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raillerie

raillerie [ rajri ] n. f.
• 1490; de railler
Vieilli
1Plaisanterie. Sans raillerie. Loc. Entendre raillerie : comprendre la plaisanterie. « Son père n'entendait pas raillerie sur les questions d'étiquette » (R. Rolland).
2Habitude, art de railler. gouaillerie, ironie, malice, moquerie, persiflage, satire. Parler sur le ton de la raillerie. « Votre raillerie, oui, cette façon moqueuse que vous avez de me parler, m'afflige » (Duhamel).
3Propos ou écrit par lesquels on raille qqn ou qqch. 2. brocard, 2. critique, épigramme, 1. flèche, lazzi, moquerie, plaisanterie, pointe, quolibet, sarcasme, 1. trait . « Ce débordement d'affronts sanglants, de railleries parfois cocasses » (Bosco).

raillerie nom féminin Action, fait de railler. Propos ou attitude par lesquels on raille : Des railleries déplacés.raillerie (citations) nom féminin Charles de Secondat, baron de La Brède et de Montesquieu château de La Brède, près de Bordeaux, 1689-Paris 1755 On raille de tout, parce que tout a un revers. Mes penséesraillerie (synonymes) nom féminin Action, fait de railler.
Synonymes :
- humour
- ironie
- moquerie
- persiflage
- satire
Propos ou attitude par lesquels on raille
Synonymes :
- boutade
- brocard
- lazzi
- pointe
- quolibet
- sarcasme
- trait

raillerie
n. f. Action de railler; habitude de railler.

