rideau [ rido ] n. m.
1 ♦ Pièce d'étoffe pouvant former des plis, généralement mobile (anneaux, tringle, glissières et tirette), destinée à intercepter ou tamiser la lumière, à cacher, abriter, décorer qqch. Rideaux de fenêtres. Rideaux transparents. ⇒ 1. voilage. Rideaux de dentelle. Rideaux bonne femme, courts et tenus par des embrasses (style rustique). Doubles rideaux : rideaux en tissu épais, placés par-dessus des rideaux transparents. ⇒région. tenture. Doubles rideaux de cretonne, de velours. — Rideau de perles. — Rideaux de lit, protégeant le dormeur du jour et des courants d'air. ⇒ baldaquin, courtine. Rideau de douche. — Fermer, ouvrir, écarter, tirer les rideaux. Le petit clerc « avait relevé l'un des rideaux de mousseline, pour voir passer le monde » (Zola). Tringle à rideau. — Loc. fam. Grimper aux rideaux : manifester une exaltation, un plaisir extrêmes; jouir sexuellement.
2 ♦ (1538) Grande draperie à plis (ou toile peinte simulant une draperie) qui sépare la scène de la salle. Lever, baisser le rideau. Au lever du rideau. La chute du rideau. Un lever de rideau. — Rideau ! exclamation que poussent les spectateurs impatients ou, le plus souvent, mécontents; par ext. (fam.) assez, cela suffit. — Loc. Tirer le rideau sur qqch., cesser de s'en occuper, d'en parler. « Sur les noires couleurs d'un si triste tableau Il faut passer l'éponge ou tirer le rideau » (P. Corneille).
♢ Loc. fam. Être, tomber en rideau, en panne.
3 ♦ Séparation plus ou moins souple qui s'abaisse et se relève. Rideau métallique, rideau en bambou.
♢ Loc. (1893) RIDEAU DE FER : rideau métallique séparant la scène de la salle en cas d'incendie. — Fermeture métallique de la devanture d'un magasin. « je ferme la boutique. Il sortit et se mit à tourner une manivelle. Un rideau de fer descendit avec fracas » (Sartre). — (1945; sur le modèle de l'angl. iron curtain) Hist. Ligne qui isolait, en Europe, les pays communistes des pays non communistes (on a dit rideau de bambou,à propos de la Chine).
4 ♦ Chose verticale susceptible d'intercepter la vue, de cacher. ⇒ écran. Rideau de verdure, d'arbres. « L'horizon était caché par des rideaux de peupliers » (Duhamel). ⇒ ligne. « À travers un rideau de pluie moins serré » (Fromentin). — Rideau de fumée.
♢ Rideaux de troupes : cordon de troupes mobile et léger destiné à masquer et couvrir les mouvements du gros des troupes. Rideau de feu : tirs d'artillerie sous la protection desquels peuvent progresser les troupes.
5 ♦ Photogr. Obturateur à rideau, à bande de tissu ou lamelles de métal.
6 ♦ Panneau mobile servant de cloison à un meuble, constitué de lattes juxtaposées qui s'enroulent pour l'ouverture. Classeur, secrétaire à rideau.
