principe [ prɛ̃sip ] n. m.
• 1265 « origine »; lat. principium « commencement, origine »
I ♦ Cause, origine ou élément constituant.
1 ♦ Cause première active, primitive et originelle. « il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c'est-à-dire des principes » (Descartes). La nature, principe universel. — Dieu, principe de l'univers. ⇒ auteur, créateur. Le principe de la vie; le principe unique, suprême. Le principe du Mal et le principe du Bien, dans le manichéisme.
2 ♦ Didact. Cause agissante d'une chose (surtout en parlant des causes naturelles). ⇒ 1. agent, fondement, origine, source. Principe et effet, et conséquence. « le principe corporel des mouvements » (Descartes). « Le principe de toute action est dans la volonté d'un être libre » (Rousseau). « Le fruit, dès ses premiers jours, porte en lui le principe de sa pourriture » (Renan). — « Le courage civil et le courage militaire procèdent du même principe » (Balzac).
3 ♦ (1631) Élément matériel qui entre dans la composition, la constitution ou l'élaboration de qqch., de par son action propre. Principes constituants. Principes nécessaires à la nutrition.
II ♦ (1361)
1 ♦ Log. Proposition première, posée et non déduite (dans un système déductif donné). ⇒ axiome, hypothèse, postulat, prémisse. Principe posé a priori. Pétition de principe. « Les principes se sentent, les propositions se concluent » (Pascal). Déduction, démonstration qui repose sur tel principe. « Quand une loi a reçu une confirmation suffisante de l'expérience [...] on peut l'ériger en principe » (Poincaré).
2 ♦ Proposition, notion importante à laquelle est subordonné le développement d'un ordre de connaissance. ⇒ science. « J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier » (Montesquieu). Découler d'un principe. — Phys. Énoncé d'une loi générale non démontrée, mais vérifiée dans ses conséquences. Principe d'Archimède : loi de la pesanteur spécifique des corps. Principe de l'équivalence en thermodynamique. — Philos. Principes rationnels : les vérités fondamentales sur lesquelles s'appuie tout raisonnement. — Psychan. Principe de plaisir et principe de réalité, régissant, selon Freud, le fonctionnement mental de l'individu.
3 ♦ Plur. Connaissances élémentaires. ⇒ ABC, rudiment. « N'avez-vous point quelques principes, quelques commencements des sciences ? » (Molière).
III ♦ (1351)
1 ♦ Règle d'action s'appuyant sur un jugement de valeur et constituant un modèle, une règle ou un but. ⇒ 1. loi, norme, précepte. « selon les principes de la raison, la conduite des hommes est tout à fait déraisonnable » (Pascal). — Ériger, poser en principe que... « J'ai toujours eu pour principe de ne faire jamais par autrui ce que je pouvais faire par moi-même » (Montesquieu). Partons du principe qu'il a raison. Si l'on part du principe que... — Loc. POUR LE PRINCIPE : pour une raison absolue et théorique (et non par intérêt, etc.). Réprimander qqn pour le principe. — Spécialt Principes (politiques). Les principes républicains. Déclaration de principes. « Il y a des chefs de parti qui sont prêts à sacrifier le pays à une doctrine ou à des principes » (Maurois).
2 ♦ Plur. Les règles morales (corps de doctrine ou règles vagues) auxquelles une personne, un groupe est attaché. ⇒ morale. « On leur avait inculqué de bons principes » (Villiers). « Vous savez qu'il n'est pas dans mes principes de faire languir » (Laclos).
♢ Absolt Les bons principes. Avoir des principes. Entorse aux principes. « une femme à principes et à prétextes » (Maupassant). Être à cheval sur les principes.
IV ♦ Loc. PAR PRINCIPE : par une décision, une détermination a priori. « Ne me jugez surtout pas hostile par principe » (F. Mauriac).
♢ DE PRINCIPE : a priori. Hostilité de principe. Donner son accord de principe.
♢ EN PRINCIPE : théoriquement, d'après les principes. Il avait raison en principe. — Par ext. (opposé à en fait) « “En principe” Victor ne fume pas encore. Toutefois quelques cigarettes » (A. Gide). Vous devriez en principe arriver vers dix heures. ⇒ logiquement.
⊗ CONTR. Conséquence, 1. fin. — Exception.
