vrille [ vrij ] n. f.
• 1375; veille, ville...XIIIe; vedile XIe; le r est mal expliqué; du lat. viticula, de vitis « vigne »
1 ♦ Organe de fixation de certaines plantes grimpantes, production foliaire allongée qui s'enroule en hélice. ⇒ cirre. « ces vrilles de la vigne qui s'accrochent [...] au poteau d'un cabaret » (Hugo).
2 ♦ Outil formé d'une tige que termine une vis. ⇒ foret, 1. mèche, percerette, tarière. Percer avec une vrille. Par métaph. « Son regard était une vrille. Cela était froid et cela perçait » (Hugo).
3 ♦ Hélice. « Par un escalier en vrille ouvert dans le fond de la salle » (Duhamel). ⇒ tire-bouchon.
♢ Spécialt Mouvement d'un avion en perte de vitesse, qui descend (accident, acrobatie aérienne) en tournant sur lui-même. « l'avion qui descend en vrille » (Malraux).
● vrille nom féminin (ancien français vedille, du latin viticula, de vitis, vigne) Organe filiforme, simple ou ramifié, qui s'enroule autour d'un support et permet à certaines plantes grimpantes de se fixer et de s'élever. Figure de voltige aérienne dans laquelle le nez de l'avion descend rapidement selon une trajectoire en spirale d'axe vertical tandis que les extrémités de la voilure décrivent des spirales concentriques à la première. Outil à percer le bois, constitué par une tige métallique, usinée à son extrémité en forme de vis à bois à pas très allongé et se terminant par une pointe aiguë. En gymnastique, figure qui consiste en une combinaison d'un salto et d'une rotation complète autour de l'axe longitudinal du corps. Queue du sanglier.
vrille
n. f.
d1./d Filament simple ou ramifié s'enroulant en hélice autour d'un support et permettant à certaines plantes grimpantes de s'élever. Les vrilles de la vigne.
|| Loc. adj. En vrille: en forme de vrille.
|| AVIAT Descente en vrille: chute d'un avion qui tournoie le nez en bas.
d2./d TECH Mèche à main servant à faire de petits trous dans le bois.
⇒VRILLE, subst. fém.
A. — BOT. Organe de fixation filiforme de certaines plantes grimpantes, s'enroulant en hélice, en spirale autour d'un support. Vrilles du houblon, du liseron, des pois, de la vigne, du volubilis. Une plante grimpante, qui a des vrilles pour s'attacher aux arbres (BERN. DE ST-P., Harm. nat., 1814, p. 95). La présence de vrilles sur le sarment (...) nous rappelle que la vigne appuie normalement sa tige à un support (LEVADOUX, Vigne, 1961, p. 14). V. pampre ex. de Gautier.
B. — TECHNOL. Outil formé d'une tige métallique munie d'un manche et terminée par une vis, servant à percer le bois. Synon. percerette (dér. s.v. percer), tarière. Mèche d'une vrille. En deux minutes, Octave eut percé un trou de vrille à travers les planches de chêne (VERNE, 500 millions, 1879, p. 222). Les serruriers du XIVe et du XVe siècles connaissaient parfaitement l'usage des vrilles servant à faire les avant-trous dans le bois (FILLON, Serrurier, 1942, p. 13).
— P. compar. ou p. métaph.
♦ [À propos d'une chose qui provoque une impression de pénétration aiguë] La Fièvre tourne en moi ses plus creusantes vrilles (ROLLINAT, Névroses, 1883, p. 99). L'idée fixe (...), exaspérée par un mois d'ivresse, et grandissant sans cesse dans l'absolue solitude, s'enfonçait en lui à la façon d'une vrille (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Aub., 1886, p. 1084).
♦ [À propos d'yeux petits et pénétrants et, p. méton., d'un regard] Yeux perçants comme une/des vrille(s); yeux comme des trous de vrille, pareils à des trous de vrille, en trous de vrille; yeux en vrille; regard de vrille. Ses yeux minces, percés à la vrille dans la graisse de son visage, furetaient partout, revenaient sans cesse le fouiller jusqu'à l'âme (ZOLA, Argent, 1891, p. 144). Yeux plantés en vrille sur l'impudent (ESTAUNIÉ, Tels qu'ils furent, 1927, p. 23).
♦ [À propos d'un son aigu, strident] Son perçant comme une/des vrille(s); voix en vrille; vrille d'un oiseau. Entre ses petits dents (...), siffle une voix aiguë et ferme qui s'enfonce en vrille dans l'oreille d'un tribunal (VALLÈS, J. Vingtras, Insurgé, 1885, p. 77). Une sonnerie, ce n'est pas un bruit comme les autres; c'est une vrille qui vous transperce soudain le corps, qui embroche vos pensées et qui arrête tout (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p. 7).
