quelqu'un, une [ kɛlkœ̃, yn ], plur. quelques-uns, unes [ kɛlkəzœ̃, yn ] pron. indéf. I ♦ Au sing. A ♦ (Suivi d'un partit.) Vieilli Un, une... entre plusieurs (la personne ou la chose restant indéterminée). « Quelqu'une des trois statues d'Isis » (Nerval). « Quelqu'un de ces malheureux dont le tourment singulier excitait la curiosité de Dante » (Proust). B ♦ Absolt, Mod. Un être humain.
1 ♦ Une personne totalement indéterminée. « On dirait que quelqu'un joue du piano quelque part » (Alain-Fournier). ⇒ on . Le besoin de parler à quelqu'un.
2 ♦ (Indétermination restreinte) Une personne indéterminée faisant partie d'un ensemble déterminé. QUELQU'UN DE (et adj. qualificatif). « Si tu trouves quelqu'un de sûr » (Flaubert). « C'est quelqu'un de bien, quelqu'un d'important. Le quelqu'un d'important était assis dans un fauteuil » (Romains). QUELQU'UN QUI...; QUELQU'UN DONT...; QUELQU'UN QUE... « Ce que ferait quelqu'un qui ne serait pas fatigué » (Péguy).
♢ (Fausse indétermination) « adresser ce message à quelqu'un qui vous aime Et que vous savez bien ? » (Hugo),à la personne qui...
C ♦ Un homme ou une femme de valeur, ayant une forte personnalité. « Ne vous donnez pas pour but d'être quelque chose, mais d'être quelqu'un » (Hugo). « Que votre fille apprenne à être quelqu'un » (P. Benoit).
♢ Pop. C'est (c'était) quelqu'un ! quelque chose d'extraordinaire. « Quel incendie ! C'était quelqu'un » (Queneau).
II ♦ Au plur.
A ♦ (Accompagné d'un partit.) Un petit nombre indéterminé de... (parmi plusieurs). « Quelques-uns des assistants se mirent à rire » (Michelet). « Quelques-unes des plaisanteries de son père » (Balzac).
♢ (Renvoyant à des personnes ou des choses précédemment mentionnées) « Les femmes sortent en groupes, [...] quelques-unes s'attardent et pleurent » (Loti).
B ♦ Absolt Quelques-uns : un petit nombre indéterminé de personnes. « Il ne faut plus réserver ton enseignement à quelques-uns » (Brieux).
♢ Certaines personnes. ⇒ certains (cf. D'aucuns). « Je passe auprès de quelques-uns pour un mauvais esprit » (Bernanos).
⊗ CONTR. 2. Personne.
● quelqu'un pronom indéfini masculin Désigne : une personne indéterminée : Quelqu'un vous demande en bas. la personne en question, une personne, un individu : C'est quelqu'un de bien, en qui vous pouvez avoir confiance. Être, se croire quelqu'un, une personne d'importance, de valeur : Elle se croit quelqu'un. ● quelqu'un (citations) pronom indéfini masculin Marcel Proust Paris 1871-Paris 1922 Si un autre me ressemble c'est donc que j'étais quelqu'un. Jean Santeuil Gallimard ● quelqu'un (synonymes) pronom indéfini masculin une personne indéterminée
Synonymes :
- on
● quelqu'un, quelqu'une
pronom indéfini
(de quelque et un)
Littéraire. Indique une personne quelconque entre plusieurs : Quelqu'une de ces malheureuses victimes était méconnaissable.
● quelqu'un, quelqu'une (difficultés)
pronom indéfini
(de quelque et un)
Orthographe
Au singulier : quelqu'un, quelqu'une avec une apostrophe marquant l'élision du e. - Au pluriel : quelques-uns, quelques-unes, avec un trait d'union.
Genre
Au sens de « personne qui a de la valeur », quelqu'un est masculin, même quand il s'applique à une femme : cette fille est vraiment quelqu'un.
Construction
Quelqu'un de. Lorsque quelqu'un est qualifié, la particule de s'interpose devant l'adjectif : c'est quelqu'un d'important ; tu n'as que de mauvais outils, je vais t'en prêter quelques-uns de meilleurs.
Emploi
1. Employé sans complément au masculin singulier, quelqu'un ne peut désigner qu'une personne indéterminée : je cherche quelqu'un ; quelqu'un m'a-t-il demandé ce matin ?
