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poitrine

poitrine [ pwatrin ] n. f.
peitrine « cuirasse, harnais » XIe; lat. pop. °pectorina, de pectus, pectoris 1. pis
1Partie du corps humain qui s'étend des épaules à l'abdomen et qui contient le cœur et les poumons. thorax; buste, torse; fam. caisse , coffre. Tour de poitrine : mesure de la poitrine à l'endroit le plus large. — Respirer à pleine poitrine : inspirer fortement (cf. À pleins poumons). « Il gonflait sa poitrine pour dissimuler son estomac » (Maupassant). Un cri jaillit de sa poitrine. Voix de poitrine : partie la plus grave du registre d'une voix (opposé à voix de tête).
Vx Poumons (malades). Partir, s'en aller de la poitrine. fam. caisse. « Elle est morte de la poitrine » (Nerval). poitrinaire. Vieilli Fluxion de poitrine. pneumonie.
Angine de poitrine.
2Partie antérieure du thorax. La poitrine, les côtés et le dos. Large poitrine. fam. poitrail. Poitrine velue. Bomber la poitrine. Poche de poitrine. Châle épinglé, croisé sur la poitrine. Tenir, étreindre, serrer, presser, bercer qqn contre sa poitrine. cœur. Douleurs dans la poitrine. Angine de poitrine. Tué d'une balle dans la poitrine. Se frapper la poitrine : manifester son repentir (cf. Battre sa coulpe, faire son mea-culpa).
Région antérieure du corps de certains animaux, entre le cou et le ventre. Poitrine de cheval. poitrail. Lévriers larges de poitrine.
(1412) Bouch. Partie inférieure des parois thoraciques du bœuf, du veau, du mouton, du porc, correspondant à peu près au devant des sept premières côtes. La poitrine de bœuf sert à faire le pot-au-feu. Poitrine fumée. lard.
3(1835) Seins de femme. gorge. Une forte poitrine. Belle poitrine. Poitrine plate (cf. Œufs sur le plat). Poitrine aux silicones (chirurgie esthétique).
Elle a de la poitrine, beaucoup de poitrine, des seins développés (cf. fam. Il y a du monde au balcon). « cette fille n'avait pas de poitrine » (France)(cf. Plate comme une limande). Cout. Pinces de poitrine.

poitrine nom féminin (latin populaire pectorina, du latin classique pectus, -oris) Partie du tronc, entre le cou et l'abdomen. Appareil broncho-pulmonaire : Être fragile de la poitrine. Seins d'une femme : Une opulente poitrine. Partie inférieure de la cage thoracique des animaux de boucherie ; chez le porc, morceau correspondant à la partie inférieure de l'abdomen et du thorax. ● poitrine (citations) nom féminin (latin populaire pectorina, du latin classique pectus, -oris) Louis Bouilhet Cany, aujourd'hui Cany-Barville, 1821-Rouen 1869 Qu'importe ton sein maigre, ô mon objet aimé ! On est plus près du cœur quand la poitrine est plate : Et je vois, comme un merle en sa cage enfermé, L'amour entre tes os rêvant sur une patte. Dernières Poésies Jules Laforgue Montevideo 1860-Paris 1887 La plupart des femmes qui ont une poitrine exorbitante sont très imperturbables et même arrogantes. Mélanges posthumes Marie de Rabutin-Chantal, marquise de Sévigné Paris 1626-Grignan 1696 La bise de Grignan me fait mal à votre poitrine. Correspondance, à Mme de Grignan, 29 décembre 1688 poitrine (expressions) nom féminin (latin populaire pectorina, du latin classique pectus, -oris) Voix de poitrine, émission de la partie la plus grave de la tessiture d'une voix, semblant provenir de la poitrine. ● poitrine (synonymes) nom féminin (latin populaire pectorina, du latin classique pectus, -oris) Partie du tronc, entre le cou et l'abdomen.
Synonymes :
- thorax
- torse
Seins d'une femme
Synonymes :
- buste
- gorge
Partie inférieure de la cage thoracique des animaux de boucherie ;...
Synonymes :
- poitrail

poitrine
n. f.
d1./d Partie du tronc qui contient les poumons et le coeur. Gonfler la poitrine.
Voix de poitrine: voix au son plein (par oppos. à voix de tête).
d2./d Devant du thorax.
d3./d Partie antérieure des côtes d'un animal de boucherie, avec la chair qui y adhère.
d4./d Seins de la femme.

⇒POITRINE, subst. fém.
