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BERLIN
BERLIN

Capitale de la Prusse, Berlin devient capitale du IIe Reich lorsque ce dernier est créé en 1871. À partir de cette date, la croissance de la ville s’accélère. À la veille de 1914-1918, elle éclipse Vienne, autre capitale du germanisme. La conséquence de la capitulation de l’armée allemande de Berlin, le 2 mai 1945, entraîne la partition de la ville en quatre secteurs. Celui qu’occupe l’armée soviétique deviendra la capitale de la R.D.A.; les trois secteurs occidentaux constituent Berlin-Ouest. Les troupes françaises prennent possession de leur secteur le 12 août 1945. Après une lente détérioration des relations entre Alliés, le maréchal Sokolowski quitte, le 20 mars 1948, le conseil de contrôle de Berlin, ce qui marque le début de la division définitive de la ville. Le blocus aérien, provoqué par l’U.R.S.S., débute le 26 juin 1948. Il durera jusqu’au 12 mai 1949. En 277 000 vols, les Alliés apportèrent plus de 1,8 million de tonnes de marchandises, dont le charbon qui fut stocké dans le stade olympique. L’exode de la population est-allemande vers Berlin-Ouest et à travers celle-ci vers la R.F.A. décida le gouvernement de la République démocratique allemande à construire, le 13 août 1961, le Mur de Berlin (appelé frontière d’État). Déjà, à la suite du soulèvement des ouvriers dans le secteur Est, le 17 juin 1953, des lignes de tramways et de bus qui reliaient les deux parties furent interrompues par les autorités du secteur Est. Après de longues tractations, les négociations des quatre puissances occupantes aboutissent à la signature de l’accord de Berlin, le 3 septembre 1971. Suivent jusqu’en 1972 toute une série d’accords entre les gouvernements de la R.F.A. (de même que le Sénat de Berlin-Ouest) et la R.D.A. concernant la circulation entre les deux parties ainsi que le droit de visite. Le 21 décembre 1972, les deux États allemands signent le célèbre traité normalisant les relations entre eux. Berlin-Ouest reste un cas unique au monde et par sa situation géographique et par son statut juridique. Bien qu’appartenant à deux régimes politiques et économiques différents, les deux parties se sont fait concurrence dans bien des domaines, chacune étant la vitrine du camp auquel elle appartenait.

Depuis que la ville a retrouvé son unité en 1990, elle constitue un Land à part entière composé de vingt-trois arrondissements. Sa superficie est de 889 kilomètres carrés. La population dépasse 3,4 millions d’habitants, dont 295 000 étrangers.

Naissance et développement de Berlin

Le site de Berlin a été déterminé par trois éléments: le plateau de Barnim (altitudes 40-90 m) au nord, comportant des restes morainiques; le Urstromtal de Varsovie-Berlin occupé par la Spree (altitudes 3045 m); le plateau de Teltow, recouvert par des moraines de fond, au sud (altitudes 35-70 m; Schäferberg exceptionnellement 103 m). Avant le XIIIe siècle, les deux seules agglomérations de la région étaient Köpenick (partie est) et Spandau, qui restera longtemps la «citadelle» de Berlin. Kölln (île de la Spree) et Berlin (rive droite), deux communes sœurs, ne sont nommées pour la première fois qu’en 1237 et 1244 comme «places» de commerce sur la voie d’eau Elbe-Havel-Spree. Berlin obtient une charte urbaine en 1251. Dès 1307, les deux cités ont une administration commune. Grâce aux relations avec Hambourg, Berlin, qui donne finalement son nom à l’agglomération, adhère, en 1359, à la Hanse. Les deux communes fusionnent en 1432 (surface: 76 ha). L’Électeur Frédéric II (1440-1470) établit sa résidence sur la Spree. En 1443, il fait construire un château sur une île. Berlin devient ainsi résidence princière. Lorsque l’Électeur Joachim II passe, en 1539, à la Réforme, une page importante est tournée: désormais, la ville sera marquée par l’esprit protestant (réformé). La guerre de Trente Ans la touche durement: la population tombe à 6 000 habitants. Le Grand Électeur Frédéric Guillaume (1640-1688) fait construire les quartiers de Friedrichswerder et de Dorotheenstadt. Profitant de la révocation de l’édit de Nantes par Louis XIV en 1685, il proclame l’édit de Potsdam quelques semaines après, attirant plus de 20 000 huguenots sur ses terres (construction de la Friedrichstadt pour 5 700 réfugiés). Au XVIIIe siècle, Berlin est profondément marqué par l’esprit huguenot (culture, religion, économie). Après le démantèlement des fortifications, en 1737, Berlin devient ville ouverte. En 1747, pour la première fois, la ville a plus de 100 000 habitants. Il faudra attendre 1823 pour qu’elle dépasse les 200 000 habitants. Le Berlin historique se trouve à l’Est, mais la ville s’étend vers l’Ouest : Unter den Linden, Tiergarten.

