pipe [ pip ] n. f.
1 ♦ Vx Pipeau. — Chalumeau, tuyau.
2 ♦ Ancienne mesure de capacité.
♢ Région. Grande futaille, de capacité variable.
3 ♦ (XVe; par anal. pop.) Vx Gosier. — (1791; « crever de rage » 1649) Mod. Loc. Casser sa pipe : mourir. — (Au sens de « gueule ») Se fendre la pipe : rire.
4 ♦ (1620) Cour. Tuyau terminé par un petit fourneau qu'on bourre de tabac (ou d'une autre substance fumable). ⇒ bouffarde, brûle-gueule, calumet, chibouque, houka, narguilé. Pipe en terre, en porcelaine, en racine de bruyère. « tous les instruments qu'il faut pour bourrer, débourrer, ramoner, écurer les pipes » (Duhamel). « Une superbe pipe en écume admirablement culottée » (Maupassant). Fumer la pipe. — Tête de pipe, le fourneau lorsqu'il représente une tête. Fig. et fam. Par tête de pipe : par personne. « Ça fait onze par tête de pipe » (Sartre). — Nom d'une pipe ! juron familier.
♢ Contenu d'une pipe. ⇒ 2. pipée. « Je lui hachais du tabac pour fumer cinq ou six pipes » (Lesage).
5 ♦ (1900) Fam. Cigarette. ⇒ clope, sèche.
6 ♦ (1924 électr.; angl. pipe, du fr.) Techn. Pipe d'alimentation, d'aération : tube ou tuyau d'adduction d'un combustible, de l'air. ⇒ pipeline.
7 ♦ Vulg. Fellation. Faire, tailler une pipe (à un homme). ⇒ sucer.
● pipe nom féminin (de piper) Tuyau terminé par un petit fourneau que l'on bourre de tabac, ou d'autre substance fumable, et qu'on allume pour en aspirer la fumée. Quantité de tabac contenue dans une pipe. Populaire. Cigarette. Automobile Collecteur d'admission et, plus rarement, collecteur d'échappement (par l'anglais pipe). Électricité Entrée isolante de canalisation électrique en forme de quart de cercle. Géologie Cheminée cylindrique verticale, d'origine magmatique, remplie de kimberlite, où l'on trouve les diamants. Œnologie Grande futaille. ● pipe (expressions) nom féminin (de piper) Nom d'une pipe, juron familier d'indignation, de surprise. Populaire. Par tête de pipe, par personne. ● pipe (homonymes) nom féminin (de piper) pipe forme conjuguée du verbe piper pipent forme conjuguée du verbe piper pipes forme conjuguée du verbe piper ● pipe (synonymes) nom féminin (de piper) Tuyau terminé par un petit fourneau que l'on bourre de...
Synonymes :
- bouffarde (familier)
pipe
n. f.
d1./d Ustensile servant à fumer, composé d'un tuyau aboutissant à un fourneau contenant le tabac. Allumer, fumer sa pipe.
— Par ext. Tabac contenu dans le fourneau. Fumer une pipe.
d3./d TECH élément de tuyauterie, conduit. Pipe d'aération.
⇒PIPE, subst. fém.
A. —1. Vieux
a) Pipeau; chalumeau, tuyau. (Dict. XIXe et XXes.).
b) LITURG. ANC. Chalumeau avec lequel le célébrant buvait le vin consacré. À Saint-Denys le diacre et le sous-diacre communiaient à la grand-messe avec une pipe d'or (Ac. Compl. 1842).