I. —[Chez l'homme]
A. —Partie du corps humain qui s'étend du cou à l'abdomen et qui contient les principaux organes de la circulation et de la respiration. Synon. buffet (fam.), buste, cage thoracique (v. cage II A 2), thorax (sc.), torse. Il me sembla que quelque chose s'était brisé dans la boîte osseuse de ma poitrine (ABOUT, Roi mont., 1857, p.53). Un muscle transversal, le diaphragme, attaché à la colonne vertébrale, à la pointe du sternum et aux deux dernières côtes ferme la cavité thoracique en bas, séparant ainsi la poitrine de l'abdomen (BARATOUX, La Voix, 1912, p.12):
1. La poitrine de l'homme a la forme d'un cône applati [sic], dont la base est en bas et le sommet tronqué en haut. Elle est formée en arrière par la portion dorsale de la colonne vertébrale (...); en devant par un os plat, appelé le sternum, et sur les côtés par vingt-quatre arcs osseux qu'on nomme les côtes.
CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.202.
SYNT. Poitrine étroite, large, maigre; douleurs dans la poitrine; coeur qui bat, bondit dans la poitrine; cavité, muscles, parois de la poitrine; base, côtés, hauteur, intérieur, largeur de la poitrine; bonne, mauvaise conformation de la poitrine; auscultation de la poitrine; rire, toux qui secoue la poitrine.
Tour de poitrine. Mesure de la poitrine à l'endroit le plus large. Mesurer, prendre son tour de poitrine. Les médecins militaires anglais ont noté que les conscrits des centres industriels ont un abaissement du poids et du tour de poitrine (MACAIGNE, Précis hyg., 1911, p.304). Ses longues jambes, qui peuvent à peine supporter son torse (...) cent dix de tour de poitrine (SARTRE, Nausée, 1938, p.90).
SPORTS (athl.). ,,Unité de mesure qui sert à départager les concurrents dans une arrivée serrée`` (PETIOT 1982) et qui équivaut à peu près à l'épaisseur de la poitrine. D. n'est battu que d'une très courte poitrine (L'Auto-vélo, 7 juill. 1901, ibid.).
B.En partic.
1. Partie externe et antérieure de cette partie du corps, correspondant au sternum, à la partie antérieure des côtes et aux seins. Synon. jabot (vieilli), sein (vx), poitrail (plais.). Poitrine creuse; poitrine haletante. Un homme dont la barbe noire couvrait la poitrine (JOUY, Hermite, t.4, 1813, p.308). Il avait attiré sa compagne sur sa poitrine, l'avait pressée contre la source intarissable de son coeur (PEYRÉ, Matterhorn, 1939, p.283). V. lutte ex. 1.
SYNT. Poils de la poitrine; poitrine qui halète, palpite, se soulève; bomber la poitrine; se couvrir la poitrine; frapper (qqn) à la poitrine; bercer, étreindre, presser, serrer, tenir (qqn, qqc.) contre sa poitrine; donner, recevoir un coup dans la poitrine, en pleine poitrine, sur la poitrine; bras, mains croisé(e)s, joint(e)s sur la poitrine; peser sur la poitrine.
P. méton. Partie correspondante d'un vêtement. Synon. devant. Poche-poitrine; doubler la poitrine. Un invalide, à jambe de bois et poitrine médaillée (VERNE, 500 millions, 1879, p.70).
ART MILIT. Poitrine d'acier, de fer. Cuirasse, plastron de métal. Sitôt qu'elle vit Georges, elle courut se jeter dans ses bras, et elle pressa de toutes ses forces la poitrine de fer du chevalier (A. FRANCE, Balth., Abeille, 1889, p.286).
2. a) Seins de femme. Synon. buste, corsage (vx), gorge (vieilli ou littér.), mamelle, nichons (pop.), sein (vx ou littér.). Son corsage ouvert découvrait trop sa poitrine maigre (FLAUB., Éduc. sent., t.2, 1869, p.219). La taille (...) doit être un passage lent, insensible et doux entre les deux gloires de la femme, sa poitrine et son ventre (A. FRANCE, Hist. comique, 1903, p.4). Une main indiscrète, qui montait jusqu'à la petite poitrine si bien moulée et si tentante (BENJAMIN, Gaspard, 1915, p.50).
SYNT. Poitrine abondante, énorme, épanouie, forte, généreuse, lourde, opulente, plantureuse, plate, pleine, ronde; poitrine basse, haute; poitrine ballante, tombante; poitrine ferme, molle; poitrine naissante; poitrine insolente, provocante; poitrine couverte, découverte, dénudée, dissimulée, nue; serrer, soutenir la poitrine.
