tempérament [ tɑ̃peramɑ̃ ] n. m.
• 1478; h. XIIIe; lat. imp. temperamentum « juste proportion », d'où « action de tempérer », de temperare « adoucir »
I ♦
1 ♦ (1583) Vx ou littér. Équilibre d'un mélange, d'une composition. « Ce tempérament de mes tendances » (Valéry).
2 ♦ (1522) Vx Mesure dans les jugements, la conduite. « Une hardiesse qui se maintienne dans un juste tempérament » (Gautier).
♢ Vieilli Solution mesurée, moyen terme. « nous trouvâmes un tempérament raisonnable, qui fut de louer une maison » (abbé Prévost).
3 ♦ (repris au lat.) Didact. Modification qui tempère, mitige. ⇒ adoucissement, atténuation.
♢ (1636) Mus. Organisation de l'échelle des sons, de manière à égaliser les intervalles. Tempérament égal : division de l'octave en douze demi-tons chromatiques égaux. Tempérament inégal, moyen, comprenant huit tierces par octave. ⇒aussi enharmonique; tempéré (2o).
♢ (1867) Cour. Vente, achat À TEMPÉRAMENT, permettant de disposer de l'objet et de le payer en plusieurs versements (cf. À crédit, à terme). « les pièges des ventes à tempérament » (Perec).
II ♦
1 ♦ (1478) Type humain considéré dans les caractères généraux congénitaux de son fonctionnement (expliqués à l'origine par le dosage, le tempérament [I, 1o], des quatre humeurs selon Hippocrate). Tempérament lymphatique, nerveux, sanguin. « Le sage médecin étudie le tempérament du malade » (Rousseau). ⇒ idiosyncrasie. — Loc. fam. Se tuer, s'esquinter le tempérament : s'user la santé.
2 ♦ (1649) Caractère (d'une personne). ⇒ naturel (III). « Elle était d'un tempérament romanesque » (Larbaud). « le Français est frondeur de tempérament. On ne va pas contre sa nature » (Aymé).
♢ Plus cour. Ensemble de caractères innés chez une personne, complexe psychophysiologique qui détermine ses comportements. ⇒ nature. Un tempérament actif, ardent, combatif, fougueux, froid. « Le tempérament de chaque artiste » (Baudelaire). « j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères » (Zola). ⇒ personnalité. — Absolt C'est un tempérament, une forte personnalité.
3 ♦ (XVIIIe) Constitution, quant aux appétits sexuels. Être de tempérament amoureux, ardent, froid. « Un tempérament très exigeant » (Rousseau).
♢ (1762) Absolt Appétit sexuel, propension à l'amour. ⇒ sensualité. « Il indiqua les symptômes auxquels on reconnaissait qu'une femme avait du tempérament » (Flaubert).
● tempérament nom masculin (latin temperamentum, juste proportion, de temperare, disposer convenablement) Disposition générale de l'humeur et de la sensibilité d'un sujet dans sa relation avec lui-même et le milieu extérieur. Ensemble des dispositions de quelqu'un ; nature, caractère : Un tempérament romantique. Ensemble de traits psychologiques définissant une réelle aptitude : Avoir un tempérament d'artiste. Qualité de quelqu'un qui a de l'entrain, du dynamisme, de la volonté. Familier. Sensualité : Avoir du tempérament. Familier. Personne qui a une forte personnalité. Homéopathie Totalité des réactions personnelles d'un individu, qui le différencient des autres sujets appartenant à une même constitution et regroupés dans une même diathèse. Musique Légère altération des intervalles musicaux naturellement donnés par la résonance d'un son. (Dans la pratique, le tempérament sert à accorder les instruments à sons fixes : clavecin, piano.) ● tempérament (expressions) nom masculin (latin temperamentum, juste proportion, de temperare, disposer convenablement) Vente à tempérament, vente dans laquelle le client dispose immédiatement du bien acheté contre paiement échelonné du prix. ● tempérament (synonymes) nom masculin (latin temperamentum, juste proportion, de temperare, disposer convenablement) Ensemble des dispositions de quelqu'un ; nature, caractère
Synonymes :
- nature
- trempe
Ensemble de traits psychologiques définissant une réelle aptitude
Synonymes :
- esprit
- naturel
- personnalité
Commerce. Vente à tempérament
Synonymes :
- à crédit
tempérament
n. m.