2. MÉTROLOGIE
a) Ancienne capacité de mesure pour les liquides équivalant à un muid et demi, soit quatre-cent deux litres environ. (Dict. XIXe et XXes.). Quinze ou vingt grandes tables, un jeu continuel, des bals éternels (...): voilà les états. J'oublie trois ou quatre cents pipes de vin qu'on y boit (CHATEAUBR., Mém., t.1, 1848, p.198).
b) Grande futaille, de capacité variable selon les régions; p.méton., son contenu. Une pipe de cidre, de cognac, d'eau-de-vie. La récolte de vin qui, en 1813, s'élevait à vingt-deux mille pipes, est tombée, en 1845, à deux mille six cent soixante-neuf (VERNE, Enf. cap. Grant, t.1, 1868, p.61). Et que l'entrepôt mammouth pète comme une pipe de rhum! (CLAUDEL, Échange, 1954, III, p.776):
• 1. Nous avions pris à bord de chaque bâtiment soixante pipes de vin: cette opération nous avait obligés de désarrimer la moitié de notre cale pour trouver les tonneaux vides qui étaient destinés à le contenir.
Voy. La Pérouse, t.2, 1797, p.18.
3. a) Arg. Gosier, gorge. J'ai la confession qui m'étrangle la pipe (QUENEAU, Zazie, 1959, p.220).
b) Loc. fam. Casser sa pipe (pop.). Mourir. V. casser I A 2 b; v. aussi casse-pipe(s). Se fendre la pipe (pop.). V. fendre A 2 b. Saigner à pleine pipe (arg.). Saigner abondamment. (Ds ESN. 1966).
B. —1. Instrument de fumeur, constitué d'un fourneau qu'on bourre de tabac ou d'une autre substance fumable (opium, etc.) et d'un tuyau par lequel on aspire la fumée. Synon. bouffarde (fam.), brûle-gueule, calumet. On remplit de nouveau les verres, quand Yann fut assis, et on appela le mousse pour rebourrer les pipes et les allumer (LOTI, Pêch. Isl., 1886, p.8). Le soir d'hiver où l'on était allé voler des allumettes à la chapelle, près de la veilleuse, pour fumer des feuilles sèches de marronnier dans des pipes de roseau (ZOLA, L'OEuvre, 1886, p.36):
• 2. ... un des bouviers tira de sa poche une pipe, un paquet de tabac belge, bourra le fourneau, puis, renversé sur sa chaise, alluma la pipe, et son visage apparut rouge et bleu, dans l'éclair de la flamme et de la fumée.
R. BAZIN, Blé, 1907, p.282.
SYNT. Courte, grande, grosse, longue, petite, vieille pipe; pipe noire, turque, d'argent, de porcelaine, en bois, en bruyère, en écume, en terre; fourneau, talon, tuyau de pipe; pipe culottée, allumée, éteinte; avoir la pipe à la bouche, au bec, aux dents, aux lèvres, à la main, entre les dents; allumer, bourrer, débourrer, culotter, curer, écurer, ramoner, vider sa pipe.
— Loc. verb. fam. Se soucier de qqc. comme d'une vieille pipe. Ne pas s'en soucier du tout, s'en moquer éperdument. Je suis peu sentimental de ma nature, et (...) je me soucie de la vie humaine comme d'une vieille pipe (PONSON DU TERR., Rocambole, t.3, 1859, p.435).
— CÉRAM. Terre de pipe. Faïence blanche, poreuse. Synon. faïence fine. La table (...) n'avait rien qui sentît le luxe. La vaisselle était en terre de pipe (BALZAC, Méd. camp., 1833, p.63). Mon goûter passa en un instant de la cheminée sur la table. Avec quel plaisir je retrouvai mon assiette de terre de pipe! (SAND, Hist. vie, t.2, 1855, p.309).
2. P. méton.
a) Contenu d'une pipe, ce qu'on peut fumer en une fois avec une pipe. Synon. pipée1. Allumer, fumer, griller une (bonne) pipe. Je t'attends dans le mois de septembre (...) nous pourrons aller en barque et fumer quelques pipes (FLAUB., Corresp., 1841, p.83). Il parla, sans désemparer, jusqu'à midi et demi. S'il s'interrompit deux ou trois fois, ce fut pour rallumer sa pipe. Il fumait régulièrement, par bouffées égales, comme la cheminée d'une machine à vapeur (ABOUT, Roi mont., 1857, p.4).