⇒RAILLERIE, subst. fém.
A. — 1. Action de (se) railler (de) quelqu'un ou quelque chose. Synon. gausserie (vieilli), moquerie, plaisanterie; anton. admiration, respect.
a) [Avec un compl.]
) [indiquant ce que l'on raille]
Raillerie envers qqn/qqc. Lettre d'Andrienne qui se permet une douce raillerie envers son cousin le professeur (AMIEL, Journal, 1866, p. 382).
Raillerie sur qqn/qqc. Il voulait avant tout piquer les uns et faire rire les autres. Cette raillerie sur la mère Angélique fut ce qui resta le plus sur le cœur à M. Arnauld (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 464).
) [indiquant ce par quoi on raille] Raillerie de qqc. Combien on retrouve à chaque pas la raillerie du relâchement, de l'accommodement en dévotion (SAINTE-BEUVE, Port-Royal, t. 5, 1859, p. 337).
b) [Dans une loc. à valeur adj.] Subst. + de raillerie. Air, ton de raillerie. Les Grange étaient depuis quelques mois aux Escures lorsque la Poule-Courte commença sa petite guerre. Elle en raconta tant, que, dans le pays, par esprit de raillerie, les gens entreprirent sur Barthélemy ceux du Monestier (POURRAT, Gaspard, 1922, p. 159).
c) [Sans compl.] Être en butte aux railleries. Cet acte confirmait, pour les spectateurs, la sincérité de son apostolat; et les railleries s'éteignirent (ADAM, Enf. Aust., 1902, p. 325). La plaisanterie, la raillerie, la dérision, le sarcasme sont monnaie courante dans une polémique bien conduite (COSTON, A.B.C. journ., 1952, p. 134). Ces affirmations ne rencontrèrent d'abord que raillerie et mépris (Hist. sc., 1957, p. 1473).
d) Locutions
N'entendre pas raillerie sur qqc. Ne pas admettre qu'on ne traite pas sérieusement certaines choses. Ne lui parlez pas de cette affaire, il n'entend point raillerie sur ce chapitre (Ac.). Les habitants de La Haye n'entendent pas raillerie sur leur promenade favorite (DU CAMP, Hollande, 1859, p. 68). Son père n'entendait pas raillerie sur les questions d'étiquette familiale et d'égards que l'on doit aux ancêtres (ROLLAND, J.-Chr., Révolte, 1907, p. 457).
Raillerie à part, sans raillerie. Sérieusement, d'une manière digne de foi. (Dict. XIXe et XXe s.).
2. P. ext. Disposition, aptitude à (se) railler (de) quelqu'un ou quelque chose. Synon. moquerie. M. Antoine Passy est un homme froid, souriant, mais ne riant pas. Il a, comme son frère, une raillerie bonhomme (GONCOURT, Journal, 1855, p. 214). Le cultivateur des bons pays a du mépris pour la terre qui ne nourrit pas son homme. Un certain air de compassion tempérée de raillerie accueillait les habitants des ingrats terroirs voués au sarrasin ou à la châtaigne (VIDAL DE LA BL., Tabl. géogr. Fr., 1908, p. 50).
Loc. (Ne pas) entendre raillerie; entendre bien la raillerie. Avoir (n'avoir pas) la facilité, la disposition ou le calcul de bien railler. (Dict. XIXe et XXe s.).
B. — P. méton. Propos qui, parce qu'il exprime au sujet de quelqu'un ou de quelque chose un jugement de façon non sérieuse, indique que le locuteur trouve ce quelqu'un (ou ce quelque chose) ridicule. Synon. brocard, plaisanterie, pointe, sarcasme.
1. [Avec un compl.]
a) [indiquant ce que l'on raille]
Raillerie contre qqn/qqc. Les soldats ne se firent pas scrupule de remplacer l'hymne, qu'ils ne comprenaient plus, par des chansons de caserne ou des railleries contre leur général (FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 209).
Raillerie à l'égard de qqn. Les dernières pages du conte sont pleines de railleries à l'égard des hommes de bon sens qui prétendent tout expliquer (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 344).
Raillerie sur qqn. Et Sainte-Beuve répondait à des railleries vieillottes de Taine sur Boileau que celui qui méprise Boileau risque de mépriser au fond toute poésie (THIBAUDET, Réflex. litt., 1936, p. 158).
b) [indiquant celui qui raille] La fondation du Réveil, de la Foudre, du Drapeau blanc, tous journaux destinés à répondre aux calomnies, aux injures, aux railleries de la presse libérale (BALZAC, Illus. perdues, 1839, p. 492).
2. [Sans compl.] Railleries mordantes; lancer des railleries. Lucien répondit spirituellement aux railleries (BALZAC, Splend. et mis., 1844, p. 107). Les mauvais ouvriers étaient l'objet de railleries sans nombre: brise tarte, pâtissier, casse cuite et tue pain, boulangers, gâte farine, meunier, etc. (L'Hist. et ses méth., 1961, p. 710).
C. — [En position de comment.] Au supplice ils joignaient la raillerie amère: « Belle enfant, disait l'un, appelle donc ta mère! Qu'elle vienne à ta voix ainsi te voir jouer (...) » (LAMART., Chute, 1838, p. 838). Je ne vous en veux pas d'avoir pris la poste pour courir après moi... N'étais-je pas presque votre mari? Et sur cette raillerie Andrea sortit (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 539):
Bourrier commençait sur lui les railleries habituelles: — On voit bien que t'as été fait en dormant. C'est pourtant pas la graisse qui t'empêche de courir.
HAMP, Champagne, 1909, p. 83.
Prononc. et Orth.:[], [-]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. 1494-95 (Jehan de Paris, éd. E. Wickersheimer, p. 3, ligne 13: railleries dissolues et diffamations). Dér. de railler; suff. -erie. Fréq. abs. littér.:586. Fréq. rel. littér.:XIXe s.: a) 1 196, b) 960; XXe s.: a) 643, b) 570. Bbg. QUEM. DDL t. 19.