● principe nom masculin (latin principium) Littéraire. Ce qui est à l'origine de quelque chose, qui en est la cause première : Dieu est le principe de toute chose. Proposition fondamentale, loi, règle définissant un phénomène dans un domaine d'études : Principe d'Archimède. Base sur laquelle repose l'organisation de quelque chose, ou qui en régit le fonctionnement : Classement établi sur le principe de l'ordre alphabétique. Proposition fondamentale, hypothèse qui sert de base à un raisonnement, qui définit un mode d'action : Si je pars du principe qu'il n'est jamais en retard, son absence est inquiétante. Règle définissant une manière type d'agir et correspondant le plus souvent à une prise de position morale : Je refuse toujours ce genre d'invitation, c'est un principe. Élément constitutif de quelque chose : Quel est le principe actif de ce produit ? Point, fait, position définissant l'essentiel, la base de quelque chose : Être d'accord sur le principe d'une négociation. Mélange ou composé extrait d'une substance végétale ou animale. ● principe (citations) nom masculin (latin principium) Pierre Samuel Dupont de Nemours Paris 1739-Eleutherian Mills, près de Wilmington, Delaware, 1817 Il vaudrait mieux sacrifier les colonies qu'un principe. Discours à l'Assemblée constituante, 13 mai 1791 Commentaire Dans un discours prononcé devant l'Assemblée constituante le 13 mai 1791 au sujet du statut des Nègres dans les colonies françaises, Dupont de Nemours s'écria : « S'il fallait sacrifier l'intérêt à la justice, il vaudrait mieux sacrifier les colonies qu'un principe. » C'est par erreur que Alphonse de Prât de Lamartine, dans son Histoire des Girondins, attribue cette phrase à Barnave sous la forme : « Périssent les colonies plutôt qu'un principe ! » ● principe (expressions) nom masculin (latin principium) De principe, qui concerne l'essentiel, dont les détails ne sont pas réglés : Un accord de principe ; qui se réfère à une règle morale, sur quoi on prend position selon ses règles morales : Une question de principe. En principe, si on s'en tient à la règle générale, selon toute vraisemblance, si rien ne vient l'empêcher. Par principe, en vertu de l'application automatique d'une règle qu'on s'est fixée. Pour le principe, par référence au respect d'une règle absolue, en particulier morale, qu'on a adoptée. Principe actif, composant d'un médicament doué d'un pouvoir thérapeutique. Principes généraux du droit, principes dégagés par le juge administratif, résultant notamment du préambule de la Constitution et qui lui permettent, sans référence précise à un texte, de renforcer son contrôle de la légalité des actes de l'Administration, voire d'interpréter la loi dans un sens favorable aux libertés publiques. ● principe (synonymes) nom masculin (latin principium) Littéraire. Ce qui est à l'origine de quelque chose, qui en est...
Synonymes :
- germe
- origine
- point de départ
- source
Proposition fondamentale, loi, règle définissant un phénomène dans un domaine...
Synonymes :
- postulat
Base sur laquelle repose l'organisation de quelque chose, ou qui en...
Synonymes :
- base
- élément
- notion
Proposition fondamentale, hypothèse qui sert de base à un raisonnement...
Synonymes :
- axiome
- donnée
- hypothèse
- prémisse
Règle définissant une manière type d'agir et correspondant le plus...
Synonymes :
- loi
- norme
- précepte
- règle
Principe ou Prince
(île du) (Ilha do Príncipe) île du golfe de Guinée (142 km²), formant avec São Tomé un état indépendant depuis 1975; ch.-l. São Antonio. V. carte et dossier São Tomé et Principe, p. 1494.
⇒PRINCIPE, subst. masc.
I. A.— [Avec une idée de temps] Origine première d'une chose; début absolu. Synon. commencement. Principe et fin de toute chose.
— Dès le principe. Dès le début, dès le commencement. Dès le principe, j'ai vu à quoi cette affaire aboutirait (Ac. 1835-1935). La grande intuition de Pasteur (...) ce fut de croire inébranlablement à la spécificité absolue des organismes microscopiques. Il l'affirma dès le principe, et avant même que d'être en mesure de l'établir (CUÉNOT, J. ROSTAND, Introd. génét., 1936, p. 75). Ainsi se trouvent conjugués dès le principe le goût du passé et le besoin de faire face au présent et à l'avenir (Philos., Relig., 1957, p. 52-7).
— À son principe. À son commencement. [L'architecture tudesque] n'est, à son principe, qu'une imitation de notre vieil art français du commencement du XIIIe siècle (VIOLLET-LE-DUC, Archit., 1872, p. 393).
B.— [À l'idée de commencement s'ajoute l'idée de causalité] Cause efficiente. Principe immatériel, supérieur, suprême, unique, universel; le principe des choses, de l'être, du monde, de l'univers. Dieu est le principe, le premier principe de toutes choses (Ac. 1935). Ils font du bien le principe cosmique par excellence, cause génératrice des idées qui déterminent toutes choses (RENOUVIER, Essais crit. gén., 3e essai, 1864, p. 168) :
• 1. ... Dieu source de tout être, comme premier principe des choses; source de toute vérité, comme lumière intellectuelle des créatures raisonnables; source de toute moralité, comme bien suprême et fin dernière des mêmes créatures.
Théol. cath. t. 4, 1 1920, p. 1108.
— P. anal. Principe spirituel, pensant. [Le journal] contenait entre autres choses trois ou quatre immenses colonnes de métaphysique; c'était des lettres polémiques sur la spiritualité du principe pensant (MICHELET, Journal, 1834, p. 141). L'homme distinguant en lui-même un principe spirituel et un principe matériel, qu'est-ce autre chose que la nature même, proclamant tour à tour sa double essence, et rendant témoignage de ses propres lois? (PROUDHON, Syst. contrad. écon., t. 1, 1846, p. 16).
♦ P. ext. Chaque peuple possède une âme, principe spirituel qui n'est qu'une émanation de l'instinct naturel (Hist. sc., 1957, p. 1566).
— PHILOS., vieilli. [P. réf. aux physiologistes appelés vitalistes] Principe vital. Principe énergétique propre à la vie qui se distingue de l'âme et de l'organisme. Un principe vital qui, du néo-platonisme à la Renaissance et à l'irrationalisme moderne, est conçu comme l'animateur commun du microcosme et du macrocosme (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 5). Thouless s'accorde avec Rhine pour trouver (...) une nouvelle preuve de l'existence d'un principe vital, voire spirituel, capable d'agir sans intermédiaire physique (AMADOU, Parapsychol., 1954, p. 286).
— [P. réf. au Manichéisme] Principes du mal et du bien. Principes qui animent l'opposition dans le monde entre le mal et le bien, entre la matière et l'esprit. Les manichéens admettaient deux principes contraires, un principe du bien et un principe du mal (Ac. 1835-1935).