Rem. Poitrine, qui appartient de nos jours à tous les styles, ne fut guère cour. avant la 2e moit. du XIXes. Au XVIIe et au XVIIIes. on lui préférait le terme sein (au sing.) ou gorge.
b) [Gén. précédé d'un partitif] Seins bien développés. Avoir de la poitrine (synon. pop. y avoir/il y a du monde au balcon); avoir beaucoup, peu de poitrine; ne pas avoir de poitrine. C'est comme ta poitrine. Tous les hommes avaient l'oeil dessus. Et au bout de vingt ans, plus de poitrine, c'est la vie (AYMÉ, Uranus, 1948, p.90). C'était une fille maigre, sans poitrine et sans hanches (SIMENON, Vac. Maigret, 1948, p.173).
C. —[La poitrine, siège de divers organes internes primordiaux]
1. [La poitrine, siège des organes de la respiration, en partic. les poumons] Vieilli. Synon. pop. caisse. Poitrine délicate, faible; affection, douleur, irritation, mal de poitrine; avoir la poitrine gênée, prise, qui se dégage; être malade de la poitrine. La fièvre m'a repris, je souffre beaucoup de la poitrine (KRÜDENER, Valérie, 1803, p.208). J'ai plus d'inquiétudes sur l'état de sa poitrine (tuberculose au début) qu'elle n'en a elle-même (JANET, Obsess. et psychasth., 1903, p.51).
Locutions
Angine de poitrine, fluxion de poitrine, rhume de poitrine.
Maladie de poitrine. Affection des bronches ou des poumons; en partic., tuberculose pulmonaire. Synon. phtisie (méd.). Le diagnostic des maladies de poitrine devait nécessairement être, comme le trouvait Baglivi, incomparablement plus obscur que celui des affections de tout autre organe interne (LAENNEC, Auscult., t.1, 1819, p.3).
Rem. Empl. vieilli dans le lang. méd. mais encore empl. dans le lang. cour. (d'apr. ROB.).
Mourir, partir, s'en aller de la poitrine (vieilli). Être atteint de tuberculose pulmonaire. Synon. pop. partir, s'en aller de la caisse. Tous mouraient de la poitrine, et la reine les voyait [ses enfants] les uns après les autres partir, avec une inexprimable douleur (LOTI, Mariage, 1882, p.28). Leur dernier fils «qui s'en allait de la poitrine» (MAURIAC, Th. Desqueyroux, 1927, p.193).
Respirer à pleine poitrine. Inspirer fortement en emplissant ses poumons. Celui qui a un bras vigoureux et qui respire à pleine poitrine l'air de Dieu, il n'y a pas de danger qu'il enfonce! (CLAUDEL, Soulier, 1929, 4e journée, 11, p.928).
Casse-poitrine. V. ce mot s.v. casse-.
2. [La poitrine, siège de la voix] «Oh! Il faut nous débarrasser du passé. Il faut refaire la France.» Hélas! Tel fut le cri qui, au lendemain de nos désastres, est sorti de toutes les poitrines (GAMBETTA, 1871 ds Fondateurs 3e Républ., p.94).
Vx. Souffle qui permet de donner à la voix son intensité ou sa tenue plus ou moins longue; voix forte. Synon. coffre. Avoir bonne poitrine; acteur, chanteur, orateur qui a de la poitrine. Cet homme n'a point de poitrine (Ac. 1835, 1878).
Loc. adj. À pleine poitrine. À pleins poumons. Crier à pleine poitrine. Soudain elle est appelée à un lit par un hurlement lancé à pleine poitrine (GONCOURT, Soeur Philom., 1861, p.10). Je l'allai rejoindre en chantant à pleine poitrine, si bien que ma mère me dit pour la trois-millième fois: —Dommage que tu ne veuilles pas apprendre le chant; tu as une jolie petite voix de ténor (DUHAMEL, Confess. min., 1920, p.52).
Voix de poitrine (p.oppos. à voix de fausset, de tête). Voix prise en pleins poumons, qui ne vient ni de la tête ni de la gorge et dont le son est plein, appuyé sur les notes graves. Pour la voix de poitrine le larynx est plus bas que pour le fausset; les vibrations de la caisse thoracique sont plus intenses pour la voix de poitrine; celles du crâne pour la voix de tête (BOUASSE, Instrum. à vent, 1930, p.197). Registre de poitrine. Registre de la voix de poitrine correspondant, dans les voix d'hommes, à la voix naturelle. Il y a trois registres dans la voix humaine: le registre de poitrine (sons graves); le registre palatal (sons moyens); le registre de tête (sons aigus) (COMBARIEU, Mus., 1910, p.177). Sons de poitrine. Sons larges et pleins. Les sons dits «de poitrine» sont larges, très ouverts et offrent un caractère plus viril que ceux de médium ou de tête (Arts et litt., 1935, p.36-10).
