lassitude [ lasityd ] n. f.
• XIVe; lat. lassitudo
1 ♦ État d'une personne lasse. ⇒ abattement, fatigue. « toujours épuisée et accablée, atteinte de [...] lassitude chronique » (Hugo) .
2 ♦ Abattement mêlé d'ennui, de dégoût, de découragement. Auguste fut clément « par lassitude dans sa vieillesse » (Diderot). Céder par lassitude. Un soupir de lassitude.
⊗ CONTR. Bien-être, entrain; courage, enthousiasme.
● lassitude nom féminin (latin lassitudo, -inis) État de grande fatigue physique : Sentir une grande lassitude dans les jambes. État de grande fatigue morale : Être pris d'une immense lassitude devant les difficultés. ● lassitude (citations) nom féminin (latin lassitudo, -inis) Henri Frédéric Amiel Genève 1821-Genève 1881 On se lasse d'être quarante ans dans sa propre compagnie ; on finit par se subir comme un ennui et se traîner comme un boulet. Journal intime, 20 septembre 1866 Louis Massignon Nogent-sur-Marne 1883-Paris 1962 Il est des cœurs qui n'arrivent que par la lassitude jusqu'à la tendresse. Opera minora Centre de documentation scolaire Paul-Jean Toulet Pau 1867-Guéthary 1920 C'est la pire lassitude, quand on ne veut plus vouloir. Les Trois Impostures Émile-Paul Sénèque, en latin Lucius Annaeus Seneca, dit Sénèque le Philosophe Cordoue vers 4 avant J.-C.-65 après J.-C. Le remède le plus honteux à l'affliction chez un homme raisonnable, c'est de guérir par lassitude. Turpissimum est in homine prudenti remedium moeroris lassitudo moerendi. Lettres à Lucilius, LXIII ● lassitude (synonymes) nom féminin (latin lassitudo, -inis) État de grande fatigue physique
Synonymes :
- épuisement
- fatigue
Contraires :
- allant
- bien-être
- entrain
- forme (familier)
- vitalité
État de grande fatigue morale
Synonymes :
- découragement
- dégoût
- démoralisation
- dépression
- écoeurement
- ennui
- langueur
Contraires :
- élan
- joie
lassitude
n. f.
d1./d état ou sensation pénible de fatigue physique.
d2./d Découragement; abattement moral.
⇒LASSITUDE, subst. fém.
A. — État d'une personne qui éprouve une fatigue physique plus ou moins grande, agréable ou pénible.
1. [En parlant d'une grande fatigue générale ressentie à la suite d'efforts violents et parfois prolongés, à cause de surmenage, de maladie, ou de difficultés trop importantes à surmonter pour le sujet] Abattement, épuisement. Si je ne t'écris pas, mon vieux bon, n'en accuse que mon extrême lassitude. Il y a des jours où je n'ai plus la force physique de remuer une plume (FLAUB., Corresp., 1861, p. 447). Dans tout mon corps, c'est une lassitude, un brisement immense (RIVIÈRE, Corresp. [avec Alain-Fournier], 1906, p. 336) :
• 1. Bien avant la catastrophe d'Evanston, j'avais constaté en moi d'évidents symptômes de déchéance physique : lassitude générale, insomnie, diminution de la faculté d'attention, de la mémoire, inappétence, irritabilité.
BOURGET, Actes suivent, 1926, p. 32.
SYNT. Lassitude accablante, extrême, infinie, insurmontable; affreuse, immense, profonde lassitude; être brisé, pris, rendu, vaincu de lassitude; ressentir une grande lassitude; mourir, tomber de lassitude.
♦ À la lassitude (loc. adv.). À la fatigue, à force de harceler. Il ne me restait plus d'elle [de ma script-girl de cinéma] (...) que quelques mots qu'elle m'avait pour ainsi dire, appris de force, à la lassitude (SIMONIN, Touchez pas au grisbi, 1953, p. 120).
♦ Céder, succomber à la lassitude. Tomber dans le sommeil. Quand elle cédait à la lassitude, elle tombait comme une masse sur mon épaule; et là elle dormait un peu (BOSCO, Mas Théot., 1945, p. 148).
♦ Éprouver des lassitudes; avoir des lassitudes dans les jambes. Forcée de monter et de descendre sans cesse les étages, j'ai des lassitudes dans les jambes, que, le soir, je tombe comme une masse de plomb (BALZAC, Cous. Pons, 1847, p. 141).
— P. anal. Une baraque de planches, à la toiture ruineuse, reposait là avec un grand air de lassitude et d'effondrement (MOSELLY, Terres lorr., 1907, p. 178).
2. Plus rare. Fatigue agréable, bien-être incitant au repos, au sommeil. Lassitude amoureuse; bonne, douce lassitude. Une délicieuse lassitude nous ayant envahis, nous nous endormîmes, aux bras l'un de l'autre (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Verrou, 1882, p. 818). À l'éloignement de Jean Péloueyre, elle avait dû d'abord un peu de cette lassitude heureuse des convalescentes (MAURIAC, Baiser Lépreux, 1922, p. 188) :
• 2. ... ma grand-mère (...) s'installait près de la fenêtre, dans sa bergère à oreillettes, chaussait ses besicles, soupirait de bonheur et de lassitude, baissait les paupières avec un fin sourire voluptueux que j'ai retrouvé depuis sur les lèvres de la Joconde...
SARTRE, Mots, 1964, p. 31.