2. Au pluriel, ou au singulier mais suivi d'un complément introduit par de, quelqu'un peut s'appliquer à des personnes ou à des choses (= certains, un ou une de) : quelques-uns de mes amis, quelques-unes de mes bonnes bouteilles ; avez-vous souffert de quelqu'un de ces maux ? « [...] Quelqu'une de ces langues impénétrables qu'il est plus aisé d'enseigner que d'entendre »(P. Valéry).
Registre
1. L'emploi de quelqu'un au singulier suivi d'un complément partitif (quelqu'un de ces maux, quelqu'une de ces langues) appartient au registre soutenu.
2. C'est quelqu'un ! (= c'est extraordinaire, c'est trop fort) est populaire : t'as beau leur expliquer, ils comprennent pas : c'est quelqu'un, quand même !
quelqu'un, une plur. quelques-uns, -unes
Pron. indéf.
rI./r Sing.
d1./d Une personne quelconque, indéterminée. Quelqu'un est venu. Syn. on.
— (Avec un adj. ou suivi d'une relative.) Une personne. C'est quelqu'un de très aimable. Quelqu'un qui vous connaît.
d2./d Absol. Un personnage important. Cet homme, c'est quelqu'un. Se prendre pour quelqu'un.
rII./r Plur.
d1./d Plusieurs personnes ou plusieurs choses (parmi d'autres). On lui a fait de nombreuses critiques, dont quelques-unes étaient fondées.
d2./d Litt. Un petit nombre de personnes. Quelques-uns ont soutenu qu'Homère n'avait pas existé.
⇒QUELQU'UN, UNE, QUELQUES-UNS, -UNES, pron. et nom. indéf.
I. — Pron. indéf. [Avec valeur de représentant]
A. — Au sing., vieilli ou littér. [Corresp. à l'adj. indéf. quelque, suivi d'un compl. déterminatif en de ou avec en ou dont; l'indétermination porte sur l'identité ou sur les qualités de la pers. ou de la chose] Un, une, parmi plusieurs autres.
— [Représentant une pers.] Préoccupé du nombre des bonnes fortunes de sa jeunesse, il croyait rencontrer partout quelqu'un de ses rejetons (NERVAL, Illuminés, 1852, p. 246). Parmi vos paroissiens (...), en voyez-vous quelqu'un ou quelqu'une que je puisse inviter aussi? (MAUPASS., Contes et nouv., t. 2, Rois, 1887, p. 295).
— [Représentant une chose] Une propriété où il y aurait eu un pigeonnier gothique ou quelqu'une de ces vieilles choses qui exercent sur l'esprit une heureuse influence (PROUST, Swann, 1913, p. 41):
• 1. Ce malheureux, dans sa folie,
Les bonnes pommes ménageoit;
Mais lorsqu'il en trouvoit quelqu'une de pourrie,
En soupirant il la mangeoit.
FLORIAN, Fables, 1792, p. 146.
B. — Au plur. [Marque la pluralité indéterminée]
1. [Avec un compl. déterminatif en de ou les pron. dont ou en; sert à marquer un nombre faible mais indéterminé de pers. ou de choses] Un certain nombre de..., parmi plusieurs autres.
— [Représentant des pers.] Quelques-uns d'entre eux, des leurs, parmi vous. En as-tu eu beaucoup [de maîtresses]? — Mais quelques-unes (MAUPASS.,Contes et nouv., t. 1, Imprud., 1885, p. 1037). Quelques-uns de ces petits Parisiens de douze ou treize ans élevés par les méthodes les plus perfectionnées et les plus modernes (LOTI, Rom. enf., 1890, p. 248).
— [Représentant des choses] Je ne le connais que par la renommée, par quelques-uns de ses écrits (MARAT, Pamphlets, Dénonc. Necker, 1790, p. 74). Ces idées sur le nouveau commerce, qu'elle osait effleurer déjà chez Robineau, et dont elle avait exprimé quelques-unes (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 727).
2. [Sans compl. partitif, mais représentant des pers. ou des choses précédemment nommées ou suggérées par le cont.]:
• 2. Les dames de la société bourgeoise (...) la tenaient pour irréprochable (...). Plusieurs cependant soupçonnaient que son aventure avec M. Roux n'était pas tout à fait innocente; quelques-unes le disaient.
A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 9.