La croissance de l’agglomération est bien antérieure à 1871, nombre de villes et de communes se développant aux environs immédiats. Les premières usines sont créées après 1816. Les premières lignes de chemin de fer (six radiales) sont construites entre 1838 et 1848. Après quelques absorptions de communes, Berlin compte 461 000 habitants en 1855. La croissance annuelle est alors supérieure à celle de Hambourg. À partir de 1871, Berlin est non seulement capitale du royaume de Prusse (352 260 km2), mais encore capitale du Reich (540 658 km2). Le développement prend un caractère explosif (époque de la Gründerzeit). Les avantages du Zollverein (union douanière, 1834) sont exploités à fond. Berlin devient un carrefour de communications: aménagement des voies d’eau de la Havel et de la Spree (canal Oder-Spree) reliant la ville à l’actuelle Szczecin. Le port oriental est aménagé entre 1907 et 1913. Celui de l’Ouest (Westhafen de 1914 à 1927), grâce au canal de la Havel, assure la liaison avec l’Elbe. L’achèvement du Mittellandkanal, en 1938, permettra de relier Berlin à la Ruhr (charbon, aciers). Les industries se développent dans le Nord-Ouest (Siemenstadt). Elles sont en plein essor. Après l’implantation de Siemens, consécutive à la révolution de 1848 (télégraphe), Émile Rathenau crée, en 1883, un autre géant de l’électrotechnique: A.E.G. La première ligne de métro est inaugurée en 1902. La ville est polynucléaire et multifonctionnelle, croissant de tous côtés. Elle compte, avec les faubourgs, 932 000 habitants en 1871, mais 3,7 millions en 1910 (sur 883 km2). La ceinture wilhelmienne comprend les fameuses «casernes locatives» (R. M. Rilke). En 1919, le traité de Versailles ramène le Reich à une superficie de 468 000 kilomètres carrés (et la Prusse à 291 700 km2). Mais la croissance urbaine continue. En 1920, la loi du Gross-Berlin entraîne la fusion de huit villes (dont Spandau et Charlottenburg), de cinquante-neuf communes rurales et de vingt-sept domaines. La ville est divisée en vingt arrondissements (Bezirke ). La superficie passe de 67 à 871 kilomètres carrés. À la veille de la de la guerre de 1939-1945, la métropole berlinoise recense 4,33 millions d’habitants et est plus grande que Paris (ville). En 1986, les deux Berlin réunis ne regroupent plus que 3,03 millions d’habitants. La partie Est, dans laquelle le régime communiste a créé trois nouveaux arrondissements, est la capitale de la R.D.A.; quant à Berlin-Ouest, il a perdu ses fonctions de capitale.

Le 9 novembre 1989, le Mur s’ouvre à la suite d’une décision du Conseil des ministres de la R.D.A. Le 22 décembre suivant, la porte de Brandebourg, symbole de l’unité de la ville, est ouverte par les autorités est-allemandes. Les premières élections communales libres ont lieu le 6 mai 1990. Les conseils municipaux des deux parties de la ville se réunissent pour la première fois, ensemble, le 12 juin 1990. Le lendemain, on commence la démolition du Mur dans la tristement célèbre Bernauer-Strasse. Le 1er juillet suivant, le deutsche Mark (DM) est introduit dans la partie Est. Le traité d’union entre les deux Allemagnes est signé le 31 août dans le palais du Kronprinz (Est). Les quatre Alliés et les représentants des deux Allemagnes signent, à Moscou, le 12 septembre 1990 le traité supprimant les droits particuliers des Alliés à Berlin (traité des deux + quatre). La ville devient entièrement allemande. À 0 heure dans la nuit du 3 octobre 1990, la R.D.A. et donc Berlin-Est font leur entrée dans la République fédérale, permettant au Parlement pan-allemand de se réunir, pour la première fois, le lendemain, au Reichstag. Enfin, le 20 juin 1991, le Parlement de l’Allemagne unifiée décide par 19 voix de majorité de choisir Berlin comme future capitale, sans fixer de délai quant au transfert. En moins de deux ans, les deux Berlin ont connu une évolution incroyable, inespérée. Une nouvelle ère commence pour Berlin et pour l’Allemagne.