3. [La poitrine, siège du coeur, foyer de la vie intérieure et affective, centre de résonance de la sensibilité] Poitrine angoissée, oppressée, tremblante. Car je vous aimais, moi, Angèle (...) et j'ai renfermé cet amour dans ma poitrine (DUMAS père, Angèle, 1834, V, 5, p.201). En entendant de ma place ce travestissement de mes paroles, je faiblis un instant et ne pus retenir un cri d'horreur: «Je m'inscris en faux contre le rapport»; ces paroles échappèrent de ma poitrine indignée (PROUDHON, Confess. révol., 1849, p.205):
2. ... c'est son propre désir que Barrès fait battre dans la poitrine de ce mystagogue lorrain [Léopold Baillard] (...). Il ne peut admettre, au reste, que l'effort de son héros, un si long cri du coeur, une telle supplication à l'Esprit ait pu s'abîmer tout entier dans le vide.
MASSIS, Jugements, 1923, p.242.
Loc. fig.
Loc. adj. En pleine poitrine. De manière très profonde et douloureuse. Synon. en plein coeur. Si le politicien descend la pente, pour une raison quelconque, les accusations l'atteignent en pleine poitrine, ses adversaires deviennent ses ennemis, ses amis l'abandonnent (L. DAUDET, Brév. journ., 1936, p.120).
Loc. verb.
Avoir, sentir un poids sur la poitrine. Synon. de avoir un poids sur le coeur. V. poids I B 2.
Qqc. serre la poitrine. Quelque chose oppresse. Une angoisse lui serra la poitrine, si forte qu'il en était haletant (GENEVOIX, Raboliot, 1925, p.224).
[Avec une valeur symbolique, en relation avec un geste de la main exprimant la sincérité] Synon. coeur.
Mettre, porter la main sur sa poitrine. Les sottises qu'il débitait, peut-être en y croyant, la main sur la poitrine (MILLE, Barnavaux, 1908, p.227).
Se battre, se frapper la poitrine; frapper sa poitrine (v. frapper I A 1 rem.). Synon. battre sa coulpe (v. ce mot B 2).
II. —[Chez l'animal]
A. —Région antérieure du corps de certains animaux, comprise entre le cou et le ventre; face ventrale de cette partie du corps. Synon. poitrail. Chiens bretons (...) forts de poitrine et grands hurleurs (FLAUB., St Julien l'Hospitalier, 1877, p.88). Monsieur pinson fut décrit d'abord: son bec ardoisé, sa huppe bleue, sa poitrine d'un rose saumoné, et les marques blanches de ses ailes (ALAIN, Propos, 1921, p.238). Ucello peint des croupes de chevaux et des poitrines qui s'inscrivent nettement en demi-cercle, comme tracées au compas (GILLES DE LA TOURETTE, L. de Vinci, 1932, p.9).
B.BOUCH. Partie inférieure des parois thoraciques constituée par le devant des côtes et la chair environnante (comprenant aussi, pour le porc, la partie inférieure de l'abdomen). Poitrine de boeuf, de mouton, de porc, de veau; lard de poitrine; poitrine fumée; poitrine de veau farcie. Boeuf (...) la pièce d'aloyau, la noix (...) la culotte, la côte couverte, la poitrine, voilà les morceaux choisis pour faire des relevés ou pièces de boeuf (VIARD, Cuisin. impérial, 1814, p.69). Les produits fabriqués entrant dans le groupe des salaisons sont les jambons (crus ou cuits), les poitrines salées, les filets fumés (Industr. conserves, 1950, p.26).
C.ENTOMOL. Face ventrale du thorax des insectes, dans sa totalité ou limitée aux deux derniers articles selon les espèces. La poitrine est la troisième articulation du corps des insectes. C'est sur cette partie que sont articulées, en dessus, les ailes de ceux qui en ont, et en dessous, les quatre pattes postérieures (CUVIER, Anat. comp., t.1, 1805, p.449).
III.MÉTALL. Partie antérieure et inférieure d'un haut fourneau. Il n'y a jamais de tuyères à la poitrine des hauts fourneaux. Les fourneaux à poitrine fermée ont sur les fourneaux à poitrine ouverte l'avantage d'économiser sensiblement le combustible (JOSSIER 1881).