II. — Nom. masc. [Marque l'indétermination voulue ou non]
A. — Au sing.
1. [Marque l'indétermination sur l'identité de la pers.]
a) [Sans compl.] Un être supérieur humain ou céleste, une personne non identifiable. Synon. on (en fonction de suj.), un quidam, je ne sais qui. Quelqu'un frappe à la porte, a appelé au téléphone, est passé, vous demande. Sans doute, tu as des entretiens avec quelqu'un, qui est ton dieu (RENAN, Drames philos., Caliban, 1878, I, 2, p. 387):
• 3. ... quelqu'un gratta, timidement d'abord, puis avec bruit, contre la porte de la loge. Et quand M. Smithson l'eut ouverte, un capitaine effaré se montra.
BOURGES, Crépusc. dieux, 1884, p. 19.
— En partic.
♦ Une présence d'être humain, un être humain quelconque. — J'entends du bruit. — Non, dit Zéno, c'est la bise Qui souffle bêtement et qu'on prend pour quelqu'un (HUGO, Légende, t. 1, 1859, p. 374). Tout d'un coup, j'ai des envies de griffer, de m'étirer violemment et d'écraser les mains de quelqu'un: ce quelqu'un se trouve être Luce, ma voisine (COLETTE, Cl. école, 1900, p. 165).
♦ Une personne en général. Mon attention, quand je suis avec quelqu'un, est de deviner ses idées (RENAN, Souv. enf., 1883, p. 152). Si vous voyiez quelqu'un se noyer, est-ce que vous ne lui tendriez pas la main? (ROLLAND, J.-Chr., Amies, 1910, p. 1161).
♦ Un homme ou une femme. Vivre avec quelqu'un; aimer, fréquenter quelqu'un; sortir avec quelqu'un; avoir quelqu'un en vue; attendre quelqu'un. — Moi, à votre place, je prendrais quelqu'un. — Comment, quelqu'un? murmura Denise, sans comprendre d'abord (ZOLA, Bonh. dames, 1883, p. 512).
b) [Avec compl.]
— [Suivi d'un adj. ou d'un part. passé adj. ou d'un compl. déterminatif avec la prép. de] Quelqu'un d'important, de sérieux, de sûr; quelqu'un d'autre. Un jour, la voyant survenir à l'improviste, il fronça le visage, comme quelqu'un de contrarié (FLAUB., Mme Bovary, t. 1, 1857, p. 188). « Quelqu'un du Midi, bien sûr » murmura le doux Pascalon (A. DAUDET, Tartarin Alpes, 1885, p. 203).
♦ Fam. C'est quelqu'un de bien, de très bien. C'est une personne de valeur, sur qui l'on peut compter. Je n'ai point d'amant (...). Il me faut quelqu'un de bien (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Bord du lit, 1883, p. 897).
— [Suivi d'une prop. rel.] Prenant l'air subitement consterné de quelqu'un qui s'aperçoit d'une gaucherie qu'il vient de commettre: — Mon Dieu! reprit-elle en hésitant... monsieur de Chalys, je crois? (FEUILLET, Sibylle, 1863, p. 208). Il prenait un air grave et dégagé, comme quelqu'un qui est habitué à aller en voiture (ROLLAND, J.-Chr., Aube, 1904, p. 23).
2. En partic.
a) [Marque la fausse indétermination, avec valeur allusive] Une personne bien connue, mais dont on veut taire le nom. Je connais quelqu'un qui va être content! (synon. j'en connais un(e) qui va être content(e)!); quelqu'un que je connais (bien), que j'aime bien. Pour moi, je sais quelqu'un qui bien tranquillement D'être Anglais ou Français attendra le moment (DUMAS père, Charles VII, 1831, I, 1, p. 237):
• 4. Mérodack passant à côté du marquis de Donnereux lui chantonna sous le nez: « Vous mourrez de la main de quelqu'un que je sais. »
PÉLADAN, Vice supr., 1884, p. 140.
— Absol. J'attends quelqu'un. — Tu n'étais pas seul. — Non, dit Otto, j'étais avec quelqu'un (ROLLAND, J.-Chr., Matin, 1904, p. 163).
b) [Peut désigner une femme, un enfant] V. supra II A 1 a ex. de Colette.
— Au fém., rare. Or vous allez voir si quelqu'une Ou quelqu'un pourrait me lasser Dans le pardon ou la rancune! (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 308).
c) [En cont. interr. ou exclam.]