— En partic. [Chez les toxicomanes] Dose d'opium ou de hachisch qui s'absorbe en fumant une pipe. Ferral faisait semblant de fumer —une, deux pipes, toujours moins qu'il n'en eût fallu pour qu'il éprouvât l'action de l'opium — (MALRAUX, Cond. hum., 1933, p.345):
• 3. ... je la vis se «fabriquer» dès le matin, fumant encore quelques pipes, reprenant une prise de cocaïne, encore deux pipes, oui-non, une petite prise, c'est trop, une pipe pour atténuer (...) faisant à la fin d'infinis calculs sur ce qu'un souffle d'opium, une poussière de cocaïne, ajouterait à son brio...
VAILLAND, Drôle de jeu, 1945, p.37.
b) Odeur de tabac de pipe. Relent de pipe. Elle sentait la pipe et l'eau-de-vie comme la gloire au bivouac (CHATEAUBR., Mém., t.4, 1848, p.293).
c) Action, habitude de fumer la pipe. Le conseiller aulique Hans et Meister Philippe Pour elle avaient laissé le genièvre et la pipe (GAUTIER, Albertus, 1833, p.140). Les hommes (...) interrompaient leur pipe ou leur partie de bézigue (HUYSMANS, Marthe, 1876, p.14):
• 4. ... j'ai pris, d'accord avec Pierre, la résolution de m'abstenir momentanément de thé, et même j'avais commencé par renoncer aussi à la pipe...
DU BOS, Journal, 1927, p.294.
3. P. anal.
a) Bonbon de sucre d'orge en forme de pipe. Madame Lepic (...) ramène sur un papier jaune une pipe en sucre rouge. Poil de Carotte (...) sa pipe en sucre rouge entre deux doigts seulement (...) se cambre, incline la tête du côté gauche (RENARD, Poil Carotte, 1894, p.117).
b) Objet en terre en forme de pipe servant de cible au tir à la carabine sur un champ de foire. Il y eut trois baraques (...): un tir de pipes, un carrousel et un petit cirque (RAMUZ, A. Pache, 1911, p.298).
c) Verre muni d'un chalumeau permettant de déguster des alcools. Pipe à cognac.
4. Arg. ou pop. Cigarette. Un paquet de pipes. —T'as du tabac? Il dit. Donne une pipe. —T'en veux un paquet? J'en ai trois dans ma musette (GIONO, Gd troupeau, 1931, p.97). —Tu veux une pipe? interrogea le chauffeur en tendant un paquet de Craven par-dessus son épaule (FALLET, Banl. Sud-Est, 1947, p.311).
5. Expr. et loc., fam. ou pop.
♦Tête de pipe (pop.). Individu laid, grotesque ou borné. (Dict. XIXe et XXes.). Je n'aimais point qu'il appelât têtes de pipe les portraits bizarres des ancêtres (A. FRANCE, Livre ami, 1885, p.127).
Par tête de pipe (fam.). Par personne (dans un groupe). Moûlu compte les cigarettes: «Quatre-vingts. Ça fait onze par tête de pipe et il en reste trois à tirer au sort. On les distribue?» (SARTRE, Mort ds âme, 1949, p.229).
♦Nom d'une pipe! [Juron fam. p.euphém. de nom de Dieu!, servant à marquer l'étonnement, l'indignation] Nom d'une pipe! je suis méchant comme le diable avec ceux qui me tracassent, ou qui ne me reviennent pas (BALZAC, Goriot, 1835, p.118). Oh! nom d'une pipe, trois heures et demie!... et les autres qui doivent venir me chercher!... (FEYDEAU, Dame Maxim's, 1914, I, 23, p.26).
♦Fumer la/sa pipe (arg.). Avoir une attaque d'apoplexie. [Dans une hémiplégie] l'attention du médecin est attirée par la déviation de la commissure labiale vers le côté sain et le soulèvement expiratoire de la joue du côté paralysé. On dit que le malade «fume sa pipe» (QUILLET Méd. 1965, p.367).
6. Trivial. Synon. de fellation, pompier (vulg.). Faire, se faire faire une pipe. Freddy la Lope, qu'était gourmand de ce truc-là, taillait des pipes dans les tasses près de la gare Montparnasse (LE BRETON 1960).