Berlin-Ouest

Le problème démographique

Sur les vingt arrondissements initiaux, Berlin-Ouest en comptait douze. C’est dans les arrondissements de Schöneberg et de Kreuzberg (plus de 25 000 Turcs) que les densités dépassent 10 000 habitants (12 600 et 14 600 au kilomètre carré). Par contre, à Spandau, Zehlendorf, Tempelhof et Reinickendorf, elles n’atteignent pas 5 000 habitants au kilomètre carré. La population globale n’a cessé de décroître jusqu’à l’ouverture du Mur. Elle a atteint, avec 2 228 000 habitants, en 1957, son maximum. En 1990, elle remonte à 2 150 000 habitants. Au cours des années 1980-1990, la natalité est tombée au-dessous de 10 p. 1 000, alors que la mortalité dépassait 17 p. 1 000. La population n’a cessé de vieillir. Les personnes de plus de 65 ans constituent plus de 19 p. 100 de la population, alors que les jeunes de moins de quinze ans ne représentent que 14 p. 100. Cette situation a favorisé, avant la réunification, l’immigration étrangère (plus de 110 000 Turcs).

Des effectifs industriels en baisse

En 1990, sur 896 000 salariés, 193 000 sont employés par l’industrie (22 p. 100). Le bâtiment emploie 7 p. 100 de tous les actifs. Quoique l’industrie ait connu des gains de productivité considérables, ses effectifs diminuent depuis 1970. Toutefois, elle élabore environ 36 p. 100 du produit intérieur brut. Les industries les plus importantes, selon le chiffre d’affaires, sont: l’électrotechnique, la chimie, la construction de machines, la production de machines de bureau, l’industrie pharmaceutique, la confection et l’industrie alimentaire. Une quarantaine d’établissements emploient plus de 500 salariés.

Les industries les plus représentatives sont: l’électrotechnique (Siemens), la construction de machines, la chimie, la construction de véhicules, l’industrie alimentaire, la confection. Toutes ont un point commun: l’importance de la valeur ajoutée. C’est le cas de la chimie (15 000) qui est surtout orientée vers les produits pharmaceutiques (Konzern Schering). À noter l’importance des industries alimentaires, liées à la volonté d’assurer un minimum d’autonomie de ravitaillement. Les industries textiles et de confection sont un héritage ancien, en partie lié à la fonction de capitale (le Berliner Chic ). L’ensemble de ces industries a ses racines dans le développement économique du XIXe siècle. D’où aussi les localisations, à proximité des ports fluviaux et des lignes de chemin de fer. Mais l’importance du marché local et des capitaux urbains a joué un rôle déterminant. Avec la partition, les industries ont été obligées d’exporter l’essentiel de leur production, ce qui fragilise l’économie berlinoise. Du fait de la situation géographique, la ville était un important centre d’espionnage industriel, incitant les chefs d’entreprise à implanter leurs activités de pointe dans les autres Länder de la R.F.A. Mais Berlin restait une localisation intéressante; ainsi le Konzern, racheté depuis par Siemens, s’est implanté sur un ancien terrain appartenant à A.E.G. La réunification des deux parties de la ville bouleverse les données économiques: la main-d’œuvre bon marché de la partie orientale a tendance à venir travailler (salaires plus élevés) dans la partie occidentale.