● rideau nom masculin (de rider) Pièce d'étoffe mobile qu'on peut tendre à volonté devant une ouverture, pour tamiser ou intercepter le jour, protéger des regards, isoler du froid, du bruit. Grande toile peinte ou draperie qu'on lève ou abaisse devant la scène d'un théâtre. Voile, écran qui masque la vue ou forme un obstacle : Rideau de fumée. Bâtiment Fermeture métallique à glissière, télescopique (tablier de cheminée, de magasin) ou formée d'une nappe d'acier ondulée. (Ces deux types fonctionnent verticalement ; un troisième, fait de lames de métal, de bois ou de plastique articulées entre elles, fonctionne soit horizontalement [garage], soit verticalement [des glissières permettent alors l'utilisation comme store].) Chauffage Synonyme de trappe. Géographie Talus parallèle aux courbes de niveau, qui interrompt les pentes cultivées et les découpe en replats successifs. (Les rideaux ont été aménagés par les paysans pour lutter contre l'érosion.) Militaire Ligne de défense légère et mobile, destinée à masquer des mouvements de troupes. Théâtre Partie de décors qui descend des cintres. Travaux publics Talus au-dessus d'une route, d'un canal. ● rideau (expressions) nom masculin (de rider) Rideau !, cri des spectateurs demandant que soit mit fin à un spectacle qu'ils n'aiment pas ; c'est assez, cela suffit (familier). Rideau d'arbres, boisement de faible largeur (quelques mètres à 200 m) effectué pour servir de brise-vent. Rideau de bambou, frontière qui sépare la Chine des autres pays, en particulier des pays à régime capitaliste. Rideau de fer, nappe d'acier ondulée, qu'on descend pour fermer une ouverture ; dispositif obligatoire qui sépare la scène de la salle d'un théâtre ; frontière qui séparait les États socialistes de l'Europe de l'Est des démocraties de l'Europe de l'Ouest (de 1946°1949 à 1989). Le rideau tombe sur quelque chose, un événement important s'achève. Tirer le rideau sur quelque chose, le cacher, le mettre à dessein en oubli. Familier. Tomber en rideau, tomber en panne. Rideau de flammes, filets de gaz enflammés, à l'entrée d'un four métallurgique sous atmosphère contrôlée, empêchant l'entrée de l'air. Rideau droit, rideau qui n'est pas retenu par une embrasse. Rideau à la française, rideau qui s'ouvre et se relève, tandis que l'ensemble s'élève. Rideau à la grecque ou à l'allemande, rideau qui s'ouvre par le milieu en glissant sur une patience. Rideau à la guillotine, rideau qui tombe de haut en bas. Rideau à l'italienne, rideau qui s'ouvre par le milieu en remontant vers les portants. Rideau à la polichinelle, rideau qui s'enroule sur une perche placée à la base. ● rideau (synonymes) nom masculin (de rider) Théâtre. Partie de décors qui descend des cintres.
Synonymes :
- toile
Rideau
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Rideau
n. m.
d1./d Pièce d'étoffe destinée à intercepter la lumière, à masquer qqch ou à décorer. Poser des rideaux aux fenêtres. Tringle, anneaux de rideau.
d2./d Toile peinte, draperie que l'on tire ou que l'on abaisse pour dissimuler la scène ou l'écran aux spectateurs, dans une salle de spectacle.
d3./d Rideau de fer: fermeture métallique d'une devanture de magasin.
|| Rideau métallique permettant de séparer la scène d'un théâtre de la salle, en cas d'incendie.
|| Fig. HIST Frontière qui séparait les états socialistes d'Europe de l'Est et les états d'Europe occidentale. (L'expression est due à W. Churchill.)
d4./d Ce qui forme écran; ce qui masque. Un rideau d'arbres, de verdure.
⇒RIDEAU, subst. masc.
A. — Pièce d'étoffe ou de matière synthétique pouvant former des plis, généralement mobile, placée devant une ouverture, pour faire écran à la lumière ou à la vue, ou pour cacher, préserver, décorer quelque chose. Une douce lumière, faiblement voilée par de légers rideaux de gaze, succéda à l'obscurité (MUSSET, Mouche, 1854, p. 293). Je ne suis bien qu'à l'office, et le soir, quand j'ai tiré le rideau de mon lit: tombeau de la cellule, et tombeau du lit (MONTHERL., Port-Royal, 1954, p. 990).
SYNT. Amples, beaux, grands, longs, petits rideaux; rideau blanc, brodé, cramoisi, fermé, flottant, ouvert, rouge, soulevé, tiré, transparent, vert, violet; rideau de l'alcôve, de la chambre, de la fenêtre, de la porte; rideau de calicot, de coton, de cotonnade, de cretone, de damas, de dentelle, de lampas, de lin, de mousseline, de percale, de perse, de reps, de serge, de soie, de tulle, de velours; coins, fente, plis de rideaux; agiter, écarter, fermer, ouvrir, poser, rabattre, relever, soulever, tirer des rideaux.