II. A.— [À propos notamment de causes naturelles] Cause active de quelque chose; élément qui a la propriété de produire certains effets. Principe et conséquence; principe de la chaleur, de l'énergie, de la dynamique, du mouvement; principe de la fièvre. Ce principe d'inquiétude et de mécontentement, capable d'action créatrice, existe dans les replis de l'âme humaine (VIDAL DE LA BL., Princ. géogr. hum., 1921, p. 203). L'idée magique de supposer en toute chose, vivante et même inanimée, je ne sais quel principe caché de vie (VALÉRY, Variété IV, 1938, p. 113).
♦ Dans son principe; au principe de. À l'origine de; à la source de quelque chose. Peut-être [le Gouvernement] espérait-il que cette mesure, en armant les citoyens les uns contre les autres, étoufferait l'insurrection dans son principe (BALZAC, Chouans, 1829, p. 8).
B.— Élément qui entre dans la constitution ou l'élaboration de quelque chose en raison de ses propriétés. Principe alcalin, azoté, chimique; principe alimentaire, colorant, doux, fertilisant, minéral, nutritif, organique. Selon les philosophes les atomes sont les principes de tous les corps (Ac. 1798-1878). Ce principe nouveau (...) est d'une amertume horrible, peu soluble dans l'eau, très-soluble dans les acides (KAPELER, CAVENTOU, Manuel pharm. et drog., t. 1, 1821, p. 88). On trouve, d'un côté et métaphysiquement, la matérialisation ou plutôt l'extériorisation d'une sorte de drame essentiel qui contiendrait d'une manière à la fois multiple et unique les principes essentiels de tout drame (ARTAUD, Théâtre et son double, 1938, p. 61) :
• 2. ... l'homme a besoin, pour adoucir sa brutalité, pour comprimer son égoïsme, pour détendre son indiscrétion, pour vivifier son objectivité, d'un peu de cette douceur, de ce désintéressement, de cet abandon, de ce sens fervent de la vie, qui sont le meilleur du principe féminin.
MOUNIER, Traité caract., 1946, p. 157.
— BIOL., CHIM. ,,Notion suivant laquelle les corps naturels possèdent des propriétés que ne laissent pas deviner leur simple apparence ou leur manipulation courante`` (Hist. de la sc., 1957, p. 844). Principe actif. ,,Partie composante d'un corps chimique ou d'un médicament, qui lui confère des propriétés particulières`` (Méd. Biol. t. 3 1972). Principes constituants. V. constituant A. Principes immédiats. V. immédiat I A 2 b.
III. A.— PHILOS., LOG. ,,Proposition posée au début d'une déduction, ne se déduisant elle-même d'aucune autre dans le système considéré, et par suite mise, jusqu'à nouvel ordre, en dehors de toute discussion`` (LAL. 1968). Synon. prémisse, postulat. Principe absolu, abstrait, indestructible, universel; raisonner par principe; déduction, raisonnement qui repose sur un principe. Je pose comme un principe scientifique que (...) il n'y a pas d'effet sans cause (Cl. BERNARD, Princ. méd. exp., 1878, p. 265). L'introspection est l'observation dirigée qui met en évidence l'existence des principes rationnels révélés par la conscience (Hist. sc., 1957, p. 1640).
♦ Pétition de principe. V. pétition B log.
— P. ext., usuel. En principe. [En incise, exprimant une réserve sur un événement devant logiquement se produire mais pratiquement restant aléatoire] Synon. logiquement, théoriquement. J'avais demandé à Maurice Blanc de m'envoyer des épreuves de ce livre (...) qui, en principe, devait paraître en Suisse quatre mois avant l'édition française (GIDE, Journal, 1943, p. 184).
B.— 1. P. ext. Notion importante de laquelle dépend tout développement ultérieur en toute connaissance. Synon. loi. Principe central, directeur, essentiel, fécond, général, générateur, incontestable; déduire, découler d'un principe; principes de la constitution, du droit, de la géométrie, de législation, de la mécanique, de la pédagogie, de la philosophie, de la physique, des sciences. C'est ainsi que l'homme d'un esprit supérieur, généralise les idées et saisit les principes premiers, applicables aux diverses sciences (SÉNAC DE MEILHAN, Émigré, 1797, p. 1578). Nous venons (...) de démontrer métaphysiquement un grand principe de morale et de politique, ou plutôt le principe fondamental de la morale et de la politique (P. LEROUX, Humanité, 1840, p. 191).
2. Spécialement
— Principe + compl. déterminatif
♦ LOG. Principe de causalité. V. causalité A 1 ex. de Cousin. Principe de contradiction. V. contradiction B ex. de Cournot. Principe d'identité. V. identité D 1. Principe du milieu exclu. V. milieu B log. Principe de la raison suffisante. ,,Tout ce qui a raison d'être`` (FOULQ.-ST-JEAN 1962).
♦ PHILOS. [P. réf. à Leibniz] Principe des indiscernables. V. indiscernable II.
— Principe + adj.
♦ LOG. Principe logique. Proposition évidente et indémontrable présupposée dans toute opération logique ou déductive. Croce analysait ce mécanisme en invoquant le principe logique de l'indissolubilité du prédicat d'existence et du prédicat de qualification dans le jugement particulier (MARROU, Connaiss. hist., 1954, p. 147).