L’urbanisme

La reconstruction, après la partition, posait le problème de l’orientation à donner à l’urbanisme, du fait que le noyau ancien se situe à l’Est. Contrairement à ce que l’on pouvait penser, les autorités occidentales n’ont pas voulu construire une City nouvelle, un cœur propre à l’écart du Mur. On retint le projet de l’urbaniste Hans Scharoun qui proposa l’idée d’une City-ruban, allant d’ouest en est, en rejoignant le Mur. Ce ruban pourrait faciliter la solution des problèmes en cas de réunification des deux parties de la ville. Il part de Charlottenburg, à l’Ouest, et court parallèlement à la Spree. Ses points forts sont Theodor-Heuss-Platz, Kaiserdamm (banques, commerces de gros, administrations), Bismarck-Strasse (aspects culturels: Deutsche Oper, Schillertheater), Ernst-Reuter-Platz (banques, assurances, université technique). La rue du 17-Juin prolonge cet axe en direction de la porte de Brandebourg, symbole de l’unité historique de la ville et qui marque le point central de l’ancienne capitale unifiée. On peut ajouter, au sud, le Kurfürstendamm, les «Champs-Élysées» berlinois, avec ses cafés, restaurants et commerces de luxe. Cette artère remplace les célèbres Unter den Linden qui se situent dans le secteur oriental, dans le prolongement de la rue du 17-Juin. L’église du Souvenir (Gedächtniskirche), avec dans son voisinage le Europa-Center, forme à proximité du «Ku-Damm», du Tiergarten (jardin zoologique) une des zones les plus importantes de confluence et d’animation de la ville. De grands équipements culturels ont été implantés à proximité de la porte de Brandebourg, au sud de celle-ci: la Philharmonie, la Neue Nationalgalerie, la Staatsbibliothek, etc. Par contre, au nord de celle-ci, le Reichstag restauré abrite des services fédéraux et constitue une des grandes attractions berlinoises. Au moment de la partition, le Reichstag a été «donné» à l’Ouest, la porte de Brandebourg à l’Est. Les quartiers de l’époque de la Gründerzeit, longtemps méprisés et dénoncés, sont activement restaurés, notamment à Kreuzberg. La périphérie est marquée par des Siedlungen aérées, développées à partir des années 1890-1900 et reliées au centre par la U-Bahn ou la S-Bahn. Souvent, le style des gares rappelle celui des églises (Frohnau). Après 1945, de nouveaux quartiers ont vu le jour: Berlin-Buckow-Rudow appelé aussi Gropiusstadt (18 500 logements sur 265 hectares), Marienfelde, Falkenhagener Feld à Spandau, Märkisches Viertel à Wittenau où l’on a construit 16 000 unités d’habitation pour 46 000 personnes. Berlin-Ouest est un véritable laboratoire pour l’urbanisme et l’architecture.

Un foyer culturel d’importance mondiale

Avec plus de 112 000 étudiants (1990), Berlin-Ouest abrite plus de 7 p. 100 de tous les étudiants de la R.F.A., alors que sa population ne représente que 3 p. 100 de cette dernière. Les établissements d’enseignement supérieur étaient au nombre de six en 1970, ils sont douze en 1990. L’université Humboldt, créée en 1810, se trouvant à l’Est, on a créé l’université libre (55 000 étudiants). La Technische Universität est issue de la Gewerbeakademie transformée en 1880 en Technische Hochschule. Son histoire est étroitement liée au développement scientifique et industriel de la ville. Le personnel enseignant, dans l’enseignement supérieur, est passé de 5 292 en 1970 à 16 078 en 1990. Chaque arrondissement possède son université populaire (Volkshochschule ). La municipalité gère cent trente-deux bibliothèques totalisant près de 4 millions de volumes. Quant aux bibliothèques universitaires, ou celles du Land, elles se situent parmi les plus importantes du monde (bibliothèque Preussischer Kulturbesitz, environ 4 millions de volumes). Près de quarante musées sont disséminés à travers la ville. C’est en 1957 qu’est fondé le Preussischer Kulturbesitz chargé de l’enrichissement et de la gestion des collections. Les centres muséographiques sont Dahlem, Charlottenburg et Kemperplatz. La clientèle est internationale.

Berlin comptait, vers 1920, plus de soixante-dix théâtres. Presque tous furent détruits ou endommagés pendant la Seconde Guerre mondiale. On en compte une vingtaine de nos jours. Les plus célèbres sont: la Deutsche Oper, le Schillertheater, le Schlosspark Theater. Le théâtre privé de la Schaubühne, qui a emménagé en 1981 dans des locaux tout neufs, est considéré comme la meilleure scène de langue allemande. La fréquentation théâtrale reste élevée. Le Land subventionne les scènes privées. De nombreux cabarets entretiennent l’esprit critique des Berlinois. Le Sénat (gouvernement) a voté des lois pour maintenir le tournage de films (création de plus de 10 films par an). Le prix du cinéma allemand est décerné chaque année à Berlin. La Cinémathèque allemande a été créée, à Berlin, en 1963. La musique a toujours été chez elle à Berlin. Le Philharmonique de Berlin passe pour le meilleur orchestre du monde. L’orchestre radio-symphonique jouit également d’une réputation internationale. Si 1 169 concerts ont été donnés en 1979-1980, ce chiffre est monté à 1 441 en 1983-1984 (moyenne: 4 concerts par jour). Dans Berlin réunifié le nombre des concerts a été de 2 489 en 1990 (1,5 million d’auditeurs). Le centre de la vie musicale reste Kemperplatz où fut inauguré en 1963 le célèbre bâtiment de la Philharmonie, construit par Hans Scharoun. Le Sénat a favorisé la décentralisation culturelle au profit des quartiers, si bien que la ville possède plus d’«usines culturelles» que toutes les autres villes allemandes. Grâce au Internationales Kongresszentrum, Berlin-Ouest figure parmi les cinq premières villes de congrès du monde.

