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fondement

fondement [ fɔ̃dmɑ̃ ] n. m.
• v. 1120 « fondation »; lat. fundamentum, de fundare fonder
I
1(Généralt au plur.) Vx fondation.
Mod. (métaph. et fig.) base; assise. Jeter, poser les fondements d'un empire, d'une religion, en commencer l'établissement. « Sur tant de fondements sa puissance établie » (Racine). Saper les fondements d'une institution.
2(XIIIe) Fig. (généralt au sing.) Ce qui détermine l'assentiment légitimé de l'esprit; fait justificatif d'une croyance, d'une réalité. « La volonté du peuple est le fondement de l'autorité des pouvoirs publics » ( DÉCLARATION DES DROITS DE L'HOMME ). Rumeur sans fondement, dénuée de tout fondement. consistance; infondé. « et concevoir apparemment des espoirs chimériques, ou éprouver des craintes sans fondement » (Camus). motif, raison, 3. sujet.
3Point de départ logique, système d'idées le plus simple et le plus général d'où l'on peut déduire un ensemble de connaissances. principe. « Fondement de la métaphysique des mœurs », ouvrage de Kant. Problème du fondement de l'induction. « lorsqu'on donne la religion pour fondement à la morale » (Bergson).
II(XIIe) Fam. Rectum, anus. « elle en éprouvait un mal affreux au fondement » (Céline).

fondement nom masculin (latin fundamentum) Base, élément essentiel sur lequel s'appuie tout le reste ; principes sur lesquels se fonde un système : Jeter les fondements d'une doctrine. Raison solide qui appuie la réalité de quelque chose, le justifie : Des nouvelles sans fondement. Ensemble de postulats d'un système philosophique. Familier. Anus ; derrière. ● fondement (expressions) nom masculin (latin fundamentum) Fondement des mathématiques, discipline qui a pour objet l'analyse logique, mathématique et philosophique des théories mathématiques. (Elle apparaît avec Descartes, dans la perspective d'Euclide ; puis elle renaît au XXe s. avec le logicisme de Russell, le formalisme de Hilbert et enfin avec une théorie critique à l'égard de cette discipline, l'intuitionnisme de Heyting. Le fondement des mathématiques a acquis le statut de discipline scientifique avec les travaux de Kreisel et de Tarski.) ● fondement (synonymes) nom masculin (latin fundamentum) Base, élément essentiel sur lequel s'appuie tout le reste ; principes...
Synonymes :
- assise
- base
Raison solide qui appuie la réalité de quelque chose, le justifie
Synonymes :
- cause
- justification
- motif
- preuve
- sujet

fondement
n. m.
d1./d Base. Jeter les fondements d'un empire.
d2./d Motif, raison. Rumeur sans fondement.
d3./d PHILO Principe général servant de base à un système, à une théorie. Kant, dans "le Fondement de la métaphysique des moeurs", a voulu "rechercher et établir exactement le principe suprême de la moralité".