— [En cont. interr.] Y a-t-il quelqu'un qui...? (synon. il n'y a personne qui...?); quelqu'un voudrait-il...? Quelqu'un a-t-il vu le capitaine? Personne ne répondit (ZOLA, Débâcle, 1892, p. 233). Quelqu'un a-t-il connu Monsieur S, Quelqu'un ici? (VERLAINE, Œuvres compl., t. 3, Invect., 1896, p. 357).
— Vx. [En exclam., pour appeler un valet, des domestiques] Holà! quelqu'un! (Un valet paraît.) (DUMAS père, Christine, 1830, IV, 3, p. 260).
— [Pour demander de l'aide] Il y a quelqu'un? Holà quelqu'un! Patissot, éperdu, criait aux quatre points cardinaux: « Holà, quelqu'un! Holà, quelqu'un! » Un paysan attardé les secourut et les remit dans leur chemin (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Dimanches bourg. Paris, 1880, p. 299).
d) Empl. subst. [Avec un art. déf. ou un adj. dém., après un 1er empl. de quelqu'un (pron.)] — Huissier, demanda le président, y-a-t-il quelqu'un qui attende dans le vestibule? — Oui, monsieur le Président. — Qui est-ce que ce quelqu'un? — Une femme accompagnée d'un serviteur (DUMAS père, Monte-Cristo, t. 2, 1846, p. 396).
3. [Avec valeur qualificative]
a) Une personne de grande valeur, d'une forte personnalité; un personnage important. J'ai d'abord eu l'orgueil de vouloir être quelqu'un, préférant une grande personnalité à une haute position (DUMAS père Mme de Chamblay, 1863, II, 5, p. 33). [Elle sortait] du Conservatoire à peine. Puis elle était devenue quelqu'un. Lui, il avait coulé dans la bohême (RICHEPIN, Miseloque, 1893, p. 115):
• 5. — Je ne l'ai jamais si bien compris [mon mari] que l'autre jour. — C'était quelqu'un, dit Angèle. — Oui, un monsieur, vraiment, dit Mme Paris.
VIALAR, Bête de chasse, 1952, p. 35.
— Loc. verb., vx. Faire son quelqu'un, sa quelqu'une. Prendre des airs suffisants. Si Madame fait un peu sa quelqu'une (BALZAC, Début vie, 1842, p. 316).
b) Populaire
♦ Il y a quelqu'un! Il y a beaucoup de monde. Boris montra la foule d'un geste rapide. — Il y a quelqu'un! dit-il avec satisfaction (SARTRE, Âge de raison, 1945, p. 170).
♦ C'est quelqu'un! C'est extraordinaire; péj., c'est un peu fort! Synon. c'est quelque chose! (v. chose2 C). Et quel incendie! (...) j'imagine, d'après le peu qu'il en restait, de l'Uni-Park. Des décombres fumants, monsieur. C'était quelqu'un (QUENEAU, Pierrot, 1942, p. 195).
B. — Au plur., littér. [L'indétermination porte sur le nombre dont on dit seulement qu'il est faible] Quelques personnes, un petit nombre indéterminé de personnes. Synon. d'aucuns (littér.), certains. — (...) alléger la détresse des quelques-uns qui aiment encore l'art. — Ce qu'ils sont peu! — Et leur nombre va, en diminuant; la nouvelle génération ne s'intéresse plus qu'aux jeux de hasard et aux jockeys! (HUYSMANS, Là-bas, t. 2, 1891, p. 108).