REM. Poitrinomane, adj., hapax. Pourquoi as-tu été malade?... Toujours ces imprudences!!! Moi aussi d'ailleurs je me suis vu poitrinomane derechef soixante-quatre heures durant (GIDE, Corresp. [Avec Valéry], 1896, p.282).
Prononc. et Orth.:[]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist.A. D'une personne 1. Ca 1050 «devant de la cage thoracique» debatre sa peitrine (St Alexis, éd. Chr. Storey, 431); p.ext. 1389-92 «partie correspondante du vêtement» (Reg. du Chât. de Paris, I, 236, Biblioth. fr. ds GDF.); 2. 1155 «partie du tronc située entre les épaules et l'abdomen» (WACE, Brut, éd. I. Arnold, 1129); 1360-70 poitrine lee (Baudouin de Sebourg, XVI, 1173 ds T.-L.); a) 1600 mal de poitrine (O. DE SERRES, Theatre d'agric., éd. 1611, p.1087); 1611 poictrine empeschée (COTGR.), cf. RICH. 1680 ,,se dit en parlant de l'homme en tant que cette partie de son corps est blessée ou malade``; b) 1688 «voix» (LA BRUYÈRE, Caractères, De la chaire ds OEuvres, éd. J. Benda, p.465: c'est moins une véritable éloquence que la ferme poitrine du missionnaire qui nous ébranle); 1694 [ce] prédicateur n'a pas de poitrine (Ac.). Au XVIIes., le mot est tombé en désaffection: av. 1628 MALHERBE, Commentaire sur Desportes [Élégies, II] ds OEuvres, éd. A. Régnier, t.4, p.386: ... encore serois-je bien aise que l'on n'usât de ce mot de poitrine que rarement; de même, VAUG. 1647, p.60 note ,,Poitrine est condamné dans la prose comme dans les vers pour une raison aussi juste que ridicule, parce que l'on dit poitrine de veau... On ne laisse pourtant de dire encore poitrine aux maladies comme la fluxion lui est tombée sur la poitrine, il est blessé à la poitrine``; cf. G. MÉNAGE, Obs. sur la lang. fr., 1672, p.189 ,,M. de Vaugelas se trompe en blâmant dans les vers le mot de poitrine. Il est toûjours de la belle et de la haute Poësie``; cf. encore VAUG. Obs., 1704, p.72; 3. ca 1165 désigne les seins d'une femme (BENOÎT DE STE-MAURE, Troie, éd. L. Constans, 5559: Plus li [Polixenain] blanchëot la peitrine Que flor de lis ne flor d'espine); ca 1200 (1re Continuation de Perceval, éd. W. Roach, t.1, p.215, 7903); 1280 (Clef d'amor, 2325 ds T.-L.: Se tu as bele poiterine E beau col, ne les encortine, Mès soit ta robe escoletee, Si que chescun y muse et bee); ce sens devint très rare du XVIe (cf. av. 1519 Cl. MAROT, Epistre de Maguelonne a son amy P. de Provence, 42 ds OEuvres, éd. C. A. Mayer, t.3, p.116), au XIXes., il est qualifié de ,,pop.`` par BOISTE 1834; 1835 cette femme a une belle poitrine (Ac.). B. D'un animal [Ca 1160 en parlant de Cerbère (Eneas, 2572 ds T.-L.)] 1376 à propos du découpage d'un sanglier abattu (Modus, 48, 70, ibid.: coupe depuis la gorge... en venant par dessuz la poiterine, par entre les deus jambons devant). De l'adj. lat. vulg. pectorinus, à l'empl. subst., dér. de pectus, v. pis. Poitrine a progressivement remplacé pis à partir du XVIIes., lorsque ce dernier mot s'est restreint à son accept. rurale. Cependant, en raison de la désaffection qu'a connue poitrine au XVIIes. (v. supra), le thorax de l'homme a fréq. alors été désigné par estomac, cf. WARTB., Évol.7, 1965, p.177. Fréq. abs. littér.:6515. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 8152, b) 13058; XXes.: a) 10460, b) 7462.