♦ PHILOS. Principes rationnels. ,,Ensemble des vérités fondamentales, évidentes par elles-mêmes sur lesquelles s'appuient tous les raisonnements`` (LAL. 1968).
C.— Loi de portée générale relative à une science, notamment la physique non démontrée mais vérifiée par ses conséquences. Principe aérodynamique de la relativité; principe d'Archimède, de Carnot, de Galilée, d'exclusion de Pauli; principe de l'action et de la réaction, de la conservation de l'énergie; principe de correspondance de Niels Bohr, de décomposition spectrale, de l'inertie, d'incertitude. Ai-je besoin de faire observer que la chute du principe de Lavoisier entraîne celle du principe de Newton. Ce dernier signifie que le centre de gravité d'un système isolé se meut en ligne droite (H. POINCARÉ, Valeur sc., 1905, p. 197).
— P. ext., au plur. Règle élémentaire d'une science. Synon. élément, rudiment. Tu connais les premiers principes de la géométrie? lui demanda-t-il (VERNE, Île myst., 1874, p. 125).
— Spécialement
♦ PSYCHANAL. [P. réf. à Freud]
Principe de plaisir. Conception selon laquelle l'activité de l'enfant est d'abord déterminée par la recherche du plaisir et la fuite de la douleur (d'apr. FOULQ.-ST-JEAN 1962).
Principe de réalité. Conception selon laquelle l'expérience de la réalité et l'éducation amènent l'enfant, pour éviter un plus grand mal, à renoncer à certains plaisirs et à supporter certaines douleurs (d'apr. FOULQ.-ST-JEAN 1962).
♦ DR. Principe général du droit. ,,Source non écrite du droit administratif, utilisée par le juge administratif pour juger de la légalité des actes de l'administration`` (FAVR.-VETTR. 1981).
IV. A.— Norme constituant une référence fondée sur des considérations théoriques, des valeurs sur lesquelles il convient de régler une action ou sa conduite. Synon. loi, précepte, règle. Ces lois (...) non-seulement restreignent nos libertés légitimes, mais nous commandent des actions contraires à ces principes éternels de justice et de pitié que l'homme ne peut cesser d'observer sans dégrader et démentir sa nature (CONSTANT, Princ. pol., 1815, p. 14). En dehors de toute idée religieuse il est bon que l'homme ait un principe moral (VAN DER MEERSCH, Invas. 14, 1935, p. 144). Et d'abord, j'examine le côté moral de l'affaire. J'estime que la morale est un principe à la base de toutes choses (AYMÉ, Travelingue, 1941, p. 253).
— De principe. Fondé sur des considérations théoriques. En 1946, les constituants n'ont pas reculé devant les affirmations de principe (VEDEL, Dr. constit., 1949, p. 314).
♦ Accord de principe. Acceptation, accord se fondant sur des considérations générales sans préjuger des modalités pratiques d'exécution. [Les ouvriers français] proposent [à leurs camarades anglais] d'organiser une association ouvrière internationale. L'accord de principe est donné (CACÉRÈS, Hist. éduc. pop., 1964, p. 35).
— Par principe. Par respect de la règle fixée; par a priori. Elle avait obtenu de lui les réalités de l'amour plus libéralement qu'il ne les accordait à l'ordinaire, par principe (A. FRANCE, Anneau améth., 1899, p. 300). Je suis décidé, par principe, à toute opération destinée à prévenir l'attaque de Vichy contre l'Afrique libre (DE GAULLE, Mém. guerre, 1954, p. 429).
— Pour le principe. Par respect au moins formel de la maxime morale que l'on s'est donnée. Synon. par acquit de conscience. Un jour que je l'admonestais, elle [une chatte] me sauta au visage, sans trop de griffes, mais pour le principe et le protocole (COLETTE, Chambre d'hôtel, 1940, p. 16). Elle a grogné pour le principe quand l'insignifiant article de la petite Bizet a paru (BEAUVOIR, Mandarins, 1954, p. 167).
— Loc. verb.
♦ Avoir pour principe de + inf., que. Avoir pour règle générale de. Il avait pour principe qu'il est certaines choses qu'il ne faut jamais dire aux femmes (STENDHAL, L. Leuwen, t. 3, 1835, p. 359).
♦ Ériger, poser en principe qqc./de + inf. Poser, instituer comme règle de. Les deux sectes se font gloire de poser en principe l'inégalité des conditions, d'après les analogies de la nature qui, disent-elles, a voulu elle-même l'inégalité des capacités (PROUDHON, Propriété, 1840, p. 219).
B.— 1. Notion considérée comme fondamentale dans la vie sociale et politique. Combattre pour des principes. Nous passâmes quelque temps à Arcachon et je fus à l'école communale : les principes démocratiques de mon grand-père l'exigeaient (SARTRE, Mots, 1964, p. 62). Le principe de l'égalité des citoyens touche bien d'autres domaines (BELORGEY, Gouvern. et admin. Fr., 1967, p. 187).
2. Au plur. Règles morales. Manquer, faire une entorse à ses principes; être nourri dans les principes; sacrifier aux grands principes (fam.). Il m'a été dit que vous manquiez de religion, et je vous déclare que je ne donnerai jamais ma fille à un homme sans principes (SAND, Mlle de La Quintinie, 1863, p. 167). [Cette vieille tante Rose] avait l'air d'une bonne femme d'autrefois, d'une femme à principes et à préceptes (MAUPASS., Contes et nouv., t. 1, Nos lettres, 1888, p. 1104).
— Loc. verb.
♦ Être à cheval sur les principes. V. cheval B 3.