Prononc. et Orth.:[], fém. [-yn], plur. [-], fém. [-zyn]. MARTINET-WALTER 1973: 12/17 [-]. La simplification de l'articulation [] en [] est d'orig. pop. Les 1res traces du phénomène remontent au XVIIe s., mais celui-ci s'est répandu surtout au XIXe s., si bien qu'il atteint auj. les milieux instruits même enseignants. Toutefois, selon G. STRAKA ds Trav. Ling. Litt. Strasbourg t. 19 ° 1 1981, pp. 182-183: ,,La lutte entre l'ancienne prononciation et la nouvelle est loin d'être achevée``. Pt ROB., WARN. 1968, Lar. Lang. fr. []. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. Sing. 1. fin XIIIe s. [ms. 1470] désigne une pers. indéterminée (Erec en prose, éd. C. E. Pickford, V, 105, p. 131: et luy bailla ung cheval qu'il trouva tout eschappé a quelque ung qu'il avoit tué...); 2. fin XVe s. suivi d'un compl. partitif, désigne tel être parmi ceux indiqués par le compl. (COMMYNES, Mém., éd. J. Calmette, I, III, t. 1, p. 21: quelcun de ses privez); 3. 1653 désigne un personnage important (TH. CORNEILLE, L'Amour à la mode, II, 5 ds LITTRÉ). B. plur. 1. a) fin XVe s. quelz qu'uns masc. « certaines personnes » notion quantitative (COMMYNES, op. cit., VIII, XI, t. 3, p. 185); ca 1590 quelques-uns (MONTAIGNE, Essais, I, XIV, éd. P. Villey et V. L. Saulnier, p. 54); b) 1541 quelcuns notion qualitative (CALVIN, Instit., II, III, 3 ds HUG.: ... quelcuns qui par la conduite de nature ont aspiré en toute leur vie à vertu); 2. 1548 quelques unes fém. avec art. partitif, désigne un petit nombre d'objets indiqués par le compl. (SÉBILLET, Art poét., I, 8, ibid.: quelques unes [des diphtongues]). Comp. de quelque et de un. Bbg. BEUERMANN (Ch.). Quelqu'un de R. Pinget: fonction et signif. du titre. R. rom. 1976, t. 11, pp. 2-15. — DAOUST-BLAIS (D.). Ét. de qq. constr. synt. du parler fr. In: Congrès Internat. de Ling. et Philol. Rom. 13. 1971. Québec, 1976, t. 2, pp. 1124-1129. — HUOT (H.). Constr. inf. du fr. Genève, 1981, pp. 264-265, 284-288, 295-296. — PINCHON (J.). Les Pron. adv. en et y. Genève, 1972, pp. 42-43; p. 58. — SANDFELD (Kr.). Synt. du fr. contemp. 1. Les Pron. Paris, 1965, pp. 340-343.
quelqu'un, une [kɛlkœ̃, yn], quelques-uns, unes [kɛlkəzœ̃, yn] pron. indéf.
ÉTYM. XIVe; a éliminé peu à peu le nominal indéf. un, avec lequel il est encore en concurrence au XVIe; de quelque, et un.
❖
———
I Au singulier. Nominal indéfini correspondant aux adjectifs indéfinis quelque et un.
A (Suivi d'un partitif). Vieilli ou littér. (archaïsme). || Quelqu'un, quelqu'une. Un, une… entre plusieurs (la personne ou la chose restant indéterminée, parce que son identité ou ses qualités sont inconnues ou considérées comme négligeables). || « C'est donc quelqu'un des tiens ! » (→ Frère, cit. 15, La Fontaine). || Quelqu'un de ces sujets du jour qui… (→ Filtrer, cit. 11). || « Et quelqu'un de ces jours (cit. 38), il faut que je me pende » (Molière). || Dans quelqu'une des Antilles (→ Navire, cit. 10, Baudelaire).
1 (…) j'aurais souhaité de pouvoir (…) vous mener voir sur ce chapitre quelqu'une des comédies de Molière.
Molière, le Malade imaginaire, III, 3.
2 (…) il serait difficile qu'entre un si grand nombre de citoyens (…) il ne s'en trouvât quelqu'un qui dirait de lui (…)
La Bruyère, les Caractères, VII, 11.
3 J'ignore si quelqu'une des trois statues d'Isis du Musée de Naples aura été retrouvée dans ce lieu même (…)
Nerval, les Filles du feu, « Isis », III.
4 Tel était ce nénufar, pareil aussi à quelqu'un de ces malheureux dont le tourment singulier (…) excitait la curiosité de Dante (…)
Proust, Du côté de chez Swann, Pl., t. I, p. 169.
B Absolt. Mod., cour. Un être humain (dont la nature n'est pas précisée).
1 Une personne totalement indéterminée. || Cathos vint me dire que quelqu'un demandait à me parler… ⇒ On (→ Intriguer, cit. 2). || Quelqu'un habitait là pourtant (→ Fumée, cit. 2). || « C'est imiter (cit. 20) quelqu'un que de planter des choux » (Musset). || Vous étiez toujours à grogner (cit. 7) après quelqu'un. || Quand j'ai à me plaindre de quelqu'un (→ Manière, cit. 15). || On dirait que quelqu'un joue du piano quelque part (→ Penser, cit. 62).
5 Mais quelqu'un troubla la fête
Pendant qu'ils étaient en train.