rI./r
d1./d Ensemble des caractères physiologiques propres à un individu. Un tempérament robuste.
d2./d Ensemble des dispositions psychologiques de qqn. Un tempérament calme.
|| Loc. Fam. Avoir du tempérament: manifester une forte personnalité; spécial. manifester une forte inclination pour le plaisir sexuel.
rII./r
d1./d Acheter à tempérament, en payant par tranches successives la somme due.
— Vente à tempérament, à crédit.
d2./d MUS Altération que, dans certains instruments, on fait subir à la proportion des intervalles pour que deux sons (par ex.: ré dièse et mi bémol) puissent être rendus par le même organe (corde, touche, etc.).
⇒TEMPÉRAMENT subst. masc.
A. — Vieux.
1. Composition équilibrée d'un corps (Dict. XIXe et XXe s.). P. anal. La constitution est le tempérament de l'État, l'administration en est le régime (BONALD, Législ. primit., t. 2, 1802, p. 36).
2. Mesure dans la conduite; p. méton., solution mesurée apportée pour régler un différend. Proposer divers tempéraments pour concilier des intérêts opposés (Ac.). Comme il s'était nettement prononcé dans une opinion contraire à la mienne (...) je crus important de chercher avec lui des tempéraments propres à concilier les esprits (Le Moniteur, t. 2, 1789, p. 559). Je compris que cette aristocratie est fondée sur des usages et des tempéraments, bien plus que sur la lettre de la loi (BARRÈS, Serv. All. , 1905, p. 72).
— En partic. Mesure destinée à adoucir la rigueur de quelque chose. Quand l'absolutisme devient intolérable, on poignarde le souverain. Voilà le seul tempérament politique que l'on y connaisse [en Orient] (RENAN, Avenir sc., 1890, p. 317).
— Spécialement
MUS. Organisation de l'échelle des sons qui accorde une même valeur au dièse d'une note et au bémol de la noteimmédiatement supérieure par une division plus ou moins égale de l'octave en douze tons. Tempérament égal, inégal. Les tuyaux [d'un même jeu d'orgue] sont accordés par demi-tons égaux (système chromatique à tempérament égal) (BOUASSE, Instrum. à vent, 1930, p. 240). Les instruments auxquels n'est pas appliqué le système du tempérament et de l'accord tempéré sont appelés instruments à justesse absolue (ROUGNON 1935).
♦ ÉCON., FIN. (Achat, vente) à tempérament. Facilité accordée par le vendeur consistant à échelonner en plusieurs versements le prix d'une acquisition. On peut craindre que les ventes à tempérament (...) aient tendance à accroître la consommation en période de prospérité et à la restreindre en période de récession (ROMEUF t. 2 1958).
B. — 1. a) MÉD. ANC. [P. réf. aux quatre humeurs de Galien et d'Hippocrate] Ensemble de particularités organiques qui caractérisent l'équilibre physiologique d'un individu. Tempérament atrabilaire, bilieux, flegmatique, mélancolique, nerveux, sanguin. La doctrine des anciens sur les tempéramens était fondée (...) sur la considération des quatre élémens, chaud, froid, sec, et humide, et des quatre humeurs principales du corps qui y correspondaient, le sang, la bile, l'atrabile et la pituite (Encyclop. méthod. Méd. t. 13 1830).
b) ) Caractère d'une personne marqué par ces particularités. Synon. naturel. Tempérament anxieux, sanguin. Des habitudes constantes dans la jeunesse dénaturent notre tempérament et nos affections (SENANCOUR, Obermann, t. 2, 1840, p. 140). Il découvrait en lui (...) un tempérament ardent, bilieux, facile à s'affecter et sensible à l'excès à tout ce qui l'affecte (GUÉHENNO, Jean-Jacques, 1952, p. 86):
• ... quand je le toisai avec ce regard qui pénètre jusqu'à la moelle des os, je vis qu'il était d'un tempérament lymphatique, qu'il avait le visage boursouflé, les yeux morts, la tête petite et des jambes de femme.