♦ Il n'est pas dans les principes (de qqn) de + inf. Il n'est pas dans les habitudes ou les convictions morales de quelqu'un de. Il n'est pas dans mes principes d'opposer de simples inductions à des charges directes (MARAT, Pamphlets, À ses concitoyens élect., 1792, p. 327).
REM. Principiant, -ante, adj., hapax. [Corresp. à supra I A] La loi étant l'expression d'une volonté souveraine, principiante et causatrice, la politique, le gouvernement des états a été un art, quelque chose d'arbitraire, non une science (PROUDHON, Créat. ordre, 1843, p. 92).
Prononc. et Orth. :[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. I. A. 1. Fin XIIe s. principle « point de départ, commencement » (Prise d'Orange, éd. Cl. Regnier, 1161); 1803 dès le principe (CHATEAUBR., Génie, t. 2, p. 363); 2. ca 1265 « origine, source, première cause » (BRUNET LATIN, Trésor, II, 44, éd. F. J. Carmody, p. 212); 3. fin XIIIe s. « cause, motif » (MAHIEU LE VILAIN, Les Metheores d'Aristote, éd. R. Edgren, 49, 2); 4. a) 1636 phys. « ce qui compose les choses matérielles » (MONET); b) 1680 chim. « éléments simples et indécomposés » (RICH. t. 2). B. 1. Ca 1245 « notion fondamentale qui est à la base d'une science » (Henri d'Andeli, IV, 230 ds T.-L.); 2. 1370 « vérité fondamentale sur laquelle s'appuie le raisonnement » principes mathématiques (ORESME, Ethiques, I, 10, éd. A. D. Menut, p. 123); 3. 1611 « premières règles d'un art » (COTGR.). C. 1. 1351 « règle de conduite » (Ordonnances des Rois de France, t. 2, p. 440); 2. 1590 « règle d'action s'appuyant sur un jugement de valeur » (MONTAIGNE, Essais, II, 12, éd. P. Villey et V.-L. Saulnier, p. 520); 3. 1688 « règles de morale » (LA BRUYÈRE, Les Caractères, Des Femmes, 54, éd. G. Servois, II, p. 100); 1742 des femmes sans principes (CREBILLON Fils, Le Sopha, p. 140). II. Loc. A. 1755 par principe (MONTESQUIEU, L'Esprit des lois, t. 2, p. 32). B. 1789 de principe (SIEYÈS, Tiers état, p. 90). C. 1792 en principe (ROBESP., Discours, Subsist., t. 9, p. 115). Empr. au lat. principium « commencement », « fondement, origine », au plur. « les éléments », dér. de princeps « qui occupe la première place » Fréq. abs. littér. :12 403. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 26 586, b) 12 995; XXe s. : a) 12 227, b) 15 745. Bbg. DUB. Pol. 1962, p. 383. — QUEM. DDL t. 13, 29. — VARDAR SOC. pol. 1973 [1970], pp. 292-293.
principe [pʀɛ̃sip] n. m.
ÉTYM. 1265; lat. principium « commencement; origine ».
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1 Cause première, à la fois active (ou « efficace » [Malebranche], efficiente) et primitive, originelle. ⇒ Archétype, origine. || La nature, principe universel (→ Individu, cit. 5). — Théol. || Dieu, principe de la nature, de l'univers…, principe et fin de soi-même… ⇒ Auteur, créateur (cit. 2 et 4), essence (première). — Le principe des choses, du monde, de l'univers; le principe unique, suprême. ⇒ Axe, centre (poét.). → Embrasser, cit. 20; monde, cit. 10. || Les idées (cit. 2) platoniciennes, principes des choses. || La forme aristotélicienne, principe des êtres. ⇒ aussi Entéléchie, monade. || Principe immatériel et matière (→ Informer, cit. 1). || Le principe de l'être, de la vie (→ Esprit, cit. 118)… — Relig. || Le principe du Mal et le principe du Bien, dans le manichéisme. — REM. Le mot principe a une valeur abstraite et n'est guère employé dans les philosophies matérialistes pour désigner la matière, la substance. — Connaissance, recherche des principes. ⇒ Métaphysique, philosophie (→ Effet, cit. 1; philosophe, cit. 4, Descartes). || La fin des choses et leurs principes sont cachés à l'homme (cit. 51, Pascal).
1 (Pour philosopher) il faut commencer par la recherche de ces premières causes, c'est-à-dire des principes; et que ces principes doivent avoir deux conditions : l'une, qu'ils soient si clairs et si évidents que l'esprit humain ne puisse douter de leur vérité, lorsqu'il s'applique avec attention à les considérer; l'autre, que ce soit d'eux que dépende la connaissance des autres choses, en sorte qu'ils puissent être connus sans elles, mais non pas réciproquement elles sans eux (…)
Descartes, Principes de philosophie, Lettre de l'auteur.
2 Didact. Cause agissante d'une chose (surtout en parlant des causes naturelles). ⇒ Agent (cit. 2), cause, ferment, fondement, germe, origine, source. || Principe et effet, et conséquence (→ Christianisme, cit. 7). || Le principe corporel du mouvement (→ Corps, cit. 10, Descartes). — Psychol. (Vx). || Principe spirituel, principe pensant de l'homme. ⇒ Âme, esprit, raison. — Philos. (Vx). || Principe vital. ⇒ Âme; 2. archée, esprit; vitalisme. || Toutes nos perceptions (cit. 4) ou idées naissent d'un principe actif. || Le principe, les principes des vices, du péché (cit. 11). || Principe de grandeur et principe de misère en l'homme (→ Enseigner, cit. 15, Pascal). — Le principe de toute souveraineté (→ Autorité, cit. 15). || Nature (cit. 4) et principe du gouvernement. — Par ext. || Une nation (cit. 1) est une âme, un principe spirituel (Renan).