La Fontaine, Fables, I, 9.
6 « Il est à l'heure, aujourd'hui », dit une voix. Et quelqu'un rectifia : « Presque ». Peut-être était-ce la même personne.
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 12.
REM. 1. Le nominal peut signifier « un être humain quelconque ». Il faut absolument que j'aime quelqu'un, j'ai soif d'affection (cit. 13). Le besoin de parler à quelqu'un (→ Monologue, cit. 4). Il lui (cit. 3) fallait toujours quelqu'un près d'elle.
2. Dans ce dictionnaire, quelqu'un correspond souvent, dans les exemples, à « un complément désignant une personne, un être humain » (abrév. : qqn); il s'oppose alors à quelque chose (abrév. : qqch.).
2 (Indétermination restreinte). Une personne indéterminée faisant partie d'un ensemble déterminé.
a Quelqu'un de… (et adj. qualificatif). || Trouver quelqu'un de sûr (→ Inviolable, cit. 2). || Quelqu'un de comblé ne rêve pas (→ Insatisfaction, cit.). || Être quelqu'un de notable (cit. 3), d'important (→ ci-dessous, cit. 12, Romains). || Quelqu'un d'autre. — Fam. || C'est quelqu'un de bien, de très bien, quelqu'un d'important (→ ci-dessous, cit. 12).
b Quelqu'un qui… (→ Fainéant, cit. 3; fatiguer, cit. 23; forfanterie, cit. 3; guérisseur, cit. 2), Quelqu'un dont… (→ Apprécier, cit. 5; faiblir, cit. 2), quelqu'un que… (→ Immoler, cit. 13). || On ne peut être jaloux (cit. 26) de quelqu'un qu'on n'aime point.
7 Écoute. J'ai besoin, pour un résultat sombre,
De quelqu'un qui travaille à mon côté dans l'ombre
Et qui m'aide à bâtir un grand événement.
Hugo, Ruy Blas, I, 2.
3 Suivi d'une relative (fausse indétermination). Une personne que l'on ne veut pas nommer ou préciser dans l'expression. || Je connais quelqu'un qui va être bien content ! || Je monterai (cit. 7) parler à quelqu'un que je connais.
8 Je voudrais bien pouvoir épargner à quelqu'un cette fâcheuse discussion; parce que je sens que ce quelqu'un est ici sur des charbons.
Beaumarchais, Mémoires… dans l'affaire Goëzman, p. 110.
9 C'est bien vous qui venez, et pour cette nuit même,
D'adresser ce message à quelqu'un qui vous aime
Et que vous savez bien ?
Hugo, Ruy Blas, IV, 4.
REM. 1. On trouve souvent, après un premier quelqu'un, un second quelqu'un précédé d'un présentatif (→ ci-dessus, cit. 8). Je ne suis jamais resté fidèle (cit. 10) à quelqu'un qu'autant que ce quelqu'un a été… Ce quelqu'un-là…
10 — Voilà une étrange médisance ! Qui vous a dit cela, Monsieur ? — Quelqu'un qui croit le bien savoir. — Ce quelqu'un-là en a menti.
Molière, George Dandin, I, 5.
11 Si quelqu'un venait prier monsieur de Valois de lui rendre un petit service qui l'eût dérangé, ce quelqu'un ne s'en allait pas de chez le bon chevalier sans être épris de lui (…)
Balzac, la Vieille Fille, Pl., t. IV, p. 215.
12 — C'est quelqu'un de bien. Soyez en toute confiance. Il ajouta après une hésitation : — Quelqu'un d'important.
Le quelqu'un d'important était assis dans un fauteuil (…) Il se leva d'un geste assez brusque, et tendit la main à Laulerque (…)
J. Romains, les Hommes de bonne volonté, t. IX, XXII, p. 170.
2. Quelqu'un s'applique, en emploi absolu, à une femme comme à un homme : « Quelqu'un l'avait pris par le bras… Une femme. Il suivait l'impulsion » (cit. 3, Aragon).
♦ Rare. || Quelqu'une.
13 Quoique je n'aie pas eu de maîtresse et que les femmes que j'aie eues ne m'aient inspiré que du désir, j'ai éprouvé et je connais l'amour même : je n'aimais pas celle-ci ou celle-là, l'une plutôt que l'autre, mais quelqu'une que je n'ai jamais vue et qui doit exister quelque part, et que je trouverai, s'il plaît à Dieu. Je sais bien comme elle est, et, quand je la rencontrerai, je la reconnaîtrai.