B. — État de fatigue mentale, morale, affective ou psychique. Lassitude de l'âme, de l'esprit; lassitude de vivre.
1. [La lassitude est liée à l'ennui, au dégoût] Le coup de foudre vient d'une secrète lassitude de ce que le catéchisme appelle la vertu, et de l'ennui que donne l'uniformité de la perfection (STENDHAL, Amour, 1822, p. 55). J'éprouvais dans la pensée un vide affreux, un dégoût, une lassitude de toutes choses et de toutes personnes autour de moi (SAND, Hist. vie, t. 3, 1855, p. 268) :
• 3. Les grandes douleurs morales, comme les fatigues du corps, vous laissent si écrasé de lassitude que l'esprit est incapable de former un désir et les membres de s'agiter pour une action.
FLAUB., 1re Éduc. sent., 1845, p. 138.
2. [La lassitude est liée au découragement] Cette situation de lassitude et de décrépitude, et de désarmement et de dénégation (PÉGUY, Argent, 1913, p. 1278). Il contraignit sa raison à admettre ce qu'elle n'avait jamais accepté. C'est ce qu'on pourrait appeler la lassitude, la capitulation ou le désespoir de l'intelligence (MAETERL., Ombre des ailes, 1936, p. 124). Puisque la France a fait entendre sa volonté de triompher, il n'y aura jamais pour nous ni doute, ni lassitude, ni renoncement (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 678) :
• 4. ... Schopenhauer fut un pessimiste féroce (...). Les mots de satiété, de lassitude, d'accablement, d'abdication se retouvaient chaque matin sous sa plume quand il cherchait à rendre son état intérieur.
BOURGET, Nouv. Essais psychol., 1885, p. 301.
♦ Par lassitude. Accepter quelque chose, dire oui à quelque chose par lassitude. Il conclut, par lassitude, une paix ignominieuse (CHATEAUBR., Essai Révol., t. 2, 1797, p. 47).
Prononc. : [lasityd]. Étymol. et Hist. 1. XVe s. [ms.] « état de grande fatigue physique » (EVRART DE CONTY, Probl. d'Arist., B.N. 210, f° 30b ds GDF. Compl.); 2. 1652 « fatigue morale, dégoût » (LA ROCHEFOUCAULD, Mémoires, éd. J. Gourdault, I, 352). Empr. au lat. lassitudo « fatigue » qui a remplacé les plus anc. lassece, lassement (XIIe s. ds T.-L.) comme nom d'état de las, lasser. Fréq. abs. littér. : 1 253. Fréq. rel. littér. : XIXe s. : a) 887, b) 1 984; XXe s. : a) 2 374, b) 2 080. Bbg. CAZELLES (B.). Un Héros fatigué. Rom. Philol. 1977, t. 30, pp. 616-622.
lassitude [lɑsityd] n. f.
ÉTYM. V. 1380; lat. lassitudo « fatigue », de lassus. → Las.
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♦ État d'une personne lasse.
1 Sensation de fatigue générale et vague. ⇒ Abattement, fatigue. || Brisé (cit. 34), courbaturé (cit. 2), rompu, mort de lassitude (→ Courbatu, cit. 1). || Lassitude du corps (→ Application, cit. 8). || Lassitude physique. || La lassitude de la vieillesse (→ Insipidité, cit. 1). || Tomber de sommeil et de lassitude. || Lassitude accablante, épuisante. || Marcher, se traîner avec lassitude. || Usé par la lassitude. || Ôter la lassitude. ⇒ Délasser.
1 Des milliers d'Américains servaient aux Espagnols de bêtes de somme, et on les tuait quand leur lassitude les empêchait de marcher.
Voltaire, Essai sur les mœurs, CXLVIII.
2 Ce suprême effort l'avait épuisé. Sa lassitude était maintenant telle, que tous les trois ou quatre pas il était obligé de reprendre haleine, et s'appuyait au mur.
Hugo, les Misérables, V, III, VII.
3 (…) toujours épuisée et accablée, atteinte de ce qu'on pourrait appeler la lassitude chronique (…)
Hugo, les Misérables, IV, XII, I.
4 Que nos rideaux fermés nous séparent du monde,
Et que la lassitude amène le repos !
Baudelaire, les Épaves, Pièces condamnées, III.
♦ Par ext. Fatigue locale. ⇒ Courbature.
5 Forcée de monter et de descendre sans cesse les étages, j'ai des lassitudes dans les jambes, que le soir je tombe comme une masse de plomb.
Balzac, le Cousin Pons, Pl., t. VI, p. 642.
2 (1652, La Rochefoucauld). État d'abattement mêlé d'ennui, de dégoût, de découragement. || Lassitude morale, intellectuelle. ⇒ Désespérance (cit. 4). || Abandonner une entreprise par lassitude. ⇒ Découragement. || Céder par lassitude. → De guerre lasse. || La lassitude que nous avons des vieilles connaissances (cit. 29). || La lassitude d'un peuple opprimé (→ Courber, cit. 12).
6 Néron fut clément par dissimulation dans sa jeunesse, et Auguste par lassitude dans sa vieillesse.
Diderot, Essai sur les règnes Claude et Néron, II, 52.
7 Rien ne peut exprimer la lassitude des autres, leur ennui, leur dégoût, leur découragement. Ils attendaient impatiemment l'heure bénie qui allait les rendre au repos.
Michelet, Hist. de la Révolution franç., V, X.
8 (Il) poussa un soupir conventionnel de lassitude, que démentait l'expression satisfaite du visage.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 115.
♦ Par ext. || La lassitude d'un regard, d'un visage.
9 (…) l'incurable mélancolie de ses beaux yeux, le pessimisme de ses lèvres, l'infinie et noble lassitude de ses mains.
Proust, les Plaisirs et les Jours, p. 162.
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CONTR. Bien-être, fraîcheur, entrain, repos, santé. — Courage, encouragement, enthousiasme.
Encyclopédie Universelle. 2012.