BRILLAT-SAV., Physiol. goût, 1825, p. 358.
— Loc. verb. Avoir un tempérament à + inf. Avoir un caractère qui prédispose à. Vous devez vous ennuyer. — Oh! non. J'ai pas un tempérament à ça (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 25).
) [À propos d'une collectivité] Chez les Français, et malgré la déviation extraordinaire de notre tempérament national depuis cent années, le pessimisme n'est qu'une douloureuse exception (BOURGET, Essais psychol., 1883, p. 11).
2. Mod. Ensemble formé par la complexion du sujet et son retentissement sur le caractère; partie du psychisme en rapport avec la structure corporelle, avec la constitution de l'organisme par l'intermédiaire des modifications humorales et des réactions du système neuro-végétatif (d'apr. GARNIER-DEL. 1989). Tempérament chétif, solide, robuste. Quelle dose exacte de principes nutritifs conviendra à un tempérament affaibli? (GONCOURT, Ch. Demailly, 1860, p. 280). Cette apparence cachait des fibres et des nerfs, un tempérament d'acier. Sa résistance à la fatigue, aux veilles, aux excès, tenait du prodige (PESQUIDOUX, Livre raison, 1925, p. 217).
— Loc. verb., fam. S'abîmer, se crever, se tuer,... le tempérament. Faire un effort démesuré pour obtenir quelque chose (qui n'en vaut pas la peine). Ah! si j'avais su! Dire que je me suis esquintée le tempérament pour passer mon certificat d'études et quitter le village (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 389).
3. a) Ensemble de traits innés qui caractérisent une personne psychologiquement et physiologiquement. Synon. nature. Tempérament ardent, fougueux, impétueux, littéraire, original, poétique, romantique. Ses vices (...) ne naissaient pas d'un tempérament frigide, ils portaient sur des passions profondes, brûlantes, orageuses (CHATEAUBR., Mém., t. 1, 1848, p. 226). Kirchenblatt vivait en bordure des partis révolutionnaires internationaux, trop anarchiste de tempérament pour adhérer sans réserve au socialisme (MARTIN DU G., Thib., Été 14, 1936, p. 253).
b) En partic.
) Humeur, disposition particulière d'une personne. Synon. inclination, penchant. Le haut commandement manquait d'unité de vues: à chaque instant on voyait éclore des « instructions » particulières qui commentaient, selon le tempérament du chef qui les rédigeait, les règlements de manœuvre (JOFFRE, Mém., t. 1, 1931, p. 33).
) Forte personnalité. C'est un tempérament! Son esprit [de Dumas] me fait l'effet d'un déjeunerde garçon, mais d'un déjeuner qui dure depuis bientôt vingt ans. Ici l'admiration commence. Quel estomac, quel tempérament! (SAINTE-BEUVE, Poisons, 1869, p. 30).
c) Nature amoureuse; appétit sexuel d'une personne. Tempérament lascif; tempérament de feu, de braise, exigeant. Elle était d'un tempérament froid, elle parlait d'amour avec ses amies comme elle aurait parlé de toilette (ZOLA, M. Férat, 1868, p. 32). Cette fille, dont il appréciait en connaisseur le tempérament fougueux et les moyens de séduction bien autrement puissants qu'un joli visage (A. FRANCE, Dieux ont soif, 1912, p. 36). [Sans adj.] Avoir du tempérament, peu de tempérament. Dans l'esprit d'Honoré, un mâle généreux ne pouvait être calotin, non plus royaliste ou bonapartiste; il fallait avoir bien peu de tempérament pour rester insensible à une république large du bassin et si bien en chair (AYMÉ, Jument, 1933, p. 80).