Espaces verts et plans d’eau

Les Berlinois de l’Ouest, vu l’enclavement de leur ville dans la R.D.A., auraient pu être frappés de claustrophobie. Tel n’a pas été le cas. Cela est lié à la variété des paysages naturels, ainsi qu’à une judicieuse politique d’aménagement du territoire. Les vastes étendues de sables, de moraines sont en partie occupées par les étendues d’eau et de forêts. C’est de là que proviendrait le fameux Berliner Luft (air de Berlin). Les surfaces boisées occupent 16 p. 100 de la surface totale, les plans d’eau (lacs, rivières), près de 7 p. 100. Les grands lacs, Tegeler See (408 ha), Grosser Wannsee (260 ha), sont bordés d’importantes forêts et constituent des attractions pour toute la ville. On recense 4 735 hectares d’aires de loisirs organisées. Les espaces verts sont assez bien répartis, si bien que Berlin, contrairement à beaucoup de capitales, est une ville verte. Lors de la reconstruction, les décombres ont été réutilisés pour l’aménagement de «collines de loisirs»: les Trümmerberge (par exemple am Teufelsee, 120 m). Berlin-Ouest possède 247 exploitations agricoles et maraîchères exploitant 1 415 hectares. Ces surfaces sont soigneusement sauvegardées car elles assurent un double rôle: ravitaillement en légumes et en produits laitiers, filtrage de l’air.

Berlin-Est

L’urbanisme: de l’héritage monarchiste à l’urbanisme socialiste

La reconstruction systématique débute en 1950, selon les «seize principes fondamentaux de l’urbanisme», inspirés de l’exemple soviétique. La «nationalisation» du sol coupe court à toute spéculation. La première réalisation urbanistique d’importance fut exécutée dans le quartier ouvrier de Friedrichshain, avec l’aménagement, sur 1,7 km, de Karl-Marx-Allee, à l’est de Strausberger-Platz (largeur de l’Allee: 90 m). L’industrialisation du bâtiment vers le milieu des années cinquante permit d’accélérer les opérations, en construisant en hauteur. À partir de 1962 débute le réaménagement systématique du centre, sur un espace de 820 hectares, permettant d’équiper un axe cohérent, long de 6 kilomètres, entre la Brandenburger Tor et la Bersarin-Strasse (Frankfurter Tor), en passant par Unter den Linden, Karl-Liebknecht-Strasse et Karl-Marx-Allee. Différents ensembles peuvent être distingués autour de cet axe central. L’allée Unter den Linden (tilleuls) était au XVIIe siècle l’allée cavalière du roi pour se rendre au Tiergarten. Son aménagement se fit progressivement. Certaines destructions de la Seconde Guerre mondiale ont été remplacées par des constructions neuves (ambassades de l’U.R.S.S., de Pologne, de Hongrie, ministères, interhôtel). Par contre, nombreux sont les édifices historiques restaurés: Staatsoper, Hedwigskathedrale, Alte Bibliothek, palais Unter den Linden, université Humboldt, opéra comique, Staatsbibliothek (4,6 millions de volumes), la Neue Wache (monument contre le fascisme), musée de l’Histoire allemande (ancien arsenal). La localisation des fonctions nationales, politiques et culturelles se continue en direction de Marx-Engels-Platz et de Alexander-Platz. La première est la place centrale de la capitale. Là se trouvait le château des Hohenzollern où en 1918 Karl Liebknecht proclama la République socialiste. À proximité, les grands musées sont concentrés dans la Museuminsel. En face du Berliner Dom (1894-1905), à l’emplacement du château, on a construit (1973-1976) le palais de la République, immense complexe réunissant, entre autres, la Chambre du peuple, des salles de congrès, des salles de lecture, des restaurants, etc. Il était un des centres de la vie politique de la R.D.A., ainsi qu’un lieu d’animation populaire. Il a été fermé, depuis la réunification, car l’amiante des faux plafonds constitue une source de pollution. Certains souhaitent sa destruction et la reconstruction du château. D’autres bâtiments imposants se dressent à l’ombre de la tour de la télévision, bâtiment le plus élevé de Berlin (365 m), qui marque Alexander-Platz. Le Berlin monumental socialiste se poursuit jusqu’à Strausberger-Platz et Lenin-Platz. Cette dernière place a été aménagée entre 1968 et 1970. Le centre socialiste, mis à part quelques magasins de prestige, ne comptait que peu de magasins. Le VIIIe congrès du S.E.D. décida la construction et la modernisation de 41 000 logements pour la période 1971-1975. Ainsi sont édifiés les nouveaux quartiers: Frankfurter Allee (16 000 logements), Salvador Allende (Köpenick: 9 000 logements), Weissenseer Weg (Lichtenberg: 10 000 logements). De 1976 à 1980, 55 000 logements furent édifiés ou modernisés. C’est l’opération Marzahn qui est la plus spectaculaire. Ce nouvel arrondissement a vu la construction, entre 1976 et 1990, de 35 000 logements pour 100 000 habitants. Depuis la fin des années soixante-dix, on restaure des maisons de la Gründerzeit (Prenzlauer Berg; autour de la Friedrich-Strasse; Lichtenberg).