C. —TECHNOLOGIE
1. Élément de tuyauterie, tube d'adduction d'un combustible liquide, d'air (comprimé). Synon. conduit, tuyau. Pipe d'aération; pipe d'alimentation d'un poêle; pipe de W.C. Ces collecteurs, appelés souvent pipes (d'admission ou d'échappement) sont en fonte et généralement assemblés côte à côte (CHAPELAIN, Techn. automob., 1956, p.38).
2. Tuyau isolateur d'une conduite électrique; tuyau de canalisation de gaz. Pour la traversée des plafonds, murs, etc. (...) il faut isoler la conduite [de canalisation] par une pipe en fer forgé ou en cuivre qu'on emmure dans la maçonnerie (QUÉRET, Industr. gaz, 1923, p.239).
3. ,,Tuyauterie amenant les gaz carburés du carburateur au cylindre`` (Lar. Lang. fr.). Le pot d'échappement a été supprimé et les pipes ouvrent sur l'air directement (CHAMBE, Enlevez cales, 1935, p.54).
Prononc. et Orth.:[pip]. Att. ds Ac. dep. 1694. Étymol. et Hist. A. 1. Ca 1225 «flûte champêtre» (GERBERT DE MONTREUIL, Continuation de Perceval, éd. M. Williams, 3824); 2. ca 1225 «tuyau servant à prélever un liquide» (HENRI D'ANDELI, Bataille des vins, éd. A. Héron, 4, p.22); ca 1283 «tuyau» (ROISIN, éd. R. Monier, § 82, p.58); 3. 1269-78 «mesure de liquide» ici dans une expr. dévalorisante (JEAN DE MEUN, Rose, éd. F. Lecoy, 5024); 1306 pippe «tonneau» (GUILLAUME GUIART, Royaux lignages, éd. de Wailly et Delisle, 12065). P. ext. B. 1. 1636 (MONET: Pipe, Pipeau à tabac, à humer la fumée du tabac); 1665-66 [éd. 1674] fumer une pipe (M. DE THÉVENOT, Suite du Voyage de Levant, p.82 ds Fr. mod. t.21, p.294); d'où 1900 pop. «cigarette» (ESN., s.v. piper1); 1901 (ROSSIGNOL, Dict. arg.); 2. 1803 technol. (BOISTE: Pipe, coin, t.de meunier); 1924 électr. (COUSTET, T.S.F. prat., p.53: pipe d'entrée). P. ext. de B 1 C. a) 1649 casser sa pipe «crever de rage» d'apr. ESN.; 1856 casser sa pipe; 1867 pipe «tête, visage» (Chanson ds DELVAU); 1878 (RIGAUD, Dict. jargon paris., p.230: moule de pipe à Gambier. Personne grotesque); 1883 (FUSTIER, Suppl. dict. Delvau, p.554: Tête de pipe. Idiot); 1948 par tête de pipe (H. BAZIN, Vipère, p.113); 1947 se fendre la pipe «rire» (STOLLÉ, Douze récits hist., p.11); b) 1790 sacré nom d'une pipe juron (Si tu t'en fouts, je m'en contre..., p.3 ds QUEM. DDL t.19, s.v. nom d'une pipe!); c) 1927 arg. (DUSSORT, Preuves exist., dép. par G. Esnault, 1938, p.113: On dit [...] en jargon «prendre la pipe» au sens de coït buccal pratiqué à l'homme); 1935 faire la pipe «id.» (LACASSAGNE, Arg. «milieu», p.154). Déverbal de piper1; cf. le lat. médiév. pipa «tuyau» 867 ds NIERM. et «tonneau» 1212 ds LATHAM. Fréq. abs. littér.:1972. Fréq. rel. littér.:XIXes.: a) 1664, b) 4231; XXes.: a) 3385, b) 2658.