Rem. ,,Tempérament et caractère ne sont pas synonymes, bien qu'ils soient quelquefois confondus. Le tempérament est le fond physio-psychique sur lequel se développe le caractère. Il est inné et peut être reconnu dès la naissance. Ainsi, par ex., on ne verra pas chez un nouveau-né flegmatique se développer un caractère anxieux, compulsionnel`` (Méd. Biol. t. 3 1972).
Prononc. et Orth.:[]. Ac. 1694, 1718: temperament; dep. 1740: tempérament. Étymol. et Hist. A. 1. 1522 « modération, mesure » (TYARD, tr. Hebrieu, Dial. III, p. 319 ds HUG.); 2. 1632 « accord, arrangement » (CORNEILLE, La Veuve, préf., I, 183); 3. 1656-57 « adoucissement, atténuation » (PASCAL, Provinciales, éd. Brunschvicg, V, pp. 35-36); 4. 1636 mus. (MERSENNE, Harm. univ., p. 160); 5. 1867 (vente) à tempérament (Almanach du Hanneton, 67 ds LARCH. 1880). B. 1. 1478 « ensemble des traits généraux qui caractérisent l'équilibre physiologique d'un être » (GUY DE CHAULIAC, Le Guidon en français ds SIGURS); 1828-29 s'échigner le tempérament (VIDOCQ, Mém., t. 3, p. 185); 1833 s'exterminer le tempérament (BALZAC, Méd. camp., p. 325); 1866 s'esquinter le tempérament (DELVAU, p. 136); 1879 s'abîmer le tempérament (A. DAUDET, Rois en exil, p. 471); 1887 se tuer le tempérament (ZOLA, Terre, p. 349); 2. 1559 « juste équilibre dans la composition du plantain » (DIOSCORIDE, trad. M. Mathée, 193b ds Rom. Forsch. t. 32, p. 171); 3. 1583 « juste proportion dans les constituants d'un mélange » (DU BARTAS, 2 semaine, Magnificence, p. 372 ds HUG.); 4. 1649 « ensemble des tendances d'une personne » (SCUDERY, Poés. div., p. 57 ds LIVET t. 3, p. 680); 5. 1734 « aptitude aux plaisirs de l'amour physique » (MARIVAUX, Cabinet du philosophe, IX, 425); 1762 avoir du tempérament (Ac.). Empr. au lat. temperamentum « combinaison proportionnée des éléments d'un tout, combinaison, proportion, mesure »; cf. l'a. prov. temperament « modération; mesure » (hapax, fin XIIIe s. ds FEW t. 13, 1, p. 175b). L'a. et m. fr. employait en ce sens atemprement, dér. de atemprer « modérer, adoucir » du lat. attemperare « ajuster, adapter » et utilisé jusqu'au XVIe s. (cf. FEW t. 13, 1, p. 174a); on relève aussi temprement (hapax, 1175 ds T.-L.). Fréq. abs. littér.:1 753. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 2 207, b) 2 627; XXe s.: a) 2 459, b) 2 684.
DÉR. Tempéramental, -ale, -aux, adj., méd. Relatif à la constitution physiologique d'un individu. Sheldon a établi une série de traits de caractères en rapport avec des traits tempéramentaux, c'est-à-dire ayant un fond organique (DELAY, Psychol. méd., 1953, p. 155). — [], plur. masc. [-o]. — 1re attest. 1845-46 (BESCH.); de tempérament, suff. -al.
BBG. — GOHIN 1903, p. 301, 365. — QUEM. DDL t. 25, 29, 34.
tempérament [tɑ̃peʀamɑ̃] n. m.
ÉTYM. XIIIe, attestation isolée; 1478; lat. impérial temperamentum « juste proportion », aussi « action de tempérer », pour temperatio, du lat. class. temperare « adoucir ». → Tempérer.
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1 (1636). Vx. Équilibre (d'un mélange, d'une composition). || Le tempérament des humeurs dans le corps. || Ce tempérament de mes tendances (→ Corps, cit. 25, Valéry).