La population

Longtemps, le bilan démographique a été meilleur à Berlin-Est qu’à Berlin-Ouest. La natalité était proche de 14 p. 1 000, au cours des années 1980, alors que la mortalité oscillait autour de 12 p. 1 000. En outre, la croissance démographique était accentuée par une faible immigration (12 000 individus par an). Mais, pour s’établir à Berlin-Est, il fallait l’autorisation des autorités. La population, qui avait atteint 1,279 million d’habitants en 1989, a diminué depuis l’ouverture du Mur. Berlin-Est a perdu son statut de capitale avec la disparition de la R.D.A.

L’industrie

L’industrie est, en partie, un héritage antérieur au régime socialiste. La ville élaborait moins de 6 p. 100 de la production industrielle de la R.D.A., c’est-à-dire moins que le pourcentage de sa population. À bien des égards, sur le plan industriel, Berlin-Est est la sœur jumelle de Berlin-Ouest. L’électro-industrie arrive en tête, représentant 31 p. 100 du chiffre d’affaires de l’industrie. Elle est marquée par de grands établissements: VEB Bergmann-Borsig (turbines), VEB Karl Liebknecht (transformateurs), Funkwerke Köpenick (radios, émetteurs), VEB Stein-Radio (appareils de précision). La plus grande usine de la branche est localisée à Treptow. Le secteur machines-véhicules arrive au deuxième rang (16 p. 100). C’est la production de machines qui l’emporte. Un des combinats les plus importants de la République se trouve à Weissensee (combinat 7-Octobre, en souvenir de la date de la proclamation de la R.D.A.). L’industrie légère venait en troisième position, mais elle a tendance à rattraper le secteur précédent. Il s’agit, en partie, d’industries de type urbain: industries polygraphiques, confection, meubles, bois, etc. Berlin-Est est le centre créateur de la mode en R.D.A. Son influence dépasse les frontières de la République. Les industries chimiques arrivent en quatrième position (12 p. 100). Il s’agit de produits cosmétiques, photochimiques, pharmaceutiques: c’est à Berlin que se trouve la seule usine fabriquant l’insuline. Avec 11,5 p. 100 du chiffre d’affaires, les industries alimentaires suivent de près (boulangeries industrielles, confiseries, charcuteries, boissons). Le dernier grand secteur industriel correspond à l’énergie (9,5 p. 100). Contrairement à la partie occidentale, Berlin-Est est alimenté, en partie, en électricité par des centrales situées à l’extérieur. Le rôle de capitale fait que Berlin-Est connaît un développement plus rapide dans le secteur tertiaire, par rapport aux activités secondaires.

La réunification des deux parties a porté un rude coup au tissu industriel. Nombre d’usines ont été fermées ou leurs effectifs ont été réduits. La Treuhandanstalt, office fédéral chargé de la liquidation des biens socialistes installé à l’Est, essaie de trouver des acquéreurs. Les chances de reprises sont plus grandes à Berlin-Est que dans les autres cinq nouveaux Länder. Le nombre de chômeurs y est aussi moins important.

Priorité aux transports collectifs

La partition de la ville a entraîné un réaménagement complet des moyens de transport. Les relations avec la partie Ouest ont été quasi supprimées. Le moyen le plus utilisé est la S-Bahn, avant le métro. Contrairement à l’Ouest, le tramway marque encore le paysage urbain.