DÉR. Pipier, -ière, subst. et adj. a) Subst. Ouvrier, ouvrière employé(e) dans la fabrication des pipes, notamment au tournage et au façonnage. Pipiers de Saint-Claude, pipières de Cogolin. (Dict. XIXe et XXes.). b) Adj. Qui concerne la fabrication des pipes. L'industrie pipière en France (LITTRÉ). — [pipje], fém. [-]. — 1res attest. 1703 subst. masc. pipier «fabricant de pipes» (Arch. Seine-Inf., C. 312, in C. DE BEAUREPAIRE, Dern. mélanges hist. et archéol., 27 ds Fonds BARBIER: Pierre Gonfreville, pipier, sa femme distribuant tabac), 1869 adj. (LITTRÉ: pipier, -ière. Qui a rapport à la fabrication des pipes à fumer); de pipe B 1, suff. -ier; cf. le lat. médiév. piparius «celui qui joue de la pipe» 1362 ds LATHAM.
BBG. —BALDINGER (K.). Zur Entwicklung der Tabakindustrie und ihrer Terminologie. In: [Mél. Piel (J.M.)]. Heidelberg, 1969, p.37 (et s.v. pipière). —BRÜCKER (F.). Die Blasinstrumente in der altfranzösischen Literatur. Giessen, 1926, p.28. —CHAUTARD Vie étrange Argot 1931, pp.77-78. —QUEM. DDL t.8; 19 (s.v. nom d'une pipe!).
1. pipe [pip] n. f.
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1 Vx. Musette, pipeau. — Liturgie anc. Chalumeau dont le célébrant se servait pour boire le vin consacré. — REM. Le sens ancien de « chalumeau », d'où par ext. « tuyau », se retrouve de nos jours dans certaines expressions (Cf. infra, I., 2.; II., 3.).
2 Mod. (XXe; angl. pipe). Techn. || Pipe d'alimentation, d'aération : tube ou tuyau d'adduction d'un combustible, de l'air. ⇒ Pipe-line.
3 Ancienne mesure de capacité utilisée pour les liquides et valant un muid et demi. — Régional. Grande futaille de capacité variable suivant les régions. || Une pipe d'eau-de-vie.
➪ tableau Noms de récipients.
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II
1 (1620). Cour. Tuyau terminé par un petit fourneau (cit. 10) qu'on bourre de tabac (ou d'une autre substance fumable). (→ Opium, cit. 4; haschisch, cit. 1). ⇒ Bouffarde (cit. 1), brûle-gueule (cit. 1). || Pipe des Indiens d'Amérique du Nord. ⇒ Calumet. || Pipe orientale, turque. ⇒ Chibouque, houka, narguilé. || Pipe Jacob, dont le fourneau d'argile blanche représente la tête d'un personnage. || Talon d'une pipe. || Filtre disposé à l'intérieur du tuyau d'une pipe et destiné à arrêter la nicotine. || Pipe d'écume (cit. 5), en « écume de mer ». || Pipe en terre (→ Fourneau, cit. 9; monture, cit. 4), en porcelaine, en bois, en racine de bruyère… || Terre de pipe. ⇒ Terre. || Tuyau de pipe d'ambre, de corne, d'ébonite. || Bourrer (cit. 1), débourrer, vider une pipe. || Nettoyer sa pipe avec un cure-pipe. — Culot, culottage d'une pipe. ⇒ Culotter (2. Culotter, cit. 1). — Fumer sa pipe (→ Bastidon, cit.). || Tirer sur sa pipe. || Avoir la pipe au bec (cit. 6), à la bouche, aux dents. || Les pipes belges étaient renommées au XIXe siècle. — Allus. || « Ceci n'est pas une pipe », titre d'une peinture de R. Magritte représentant de manière très réaliste une pipe. — Par ext. || Fumer la pipe. || Préférer la pipe à la cigarette.
0.1 Il faut mentionner ici que Pencroff, désireux de savoir si cette argile, ainsi préparée, justifiait son nom de « terre de pipe », se fabriqua quelques pipes assez grossières, qu'il trouva charmantes, mais auxquelles le tabac manquait, hélas ! Et, il faut le dire, c'était une grosse privation pour Pencroff.