⇒FONDEMENT, subst. masc.
I. A. — Le plus souvent au plur.
1. Maçonnerie jusqu'à ras de terre servant de base à une construction. Asseoir, bâtir, poser, jeter les fondements d'un édifice. On pratiquait ce souterrain à trente pieds de profondeur à peu près. Le point important était de le diriger dans le sens convenable; à chaque instant, des puits et des fondements d'anciens édifices obligeaient les ouvriers à se détourner (STENDHAL, Abbesse Castro, 1839, p. 230) :
1. Nous sommes revenus au château. — C'est encore un bâtiment de l'époque de Henri IV, refait vers Louis XV, et construit probablement sur des ruines antérieures, — car on a conservé une tour crénelée qui jure avec le reste, et les fondements massifs sont entourés d'eau, avec des poternes et des restes de ponts-levis.
NERVAL, Filles feu, Angélique, 1854, p. 576.
Au fig. Jeter (poser, établir) les fondements de qqc. Donner à quelque chose son existence; être à l'origine de, être le premier à organiser. Poser les fondements d'une société nouvelle. Jeter, poser, établir les fondements d'un empire, d'un royaume; jeter les fondements d'une religion, d'une doctrine (Ac.). La paix de Tilsit laissa au csar le loisir de jeter les fondements des institutions militaires de son empire (CHATEAUBR., Mém., t. 3, 1848, p. 150) :
2. — (...) je regrette que Maria-Thérésa n'ait pas été une île vaste et fertile, avec une rivière au lieu d'un ruisseau et un port au lieu d'une anse battue par les flots du large.
— Et pourquoi, capitaine? demanda Glenarvan.
— Parce que j'y aurais jeté les fondements de la colonie dont je veux doter l'Écosse dans le Pacifique.
VERNE, Enf. cap. Grant. t. 3, 1868, p. 238.
2. Tranchée, fossé que l'on fait pour commencer à bâtir (d'apr. Ac.). Fouiller les fondements d'un édifice :
3. Il y a longtemps, bien longtemps, ceux d'Aix-la-Chapelle voulurent bâtir une église. Ils se cotisèrent, et l'on commença. On creusa les fondements, on éleva les murailles, on ébaucha la charpente...
HUGO, Rhin, 1842, p. 67.
B.— Au fig.
1. a) Ce qui sert de base, d'appui à quelque chose. Saper, secouer, renverser, ruiner les fondements de l'État. La résignation du pauvre, qui est le fondement de l'ordre (FRANCE, Île ping., 1908, p. 6). Dans ces crises graves où vacillent ainsi les fondements mêmes de la société (BRASILLACH, Corneille, 1938, p. 431) :
4. Ce songe n'est pas un ornement placé là par la fantaisie du poëte. Il est au contraire le fondement sur lequel repose le poëme tout entier...
FUSTEL DE COUL., Cité antique, 1864, p. 180.
Fondement + adj. Ces idées de révolutions périodiques, comme nous avons déjà essayé de le montrer, avaient un fondement astronomique (P. LEROUX, Humanité, t. 2, 1840, p. 685) :
5. Quand nous disons que l'expérience-limite a un fondement spatial, nous voulons dire seulement qu'à toute position d'un donné comme existant par une conscience quelconque doit pouvoir correspondre pour une autre conscience la détermination de relations spatiales ou physiques entre le corps organisé auquel est liée la première conscience et le monde extérieur.
G. MARCEL, Journal, 1914, p. 27.
[Dans le cadre d'une métaph.] Ayant solidement bâti les fondements de sa réputation, Madame Chappe songea à doubler au moins le nombre de ses élèves (CHAMPFL., Bourgeois Molinch., 1855, p. 145). Pour consolider la France, il [Drieu La Rochelle] rêve de l'insérer dans une Europe unie. L'Allemagne sera le fondement de cette construction (CHARDONNE, Ciel, 1959, p. 95).
b) En partic. ,,Principe ou ensemble de principes que suppose un édifice conceptuel, parce qu'il repose sur lui`` (FOULQ.-ST-JEAN 1962). Le fondement des mathématiques, de la morale, du droit. Réfléchi de nouveau aux fondements de la psychométrie et à l'interprétation matérialiste qu'on en peut donner (MARCEL, Journal, 1919, p. 188). Dans cette conception de la nature assimilée à un discours symbolique, le romantisme cherchera les fondements de son esthétique (BÉGUIN, Âme romant., 1939, p. 55) :
6. Ce n'est pas seulement pour donner un fondement à la métaphysique que nous avons besoin de Dieu; c'est pour donner une espérance et une consolation à la vie.
J. SIMON, Relig. nat., 1856, p. 129.
2. Ce qui légitime ou justifie quelque chose. Les dangers qu'elle prévoyait vaguement n'avaient aucun fondement réel (MÉRIMÉE, A. Guillot, 1847, p. 142) :
7. Le fondement de tout anthropomorphisme légitime, c'est que l'homme est le seul être en qui la nature prenne conscience d'elle-même, et c'est aussi dans ce principe que la notion médiévale de la causalité trouve son ultime justification.
GILSON, Espr. philos. médiév., 1931, p. 91.
Raison, motif légitime. Accusation dénuée de tout fondement; bruits sans fondement :
8. ... j'ai déjà demandé qu'on élucidât la question de la tentative de corruption alléguée contre M. Mathieu Dreyfus à l'égard du colonel Sandherr. S'il y a quelque fondement dans l'accusation, il faut poursuivre.
CLEMENCEAU, Iniquité, 1899, p. 68.
Loc. adv. Avec fondement. Légitimement. Il se plaint avec fondement (Ac.).
II.— Synon. de anus, derrière. Avoir mal au fondement. C'est elle qui m'a chassé, ou plutôt son frère le marsouin, à coup de bottes dans le fondement (ARNOUX, Écoute, 1923, p. 134). Le brillant soustrait aux mines du Grand Mogol, fut amené en Europe dans le fondement de son inventeur (LA VARENDE, Saint-Simon, 1955, p. 477) :
9. Édouard II, renfermé au château de Barclai, fut assassiné au moyen d'un fer rouge qu'on lui enfonça dans le fondement à travers un tuyau de corne.
CHATEAUBR., Ét. ou Disc. hist., t. 3, 1831, p. 361.
Prononc. et Orth. :[]. Ds Ac. 1694-1932. Étymol. et Hist. 1. 1119 fundement « anus » (PH. DE THAON, Comput, 1740 ds T.-L.); 2. a) ca 1120 archit. (Psautier d'Oxford, 86, 1 ds T.-L.); b) ca 1174-76 p. ext. « base, ce sur quoi repose quelque chose » (G. DE PONT-SAINTE-MAXENCE, Vie de Saint-Thomas, éd. E. Walberg, Paris, 1936, 3575). Du lat. class. fundamentum « fondement, fondation, base, support »; lat. médiév. « anus » (1266 ds LATHAM, mais prob. antérieur). Fréq. abs. littér. : 1 305. Fréq. rel. littér. :XIXe s. : a) 3 209, b) 1 540; XXe s. : a) 742, b) 1 540. Bbg. HENRY (A.). Un Passage difficile de Rutebeuf. In : [Mél. Wartburg (W. von)]. Tübingen, 1968, t. 1, p. 382, 384. — TILANDER (G.). Notes lexicogr. et étymol. Romania. 1937, t. 63, pp. 297-299.