Espaces verts, loisirs et tourisme

Tout comme Berlin-Ouest, la capitale de la R.D.A. utilisait intensivement le milieu naturel à des fins de loisirs et de tourisme. De ce côté, elle est largement privilégiée, d’autant plus qu’il n’y a pas de mur interdisant à la population d’utiliser les environs riches en bois et en surfaces aquatiques. On compte 7 518 hectares de forêts, sur le territoire communal, 3 758 hectares de plans d’eau (le plus grand, le Müggelsee: 740 ha) et 11 802 hectares de surface agricole utilisée. En ajoutant les 500 jardins «ouvriers», on recense, en moyenne, 113 mètres carrés d’espaces verts par habitant. Une nouvelle ceinture boisée a été aménagée au nord de la ville. Tout avait été fait pour rehausser le prestige de la «capitale de la R.D.A.». En 1985, la ville a reçu 6 millions de touristes nationaux et étrangers. Près de 65 000 embarcations sportives et touristiques, de tous gabarits, ont sillonné lacs et rivières la même année. Les fêtes et manifestations, à l’occasion du 750e anniversaire (1987) de la fondation de la ville, ont constitué une gigantesque opération de promotion de la ville.

Un centre culturel digne d’une capitale

Environ un tiers des étudiants de la R.D.A. poursuivaient leurs études à Berlin-Est. Presque tous les types d’enseignement supérieur étaient dispensés dans la ville. Celle-ci compte 176 bibliothèques, dont certaines de très haut niveau. Berlin-Est possède une trentaine de musées, dont quelques-uns, comme le Pergamon, sont de réputation mondiale. Le Französischer Dom (Gendarmenmarkt) abrite le musée et les archives des huguenots.

Il y a davantage de théâtres à l’Est qu’à l’Ouest. En 1974 a été inauguré le théâtre de revue et de variétés de Friedrichstadtpalast (1 900 places), de niveau international. Les théâtres les plus réputés sont la Deutsche Oper, la Komische Oper, le Berliner Ensemble (Brecht), le Deutsches Theater. «Die Distel» était «le cabaret de la R.D.A.». La ville socialiste comptait plus de cent cinquante clubs et maisons de la culture, ainsi que deux cents clubs pour jeunes. Neuf journaux, dont Neues Deutschland , étaient édités à Berlin-Est.

La réunification des deux parties: Berlin capitale de l’Allemagne

La ville restera longtemps encore marquée par les conséquences d’une séparation qui a duré plus de quarante ans. La compétition culturelle et médiatique qui avait entraîné le dédoublement de presque tous les équipements (radio, télévision, théâtre, cinéma, bibliothèque, presse, etc.) a pris fin avec la réunification. Si certains équipements, activités ou publications ont été supprimés ou ont disparu du fait de l’introduction de l’économie de marché, la ville, néanmoins, a hérité des installations qui la placent au tout premier rang en Europe.

Les problèmes issus de la réunification sont nombreux: abolition de tous les obstacles séparant les deux parties de la ville; fusion de tous les réseaux de transport urbains et ferroviaires (S-Bahn, U-Bahn, bus, tramway, chemin de fer); ouverture des sections et gares fermées après la partition; création et extension de gares (reconstruction d’anciennes?); reconstruction de l’administration à tous les niveaux; reconstitution d’organismes de toutes sortes (chambre de commerce, chambre des métiers, etc.); réintroduction du système bancaire (dont les caisses d’épargne) dans la partie Est, etc.

Certains organes fédéraux se sont installés à Berlin. Le président de la République donne ses réceptions au château Bellevue (Berlin) et non à Bonn. On discute du réaménagement du Reichstag. Berlin doit redevenir un grand carrefour ferroviaire, de niveau européen. Le train à grande vitesse allemand, l’I.C.E. (Inter City Express), doit desservir la capitale. Les aéroports actuels sont insuffisants pour le futur trafic. La voie d’eau doit être adaptée au réseau ouest-allemand (liaison Oder-Elbe). De grandes firmes internationales ont décidé de s’implanter au cœur de la ville (Daimler-Benz, Sony, etc.). Un concours d’architectes a été organisé pour la préparation d’un plan pour une nouvelle City s’étendant entre Potsdamer-Platz et Alexander-Platz, de manière à doter Berlin d’un centre digne d’une capitale mondiale. Des négociations sont en cours avec le Land de Brandebourg pour une éventuelle fusion. Potsdam (capitale du Brandebourg), à quelques kilomètres de Berlin, connaît un vaste mouvement de restauration, vivant de plus en plus en symbiose avec la capitale. Celle-ci, pour de longues années, reste un énorme chantier. Capitaux et hommes affluent en masse. La population de la ville augmente rapidement grâce à l’arrivée d’immigrés en provenance des ex-pays socialistes. Berlin est situé à moins de 80 kilomètres de la frontière polonaise. Grâce à sa situation géographique, la ville joue un rôle croissant au centre de l’Europe.