DÉR. Poitriner, verbe intrans. a) Fam. Bomber le torse, la poitrine. Une concierge extraordinaire qui roucoule en poitrinant, avec une dignité de vieille pintade (BLOY, Journal, 1904, p.221). Nous nous tenions fort droits et, selon l'expression de mon père, «nous poitrinions» volontiers (DUHAMEL, Jard. bêtes sauv., 1934, p.136). Au part. prés. en empl. adj. [P. méton. du subst.] Corsages poitrinants des dames d'employés de l'autre côté de l'eau (LORRAIN, Âmes automne, 1898, p.30). b) Au fig. Synon. de parader, poser. S'il savait comme je l'adore ainsi et comme j'espère que les années calmeront sa fièvre de parade! Alors, quand il voudra bien ne plus poitriner, alors seulement nous nous rejoindrons complètement (COLETTE, Cl. ménage, 1902, p.116). c) Arg., rare, jeux de cartes. Tenir ses cartes très près de la poitrine de façon à en dérober la vue à l'adversaire. Les cartes se donnaient avec une lenteur automatique. On causait en poitrinant. Ces dignes et nobles personnes avaient l'adorable petitesse de se défier les unes des autres au jeu (BALZAC, Béatrix, 1839, p.44). []. 1res attest. a) 1839 «serrer les cartes de son jeu contre sa poitrine» id., b) 1874 (BARBEY D'AUREVILLY, Les Diaboliques ds OEuvres, éd. J. Petit, t.2, p.15: Le capitaine poitrinait au feu, comme une belle femme au bal, qui veut mettre sa gorge en valeur); de poitrine, dés. -er.
BBG. —QUEM. DDL t.6, 19.

poitrine [pwatʀin] n. f.
ÉTYM. 1130; peitrine « cuirasse, harnais du poitrail d'un cheval », XIe; lat. pop. pectorina, adj. f. subst. de pectoris, génitif de pectus. → 1. Pis.
1 (XIIe; jugé « bas » au XVIIe, où les emplois sont surtout d'anatomie et de médecine). Partie du corps humain qui s'étend des épaules à l'abdomen dont elle est séparée par le diaphragme, et qui contient le cœur et les poumons. Thorax; buste, torse; fam. buffet. || Poitrine de femme. Corsage (vx). || Poitrine large où les poumons sont à l'aise (→ Haleine, cit. 16). Carrure. || Maigre poitrine (→ Mauviette, cit. 2). || Tour de poitrine : mesure de la poitrine à l'endroit le plus large. || Mesure de la poitrine. Stéthomètre.(Sports). || Gagner d'une poitrine, se dit d'un coureur qui l'emporte de très peu (l'épaisseur de la poitrine) sur le fil d'arrivée. — ☑ Loc. Respirer à pleine poitrine (→ Air, cit. 7) : inspirer fortement en emplissant les poumons. Poumon.Il gonflait d'air sa poitrine (→ Évader, cit. 17). || Un soupir gonfla sa poitrine (→ Exhaler, cit. 24). || Son cœur battait dans sa poitrine (→ Arrêter, cit. 59). || « Et mon cœur orageux dans ma poitrine gronde » (cit. 13, Hugo). || Inquiétude qui serre la poitrine (→ Incarner, cit. 11). || Crier de toute sa poitrine (→ Fouailler, cit. 3). || Un cri jaillit (cit. 8) de sa poitrine. || L'appel s'étranglait (cit. 13) au fond de sa poitrine.(1838). || Voix de poitrine, se dit d'un registre de voix à son plein (opposé à voix de tête). → Haute-contre, cit. 2.
1 Un sombre murmure d'horreur sortit du fond de toutes les poitrines, excepté de celle de Gothard.
Balzac, Une ténébreuse affaire, Pl., t. VII, p. 519.
2 Je le vois encore (Gautier)… dans toute l'ampleur et l'opulence de la virilité; aspirant la vie à pleins poumons, à pleine poitrine; ayant sa mise à lui, et, sur cette large poitrine dilatée, étalant pour gilet je ne sais quelle étoffe couleur de pourpre (…)
Sainte-Beuve, Nouveaux lundis, 16 nov. 1863.
3 Ces femmes ont même la beauté physique moderne, l'air de rêverie, mais la gorge abondante, avec une poitrine un peu étroite, le bassin ample, et des bras et des jambes charmants.
Baudelaire, Curiosités esthétiques, V, III.
4 (…) il gonflait sa poitrine pour dissimuler son estomac trop saillant (…)
Maupassant, Bel-Ami, I, I.
Vx. Voix. || Chanteur qui a de la poitrine.
5 (…) c'est moins une véritable éloquence que la ferme poitrine du missionnaire qui nous ébranle (…)
La Bruyère, les Caractères, XV, 26.