2 Le principe de toute action est dans la volonté d'un être libre; on ne saurait remonter au delà. Ce n'est pas le mot de liberté qui ne signifie rien, c'est celui de nécessité.
Rousseau, Émile, IV.
3 Felipe aime tant, que je le trouve digne d'être aimé. Je suis exactement le principe de sa vie, et je tiens dans ma main le fil qui mène sa pensée.
Balzac, Mémoires de deux jeunes mariées, Pl., t. I, p. 207.
4 Le fruit, dès ses premiers jours, porte en lui le principe de sa pourriture (…)
Renan, l'Avenir de la science, Œ. compl., t. III, p. 1085.
♦ Au principe de… : aux faits, aux événements qui constituent ou entourent la cause. ⇒ Origine (à l'), source (à la). → 1. Mère, cit. 22. ⇒ Premier, primordial. || Remonter jusqu'au principe. — Dans son principe. || Étouffer la révolte dans son principe (→ Dans l'œuf; et aussi mesure, cit. 29). — Procéder d'un principe.
5 Le courage civil et le courage militaire procèdent du même principe.
Balzac, le Médecin de campagne, Pl., t. VIII, p. 362.
♦ Vx. (En parlant d'une chose matérielle, concrète).
6 Si vous allez derrière un théâtre, et si vous nombrez les poids, les roues (…) qui font les vols (…) vous direz : « Sont-ce là les principes et les ressorts de ce spectacle si beau (…) ? »
La Bruyère, les Caractères, VI, 25.
3 (XVe). Par ext., et sans idée causale. ⇒ Commencement, début. (Dans ce sens, principe ne s'emploie qu'en locution). || Dès le principe : dès le début (→ Discipline, cit. 6; exprimer, cit. 28).
4 (1631, Descartes, Lettre à Villebressieu; lat. principium, utilisé en chimie). Élément matériel qui entre dans la composition, la constitution ou l'élaboration de qqch., de par son action propre, sa « vertu ». || Principes constituants. || Principes nécessaires à la nutrition (→ Artériel, cit. 1). || Principes minéraux (→ Faune, cit. 1). || Principes fertilisants. || Principes actifs de certaines plantes. — Méd. || Principe alimentaire, délétère, extractif, nutritif, sapide… || Principe lutéotrophique ou prolactine.
♦ (XVIe-XVIIe). Hist. des sc. || La chimie des principes vécut jusqu'à Lavoisier. ⇒ Calorique, phlogistique (cit.), etc. (→ Élément, cit. 11, Voltaire). — Les atomes (cit. 7), « principes insécables ».
7 À la théorie des quatre éléments, l'expérience avait amené les chimistes à ajouter de nombreux compléments. La notion qui jouera le rôle principal dans l'évolution de la chimie jusqu'à la fin du XVIIIe siècle est celle de principe (…) les corps naturels possèdent des propriétés que ne laissent pas deviner leur simple apparence ou leur manipulation courante (…) Ces qualités sont conférées aux corps par des principes occultes (…)
M. Daumas, in Encycl. Pl., Hist. de la science, Sciences physiques aux XVIe et XVIIe s., p. 844.
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II (1361).
1 Log. Proposition première, posée et non déduite (dans un système déductif donné). ⇒ Définition, hypothèse, postulat (cit. 2), prémisse. || Principe posé a priori. || Admettre, refuser un principe. ⇒ Convention. || Pétition de principe. || Principe considéré comme évident, clair et intelligible par lui-même. ⇒ Axiome (cit. 1 et 2), vérité. || « Les principes se sentent, les propositions se concluent » (cit. 19, Pascal). || Poser en principe l'existence (cit. 5) de Dieu. || Déduction, démonstration, raisonnement qui repose sur tel principe. ⇒ Base, centre. — Raisonner par principes.
8 Cette jeune personne, dit-elle, n'est pas sans intelligence. Mais elle ne peut se résoudre à apprendre les choses par principes.
France, le Crime de S. Bonnard, V, Pl., t. II, p. 407.
9 Quand une loi a reçu une confirmation suffisante de l'expérience (…) on peut l'ériger en principe, en adoptant des conventions telles que la proposition soit certainement vraie.
H. Poincaré, la Valeur de la science, p. 239.
2 Proposition, notion particulièrement importante (⇒ Principal; essentiel, fondamental) et à laquelle le développement d'un ordre de connaissance (⇒ Science) est subordonné. ⇒ Loi (cit. 58). → Inductif, cit.; philosophie, cit. 3. || Les principes, bases (cit. 12) des vérités de détail. || Principe fondamental, central… ⇒ Centre, pierre (angulaire, fondamentale…). || Déduire, d'après des principes connus et établis (→ Développer, cit. 17). || « J'ai posé les principes, et j'ai vu les cas particuliers s'y plier » (→ 1. Général, cit. 7, Montesquieu). || Découler d'un principe. || Les principes, dans l'esprit de géométrie et dans l'esprit de finesse (chez Pascal). → Esprit, cit. 125; géomètre, cit. 4; perdre, cit. 55. || Les principes formant un système.
