguer deux éléments ou deux aspects d'un tout ou fait d'être découvert comme composé de deux éléments :
• 2. Dans l'économie politique par exemple, le calcul appartient à la rationalité formelle, tandis que les valeurs éthiques qui dictent la conduite visant des fins économiques, comme le communisme ou le socialisme, définissent la rationalité matérielle. Mais ce dédoublement de la rationalité ne ressuscite-t-il pas la dualité de la conscience de soi et de la conscience de l'objet?
J. VUILLEMIN, L'Être et le travail, 1949, p. 104.
3. ADMIN. (MILIT.), UNIV. [Concerne une ou plusieurs pers. ou une de ses fonctions, etc.] Dédoublement d'un régiment, d'une classe, d'un service administratif (HANSE 1949).
4. [Concerne la pers. individuelle ou la personnalité en tant que possédant normalement une (grande) unité]
a) [La pers. individuelle] Dédoublement de l'âme, de la conscience, de l'être, de soi. Les apparitions, les dédoublements de corps, les bilocations (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 77). Ce dédoublement entre l'être vivant et l'artiste (DU BOS, Journal, 1922, p. 156). Ce dédoublement et ce triplement du moi dans les rêves (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 15).
— Emploi abs. Capacité, faculté, pouvoir de dédoublement. Être naïf consciemment. Ces deux facultés sont réductibles du reste au seul don de dédoublement (GIDE, Journal, 1892, p. 32). Le gouverneur d'Émile, c'est lui [J.-J. Rousseau], et Émile, c'est encore lui. Ce dédoublement va devenir un des modes de sa pensée (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 36).
— P. méton. Résultat du fait de se dédoubler, second élément né d'un premier, par rapport à lui. Synon. double. Iahvé eut à côté de lui une sorte de dédoublement de lui-même, qu'on appelait Maleak Iahvé; c'était comme sa face, son parèdre, son « alter ego » (RENAN, Hist. peuple Isr., t. 1, 1887, p. 286). Dominique n'est guère qu'un dédoublement arbitraire « du héros du livre » (PAULHAN, Fleurs Tarbes, 1941, p. 191).
b) PSYCHOL. Dédoublement de la personnalité. ,,Variété d'état second hystérique où le rétrécissement du champ de la conscience permettrait l'apparition alternante de deux « personnalités » distinctes`` (THINÈS-LEMP. 1975). L'hystérie détermine parfois le dédoublement de la personnalité. Le malade devient deux individus différents. Chacune de ces personnes artificielles ignore ce que fait l'autre (CARREL, L'Homme, 1935, p. 294).
B.— Fait d'ajouter une seconde (ou plusieurs) unité(s) à une première déjà existante. Après le dédoublement du lit que nous fîmes de nos mains (SAINTE-BEUVE, Volupté, t. 1, 1834, p. 247). Cette mélodie qui s'accompagne elle-même grâce à son dédoublement, s'appelle un canon (COMBARIEU, Mus., 1910, p. 77) :
• 3. ... les maori pratiquent le dédoublement de la représentation. Dans les figures VII, IX, X, XIII on retrouve la même division du front en lobes, la même composition de la bouche à partir des deux moitiés affrontées, la même représentation du corps comme s'il avait été fendu par derrière du haut en bas, et les deux moitiés rabattues en avant sur le même plan...
LÉVI-STRAUSS, Anthropol. struct., 1958, p. 283.
— Spécialement
♦ CH. DE FER. Dédoublement d'un train (HANSE 1949).
♦ ÉCON. Dédoublement des prix. ,,Vente d'un même produit à deux prix différents, en le présentant sous deux marques distinctes, ou en le distribuant par des canaux différents`` (CIDA 1973).
— P. méton., rare. Résultat de l'action de dédoubler; chose double, réplique. Cette extraordinaire ressemblance des jumeaux qui est comme un dédoublement des visages (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 189).
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1878 et 1932. Étymol. et Hist. Av. 1755 « action de diviser en deux » (ST SIMON, Mémoires, 279, 32 ds LITTRÉ); 1870 psychol. dédoublement du moi (TAINE, Intellig., t. 1, p. 17). Dér. de dédoubler; suff. -ment1. Fréq. abs. littér. :141. Bbg. BOYER (J.). Mini-gloss. trilingue de la restauration des peintures. Meta. 1971, t. 16, n° 4, p. 227.
dédoublement [dedubləmɑ̃] n. m.
ÉTYM. Av. 1755; de dédoubler.
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1 Action de dédoubler; son résultat. || Le dédoublement d'une classe dont l'effectif est excessif. — Spécialt. || Le dédoublement d'un train en période de départ en vacances. ⇒ Dédoubler (2.).
2 Didact. Fait de se dédoubler; processus dans lequel qqn, qqch. se dédouble.
0.1 Un produit est dû à l'inconscient lorsque quelle (que) soit sa complexité (…) il semble donné par un seul acte — et comme dans un indivisible de temps (…) En dernière analyse, c'est le Dédoublement qui est le fait essentiel psychique. C'est la netteté, la fréquence, l'intensité de ce dédoublement qui distinguent les degrés du psychisme — (animaux) — C'est lui qu'on appelle « conscience ».
Valéry, Cahiers, t. II, Pl., p. 224.
➪ tableau Vocabulaire de la chimie.
♦ Occult. État d'une personne qui use de son pouvoir de se dédoubler.
♦ (1870). Psychol. || Dédoublement de la personnalité : état d'un sujet qui présente deux types de comportement, l'un normal et adapté, l'autre pathologique, présentant un caractère d'automatisme. || Le dédoublement, thème de Stevenson dans Dr Jekyll et M. Hyde. — Cour. Fait d'avoir deux comportements différents, deux ensembles de traits de caractère, et, par ext., deux apparences sensiblement différentes. — REM. L'emploi attesté chez Loti (→ ci-dessous, cit. 1), « produit du dédoublement, double », est rare.
1 (…) c'était un autre Yves, moins jeune, encore plus basané et plus athlétique peut-être — les traits plus durs, ayant plus souffert; — mais il avait tellement ses yeux, son regard, que c'était comme un dédoublement de lui-même qui m'impressionnait.
Loti, Mon frère Yves, LXXXV, p. 202.
2 Chaque héros, chaque homme, qui ne vit pas à l'abandon mais s'efforce vers un idéal, qui tend à se conformer à cet idéal, nous offre un exemple de ce dédoublement, de ce bovarysme.
Gide, Dostoïevsky, p. 172.
3 La création d'un personnage est (…) moins rare qu'il ne semble : le dédoublement est commun chez les hautes figures religieuses, et frappant chez les stars, non seulement dépossédées de leur personne, mais encore de leur visage, que l'écran métamorphose.
Malraux, Antimémoires, éd. Folio, p. 154.
Encyclopédie Universelle. 2012.