Douleur dans la poitrine. || « La bise (1. Bise, cit. 3) me fait mal à votre poitrine » (Mme de Sévigné). || Médecin qui percute, ausculte la poitrine d'un malade. Stéthoscope.Vx. || Maladie de poitrine, se disait de toute affection des organes respiratoires de la poitrine (poumons, bronches), et, spécialt, de la tuberculose ( Poitrinaire, tuberculeux).Mod. || Avoir la poitrine faible (cit. 5), en mauvais état (→ Cessant, cit. 1). Poumon. || Avoir la poitrine grasse, gênée. || Fluxion de poitrine. Fluxion (cit. 2 et 3), pneumonie. || Angine de poitrine. Angine.REM. Ces expressions qui ne sont plus employées dans la langue médicale s'entendent encore dans le langage courant.
6 Et qu'est devenue votre fille, qui était si blonde et gaie ? lui ai-je dit; elle s'est sans doute mariée ? — Mon Dieu oui, et depuis elle est morte de la poitrine (…)
Nerval, Promenades et Souvenirs, VIII.
7 Forestier, qui paraissait n'avoir pas entendu, demanda : — Cela ne vous ferait-il rien qu'on fermât la fenêtre ? J'ai la poitrine un peu prise depuis quelques jours.
Maupassant, Bel-Ami, I, V.
(1813, in D. D. L.). Loc. S'en aller de la poitrine, d'une maladie de poitrine. Caisse (partir de la).
8 Les propriétaires des Bordelais, y voulaient installer leur dernier fils « qui s'en allait de la poitrine ».
F. Mauriac, Thérèse Desqueyroux, III.
Fam. || Casse-poitrine, s'est dit pour eau-de-vie très forte (→ Casse-pattes).
2 (XVIIe, mot « bas »; rare av. le XIXe). Partie antérieure du thorax correspondant au sternum, à la partie antérieure des côtes et aux mamelles. Pis (étym.; vx), sein (le sein). || La poitrine, les côtés et le dos. || Large poitrine ( fam. Poitrail). || Poitrine étroite, creuse. || Bomber la poitrine, les pectoraux. || Les poils de la poitrine d'un homme. || Poitrine velue (→ Nombril, cit. 3). || Poitrine garçonnière (cit. 1) d'une femme, aux seins peu marqués. || Poitrine nue, découverte, sans armure (→ Bouclier, cit. 4). || Vêtement qui laisse voir la poitrine ( Décolleter, p. p.), fermé sur la poitrine (fermé devant). || Jabot, plastron, pectoral, voile (→ Poignard, cit. 2) qui couvre la poitrine. || Châle épinglé (cit. 1), croisé sur la poitrine. || Les broches (cit. 5) scintillaient aux poitrines.Poche de poitrine, placée sur la poitrine.Poitrine qui se soulève, halète (→ Halètement, cit. 3). || Poitrine haletante, bondissante, palpitante (→ Confondre, cit. 15).Tenir qqn contre sa poitrine (→ Étouffer, cit. 4; pâmer, cit. 8). || Étreindre, serrer, presser (→ Embrasser, cit. 3), bercer contre sa poitrine (→ Malade, cit. 12). Cœur. || Joue (cit. 1) contre joue, poitrine contre poitrine. || Poser la main sur, contre la poitrine de qqn pour sentir les battements du cœur (→ Mon, cit. 7; noyer, cit. 16). || Croiser les bras, les mains sur la poitrine (→ Humblement, cit. 6). || Tête qui retombe sur la poitrine (→ 2. Mort, cit. 5).Frapper à la poitrine (→ Libérer, cit. 1). || Offrir sa poitrine, aux baïonnettes (→ Intrépide, cit. 4).Se frapper (cit. 52) la poitrine, pour faire son mea culpa, battre sa coulpe (→ Gémir, cit. 3; marri, cit. 2). || Sentiment pénible, remords… sur la poitrine de qqn. Oppresser, oppression.Fig. Avoir un poids sur la poitrine, un sentiment d'oppression, de gêne.Ôter un poids de dessus (cit. 3) la poitrine : ôter un souci, un remords.
9 (…) Lucien reçut un coup à la poitrine, à cet organe encore mal défini où se réfugie notre sensibilité, où depuis qu'il existe des sentiments, les hommes portent la main, dans les joies comme dans les douleurs excessives.
Balzac, Illusions perdues, Pl., t. IV, p. 606.
10 (…) je sentais sa gorge, demi-nue et révoltée, bondir contre ma poitrine (…)
Th. Gautier, Mlle de Maupin, XII.
11 Et ma mère soupira. Je vis, je vois encore, se soulever et s'abaisser sa poitrine dans son corsage de taffetas noir (…)
France, le Petit Pierre, XXXIV.