2 Vx. Mesure dans les jugements, la conduite. || Réduire ses pensées à un juste tempérament (→ Estimer, cit. 27). || Se maintenir dans un juste tempérament (→ Modeste, cit. 8). ⇒ Mesure, milieu, modération.
1 Il est certain tempérament
Que le maître de la nature
Veut que l'on garde en tout.
La Fontaine, Fables, IX, 11.
♦ (XVIIe). Vieilli. Solution mesurée, moyen terme.
2 (…) cependant nous trouvâmes un tempérament raisonnable, qui fut de louer une maison dans quelque village voisin de Paris (…)
Abbé Prévost, Manon Lescaut, I, p. 49.
3 (Repris au lat.). Didact. Modification qui tempère, mitige. ⇒ Adoucissement, atténuation. || Cette loi est trop sévère et trop rigoureuse, il faut y apporter quelque tempérament (Furetière).
3 L'Orient n'imagine d'autre gouvernement que celui de l'absolutisme. Seulement, quand l'absolutisme devient intolérable, on poignarde le souverain. Voilà le seul tempérament politique que l'on y connaisse.
Renan, l'Avenir de la science, XVI, Œ. compl., t. III, p. 981.
♦ (1690). Mus. Organisation de l'échelle des sons (d'abord comprise comme un adoucissement porté à des dissonances) qui donne une valeur commune, dans les instruments à son fixe, au dièse d'une note et au bémol de la note immédiatement supérieure (par ex. sol dièse et la bémol) par le partage égal de l'intervalle qui les sépare. ⇒ Enharmonique (2.); tempérer.
♦ ☑ (1867). Comm., cour. Vente à tempérament, rendue plus aisée par la répartition du prix en plusieurs paiements partiels (versements à des dates et dans des formes prévues par un contrat). || Achats (cit. 3) à tempérament, à crédit.
3.1 Ils se mariaient. Deux traitements et un cœur, ça finit par donner une 404 et un appartement. Le tout à tempérament.
Claude Courchay, La vie finira bien par commencer, p. 37.
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II
1 (1478). Organisme (d'une personne), type d'organisme considéré dans les caractères généraux congénitaux de son fonctionnement (⇒ Physiologie), — expliqués à l'origine par le dosage des quatre humeurs (I.) selon Hippocrate (→ ci-dessous, cit. Le Senne). || Tempérament atrabilaire (vx), bilieux (vx), flegmatique (vx), lymphatique, mélancolique (vx), nerveux (→ Fiasco, cit. 1), sanguin. — REM. Les sens vx s'emploient encore de nos jours en parlant du caractère (→ ci-dessous, 2.). || Des tempéraments sains et robustes (→ Bienfait, cit. 14). ⇒ Complexion, constitution. || Tempérament délabré (cit. 9). || « Gâter (cit. 26) la bonté de votre tempérament » (Molière). ⇒ Santé. Fam. ☑ Se tuer, s'esquinter le tempérament, la santé (→ Habitude, cit. 22). || Étudier le tempérament d'un malade (→ Ordonnance, cit. 13). ⇒ Idiosyncrasie. || Des tempéraments auxquels le lait ne convient point (→ Absorbant, cit. 1). || Affaire de tempérament et de tolérance individuels (→ Intoxication, cit. 2). || Pour changer un caractère, il faudrait changer (cit. 22) le tempérament dont il dépend.
4 Il faut que j'aie un tempérament herculéen pour résister aux atroces tortures où mon travail me condamne.
Flaubert, Correspondance, 562, 4 nov. 1857.
5 D'après l'essentiel de cette conception (la théorie des quatre constitutions humorales d'Hippocrate et de Galien), quatre humeurs, le sang, la bile, la bile noire (atrabile en français d'origine latine), le flegme déterminent, suivant leur prédominance dans le corps, les quatre caractères humains qui sont le sanguin, le cholérique ou bilieux, le mélancolique ou atrabilaire, le flegmatique. Cette doctrine a persisté avec des modifications jusque dans la médecine du XIXe siècle qui a souvent admis quatre tempéraments, le nerveux, le sanguin, le bilieux et le lymphatique, auxquels s'ajoutent parfois le flegmatique et le musculaire.