♦ Double(-)rideau.
♦ Rideaux bonne femme. Rideaux courts retenus par une embrasse. La paire de rideaux bonne femme (Catal. 3 Suisses, automne-hiver, 1989-90, p. 791).
♦ P. anal. Rideau en bambou; rideaux de perles. D'épais rideaux de cuir fermaient, au besoin, ce premier compartiment et le défendaient contre la fraîcheur des nuits (VERNE, Enf. cap. Grant, t. 2, 1868, p. 86).
— Au fig. Tirer le rideau sur qqc. Cesser de s'occuper, de parler d'une affaire. On lui promettait — et Grange s'y engagea d'un signe de tête — de tirer le rideau sur ses torts. Mais qu'il racontât tout (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 82).
B. — Spécialement
1. THÉÂTRE. Ample draperie (ou toile peinte représentant une draperie) escamotable qui sépare la scène de la salle. Baisser, lever le rideau; au lever du rideau; la chute du rideau; en lever de rideau; le rideau se baisse, descend; le rideau s'écarte, monte, se soulève. 3 février. — Le maître de Santiago. « Il n'y a de grandes aventures qu'intérieures. » Ce chef-d'œuvre étrange, écouté dans le plus profond silence par un public qui en a oublié d'applaudir, au baisser du rideau, pendant plusieurs secondes d'étonnement. J'ai été moi-même abasourdi (GREEN, Journal, 1948, p. 144). Quand le rideau tomba au milieu des applaudissements que traversèrent quelques coups de sifflet, il s'aperçut que ses mains étaient moites (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 362).
— P. méton. Lever de rideau
♦ Pièce, spectacle de début de programme. Ce qui ne m'avait pas empêché de soutenir à M. de Norpois que Jules Ferry, sans doute possible, écrivait des levers de rideau (PROUST, J. filles en fleurs, 1918, p. 949).
♦ Acteur, actrice, chanteur, chanteuse qui passe en début de programme (d'apr. GÉNIN, Lang. planches, 1911, p. 46).
— Rideau! [Cri de mécontentement des spectateurs devant un mauvais spectacle] Au fig., pop. C'est assez, cela suffit! Bon, intervint Corneille. Rideau! Laissons-le partir. Mettez-le sur son camion et que je ne le revoie plus ici (A. AYCARD, La Route, 1964 [1956], p. 60 ds CELLARD-REY 1980).
— Rideau de fond. Parties du décor qui constituent le fond de la scène (d'apr. GITEAU 1970).
— Rideau à l'italienne. Rideau qui s'ouvre en son milieu et qui remonte vers les portants (d'apr. GITEAU 1970).
— Rideau à la française. Rideau qui s'ouvre en son milieu et qui s'élève à la verticale (d'apr. GITEAU 1970).
— Loc. fig. Se tenir derrière le rideau. Être dans la coulisse prêt à intervenir. (Dict. XXe s.). Le rideau est tombé. Une histoire, un événement, une période s'achève (Dict. XXe s.).
2. P. anal. Rideau de fer
a) [Au théâtre] Rideau métallique de protection séparant la scène de la salle en cas d'incendie. Puis, le spectacle achevé (...), lorsque le dernier machiniste chargé de baisser le rideau de fer de la façade était venu prendre congé du « patron », (...), nous quittions à notre tour le théâtre (MARTIN DU G., Souv. autobiogr., 1955, p. LXIX).
b) Rideau métallique de protection des devantures de magasins. Les rideaux de fer des deux magasins d'en bas qu'on lève (BUTOR, Passage Milan, 1954, p. 286).
c) Au fig. Isolement politique qui sépare les pays communistes des pays capitalistes, matérialisé par un mur, des barbelés, etc. La similitude de certaines pratiques qui ne saurait être avouée par les doctrinaires des deux camps ennemis, la communauté des ignorances en deçà et au-delà du rideau de fer et — d'autre part — l'accomplissement de fonctions économiques analogues au sein de deux ensembles très différents d'institutions (PERROUX, Écon. XXe s., 1964, p. 610). P. anal. Rideau de bambou. Isolement politique de la Chine communiste. (Dict. XXe s.).