Th. Gautier, Mlle de Maupin, I.
14 Vous avez l'air de quelqu'une qui ne soit pas loin de pleurer.
Valéry, Mon Faust, p. 102.
C (Emplois spéciaux).
1 (Emphatique). Un homme, une femme (→ cit. 16) de valeur, d'une forte personnalité (et, plus rarement, un personnage important). || « Ne vous donnez pas pour but (cit. 10) d'être quelque chose, mais d'être quelqu'un » (Hugo) (→ aussi Imposer, cit. 47). || C'était quelqu'un malgré tout (→ Anoblir, cit. 6).
15 Pauvre, il fût devenu sans aucun doute un homme remarquable ou célèbre; né bien renté, il s'adressait l'éternel reproche de n'avoir pas su être quelqu'un.
Maupassant, Notre cœur, I, I.
16 Comment voulez-vous que votre fille apprenne à être quelqu'un, si elle vous voit dire oui à tout ?
Pierre Benoit, Axelle, IX.
16.1 En un sens, c'est peut-être dommage, une bonne épouse aidant je serais peut-être quelqu'un à l'heure qu'il est, je serais peut-être vautré au soleil à têter ma pipe en tapotant les fesses des troisième et quatrième générations, considéré et respecté de tous (…)
S. Beckett, Têtes-mortes, p. 16-17.
2 Pop. || Il y a quelqu'un : il y a beaucoup de monde.
3 Pop. || C'est (c'était) quelqu'un !, quelque chose d'extraordinaire.
16.2 (…) quel incendie ! Je ne l'ai pas vu, mais j'imagine, d'après le peu qu'il en restait, de l'Uni-Park. Des décombres fumants, monsieur. C'était quelqu'un.
R. Queneau, Pierrot mon ami, éd. L. de Poche, p. 162.
———
II (Au pluriel). || Quelques-uns, quelques-unes.
A (Accompagné d'un partitif, dont, en…). Un petit nombre indéterminé de… (parmi plusieurs). || Quelques-uns des assistants (→ Manteau, cit. 5). || Quelques-uns de ces maudits chiens (→ 1. Lever, cit. 4). || Quelques-uns de ces malaises (cit. 3). || Quelques-unes des plaisanteries de son père (→ Moralement, cit. 2), de ces phrases bien mijotées (cit. 3)… || Beaucoup d'enfants dont quelques-uns… (→ Écrouelle, cit. 1; et aussi godelureau, cit. 1). || À peine y en a-t-il quelques-uns (→ 1. Pascal, cit.). || Ils en avaient gardé quelques-unes (→ Préposer, cit. 1). — (Sans partitif exprimé, mais renvoyant à des personnes ou des choses précédemment mentionnées). || Quelques-unes portant encore le foulard (cit. 4) de soie. || Les uns…, les autres…, quelques-uns (→ Noble, cit. 16).
17 (…) les femmes (…) sortent en groupes tout noirs par les portiques d'en bas; autour d'une fosse fraîchement fermée, quelques-unes s'attardent et pleurent.
Loti, Ramuntcho, I, IV.
1 (Quantitatif). Un petit nombre indéterminé de personnes. || Quelques-uns meurent pour que les autres soient sauvés (→ Peu, cit. 1). || Poète qui n'écrit que pour quelques-uns, pour une petite élite. — (Avec un déterminatif). || « La détresse des quelques-uns qui aiment encore l'art » (Huysmans, Là-bas, XVI).
2 (Qualificatif). Certaines personnes. ⇒ Aucun (d'aucuns), certains. || « La scène que quelques-uns ont trouvée froide » (→ 1. Froid, cit. 25, Molière). || « À quelques-uns (…) l'inhumanité (cit. 2) tient lieu de fermeté » (La Bruyère). || Quelques-uns prétendent… (→ Œuf, cit. 8, Balzac). || « L'exaspération que la notion d'inquiétude (cit. 6) provoque chez quelques-uns » (Daniel-Rops). || « Je passe (cit. 81) auprès de quelques-uns pour un mauvais esprit » (Bernanos).
18 Ainsi Nerval, par une sale nuit s'est-il pendu deux fois, pour lui d'abord qui était dans le malheur, et puis pour sa légende, qui aide quelques-uns à vivre.
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CONTR. Personne.
Encyclopédie Universelle. 2012.