R. Le Senne, Traité de caractérologie, p. 47.
2 Caractère d'une personne. ⇒ Caractère (III.), humeur (cit. 6 et 10), naturel (n. m.), penchant. || Tempérament atrabilaire (cit. 4), bilieux (cit. 3), romanesque (→ Entourer, cit. 6). || Bonne (cit. 70) par tempérament. || Ferme (1. Ferme, cit. 11) par tempérament et flexible par réflexion. ⇒ Inclination. || Gaie (cit. 2) de tempérament. || Avoir un tempérament à… (→ Moine, cit. 4). || Tempérament et formation (cit. 3). || Rien ne change (cit. 13) un tempérament (La Fontaine). — Par ext. || Le tempérament d'une nation (→ Question, cit. 21).
6 N'oublions pas que le Français est frondeur de tempérament. Vous n'y pouvez rien. Chaque peuple a son caractère. L'Anglais n'est pas intelligent, l'Allemand est lourd, l'Espagnol est fier, l'Italien est sournois, le Russe est rêveur. On ne va pas contre sa nature. Le Français, lui, frondeur.
M. Aymé, Travelingue, p. 262.
3 (1649). Plus cour. Ensemble de caractères innés chez une personne, complexe psychophysiologique qui détermine ses comportements. ⇒ Nature (I., 4.). || Un tempérament actif, ardent, combatif (→ Redresseur, cit. 2), fougueux, froid, vif (→ Navet, cit. 2), vigoureux (→ Légitimation, cit. 4). || Le tempérament de l'artiste (→ Exposition, cit. 3; fonction, cit. 19), de l'exécutant (cit. 1). ⇒ Personnalité. — Absolt. || Quel tempérament ! || C'est un tempérament : c'est une nature, une forte personnalité.
7 Aussi la partie de nous-mêmes, sur laquelle nous sommes le plus aveugles, est-elle l'ensemble de ces impressions immédiates de tempérament, dont ce que nous nommons caractère n'est que la physionomie (…)
Maine de Biran, Du physique et du moral de l'homme, II, §IV.
8 Dans Thérèse Raquin, j'ai voulu étudier des tempéraments et non des caractères. Là est le livre entier. J'ai choisi des personnages souverainement dominés par leurs nerfs et leur sang, dépourvus de libre arbitre, entraînés à chaque acte de leur vie par les fatalités de leur chair. Thérèse et Laurent sont des brutes humaines, rien de plus.
Zola, Thérèse Raquin, Préface.
9 Les activités affectives sont très proches des physiologiques. Elles constituent le tempérament. Le tempérament change d'un individu à l'autre, d'une race à l'autre. Il est un mélange de caractères mentaux, physiologiques et structuraux. Il est l'homme même. C'est lui qui donne à chacun de nous sa petitesse, sa médiocrité ou sa force.
Alexis Carrel, l'Homme, cet inconnu, IV, III.
4 (XVIIIe). Spécialt. Le tempérament (3.) quant aux appétits sexuels. || Être de tempérament amoureux, ardent (cit. 25), lascif (cit. 1); froid (→ Brûlant, cit. 9). || Tempérament très exigeant (→ 1. Écart, cit. 6; 1. froid, cit. 12). || Le feu de son tempérament (→ Esprit, cit. 98). || Tempérament de feu, de braise.
10 Je connaissais trop son cœur chaste et son tempérament de glace pour croire un moment que le plaisir des sens eût aucune part à cet abandon d'elle-même (…)
Rousseau, les Confessions, V.
♦ (1762). Absolt. Appétit sexuel, propension à l'amour. ⇒ Salacité, sens (I., 2.), sensualité. || Avoir du tempérament (⇒ Sensuel; → Indiquer, cit. 7), peu de tempérament (→ Humeur, cit. 36). || Ne pas avoir de tempérament (→ 1. Marbre, cit. 11).
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DÉR. Tempéramental.
Encyclopédie Universelle. 2012.