10 Jamais principe (l'idée de la Providence) n'eut plus de suites avantageuses à la religion et à la morale. Qu'il répand de lumières, qu'il dissipe de difficultés, cet admirable principe ! Tous ces effets qui se contredisent dans l'ordre de la nature et dans celui de la grâce ne marquent nulle contradiction dans la cause qui les produit (…) — Je vois bien, Ariste, que vous avez suivi de près et avec plaisir le principe que je vous ai exposé (…) Mais l'avez-vous bien saisi (…) Faites-nous part, je vous prie, de quelques-unes de vos réflexions, afin de me délivrer de mon doute (…) car plus les principes sont utiles, plus ils sont féconds, plus est-il dangereux de ne les prendre pas tout à fait bien.
Malebranche, Entretiens sur la métaphysique, XIII.
♦ Principes de la logique, de la philosophie, de la physique, de la mécanique, de la psychanalyse, du droit. — Applications d'un principe de physique, d'électricité. || Appareil qui est fondé, qui repose sur tel ou tel principe (→ Force, cit. 59). || Machines qui utilisent le principe de la roue (→ 2. Marche, cit. 5). — REM. Dans ces emplois, principe a en même temps la valeur de loi scientifique, de prémisses et de règle normative (→ ci-dessous, III.). a Log. || Principe d'identité (cit. 17 et 18) ou de non-contradiction. || Principe de contradiction ou de contrariété (le contraire du vrai est faux). || Principe du milieu (infra cit. 16) exclu. || Principe de causalité, du déterminisme (cit. 2), d'induction (cit. 3) complète.
b Philos. || Principes rationnels : vérités fondamentales sur lesquelles s'appuie tout raisonnement. || Principe des indiscernables (Leibniz), d'individuation. || Principe de substance (Kant).
c Phys. Énoncé d'une loi générale non démontrée, mais vérifiée dans ses conséquences. || Principe d'inertie (→ Mouvement, cit. 4). || Le principe qu'on a appelé loi de continuité (cit. 4). || Principe fondamental de la dynamique; principe de l'action et de la réaction (énoncés par Newton). || Principe d'inertie (ou principe d'Alembert) : autre formulation du principe fondamental de la dynamique. || Principe de la conservation de la masse (conséquence du principe fondamental de la dynamique). || Principe de conservation de l'énergie (mécanique). || Principe de la moindre contrainte (ou principe de Gauss). || Principe de moindre action (ou principe de Maupertuis, 1744). || Principe des travaux virtuels (énoncé par d'Alembert, in Traité de dynamique, 1743). — Principe d'incertitude d'Heisenberg. || Principe d'exclusion de Pauli. || Principe de Huygens (-Fresnel), concernant les phénomènes de diffraction de la lumière. || Principe de conservation de la matière. — Principe de relativité de Galilée. || Principe de relativité restreinte, principe de relativité générale, énoncés par Einstein. || Principe d'équivalence masse-énergie (E = mc2). || Principe de Mach. — Principe de la thermodynamique : principe de l'équivalence, premier principe; principe d'évolution (ou principe de Carnot-Clausius), deuxième principe; principe d'entropie (ou principe de Nernst), appelé abusivement troisième principe de la thermodynamique. — Application, conséquence, extension, généralisation d'un principe.
♦ (En probabilités). || Principe de symétrie.
d Psychan. || Principe de plaisir et principe de réalité, régissant, selon Freud, le fonctionnement mental de l'individu. || Principe de constance, « énoncé par Freud, selon lequel l'appareil psychique tend à maintenir à un niveau aussi bas ou, tout au moins, aussi constant que possible, la quantité d'excitation qu'il contient. La constance est obtenue d'une part par la décharge de l'énergie déjà présente, d'autre part par l'évitement de ce qui pourrait accroître la quantité d'excitation et la défense contre cette augmentation » (Laplanche et Pontalis).
3 (Au plur.). Connaissances élémentaires (fondamentales et simples). || Apprendre les principes, les premiers principes d'une science. ⇒ A. B. C., élément, rudiment.
11 — N'avez-vous point quelques principes, quelques commencements des sciences ? — Oh ! oui, je sais lire et écrire.
Molière, le Bourgeois gentilhomme, II, 4.
♦ (Par métonymie, dans un titre d'ouvrage). || Principes de chimie, de Mendeleev. || Principes de biologie, de psychologie, de sociologie, de Spencer. || Principes d'économie politique, de Stuart Mill.
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III (1351).
1 Règle d'action, formulée ou non, s'appuyant sur un jugement de valeur et constituant un modèle, une règle ou un but. ⇒ Loi, maxime, norme, règle. || Le principe et l'application, et la pratique, et l'usage (→ Contenant, cit.; flottant, cit. 10). ⇒ Théorie. || Les principes du raisonnement (→ ci-dessus, II., 2. : principes rationnels), de la recherche scientifique. || Le grand principe expérimental, c'est le doute (cit. 12). || Les principes de l'hygiène (cit. 2). ⇒ Précepte. — Ériger, poser en principe que… (→ Bourse, cit. 8). || Partir d'un principe. || Principe adopté par qqn. ⇒ Opinion. || Avoir pour principe de… (suivi d'un inf.). → Autrui, cit. 15. || C'était aussi un principe chez lui que de remettre… (→ Faiblesse, cit. 36).
12 (…) selon les principes de la raison, la conduite des hommes est tout à fait déraisonnable (…)
Pascal, Pensées, III, 195.
13 Pendant un instant, il chercha de bonne foi à démêler sur quels principes se réglait sa vie quotidienne.
Martin du Gard, les Thibault, t. III, p. 217.