C. — Synon. de hélice, spirale. Mouvement de vrille; escalier en vrille; se tortiller en vrille; pendre en vrille; fumée qui monte en vrille. Des cheminées (...) s'échappaient de petites vrilles de fumée légère (GAUTIER, Fracasse, 1863, p. 89). Pommes (...) qui, pelées d'un seul glissement de couteaux, donnent une belle épluchure en vrille (H. BAZIN, Huile sur feu, 1954, p. 306).
— AVIAT. Mouvement, figure d'acrobatie d'un avion qui descend en tournant sur lui-même. Pour se mettre en vrille, il suffit de réduire les gaz, de tirer le manche en arrière, puis d'amorcer un virage (La Science et la vie, avr. 1940 ds PETIOT 1982). Si je réduis le moteur de gauche, je pars en vrille. Je n'aurai donc d'autre ressource que de prendre le risque de dépasser, au cours de ma descente, le régime théorique de rupture (SAINT-EXUP., Pilote guerre, 1942, p. 303).
— GYMN. Vrille avant, arrière. Un mouvement est exécuté en vrille lorsque le corps tourne autour de son axe de longueur (Féd. Intern. de Gymnastique, Terminol., 1971 ds PETIOT 1982).
— NATATION Plongeon du tremplin qui comporte le saut carpé, puis la torsion en se dépliant (d'apr. PETIOT 1982).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1762. Étymol. et Hist. 1. 1375 technol. vrille (Bail, A. N. MM 30, f° 18 v° ds GDF. Compl.); p. anal. a) 1808 yeux percés avec une vrille « yeux très petits » (HAUTEL, s.v. yeux); 1872 yeux percés en vrille (LITTRÉ); 1874 petits yeux de vrille (A. DAUDET, Fromont jeune, p. 73); b) 1879 en vrille « strident comme le bruit d'une vrille » (ID., Rois en exil, p. 107); 1920 vrille (NOAILLES, Forces étern., p. 126: la vrille du chant d'un oiseau); 2. a) 1551 bot. (COTEREAU, Colum., IV, 14 ds GDF. Compl.); b) 1611 arts, ici archit. vrilles (COTGR.); 3. 1839 en vrille « en vis » (BALZAC, Cabinet ant., p. 126); 1888 escalier en vrille (VERLAINE, Œuvres compl., t. 2, Amour, p. 12); 1892 vrille (RENARD, Journal, p. 113: mes bretelles font vrille sur mon dos); 4. a) 1916-18 arg. des aviateurs en vrille, vrille (ds ESN. Poilu 1919, p. 545); 1918 vrille « figure de voltige aérienne » (H. BORDEAUX, Le Chevalier de l'air. Vie héroïque de Guynemer, chant II, I, p. 93 ds QUEM. DDL t. 16, s.v. pilotage); b) 1924 natation (Encyclop. des Sports ds PETIOT 1982). Du lat. viticula « cep de vigne; tige d'une plante grimpante » (dér. de vitis « vigne ») d'où les anc. formes judéo-fr. vedile « id. » fin XIe s. (RASCHI, Gl., éd. A. Darmesteter et D. S. Blondheim, t. 1, p. 144, n° 1047), v. aussi G. SCHLESSINGER, Die altfranzösischen Wörter im Machsor Vitry, p. 48, n° 67: vedille, XIIIe s.; a. fr. veïlle mil. XIVe s. [ms.] (Martyre de Saint Baccus ds Nouv. rec. de contes, éd. A. Jubinal, t. 1, p. 255); 1542 vehille ds GDF. Compl. (cf. l'ital. viticchio « id. » XIVe s., BUTI ds DEI) et le sens de « outil de fer à vis » 1295 veile ds GDF. Compl., avec -r- mal expliqué, peut-être par épenthèse (S. BUGGE ds Romania t. 3, p. 160), ou sous l'infl. de mots de la famille de virer (BAIST ds Z. rom. Philol. t. 24, p. 407). Fréq. abs. littér.:134.