3. TECHNOL. Rideau de cheminée. Synon. tablier.
C. — P. anal.
1. Tout ce qui fait écran, obstacle à la vue, qui permet de se protéger des regards ou de se mettre à couvert. Rideau d'arbres, de brume, de feuillage, de la forêt, de lierre, de peupliers, de pluie, de verdure. Un rideau de flocons blancs ininterrompu miroitait sans cesse en descendant vers la terre (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Boule de suif, 1880, p. 119). Dans une lumière rougeâtre, de grands rideaux de fumée, et sur ce fond rose d'incendie, les silhouettes des spectateurs et la masse noire des ailes du Trocadéro (GREEN, Journal, 1946, p. 59).
♦ Faire rideau (de) (pop.). Ne pas obtenir un avantage escompté. Elle se fout de toi (...). Y a que l'autobus qu'a pas passé d'ssus, et toi, tu fais rideau (FALLET, Banl. Sud-Est, 1947, p. 89).
2. Spécialement
— ART MILIT. Rideau de troupes. Cordon de troupes placé au devant de l'ennemi pour masquer les manœuvres du gros des troupes:
• La situation des Francs paraissait si désespérée que Saladin, négligeant leur misérable petite armée dont la reddition ne semblait plus qu'une question d'heures, décida, en laissant devant elle, vers Ascalon, de simples rideaux de troupes, de marcher droit sur la Judée, peut-être même jusqu'à Jérusalem vide de défenseurs.
GROUSSET, Croisades, 1939, p. 215.
♦ P. anal., SPORTS (rugby). Ligne de défense formée par les avants ou les trois-quarts. La dernière ligne [des avants] reste peu en mêlée, les trois hommes formant un rideau (L'Automobile, 5 mars 1908 ds PETIOT 1982).
— GÉOGR. ,,Pente forte non cultivée séparant deux bandes de terre cultivées horizontales ou en pente moins forte`` (CABANNE Géogr. 1984).
— MARINE
♦ Rideau d'eau. ,,Dispositif de défense contre l'incendie (paquebots) consistant à répartir une nappe d'eau sur une cloison métallique transversale`` (GRUSS 1952).
♦ Rideau de fumée. ,,Fumée épaisse produite au moyen d'appareils spéciaux, pour se dissimuler ou masquer une escadre aux yeux de l'ennemi`` (GRUSS 1952). Avec son blocus, ses raids lointains (...), ses engins qui plongent, avions et sous-marins, ses écouteurs, ses détecteurs, ses rideaux de fumée noire que l'on tend à la surface de la mer (...), la guerre actuelle tient de la magie des Mille et une Nuits (CENDRARS, Bourlinguer, 1948, p. 292). P. métaph. Le destin lève son rideau de fumée pour la répétition générale de la prochaine guerre (MALRAUX, Espoir, 1937, p. 755).
♦ Rideau de carène. ,,Toiles pendantes protégeant les flancs d'un navire contre la chaleur solaire`` (GRUSS 1952).