Berlin
capitale de l'Allemagne, sur la Sprée, Land d'Allemagne et région de la C.E.; 884 km²; 3 400 000 hab. (Berlinois). Avant 1990, la ville était divisée en: Berlin-Ouest, Land de R.F.A., isolé en R.D.A. (480 km²; 2 000 000 d'hab.), et Berlin-Est, cap. de la R.D.A. (404 km²; 1 200 000 hab.). Grand centre industriel, tertiaire et culturel.
Le chât. de Charlottenburg, édifice baroque du XVIIIe s., seul château des Hohenzollern qui subsiste, abrite un musée (peinture, Extrême-Orient, égyptologie). La cath. Ste-Edwige (XVIIIe s.), l'égl. Ste-Marie, l'opéra et des monuments anc. ont échappé aux destructions de 1944-1945 (quartier du Linden-Forum). La Museumsinsel (l'île des musées) groupe l'Atlas Museum, la Nationalgalerie (peintures des XIXe et XXe s.) et le Pergamon Museum (Antiquité). Les musées de Dahlem contiennent peintures, sculptures, estampes, etc. Après 1945, les constructions sont résolument modernes: Philharmonie; Nouvelle Galerie nationale (Mies van der Rohe, 1968). Universités. Festival de cinéma. Hist. - Fondée vers 1230, la ville devint capitale du Brandebourg (1486), de la Prusse (1701), de l'Allemagne (1871-1945). Son essor date du XVIIIe s. Après sa chute face à l'Armée rouge (mai 1945), elle fut divisée en quatre secteurs d'occupation, jusqu' en 1949. Berlin-Est correspondit au secteur sov., Berlin-Ouest aux secteurs amér., brit. et français. Un pont aérien fonctionna en 1948-1949 pour ravitailler Berlin-Ouest soumis à un blocus par les Sov. En 1961, la R.D.A. édifia le mur de Berlin pour empêcher l'émigration. Devant l'exode massif des Allemands de l'Est et l'ampleur des manifestations de l'automne 1989, le gouvernement de la R.D.A. décida, en nov., d'abattre le mur de Berlin. En 1991, après la réunification de l'Allemagne (1990), Berlin en est redevenu la capitale. - Le congrès de Berlin (juil. 1878) modifia le traité de San Stefano par lequel les Ottomans favorisèrent la Russie et les Slaves des Balkans au détriment de l'Autriche et de l'Angleterre. V. Orient (question d').
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Berlin
(conférence de) conférence réunie par le chancelier allemand Bismarck de nov. 1884 à fév. 1885 pour étudier divers problèmes relatifs à l'Afrique. Les participants étaient les suivants: Allemagne, Autriche-Hongrie, Belgique, Danemark, Espagne, États-Unis, France, Grande-Bretagne, Italie, Pays-Bas, Portugal, Russie, Suède, Turquie. La conférence affirma la liberté de navigation sur le Niger et le Congo, et la liberté de commerce dans le bassin du Congo. Elle établit les règles de l'occupation coloniale. De nombreux historiens ont vu dans cette clause subsidiaire le "partage de l'Afrique".

⇒BERLIN, subst. masc.
TECHNOL., vx. ,,Paquet de fil arrêté par un nœud, dont on fait usage dans les fabriques de velours`` (CHESN. 1857) :
Le cordonnet est formé de 3 gros fils tordus à gauche, puis retordus ensemble. Le berlin est fait de même, mais plus tordu.
Ch.-A. WURTZ, Dict. de chim. pure et appliquée, 2e suppl., t. 1, 1892, p. 778.
Rem. Attesté dans la plupart des dict. gén. du XIXe s. ainsi que dans QUILLET 1965.
Prononc. et Orth. :[]. Var. barlin (d'apr. GUÉRIN 1892 : berlin, syn. de barlin). Étymol. et Hist. 1751 barlins (Encyclop. t. 2 : Barlins [...] nom d'un nœud qu'on fait au commencement et à la fin des pieces pour les tordre, noüer ou remettre); 1832 berlins (F. RAYMOND, Dict. gén. de la lang. fr., Paris); 1838 berlin (Ac. Compl. 1842). Orig. inc. (EWFS2); la forme barlin(s) appartient à un ensemble de termes à la fois techn. et pop. (cf. barlong); berlin(s) pourrait être une forme conservatrice ou hypercorrecte en réaction contre la précédente.

berlin [bɛʀlɛ̃] n. m.
ÉTYM. 1838; altér. de barlins, 1751; orig. inconnue, p.-ê. apparenté à barlong.
Techn. anc. (XVIIIe-XIXe). Cordon formé de fils tordus ensemble et arrêtés par un nœud.

Encyclopédie Universelle. 2012.