DÉR. 1. Vrillé, -ée, adj. a) Bot. [En parlant d'une plante ou d'une partie de plante] Muni de vrilles. Tiges vrillées (Lar. 19e). V. grapillon dér. s.v. grappe1 ex. de Balzac. b) Tordu plusieurs fois sur lui-même. Camisole nouée au cou par des cordons vrillés (BALZAC, Pierrette, 1840, p. 7). Une bande [magnétique] vrillée se bobine mal et risque de sauter (Radio 1972). c) Technol. Percé avec une vrille. Planche vrillée (Lar. 19e). P. métaph. [En parlant des yeux] Petits et pénétrants. Deux yeux vrillés et artificieux (BRISSAC, Souv. prison, 1880, p. 78). — []. — 1res attest. a) bot. 1778 (LAMARCK Flore fr. t. 1, p. 64: Vrillées [cirrhosa] lorsqu'elles se terminent par un ou plusieurs filets qui s'entortillent, s'accrochent aux corps voisins, et qu'on nomme vrilles), b) 1840 (BALZAC, loc. cit.); de vrille, suff. -é. 2. Vrillée, subst. fém., bot. Synon. pop. de liseron, renouée. (Dict. XIXe et XXe s.). — []. — 1re attest. 1750 (MÉN.: vrillée. Herbe. C'est le volubilis des Latins); de vrille, suff. -ée. 3. Vrillon, subst. masc., technol. a) [Corresp. à supra B] Petite vrille. (Dict. XIXe et XXe s.). b) Petit copeau en forme de vrille. Elle a retiré les cotrets, les copeaux trop rugueux qui risqueraient d'écorcher Rroû, et n'a laissé que les vrillons moelleux (GENEVOIX, Rroû, 1931, p. 45). V. copeau ex. — []. — 1re attest. 1785 (Encyclop. méthod. Arts et Métiers, p. 811); de vrille « outil », suff. -on2.
BBG. — BUGGE (S.). Étymol. fr. et rom. Romania. 1874, t. 3, 160. — QUEM. DDL t. 16, 36.
vrille [vʀij] n. f.
ÉTYM. 1375, au sens II.; vedille, veïlle, ville, XIIIe, au sens 1.; du lat. viticula, de vitis, « vigne »; l'r mal expliqué provient peut-être de la famille de virer.
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1 (1551). Organe de fixation de certaines plantes grimpantes (cit. 2), production foliaire allongée qui se fixe et s'enroule en hélice. ⇒ Attache, cirre, filament. || Les vrilles de la vigne, ouvrage de Colette (→ Ligoter, cit. 1). || Vrilles des pois.
1 Cosette du reste traversait ce moment dangereux (…) où le cœur d'une jeune fille isolée ressemble à ces vrilles de la vigne qui s'accrochent, selon le hasard, au chapiteau d'une colonne de marbre ou au poteau d'un cabaret.
Hugo, les Misérables, IV, V, I.
♦ (1876). || Plante à vrilles (liseron des champs).
2 Outil formé d'une tige (⇒ Mèche) que termine une vis. ⇒ Foret, percerette, tarière (1.). || Percer avec une vrille. ⇒ Vriller. — Par compar. Ce qui perce. || Le soleil vous transperce (cit. 3) le crâne, comme avec des vrilles ardentes (→ aussi Plomb, cit. 2). — Yeux percés comme avec une vrille, petits et ronds. || Regard perçant comme une vrille (→ Marchand, cit. 13). — ☑ Par métaphore. Regard en vrille, en (trou de) vrille. — Figuré :
2 Son regard était une vrille. Cela était froid et cela perçait.
Hugo, les Misérables, I, V, V.
3 (…) ils ont des yeux perçants comme une vrille,
Luisants comme ces trous où l'eau dort dans la nuit (…)
Baudelaire, les Fleurs du mal, « Tableaux parisiens », XCI, I.
3 (XXe). Par anal. de forme. Hélice, spirale.
♦ Spécialt. a (1920, in D. D. L.). Mouvement d'un avion en perte de vitesse, qui tombe en tournant sur lui-même. || Avion qui descend en vrille. || Vrille volontaire, figure de voltige.
4 Par un escalier en vrille ouvert dans le fond de la salle, on descendait au sous-sol.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IV, VII.
5 (…) l'avion qui descend en vrille secoue comme une grenaille (…) ses sept hommes (…)
Malraux, l'Espoir, II, I, I, II.
6 Alors, je levais la tête et suivais longuement des yeux ce gracieux, ce fragile engin qui virevoltait, décrivait des courbes, des spirales, tombait en vrille, en feuille morte, sur l'aile, sur l'autre aile, se relevait, bouclait la boucle au-dessus de la ville, disparaissait dans une gloire de lumière.
B. Cendrars, Moravagine, in Œ. compl., t. IV, p. 235.
b Sports. En gymnastique, Mouvement effectué par le corps tournant autour de son axe de longueur. || Vrille avant, arrière. || Vrille complète.
♦ (1924, in Petiot). En natation, Plongeon de tremplin comportant un saut de carpe et une torsion en tire-bouchon.
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DÉR. Vrillé, vrillée, vriller, vrillerie, vrillette, vrillier, vrillon.
Encyclopédie Universelle. 2012.