— PONTS ET CH. ,,Talus élevé au-dessus d'une route, d'un canal, etc.`` (CHESN. t. 2 1858). ,,Mur pour soutenir le pied d'un talus, d'une berge`` (CHESN. t. 2 1858). ,,Ensemble des chaînes, tringles et barres de fer qui soutiennent le plancher d'un pont suspendu`` (CHESN. t. 2 1858).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1. 1436 ridel « pièce d'étoffe (généralement plissée) tendue pour cacher, abriter quelque chose » (B. du comité Trav. hist., 1919, p. 192); cf. aussi ridellos, en 1347, dans un texte de moy. lat. d'Angleterre, v. GAY; 2. a) 1538 théâtre rideau (EST. d'apr. FEW t. 16, p. 705a); b) av. 1616 tirer le rideau sur qqc. (A. D'AUBIGNÉ, Tragiques, livre I ds Œuvres, éd. E. Réaume et de Caussade, t. 4, p. 46); 3. a) ) 1755 « palissade de charmille » (D'AVILER, Dict. d'arch. d'apr. FEW t. 16, p. 705b); ) 1780 rideau de palétuviers (RAYNAL, Hist. philos., éd. J.-L. Pellet, t. 6, p. 391); b) 1798 (Ac.: on dit figurément d'une allée d'arbres ou d'une suite de maisons qui arrête la vue, et cache les objets plus éloignés, qu'elle forme rideau); 4. 1870-71 « tablier de cheminée » (LITTRÉ); 5. rideau de fer a) 1893 théâtre (MOYNET, Machinerie théâtr., p. 40); b) 1900 « fermeture métallique de la devanture d'un magasin » (COLETTE, Cl. école, p. 187); c) 1945 pol. (L'Aurore, 20 oct. ds QUEM. DDL t. 18). Dér. de rider A; suff. -eau. Au sens 5 c, calque de l'angl. iron-curtain (déjà att. en 1920, mais rendu célèbre par Churchill en 1946, v. NED Suppl.2). Fréq. abs. littér.:4 064. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 3 692, b) 7 771; XXe s.: a) 6 827, b) 5 862. Bbg. Archit. 1972, p. 121, 154. — QUEM. DDL t. 18, 25 (s.v. rideau de fumée; rideau-réclame), 33 (s.v. rideau(-)vitrail). — WALT. 1885, p. 75.
rideau [ʀido] n. m.
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1 Pièce d'étoffe à plis (ou pouvant former des plis), généralement mobile (anneaux, tringle, glissières et tirette; → Ramage, cit. 3), destinée à intercepter ou tamiser la lumière, à cacher, abriter, décorer. || Rideaux de fenêtres (→ Lumineux, cit. 6). || Doubles rideaux : rideaux en tissu épais, placés par-dessus des rideaux transparents, des voilages (→ Clair, cit. 6). ⇒ Brise-bise, cantonnière, draperie, store, tenture, voilage, voile. || Rideaux de cretonne (cit. 1), de mousseline (→ Confortable, cit. 1), de serge (→ Frugal, cit. 3). || Rideaux à franges, à glands (→ Girandole, cit. 1), à torsades, à volants. || Rideau retenu par une embrasse (cit.). ⇒ Patère. || Rideaux bonne femme, courts et tenus par des embrasses (style rustique). || Rideaux de lit (cit. 1), destinés à protéger le dormeur contre le jour et les courants d'air (→ Calicot, cit. 1; joufflu, cit. 2). ⇒ Courtine, moustiquaire, pente (cit. 13). || Lit protégé par un baldaquin, un ciel de lit et des rideaux. || Rideaux d'une porte. ⇒ Portière. || Rideaux d'une litière (cit. 3). — Par ext. || Rideaux de cuir d'une diligence (cit. 7). || Rideau en bambou. || Rideaux de perles (cit. 6) à la porte d'une boutique (→ Café, cit. 7). — Littér. || Le Rideau cramoisi, titre d'une des Diaboliques de Barbey d'Aurevilly.
1 Chaque fenêtre était ornée de rideaux en damas vert relevés par des cordons à gros glands qui dessinaient d'énormes baldaquins.
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 247.
1.1 Maisons à rideaux
Baissés mais qui bougent,
Filtrant un jour clos
De lumière rouge (…)
Max Elskamp, la Rue Saint-Paul.
2 Des rideaux de lingerie blanche tendaient autour du lit de longs plis raides et purs.
M. Genevoix, Raboliot, III, IV.
2.1 (…) derrière les rideaux bonne-femme en coton crème l'enfant à la fenêtre contemple la pluie qui tombe l'océan est gris noir les pins luisants voilés de vapeur.
Tony Duvert, Paysage de fantaisie, p. 160.