12 Il ouvrit son vêtement de nuit sur une poitrine mate et dure, bombée en bouclier (…)
Colette, Chéri, p. 6.
Rare. Partie correspondante d'un vêtement. || Manteau écussonné (cit. 2) sur la poitrine.
Vx. Estomac. || Le creux de la poitrine.
13 (…) un pantalon à bandes noires (…) lui montait jusqu'aux hanches (…) une espèce de veste ou de brassière très étroite (…) dessinait avec grâce les contours vifs et hardis de sa gorge ronde et brune (…) Ce qui donnait un caractère piquant et singulier à ce costume de la Javanaise, c'est qu'il y avait une assez grande distance entre le corset et la ceinture du pantalon, en sorte que l'on voyait à nu sa poitrine (…) ses flancs (…) ses reins (…) et le haut de son ventre (…)
Th. Gautier, Fortunio, XXIV.
Région antérieure du corps (de certains animaux) entre le cou et le ventre. || Poitrine de cheval. Poitrail. || Poitrine du sanglier. Bourbelier. || Lévriers (cit. 2) larges de poitrine (→ aussi Meute, cit. 2). || Tête, gorge, cou et poitrine d'un oiseau (→ Foncé, cit. 7). || Hirondelle (cit. 3) à poitrine rougeâtre.
(1412). Techn. (bouch.). Partie inférieure des parois thoraciques du bœuf, du veau, du mouton, du porc correspondant à peu près au devant des sept premières côtes. || La poitrine de bœuf sert à faire le pot-au-feu.REM. Ce sens fit tomber en discrédit le sens général au XVIIe siècle.
3 (1835). Seins de femme. Sein (seins); gorge. REM. Cet emploi de poitrine, qui appartient de nos jours à tous les styles, n'est guère courant avant la deuxième moitié du XIXe s.; Gautier lui préfère généralement gorge; le dictionnaire de Boiste (1839) le donne comme populaire; il est absent dans Littré. Aux XVIIe et XVIIIe s. on disait aussi sein (au sing.). || « Cette fille a le sein plat » (Furetière). || « Elle n'a point de sein » (Encyclopédie).Une poitrine opulente, abondante (→ Gainer, cit. 2), forte (→ Charnel, cit. 7), généreuse, proéminente ( fam. Avant-scène). || Belle poitrine. Buste; décolleté. || Poitrine ronde et pleine (→ Exubérante, cit. 2), agressive (cit. 10), insolente (cit. 11), provocante. || Énorme poitrine ballante. péj. Mamelle(s). || Poitrine plate d'une enfant (→ Glisser, cit. 35), d'une femme (→ 1. Maigre, cit. 7). || Poitrine haute, basse, tombante; ferme, molle. || Vêtement pour soutenir la poitrine. Soutien-gorge.
14 (…) ses hanches sont peu développées, sa poitrine ne va pas au-delà des rondeurs de l'hermaphrodite antique (…)
Th. Gautier, Portraits contemporains, « Mlle Fanny Elssler ».
15 Fernande soufflait dans une robe écossaise dont le corsage, lacé à toute force par ses compagnes, soulevait sa croulante poitrine en un double dôme toujours agité (…)
Maupassant, la Maison Tellier, II.
16 (…) la taille, puisqu'il faut employer ce mot affreux, doit être un passage lent, insensible et doux entre les deux gloires de la femme, sa poitrine et son ventre.
France, Histoire comique, I.
17 Je m'étais mis à genoux devant elle. Elle vit mon regard s'arrêter sur sa poitrine, avec convoitise et admiration, tant sa courbure, les mouvements qui la soulevaient étaient beaux.
J. Romains, le Dieu des corps, VI.
(Avec un partitif). || De la poitrine : des seins bien développés. || Avoir de la poitrine. || Fillette qui n'a pas encore de poitrine. || Elle a beaucoup de poitrine (→ fam. Il y a du monde au balcon).
18 Elle avait l'air d'une frêle poupée blonde, trop petite, mais fine, avec la taille mince, des hanches et de la poitrine (…)
Maupassant, Bel-Ami, II, III.
19 (…) ce qu'il y a de mauvais dans votre affaire, c'est que cette fille n'avait pas de poitrine. Une femme sans poitrine, c'est un lit sans oreillers.
France, la Rôtisserie de la reine Pédauque, t. VIII, XVII, p. 162.
DÉR. Poitrinaire, poitriner, poitrinière.

Encyclopédie Universelle. 2012.