14 La tyrannie des principes paraît peut-être moins pesante, parce qu'elle est anonyme (…)
André Suarès, Trois hommes, « Ibsen », III.
15 Les contraintes imposées aux individus en vertu des principes évidemment si raisonnables de l'hygiène, de la morale, de l'esthétique, de la protection sociale, en un mot de la civilisation, de notre civilisation, soulèvent peu de colère dans le monde moderne.
G. Duhamel, Scènes de la vie future, IV.
♦ ☑ Loc. Pour le principe : pour une raison absolue et théorique (et non par intérêt, etc.). || Je vous demande une augmentation pour le principe. — Règle d'action sociale, politique. || Principe d'égalité (→ Abâtardir, cit. 3), de légalité (cit. 4). || Le principe que le roi règne et ne gouverne (cit. 43) pas. || Au nom d'un principe supérieur (→ Ordre, cit. 25). || Le principe fondamental du gouvernement démocratique (→ 1. Parler, cit. 24). || La fraternité (cit. 9) considérée comme un devoir, non un principe. — Les principes républicains. || Les « immortels (cit. 20) principes »de 1789. — Se combattre (cit. 2) pour des principes et des droits. || Déclaration de principes. — Allus. hist. || Périssent les colonies plutôt qu'un principe. ⇒ Périr (supra cit. 5).
16 Il (le gouvernement révolutionnaire) doit se rapprocher des principes ordinaires et généraux, dans tous les cas où ils peuvent être rigoureusement appliqués sans compromettre la liberté publique.
Robespierre, Disc. sur les principes du gouvernement révolutionnaire, 25 déc. 1793.
17 Que de leçons il faut pour qu'un pays arrive à comprendre que les principes généraux sont seuls à longue portée, et que sans eux les combinaisons les plus ingénieuses sont au fond aventure et hasard !
Renan, Questions contemporaines, Œ. compl., t. I, p. 50.
18 Il y a des chefs de parti qui sont prêts à sacrifier le pays à une doctrine ou à des principes. Le vrai chef, lui, dit : « Périssent les principes plutôt que la nation ! »
A. Maurois, Un art de vivre, IV, V.
2 Plur. Les règles morales (corps de doctrine ou règles vagues) auxquelles une personne, un groupe est attaché. ⇒ Morale, religion; conseil (→ Examen, cit. 4). || Mes principes de morale (→ Gendarme, cit. 7). || Manquer à ses principes (→ Écarter, cit. 22). || Austère, sévère dans ses principes. || Il n'est pas dans mes principes de faire… (→ Languir, cit. 24). || Les principes et les préjugés d'une famille (→ Frasque, cit. 5), d'une société, d'une secte (→ Détacher, cit. 6). || Instruction dans les principes du christianisme. ⇒ Catéchisme; et aussi credo, foi.
19 Je ne sais ce que c'est que des principes, sinon des règles qu'on prescrit aux autres pour soi. Je pense d'une façon, et je ne saurais m'empêcher de faire d'une autre.
Diderot, Jacques le fataliste, Pl., p. 576.
♦ Avoir de bons, de mauvais principes. || Inculquer (cit. 4) de bons principes à qqn. || Des principes d'honnêteté (cit. 12), de justice… || Principes étroits. || Être fidèle à ses principes.
20 (…) un homme d'esprit a beau marcher dans les meilleurs principes et même de bonne foi, toujours par quelque côté il est cousin germain de Voltaire et de Rousseau.
Stendhal, la Chartreuse de Parme, I, VII.
3 Les « bons » principes; ceux qui dominent dans une société donnée. ⇒ aussi Mœurs (bonnes mœurs). || Entorse aux principes (→ Audace, cit. 16). || Être nourri dans les principes (→ 1. Penser, cit. 13). || Homme à principes. || Une personne sans principes. — ☑ Loc. Être à cheval sur les principes.
21 Ils ne parlent que de leurs principes. Ah, le joli mot ! Comme si les principes n'étaient pas ce que les font les hommes. « Appuyez-vous sur les principes, disait Moréas, ils finiront par céder ». La boutade est profonde.
J. Dutourd, les Taxis de la Marne, I, XXII.
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IV ☑ Loc. (XXe). Par principe : par une décision, une détermination a priori résultant d'un principe (au sens II., 2. ou III.). || Hostile (cit. 5) par principe. || Je continue, par principe, à le bouder (cit. 5; → aussi Mariage, cit. 14). — ☑ (Dans le même sens). De principe : a priori. || Hostilité (cit. 6) de principe. || Accord de principe.
♦ ☑ (XIXe). En principe : théoriquement, d'après les principes. || Il avait raison en principe, d'une manière générale et théorique (→ Généralement, cit. 2). || Il avait fini par admettre, en principe… (→ Infaillible, cit. 10).
♦ Par ext. (Servant à introduire une règle générale à laquelle on constate ensuite une exception). → Fédéral, cit. 3; lier, cit. 33.
22 « En principe » Victor ne fume pas encore. Toutefois quelques cigarettes (…) ne sont pas pour lui déplaire.
Gide, Journal, 20 janv. 1943.
23 De ce point à celui où il se tenait, l'espace en principe réservé à la circulation était tellement embarrassé d'objets de toutes sortes qu'il se demanda comment la foule des passagers et des parents venus à leur rencontre avait fait pour s'y frayer un chemin.
A. Robbe-Grillet, le Voyeur, p. 43.
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CONTR. Conséquence, fin. — Exception.
Encyclopédie Universelle. 2012.