J. Verne, l'Île mystérieuse, p. 170.
0.2 L'un, étendu dans la position de ceux qui font venir auprès d'eux leurs animaux favoris, ayant commodément logé au coin de sa bouche sa pipe bien-aimée, fumeuse et flamme et fumée pour les autres, pour lui si douce, se fait caresser par elle d'une haleine suffisamment attiédie son gosier saturé de viandes et de boissons. En l'aspirant il soulève doucement sa poitrine qui retombe et fait vibrer, en passant lentement d'une position à l'autre, les cordes les plus douces du bien-être.
Proust, Jean Santeuil, Pl., p. 287.
1 D'abord, la passion des pipes. Il en possédait une collection estimée. Il en portait toujours plusieurs dans ses poches, et des plus belles et des plus chères. « Véritable bruyère du Cap ! Véritable écume de Crimée ! » Il caressait longtemps chacun de ces objets et le replaçait, avec une sollicitude de nourrice, dans un étui en peau de Suède plus veloutée qu'une joue d'enfant. Il maniait à tout propos un élégant petit nécessaire où se trouvaient tous les instruments qu'il faut pour bourrer, débourrer, ramoner, écurer les pipes.
G. Duhamel, Salavin, III, III.
♦ ☑ (1808). Loc. fig. (vx). Fumer sans pipe : être en colère.
♦ Fam. Contenu du fourneau d'une pipe; quantité qu'on fume en une seule fois. ⇒ 2. Pipée. || Allumer (→ Gesticulation, cit. 2), griller (1. Griller, cit. 6) une pipe. || Fumer cinq ou six pipes (→ Hacher, cit. 2).
♦ Pipes en terre qui servent de cibles dans un tir forain. || Casser des pipes. ⇒ Casse-pipes.
♦ ☑ Loc. Tête de pipe (allus. aux figures, souvent comiques, des fourneaux de pipe « Jacob »). Vx. Personne laide et grotesque. — Individu borné. — ☑ Mod. Par tête de pipe : par personne.
2 Lambert hausse les épaules et jette rageusement un paquet sur la couverture de Schneider. Moûlu compte les cigarettes : « Quatre-vingts. Ça fait onze par tête de pipe et il en reste trois à tirer au sort. On les distribue ? »
Sartre, la Mort dans l'âme, p. 229.
♦ ☑ (Au sens de « gueule »). Loc. Se fendre la pipe : rire aux éclats.
2.1 Papa et moi on se regarda. On ne savait plus. On avait oublié, et comment savoir maintenant. On avait l'air fin, tout le monde se fendait la pipe.
Christiane Rochefort, les Petits Enfants du siècle, p. 166.
2 (1900). Fam. Cigarette. || Passe-moi une pipe (⇒ Clope, sèche).
2.2 Mieux vaut passer à la ronde son paquet de pipes, même si ça le vide aux trois quarts de son contenu. Et surtout, vaut mieux montrer son cul que son paquet de pipes.
A. Sarrazin, la Cavale, p. 49.
3 ☑ Loc. fam. (1856; p.-ê. du sens de « trachée » [Dauzat], du sens de « tuyau »; Cf. supra, I., 1. rem). Casser sa pipe : mourir.
4 ☑ Loc. vulg. Faire, tailler une pipe à un homme, pratiquer sur lui la fellation. ⇒ Pompier.
3 Le souteneur de madame s'appelait Pompée ! Sans vouloir me foutre de Germaine, je trouve que faire des pipes pour entretenir un gars qui s'appelle Pompée, c'est un peu de la provocation.
Martin Rolland, la Rouquine, p. 193.
4 (…) le pantalon tombé sur ses chaussons, il se faisait sucer par Ginette, la cliente du petit jour, qu'il régalait de bière pour une pipe.
Jeanne Cordelier, la Passagère, p. 154.
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DÉR. et COMP. Pipeau, 2. pipée, pipette, pipier. — Casse-pipes, cure-pipe.
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2. pipe [pip] n. m.
ÉTYM. 1958; abrév. de pipeline.
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♦ Techn. Pipeline.
Encyclopédie Universelle. 2012.