raillerie [ʀajʀi] n. f.
ÉTYM. 1490, au sens A., 2.; tous les sens au XVIIe; dér. de railler.
Action de railler; son résultat.
A
1 Vieilli et en loc. Plaisanterie, absence de sérieux. || « Point de raillerie » (→ Clin, cit. 1, Molière). || « C'est sans raillerie que vous parlez ? » (→ Bon, cit. 125, Molière). Sérieusement.
Vx. Faire raillerie : plaisanter (→ Diable, cit. 23).Passer la raillerie : se dit d'une mauvaise plaisanterie, que l'on juge excessive, déplacée. — ☑ (1619). Raillerie à part : en parlant sérieusement.
Entendre raillerie : comprendre la plaisanterie (→ Choquer, cit. 4; épigramme, cit. 7). Fig. Il n'entend pas raillerie là-dessus : il n'aime pas qu'on plaisante sur ce sujet, il est sévère, pointilleux là-dessus (→ Matière, cit. 18).
1 J'avais, dans un sac de cuir, cent pistoles; il faut que je les retrouve. Je vais chez le juge du bourg, qui n'entend pas raillerie là-dessus, et vous allez tous avoir la question, jusqu'à ce que vous ayez confessé le crime et rendu l'argent.
A. R. Lesage, Gil Blas, I, III.
2 (…) mais son père n'entendait pas raillerie sur les questions d'étiquette familiale et d'égards que l'on doit aux ancêtres (…)
R. Rolland, Jean-Christophe, La révolte, II, p. 457.
REM. Ces locutions sont plutôt comprises au sens 2., de nos jours.
2 Vx. (Une, des railleries). Plaisanterie.
3 Ce qui n'était que jeu doit-il faire un divorce ?
Et d'une raillerie a-t-on lieu de s'aigrir ?
Molière, Amphitryon, II, 6.
B Mod.
1 Action ou habitude de tourner en dérision les gens et les choses; disposition ou aptitude à railler (2.). Dérision, gouaillerie, ironie, malice, moquerie, persiflage, risée, satire (→ Bannir, cit. 19; épigramme, cit. 2). || Bonhomie (cit. 2) vaut mieux que raillerie. || Redresser les ridicules avec la raillerie (→ Lance, cit. 4). || Un ton de raillerie.L'art de la raillerie et de la plaisanterie. || Chef-d'œuvre de haute raillerie (→ 1. Feu, cit. 5). || Passage où la raillerie pleut (cit. 11).Raillerie fine et délicate (→ Antique, cit. 3). || La raillerie froide des « Provinciales » (→ Chicane, cit. 5).Une expression de mélancolie et de raillerie envers soi-même (→ Éteindre, cit. 30).
4 Il est malaisé d'avoir un esprit de raillerie sans affecter d'être plaisant, ou sans aimer à se moquer; il faut une grande justesse pour railler longtemps, sans tomber dans l'une ou l'autre de ces extrémités. La raillerie est un air de gaieté qui remplit l'imagination, et qui lui fait voir en ridicule les objets qui se présentent; l'humeur y mêle plus ou moins de douceur ou d'âpreté : il y a une manière de railler, délicate et flatteuse, qui touche seulement les défauts que les personnes dont on parle veulent bien avouer, qui sait déguiser les louanges qu'on leur donne sous des apparences de blâme, et qui découvre ce qu'elles ont d'aimable, en feignant de le vouloir cacher.
La Rochefoucauld, Réflexions diverses, 16.
5 La raillerie est l'épreuve de l'amour-propre.
Vauvenargues, Réflexions et maximes, 454.
6 Il faut qu'ils (les monarques) soient extrêmement retenus sur la raillerie (…) une raillerie piquante est bien moins permise qu'au dernier de leurs sujets, parce qu'ils sont les seuls qui blessent toujours mortellement.
Montesquieu, l'Esprit des lois, XII, XXVIII.
7 La raillerie est un discours en faveur de son esprit contre son bon naturel.
Montesquieu, Pensées diverses, « Variétés ».
8 Parmi nous, il est vrai, Socrate n'eût point bu la ciguë; mais il eût bu, dans une coupe encore plus amère, la raillerie insultante, et le mépris pire cent fois que la mort.
Rousseau, Disc. sur les sciences et les arts, I.
9 (…) votre raillerie, oui, cette façon moqueuse que vous avez de me parler, m'afflige et me semble sans objet.
G. Duhamel, Chronique des Pasquier, VII, XXV.
Tourner (qqn, qqch.) en raillerie, en dérision, en ridicule (→ 2. Mal, cit. 7). — ☑ Entendre raillerie : se dit de celui qui comprend et prend en bonne part les plaisanteries que l'on dit ou fait à ses dépens, qui supporte la moquerie (→ Effaroucher, cit. 6; épigramme, cit. 7).
2 (Une, des railleries). Propos, discours, écrit ou action par lesquels on raille qqn ou qqch. Affront, brocard, critique, épigramme, égratignure (fig.), flèche, gausserie (vx), goguenardise (vx), lardon (vx), lazzi, moquerie, nasarde, pasquinade (vx), plaisanterie, pointe, quolibet, sarcasme, trait… (→ Cynique, cit. 2; édification, cit. 1; méchanceté, cit. 3). || Railleries acérées (→ Aigreur, cit. 9), amères, cinglantes, cuisantes, féroces, méchantes, piquantes… || Railleries cocasses (→ Insulte, cit. 7), innocentes.Être le plastron des railleries de quelqu'un. Jouet (servir de), souffre-douleur, tête (de Turc).
10 Leurs airs insolents, leur puérile vanité, ne leur attirent que mortifications, dédains, railleries; ils boivent les affronts comme l'eau (…)
Rousseau, Émile, II.
11 Ils vous vendent bien cher de basses flatteries,
Tandis qu'il font de vous cent fades railleries.
Ph. Destouches, le Dissipateur, I, 8.
CONTR. Admiration, hommage.

Encyclopédie Universelle. 2012.