♦ Fermer les rideaux (→ Black-out, cit. 1; lassitude, cit. 4). || Ouvrir (cit. 3) les rideaux. || Écarter (cit. 2), repousser les rideaux (→ Offenser, cit. 22). || Relever, soulever un rideau (→ Bouche, cit. 5; mæstria, cit. 2; pour, cit. 55). || Tirer les rideaux, les fermer (→ Incommoder, cit. 3; pénombre, cit. 3), ou (plus rarement) les ouvrir (→ Énergumène, cit. 3).
3 Il se retourna, fouillant les coins noirs de son regard anxieux, et il s'aperçut que les rideaux du lit avaient été tirés. Il y courut et les ouvrit.
Maupassant, Pierre et Jean, VII.
4 (…) le petit clerc, un gamin de quinze ans, chétif et pâle, avait relevé l'un des rideaux de mousseline, pour voir passer le monde.
Zola, la Terre, I, II.
♦ Tringle à rideaux.
♦ ☑ Loc. fig. et fam. Grimper aux, après les rideaux : manifester une exaltation, un plaisir extrêmes (spécialt, un plaisir érotique, sexuel).
4.1 Il fallait vraiment que le tonton revienne de guerre pour ne pas aimer à en grimper après les rideaux cette Farida super-démente.
René Fallet, Y a-t-il un docteur dans la salle ?, p. 348.
2 (1761). Grande draperie à plis (ou toile peinte simulant une draperie) qui sépare la scène de la salle, dans les théâtres traditionnels (→ 2. Estrade, cit. 3; régisseur, cit. 3). || Rideau à l'italienne, s'ouvrant par le milieu en se soulevant. || Rideau à la française, remontant en outre verticalement. || Rideau à l'allemande, à la guillotine. || Lever, baisser le rideau (→ Hum, cit. 1). || Le rideau se lève (cit. 26; et → Dictée, cit. 5), tombe (→ Désappointement, cit. 3; rappel, cit. 4). ☑ Au lever du rideau (→ Nocturne, cit. 5). || Le baisser; la chute du rideau. — Un lever de rideau. ⇒ Lever. || En lever de rideau, une saynète. || Rideau !, exclamation que poussent les spectateurs mécontents (pour demander qu'on baisse le rideau). — Rideau de fond, décorant le fond de la scène.
5 (…) tout en haut, sur son banc, l'homme du rideau veillait l'air résigné, ignorant la pièce, toujours dans l'attente du coup de sonnette pour la manœuvre de ses cordages.
Zola, Nana, V.
♦ Par métaphore (→ ci-dessous, B., 2. et 3.).
3 Rideau de fer. a Rideau métallique placé dans les cintres, entre la scène et la salle d'un théâtre, et que l'on abaisse pour les séparer en cas d'incendie. || Essai du rideau de fer avant les trois coups.
b Fermeture métallique de la devanture d'un magasin (→ Façade, cit. 5; fermer, cit. 9; péché, cit. 4), d'un garage (cit. 5). || Rideau à lames agrafées. || Rideau à mailles métalliques. || Lever, baisser un rideau à la manivelle, électriquement.
c ☑ (1945, l'Aurore du 20 oct., citant Churchill, in D. D. L., d'après l'angl. iron curtain, Churchill; → ci-dessous, cit. 6). Par métaphore. Ligne qui isole en Europe les pays communistes des pays non communistes. Les États de part et d'autre du rideau de fer. || Ce qui se passe derrière le rideau de fer. || Les rideaux de fer (→ Isolement, cit. 8).
6 De Stettin, dans la Baltique, à Trieste, dans l'Adriatique, un rideau de fer est descendu à travers le continent. Derrière cette ligne se trouvent les capitales de tous les pays de l'Europe orientale : Varsovie, Berlin, Prague, Vienne, Budapest, Belgrade, Bucarest et Sofia. Toutes ces villes célèbres, toutes ces nations se trouvent dans la sphère soviétique et toutes sont soumises, sous une forme ou sous une autre, non seulement à l'influence soviétique mais encore au contrôle très étendu et constamment croissant de Moscou (…)
♦ Par anal. || Rideau de bambou, se dit à propos de l'isolement politique de la Chine populaire.
b Photogr. || Obturateur à rideau : obturateur d'objectif constitué par une lamelle d'étoffe étanche à la lumière (par oppos. à obturateur central).