fondement [fɔ̃dmɑ̃] n. m.
ÉTYM. V. 1120, « fondation »; lat. fundamentum, de fundare. → Fonder.
———
I (Généralt au plur.). Vx. Fondation (1.); → Abattre, cit. 16; bâtir, cit. 14.
Mod. (Métaphore et fig.). Base. || Jeter, poser, établir les fondements d'un empire, d'une religion, en commencer l'établissement (→ Carte, cit. 16). || Saper les fondements de l'État (→ Évanouir, cit. 15). || Fondements sur lesquels s'établit (cit. 36) un pouvoir. Assiette, assise. || Ébranler le monde jusque dans ses fondements (→ Angulaire, cit. 2). || Le dictionnaire (cit. 10) de Littré, fondement des monuments futurs.
———
II (V. 1175; généralt au sing.). Fig. Ce sur quoi repose (un ordre, un ensemble de connaissances).
1 Ce qui détermine l'assentiment légitime de l'esprit; fait justificatif (d'une croyance, d'une réalité ou d'une opération humaine). || Une société artificielle (cit. 5) qui n'a pas de fondement dans la nature. || La loi a pour fondement l'assentiment (cit. 4) du plus grand nombre. || Le fondement de la justice et des institutions humaines selon Pascal (→ Équité, cit. 15; et cf. les Pensées, V, passim). || Faits observables, vérités d'évidence qui sont le fondement de la science, de la morale. Condition. || Prévoir (cit. 5) est le fondement présumé de toute la politique. || Fondement sûr, solide, vrai, indubitable. || Opinion, bruit sans fondement (→ Auteur, cit. 21), dénué (cit. 3) de tout fondement, qui a peu de fondement. Consistance (sans), vain (→ Avidement, cit. 2). || Sa plainte n'est pas sans fondement. Raison, sujet. || Voilà l'unique fondement de son animosité. Cause, motif, source.
1 Or les lois se maintiennent en crédit, non parce qu'elles sont justes, mais parce qu'elles sont lois. C'est le fondement mystique de leur autorité; elles n'en ont point d'autres.
Montaigne, Essais, III, XIII.
2 Ceux qui ont peine à croire en cherchent un sujet en ce que les Juifs ne croient pas (…) et voudraient quasi qu'ils crussent, afin de n'être point arrêtés par exemple de leur refus. Mais c'est leur refus même qui est le fondement de notre créance.
Pascal, Pensées, XII, 745.
3 (…) je vous écris cette lettre (…) pour vous dire (…) de vouloir bien me répondre avec cette charité qui fait le fondement de toutes mes importunités (…)
Mme de Sévigné, 1396, déc. 1694.
4 Il y a donc un bon et un mauvais goût, et l'on dispute des goûts avec fondement.
La Bruyère, les Caractères, I, 10.
5 C'est là le fondement du vrai savoir. Les propositions de ce vrai savoir ne doivent être que des formules d'actes : Faites ceci, faites cela.
Valéry, Variété III, p. 165.
6 (…) et concevoir apparemment des espoirs chimériques, ou éprouver des craintes sans fondement (…)
Camus, la Peste, p. 202.
2 Point de départ logique, idée ou système d'idées le plus simple et le plus général d'où l'on peut déduire un ensemble de connaissances. Principe. || Le fondement de la morale : le principe suprême d'où se déduisent les vérités morales particulières, dans un système éthique. || La valeur du plaisir est le fondement de la morale épicurienne ou hédoniste. || Fondement de la métaphysique des mœurs, ouvrage de Kant. || Problème du fondement de l'induction, objet d'une thèse de Lachelier. || L'Être absolu (cit. 14), dernier fondement des vérités absolues. || Propositions qui sont le fondement des mathématiques (→ Base, cit. 9). || La liberté de conscience est le fondement des autres libertés. Origine.
7 (…) lorsqu'on donne la religion pour fondement à la morale, on se représente un ensemble de conceptions, relatives à Dieu et au monde, dont l'acceptation aurait pour conséquence la pratique du bien.
H. Bergson, les Deux Sources de la morale et de la religion, p. 101.
———
III (1119). Par euphémisme. Les fesses; l'anus. || Avoir mal au fondement.
8 Parfois elles étaient si dures, les nouvelles selles merveilleuses qu'elle en éprouvait un mal affreux au fondement… Des déchirements.
Céline, Voyage au bout de la nuit, p. 347.
DÉR. Cf. Fondamental.

Encyclopédie Universelle. 2012.