B Loc. fig. (des sens A., 1. et 2.).
1 ☑ (1644). Tirer le rideau sur qqch., cesser de le considérer, de s'en occuper, d'en parler. || Tirons le rideau sur cette affaire, sur cette aventure… || « Il faut passer l'éponge (cit. 7) ou tirer le rideau » (Corneille). || Tirez le rideau, la farce est jouée. ☑ Se tenir derrière le rideau (vieilli), dans la coulisse et prêt à intervenir.
7 (…) nous tirerons le rideau sur vingt jours d'extrêmes fatigues, et nous tâcherons de donner un autre cours aux petits esprits, et d'autres idées à votre imagination.
Mme de Sévigné, 603, 13 déc. 1676.
8 Si la figure d'une femme est difficilement saisissable (…) si des nuages la modifient selon la position sociale (…) quel rideau plus épais encore est tiré entre les actions d'elle que nous voyons, et ses mobiles !
Proust, la Fugitive, Pl., t. III, p. 617.
2 ☑ (1798). Le rideau tombe, est tombé : l'histoire est finie, c'est fini.
3 ☑ (1901). Fam. Rideau ! : c'est fini, on n'en parle plus, il n'en est plus question, ou encore, cela suffit, assez. || Le rideau qui tombe, qui est tiré entre deux choses, entre deux êtres, qui les sépare, les empêche de communiquer.
1 (1770). || Rideau de… : chose susceptible d'intercepter la vue, de protéger des regards, de mettre à couvert. ⇒ Écran, obstacle. || Un rideau de verdure (→ Azurer, cit. 1), d'arbres. ⇒ Ligne (→ Escarboucle, cit. 2). || Rideau de nuages, de brouillard (→ Lagune, cit. 1), de poussière (→ Perpendiculairement, cit. 1)… || Rideau de fumée : nuage de fumée artificiel produit par des appareils fumigènes. — (Fin XVIe). || Rideau de troupes : mince cordon de troupes destiné à masquer et couvrir les mouvements du gros des troupes. — Tendre un rideau de rabatteurs (→ Ratisser, cit. 5). ☑ Rideau de feu : tirs d'artillerie sous la protection desquels peuvent progresser les troupes.
9 Au fond même du tableau, devant l'École militaire, ce rideau de troupes, c'est la garde nationale du faubourg Saint-Antoine et du Marais.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, VIII.
9.1 À l'abri du faible rideau de troupes qui contiennent l'ennemi sur notre propre front, nous avons besoin, pour maintenir l'ordre et la sécurité à l'intérieur, de travailler chaque jour inlassablement (…)
L. H. Lyautey, Paroles d'action, p. 200.
10 Quant au Zaccar (…) c'est à peine si, de loin en loin, on aperçoit, à travers un rideau de pluie moins serré, sa double corne tout estompée par les bords et d'un affreux ton d'encre de Chine, étendue d'eau.
E. Fromentin, Un été dans le Sahara, p. 2.
11 L'horizon était caché par des rideaux de peupliers dont la jeune feuille chantait doucement dans la brise.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, IX, XII.
2 (1870). Techn. Talus au-dessus d'une route, d'un canal. — Mur qui soutient le pied d'un talus. — (XXe). Talus de séparation de deux champs cultivés étagés sur la pente d'une vallée, destiné à empêcher l'érosion.
3 Mur-rideau. ⇒ Mur. — On trouve aussi façade-rideau.
D ☑ Fam. (d'abord argot des coureurs automobiles). Tomber en rideau, en panne. — Par anal. || « Attention (…) la “2” (une caméra de télévision) est en rideau » (Jacqueline Monsigny, le Miroir aux pingouins, p. 68).
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CONTR. Ouverture. — Échappée, vue.
DÉR. V. Ridelle.
Encyclopédie Universelle. 2012.